Pour 97 000 acres de terre - Vicki Onufriu Histoire Québec - Érudit

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Pour 97 000 acres de terre - Vicki Onufriu Histoire Québec - Érudit
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Histoire Québec

Pour 97 000 acres de terre…
Vicki Onufriu

Volume 13, Number 2, 2007

URI: https://id.erudit.org/iderudit/11275ac

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Publisher(s)
Les Éditions Histoire Québec

ISSN
1201-4710 (print)
1923-2101 (digital)

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Onufriu, V. (2007). Pour 97 000 acres de terre…. Histoire Québec, 13(2), 15–23.

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Pour 97 000 acres de terre - Vicki Onufriu Histoire Québec - Érudit
Pour 97 000 acres de terres...
p a r Vicki Onufriu, M.A. (Histoire),
secrétaire de la Société d'histoire régionale de D e u x - M o n t a g n e s ( S H R D M )

  Vicki Onufriu est historienne (maîtrise, UQAM) et a un intérêt marqué pour tout ce qui touche à la diffusion de
  l'histoire et à la conservation du patrimoine bâti au Québec. Elle fut notamment guide-interprète pendant six ans
  à l'église Saint-Eustache et fait partie du conseil d'administration de la Société d'histoire régionale de Deux-
  Montagnes (SHRDM) depuis 2001.

Au cours de la dernière année, une triste page de l'histoire de la région des Basses-Laurentides a finalement été tour-
née, et une grande injustice historique, corrigée. En effet, le Premier ministre du Canada, M. Stephen Harper, a
consenti à rendre aux dernières personnes expropriées de Mirabel les terres qu'elles ont perdues voilà près de 40 ans,
quand le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau a décidé de construire un deuxième aéroport pour desser-
vir Montréal. Les personnes expropriées vont maintenant pouvoir passer à autre chose et clore ce chapitre pénible de leur
vie. Mais avant cela, il serait peut-être bon de se remémorer quelques-uns des malheurs qu'ils ont vécus.

Le 27 mars 1969 restera une                Le progrès et la prospérité à              les gens ne savaient toujours
date fatidique pour la popula-             Sainte-Scholastique                        pas quand ils seraient con-
tion des Basses-Laurentides.                                                          traints de partir, ni le montant
Plusieurs rumeurs avaient déjà             Quelques jours après l'annonce             d'argent qu'ils rece-vraient en
commencé à circuler quant à                de 1969, le Premier ministre               compensation de la perte de
l'établissement prochain d'un              Trudeau s'est rendu à Sainte-              leur propriété, ni à quel mo-
nouvel aéroport desservant la              Scholastique pour expliquer                ment ils seraient payés. 1
région de Montréal, et celles-ci           aux gens comment l'expropria-
se sont confirmées : ce jour-là,           tion allait s'opérer. Une foule            Dès le départ, les plans élabo-
le gouvernement fédéral a                  immense s'était réunie à                   rés par le gouvernement fédé-
émis 3 126 avis d'expropria-               l'église de Sainte-Scholastique            ral ont fait une mauvaise
tion à des citoyens de Sainte-             pour l'occasion. M. Jean Mar-              impression sur les personnes
Scholastique et d'autres muni-             chand, futur ministre de                   expropriées. D'abord, la super-
cipalités avoisinantes, pour               l'Expansion économique régio-              ficie du territoire exproprié
prendre possession de 97 000               nale, avait déjà affirmé lors de           était immense : en fait, elle
acres des meilleures terres ara-           la première conférence de                  était si vaste qu'elle représen-
bles du Québec, en vue de                  presse que, grâce à la venue du            tait plus de dix fois celle des
construire l'aéroport interna-             nouvel aéroport, entre 75 000 et           autres grands aéroports dans
tional de Montréal. On a ainsi             100 000 nouveaux emplois                   le monde. Plusieurs municipa-
exproprié un territoire équiva-            seraient créés, ce qui engendre-           lités ont été touchées par l'ex-
lant à celui de l'île de Laval.            rait une grande prospérité dans            propriation, mais aucune com-
Au total, une quinzaine de pa-             toute la région. Devant les vic-           me celles de Sainte-Scholas-
roisses ont ainsi été touchées, et         times d'expropriation, M. Tru-             tique et Sainte-Monique, qui
quelque 1 700 familles ont été             deau a renchéri en leur indi-              ont complètement été rayées
expulsées de leurs terres ances-           quant qu'une ère de progrès                de la carte. En 1971, pour évi-
trales. Le nouvel aéroport,                s'annonçait à cause de cet                 ter de négocier une entente
censé devenir le plus grand du             immense projet de société. Les             séparée avec toutes ces muni-
monde, a été inauguré en octo-             personnes expropriées ne se                cipalités, le gouvernement du
bre 1975; moins de 30 ans plus             sont pas senties rassurées pour            Québec les a toutes fusionnées
tard, il a été officiellement fer-         autant, puisque M. Trudeau                 pour n'en créer qu'une seule :
mé au public (2004).                       n'a pas répondu à leurs ques-              Mirabel.
                                           tions. Lorsqu'il a quitté la salle,
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experts en matière d'aménage-
                                                                      ment aéroportuaire, dont un
                                                                      venait de Fort Worth, au Texas,
                                                                      où se trouvait le plus grand
                                                                      aéroport du monde... jusqu'à
                                                                      ce que Mirabel voit le jour. Ces
                                                                      experts ont pu certifier que le
                                                                      territoire exproprié était beau-
                                                                      coup trop grand pour les
                                                                      besoins de l'aéroport. 3

                                                                      Il faut cependant remettre
                                                                      dans son contexte la décision
                                                                      du gouvernement fédéral de
                                                                      bâtir u n second aéroport à
                                                                      Montréal. En effet, la fin des
                                                                      années 1960 était l'âge d'or du
                                                                      transport aérien; en 1967, les
                                                                      statistiques montraient une
                                                                      croissance de 19 % par année
                                                                      pour l'utilisation de ce moyen
                                                                      de transport. De plus, l'Expo-
                                                                      sition universelle s'était tenue
                                                                      à Montréal la même année, et
                                                                      la Métropole se préparait à
                                                                      accueillir les Jeux olympiques
                                                                      de 1976. Le gouvernement
                                                                      canadien pensait alors qu'il
                                                                      serait nécessaire d'améliorer
                                                                      les infrastructures de transport
                                                                      pour avoir la capacité de rece-
                                                                      voir à cette occasion les visi-
                                                                      teurs du monde entier. Les
                                                                      gouvernants étaient optimistes
                                                                      et « visionnaires », et perce-
                                                                      vaient Montréal comme une
                                                                      future plaque tournante du
                                                                      transport aérien. On prévoyait
Afin de défendre leurs intérêts,   par le « dérangement ». Au di-     que Mirabel accueillerait 40
plusieurs personnes expro-         re de M. Jean-Paul Raymond,        millions de personnes par
priées se sont vite regroupées     président du CIAC, Ottawa          année en l'an 2000.4
pour créer ce qui est devenu,      n'a jamais expliqué clairement
en 1972, le Centre d'information   aux personnes expropriées la       M. Trudeau et les planifica-
et d'animation communautaire       raison pour laquelle l'aéroport    teurs n'avaient toutefois pas
(CIAC), avec à sa tête, M. Jean-   devait être situé dans la région   prévu la crise du pétrole, l'im-
Paul Raymond et Mme Rita           de Sainte-Scholastique, ni         pact négatif du terrorisme
Lafond. Le CIAC comptait           pourquoi autant de territoire a    dans l'aviation et les améliora-
entre 1 200 et 1 400 membres,      dû être réquisitionné pour la      tions apportées dans la techno-
ce qui représentait une grande     construction de l'aéroport. 2 Le   logie aérienne (des avions
partie des personnes touchées      CIAC a même fait venir des         moins bruyants et capables de
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UN III I                     NUMERO i

parcourir de plus longues              La décision la plus déconcer-              tions où les fonctionnaires du
distances - rendant les escales        tante prise par les planifica-             gouvernement fédéral au-
moins nécessaires aux aéro-            teurs a sans contredit été celle           raient fait preuve de mépris à
ports de Montréal). À ces fac-         confirmant la concentration de             leur égard et les auraient inti-
teurs s'ajoutent         plusieurs     tous les vols internationaux à             midées et harcelées, probable-
autres - tous liés à la distance       Mirabel, et le maintien des vols           ment afin de les pousser à s'en
séparant l'aéroport au centre-         régionaux à Dorval. Ainsi, les             aller.
ville de Montréal - qui expli-         gens qui effectuaient un vol
quent pourquoi l'aéroport de           international suivi d'un vol ré-           L'attitude des membres de la
Mirabel s'est révélé un échec.         gional ou vice-versa, et qui               classe politique a été révéla-
En effet, les planificateurs           faisaient escale à Montréal de-            trice lorsqu'ils éludaient les
étaient d'avis qu'il fallait éri-      vaient changer d'aéroport. Cette           questions des habitants qui
ger le nouvel aéroport loin de         situation a rendu la perspec-              souhaitaient en apprendre da-
la ville afin d'éviter les plaintes    tive des escales à Montréal peu            vantage sur la façon dont le
des citoyens concernant le bruit       attrayante, de sorte que beau-             projet de l'aéroport se réalisait.
des avions durant l'atterrissage,      coup de compagnies aériennes               L'état d'incertitude et d'insta-
comme ce fut le cas à Dorval.          en sont venues à faire escale à            bilité que le gouvernement fé-
Sauf qu'en s'éloignant de              Toronto plutôt qu'à Montréal.              déral a maintenu autour de la
Montréal de la sorte, on rédui-        Tous ces facteurs ont fait en              question a rendu les citoyens
sait d'autant l'accessibilité à        sorte qu'au lieu de voir les pré-          de Mirabel très méfiants.6 Le
l'aéroport. Bien sûr, le gouver-       visions optimistes de M. Tru-              CIAC s'est avéré essentiel dans
nement promettait à l'époque           deau se réaliser, on n'a jamais            la lutte entreprise par les per-
de parachever les autoroutes           pu dépasser les 2,5 millions de            sonnes expropriées pour ravoir
13 et 50, en provenance de             visiteurs atteints
Montréal et d'Ottawa, respec-          lors de la meilleu-
tivement, et de rallonger la           re année de fré-
ligne de train qui s'arrêtait à        quentation de Mi-
Deux-Montagnes. On parla
même d'un TGV Mirabel-
                                       rabel, en 1990.5
                                                                                     J
Montréal, New York. Ces pro-           Comment furent
messes n'ont jamais été tenues,        traitées les
puisque seule une navette              personnes
d'autobus assurait la liaison          expropriées
entre l'aéroport de Mirabel et
le centre-ville de Montréal, et        Par ailleurs, les
une autre entre Mirabel et Dor-        erreurs reliées au
val. Autrement, les gens de-           choix d'emplace-
vaient se rendre à Mirabel en          ment de l'aéro-
automobile ou alors en taxi -          port et à l'am-
une option pour le moins oné-          pleur de l'expro-
reuse. Bref, les solutions envi-       priation ne furent
sagées pour régler le problème         pas les seules à
de l'éloignement n'ont jamais          être commises. De
été vraiment appliquées, ce qui        nombreux témoi-
a nuit grandement aux chances          gnages récoltés au
de succès de l'aéroport de             fil des ans auprès                                     14 A N N f e S DhXPHOPHIAIION FN
Mirabel.                               des personnes ex-
                                       propriées font état
                                       de diverses situa-          Affiche de l'artiste Vittorio, Hold-up à Mirabel
                                                                                 (Photo : Mario Ouimet)
Pour 97 000 acres de terre - Vicki Onufriu Histoire Québec - Érudit
HISTOIRE III l l l l l                  13   \IMRO i   ÎUl

leur terre : il a organisé un                  taires ne serait pas élevé lui          nouvel aéroport avait entraîné
grand nombre de manifesta-                     non plus. Mmt Drapeau-Mo-               l'expropriation de quelques
tions et d'activités pour souli-               nette, qui s'est fait offrir un         dizaines de cultivateurs seule-
gner les anniversaires impor-                  maigre 1 000 $ pour un terrain          ment, il n'y aurait pas eu trop
tants. L'organisation a même                   de 200 pieds par 200 pieds, a           de problèmes d'ordre finan-
été l'un des premiers utili-                   dû payer 3 000 $ quand elle a           cier. Les sommes versées en
sateurs de la célèbre affiche                  voulu racheter un terrain               dédommagement auraient pu
conçue par Vittorio Fiorucci,                  similaire dans la région. 7             être justes et les quelques culti-
« Hold-up à Mirabel », où l'on                                                         vateurs dérangés se seraient
voit une représentation du ter-                Si les habitants avaient le mal-        sans doute installés ailleurs
ritoire exproprié qui, placée                  heur de demander une période            avec assez de facilité. Ils n'au-
dans l'autre sens, évoque un                   de réflexion afin d'examiner            raient pas fait d'argent avec
militaire à main armée qui fait                l'offre qui leur était faite, les       l'expropriation mais ils au-
un cambriolage. Le message de                  évaluateurs revenaient à la             raient pu continuer à vivre
l'artiste était clair : le gouverne-           charge en présentant une offre          décemment, sans subir de gra-
ment fédéral est en train de voler             à la baisse. Cela poussait les          ves et de nombreux inconvé-
les terres.                                    gens à accepter la première             nients comme ce fut notre cas.
                                               offre qui leur était faite.             En expropriant plus de 1 000
Il s'agit certes là d'une opinion              L'exemple de M. Ernest Cour-            fermes, le fédéral a créé sa
partagée par l'ensemble des                    celles est probant : il s'est fait      propre inflation »,9 disait-il à
victimes d'expropriation et par                offrir un montant de 40 000 $           l'époque.
les personnes qui ont pris fait                pour ses terres à condition
et cause pour elles. Ces gens                  d'accepter sur-le-champ. L'é-           Deux poids, deux mesures
étaient convaincus que cette                   valuateur l'aurait menacé de
expropriation constituait ni                   baisser le montant de 10 000 $          L'un des aspects les plus trou-
plus ni moins qu'un vol, car le                s'il attendait avant de signer          blants du processus d'expro-
gouvernement fédéral et ses                    l'entente. 8                            priation, et certainement l'un
représentants auraient cherché                                                         de ceux qui a le plus irrité les
à s'approprier les terres qu'ils               Les manoeuvres de ces fonc-             habitants, a été le fait que les
convoitaient pour l'aéroport,                  tionnaires ont, en quelque              évaluateurs et les fonction-
sans pour autant offrir de com-                sorte, forcé la main à des per-         naires ont semblé appliquer la
pensation équitable aux per-                   sonnes expropriées qui sou-             politique de « deux poids,
sonnes expropriées pour la                     vent se sont senties obligées           deux mesures » dans le traite-
perte qu'elles subissaient.                    d'accepter de se départir d'une         ment réservé aux personnes
L'une d'entre elles, Mme Fran-                 propriété qui leur avait été            expropriées. Ces dernières ont
çoise Drapeau-Monette, expli-                  transmise de génération en gé-          rapporté à maintes reprises
quait en 2005 que les évalua-                  nération pour un prix dé-               des situations où les fonction-
teurs du gouvernement fédé-                    risoire, un montant qui n'était         naires ont évalué les propriétés
ral auraient sous-évalué les                   même pas suffisant pour                 de la région de façon fort diffé-
propriétés en affirmant qu'ils                 racheter une autre propriété            rente. En effet, les critères d'éva-
ne pouvaient offrir davantage.                 ailleurs.                               luation n'ont pas été dévoilés et
En outre, ils se sont saisis de                                                        semblaient même changer de
tant de terres qu'ils ont fini par             En 1988, M. Raymond, du                 manière inexpliquée selon la
louer celles dont ils n'avaient                CIAC, a expliqué que le trop            personne expropriée à qui s'a-
pas besoin dans un premier                     grand nombre de personnes               dressaient les évaluateurs. C'est
temps. Les évaluateurs ont                     expropriées a provoqué une              la raison pour laquelle leurs
admis que le montant qu'ils                    rareté artificielle des terres dis-     méthodes d'évaluation ont été
offraient n'était pas élevé, mais              ponibles dans le reste de la            qualifiées d'arbitraires par les
qu'en contrepartie le loyer                    région, ce qui a fait grimper les       gens qui appuyaient la cause
demandé aux nouveaux loca-                     prix. « Si la construction du           des personnes expropriées.' 0
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L'exemple de MM. Léo                            propriées ont témoigné de leur      mission au gouvernement a-
Rhéaume et Camille Rhéaume,                     expérience personnelle et sem-      vant d'entreprendre des réno-
dont a fait état M. Raymond,                    blable à celles que nous évo-       vations ou de simples mesures
est éloquent. Les deux frères                   quons dans cet article.12 À la      d'entretien de la propriété
étaient voisins et habitaient                   lumière de ces témoignages,         parce qu'elles n'en étaient plus
des maisons semblables, sur                     une chose en ressort claire-        propriétaires. Parfois, ces répa-
des terres de même qualité et                   ment : il est évident que lors-     rations étaient suggérées par
de mêmes dimensions. Alors                      qu'il y a une expropriation,        les fonctionnaires qui se ser-
que le premier frère s'est vu                   c'est l'acheteur qui fixe le prix   vaient ensuite de ces « amé-
offrir un montant de 63 000 $                   de vente, et non la personne        liorations », indépendamment
pour sa propriété, l'autre a                    expropriée, ce qui augmente         du contexte dans lequel elles
reçu une offre de 133 000 $                     considérablement la possibilité     étaient effectuées, pour justi-
pour la sienne. Il n'y avait                    de voir des personnes expro-        fier une augmentation subs-
aucune raison apparente qui                     priées victimes d'injustice.        tantielle du loyer, comme ont
pouvait justifier un tel écart                                                      pu le constater certaines
entre les deux offres. De nom-                  Devenir locataire                   victimes d'expropriation. 13
breux cas semblables ont été
observés, et ceux-ci viennent                   Lorsqu'une entente était con-       C'est le cas de M. Maurice
renforcer l'impression que les                  clue entre les fonctionnaires et    Laframboise, un cultivateur de
fonctionnaires ont porté des                    la personne expropriée, cette       Saint-Hermas. Il a été l'un de
jugements arbitraires, et fait                  dernière devait signer un bail      ceux qui, habitués d'être pro-
preuve de discrimination et de                  et devenait souvent le locataire    priétaire, n'ont pas flairé l'un
favoritisme à l'endroit de cer-                 de son ancienne propriété.          des pièges inhérents au sys-
tains locataires."                              Cette situation présentait de       tème de location. Il s'est servi
                                                nombreux inconvénients puis-        de l'argent qu'il a reçu en com-
Devant la Commission parle-                     que les personnes expropriées,      pensation de sa propriété pour
mentaire de l'agriculture sur le                qui devaient payer les mêmes        investir dans « sa » ferme.
territoire exproprié de Mirabel                 comptes qu'avant et veiller à       Comme il pensait rester sur sa
que le gouvernement du Qué-                     l'entretien des bâtiments, ne       ferme pendant encore quel-
bec a tenue en octobre 1982,                    pouvaient plus être assurées,       ques années et continuer de
plusieurs autres personnes ex-                  et devaient demander la per-        l'exploiter, il a voulu moder-
                                                                                    niser ses installations pour
                                                                                    ainsi rentabiliser davan-tage sa
                                                                                    terre. Mal lui en prit, car M. La-
                                                                                    framboise n'a pas réalisé qu'en
                                                                                    devenant locataire, les investis-
                                                                                    sements effectués sur la pro-
                                                                                    priété ne lui appartenaient pas.
                                                                                    S'il décidait un jour de déména-
                                                                                    ger, il ne pourrait quitter en
                                                                                    emportant le matériel acheté à
                                                                                    l'aide de son investissement.
                                                                                    Ainsi, il a perdu tout l'argent
                                                                                    qu'il a injecté dans ces travaux.
                                                                                    De 1969 à 1981, M. Laframboise
                                                                                    a, entre autres, construit une
                                                                                    maison, une grange-étable, un
                                                                                    silo à ensilages, une grange à
                                                                                    foin et des silos à grain, creusé
        Maison ancestrale incendiée par les Fédéraux. (Photo : Gilles Boileau)      des fossés et effectué le drainage
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n mo IRK w nu: i                     NOMEII2

de sa terre. Dans son témoi-            priées était d'être victimes         fait, c'est de fournir la pelle
gnage devant la Commission              d'un incendie. Même mineur,          mécanique pour creuser un
parlementaire, il a soutenu             tout sinistre nécessitant des        trou, que je pourrais appeler
avoir : « (...) investi comme tous      réparations subséquentes était       facilement une cave pour y
les jeunes qui partent de rien et       considéré comme étant une            enterrer les animaux. Ce fut un
qui se montent une entreprise.          rénovation, entraînant de ce         des moments les plus durs à
Les fonctionnaires           m'ont      fait une hausse de loyer, ajusté     traverser pour mon mari. Il
toujours encouragé à conti-             en conséquence.                      s'est enfermé dans le salon
nuer. On me citait souvent en                                                pour ne pas voir ce "spectacle"
exemple pour montrer ce qu'il           Le cas de M. Bruno Carrière en       qui se déroulait juste à l'arrière
se passait sur le territoire. Film      est un exemple. En 1974, sa          où se trouvait située son éta-
publicitaire, émission de tv,           grange a été la proie des flam-      ble. Chaque jour, par la suite il
etc. J'en suis venu à oublier           mes, et tout son troupeau de         se promenait dans ce champ en
que le fond de terre ne m'ap-           vaches a péri dans l'incendie.       se disant que toute sa vie il se
partenait plus [...] ».14               Il n'a été indemnisé que pour        rappellerait l'endroit, ce qu'il
                                        la perte de ses vaches, car sa       appelait le cimetière de ses biens
M. Laframboise est loin d'être          grange n'était pas assurée en        enfouis dans la terre (...) ».18
le seul à avoir investi autant          raison de son statut de loca-
dans sa terre. M. Raymond du            taire. Lorsqu'il a voulu recons-     Par ailleurs, plusieurs person-
CIAC rapporte qu'une enquête            truire la grange, il a fait une      nes expropriées devenues lo-
de l'Union des producteurs              demande en ce sens aux fonc-         cataires par la force des choses
agricoles (UPA) a révélé que 90 %       tionnaires responsables, qui         ont été victimes de profiteurs
des agriculteurs expropriés-            ont finalement accepté qu'il         qui venaient chez elles pour
locataires à Mirabel ont investi        reconstruise sa grange à condi-      tirer parti de la confusion en-
entre 10 000 $ et 200 000 $ sur         tion qu'il le fasse à ses frais.     tourant la propriété des terres.
la propriété qu'ils occupaient.15       Par contre, la grange serait         Ces gens sans scrupules s'ima-
Avec l'aide du CIAC, M. La-             demeurée la propriété du gou-        ginaient sans doute que les
framboise a réussi à faire re-          vernement, et M. Carrière au-        biens des personnes expro-
connaître son droit de pro-             rait dû payer un supplément          priées appartenaient mainte-
priété sur ses investissements,         de loyer. N'en ayant pas les         nant à tout le monde. Ainsi,
mais les fonctionnaires sont            moyens, M. Carrière a donc           quelle ne fut pas la surprise de
néanmoins parvenus à aug-               abandonné l'idée de recons-          Mme Drapeau-Monette de voir
menter son loyer à 2 000 $ par          truire, se contentant d'en-          toute une famille débarquer
mois. Il a contesté ce montant          caisser le montant des assu-         chez elle en affirmant pouvoir
en cour, y laissant temps,              rances pour la perte de ses          prendre possession des lieux.
argent et énergie, et peut-être         vaches. N'ayant pas de grange,       D'autres gens peu scrupuleux
même un peu de sa santé; il est         il n'a donc pu se reconstituer       volaient des fleurs dans les
même fort possible que le               un troupeau, de sorte qu'il a        parterres et des fruits aux
grand stress causé par les              perdu son entreprise et tous         arbres en prétextant que ceux-
épreuves consécutives à son             ses autres investissements. 17       ci n'appartenaient plus aux
expropriation ait eu raison de                                               habitants. 19 À vrai dire, ce que
lui : en effet, il est décédé en        M. Carrière est décédé quatre        souhaitaient les personnes
août 1983, soit moins d'un an           ans après l'incendie, victime        expropriées, c'était que le gou-
après la tenue de la Commission         d'ulcères à l'estomac; il avait      vernement prenne des mesu-
parlementaire. Il était alors dans      54 ans. C'est son épouse qui a       res pour que le territoire soit
la jeune quarantaine.16                 pris la parole en commission         davantage surveillé afin que ce
                                        parlementaire. Voici un extrait      genre de méfait ne puisse se
Les incendies ruineux, les              de son témoignage : « (...)          produire. Aucune d'entre elles
vols                                    Nous n'avons pas eu d'aide de        n'a été prise.
                                        personne, sauf des dons de 5 à
La pire chose que pouvaient             6 personnes de la paroisse.
craindre les personnes expro-           Tout ce que le gouvernement a

                                                     i]
Pour 97 000 acres de terre - Vicki Onufriu Histoire Québec - Érudit
IIIMIIIIII III llll I

                                                                   plusieurs mani-        en priorité aux personnes ex-
                                                                   festations et coups    propriées de 1969, puis aux
                                                                   d'éclat, dont l'un     occupants actuels. Si aucun
                                                                   consistait à se pré-   d'entre eux ne voulait acheter
                                                                   senter en cour         la propriété, celle-ci devenait
                                              h                    accompagné... de       disponible dans une banque
                                                                   son bétail. Me De-     de terres accessibles à tous. De
                                                                   nise Beaudoin, avo-    plus, si une personne expro-
                                                                   cate des personnes     priée consentait à laisser sa
                                                                   expropriées, a éga-    terre de 1969 à l'occupant
                                                                   lement affirmé que     actuel, elle bénéficiait d'une
                                                                   plusieurs des juges    clause spéciale prévoyant un
«1                                                                 nommés pour en-
                                                                   tendre ces causes
                                                                                          rabais de 15 % sur l'acquisition
                                                                                          d'une nouvelle terre. Tout le
     Madame Denise Beaudoin, députée de Mirabel et ancienne
      conseillère juridique des expropriés et Madame Françoise     ressentaient un tel    monde y a donc trouvé son
1      Drapeau-Monette, expropriée. (Photo : Mario Ouimet)         malaise à l'idée de    compte.23 Beaucoup d'agricul-
                                                                   juger leurs conci-     teurs expropriés ont ainsi pu
     Contester la légalité de                           toyens qu'ils préféraient se      racheter une terre à un prix
     l'expropriation                                   récuser. 21                        fort avantageux et retrouver la
                                                                                          fierté d'être propriétaires;
     Au cours de ces quelque 16 ans                                                       d'autres ont préféré ne pas y
                                                    1985 : enfin une première
     de lutte, de nombreux procès                                                         revenir, les blessures étant
                                                    entente!
     de diverses natures ont été                                                          encore trop vives.
     intentés contre le gouverne-
     ment fédéral. À l'origine, la                  L'avènement d'un nouveau
     plupart des actions en justice                 gouvernement conservateur             Les 11 000 acres restants
     étaient entreprises pour con-                  en 1984 a contribué à assainir
     tester le montant offert par les               le climat autour du dossier, le       Des 97 000 acres expropriés au
     évaluateurs. Cependant, vers                   rendant propice à un arrange-         départ, 80 000 acres ont été
     la fin des années 1970, les habi-              ment équitable. Ainsi, la             rendus aux habitants, 6 000
     tants en sont venus à plutôt                   plupart des personnes expro-          acres ont tout de même été
     contester la légalité de l'expro-              priées ont pu récupérer des           conservés pour l'aménage-
     priation elle-même. Ils ont d'a-               terres inutilisées, non sans          ment de l'aéroport, et un autre
     bord constaté que le gouverne-                 avoir âprement négocié leur           11 000 acres ont été réservés,
     ment avait exproprié des terres                rachat. Le président du CIAC,         au cas où l'aéroport devait être
     en trop, puis ils ont acquis la                M. Jean-Paul Raymond, a               agrandi. Nous savons au-
     conviction que l'aéroport ne                   conclu que le moment était            jourd'hui que ce ne sera pas le
     serait jamais aussi grand que                  venu d'accepter de faire cer-         cas... Le Comité des 11 000
     ce qui avait initialement été                  tains compromis, au lieu de           acres et son président, M. Mar-
     prévu. Les locataires ont donc                 continuer la bataille sans être       cel Denis, ont poursuivi leur
     voulu récupérer leurs terres et                certain de pouvoir obtenir            lutte sans relâche pour les gens
     redevenir des propriétaires de                 davantage. Une entente satis-         qui habitaient la zone couverte
     plein droit. Plusieurs d'entre                 faisant la majorité des per-          par ces 11 000 acres et qui y
     eux ont protesté en cessant de                 sonnes expropriées a donc été         louaient encore les terres...
     payer leur loyer, souhaitant                   conclue puis signée le 27 mars        jusqu'en décembre 2006, mo-
     ainsi voir leur cause portée                   1985; malgré tout, une mino-          ment où le premier ministre
     devant un tribunal, où ils                     rité de celles-ci est demeurée        Stephen Harper a annoncé la
     auraient l'occasion de débattre                mécontente.22 Les habitants se        rétrocession de ces dernières
     de l'identité du véritable pro-                sont vu offrir un terrain de          terres aux personnes expro-
     priétaire : le gouvernement ou                 valeur équivalente à celui            priées.
     eux-mêmes.2" Les personnes ex-                 qu'ils possédaient jadis. Les
     propriées ont aussi organisé                   terres à vendre étaient offertes
Pour 97 000 acres de terre - Vicki Onufriu Histoire Québec - Érudit
iiiMiiiiii; m i;i!i;i       101,1   M   is   \i   MHO

Cela mettait un terme à une              En conclusion, nous rappelons              son composée par eux pour le
longue et triste histoire ayant          que les expropriés luttèrent               temps des manifestations, ex-
vu les victimes d'expropria-             jusqu'au bout pour ravoir leur             prime toute leur force de ca-
tion lutter jusqu'au bout pour           terre. Ils n'abandonnèrent ja-             ractère devant l'épreuve de la
ravoir leur terre. Durant toutes         mais dans l'adversité; ils firent          dépossession. Elle se joue sur
ces années, ces gens n'ont               preuve d'un courage exem-                  l'air de « La boîte à chansons »,
jamais abandonné dans l'ad-              plaire durant toutes ces années,           de Georges Dor.
versité et ont fait preuve d'un          et demeurèrent solidaires les
courage exemplaire et d'une              uns des autres, comme on le
solidarité peu commune.                  voit rarement. Une petite chan-

                                   L'HISTOIRE D'UNE EXPROPRIATION

                                Une expropriation, c'est une déportation,
                                        C'est comme un esclavage.
                               On y perd sa maison, on y perd son canton,
                                          Bâti du fond des âges.
                               On a détruit tous les labeurs de nos parents,
                              On a brûlé les belles demeures de nos enfants.

                                 Ensemble on a vécu, peiné et combattu,
                                       Ces douze années d'épreuves.
                               Ensemble on a connu, de si grands imprévus,
                                        Qu'on a tout mis en oeuvre.
                               On s'est regroupé, on a marché sans s'arrêter,
                                  Sans se lasser, on a cherché la liberté.

                          Aujourd'hui, nous fêtons, aujourd'hui nous chantons,
                                         la force et le courage.
                                Que chacun a gardé, dans les difficultés,
                                        malgré tous les barrages.
                           Nous nous aimons, nous partageons tant d'Amitié,
                            Qu'à tout jamais, nous resterons tous assemblés.

                            Ce soir nous regardons, vers d'autres horizons,
                                       Vers de nouveaux rivages.
                                   Embellir, rebâtir, relancer l'avenir,
                                      Couper toutes les amarres.
                            Nous bâtirons, ce coin de terre, dans l'AMITIÉ
                          Nous partagerons, comme des frères, dans l'UNITE 24.
Il IN I II I li h III I III I

Notes                                                               Bibliographie
  « L'aéroport fournira de 75 000 à 100 000 emplois », La           Fonds d'archives P 053 : CIAC - Expropriés de Mirabel,
  Presse, 28 mars 1969, p. 27; Jean-Paul Raymond et Gilles          conservé par la Société d'histoire des Mille-Îles, consulté en
  Boileau, La mémoire de Mirabel : le président des expropriés,     date du 13 août 2007.
  Jean-Paul Raymond, se raconte à Gilles Boileau, Montréal :
  Éditions du Méridien, 1988, p. 45-46; Témoignage de               Journal des débats, Débats de l'Assemblée nationale, le 3 novem-
  Mmc Françoise Drapeau-Monette, issu du « Brunch du                bre 2004, 37l législature, 1" session, Vol. 38 N° 98, en ligne :
  patrimoine : Les expropriés de Mirabel », DVD de la               .
  La mémoire de Mirabel, ibid., p. 25.
  Ibid., p. 26.
                                                                    La Presse, 1969-1985, 2004, 2006.
  MYLES, Brian, « Le rêve évanoui », dans Le Devoir,
  1er novembre 2004.
                                                                    MYLES, Brian, « Le rêve évanoui », dans Le Devoir, 1" novem-
  Ibid.
                                                                    bre 2004.
  « 13 années d'expropriation en trop à Mirabel : Mémoire
  du CI.A.C. présenté à la Commission parlementaire de
                                                                    Journal La Concorde, 2 novembre 2005.
  l'agriculture sur le territoire exproprié de Mirabel », issu
  du Fonds d'archives P 053 : CIAC - Expropriés de
  Mirabel, octobre 1982, Dossier # P 053 S2 SS5 DI, p. 16.          Journal L'Éveil, 6 novembre 2004.
  Témoignage de M"* Françoise Drapeau-Monette, op. cit.
  La mémoire de Mirabel, op. cit., p. 79.                           RAYMOND, Jean-Paul; et Gilles BOILEAU, La mémoire de Mirabel :
  La mémoire de Mirabel, ibid., p. 78; « 13 années d'expro-         le président des expropriés, Jean-Paul Raymond, se raconte à Gilles
  priation en trop à Mirabel », op. cit., p. 9.                     Boileau, Montréal : Éditions du Méridien , 1988.
  La mémoire de Mirabel, ibid., p. 82-83.
  Ibid., p. 74-75, 82-83.                                           BOILEAU, Gilles. « La mémoire de Mirabel », Histoire Québec,
  Parmi les mémoires individuels, nous avons consulté les           juin 1996, vol 2, no 1.
  témoignages d'André et Louise Graton, Hélène Carrière,
  Georges Duquet, curé de Sainte-Scholastique, Françoise            « Brunch du patrimoine : Les expropriés de Mirabel », DVD
  Drapeau-Monette, Maurice Laframboise, et la famille de            de la Société d'histoire d'Oka, 14 octobre 2005. Ce DVD est la
  Réjean Éthier. Mémoires issus du Fonds d'archives P 053 :         version filmée du Brunch du patrimoine édition 2005, une
  CIAC - Expropriés de Mirabel, Dossier # P 053 S2 SS5              activité conjointe entre la Société d'histoire d'Oka et la Société
  D12 : Mémoires individuels. - 1982.                               d'histoire régionale de Deux-Montagnes. Ce brunch-confé-
  « 13 années d'expropriation en trop à Mirabel », op. cit.,        rence portait sur les expropriés de Mirabel; les deux conféren-
  p. 18, 26; La mémoire de Mirabel, op. cit., p. 34,99-102,106-     cières invitées étaient M1' Denise Beaudoin, alors députée du
  107.
                                                                    comté de Mirabel, et qui fut avocate des expropriés de 1979 à
  La ponctuation de la citation est telle qu'elle était écrite      1986; et Mme Françoise Drapeau-Monette, expropriée.
  dans le manuscrit original. Mémoire de Maurice
  Laframboise, op. cit.'5 La mémoire de Mirabel, op. cit., p. 92.
  Ibid., p. 94,101-102, Témoignage de M c Denise Beaudoin,
  issu du « Brunch du patrimoine : Les expropriés de
  Mirabel », op. cit.
  Mémoire d'Hélène Carrière, op.cit.; La mémoire de
  Mirabel, op. cit., p. 65-66, 97-98,107-108.
                                                                    Bibliographie
  Mémoire d'Hélène Carrière, ibid.
  Témoignage de M™* Françoise Drapeau-Monette, issu du
  « Brunch du patrimoine : Les expropriés de Mirabel »,             L'auteure voudrait remercier M. Mario Ouimet pour ses
  op. cit.                                                          magnifiques photographies et son soutien indéfectible à son
  La mémoire de Mirabel, op. cit., p. 122.                          égard.
  Témoignage de Me Denise Beaudoin, op. cit.
  La mémoire de Mirabel, op. cit., p. 32-33.                        Elle souhaite également remercier Mmo Joan Duchesne et
                                                                    M. Louis-Philippe Lamy, de la Société d'histoire des
  Ibid., p. 158-159.
                                                                    Mille-Îles, pour avoir gracieusement permis l'accès par-
  « L'histoire d'une expropriation », chanson provenant du
                                                                    tiel au fonds d'archives sur les expropriés de Mirabel.
  document Expropriation en chansons, conservé dans le
  Fonds d'archives P 053 : CIAC - Expropriés de Mirabel,
  Dossier # P 053 S2 SSII DI : Activités sociales 1981-1986.
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