PLAN LOCAL DE SANTÉ 2020-2022 PUBLIQUEAvignon - Contrat de ville du Grand Avignon
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-2- SOMMAIRE Présentation de l’Atelier Santé Ville ______________________________________ 3 Une démarche locale d’animation et coordination - p.3 Une démarche basée sur 3 piliers - p.3 Les principaux objectifs de l’Atelier Santé Ville - p.5 Une approche à articuler avec les axes stratégiques du programme territorial de santé Vaucluse - p.7 Mise en place d’un Atelier Santé Ville dans les QPV _____________ 8 Faire du thème de l’accès à la santé un enjeu de territoire partagé - p.8 Le processus de création de l’ASV du Grand Avignon pour aller vers un Plan local de santé publique - p.8 Les territoires concernés - p.9 Diagnostic santé des QPV du Grand Avignon ________________________ 13 Une population relativement éloignée du système de soins - p.13 La densité médicale - p.20 Tendances relatives à l’état de santé de la population : des indicateurs de santé moins favorables qu’en PACA - p.22 Annexe 1 - p.25 Annexe 2 - p.26 Les enjeux liés à l’alimentation - p.31 La qualité de l’air et ses impacts sur la santé - p.35 Plan d’actions ___________________________________________________________________________ 37 1.Accès aux droits, à la santé et prévention - p.37 2.Faire émerger des environnements favorables à la santé - p.47 3.Renforcer le soutien à l’inclusion sociale et à l’accès aux soins des femmes et mères vulnérables - p.61
-3- Présentation de l’Atelier Santé Ville Une démarche locale d’animation et coordination : Le Référentiel national des Ateliers Santé Ville définit comme suit ce qui au premier abord laisse à penser qu’il s’agirait de l’organisation d’ateliers de santé par une ville : L’Atelier Santé Ville (ASV) est à la fois une démarche locale et un dispositif public qui se situe à la croisée de la Politique de la Ville et des politiques de santé, dont l’objectif est de contribuer à la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé : ise en place par le Comité interministériel de la Ville en 1999, la démarche M Atelier Santé Ville s’inscrit dans la loi relative à la lutte contre les exclusions, qui a pour objectif d’améliorer la santé de la population et en particulier des plus démunis, et s’articule avec les priorités régionales des Programmes d’Accès à la Prévention et aux Soins (Praps). L’ASV s’inscrit ensuite dans la Loi de Santé Publique du 9 août 2004. lle s’insère dans le dispositif contractuel de la Politique de la Ville entre la E collectivité territoriale (commune, EPCI) et l’État. L’ASV anime, renforce et adapte les différents axes de la politique de santé publique au niveau local. « L’Atelier Santé Ville a pour enjeu de participer à l’amélioration de la santé des habitants des quartiers prioritaires et à la réduction des inégalités de santé. » Une démarche basée sur 3 piliers : L’Atelier Santé Ville a vu son cadre réglementaire et législatif évoluer. La circulaire du 13 juin 2000 a fixé son cadre de référence et légitimé sa démarche au niveau national. En 2006, le gouvernement a décidé de généraliser la démarche des ASV au niveau national afin de renforcer la dynamique santé sur les territoires inscrits en Politique de la Ville au niveau national et de faire de la démarche des ASV le point d’appui du développement local de la santé publique par la déclinaison territoriale des Plans Régionaux de Santé Publique (PRSP). La mise en place des Agences Régionales de Santé (ARS) et l’élaboration des Contrats Locaux de Santé (CLS) constituent une nouvelle donne qui a conduit à l’actualisation de ce cadre de référence à travers l’élaboration du référentiel national des Ateliers santé ville destiné aux services de l’État, aux collectivités territoriales et aux ARS. L’ASV prend appui sur trois fondements préfigurant une politique publique de santé : Une approche globale de la santé à partir des déterminants de santé. Une approche de proximité, au plus près des besoins des populations, et basée sur la participation citoyenne. Une démarche de coordination des acteurs et des actions de santé en faveur des habitants des quartiers prioritaires.
-4- 1) Une approche globale de la santé à partir des déterminants de santé : L’Atelier Santé Ville fonde sa démarche sur une approche globale, transversale et posi- tive de la santé au sens de la définition de la santé de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant : « un état de complet bien-être physique, mental et social et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », et de promotion de la santé au sens de la charte d’Ottawa, qui s’attache à identifier et à agir sur les déterminants de santé liés aux conditions de vie de la population : l’habitat, l’emploi, l’éducation, les ressources, le cadre de vie, l’accès aux droits, l’environnement. Considérant ainsi que la santé est une affaire de bien-être et de bien-vivre et qu’elle ne relève donc pas uniquement du secteur soin, l’approche de l’Atelier Santé Ville se veut intersectorielle et transversale, à la croisée du social, de l’insertion et de l’éducation, des politiques d’habitat et de l’environnement. Elle vise en ce sens à interroger, repérer et identifier les facteurs et processus de dégradation de la santé en œuvre dans les terri- toires dits « sensibles » et chez les populations qui y vivent, avec une attention particu- lière portée aux groupes populationnels qui s’y socialisent (les enfants et adolescents) et ceux qui se constituent dans le tissu social comme pourvoyeurs de façons d’être et de se soigner (associations, groupe d’influence, prédicateurs, aumôniers…). 2) Une approche de proximité, au plus près des besoins des populations, et basée sur la participation citoyenne : L’Atelier Santé Ville constitue en tout premier lieu un espace, à une échelle de proxi- mité telle qu’un quartier, à l’intérieur duquel des professionnels ainsi que des habitants peuvent se rencontrer et travailler ensemble, sur les thèmes inhérents aux besoins et aux problématiques détectés. Il s’agit donc : d’articuler les interventions sanitaires, sociales et administratives, et de faciliter les coopérations entre ces différents secteurs. L’enjeu pour l’ASV est ainsi double : Il s’agit de proposer sur le long terme des actions concertées dans les domaines de l’accès aux soins, de la prévention et de la promotion de la santé aux habitants afin qu’ils trouvent des réponses à leurs besoins, sur la base d’un diagnostic partagé de santé, avec une attention prioritaire portée aux populations en situation de vulnérabilité. Il s’agit aussi de favoriser le développement et l’efficacité des partenariats entre les différents acteurs locaux, en sollicitant la participation des patients, des habitants et des citoyens ainsi que des partenaires institutionnels et associatifs.
-5- 3) Une démarche de coordination des acteurs et des actions de santé en faveur des habitants des quartiers prioritaires : De par son rôle de coordination, l’Atelier Santé Ville crée l’espace et le temps pour la rencontre, la réflexion et l’action entre acteurs de différents secteurs. Il favorise une pluridisciplinarité qui apporte de la complémentarité dans les ré- ponses et donne l’occasion de travailler à la participation active des habitants, afin d’être au plus près des besoins identifiés localement et de mieux y répondre. L’ASV représente à ce titre : un lieu de mobilisation, ne instance de coordination de ces partenaires en vue : u - de la réalisation puis de l’actualisation d’un diagnostic partagé des problèmes à traiter, - de la mise en oeuvre d’un programme d’actions concertées de santé publique à l’échelle locale, - et d’une évaluation régulière des résultats obtenus, et si possible avec les habitants. Elle favorise la concertation des acteurs, le travail en réseaux et le développement de partena- riats autour d’une démarche et d’objectifs communs. Les principaux objectifs de l’Atelier Santé Ville : L’Atelier Santé Ville a pour principal enjeu de participer à l’amélioration de la santé des habi- tants des quartiers prioritaires et à la réduction des inégalités de santé, en répondant à plu- sieurs objectifs : méliorer la connaissance de l’état du territoire en matière de santé en A identifiant au niveau local les besoins spécifiques de la population et les déterminants de santé liés aux conditions de vie en concertation avec les habitants et les professionnels : il s’agit d’établir puis de mettre à jour un diagnostic partagé de santé, et de plus en plus de participer à l’observation locale de santé. aciliter la mobilisation et la coordination des différents acteurs du territoire, F avec pour objectif d’améliorer les actions existantes et d’initier de nouveaux projets : - en rassemblant des acteurs autour d’une démarche et d’objectifs communs et en favorisant la concertation des acteurs : à partir des problématiques et des ressources identifiées grâce au diagnostic partagé de santé, il s’agit de définir des objectifs prioritaires et d’envisager des programmes d’intervention de façon concertée pour chaque quartier, - en favorisant l’interconnaissance, la mise en relation et la coordination des différents acteurs du territoire afin de faciliter le travail en réseau et le développement de partenariat dans les champs sanitaire, social, médico-social, éducatif...
-6- enforcer les compétences des acteurs locaux : à travers l’information autour R de la santé, la formation, le soutien méthodologique aux porteurs projets, etc... évelopper la participation active des habitants à toutes les phases des D programmes de promotion de la santé (diagnostic, définition des priorités, programmation, mise en œuvre et évaluation), avoriser l’accès à la santé de la population améliorer la prise en charge F des populations précarisées (droits sociaux, prévention, soins), à travers le soutien à une programmation annuelle d’actions de prévention primaire, de santé communautaire et d’accès à la santé portées par les associations et une coopération plus étroite entre professionnels de différents secteurs. ettre en cohérence la Politique de la Ville et les politiques de santé (locale et M régionale), en faisant remonter les informations au niveau régional (ARS, veille sanitaire) en matière de : - analyse des principaux dysfonctionnements et barrières de l’accès aux droits, à la prévention et aux soins, - questions concernant les pratiques professionnelles sanitaires, sociales et d’insertion, - qualité et organisation de l’offre de soins, - besoins en formation des professionnels accueillant des publics en situation de précarité, - amélioration de l’articulation entre les différentes initiatives, etc... - participation aux différents instances et réseaux thématiques et à différents niveaux - contribution à l’élaboration du contrat local de santé - harmonisation de la coordination du contrat local de santé et de son articulation avec l’ASV.... ssurer le suivi et évaluation des projets engagés et travailler sur les questions A d’évaluation d’impact en santé. Une approche par thématique... : L’Atelier Santé Ville œuvre à la fois sur des thématiques prioritaires de santé publique identi- fiées à partir du diagnostic partagé de santé et sur des approches populationnelles. Parmi les thématiques prioritaires sur lesquels les ASV se trouvent le plus souvent amenés à travailler : L’observation L’accès aux droits et aux soins La prévention et promotion de la santé : - Nutrition - Activité physique - Hygiène bucco-dentaire - Éducation à la santé - Campagne de vaccination, promotion des dépistages organisés - Lutte contre le cancer - Vie affective et sexuelle - Prévention VIH/IST/Hépatites
-7- Santé mentale et souffrance psychosociale : - L’addictions et conduites à risques - L’estime de soi - La semaine d’information sur la santé mentale (Sism) - Le conseil Local de Santé Mentale (CLSM) - Le travail en réseau et interconnaissance des acteurs Santé et environnement : - La lutte contre l’habitat indigne - La prévention du saturnisme - La qualité de l’air - La pollution Parcours de soins : - Les réseaux de santé - Les praticiens libéraux et maisons de santé pluridisciplinaires - Le secteur médico-social - Le lien ville-hôpital …combinée à une approche populationnelle : L’Atelier Santé Ville fonde aussi son approche en fonction des caractéristiques des différents publics : Santé et précarité, Périnatalité, Petite enfance, Enfance/jeunesse, Santé des femmes, Pa- rentalité, Violences, Personnes isolées, Vieillissement et sédentarité, Personnes en situa- tion de handicap, Santé des migrants / gens du voyage, Personnes en insertion, Santé au travail, Santé des détenus L’ASV œuvre principalement avec les professionnels et secteurs en interaction avec ces publics, et parfois directement en direction de ces publics. Une approche à articuler avec les axes stratégiques du programme territorial de santé Vaucluse : L’amélioration de l’organisation territoriale du système de santé constitue l’un des objectifs fort de la loi « Hôpital, patient, territoire ». Le Projet Régional de Santé (PRS), publié par le Directeur de l’ARS en septembre 2018 est l’outil majeur de la définition de la politique de santé au niveau régional. Afin d’être au plus près des besoins des habitants et réduire au mieux les inégalités de santé qui persistent dans des territoires significativement différents en termes de peuplement, de relief, d’environnement, etc… des programmes départementaux de santé ont été établis. Leur élaboration « s’est inscrite dans une démarche de démocratie sanitaire pour une meilleure compréhension réciproque entre décideurs, acteurs et usagers ». En effet, la programmation départementale doit « contribuer à une vision commune des actions des uns et des autres, en fa- cilitant l’échange d’informations et en définissant des axes de travail en commun » (Programme territoriale de santé du Vaucluse, Délégation territoriale du Vaucluse, ARS Paca, 2012-2016, p3.). C’est dans la continuité de cette orientation stratégique que notre démarche ASV s’inscrit en considérant lors de l’élaboration du diagnostic local de santé les axes stratégiques prioritaires déterminés par l’ARS pour les territoires du Vaucluse.
-8- Mise en place d’un Atelier Santé Ville dans les QPV du Grand Avignon Faire du thème de l’accès à la santé un enjeu de territoire partagé Le Contrat de Ville 2015-2020 annonce son ambition de créer un Atelier Santé Ville (ASV) dont la vocation première est l’élaboration d’« un état des lieux des pratiques et des acteurs, un diagnostic des besoins des habitants et des professionnels de santé et l’élaboration d’une stratégie intercommunale ». Cet outil est attendu par de nombreux acteurs de l’éducation et de l’insertion professionnelle. Ceux-ci font face à des situations individuelles qu’ils ne peuvent pas gérer car les problématiques ne relèvent pas de leurs compétences mais de problèmes de santé, allant de la dyslexie aux troubles mentaux, en passant par toute forme de pathologies physiques non détectées ou non prises en compte. Dans le Contrat de Ville, les partenaires expriment leur volonté d’investir le champ de la santé pour bâtir un Atelier Santé Ville à long terme dans le cadre d’une stratégie locale de santé publique qui bénéficierait aux habitants des quartiers prioritaires. Le Contrat de ville fait ainsi du thème l’accès à la santé un enjeu de territoire pour les QPV. Le processus de création de l’ASV du Grand Avignon pour aller vers un Plan local de Santé Publique La mission initiale a posé deux objectifs : ettre en place une dynamique d’animation territoriale de santé par la création et la M mise en œuvre de l’Atelier Santé Ville. Bâtir une stratégie territoriale de santé en lien avec les besoins, les attentes et les ressources du territoire du Grand Avignon préfigurant un Plan local de santé publique. Le Contrat de Ville 2015-2020 établit une démarche en trois étapes majeures que nous rappelons ici : Ã 1ère étape (2017-2019) : Réalisation d’un état des lieux ou diagnostic santé avec concertation des acteurs locaux de la santé (institutions, associations, habitants). Ã 2e étape (2019-2020) : Élaboration de la stratégie du Plan local de santé publique (PSLP) et création de l’Atelier Santé Ville. Ã 3e étape (2020-2022) : Mise en œuvre des premières actions de santé dans le cadre du Contrat de Ville.
-9- Si le schéma de construction de la démarche ASV préfigure un phasage en trois étapes, cela n’exclut aucunement le fait que des orientations, des dispositions, ou des actions spécifiques à l’une des phases puissent se réaliser en amont ou en aval de l’étape programmative dans laquelle elles ont été inscrites. En effet, en plus d’impulser de nouvelles actions et dynamiques de mutualisation en santé, la démarche ASV a également vocation à : Pérenniser et consolider les actions engagées qui donnent satisfaction, Encourager les dynamiques locales de santé existantes (sensibilisation, prévention…), Répondre à temps aux diverses sollicitations des acteurs (habitants, professionnels de santé, institutionnels, citoyens) pour préserver l’esprit d’une démarche participative et collaborative qui fonde et légitime la création d’un ASV. La démarche doit répondre à une méthodologie d’élaboration à la fois rigoureuse et souple, directive (orientations décidées par le comité de pilotage) et participative (co-construction avec les acteurs de terrain), objectivable et modulable. Les territoires concernés : Le décret du 30 décembre 2014 fixant la liste des quartiers prioritaires de la Politique de la Ville dans les départements métropolitains identifie cinq quartiers prioritaires pour le territoire du Grand Avignon : A Avignon : Les quartiers Sud (Monclar, Champfleury, Rocade Sud, Barbière, Croix des Oiseaux), Les quartiers Nord-est, Le quartier Saint-Chamand. Au Pontet : Les quartiers Camp Rambaud – les Mérides, Les quartiers Joffre et Centre-ville. Nom des quartiers Médiane (en euros) du prioritaires Commune Population revenu déclaré par unité de consommation Quartiers Sud Avignon 17 186 7 243 Quartiers Nord Est Avignon 4 612 6 752 Saint Chamand Avignon 2 813 6485 Camp Rambaud – Le Pontet 741 8 094 Les Mérides Joffre / Centre ville Le Pontet 2 982 8 936 TOTAL 28 314 Source : INSEE
- 10 - Quartiers prioritaires d’Avignon
- 11 - Quartiers prioritaires du Pontet
- 12 - Les principales caractéristiques d’alerte des habitants des QPV mentionnées dans le Contrat de Ville du Grand Avignon 2015-2020 sont les suivantes : es quartiers aux revenus particulièrement bas et très inégaux traduisant la grande D précarité des habitants Une population jeune avec une très forte présence des moins de 10 ans Des quartiers qui se féminisent progressivement et qui accueillent des femmes en précarité Une surreprésentation des familles monoparentales Une part de population immigrée et/ou d’origine étrangère particulièrement élevée Des quartiers qui perdent massivement des habitants Un dynamisme économique insuffisant malgré la présence d’une Zone Franche Urbaine à Avignon De très bas niveaux de qualification parmi les plus bas de la région PACA Une densité médicale faible relativement au reste du Grand Avignon traduisant une plus grande difficulté d’accès aux soins
- 13 - Diagnostic santé des QPV du Grand Avignon La santé est un axe transversal dans le cadre de la Politique de la Ville. Elle s’articule avec des problématiques sociales, l’éducation ou encore le cadre de vie. Ainsi, la pauvreté, le type d’emploi, le logement, la qualité de l’environnement, l’isolement, le niveau de formation, l’immigration et la barrière de la langue sont autant de freins à lever pour favoriser l’accès aux soins et à la santé. Une population relativement éloignée du système de soins 1) La situation dans le Grand Avignon Il n’existe pas d’écart significatif entre le nombre de personnes ayant eu recours à un médecin généraliste libéral parmi les habitants du Grand Avignon et ceux de la région PACA. En revanche, l’écart se creuse lorsque l’on s’intéresse à d’autres spécialistes1 : Le nombre de personnes ayant eu recours à un pédiatre est inférieur de 28 % par rapport à PACA. Le nombre de personnes ayant eu recours à un dentiste est inférieur de 6,8 % par rapport à PACA. Le nombre de personnes ayant eu recours à un psychiatre est inférieur d’environ 40 % par rapport à PACA. La CMU-C (désormais Complémentaire santé solidaire)2 est un dispositif essentiel pour favoriser l’accès aux soins et à la santé. Toutefois, on constate une moindre participation des personnes bénéficiaires de la CMU-C aux dispositifs de prévention. Les enfants bénéficiaires de la CMU-C ont moins souvent effectué un bilan de prévention buccodentaire ou une consultation que ceux non bénéficiaires de ce dispositif. C’est chez les enfants les plus jeunes (6 et 9 ans) que l’écart est le plus marqué : il est d’environ 12 points, au désavantage des enfants couverts par la CMU-C. En outre, la part d’enfants effectuant un bilan de prévention buccodentaire ou une consultation diminue avec l’âge, qu’ils soient couverts ou non par la CMU-C. Tandis que près de 36 % des enfants bénéficiaires de la CMU-C ont réalisé un bilan ou une consultation à 6 ans, ils ne sont plus que 13 % à 18 ans3 . Le constat d’une moindre participation des bénéficiaires de la CMU-C à la prévention s’applique également au niveau de participation des femmes (50-64 ans) au dépistage organisé du cancer du sein. Sur l’année 2017-2018, près de 43 % de celles ne bénéficiant pas de la CMU-C se sont fait dépister contre 26 % de celles couvertes par la CMU-C45. Sirsé PACA [en ligne]. Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur, chiffres clés 2018. Accessible à : http://www.sirsepaca.org/#c=home. 1 Source : DRSM Paca-Corse 2 Depuis le 1er novembre 2019, la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) et l’ACS (aide au paiement d’une complémentaire santé) ont été remplacées par la Complémentaire santé solidaire (Ameli.fr). 3 Sirsé PACA [en ligne]. Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur, chiffres clés 2017. Accessible à : http://www.sirsepaca.org/#c=home. Source : DRSM Paca-Corse 4 Remarque : L’amélioration de la couverture du dépistage du cancer du sein est un des objectifs associés à la loi relative à la politique de santé publique du 9 août 2004. Il s’agit d’atteindre un taux de couverture du dépistage (dépistage organisé et dépistage individuel) de 80 % pour les femmes de 50 à 74 ans. 5 Sirsé PACA [en ligne]. Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur, chiffres clés 2017-2018.
- 14 - 2) La situation dans les QPV du Grand Avignon : hypothèse d’une situation moins favorable Une population fragilisée : Plusieurs facteurs illustrent la fragilité de la population vivant dans les QPV. S’ils existent indépendamment les uns des autres, ils peuvent aussi se cumuler ce qui renforce la fragilité des personnes concernées. En 2016, plus de la moitié des habitants des QPV étaient pauvres, ce qui représente près de 15 500 habitants67 . Selon les quartiers, 25 à 41 % des ménages sont composés d’une seule personne8 et 18 % des familles sont monoparentales, or ces ménages sont plus souvent concernés par la pauvreté9 . En 2018, le taux d’emploi au sein des QPV (29 % à 50 % selon les quartiers) est inférieur à celui du Grand Avignon (57,7 %). Parmi les personnes en emploi, 21 à 24 % des salariés occupent un emploi précaire contre 14 % parmi les salariés de l’agglomération dans son ensemble. Par ailleurs, cette même année, on comptait 20 % de demandeurs d’emploi parmi les habitants des QPV contre 13 % parmi les habitants du Grand Avignon10. Enfin, plus de 10 000 immigrés11 vivent dans les QPV. Cela représente 36 % des habitants tandis qu’on compte 12 % d’immigrés parmi les habitants du Grand Avignon12. Cela peut impliquer un certain nombre de problématiques, comme la barrière de la langue ou l’accès à l’emploi ce qui fragilise d’autant plus cette population. Accessible à : http://www.sirsepaca.org/#c=home. Source : ARS Paca 6 Le taux de pauvreté re¬présente la part des personnes dont le niveau de vie est inférieur à 60% du niveau de vie médian de la population (soit un niveau de vie égal à 1015 euros par mois pour une personne seule en 2015). 7 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?somm aire=2500477. Source : INSEE-DGFIP-CNAF-CNAV-CCMSA, FiLoSoFi, 2016 8 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?somm aire=2500477. Source : INSEE, RP 2015 9 Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017 10 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?som maire=2500477 11 Personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Certains immigrés ont pu devenir français, les autres restant étrangers (Haut Conseil à l’Intégration). 12 Données sur la politique de la ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?som maire=2500477. Source : INSEE, RP 2015
- 15 - Des indicateurs de fragilité davantage marqués chez certaines publics : Les mineurs 3 818, soit 46 % des jeunes de moins de 18 ans des QPV couverts sont bénéficiaires de la CMU-C (contre environ un quart des mineurs couverts du Grand Avignon)13 . Dans son diagnostic sur la Politique de la Ville, le Compas souligne que les parents font beaucoup plus souvent la demande d’accès à la CMU-C car celle-ci est essentielle pour ces tranches d’âge14 . Il est intéressant de rapprocher ces jeunes des mineurs vulnérables relevés par l’indicateur de fragilité du Compas15 . En 2013, on en comptait 4 070 dans les QPV soit près de la moitié des mineurs qui vivent dans ces quartiers. Leur situation est d’autant plus préoccupante qu’à l’exception des quartiers sud, la part des mineurs vulnérables a davantage augmenté dans les QPV qu’en dehors entre 2008 et 2013. Selon les quartiers, cette augmentation va de 5,5 points à 13,7 points16 . Comparaison entre le nombre de mineurs bénéficiaires de la CMU-C et le nombre de mineurs vulnérables vivant dans les QPV du Grand Avignon Nombre de béneficiaires Nombre de mineurs de la CMU-C de moins vulnérables (2013) de 18 ans (2018) Quartiers Sud 2 346 2 530 Quartiers Nord Est 729 810 Saint Chamand 428 440 Camp Rambaud – 29 n.d Les Mérides Joffre / Centre ville 286 290 TOTAL QPV 3 818 4 070 Source : CNAM - Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017 13 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?som maire=2500477 14 Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017 15 Vivre dans une famille monoparentale, vivre dans famille nombreuse (3 enfants et plus), vivre au sein d’une famille où « tous les parents » ont un bas niveau de formation (BEPC ou brevet des collèges au plus), vivre dans une famille comptant au moins un parent se déclarant au chômage ou occupant un emploi précaire, vivre dans une famille sans aucun adulte actif en emploi, vivre dans une famille locataire du parc social ou dans un logement précaire, vivre dans un logement surpeuplé - Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017 16 Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017
- 16 - Comparaison entre la part de mineurs bénéficiaires de la CMU-C et la part de mineurs vulnérables selon la zone géographique France 11,60 % Part des mineurs vulnérables parmi l’ensemble des mineurs (2013) Part des bénéficiaires de la CMU-C PACA 14,10 % parmi les mineurs couverts (2018) 21,70 % CA du GA Avignon 24 % 16,3 % Le Pontet 22 % 32,60 % Avignon 35 % 48,8 % Total QPV 46 % 0 10 20 30 40 50 Source : INSEE, Données sur la Politique de la Ville, 30 mars 2020 - Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017 Les entretiens réalisés avec les professionnels du territoire étayent l’hypothèse d’une situation moins favorable des jeunes vivant dans les QPV en matière de recours aux soins et à la prévention. La santé buccodentaire en est une illustration particulièrement marquante. Les intervenants de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) et de l’Union Française pour la Santé Buccodentaire (UFSBD) dans les établissements scolaires à partir du CP témoignent d’un nombre important d’élèves avec plusieurs caries. Malgré la transmission des besoins de soins aux parents et la prise en charge de la consultation et des soins dans le cadre du programme M’T dents17 , la visite chez le dentiste n’a pas systématiquement lieu. En outre, la situation familiale des jeunes identifiés comme vulnérables (famille monoparentale ou au contraire nombreuse, faible niveau de formation des parents…) ne favorise pas la transmission des savoirs de base en matière d’alimentation, d’hygiène ou encore d’usage des médicaments. Dans ce contexte, l’éducation à la santé mais aussi la sensibilisation des parents apparaissent comme des enjeux majeurs pour limiter la reproduction des inégalités sociales de santé et améliorer la portée des actions. 17 M’T dents : des rendez-vous offerts chez le dentiste. In Ameli.fr. Ameli.fr [en ligne]. CNAM, 28 juillet 2020. Accessible à : https://www.ameli.fr/vaucluse/ assure/sante/themes/carie-dentaire/mt-dents
- 17 - La réussite éducative constitue également un enjeu majeur au regard de l’environnement dans lequel évoluent les mineurs vulnérables. Des problèmes de santé peuvent se cumuler avec les indicateurs de fragilité mentionnés ci-dessus. Les professionnels intervenant auprès des jeunes constatent un manque d’orthophoniste. La surexposition aux écrans a également été mentionnée à plusieurs reprises. Enfin, les professionnels témoignent d’un mal être, à différent degré, chez les jeunes comme au sein des familles. La part d’enfants de moins de 3 ans vivant dans les QPV du Grand Avignon constitue un autre élément caractéristique de ces quartiers. En 2013, ces enfants représentent 6 % de leur population contre 3,7 % de la population du Grand Avignon. Les besoins de soins et d’actions de prévention sont très importants pour cette tranche d’âge. L’action de la PMI dans les QPV est donc essentielle18 . Il y a 3 services de PMI répartis à Avignon au sein des Espaces Départementaux des Solidarités (EDES) (est/centre-ville, ouest et sud) et 1 à l’EDES de Montfavet. Il y a également un Centre d’Action Médico-Social Précoce (CAMSP). Cette structure qui fait partie de l’hôpital Henri Duffaut d’Avignon intervient auprès des enfants de 0 à 6 ans et de leurs parents en cas de trouble du développement avéré ou suspecté, en cas de handicap ou dans des situations à risque nécessitant une surveillance spécifique. 18 Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017. Source : INSEE, RP 2013
- 18 - Les femmes La situation des femmes des QPV est encore moins favorable que celle de la population des QPV en général. Fragilisées tant sur le plan de la situation familiale que sur le plan de l’emploi, elles sont plus à même de se trouver dans des situations de précarité. Selon les QPV, les femmes sont à la tête de 86 à 91 % des familles monoparentales. Ces mères ne disposent que d’une seule source de revenu. Elles peuvent en outre rencontrer des difficultés pour faire garder leurs enfants ce qui peut les pousser à se tourner vers des emplois à temps partiel voire à renoncer à exercer une activité. Par conséquent, les familles monoparentales sont plus souvent concernées par la pauvreté19. En ce qui concerne l’emploi, les femmes des QPV sont dans une situation moins favorable à la fois vis-à-vis des hommes des QPV et vis-à-vis des femmes vivant en dehors des QPV. Le quartier de Camp Rambaud - Les Mérides fait figure d’exception puisqu’une femme sur deux y est en emploi. Dans les autres QPV, le taux d’emploi des femmes se situe entre 25 % et 39,7 % tandis qu’à l’échelle du Grand Avignon, plus d’une femme sur deux occupe un emploi. De plus, à l’exception de Camp Rambaud - Les Mérides, le taux d’emploi des femmes actives dans les QPV est inférieur de 4 à plus de 7 points au taux d’emploi de l’ensemble des actifs des QPV20. En ce qui concerne les emplois précaires, c’est entre les femmes des QPV et l’ensemble des femmes du Grand Avignon que l’écart se manifeste le plus. A l’exception de Camp Rambaud - Les Mérides, 19 à 23 % des femmes des QPV occupent un emploi précaire contre 15 % des femmes du Grand Avignon21. Parmi les salariées vivant dans les QPV, près de 40 % sont à temps partiels contre 13 % des hommes de ces quartiers et 32 % des femmes du Grand Avignon22. Les femmes des QPV sont davantage touchées par le chômage. 16 % d’entre elles sont enregistrées parmi les demandeurs d’emploi contre environ 12 % des femmes du Grand Avignon. En revanche, elles sont moins nombreuses dans cette situation que les hommes des QPV (moins de 24 %) . Cela pourrait s’expliquer par le fait que les femmes des QPV sont moins actives (ni en emploi, ni à la recherche d’un emploi). En 2013, 62 % des femmes vivant en QPV étaient actives contre 84 % des femmes du Grand Avignon et 89 % des hommes vivant en QPV24 25. L’hypothèse d’une situation moins favorable des femmes vivant dans les QPV en matière de recours aux soins et à la prévention est également corroborée par les retours d’expérience des professionnels du territoire. Le dépistage du cancer du sein apparaît comme une priorité. Dans un quartier, 5 femmes auraient été diagnostiquées du cancer du sein cette année et dans un autre 3 mamans seraient décédées en raison d’un dépistage tardif. Le suivi gynécologique est quant à lui souvent limité aux périodes de grossesse. En dernier lieu, les femmes représentent près de 55 % des personnes bénéficiaires de la CMU-C dans les QPV. Cela constitue un indice supplémentaire de la précarité des femmes vivant dans ces quartiers26. 19 Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017. Source : INSEE, RP 2010 20 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?so mmaire=2500477. Source : INSEE, RP 2015 21 Ibidem 22 Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017. Source : INSEE, RP 2013 23 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?so mmaire=2500477 24 Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017. Source : INSEE, RP 2013 25 Remarque : Alors que l’écart entre le taux d’activité des hommes et des femmes s’est considérablement réduit entre 1990 et 2013 en dehors des QPV passant de +18 % à +5%, il a augmenté au sein des QPV passant de +26 % à +27 % - Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017 26 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?so mmaire=2500477. Source : CNAM
- 19 - Les personnes âgées La part des personnes âgées vivant dans les QPV est faible comparée à l’ensemble du Grand Avignon. Les 60-74 ans représentent 12 % de la population de ces quartiers contre plus de 16 % de la population du Grand Avignon. Les 75 ans et plus représentent quant à eux 5,5 % de la population des QPV contre plus de 9 % de celle du Grand Avignon27. Toutefois, ce public ne peut être appréhendé indépendamment du contexte de ces quartiers. Comme illustré précédemment, les habitants des QPV du Grand Avignon cumulent un certain nombre de déterminants de santé défavorables (pauvreté, précarité de l’emploi, isolement, moindre recours à la prévention...). L’état de santé des personnes âgées se trouve inévitablement impacté par leurs parcours de vie et leurs comportements en matière de santé. Les personnes d’âge actif en mauvaise santé auraient d’ailleurs une probabilité plus importante de le rester et d’être dépendantes en vieillissant28. Les associations qui travaillent avec ce public dans les QPV constatent que certaines personnes sont en perte d’autonomie avant 60 ans en raison d’accidents du travail ou de maladies chroniques de longue durée. Malgré le manque de données précises sur les QPV d’Avignon, le bureau d’études Compas observe que de manière générale, les taux de recours à l’allocation personnalisée d’autonomie dans ces quartiers sont beaucoup plus importants et interviennent souvent plus tôt (entre 70 et 75 ans) que ceux qui sont observés dans les autres territoires29. C’est pourquoi malgré un taux de personnes âgées globalement moins important dans les QPV que dans le reste du Grand Avignon, une attention particulière doit être portée aux besoins sanitaires de ces personnes car ils sont susceptibles d’être plus importants. Cela est d’autant plus valable dans certains quartiers, qui connaissent une population âgée plus importante par rapport à la moyenne des QPV. C’est le cas des quartiers sud et de Camp Rambaud – Les Mérides. Dans le premier, 13 % des habitants sont âgés de 60 à 74 ans et 6 % de plus de 75 ans. Dans le second, plus de 21 % des habitants sont âgés de 60 à 74 ans et 9,6 % de plus de 75 ans30. De plus, le vieillissement de la population combiné à la sédentarité dans les quartiers implique d’anticiper une hausse de la part des personnes âgées vivant au sein des QPV. Par ailleurs, les personnes âgées des QPV font face à l’isolement. Selon les QPV, près de 22 % à 30 % des ménages d’un seul individu sont composés d’une personne âgée de 60 à 74 ans et 21 à 25 % d’une personne âgée de 75 ans et plus. Les femmes sont davantage concernées par l’isolement. Dans les quartiers sud, elles représentaient plus de 53 % des ménages composés d’une personne de 60 à 74 ans et environ trois quarts des ménages d’une personne âgée de 75 ans et plus31 32. 27 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?so mmaire=2500477 28 Suzanne Maury. Le vieillissement de la population. In : Les politiques publiques. La documentation Française, 2018. pp. 243-251 29 Compas, Diagnostic de la Politique de la Ville, novembre 2017 30 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?so mmaire=2500477 31 Ibidem. Source : INSEE, RP 2015 - Remarques : pour la part des femmes parmi les ménages d’une seule personne âgée de 60 à 74 ans et 75 ans et plus, les données ne sont pas disponibles pour l’ensemble des quartiers.
- 20 - La densité médicale Densité des professionnels de santé libéraux selon la zone géographique (nombre de professionnels pour 100 000 habitants) CA du Total Avignon Le Pontet Grand QPV Paca France Avignon Infirmiers libéraux et 176 76 341 193 260 143 sages-femmes Professionnels de la rééducation et de l’appareillage 74 183 182 172 213 147 (masseurs-kinésithérapeute, ostéo- pathe, orthophonistes, pédicures-po- dologues...) Médecins généralistes 42 123 136 111,7 102 78 Médecins spécialistes 14 234 51 150 117 81 Chirurgiens-dentistes 10 71 79 63,7 70 55 Laboratoires de biologie 6 12 22 12,5 13 5 et d’analyses médicales Source : Données SIG du Grand Avignon – INSEE, estimation démographique 2015 – DRSM Paca-Corse, 2019 – AMOS, 2017 Note méthodologique : Les résultats présentés dans ce tableau ont été obtenus à partir des données suivantes : - Pour les QPV d’Avignon et du Pontet : Le nombre de professionnels de santé identifiés par le SIG à partir de la base SIRENE. L’estimation démographique de l’INSEE, basée sur le recensement de 2015. Les résultats présentés correspondent au nombre de professionnels identifiés via la base SIRENE pour 100 000 habitants recensés par l’INSEE. - Pour les villes d’Avignon, du Pontet ainsi que pour le Grand Avignon : Les données émanent de la Direction Régionale du Service Médical Paca-Corse (DRSM). Elles correspondent au nombre de professionnels de santé libéraux installés au 1er janvier de l’année 2019 pour 100 000 habitants recensés par l’INSEE. - Pour la France : Les données émanent d’Assurance Maladie Offre de Soins (AMOS). Elles correspondent au nombre de professionnels de santé libéraux présents et actifs au 31 décembre de l’exercice pour 100 000 habitants recensés par l’INSEE. Les sources utilisées étant différentes selon les niveaux d’observation, il faut tenir compte des variations méthodologiques dans les résultats présentés ici. Ces résultats n’ont pas vocation à refléter l’exactitude de la densité des professionnels de santé libéraux ; ils visent avant tout à donner une tendance.
- 21 - 1) La densité de médecins généralistes et spécialistes est plutôt satisfaisante dans le Grand Une densité médicale mitigée pour le Grand Avignon : Avignon. On observe une densité similaire à PACA pour les laboratoires de biologie et d’analyses médicales. En revanche, pour les autres professions médicales, le nombre de professionnels pour 100 000 habitants y est bien inférieur à celui de la région PACA. Au contraire, si l’on compare la densité médicale du Grand Avignon à celle de la France, l’agglomération est bien mieux dotée. En ce qui concerne les structures, on compte : maison régionale de santé, située sur la rocade sud et une maison de santé 1 pluriprofessionnelle au Pontet. e centre hospitalier Henri Duffaut à Avignon, établissement support du Groupement L Hospitalier de Territoire (GHT) de Vaucluse. Notons la présence d’une Permanence d’accès aux soins et à la santé mère enfant, à partir d’une consultation santé- environnement. e centre hospitalier de Montfavet, établissement public de santé mentale qui a L une mission de prévention, de soins en santé mentale et de réinsertion auprès de la population du Vaucluse et du nord des Bouches-du-Rhône. Il inclut plusieurs structures (centre d’activités thérapeutiques à temps partiel, centre médico-psychologique, institut médico-éducatif, hospitalisation de jour...) dans le Grand Avignon : Avignon, Velleron, Le Pontet. Une offre hospitalière privée importante : – A Avignon : centre chirurgical Montagard, institut du cancer Sainte Catherine, polyclinique Urbain V, clinique Rhône-Durance, centre de rééducation du Lavarin. – Aux Angles : clinique du Grand Avignon. – A Villeneuve-lès-Avignon : clinique Belle Rive (établissement de psychiatrie générale). 2) La densité médicale au sein des QPV est plus faible que dans les communes dans Une densité médicale faible dans les QPV33 : lesquelles ils sont situés ou dans le reste du Grand Avignon. Les infirmiers libéraux et sages- femmes sont la seule exception puisque les QPV sont mieux dotés qu’Avignon. Dans certains quartiers, comme les quartiers nord-est, Saint Chamand, Joffre-centre-ville ou Camp Rambaud- Les mérides, il n’y a aucun médecin généraliste dans l’enceinte du quartier. Les médecins spécialistes sont également rares que ce soit dans le quartier ou à proximité. La densité de professionnels de santé est toutefois à nuancer car certains professionnels se trouvent hors périmètre du quartier mais dans un rayon inférieur à 2km. Par exemple, la clinique Rhône-Durance se trouve à proximité des quartiers sud et dispose d’une offre médicale diversifiée. En outre, Avignon reste une ville moyenne et Le Pontet une petite ville. La mobilité spatiale est facilitée pour les habitants des QPV du fait de l’échelle territoriale et des infrastructures de transports. Ajoutons que les freins au recours aux soins ne se limitent pas à des critères géographiques. Recréer le lien entre les habitants et les professionnels de santé en accompagnant les premiers et en sensibilisant les seconds aux freins du public dans l’accès à la santé est un préalable indispensable. Voir en annexes pour le détail par quartier 33
- 22 - Tendances relatives à l’état de santé de la population du Grand Avignon : des indicateurs de santé moins favorables qu’en PACA : 1) Les déterminants de santé : Bien que l’on ne dispose pas de données précises sur le rapport des habitants des QPV au système de soins, les éléments quantitatifs et les retours d’expérience des professionnels évoqués précédemment laissent supposer qu’ils en sont plus éloignés que les habitants du Grand Avignon. Les difficultés économiques sont un facteur bien identifié de renoncement aux soins. La CMU-C (désormais Complémentaire santé solidaire) contribue de façon considérable à réduire les inégalités d’accès aux soins des ménages les plus pauvres. Parmi les habitants des QPV couverts, près de 8 500 bénéficient de la CMU-C (soit 32 %). Si l’on rapproche ces chiffres du nombre de personnes pauvres, on constate que plus de la moitié d’entre eux (55 %) sont couverts par la CMU-C34 . Toutefois, comme illustré précédemment, les personnes bénéficiaires de la CMU-C ont moins recours aux soins et à la prévention. Comme le souligne l’Observatoire des inégalités dans un dossier consacré à la construction des inégalités sociales de santé, le travail peut être pathogène : manipulation de produits chimique, port de charges lourdes, rythmes de travail irréguliers, tâches répétitives...35. Le fait d’occuper un emploi précaire augmente les chances d’être confronté à des conditions de travail pénibles et peut être source de stress en raison de l’incertitude qui pèse sur la pérennité de l’emploi et des revenus. En outre cela influe sur le rapport à la douleur. Lorsqu’une personne accomplit régulièrement des tâches pénibles, « le seuil à partir duquel la plainte devient possible s’élève » 36 ce qui peut se traduire par un renoncement aux soins ou à un recours plus tardif. Le chômage peut également produire des effets sur la santé en raison des inquiétudes qu’il génère sur l’avenir. Rappelons que dans les QPV 21 à 24 % des salariés occupent un emploi précaire et que 20 % de la population est à la recherche d’un emploi37. Par ailleurs, plusieurs travaux ont montré que l’isolement relationnel multipliait jusque par 2 le risque de non-recours aux soins38. Si l’isolement se cumule à la précarité de l’emploi ou au chômage, la santé des personnes concernées se retrouve alors doublement impactée, or comme souligné précédemment, il s’agit d’éléments caractéristiques des habitants des QPV. En ce qui concerne la population immigrée, soit 36 % des habitants des QPV39, la barrière de la langue est un problème bien identifié tant pour accéder à l’information (dispositifs d’accès aux soins, prévention...) qu’aux soins. Il importe également de tenir compte des rapports culturels qu’entretient la population avec les problématiques de soin, de la maladie ou encore de la prévention. Des professionnels auprès de ce public ont par exemple évoqué des maladies taboues. 34 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?so mmaire=2500477 35 Obsrvatoire des inégalités. Comment se construisent les inégalités sociales de santé ? Le Tour de la question [en ligne], 2010. Accessible à : https://www. inegalites.fr/Comment-se-construisent-les-inegalites-sociales-de-sante 36 Ibidem 37 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?so mmaire=2500477 38 Philippe Warin. Renoncement à des soins et précarité. In : Bénédicte Boisguerin. Le renoncement aux soins. Actes du colloque. DREES, 2011, pp.81-89. 39 Données sur la Politique de la Ville. In INSEE. INSEE [en ligne]. INSEE, 30 mars 2020. Accessible à : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4191749?so mmaire=2500477. Source : INSEE, RP 2015
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