Portrait des infrastructures vertes et des ouvrages phytotechnologiques dans l'agglomération de Montréal - Rapport préparé par Esther Lapierre et ...

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Portrait des infrastructures vertes et des ouvrages phytotechnologiques dans l'agglomération de Montréal - Rapport préparé par Esther Lapierre et ...
Portrait des infrastructures
vertes et des ouvrages
phytotechnologiques dans
l’agglomération de Montréal
Rapport préparé par
Esther Lapierre et Stéphanie Pellerin
pour Fondation Espace pour la vie

Octobre 2018
Portrait des infrastructures vertes et des ouvrages phytotechnologiques dans l'agglomération de Montréal - Rapport préparé par Esther Lapierre et ...
Photo couverture : Port de Montréal et La Ligne Verte | Photo : Port de Montréal

                                                                                   Mise en contexte
                                                                                   Ce rapport a été réalisé par l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) pour
                                                                                   La Fondation Espace pour la vie, qui a pour mission de contribuer au développement
                                                                                   des missions scientifiques, éducatives, culturelles, sociales et artistiques des quatre
                                                                                   institutions d’Espace pour la vie (Jardin botanique, Biodôme, Insectarium et Planétarium
                                                                                   Rio Tinto Alcan). L’objectif du projet était de réaliser un inventaire des infrastructures
                                                                                   vertes et des ouvrages phytotechnologiques présents dans l’agglomération de Montréal.
                                                                                   Le rapport présente d’abord diverses problématiques associées à l’urbanisation. Ensuite,
                                                                                   le concept de phytotechnologie est détaillé et certaines structures phytotechnologiques
                                                                                   sont décrites en utilisant l’approche développée dans le cadre du Parcours des
                                                                                   phytotechnologies. Les données constituant l’inventaire ont été obtenues en consultant
                                                                                   différentes plateformes WEB et grâce à des requêtes téléphoniques et électroniques
                                                                                   auprès, entre autres, des instances fédérales, provinciales, municipales et institutionnelles.
                                                                                   Ce document constitue le premier inventaire exhaustif des infrastructures vertes et des
                                                                                   ouvrages phytotechnologiques présentes sur le territoire de l’agglomération de Montréal.

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Table des matières
Les problématiques associées à l’urbanisation                                  4
Les infrastructures vertes                                                     5
La phytotechnologie                                                            6
Domaine d’action des phytotechnologies                                         7
   Gestion intégrée des eaux usées                                             7
   Lutte contre les îlots de chaleur, la pollution de l’air et le bruit       10
   Décontamination des sols                                                   11
   Stabilisation des pentes et des berges                                     12
   Lutte contre les espèces exotiques envahissantes                           12
Méthodologie                                                                  13
Infrastructures vertes                                                        15
   Les milieux naturels                                                       15
   Les parcs et espaces verts                                                 17
   La forêt urbaine                                                           19
   Les initiatives de verdissement                                            21
   L’agriculture urbaine                                                      22
Les ouvrages de phytotechnologie                                              23
   Toitures végétalisées                                                      23
   Pratiques de gestion optimales des eaux                                    23
   Les marais filtrants                                                       25
   Les structures verticales végétalisées                                     26
   La décontamination des sols par la phytoremédiation                        27
   La stabilisation des pentes et des berges                                  27
   Lutte contre les espèces exotiques envahissantes                           27
Discussion                                                                    29
   Les infrastructures vertes                                                 29
   Protection des infrastructures vertes                                      30
   Valeurs économiques des infrastructures vertes                             31
   Les initiatives de verdissement et l’agriculture urbaine                   31
   Les toitures végétalisées                                                  32
   Les outils de gestion des eaux pluviales                                   33
   Les marais filtrants                                                       35
   Murs végétalisés                                                           35
   Écrans verts                                                               36
   La phytoremédiation                                                        36
   La lutte contre les espèces envahissantes et la stabilisation des berges   37
Sommaire des contraintes                                                      38
   Le rôle secondaire des espèces                                             38
   L’ambiguïté des termes                                                     39
   Le manque de données scientifiques et le transfert des connaissances       39
   Autres contraintes                                                         39
Conclusion                                                                    40
Références                                                                    41
Remerciements                                                                 43

                                                                                   3
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Photo: Beenerm

                 Les problématiques associées
                 à l’urbanisation
                 L’urbanisation engendre de               poussières, métaux, huiles et          potable. Les personnes ayant des
                 nombreuses problématiques                bien d’autres contaminants. Lors       problèmes de santé, les personnes
                 environnementales, notamment             d’épisodes pluviaux importants,        âgées, les enfants et les personnes
                 la fragmentation et l’isolement          les quantités substantielles d’eau     sportives sont particulièrement à
                 des écosystèmes naturels et le           qui ne s’infiltrent pas contribuent    risque de subir les effets néfastes
                 déclin de la biodiversité indigène       à la saturation et à la surcharge      des îlots de chaleur.
                 (McKinney, 2006). Les activités          des canalisations et ultimement
                 industrielles, commerciales et           au déversement d’eau contaminée        La pollution atmosphérique est
                 domestiques ainsi que les dépla-         dans le réseau hydrique naturel.       aussi un désagrément majeur
                 cements automobiles qui y sont                                                  pour les citadins. Les causes de
                 associés polluent les sols, l’air et     Les surfaces minéralisées ont          cette pollution sont diverses
                 les cours d’eau favorisant notam-        aussi le désavantage d’accumuler       et proviennent notamment du
                 ment l’implantation d’espèces            la chaleur des rayons solaires,        domaine biologique (moisissures
                 exotiques envahissantes.                 ce qui contribue à la formation        et bactéries), des particules
                                                          d’îlots de chaleur urbains, un fléau   fines d’origine minérale et des
                 En ville, les surfaces minéralisées et   ayant plusieurs impacts négatifs       composés chimiques. Selon Santé
                 imperméables sont partout : rues,        sur la santé, la biodiversité et les   Canada, 14 400 décès prématurés
                 autoroutes, stationnements, toits        infrastructures (Giguère, 2009).       sont causés annuellement par la
                 des immeubles, etc. L’eau de pluie       Par exemple, ils détériorent la        pollution de l’air dans les centres
                 s’y accumule et ruisselle jusqu’aux      qualité de l’air et haussent les       urbains en Amérique du Nord
                 canalisations municipales,               demandes en énergie (p. ex.,           (Santé Canada, 2017).
                 emmagasinant sur son passage             pour la climatisation) et en eau

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Les infrastructures vertes
Les infrastructures vertes               l’utilisation de la valeur socio-éco-   aux services écologiques. Par
regroupent l’ensemble des                nomique des bénéfices générés par       exemple, pour la ceinture verte de
milieux naturels tels que les            les écosystèmes (Westman, 1977).        la grande région métropolitaine
forêts, les prairies et les milieux                                              de Montréal, la valeur économique
humides et aquatiques (le terme          Les services écologiques sont           de neuf services écologiques non
« infrastructure bleue » est parfois     généralement divisés en quatre          marchands (régulation du climat,
utilisé pour les milieux hydriques).     grandes catégories : les services       qualité de l’air, approvisionnement
Elles englobent aussi les milieux        de support (cycles géochimiques,        en eau, régulation des crues et
semi-naturels comme les friches,         pollinisation, etc.), les services de   inondations, pollinisation, habitat
les parcs récréatifs, les jardins, les   régulation (climat, hydrologie,         pour la biodiversité, loisirs et
espaces végétalisés et les aména-        érosion, etc.), les services d’ap-      tourisme, contrôle de l’érosion et
gements paysagers. Cette nature          provisionnement (nourriture, eau,       contrôle biologique) a été évaluée
offre plusieurs bénéfices pour les       médicaments, etc.) et les services      à 4,3 milliards de dollars par année
humains, bénéfices regroupés sous        socio-culturels (récréation,            (Dupras et al., 2013).
le concept de services écologiques.      esthétisme, tourisme, etc.). De plus
Ce concept développé dans les            en plus des chercheurs tentent
années 1970 visait à promouvoir          d’attribuer une valeur économique

« Les infrastructures vertes représentent l’ensemble
des systèmes naturels et semi-naturels, de l’arbre
à la trame verte, qui rendent des services essentiels
au bien-être des individus et des communautés. »
Fondation David Suzuki

                                                                                                                        Photo: Marie-Hélène Brice

                                                                                                                        5
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La phytotechnologie
                     La phytotechnologie repose sur le      chaleur, la maîtrise des plantes
                     concept que puisque les plantes        envahissantes, la diminution des
                     et les écosystèmes fournissent         dommages causés par le vent et le
                     des services écologiques, nous         soutien à la biodiversité. Ce dernier
                     pouvons les utiliser de façon          est toutefois de moins en moins
                     spécifique et de manière réfléchie     reconnu comme étant un service
                     afin de bénéficier de leurs actions    écologique à proprement dit
                     bien­faisantes (Henry et al., 2013).   (Faith, 2018).
                     La phytotechnologie repose donc
                     sur l’emploi de végétaux vivants       Il est important de distinguer le
                     et des microorganismes qui y sont      concept de verdissement de celui
                     associés (bactéries et champi-         de la phytotechnologie, bien que
                     gnons) pour atténuer ou résoudre       les deux concepts soient souvent
                     des problématiques environne-          des alliés en milieu urbain et que
                     mentales. La Société Québécoise        dans les deux cas leurs résultantes
                     de Phytotechnologie (www.              peuvent être considérées comme
                     phytotechno.com) définit plus          des infrastructures vertes. En effet,
                     spécifiquement celle-ci comme          dans un contexte urbain fortement
                                                            minéralisé, le simple fait de verdir
                     « l’ensemble des                       un secteur permet l’obtention de
                                                            services écologiques. Par exemple,
                     technologies bâties                    l’élaboration d’une platebande, par
                     par l’intervention                     l’assemblage d’espèces floristiques
                                                            variées, contribue au soutien des
                     humaine qui utilisent                  pollinisateurs qui sont importants
                                                            pour les cultures. Toutefois, bien
                     les plantes vivantes                   que le verdissement puisse contri-
                                                            buer à la production de services
                     pour optimiser                         écologiques, il est souvent fait sans
                                                            l’objectif précis de répondre à une
                     la livraison de                        problématique environnementale,
                     divers services                        ce qui ne correspond donc pas
                                                            au sens propre à une phytotech-
                     écologiques ».                         nologie. Dans le milieu urbain, la
                                                            ligne entre le verdissement et
                     Parmi les services écologiques         la phytotechnologie est donc
                     rendus par les ouvrages phyto-         très mince. La phytotechnologie
                     technologiques figurent l’assainis-    emmène toutefois le concept
                     sement de l’air, la captation des      de verdissement plus loin en
                     gaz à effet de serre, la rétention     priorisant des actions ciblées
                     des eaux pluviales, l’épuration des    réalisées par les végétaux lors
                     eaux contaminées, la déconta-          de l’élaboration du projet, et ce,
    Photo : Furaxe

                     mination des sols, le contrôle de      dans la volonté de résoudre une
                     l’érosion, la réduction des îlots de   problématique environnementale.

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Portrait des infrastructures vertes et des ouvrages phytotechnologiques dans l'agglomération de Montréal - Rapport préparé par Esther Lapierre et ...
Domaine d’action des phytotechnologies
                       Gestion intégrée des eaux usées
                       L’eau usée désigne une multitude                              Avant 1984, l’ensemble des                                   Les ouvrages phytotechnologiques
                       de solutions aqueuses souillées                               eaux usées de l’agglomération                                visant la gestion intégrée des eaux
                       par l’utilisation humaine. L’eau                              de Montréal était rejeté dans                                usées ont pour but de réduire le
                       usée résidentielle (ou eau                                    les cours d’eau sans traitement                              volume, le débit et la pollution des
                       sanitaire) se divise en deux                                  préalable. Maintenant, il existe                             eaux par le biais de l’interception,
                       catégories, soit les eaux grises                              deux types de réseaux d’égouts,                              la captation, le stockage, le
                       et les eaux noires (Godmaire et                               soit le réseau unitaire, composant                           traitement, l’infiltration ou l’éva-
                       al., 2009). Les eaux grises sont                              les 2/3 du système, et le réseau                             potranspiration (Autixier, 2012).
                       les eaux souillées par les usages                             séparatif (Montréal, 2018). Dans                             Ils s’inscrivent dans les différentes
                       domestiques, notamment le                                     le réseau unitaire les eaux sani-                            Pratiques de Gestion Optimale (PGO)
                       lavage corporel, des vêtements et                             taires et les eaux pluviales sont                            des eaux pluviales (MDDELCC,
                       de la vaisselle tandis que les eaux                           mélangées et acheminées vers                                 2015).
                       noires regroupent les eaux de                                 l’usine d’épuration. Lors d’épisodes
                       toilette contenant des matières                               pluviaux importants, ce réseau
                       fécales. L’eau usée désigne aussi                             présente des risques élevés de
                       les eaux industrielles de toutes                              surcharge qui provoquent les
                       sortes, les eaux de drainage et de                            débordements et les problèmes de
                       ruissellement (ou eau pluviale)                               surverses. Le réseau séparatif où
                       ainsi que les sous-produits                                   les eaux sanitaires et de pluie sont
                       d’épuration (boues d’épuration).                              récoltées séparément est surtout
                       Les principaux contaminants dans                              présent dans l’ouest de l’île. Dans
                       l’eau usée sont les nutriments                                ce réseau, l’eau de pluie est déver-
                       (p. ex., azote et phosphore), les                             sée directement dans les cours
                       agents pathogènes, les éléments                               d’eau sans traitement, et ce, même
                       traces métalliques et les matières                            si elle accumule sur son parcours
                       en suspension.                                                des polluants.

                                                                                                                                                       Exemples de cellules de biorétention
Photo : Danielle Dagenais

                                                             Photo : Danielle Dagenais

                                                                                                                            Photo : Jacques Brisson

                                                                                                                                                                                              7
Portrait des infrastructures vertes et des ouvrages phytotechnologiques dans l'agglomération de Montréal - Rapport préparé par Esther Lapierre et ...
Bassins de rétention du pavillon            Toiture végétalisée de Centre de
                                                                                                  d'accueil du Parcours Gouin.                Biodiversité

                                                                                                  sont sélectionnés afin d’optimiser          Les toitures végétalisées (aussi
                                                                                                  les performances de l’ouvrage et à          appelées toits verts) sont des
                                                                                                  imiter les processus hydrologiques          infrastructures pérennes à
                                                                                                  naturels. Selon la conception de            même la toiture d’un bâtiment.
                                                                                                  l’ouvrage, la cellule peut être munie       Leur fonction première est la
                                                                                                  ou non d’une retenue permanente             rétention des eaux de pluie. Elles
                                                                                                  ou d’un drain.                              sont composées d’une matrice
                                                                                                                                              de composantes techniques
                                                                 Photo : Judith Lacharité, 2018

                                                                                                  Les bassins de rétention sont               comportant notamment une
                                                                                                  des bassins végétalisés de plus             membrane d’étanchéité, une
                                                                                                  grande envergure que les cellules           barrière anti-racines, une
                                                                                                  de biorétention qui permettent              membrane d’irrigation, un substrat
                                                                                                  l’accumulation des eaux sur une             d’enracinement, une membrane
                                                                                                  plus longue période. Les bandes             de géotextile et des végétaux.
                          Les cellules de biorétention (aussi                                     filtrantes désignent les ouvrages           Dépendamment de l’épaisseur
                          appelées jardins de pluie) englobent                                    végétalisés linéaires de plus petite        du substrat, il est possible de
                          plusieurs types d’ouvrages conçus                                       taille, habituellement sans retenue         distinguer les toitures extensives
                          en périphérie ou au sein même de                                        et dont la principale fonction est          (substrat d’une épaisseur de 2 à
                          zones imperméables. Ces ouvrages                                        la filtration et l’infiltration de l’eau.   20 cm) et les toitures intensives
                          sont généralement des structures                                        La noue végétalisée (ou fossé               (substrat de 30 cm et plus).
                          de petite superficie qui visent à                                       végétalisé) est une dépression              Lorsque le substrat varie de 15
                          capter et traiter des précipitations                                    (souvent simplement gazonnée)               à 20 cm, il est parfois question
                          de faible importance. L’eau y est                                       qui permet de recueillir de façon           de toitures semi-intensives. La
                          habituellement dirigée grâce à une                                      temporaire les eaux pluviales               capacité de rétention d’un toit vert
                          légère dénivellation du sol. Le type                                    et de faciliter son infiltration et         varie en fonction de l’épaisseur du
                          de substrat ainsi que les végétaux                                      son évaporation.                            substrat, allant de 25 % pour un
Photo : Jacques Brisson

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Portrait des infrastructures vertes et des ouvrages phytotechnologiques dans l'agglomération de Montréal - Rapport préparé par Esther Lapierre et ...
substrat de type extensif à 75 %
pour un substrat de type intensif
(Moran et al., 2004 ; Fuamba et
al., 2010). En plus de la rétention
des eaux pluviales, les toitures
végétalisées contribuent à la
diminution des îlots de chaleurs

                                                                                                                         Photo : Jacques Brisson
en agissant comme barrière
physique isolant la structure du
bâtiment (Kumar et Kaushik, 2005).
L’évapotranspiration réalisée par                                       Marais filtrant, Auberge Le Baluchon, Saint-Paulin
les végétaux contribue aussi au
phénomène de rafraîchissement.
                                       Lors du passage de l’eau dans un
Les marais filtrants sont des          marais filtrant, les particules en
ouvrages qui s’inspirent des           suspension sont filtrées par les
milieux humides naturels, ceux-ci      éléments du substrat enchevêtrés
étant reconnus pour leur grande        avec le système racinaire dense
biodiversité et pour leur fonction     des végétaux. Elles vont soit
épurative des eaux grâce à             sédimenter, précipiter ou s’ad-
la complexité des processus            sorber aux éléments du substrat.
biochimiques s’y produisant            Viennent ensuite les processus
                                                                              Les marais filtrants
(Keddy, 2010). Il existe plusieurs     biochimiques majoritairement
types de marais filtrants, mais ils    réalisés par les microorganismes.
                                                                              s’inspirent des
sont généralement constitués           Par exemple, en condition
d’un bassin recevant un effluent       oxygénée, la matière organique
                                                                              milieux humides
d’eaux usées dans lequel flottent      est minéralisée et transformée
ou sont enracinés des végétaux         en différentes molécules azotées       naturels reconnus
dans un substrat de croissance, par    (nitrification) qui seront élimi-
exemple du sable et du gravier. En     nées en condition anaérobique          pour leur fonction
fonction de leur conception, les       (dénitrification). Les nutriments
marais peuvent être alimentés par      générés dans le bassin servent         épurative des eaux.
un écoulement vertical, horizontal,    à la croissance et au soutien des
surfacique, sous-surfacique ou         végétaux, ce qui contribue au
hybride. L’épuration des effluents     maintien des fonctions de l’éco-
est réalisée par l’action synergique   système créé. Dépendamment de
des plantes et des microorga-          l’effet recherché, certains marais
nismes induisant des processus         sont totalement saturés en eau
physiques, biologiques, chimiques      alors que d’autres reçoivent des
et biochimiques (Kivaisi, 2001).       entrées ponctuelles.

                                                                                                                         9
Portrait des infrastructures vertes et des ouvrages phytotechnologiques dans l'agglomération de Montréal - Rapport préparé par Esther Lapierre et ...
Lutte contre les îlots de chaleur,
 la pollution de l’air et le bruit
 Les îlots de chaleurs, la pollution de                           quinquefolia), la vigne vierge         participent à la fixation du carbone
 l’air et le bruit sont omniprésents                              tricuspidée (Parthenocissus tricus-    (Figueroa et al., 2008).
 dans les régions urbaines créant                                 pidata) et l’hortensia grimpante
 de nombreuses problématiques                                     (Hydrangea petiolaris). D’autres       Les murs végétalisés intérieurs
 environnementales et de                                          espèces nécessitent un support         (ou murs vivants) sont plus
 santé publique. Par exemple,                                     afin de les maintenir en place         complexes à créer et à entretenir.
 la température dans les zones                                    dont les clématites (Clematis spp.),   Ils sont généralement des murs
 fortement minéralisées peut être                                 le houblon commun (Humulus             hydroponiques constitué d’une
 de 5 à 10°C supérieurs à celle de                                lupulus), la vigne cultivée (Vitis     armature de soutien contenant
 l’environnement immédiat (Guay                                   vinifera) et la glycine du Kentucky    une matrice absorbante dans
 et Baudouin, 2005). Pour leur part,                              (Wisteria macrostachya).               laquelle sont installées les plantes
 les toits foncés à faible albédo                                                                        (Perini et al., 2013). Le système est
 peuvent atteindre jusqu’à 80°C                                   Les murs végétalisés extérieurs        alimenté en boucle par une réserve
 lors des journées ensoleillées                                   agissent comme une barrière            d’eau et de nutriments, idéale-
 réchauffant ainsi les bâtiments                                  physique contre les rayons solaires    ment de l’eau pluviale. Plusieurs
 (Gendron-Bouchard, 2013).                                        en couvrant l’enveloppe du bâti-       variantes sont disponibles sur le
 Parmi les différentes structures                                 ment. Puisque les végétaux font        marché et une large gamme de
 phytotechnologiques utilisées                                    de l’évapotranspiration et que leur    plantes tropicales peuvent être
 pour contrer ces problématiques,                                 température n’excède pas 30°C,         utilisées. Pour les endroits plus
 il y a les murs végétalisés et les                               ils contribuent au phénomène de        ombragés, les mousses peuvent
 écrans verts.                                                    rafraîchissement de l’air ambiant      être utilisées et elles s’avèrent tout
                                                                  et permettent de temporiser les        aussi efficaces pour la filtration de
 Les murs végétalisés extérieurs                                  écarts de températures (Baudouin       l’air intérieur (Soreanu et al., 2013).
 (ou façades végétales) sont                                      et al., 2007). Ils contribuent aussi   Le principal avantage de ces murs
 généralement très simples à                                      à la captation des eaux pluviales      est l’amélioration de la qualité de
 réaliser et peu coûteux. Ils peuvent                             lors de pluies de faible intensité,    l’air (Feng et al., 2014 ; Torpy et
 être réalisés en pleine terre, en                                assainissent l’air des molécules       al., 2017). En plus de procurer les
 pochette ou en bac (Bernier, 2016).                              chimiques et des particules en         mêmes bénéfices que les murs
 Les végétaux employés doivent                                    suspension (Bernier, 2016) et          extérieurs, les systèmes racinaires
 être résistants aux conditions
 climatiques de la zone de rusticité
 où ils sont plantés. Les espèces
                                           Photo : Alain Cogliastro

 choisies peuvent être des plantes
 grimpantes qui s’accrochent aux
 surfaces par l’entremise d’organes
 modifiés tels que des vrilles ou
 racines aériennes. À Montréal,
 les plus communes sont la vigne
 vierge à cinq folioles (Parthenocissus

           Écran vert : haies brise-vent

10
dans la structure hydroponique           zones agricoles ou industrielles,        dommages et l’érosion du sol par
                  hébergent des communautés                d’améliorer la vue des résidents         le vent. La haie, implantée de façon
                  microbiennes bénéfiques qui              près des zones industrielles ou de       à faire face au vent dominant, peut
                  contribuent à la dégradation de          ralentir la vélocité du vent (Vézina,    être constituée d’une ou deux
                  composés organiques volatils             2001). Les murs anti-bruit sont          rangées d’arbres ou d’arbustes
                  présents dans l’air. Ces murs            habituellement constitués, en            en fonction de l’effet recherché
                  permettent aussi la régulation de        plus des végétaux, de matières           (Vézina, 2001). L’ensemble des
                  l’humidité ambiante et l’isolation       hautement isolantes (p. ex., laine       écrans verts fournissent les
                  thermique et acoustique.                 de roche acoustique) permettant          mêmes avantages que les murs
                                                           l’absorption du son et limitant la       végétaux pour la captation des
                  Les écrans verts englobent               réflexion sonore. Ils permettraient      eaux pluviales, l’assainissement
                  les murs anti-bruit , les haies          d’absorber jusqu’à 95 % du bruit         de l’air et la réduction des îlots de
                  brise-vent et autres ouvrages            provenant des autoroutes et              chaleur. De plus, ils demandent
                  linéaires utilisant des végétaux         des voies ferrées (Les écrans            peu d’entretien et embellissent
                  ligneux afin, entre autres, de           verts, 2018). Les haies brise-vent       le secteur.
                  réduire le bruit en provenance           sont constituées d’une série de
                  des axes routiers, les odeurs des        végétaux alignés qui réduisent les

Photo : Patrick Benoist

                                                                                               Site de phytoremédiation de Rivière-des-Prairies
                  Décontamination des sols
                  Les techniques de décontamina-           la coupe de la biomasse aérienne.        la rhizosphère. Dans une moindre
                  tion des sols basées sur les plantes     La phytostabilisation survient           mesure, la phytovolatilisation se
                  et leurs interactions avec les sols et   lorsque la charge contaminante est       produit lorsque les molécules
                  les microorganismes constituent          absorbée par le système racinaire        contaminantes absorbées sont
                  la phytoremédiation . Plusieurs          et y est immobilisée au lieu de          transformées en sous-produits
                  mécanismes sont impliqués en             migrer vers les parties aériennes.       métaboliques et évaporés par les
                  phytorémédiation (Juhasz et Naidu,       Parmi les autres mécanismes d’im-        parties aériennes des plantes. En
                  2000 ; Singh et Ward, 2004). La          portance, il y a la rhizodégradation,    plus des services écologiques asso-
                  phytoextraction des contaminants         c’est-à-dire la dégradation des          ciés à l’utilisation des végétaux, la
                  inorganiques survient lorsque la         contaminants organiques au niveau        phytoremédiation offre l’avantage
                  charge contaminante est absorbée         de la rhizosphère par les exsudats       de s’effectuer directement sur le
                  par le système racinaire et mobili-      racinaires des végétaux, et la           lieu de la contamination ; elle ne
                  sée vers les parties aériennes des       biodégradation qui est la dégrada-       requiert donc aucun déplacement
                  végétaux. La charge contaminante         tion des contaminants par l’action       de sol ni aucune injection de
                  est ensuite retirée du site lors de      des microorganismes colonisant           produits chimiques dans le sol.

                                                                                                                                                  11
Photo : Intermountain Aquatics inc.

                                                                                                                       Ouvrage de stabilisation d'une berge
                                                                                                                     impliquant plusieurs techniques mixtes

                                       Stabilisation des                      tressages de saule et des fascines     L’absence d’agent pathogène ou
                                       pentes et des berges                   afin de maintenir fermement le         de prédateur, un cycle de vie court,
                                                                              sol en place (MDDELCC, 2011). Ces      une croissance rapide et une forte
                                       L’érosion est un processus naturel     armatures sont majoritairement         capacité d’acclimatation seraient
                                       qui tend à s’accentuer avec la         réalisées avec des plantes vivantes.   autant de facteurs facilitants
                                       dégradation des habitats et les        Les plançons sont des fragments        l’envahissement (Rejmánek et
                                       perturbations occasionnées par         d’arbres ou d’arbustes de dimen-       Richardson, 1996).
                                       l’urbanisation. Les techniques de      sion supérieure à une bouture,
                                       phytotechnologie pour stabiliser       mais qui sont plantés à cette          Les phytotechnologies pour lutter
                                       les pentes et les berges consistent    même fin, c’est-à-dire dans un but     contre les espèces envahissantes
                                       en la végétalisation des zones         d’enracinement afin de générer         englobent différentes techniques
                                       à risque ou font appel à des           un nouvel individu. Les autres         de prévention, de maîtrise et
                                       techniques de stabilisation du sol     ouvrages tels que les tressages et     de contingence des populations
                                       par des végétaux ou des ouvrages       les fascines sont plus techniques      des espèces non désirées. Dans
                                       d’armatures (Frossard et Évette,       dans leur conception et inter-         un premier temps, les sols à nu
                                       2009). En France, de tels travaux      viennent souvent avec d’autres         doivent être rapidement ense-
                                       sont regroupés sous le vocable         techniques de stabilisation.           mencés puisque ceux-ci facilitent
                                       de génie végétal. Au Québec,                                                  la dispersion des plantes envahis-
                                       l’appellation « génie » relève                                                santes. Les espèces utilisées pour
                                       toutefois de l’ordre professionnel     Lutte contre les                       l’ensemencement doivent être
                                       des ingénieurs et est une                                                     idéalement d’origine indigène avec
                                       appellation protégée ; elle ne peut
                                                                              espèces exotiques                      une forte capacité de colonisation
                                       donc pas être employée.                envahissantes                          et une croissance rapide. Il s’agit
                                                                                                                     souvent d’herbacées annuelles.
                                       La végétalisation des sites peut       Une plante exotique devient            Suite à l’obtention d’un couvert
                                       se réaliser par ensemencent,           envahissante lorsqu’elle s’étend       dense, un second type de couvert
                                       bouturage ou plantation, de            et persiste au détriment des           plus durable doit être créé par
                                       façon manuelle, mécanique ou           communautés floristiques               l’ajout d’espèces herbacées ou
                                       hydraulique. En fonction des           indigènes (Hébert et Thiffault,        arbustives pérennes. Un suivi
                                       caractéristiques du terrain et de      2014). Les plantes envahissantes       régulier doit être fait afin d’assurer
                                       l’effet désiré, les espèces choisies   sont généralement des espèces          les correctifs nécessaires. Un plan
                                       peuvent être ligneuses, arbustives     qui se reproduisent végétati-          de gestion intégré de la végétation
                                       ou herbacées. Les techniques           vement au moyen d’organes              soutenu par les techniques de
                                       de stabilisation nécessitant des       facilitants (rhizomes, stolons) et     phytotechnologie est donc une
                                       ancrages de soutien consistent en      sexuellement par une production        étape essentielle en amont afin
                                       l’installation d’armatures végétales   et une dissémination importante        de lutter efficacement contre les
                                       telles que des lits de plançons, des   de graines (Lavoie et al., 2014).      plantes envahissantes nuisibles.

                                      12
Méthodologie
Le présent document constitue un portait des infrastructures vertes et
des ouvrages phytotechnologiques présents sur le territoire de l’agglomé-
ration de Montréal. Ce territoire est constitué des 19 arrondissements de
la Ville de Montréal et de 15 villes liées (Figure 1).

FIGURE 1 A
          gglomération de Montréal. Le découpage administratif
         des arrondissements et des villes liées est représenté en violet.
         (Source : Données ouvertes de la Ville de Montréal)

Les données sur les infrastructures       informations récoltées. Pour éviter   sciences biologiques, architec-
vertes et l’utilisation du territoire     le dédoublement du travail et des     ture du paysage et ingénierie
ont été extraites des données             informations, seule une synthèse      des différentes universités du
ouvertes de la Ville de Montréal          courte des infrastructures            territoire à l’étude (Université de
(donnees.ville.montreal.qc.ca) et         vertes dans l’agglomération de        Montréal, Université du Québec à
de la Communauté métropoli-               Montréal sera présentée dans le       Montréal, Université Concordia et
taine de Montréal (CMM ; cmm.             présent ouvrage.                      Université McGill). Les différents
qc.ca/donnees-et-territoire/                                                    documents sur la biodiversité,
observatoire-grand-montreal).             En ce qui concerne les données        sur les services écologiques ainsi
Cette partie de l’inventaire est          sur les ouvrages phytotechnolo-       que sur les infrastructures vertes
plus limitée que ce qu’elle devait        giques, une revue de littérature      et phytotechnologiques de la
être à l’origine puisque l’IRBV a été     et une recherche documentaire         Fondation David Suzuki, de la
informé que la Fondation David            web ont d’abord été réalisées.        Ville de Montréal et de la Société
Suzuki travaille présentement             Une attention particulière a été      Québécoise de Phytotechnologie
à faire ce travail. Une rencontre         accordée aux mémoires et aux          ont également été épluchés.
entre l’IRBV et la Fondation a eu         thèses réalisés par des étudiants     Plusieurs plateformes web ont
lieu afin de mettre en commun les         en sciences de l’environnement,       aussi été consultées notamment :

                                                                                                                      13
Biopolis (www.biopolis.ca), le         en valeur du territoire, Service des   Les informations recueillies sur les
                         Conseil régional de l’environne-       grands parcs, du verdissement et       ouvrages phytotechnologiques
                         ment de Montréal (CRE-Montréal ;       du mont Royal), des 19 arrondisse­     lors de cet inventaire ont été inté-
                         cremtl.qc.ca), les données ouvertes    ments et des villes liées.             grées dans un fichier Excel joint au
                         de la Ville de Montréal et de la                                              présent document. Les données
                         CMM, de même que les archives          Des requêtes téléphoniques ou          récoltées comprennent, lorsque
                         de journaux.                           par courriel ont été faites auprès     disponibles, les coordonnées
                                                                des organismes privés du territoire    géographiques, l’année de mise en
                         Afin d’obtenir les informations sur    œuvrant en architecture, urba-         place, le nom du ou des concep-
                         les différents projets d’ouvrages      nisme, aménagement paysager,           teurs et l’état de la structure.
                         phytotechnologiques auxquels           verdissement, immobilier ainsi         L’ensemble des infrastructures
                         ils ont collaboré ou pour lesquels     qu’aux différents partenaires          vertes et des ouvrages phytotech-
                         ils ont délivré des permis, des        institutionnels de Montréal            nologiques ont été cartographiées
                         requêtes ont été formulées             Durable 2016-2020. Différents          à l’aide du logiciel Quantum
                         au ministère des Transports,           organismes à but non lucratif          GIS 2.18.2 (QGIS, Open Source
                         de la Mobilité durable et de           œuvrant en environnement ont           Geospatial Foundation Project).
                         l’Électrification des transports       également été contactés, notam-
                         (MTQ) et au MDDELCC. Des               ment les écoquartiers, la Société
                         demandes ont également été             de verdissement du Montréal
                         faites aux différents services         métropolitain, le CRE-Montréal,
                         administratifs de la Ville de          Sentiers urbains, le Centre
                         Montréal (Service de l’eau, Service    d’écologie urbaine de Montréal et
                                                                                                            Aire de biorétention du Centre de
                         des infrastructures, de la voirie et   le groupe de recherche appliquée         carrosserie Legendre de la Société de
                         des transports, Service de la mise     en macroécologie.                        Transport de Montréal
 Photo : Annie Julien, STM

14
Photo : Alexandre Campeau-Vallée
                                                                                                                           Parc-nature Bois-de-Liesse

Infrastructures vertes
Les milieux naturels
L’agglomération de Montréal             l’érablière à caryer cordiforme. La                                      la cible est de 10 % (Agglomération
couvre une superficie de 62 470 ha.     plupart des grands peuplements                                           de Montréal, 2015). En incluant
Les milieux terrestres naturels ou      forestiers sont préservés dans                                           les rives et les aires protégées
semi-naturels (p. ex. : les friches)    le réseau des parcs-nature (voir                                         par les juridictions provinciale
représentent environ 9,7 % du           section suivante). En 2015, la                                           et fédérale ainsi que par des
territoire (Figure 2). La majorité      proportion du territoire intérieur                                       organismes privés, le pourcentage
sont des forêts caractéristiques        protégé par l’administration                                             du territoire protégé s’élève à 17 %
du domaine bioclimatique de             municipale était de 6 %, alors que                                       (Bourg, 2016).

                           Légende
FIGURE 2 Carte des milieux naturels  de l’agglomération.
                              Milieux Humides
         Note : Les peuplements
                              Rivesforestiers
                                    publiques réfèrent à des forêts d’au moins
         60 ans d’âge. (SourceCours
                               : données
                                    d'eau ouvertes de la Ville de Montréal)
                              Peuplements fores�ers
                              Boisés
                              Friches

                                                                                                                               Légende
                                                                                                                                   Milieux Humides
                                                                                                                                   Rives publiques
                                                                                                                                   Cours d'eau
                                                                                                                                   Peuplements fores�ers
                                                                                                                                   Boisés
                                                                                                                                   Friches

                                                                                                                                                           15
L’île de Montréal est la plus grande                       Il est désigné « menacée » selon la     territoire terrestre) ; il s’agit
              de l’archipel d’Hochelaga qui                              Loi sur les espèces menacées et         surtout de marécages (280 ha). La
              compte environ 320 îles, dont près                         vulnérables du gouvernement du          majorité de ces milieux humides
              de 90 se trouvent en périphérie de                         Québec et « en voie de disparition »    sont présents à l’intérieur des
              celle de Montréal. Plusieurs de ces                        selon la Loi sur les espèces en péril   éco-territoires définis dans la
              îles constituent des sites d’impor-                        du gouvernement du Canada.              Politique de protection et de mise
              tance pour des oiseaux migrateurs                                                                  en valeur des milieux naturels de la
              comme le Refuge d’oiseaux                                  L’agglomération de Montréal             Ville de Montréal (Montréal, 2004).
              migrateurs de l’île aux Hérons,                            comporte environ 266 km linéaires       Les villes ou arrondissements qui
              l’île Haynes dans le parc-nature                           de berges. La majorité des berges       possèdent les plus importantes
              de la Pointe-aux-Prairies, l’île aux                       sont anthropisées, mais on y            superficies de milieux humides
              Chats dans le parc-nature du Bois-                         trouve encore plusieurs marécages       sont : l’Île-Bizard–Sainte-Geneviève
              de-Saraguay et les îles Lapierre                           arbustifs et arborescents, marais,      (22 %), Rivière-des-Prairies–Pointe-
              et Gagné dans le parc-nature du                            herbiers aquatiques et prairies         aux-Trembles (9,6 %), Senneville
              Ruisseau-De Montigny. Plusieurs                            humides. Ces berges naturelles          (5,4 %), Sainte-Anne-de-Bellevue
              de ces îles servent aussi d’habitat                        se concentrent dans les parties         (4,9 %), Saint-Laurent (3,9 %) et
              pour de nombreuses espèces                                 ouest et nord de l’agglomération.       Ahuntsic-Cartierville (3,8 %).
              fauniques et floristiques en situa-                        En incluant la section hydrique du
              tion précaire tel que le chevalier                         fleuve Saint-Laurent, l’aggloméra-      Bien que près de 70 cours d’eau
              cuivré (Moxostoma hubbsi), le                              tion compte environ 834 milieux         aient jadis sillonné le territoire de
              pygargue à tête blanche (Haliaeetus                        humides, couvrant une superficie        Montréal, la plupart ont été canali-
              leucocephalus), le hibou des marais                        approximative de 1 000 ha ou            sés au cours des siècles derniers. La
              (Asio flammeus), la tortue géogra-                         1,6 % du territoire (données            seule rivière toujours présente se
              phique (Graptemys geographica)                             ouvertes, Ville de Montréal). De        situe dans le parc-nature de l’Anse-
              et l’arisème dragon (Arisaema                              ces milieux humides, 56 % sont des      à-l’Orme (Tableau 1). D’autres
              dracontium ; Tardif et al., 2005).                         marécages, 18 % des marais, 4 %         cours d’eau intérieurs d’intérêt
              Le chevalier cuivré est particulière-                      des prairies humides et 22 % des        sillonnent encore le territoire tel
              ment intéressant car il s’agit d’une                       zones d’eau peu profonde (Canards       que le ruisseau Bertrand dans
              espèce endémique au Québec.                                Illimités Canada, 2012).                l’arrondissement de Saint-Laurent
                                                                                                                 (Technoparc). Celui-ci est connecté
                                                                         Les milieux humides du territoire       à une diversité de milieux humides
                                                                         intérieur de l’île de Montréal          de grande importance écologique
                 Dans les milieux naturels, on trouve
              entre autres la grenouille léopard et le
                                                                         représentent 334 ha (0, 9% du           abritant par exemple la grenouille
              pygargue à tête blanche                                                                            léopard (Lithobates pipiens), la sala-
                                                                                                                 mandre à points bleus (Ambystoma
                                                                                                                 laterale) et l’épinoche à cinq épines
                                                                                                                 (Culaea inconstans). Un plan de
                                                                                                                 renaturalisation des ruisseaux
                                                                                                                 perdus et de réalisation de ruelles
                                                                                                                 bleues est en cours d’étude à la
                                                                                                                 Ville de Montréal afin de révéler
                                                                                                                 certains cours d’eau qui ont été
                                                                                                                 enfouis, et ce, en partenariat avec,
                                                                                                                 entre autres, le Fonds mondial
                                                                                                                 pour la nature (WWF-Canada).
                                                         Photo : Maky Orel
 Photo : Skeeze

16
TABLEAU 1 Liste non-exhaustive des cours d’eau de l’agglomération de Montréal.
                                                                                             Les parcs et
Nom                            Latitude      Longitude        Arrondissement* / Ville liée   espaces verts
Rivière à l’Orme              45.44364        -73.91529       PIRO,                          L’agglomération de Montréal
                                                              Sainte-Anne-de-Bellevue        compte 1 559 parcs et espaces
Ruisseau Bertrand             45.49448        -73.76998       SLA, Dollard-des-Ormeaux       verts municipaux couvrant une
Ruisseau Bouchard              45.47478       -73.73798       Dorval                         superficie approximative de
                                                                                             3 536 ha, soit 5,7 % du territoire
Ruisseau Brook                45.50455        -73.75187       SLA
                                                                                             (Figure 3). Pour la Ville de
Ruisseau de la                45.68388        -73.50368       RDPPAT
                                                                                             Montréal, la superficie totale de
Coulée-Grou
                                                                                             ces infrastructures est de 2 823 ha
Ruisseau de                   45.51552        -73.87761       IBSG
                                                                                             soit 7,7 % du territoire (Tableau 2).
la Traverse
                                                                                             Parmi les villes liées, Senneville
Ruisseau De Montigny          45.61403        -73.60017       RDPPAT
                                                                                             (26,3 %), Dollard-Des-Ormeaux
Ruisseau Denis                45.47190        -73.78643       Pointe-Claire
                                                                                             (11,3 %), Beaconsfield (10,3 %)
Ruisseau Lauzon               45.46215        -73.93716       PIRO                           et Westmount (8,1 %) dépassent
Ruisseau                      45.42570        -73.87025       Beaconsfield                   cette proportion (Tableau 2). La
Meadowbrook                                                                                  vaste majorité des parcs sont des
Ruisseau Pinel                45.67253        -73.54130       RDPPAT                         espaces gazonnés comportant
Ruisseau Saint-James          45.46579        -73.77948       Dorval                         du mobilier urbain, des aména-
Ruisseau Terra-Cotta          45.45270        -73.80499       Pointe-Claire                  gements paysagers (arbres et
                                                                                             parterres), des aires récréatives et
* Pour les abréviations des arrondissements voir l’annexe 1 à la page 42.
                                                                                             des aires de détentes.

FIGURE 3 P
          arcs et espaces verts de l’agglomération de Montréal.
         Les limites des arrondissements de Montréal et des villes liées sont
         présentées en violet. La carte est une interprétation des données de
         la ville de Montréal mises à jour en 2017.

                                                                                                                                     17
Photo : Jean Gagnon
                                                                                                         Parc linéaire aux abords
     TABLEAU 2 S
                uperficie totale (ha) et proportion du territoire (%) occupées                                  du Canal Lachine
               par des parcs et espaces verts pour les principales villes de
               l’agglomération de Montréal.

                                           Superficie (ha)           Proportion (%)

     Ville de Montréal                             2 823                           7,7
     Baie d’Urfé                                      15                           2,6
     Beaconsfield                                    114                          10,3
     Côte-Saint-Luc                                   11                           1,7
                                                                                         Parmi les autres parcs ou espaces
     Dollard-de- Ormeaux                             170                          11,3
                                                                                         verts d’importance ne figurant
     Dorval                                           21                            1    pas dans ce réseau, mentionnons
     Hampstead                                        10                           5,5   la piste cyclable des Berges du
     Kirkland                                          8                           0,9   Saint-Laurent (Sud-Ouest, Verdun,
     Montréal-Est                                      8                           0,7   LaSalle) qui forment une bande
     Montréal-Ouest                                    3                           1,8   linéaire fortement végétalisée
     Mont Royal                                       16                           2,2   de 15 km. Il y a aussi le parc du
     Pointe-Claire                                    48                           2,5   Lieu historique national du Canal-
     Sainte-Anne-de-Bellevue                          63                           5,9
                                                                                         de-Lachine administré par Parcs
                                                                                         Canada, qui longe le canal Lachine
                                                                                         à partir du Vieux Montréal sur
 Au sein de l’agglomération,                   des milieux naturels de la Ville de       une bande linéaire de 13,4 km.
 24 parcs font partie du réseau                Montréal (Montréal, 2004). Cette          Plusieurs parcs municipaux de
 des Grands parcs totalisant                   politique vise notamment à maxi-          superficie moindre abritent
 une superficie de 2 644 ha                    miser la biodiversité et à assurer        aussi un patrimoine naturel
 (Tableau 3). Ce réseau est                    la pérennité des milieux naturels.        d’importance tel que le Domaine
 constitué de 11 parcs-nature et de            Les parcs-nature vise également           Saint-Paul sur L’île-des-Sœurs
 quatre grands parcs métropolitains            l’éducation à l’environnement, le         dans Verdun (26 ha) et le Parc
 qui relèvent du conseil d’agglo-              loisir de plein air et le partenariat.    Thomas-Chapais (15 ha ; Mercier–
 mération ainsi que de neuf grands             Les grands parcs sont soit situés en      Hochelaga-Maisonneuve). Au sein
 parcs urbains qui relève du conseil           bordure de l’eau pour rappeler aux        des villes liées mentionnons le parc
 de la Ville de Montréal. Les milieux          citoyens qu’ils vivent sur une île ou     naturel Terra-Cotta dans Pointe-
 naturels dans ces parcs sont                  présentent une valeur sociocultu-         Claire (39 ha) et le parc du bois
 gérés en accord avec la Politique             relle importante, comme le parc           Angell dans Beaconsfield et Baie
 de protection et de mise en valeur            Lafontaine (Plateau-Mont-Royal).          d’Urfé (112 ha).

18
TABLEAU 3 P
           arcs figurant dans le réseau des grands parcs de la Ville de Montréal
          (GPU = grand parc urbain ; PM = parc métropolitain ; PN = parc-nature).

Nom                                                   Type                  Arrondissement / Ville liée*             Superficie (ha)

Angrignon                                             GPU                   SO                                       96
de Dieppe                                             GPU                   VM                                       4
de l’Anse-à-l’Orme                                    PN                    PIRO                                     233
de la Pointe-aux-Prairies                             PN                    RDPPAT                                   248
de la Promenade-Bellerive                             GPU                   MHM                                      23
de l’île-de-la-Visitation                             PN                    AC, MN                                   32
des Rapides                                           GPU                   LAS                                      30
des Rapides-du-Cheval-Blanc                           PN                    PIRO                                     38
du Bois-d’Anjou                                       PN                    ANJ, Montréal-Est                        40
du Bois-de-la-Roche                                   PN                    Senneville                               193
du Bois-de-L’Ïle-Bizard                               PN                    IBSG                                     291
du Bois-de-Liesse                                     PN                    PIRO                                     158
du Bois-de-Saraguay                                   PN                    AC                                       93
du Cap-Saint-Jacques                                  PN                    PIRO                                     330
du Mont-Royal                                         PM                    CDNNDG, PMR, VM, OUTR, Westmount         190
du Ruisseau-De Montigny                               PN                    RDPPAT, ANJ                              30
Frédérick-Back                                        PM                    VSMPE                                    157
Jarry                                                 GPU                   VSMPE                                    35
Jean-Drapeau                                          PM                    VM                                       259
Jeanne-Mance                                          GPU                   PMR                                      14
La Fontaine                                           GPU                   PMR                                      34
Maisonneuve                                           GPU                   MHM                                      80
René Lévesque                                         GPU                   LAC                                      13
Tiohtià :ke Otsira’kéhne                              PM                    OUTR                                     23
* Pour les abréviations des arrondissements voir l’annexe 1 à la page 42.

La forêt urbaine
La forêt urbaine comprend                          Selon les données les plus                    est le territoire où cet indice est le
autant les arbres situés en milieux                récentes, l’indice de canopée de la           plus faible, atteignant tout juste
naturels que les arbres de rue.                    Ville de Montréal oscillait autour            5 %. D’ailleurs, la carte du couvert
L’étendue de cette forêt est calcu-                de 20 % en 2015 (Tableau 4), ce               végétal de plus de 3 m (Figure 4),
lée à l’aide de l’indice de canopée                qui est inférieur à la moyenne des            illustre bien l’hétérogénéité terri-
qui correspond à la superficie occu-               villes de l’agglomération qui est             toriale concernant la forêt urbaine
pée par la couronne des arbres et                  d’environ 27 %. Les villes de l’ouest         et la disparité entre les villes de
donne une évaluation sommaire de                   de l’agglomération sont celles avec           l’ouest de l’agglomération et le
l’ombrage procuré par ceux-ci sur                  les indices de canopée les plus               reste du territoire.
un territoire donné.                               élevés, tandis que Montréal-Est

                                                                                                                                          19
TABLEAU 4 S
                uperficie (ha) et proportion du territoire occupées par la végétation
               de plus de 3 m de hauteur (indice de canopée) pour les principales
               municipalités de l’agglomération de Montréal en 2015.

                                            Superficie (ha)       Proportion (%)

     Montréal                                        7409                    20,4
     Baie d’Urfé                                       217                   36,0
     Beaconsfield                                      460                   41,9
     Côte-Saint-Luc                                    113                   16,5
     Dollard-Des Ormeaux                               361                   24,1
     Dorval                                            235                   11,3
     Hampstead                                          51                   29,1
     Kirkland                                          147                   15,3
     Montréal-Est                                       65                    5,4
     Montréal-Ouest                                     44                   20,4
     Mont-Royal                                        174                   23,4
     Pointe-Claire                                     472                   24,9
     Sainte-Anne-de-Bellevue                           445                   42,1

                                                                                         Photo : Demosg
     Senneville                                        417                   57,9
     Westmount                                         153                   38,1

     FIGURE 4 C
               ouvert végétal de plus de trois mètres de hauteur dans l’ensemble de l’agglomération.
              La canopée de plus de trois mètres de hauteur est illustrée en vert. Les limites
              des arrondissements de Montréal et des villes liées sont présentées en violet.
              Les données présentées dans cette carte ont été recueillies par la CMM
              par l’entremise de photographies aériennes en 2015 et montrent les
              résultats de l’indice de végétation par différence normalisée
              (Normalized Difference Vegetation Index).

20
Les îlots de chaleurs urbains             matériaux imperméables. Les              Cette répartition correspond gros-
représentent des zones localisées         îlots de chaleur couvrent 28 % de        sièrement aux arrondissements
d’élévation de chaleur. Ils sont la       l’agglomération (Figure 5). Ils sont     et aux villes liées où l’indice de
contrepartie extrême de l’indice          essentiellement présents dans la         canopée et le couvert végétal sont
de canopée, car ils sont surtout          portion est de l’île ainsi que dans la   aussi généralement les plus faibles
présents dans les secteurs                portion centrale de l’ouest, dans le     (Tableau 4 ; Figure 4).
faiblement couverts de végétation         secteur de l’aéroport international
et où le sol est constitué de             Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal.

FIGURE 5 C
          arte des îlots de chaleurs et du couvert végétal de l’agglomération
         de Montréal. Le gradient de couleur vert montre la hauteur de la
         végétation : vert clair = végétation de moins de 3 m de hauteur,
         vert foncé = canopée de plus de 3 m. Les limites des arrondissements
         de Montréal et des villes liées sont présentées en violet.

Les initiatives de verdissement
Lors de cet inventaire, près de           piliers tels que La Société de           réalisés (cremtl.qc.ca/realisation/
270 projets de verdissement ont           verdissement du Montréal                 revelez-votre-nature). Les projets
été répertoriés, excluant les saillies    métropolitain (SOVERDI), le              de la campagne ILEAU, Plan
de trottoir avec plantation et            CRE-Montréal, Le Jour de la Terre        d’action canopée, Un arbre pour
les projets d’agriculture urbaine         et les écoquartiers. Par exemple,        mon quartier, Faites comme chez
(fichier Excel : Initiatives de verdis-   de 2013 à 2016, la SOVERDI               vous et Quartier 21 furent d’autres
sement). Ces projets ne repré-            aurait planté 40 000 arbres via la       leviers d’action ayant contribué
sentent qu’une infirme portion des        réalisation de près de 400 projets       substantiellement à l’essor des
projets réalisés.                         de verdissement (www.soverdi.            projets de verdissement.
                                          org/nouvelles). De 2008 à 2014,
Depuis, 2008, les initiatives de          la campagne « Révélez votre              L’essor des ruelles vertes témoigne
verdissement se sont accentuées           nature » a permis à 64 projets de        de l’intérêt des Montréalais à s’ap-
par l’entremise d’organismes              verdissement institutionnel d’être       proprier l’espace afin de générer de

                                                                                                                          21
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