Pneumonie à Staphylococcus aureus : quand faut-il l'évoquer et comment la traiter ?
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Réanimation (2010) 19, 304—309 MISE AU POINT Pneumonie à Staphylococcus aureus : quand faut-il l’évoquer et comment la traiter ? Staphylococcus aureus pneumonia: When should we evoke it and how to treat it? S. Mortaza a,b, J.-R. Zahar a,∗,b, A. Kouatchet a,b a Laboratoire de microbiologie, hôpital Necker- Enfants- Malades, Assistance publique—Hôpitaux de Paris, faculté de médecine, université Paris-Descartes, 149, rue de Sêvres, 75743 Paris cedex 15, France b Service de réanimation médicale, centre hospitalo-universitaire d’Angers, faculté de médecine, université d’Angers, 4, rue Larrey, 49000 Angers, France Reçu le 7 février 2010 ; accepté le 30 mars 2010 Disponible sur Internet le 22 avril 2010 MOTS CLÉS Résumé Staphylococcus aureus représente une cause rare de pneumonie communautaire. La SARM prévalence des souches de staphylocoques productrices de la leucocidine de Panton et Valen- communautaire ; tine (LPV) est en constante augmentation dans le monde. Cette toxine est impliquée dans la Pneumonie ; survenue d’une entité clinique appelée pneumonie nécrosante staphylococcique, au pronostic Leucocidine de particulièrement sombre, touchant des sujets sains et immunocompétents. Souvent précé- Panton et Valentine ; dée d’une infection virale rhino-pharyngée, cette pneumonie est caractérisée par l’association Syndrome grippal ; d’une fièvre élevée, d’hémoptysies, d’infiltrats alvéolaires multilobaires et d’une leucopénie. Antibiotique L’évolution, souvent mortelle, se fait le plus souvent vers un choc ou une hypoxémie réfractaire. Même si l’incidence des Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM) communau- taires LPV+ reste faible en France, en cas de forte suspicion, l’antibiothérapie empirique doit couvrir le SARM. Le choix thérapeutique doit prendre en compte les caractéristiques pharmaco- cinétiques des molécules, et favoriser celles ayant une bonne diffusion pulmonaire. De même, certaines données fondamentales suggèrent l’intérêt des molécules ayant la capacité à blo- quer la synthèse de la LPV. Enfin, l’administration précoce d’immunoglobulines intraveineuses pourrait être proposée comme traitement adjuvant. © 2010 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Summary Staphylococcus aureus is a rare cause of community-acquired pneumonia. However, KEYWORDS methicillin resistant S. aureus (MRSA), usually known as a nosocomial pathogen, has emerged Community-acquired as a cause of community-acquired necrotising pneumonia in young healthy patients without pneumonia; classic health-care-associated risk factors. Community-onset necrotising pneumonia due to CA- MRSA is now recognised as an emerging clinical entity (it still rarely described in France) with ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : Jean-ralph.zahar@nck.aphp.fr (J.-R. Zahar). 1624-0693/$ – see front matter © 2010 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.reaurg.2010.03.017
Pneumonie à Staphylococcus aureus 305 distinctive clinical features and substantial morbidity and mortality. A viral prodrome (e.g., Staphylococcus influenza or influenza-like illness) followed by acute onset of shortness of breath, sepsis, and aureus; haemoptysis is the most frequent clinical presentation. Clinicians had to be aware of this cause Methicillin resistant; of community-acquired pneumonia. Indeed in such patients treatment of community-acquired Panton Valentine pneumonia should include an appropriate antibiotic treatment to cover MRSA and to decrease leucocidin toxin production. In some cases, the adjunctive use of intravenous immunoglobulin may be indicated. © 2010 Société de réanimation de langue française. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Introduction Chez l’enfant, l’épidémiologie bactérienne des PAC diffère peu de celle de l’adulte. S. pneumoniae et Le regain d’intérêt, ces dernières années, pour les pneu- M. pneumoniae sont les deux espèces bactériennes les plus monies communautaires à Staphylococcus aureus (SA) est fréquemment isolées. Les infections à SA malgré leur gravité largement dû à la diffusion aux États-Unis des SA résistants restent exceptionnelles [7—10]. à la méticilline (SARM) communautaires et possédant la leu- cocidine de Panton et Valentine (LPV). En effet, durant les Pneumonie communautaire à Staphylococcus cinq dernières années, le continent nord-américain a connu aureus : terrain et présentation clinique des épidémies d’infections à SARM communautaires dont la localisation la plus inquiétante et la plus grave était le La pneumonie communautaire à SA ne présente pas de parenchyme pulmonaire. particularités cliniques spécifiques. Seules les pneumonies Notre objectif dans cette revue est de repréciser le poids secondaires à SA LPV+ nécessitent, de par leur présenta- de cet agent pathogène dans l’épidémiologie des pneumo- tion particulière et leur gravité initiale, une mise au point. nies communautaires, de préciser la symptomatologie des L’évolution de ces pneumonies nécrosantes, qui touche pneumonies à SA sécréteur de la LPV et de rappeler les volontiers les patients jeunes, est souvent décrite comme possibilités thérapeutiques. « foudroyante » et leur tableau clinique est caractérisé par l’association d’une fièvre élevée, d’une hémoptysie, d’infiltrats alvéolaires multilobaires et d’une leucopénie. Épidémiologie des pneumonies Dans une étude rétrospective, Gillet et al. avaient comparé communautaires la présentation clinique et l’évolution de 16 patients présen- tant une pneumonie communautaire à SA LPV+ à 36 témoins Les agents pathogènes les plus fréquemment isolés présentant une pneumonie à SA LPV- [11]. Dans ce travail, des pneumonies aiguës communautaires (PAC) sont : les patients infectés par une souche LPV+ étaient plus jeunes S. pneumoniae retrouvé dans 38 % des cas et les virus respi- (âge médian 14,8 ans versus 70,1 ans) ; un syndrome pseu- ratoires dans 29 % des cas [1]. Les autres agents pathogènes dogrippal avait précédé 12 des 16 infections à SA LPV+ alors semblent moins fréquemment isolés : Haemophilus influen- qu’il n’existait que chez trois des 33 infectés par un SA LPV- zae dans 2 % des cas, Mycoplasma pneumoniae, Legionella [11]. Les patients infectés par une souche LPV+ étaient signi- pneumophila, Chlamydiae spp respectivement dans 8 %, 4 % ficativement plus fébriles, plus tachycardes et l’on notait et 6 % des cas [2]. une différence significative sur la présence d’une hémopty- L’étiologie microbienne des pneumonies communautaires sie, d’un épanchement pleural et d’une leucopénie [11]. varie en fonction de l’âge du patient, de la présence ou Par ailleurs, la survie à 48 heures n’était que de 63 % en non de comorbidité et de la gravité initiale. Ainsi, les cas d’infection à SA LPV+ alors qu’elle était de 94 % pour deux agents pathogènes les plus fréquemment isolés chez les patients infectés par un SA LPV-. La survie médiane des les patients admis en réanimation pour PAC grave sont pneumonies à SA LPV+ n’était que de dix jours, la mort S. pneumoniae et L. pneumophila [3]. étant due à la survenue d’un choc ou d’une hypoxémie Quelles que soient les études épidémiologiques, SA ne réfractaire. Enfin, l’étude anatomopathologique de trois cas semble pas faire parti des agents pathogènes les plus fré- a révélé des ulcérations nécrotiques diffuses trachéales et quemment isolés. Ainsi, dans l’étude espagnole de Gutierrez bronchiques ainsi qu’une nécrose hémorragique des septa et al., SA était retrouvé globalement dans 0,4 % des cas et inter-alvéolaires [11] (Tableaux 1—4). uniquement dans la tranche d’âge de 15 à 44 ans, chez des Le regain d’intérêt pour cette entité clinique est apparu patients sans comorbidité et qui nécessitaient une hospi- avec l’émergence des SARM communautaires aux États- talisation systématique. De même, SA était isolé dans 1 % Unis. L’incidence des pneumonies nécrosantes à SA LPV+ et 1,5 % des cas, respectivement, dans l’étude de Diaz et est inconnue, seuls les cas identifiés ou publiés sont pris celle de Lim [4,5]. Chez l’adulte, y compris en réanima- en considération et certains cas ne sont probablement pas tion, la prévalence des pneumonies à SA semble inférieure diagnostiqués. La première description clinique de pneu- à 2 %. Si les pneumonies communautaires à SA sont rares, monie à SA LPV+ résistant à la méticilline remonte à l’implication des souches sécrétrices de LPV atteint 85 % 2003 [12]. Les auteurs rapportaient quatre cas de pneu- dans l’étude de Lina [6]. monie nécrotique survenant chez des patients jeunes, sans
306 S. Mortaza et al. Tableau 1 Présentation clinique des pneumonies a SARM Tableau 3 Activité anti-SARM et anti LPV des principaux LPV +. antibiotiques utilisables. Terrain Activité anti-SARM Activité anti-LPV Sujet jeune sans antécédent, sans comorbidité Linézolide Oui Oui Épisode viral des voies aériennes supérieures Bactrim Variable Non précédant le tableau clinique Rifampicine Oui Oui Présentation clinique Fluoroquinolones Non Non Fièvre > 39 ◦ C Acide fucidique Oui Oui Tachycardie >140/mn Clindamycine Variable Oui Hémoptysie Hypotension Leucopénie Atteinte multilobaire, épanchement pleural gie, quatre étaient infectés par une souche Influenza A [11]. En mettant à nu la membrane des cellules ciliées, l’infection Tableau 2 Différences microbiologiques entre SARM virale préalable pourrait servir de porte d’entrée au SA lui communautaire et nosocomial. permettant ainsi de coloniser l’épithélium respiratoire, les SARM SARM souches productrices de LPV ayant une affinité particulière communautaire nosocomial pour cet épithélium quand il est lésé [13]. Enfin, dans l’étude de Francis et al., le caractère hémorragique des aspira- Phénotype tions trachéales ainsi que la gravité initiale caractérisée par Fluroquinolones Sensible Résistant la présence d’un état de choc et d’une leuconeutropénie Clindamycine Sensible Résistant avaient été relevés par les auteurs [12]. Il est donc important Acide fucidique Résistant Sensible d’évoquer le diagnostic devant : Gentamicine Sensible Sensible Kanamycine Résistant Cassette de résistance • la séquence virale précédant la symptomatologie pulmo- SCC mec IV II naire ; Prévalence en France 39 ◦ C, tachycardie > 140/min, Fièvre variable, absence d’état de hypotension artérielle (choc choc d’emblée d’apparition rapide) Hémoptysie Expectorations purulentes Lésions nécrotiques laryngées Absence de lésions nécrotiques NFS Leucopénie Hyperleucocytose Radiographie de thorax Atteinte multilobaire Atteinte unilobaire Pleurésie ± purulente Pleurésie peu fréquente Évolution Recours très fréquent à la ventilation Ventilation mécanique moins mécanique (75 %) fréquente Mortalité élevée (> 75 %) Mortalité plus faible
Pneumonie à Staphylococcus aureus 307 Que faut-il penser de la toxine de plus élevée de toxine LPV, a permis de mettre en évidence Panton—Valentine ? l’absence de corrélation entre gravité clinique et production de toxine [23]. Connue depuis 1932 pour son activité leucotoxique, la toxine de Panton-Valentine [15] est codée par deux gènes, luk-S- Microbiologie PV et luk-F-PV, portés par un bactériophage lui conférant la possibilité d’être transférable [16]. Ces gènes codent Les épidémies décrites aux États-Unis et en Europe sont pour une protéine extracellulaire composée de deux sous- associées à la diffusion en milieu communautaire d’une unités S et F, inactives individuellement : elles s’assemblent souche clonale de SARM possédant une cassette de résis- directement sur la paroi membranaire des cellules cibles tance de type IV ou V (Souche dite USA 300) et possédant la (polynucléaires neutrophiles-PNN, monocytes et macro- toxine de LPV. phages) pour former un heptamère capable d’ouvrir des En France, bien qu’il existe des souches résistantes à canaux calciques et créer des pores transmembranaires. la méticilline produisant la LPV, la majorité des souches Cela entraîne la destruction des leucocytes attirés par restent sensibles à la méticilline. Une première étude l’infection du parenchyme pulmonaire, augmentant leur rétrospective a été menée au CHU Bicêtre sur une durée de perméabilité et entraînant la libération de leurs conte- trois ans dont l’objectif a été de déterminer l’incidence des nus toxiques (substances pro-inflammatoires, enzymes et souches LPV+ au sein des souches de SARM. Des 17 souches espèces réactives à l’oxygène) : ce processus accélére possédant un phénotype de résistance évocateur, les auteurs l’apoptose, induisant une vasodilatation locale et une notaient une incidence de 0,8 % au sein de l’espèce et 2 % nécrose tissulaire [17]. Cette réaction serait susceptible de au sein des SARM [24]. s’auto-amplifier : les médiateurs inflammatoires libérés en Une étude menée de 2001 à 2004 par l’ONERBA mettaient masse attirant par chimiotactisme les PNN et favorisant ainsi en évidence une prévalence de souches sécrétrices de la l’infiltration tissulaire des cellules inflammatoires [18]. Elle toxine de LPV au sein des souches de SARM, inférieure à appartient à la famille des toxines synergo-hyménotropes, 0,4 % à l’hôpital comme en ville [25]. c’est-à-dire composée de deux sous-unités non associées Plus récemment, Maugat et al., dans une étude tran- mais qui agissent de façon synergique pour lyser la mem- versale de trois mois dont l’objectif était d’estimer la brane cellulaire [19]. fréquence d’isolement des SARM dans les laboratoires Pendant plusieurs années, le débat autour de la viru- d’analyses de biologie médicale français et la proportion lence propre de la toxine LPV est resté inachevé. En effet, de souches productrices de la LPV notaient que l’incidence les études cliniques comparant les infections dues à des des patients porteurs de SARM dans la communauté souches de SA LPV+ et celles dues à des souches de SA LPV- française était estimée à 0,50 (IC95 % : 0,41—0,60) pour mettaient en évidence une morbidité accrue et une sur- 10 000 habitants [26]. L’analyse moléculaire des souches mortalité associée aux souches de SA LPV+ [11]. Toutefois, confirmait que 80,6 % des SARM appartenaient au clone les études fondamentales étaient jusque là contradictoires. Lyon, caractéristique des souches hospitalières françaises Certaines études plaidaient pour une virulence équivalente et 10,6 % à des clones proches de celui-ci. Un clone émer- des souches LPV+ et LPV- attribuée au gène de virulence geant porteur du gène tst1 était détecté chez six patients cna [13], les souches LPV+ auraient une affinité supérieure et une seule souche productrice de LPV a été retrouvée pour le collagène de type I et IV et la laminine [13,20]. [26]. D’autres, en évaluant le rôle de la toxine LPV sur un modèle Les souches de SARM sécrétrices de LPV ont un profil d’infection sous-cutanée chez la souris, ne mettaient en évi- phénotypique caractéristique. Ainsi la présence d’une résis- dence aucune différence de mortalité dans le groupe de tance à la kanamycine, à l’acide fucidique, aux tétracyclines souris infectées par une souche de SA LPV+ comparative- et une sensibilité aux fluoroquinolones, à la gentamicine et à ment aux souris infectées par une souche de SA LPV- [21]. la tobramycine doivent faire évoquer l’hypothèse de souches Par ailleurs, dans ce travail, certaines souches LPV- sem- sécrétrices de LPV. blaient être plus virulentes que les souches LPV+, le volume des abcès semblant plus important en cas d’infection par Thérapeutique une souche LPV- [21]. Enfin, dans un travail fondamental récent, Lanbadeira—Rey et al. ont mis en évidence le rôle L’antibiothérapie des pneumonies communautaires, notam- fondamental de la toxine LPV dans la survenue des pneumo- ment celles recommandées en cas de forme sévère, cherche nies nécrosantes en démontrant que la toxine elle-même à couvrir les deux agents pathogènes les plus fréquemment était suffisante pour causer une atteinte du parenchyme isolés : S. pneumoniae et L. pneumophila. Quelles que soient pulmonaire [22]. De même, l’expression de la toxine LPV les bêtalactamines utilisées (amoxicilline ou céphalospo- était associée à une modification globale de la transcrip- rine de troisième génération), elles sont soit inefficaces tion de gènes codants pour d’autres protéines (sécrétées (amoxicilline) soit de faible efficacité (céphalosporine de ou membranaires), comme la protéine A staphylococcique troisième génération) sur le SA sensible à la méticilline. (SpA), une des plus importantes adhésines produite par SA, Seule l’association amoxicilline — acide clavulanique a une capable de perturber la phagocytose des cellules immuni- activité suffisante sur les souches de SAMS, et dans tous les taires. Plus récemment, une étude microbiologique réalisée cas, les trois molécules les plus fréquemment prescrites sont à partir de souches cliniques et dont l’objectif était de véri- totalement inefficaces sur les souches de SARM. De plus, fier si les manifestations cliniques graves (pneumonie ou outre la nécessité d’adapter l’antibiothérapie initiale et de fasciite, nécrosantes) étaient associées à une production couvrir le staphylocoque, il paraît important au moins dans
308 S. Mortaza et al. les pays où la prévalence est plus importante qu’en France, [36]. Certains auteurs ont utilisé des facteurs de crois- de couvrir les SARM. sance hématopoïétiques chez des patients neutropéniques Pour être efficace, l’antibiothérapie doit prendre en présentant une pneumonie nécrosante [37]. L’utilisation de compte plusieurs particularités : la sensibilité à la méticil- l’oxygénation extracorporelle ne semble pas être efficace line, la diffusion pulmonaire de la molécule et une activité dans cette indication [38]. modulant l’expression de la toxine. L’antibiothérapie « classique » des infections à SARM reste, à l’heure actuelle, Conclusion les glycopeptides. Toutefois, leur lente bactéricidie, leur mauvaise diffusion tissulaire et la difficulté d’obtention de concentrations efficaces font que d’autres molécules La pneumonie à SA LPV+ reste une entité rare en France. sont proposées [27]. Des succès variables dans le trai- Toutefois, sa rapidité d’évolution et sa gravité font qu’il tement des pneumonies à SARM LPV+ ont été obtenus est important de savoir l’évoquer chez le sujet jeune, sans avec des associations d’antibiotiques comportant les molé- antécédent connu, présentant une pneumonie d’évolution cules suivantes : vancomycine, clindamycine, rifampicine, rapide, nécrosante, précédée d’un syndrome pseudogrippal association triméthoprime-sulfaméthoxazole [11,28—30]. Il et éventuellement en échec d’une antibiothérapie adap- a été démontré, in vitro, que les bêtalactamines (et à tée à une situation de pneumonie communautaire grave. un moindre degré les glycopeptides) pouvaient augmenter Dans ce cas, la mise en place, dès la suspicion clinique, la sécrétion de LPV en cas de concentration insuffisante d’une antibiothérapie prenant en compte le SARM semble [31]. Or les bêtalactamines diffusant mal dans les tissus aujourd’hui primordiale. Enfin, la prise en compte du poten- nécrotiques, abcédés et peu vascularisés des pneumonies tiel de gravité de cette pathologie doit rapidement faire nécrosantes, leur usage serait donc susceptible d’aggraver envisager une admission dans un service adapté de réani- théoriquement les lésions pulmonaires, surtout à la phase mation capable d’une prise en charge spécifique, tenant aiguë où les lésions sont les plus importantes. L’utilisation compte de l’importance des lésions nécrotiques et du risque d’oxacilline seule (sans substance inhibitrice de LPV) en cas élevé d’évolution vers une hypoxie réfractaire ou un choc de SAMS LPV+ serait donc potentiellement délétère. septique. En revanche, il a également été démontré in vitro que les antibiotiques inhibiteurs de la synthèse protéique comme Conflit d’intérêt le linézolide ou la clindamycine, inhibent fortement la sécrétion de LPV [32,33], raison pour laquelle ces deux Aucun. antibiotiques sont largement utilisés dans les pneumonies nécrosantes à SA LPV+. La clindamycine et le linézolide permettent de supprimer la production de la toxine LPV pen- Références dant la phase stationnaire de croissance du staphylocoque [34], la clindamycine permettant par ailleurs de diminuer la [1] Johansson N, Kalin M, Tiveljung-Lindell A, Giske CG, Hed- sécrétion de la toxine TSST-1, responsable du choc toxique lund J. Etiology of community-acquired pneumonia: increased microbiological yield with new diagnostic methods. Clin Infect staphylococcique [35]. À noter que le linézolide est un anti- Dis;50(2):202—9. biotique efficace sur les souches de SARM alors que l’activité [2] Gutierrez F, Masia M, Rodriguez JC, et al. Epidemiology of de la clindamycine est variable dans ce cas. Ainsi, certaines community-acquired pneumonia in adult patients at the dawn souches isolées aux États-Unis ont une résistance inductible of the 21st century: a prospective study on the Mediterranean à la clindamycine empêchant l’utilisation de cette molé- coast of Spain. Clin Microbiol Infect 2005;11(10):788—800. cule. La rifampicine et les fluoroquinolones, notamment la [3] Gutierrez F, Masia M, Mirete C, et al. The influence of age lévofloxacine et la moxifloxacine, font partie de l’arsenal and gender on the population-based incidence of community- thérapeutique. La durée optimale de traitement reste incer- acquired pneumonia caused by different microbial pathogens. taine. Le caractère abcédé de la pneumonie implique une J Infect 2006;53(3):166—74. durée du traitement souvent prolongée à trois ou quatre [4] Diaz A, Barria P, Niederman P, et al. Etiology of community- acquired pneumonia in hospitalized patients in chile: the semaines. increasing prevalence of respiratory viruses among classic pathogens. Chest 2007;131(3):779—87. [5] Lim WS, Macfarlane JT, Boswell TC, et al. Study of commu- Traitements associés nity acquired pneumonia aetiology (SCAPA) in adults admitted to hospital: implications for management guidelines. Thorax L’utilisation des immunoglobulines intraveineuses a été 2001;56(4):296—301. proposée. Elles comportent des anticorps dirigés contre [6] Lina G, Piemont Y, Godail-Gamot F, et al. Involvement of les deux sous-unités de la LPV qui permettent in vitro : Panton-Valentine leukocidin-producing Staphylococcus aureus (1) de neutraliser l’activité de la toxine en inhibant in primary skin infections and pneumonia. Clin Infect Dis la formation de pore et (2) d’inhiber son effet cyto- 1999;29(5):1128—32. toxique. L’inhibition de l’activité semble être temps [7] Chiang WC, Teoh OH, Chong CY, Goh A, Tang JP, Chay OM. Epidemiology, clinical characteristics and antimicro- et concentration-dépendante. Leur prescription précoce bial resistance patterns of community-acquired pneumo- limiterait théoriquement l’aggravation des lésions paren- nia in 1702 hospitalized children in Singapore. Respirology chymateuses. La dose recommandée n’est pas bien 2007;12(2):254—61. identifiée. À l’instar du choc toxique d’origine strep- [8] Tajima T, Nakayama E, Kondo Y, et al. Etiology and clinical tococcique, les auteurs utilisent une dose de 2 mg/kg study of community-acquired pneumonia in 157 hospitalized renouvelable dans les 48 heures en cas de sepsis persistant children. J Infect Chemother 2006;12(6):372—9.
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