Pour une santé inclusive - Guide des minorités genrées, sexuelles et sexuées - CRIPS

La page est créée Fabien Guillet
 
CONTINUER À LIRE
Guide
       L G B T Q I +

   pour un meilleur accueil
     des minorités
   genrées, sexuelles
      et sexuées

                            à
                     destination des
                    professionnel·le·s
                        de santé

Pour
une santé
inclusive
2 	Préface de Thibaut Jedrzejewski, médecin
     généraliste au Centre de santé sexuelle – Le 190

4	Comment les inégalités sociales auxquelles
     font face les minorités genrées, sexuelles
     et sexuées impactent-elles leur santé ?

6    Comment être plus inclusif·ve ?

8	Quelle posture adopter pour établir une relation
     de collaboration entre professionnel·le et patient·e ?

9    Accueillir les personnes trans*

12   Accueillir les personnes FSF*

14   Accueillir les personnes HSH*

16   Accueillir les personnes intersexes*

17	Accueillir des minorités genrées, sexuelles
     et sexuées victimes de violences

20	Accueillir les jeunes des minorités genrées,
     sexuelles et sexuées

21   Le collectif associatif Grey Pride !

22   Bibliographie complémentaire pour aller plus loin

24   Lexique
Le Crips Île-de-France est engagé
depuis de nombreuses années dans la lutte
contre les discriminations*, notamment envers
les minorités genrées, sexuelles et sexuées,
souvent représentées par l’acronyme LGBTQI+* :
lesbiennes, gays, bisexuel·le·s*, transgenres*,
queers* / en questionnement, intersexes*, autres.

Depuis 2018, le Crips accompagne des étudiant·e·s
en médecine dans le cadre du déploiement du
service sanitaire. C’est dans ce contexte qu’un groupe
de futur·e·s professionnel·le·s de santé a souhaité
travailler sur l’accueil et l’accompagnement des
minorités genrées, sexuelles et sexuées dans leurs
parcours de soins, notamment en santé sexuelle.
Un questionnaire, diffusé sur divers réseaux sociaux
en mai 2020, a permis d’évaluer les besoins de
ces publics et d’identifier des pistes d’amélioration
des pratiques en santé. Vous retrouverez dans ce
guide des extraits issus des nombreux témoignages
que nous avons reçus, grâce à la diffusion de notre
questionnaire.

Ce guide est là pour vous accompagner en tant
que professionnel·le·s de santé. Il a été réalisé avec
des partenaires qui travaillent et luttent depuis de
nombreuses années auprès des personnes concernées.
Vous y trouverez des conseils pratiques et des ressources
pour vous former et vous informer, afin d’assurer un
parcours de soins respectueux, inclusif et bienveillant
aux minorités genrées, sexuelles et sexuées.

Bonne lecture !

* Vous retrouverez la définition des mots marqués d’un astérisque
dans le lexique, page 24.

                                1
Préface

Le soin universel nécessite              les discours de prévention
d’être capable de prendre                et la prise en charge de ces
soin de tout le monde, sans              patient·e·s en dépendent.
différence, sans discrimination.
Mais l’universel ne peut délaisser       La santé communautaire n’est
l’altérité. Au-delà des identités,       pas un traitement de faveur.
le vivant donne naissance à              Elle permet, avec les personnes
une multitude d’expériences du           concernées, de reconsidérer
genre, du sexe et de la sexualité.       ce que l’on sait sur ces minorités,
                                         ce que l’on a pu apprendre
La médecine a longtemps                  ou projeter, non seulement
pathologisé ces vécus                    dépathologiser mais aussi
minoritaires et nous héritons            normaliser, pour offrir
aujourd’hui de cette histoire.           à chacun·e le soin approprié,
Nous savons aussi qu’il existe           pour que chacun·e puisse
encore de nombreuses                     accéder à la même qualité de
difficultés pour ces personnes           soin que la population générale.
dans le soin. Et, depuis les
prémices de la lutte contre              Les personnes lesbiennes, gays,
le sida — qui a libéré la parole         bi, trans et intersexes ont des
des usagers du système                   spécificités de santé respectives.
de santé —, de multiples                 Elles vivent aussi, sans
associations continuent de se            généraliser, dans des contextes
mobiliser pour les faire entendre.       spécifiques. Leurs expériences
Il est essentiel de prendre              du regard de l’autre, de l’enfance
en considération ce bagage               à l’âge adulte, sont toujours
pour pouvoir nous adapter :              particulières. Elles sont toujours
le raisonnement médical,                 susceptibles d’être discriminées,

                                     2
mais aussi, plus subtilement,           mais y être initié·e, en prendre
de rencontrer des difficultés,          la mesure, pour aborder des
de se sentir mésestimées,               symptômes dans leur contexte
d’être ramenées à une norme             ou pour optimiser les discours
qui ne correspond pas à                 de prévention, de réduction
ce qu’elles vivent, que ce soit         des risques ou l’éducation
dans leur vie quotidienne               thérapeutique est indispensable.
ou dans les soins.
                                        Et cela ne s’invente pas, encore
Face à l’altérité, le jugement,         moins dans une société qui nous
la fascination, la pitié peuvent        fait penser le contraire.
s’immiscer dans les
consultations. Nous sommes
toujours susceptibles de projeter       Thibaut Jedrzejewski
de fausses croyances, d’avoir           médecin généraliste au Centre
des mots blessants, de produire         de santé sexuelle – Le 190
de la méfiance, du repli,
des angoisses, des ruptures.
Autrement dit, de reproduire
dans un espace de soin,
ce à quoi ces minorités
se confrontent au quotidien.

En médecine, dans le lien
avec les patient·e·s ou dans
la clinique, notre posture peut
tout changer. Tout savoir sur ces
mondes de vie est impossible,

                                    3
rapports de pouvoir
Comment
les inégalités
                                                                    handicap
sociales                                        poids
                                                                                    classe
auxquelles font                                      âge
                                                                 santé
face les minorités                                              mentale
                                                                                  langue
genrées, sexuelles
et sexuées
                                                     nationalité           minorités
impactent-elles                                                             genrées,

leur santé ?                                                                sexuelles
                                                                           et sexuées

L’articulation des différents rapports
de pouvoir (comme la classe sociale,
la nationalité, l’orientation sexuelle…)
structure notre société. Ils se
                                                                        IMPACTS
matérialisent dans la vie quotidienne
                                                                        (structurels)
des personnes à travers des discrimi­                                   au quotidien
nations* (grossophobie, racisme,
validisme…).                               logement

                                                           travail

57,5 % des femmes
                                                                            santé
lesbiennes ont peur                  En 2020, 62 %
d’être discriminées ou               des répondant·e·s
jugées en annonçant                  intersexes* participant
leur sexualité. 1                    à l’enquête européenne
                                     de la FRA-UE annoncent
                                     avoir subi des interventions
                                     chirurgicales modifiant
    Chez les personnes               leurs caractéristiques
    trans*, une étude                sexuelles sans avoir pu
    suggère que le risque            donner leur consentement. 3
    de tentative de suicide
    avant 25 ans serait                                         Les femmes trans*
    de 50 % environ                                             sont 49 fois plus
    dans diverses régions                                       susceptibles d’être
    du monde. 2                                                 séropositives pour le VIH. 4

                                            4
Comment
       origine
                                                          l’imbrication de
      ethnique                                            ces discriminations
                                                          peut-elle impacter
éducation                                                 la qualité et
                         1
                           Jedrzejewski T,
                         « EGaLe-MG. État des
                                                          l’accès aux soins
                         lieux des difficultés
                         rencontrées par les              des individus ?
                         homosexuels face à leurs

      religion           spécificités de santé
                         en médecine générale
                         en France ». Univ. Paris         Les discriminations, vécues ou
                         Diderot – Paris 7. Thèse         entendues, peuvent être intériorisées
                         soutenue en octobre
                                                          par les personnes et déclencher
                         2016.
                                                          différents comportements : angoisse
                         2
                           Virupaksha HG et al.           par rapport au monde médical, peur
                         « Suicide and suicidal
                                                          du jugement, anticipation d’une
                         behavior among
                         transgender persons »,
                                                          mauvaise prise en charge, perte
        école            Indian Journal of                de confiance, stratégies d’évitement
                         Psychological Medicine,          des professionnel·le·s de santé…
                         nov-déc 2016, 38(6)
                         pp. 505-509.
                                                          « J’avais 16 ans et je ne savais pas encore
  famille                3
                           « A long way to go             que j’étais une personne trans, […] j’étais
                         for LGBTI equality »,            en couple avec une fille. Je ne savais
                         EU-FRA LGBTI II, 2020.
                                                          pas si on pouvait contracter des MST […].
  14,3 % des             4
                          www.unaids.org/fr/              Je suis allé chez la gynécologue de ma
  personnes              keywords/transgendered-          mère […], et elle s’est moquée de moi
                         people
  HSH* préfèrent                                          en disant que non, nous ne pouvions pas
  éviter les soins,      5
                          Alessandrin A, Dagorn J,        avoir de MST parce que nous ne faisions
  suite à des            Meidani A, Richard G,            pas du vrai sexe […]. Cette expérience
  discriminations        Toulze M (dir.), Santé           m’a dissuadé d’aller voir un·e gynécologue
                         LGBT ; Les minorités de
  subies. 5                                               pendant longtemps, au détriment
                         genre et de sexualité face
                         aux soins, Éditions Bord         de ma santé. »
                         de l’eau, 2020.

    34,7 % des           6
                                                          Il est important d’avoir conscience
                           Cessa D, La santé des
    personnes ayant      LGBT, un tabou médical.
                                                          de ces discriminations et de leur
    fait leur « coming   Lemonde.fr, 16 mars 2017.        impact sur les comportements
    out* médical »       www.lemonde.fr/sciences/         des patient·e·s afin d’adapter sa
                         article/2017/03/13/
    se sont senties                                       prise en charge. C’est un réel enjeu
                         la-sante-des-lgbt-un-
    jugées par leur      tabou-medical_5093851_           de santé publique !
    médecin. 6           1650684.html

                                                      5
Comment être
plus inclusif·ve ?

L’inclusivité,                                 Qu’est-ce que
qu’est-ce que c’est ?                          l’hétéronormativité ?

L’inclusivité est une ouverture et une         C’est le fait que l’hétérosexualité* soit
bienveillance envers tou·te·s. Chacun·e        perçue comme évidente, naturelle et
a une compréhension du monde                   allant de soi pour tou·te·s. C’est une
issue de son éducation, de sa culture,         norme sociale qui détermine la manière
de son genre et/ou de ses expériences          dont on perçoit le monde. Si on ne
de discriminations*. Prendre conscience        la questionne pas, on risque de venir
du fait que l’on peut projeter ses             renforcer les sanctions sociales (rejet
représentations sur les patient·e·s            familial, harcèlement scolaire, violences…)
est un premier pas vers une prise              que subissent celles et ceux qui s’en
en charge plus adaptée.                        éloignent.

Il est toujours possible de s’améliorer        Une femme arrive
et de s’outiller pour créer une approche       pour une consultation
inclusive du soin, un espace accueillant       gynécologique…
pour tou·te·s !
                                               Attention à ne pas présupposer :
Lorsqu’on travaille avec des minorités         — De l’orientation sexuelle de la personne
genrées, sexuelles et sexuées, deux            et de ses pratiques.
principaux phénomènes sociaux sont             — Du nombre et de l’identité de genre*
à détricoter : l’hétéronormativité et          de son·sa ou ses partenaires sexuel·le·s.
la cisnormativité. Même si ces mots            — Du fait que la personne utilise ou veut
peuvent faire peur, les réalités qu’ils        forcément une contraception.
recouvrent méritent d’être questionnées.
                                               Conseils
                                               Au début de la consultation, n’hésitez pas
                                               à poser des questions ouvertes :
                                               « Avez-vous un, une, des partenaires
                                               sexuel·le·s ? », « Avez-vous besoin d’une
                                               contraception ? »

                                           6
Qu’est-ce que                                      Quelques idées pour créer
la cisnormativité ?                                un espace inclusif

La norme sociale est aussi cisgenre*,              — Toilettes non genrées (par exemple
c’est-à-dire qu’elle privilégie et normalise       mettre juste « toilettes »).
les personnes dont le sexe* assigné                — Affiches et magazines inclusif·ve·s.
à la naissance correspond au genre                 — Brochures inclusives à disposition.
de la personne. La cisnormativité renvoie
les personnes trans*, non-binaires* et
intersexes* à une forme de pathologisa­            Bon à savoir !
tion et de marginalisation sociale.
                                                   Le Crips oriente et conseille
Une femme arrive pour                              les acteur·rice·s de la prévention
demander la PrEP et tend                           à la recherche d’outils pédagogiques,
sa carte Vitale qui affiche                        de connaissances, ou de méthodes
un prénom masculin                                 pour aborder les thématiques
et le numéro 1.                                    de santé de la manière la plus adaptée
                                                   à leur public.
Attention à ne pas présupposer :                   Vous pouvez adresser vos demandes
— Du genre de la personne.                         par mail à infopros@lecrips.net
— Du parcours de transition médical,               ou par téléphone au 01 84 03 96 95.
social, administratif de la personne
(chaque parcours est unique).
— De l’orientation sexuelle et/ou des              Qu’est-ce que ça apporte ?
pratiques sexuelles de la personne.
                                                   — Un sentiment de sécurité
Conseils                                           et de confiance pour le·la patient·e
— Éviter les remarques sur le physique,            et pour vous.
même positives, s’il n’y a pas de lien             — Une alliance thérapeutique.
avec la consultation.                              — Une meilleure connaissance
— Si vous avez un doute la première fois,          des patient·e·s.
demandez quels prénoms et pronoms                  — Un meilleur suivi médical.
la personne utilise. Si vous faites
une erreur, n’hésitez pas à vous excuser.

                                               7
Quelle posture
adopter pour
établir une relation
de collaboration
entre profession-
                                                   Lorsqu’on fait preuve
nel·le et patient·e ?                              de bienveillance
                                                   « Si je sens que le·la praticien·ne est
                                                   bienveillant·e ou à l’écoute lors de la
Voici quelques situations dans lesquelles          première rencontre, il sera assez évident
les répondant·e·s au questionnaire                 de faire part de mon orientation sexuelle
se sont senti·e·s en confiance :                   sans que cela ne soit un sujet en soi. »

Lorsqu’on fait preuve                              Lorsqu’on fait preuve d’écoute
d’inclusivité                                      « Une psychothérapeute qui n’a pas
« Ma médecin généraliste ne m’a jamais             remis mon identité de genre et mon
posé de question concernant ma                     orientation en question une seule fois et
transidentité. Elle a vu sur son fichier           qui a été très à l’écoute de mon ressenti.
que j’étais hormoné·e, et ça lui suffisait.        Elle a fait preuve d’écoute et d’empathie
Il n’y a eu aucune curiosité mal placée,           et c’est toujours bien de se sentir au
que de la bienveillance. »                         moins écouté.e , si ce n’est compris·e. »

Lorsqu’on explique                                 Lorsqu’on pose des questions
et demande le consentement                         pertinentes et non-intrusives
de la personne avant                               Je me sens moins en confiance
et pendant tout acte médical                       lorsqu’on « me pose des questions trop
Pour un frottis, « j’ai eu absolument              intimes sur mes pratiques [et lorsqu’on]
toutes les étapes et les gestes expliqués ».       me fait des remarques qui ne sont pas
Il y a eu « demande du consentement                en rapport avec ce pour quoi je viens. »
avant ET pendant, et [des] demandes
régulières pour savoir si je ressentais
de la douleur. C’était attentif, doux,             Lorsqu’on a connaissance
respectueux, on m’a demandé de me                  des spécificités du sujet
déshabiller en deux fois pour ne pas être          « Je ne m’annonce non-binaire
dans une nudité totale. »                          qu’en présence de gens qui peuvent
                                                   comprendre. »

                                               8
Accueillir
les personnes
trans

Si depuis quelques années, la France              — Les parcours de transition ont pour
a connu des avancées concernant                   conséquence la précarisation de leurs
les droits des personnes trans*, en               conditions de vie. Les possibilités d’accès
démédicalisant le changement d’état               aux soins sont réduites par les obstacles
civil, en facilitant le changement de             liés à l’isolement et la précarité.
prénom et en inscrivant la transphobie
dans les motifs de discrimination*, les           — La transphobie se traduit par un refus
violences auxquelles elles doivent faire          de soin, un manque d’écoute de la part
face restent très présentes, et leur prise        des soignant·e·s ou encore des postures
en charge au sein du système de soin              jugeantes. Elle a un impact direct sur
et de prévention très marquée par une             l’adhésion aux traitements et les suivis
histoire étroitement liée à la psychiatrie        médicaux. Elle entraîne la remise en
et la « pathologisation ».                        question de l’observance des traitements
                                                  lorsqu’un climat de méfiance s’installe,
                                                  et des pratiques de non-recours aux
Données clés en santé                             soins. Elle a donc pour conséquences
                                                  des retards de prise en charge,
Conséquence d’un environnement social             des pathologies non soignées, etc.
encore très discriminant et hostile, l’état
de santé des personnes trans est impacté          — Les discriminations ont d’autant
par les violences, la précarité et les            plus lieu lorsque les personnes vivent
ruptures dans leurs parcours de vie.              avec d’autres facteurs de vulnérabilité :
                                                  allophones, travailleuses du sexe,
— La prévalence des infections                    séropositives au VIH, vivant avec un
sexuellement transmissibles (IST), telles         ou plusieurs handicaps, etc.
que le VIH, est très élevée. À l’échelle
mondiale, le taux de prévalence au VIH
parmi les femmes trans est estimé à 19 %.         7
                                                   www.unaids.org/fr/
Elles sont 49 fois plus susceptibles d’être       keywords/transgendered-
                                                  people
séropositives pour le VIH que tous les
adultes en âge de procréer. 7                     8
                                                    Virupaksha HG et al.
                                                  « Suicide and suicidal
— Un taux de suicides et de suicidalité           behavior among
                                                  transgender persons ».
élevé, notamment parmi les plus jeunes.
                                                  Indian J Psychol Med.
Le risque de passage à l’acte avant 25 ans        2016 nov-déc ; 38(6) :
serait de 50 % environ dans diverses              505-509.
régions du monde. 8

                                              9
« Parcours de transition »
de quoi parle-t-on ?
Un parcours de transition peut avoir lieu dans l’ensemble
des environnements de vie d’une personne : on parle de transition
sociale (auprès des proches, des collègues, etc.), de transition
administrative (modification du prénom et de la mention
de genre à l’état civil), et/ou de transition médicale.

Si toutes les personnes trans ne souhaitent pas s’engager vers
une transition médicale, les soins liés à l’affirmation de l’identité
de genre* sont essentiels, voire vitaux pour celles qui le souhaitent,
et ne sont en aucun cas soumis à l’obligation de « diagnostic » ou
« validation » par un·e psychiatre ou psychologue. Lorsque l’on parle
de transition médicale, on inclut généralement tous les traitements
et interventions visant à affirmer le genre social d’une personne.
Il s’agit donc :
— De traitements hormonaux de substitution (THS), aussi appelés
traitements hormonaux féminisants ou masculinisants, qui peuvent
être prescrits par des médecins endocrinologues, gynécologues,
urologues, et renouvelés par tout·e médecin généraliste.
— De chirurgies d’affirmation de genre telles que les opérations
de féminisation du visage (FFS), les augmentations mammaires ou
torsoplasties, ou les chirurgies génitales telles que les vaginoplasties
ou phalloplasties.

Les parcours de transition médicale sont divers et relèvent du choix
de chaque personne. Depuis la déclassification des transidentités
des pathologies psychiatriques, aucun parcours « fléché » ne peut
être imposé aux personnes. En pratique, le cadre réglementaire
pour la prise en charge des soins liés aux parcours de transition
reste flou, et limite parfois l’accès aux remboursements par
des refus d’ALD 31 (dite « hors liste ») ou refus de prise en charge
de chirurgies motivés par l’absence de suivis psychiatriques.
Lorsque cela arrive, il est utile de se rapprocher des associations
locales et du Défenseur des droits.

                                   10
Quelques recommandations                          discriminations auxquelles elles faisaient
                                                  face. Les accompagnements proposés
Comme de nombreuses populations                   par l’association concernent l’accès aux
fortement stigmatisées dans l’ensemble            droits sociaux, l’accès au droit au séjour,
de la société, la place de ce qui est             au logement, ainsi que les questions
« pathologisé » prend souvent                     liées à la prévention sexuelle à travers
une place envahissante au moment                  des actions de prévention combinée.
de la consultation, et peut masquer               www.acceptess-t.com
les conséquences des discriminations,             Contact : 01 42 29 23 67
ou tout autre symptôme commun.                    contact@acceptess-t.com

— Évitez les questions sans rapport               Wikitrans, site web recensant
avec l’objet de la consultation sur les           des ressources essentielles pour
opérations chirurgicales de réassignation         l’accompagnement des personnes trans.
génitale, qui peuvent être perçues                https://wikitrans.co
comme invasives.
                                                  OUTrans, association féministe
— Veillez à ne pas demander                       d’autosupport trans qui accompagne
que le ou la patient·e se déshabille,             les personnes concernées et propose des
alors qu’un examen n’est pas nécessaire.          actions de sensibilisation à destination
                                                  des acteur·rice·s du monde de la santé.
— Pour faciliter la relation, il peut être        https://outrans.org
important de travailler sur les préjugés          autosupport@outrans.org
liés à des représentations sociales
pouvant être très marquées, tels que              Espace Santé Trans, association
ceux liant les femmes trans au travail            de promotion de la santé des personnes
du sexe, qui peuvent induire un jugement          transidentitaires située en Île-de-France.
moral et désengager le·la professionnel·le        https://espacesantetrans.fr
au moment de la consultation.                     contact@espacesantetrans.fr

— II est important de prendre en compte           Chrysalide, association militante
la récurrence des vécus de violences              de support et de diffusion d’information
médicales dans la relation soignant·e/            sur les transidentités.
patient·e, et de porter une attention             www.chrysalide-asso.fr
particulière à la mise en place                   chrysalidelyon@yahoo.fr
d’un environnement de confiance
avec les personnes.                               Transidenticlic est une boîte à outils
                                                  numérique à destination des
                                                  professionnel·le·s de santé pour aider
Se former et s’informer                           à l’accueil, l’accompagnement et le suivi
                                                  médical des patient·e·s transgenres.
ACCEPTESS-T est une association                   https://transidenticlic.com
représentante des usager·e·s du système
de santé, créée en 2010 par plusieurs
femmes trans, afin de lutter contre les

                                             11
Accueillir
les personnes
FSF                                               — Des expériences de violences plus
                                                  courantes, notamment en lien avec
                                                  leur orientation sexuelle. Plus de 60 %
Si les FSF* (les femmes ayant                     des femmes disent avoir vécu au moins
des relations sexuelles avec d’autres             un épisode de violence lesbophobe
femmes) sont très peu visibles                    dans leur vie. Elles sont également
dans le champ de la santé sexuelle,               20 % à déclarer avoir déjà vécu des
c’est en partie à cause des                       commentaires lesbophobes, rejets ou
représentations qui entourent                     refus de soins dans l’espace médical.
leurs relations et leurs sexualités.              Selon la National Intimate Partner and
                                                  Sexual Violence Survey (NISVS) de 2010,
                                                  1 femme homosexuelle sur 3 aurait connu
Données clés en santé                             au moins une forme de violence physique
                                                  sévère de la part d’un·e partenaire intime
S’il existe peu d’études en France sur            (contre 1 femme hétérosexuelle sur 4).
le sujet, elles permettent de démontrer
que les trajectoires des femmes                   — Une exposition plus forte au risque
rapportant des attirances et/ou des               dépressif : les femmes lesbiennes
pratiques homosexuelles sont souvent              et/ou bi vivent un stress quotidien lié
marquées par 7 éléments spécifiques :             au fait d’appartenir à une minorité
                                                  encore fortement stigmatisée et
— Une entrée dans la vie sexuelle                 soumise à des discriminations sociales
plus précoce, notamment avec                      et institutionnelles qui peuvent avoir
des partenaires masculins.                        un impact en terme de santé (anxiété,
                                                  troubles dépressifs, idéations suicidaires,
— Des pratiques sexuelles plus                    usages de produits, prévalence élevée
diversifiées, la pratique la plus souvent         d’IST…). L’Enquête sur la sexualité en
déclarée étant la pénétration vaginale            France dite « Contexte de la sexualité
(98 % selon l’Enquête Presse Gays et              en France » (CSF) rapporte que, parmi
Lesbiennes 2011 9 ; 97 % selon SexoFSF            les 18-24 ans, 89,2 % des femmes
2017 10).                                         homo/bisexuelles* déclarent avoir été
                                                  déprimées au cours des 12 derniers mois.
— Un nombre de partenaires plus élevé
que chez les femmes se déclarant                  — Une prévalence d’IST élevée : toujours
hétérosexuelles, ce, majoritairement              dans la CSF, elles sont 12 % (versus 3 %
avec des hommes. 72 % déclarent plus              des femmes hétérosexuelles) à rapporter
de 3 partenaires dans les 12 derniers mois        avoir eu une infection sexuellement
et une médiane de 9 partenaires vie               transmissible dans les 5 dernières années.
(SexoFSF 2017).

                                             12
— Un moindre recours aux soins et                   9
                                                      Velter A, Saboni L,
au dépistage : dans l’EPGL 2011, les                Bouyssou A, Bernillon P,
                                                    Sommen C, Semaille C,
répondantes n’ayant que des rapports
                                                    Enquête Presse Gays
sexuels avec des femmes au cours de leur            et Lesbiennes 2011.
vie sont 36 % à n’avoir jamais eu recours           https://corevih-sud.org/
                                                    download/enquete-
à une consultation gynécologique, 60 %
                                                    presse-gays-et-
à n’avoir jamais réalisé de frottis cervico-        lesbiennes-2011
utérin, 58 % à n’avoir jamais réalisé
                                                    10
de test VIH et 90 % à n’avoir jamais réalisé          Delebarre C,
                                                    Enquête SexoFSF 2017 :
de test chlamydiae. Ce défaut de recours
                                                    Quelles réalités sexuelles
aux soins peut avoir des conséquences               chez les femmes qui
graves sur la fertilité et la santé des             ont des rapports sexuels
femmes avec une augmentation des                    avec d’autres femmes ?
                                                    www.sfls.aei.fr/ckfinder/
cancers du col de l’utérus et des seins.            userfiles/files/Formations/
                                                    pdf/2018mars/delebarre2.
                                                    pdf

Quelques recommandations

Veiller à ne pas présumer des pratiques
sexuelles des personnes : il est encore
parfois difficile de se représenter une             Se former et s’informer
sexualité active et pénétrante en dehors
du principe masculin et du pénis.                   Formations
Cette représentation conduit                        Formation Crips Île-de-France : Améliorer
beaucoup de femmes à développer                     l’accueil et la prise en charge en santé
un sentiment d’immunité au VIH                      des populations LGBT.
et aux IST qui est partagé par
les soignant·e·s.                                   Sites Internet
                                                    Santé plurielle : https://santeplurielle.fr
— L’auto-identification des personnes               Les Klamydia’s : www.klamydias.ch
en tant que lesbiennes ne signifie pas              ENIPSE : www.enipse.fr
qu’elles n’ont pas de rapport sexuel
avec des hommes.                                    Brochures
                                                    — Tomber la culotte #2, brochure de
— Veiller à ne pas présenter la                     santé sexuelle à destination des FSF :
contraception comme « évidente ».                   www.enipse.fr/une-version-bis-de-
La contraception présentée comme                    tomber-la-culotte-2-disponible-des-
obligatoire peut être vécue comme                   septembre-2020
une assignation à l’hétérosexualité*                — Guide « La santé psychique chez
et empêcher la parole des patientes.                les personnes LGBT », Sidaction :
                                                    www.sidaction.org/sites/default/files/
— Être à l’écoute d’un potentiel désir              guide_la_sante_psychique_chez_les_lgbt_
d’enfants émis par les patientes.                   web_0.pdf

                                               13
— Le TPE (Traitement postexposition) :
Accueillir                                       une trithérapie de 28 jours qui réduit

les personnes
                                                 considérablement les risques d’une
                                                 séroconversion, si le traitement est pris

HSH                                              au plus vite et dans un délai maximal de
                                                 48 heures après le rapport non protégé.
                                                 Il peut être demandé à l’hôpital ou en
Données clés en santé                            CeGIDD.

— Les HSH* (hommes ayant des relations           Ces outils sont complémentaires et
sexuelles avec d’autres hommes) ont              permettent à chaque patient·e·s d’opter
200 fois plus de risques de contamination        pour une protection idéale. L’utilisation
au VIH que la population hétérosexuelle          de cette prévention personnalisée
française. Entre 2013 et 2018, ce sont           a permis en 2018, chez les HSH une
40,8 % des découvertes de séropositivité         diminution de la transmission du VIH
qui concernent les HSH. Ils représentent         de 22 % en moyenne, et de 28 % chez
58 % des découvertes de séropositivité           les HSH nés en France. 11
à Paris contre 41 % en Île-de-France. 11         L’expérience montre qu’il ne sert
— S’agissant des autres IST, en 2019,            à rien de forcer l’usage du préservatif
les HSH représentent 79 % des nouveaux           chez quelqu’un qui ne l’utilise pas
diagnostics pour une syphilis récente et         régulièrement. Ici aussi, une sensation
74 % des diagnostics pour une gonorrhée,         de jugement peut détourner du soin
soit une augmentation de 29 % par                et il peut être intéressant de questionner
rapport à 2017. 11                               le ressenti des personnes sur la qualité
— La prévalence de l’infection anale             de leur sexualité. Dans ce cas, la PrEP
au HPV chez les HSH est de 64 % (contre          est souvent une bonne alternative et la
25 % chez les hommes hétérosexuels).             prévention IST passe principalement par
Elle est encore plus élevée chez les HSH         le dépistage très régulier (tous les 3 mois).
vivant avec le VIH : 93 %. Les HSH
ont 20 fois plus risque de développer            Qu’est-ce que le Chemsex ?
un cancer anal. 11                               Le Chemsex est l’usage de substances
                                                 psychoactives dans un cadre sexuel.
Prévention des risques VIH                       Fréquemment en multipartenariat
La prévention du VIH s’est diversifiée,          avec des pratiques dites « hard » comme
ces dernières années, avec trois nouveaux        le fist-fucking*. Ces moments peuvent
outils incontournables et combinables :          durer des heures, voire des jours.
la PrEP, le TasP et le TPE.                      Les participant·e·s n’appliquent pas
— La PrEP (Prophylaxie préexposition) :          forcément les mesures de prévention
un traitement préventif, pris ponctuelle­        sexuelle ou de réduction des risques
ment ou quotidiennement, qui permet              (RdR) pour la consommation de
de rester protégé du VIH.                        substances psychoactives (SPA), que ce
— Le TasP (Treatment As Prevention) :            soit par manque d’informations, contexte
une personne séropositive traitée avec           ou effets des produits.
une charge virale indétectable ne peut           Au Checkpoint, 35 % de la patientèle
pas transmettre le virus.                        pratiquent le Chemsex.

                                            14
Au-delà des contaminations par le VIH,                11
                                                         Santé publique          12
                                                                                   Ireps Auvergne Rhône-
le VHC, le VHB ou d’autres IST,                       France : www.              Alpes, Crips Auvergne
                                                      santepubliquefrance.       Rhône-Alpes, La santé
il ne faut pas oublier de potentielles
                                                      fr/maladies-et-            mentale des personnes
problématiques liées à la consommation                traumatismes/              LGBT, mars 2020.
de SPA (addictions, état veineux…).                   infections-sexuellement-   https://cerhes.org/produit/
                                                      transmissibles             la-sante-mentale-des-
                                                                                 personnes-lgbt

Recommandations

Être vigilant·e sur les troubles dépressifs           Se former et s’informer
et risques suicidaires. Chez les hommes
gays/bisexuels*, 1/3 des moins de 20 ans              Le Checkpoint Paris : Centre de santé
ont déclaré au moins une tentative de                 sexuelle communautaire proposant des
suicide au cours de leur vie. 12                      offres de soins et de dépistages adaptées
— Veiller à ne pas présupposer que                    aux besoins des minorités genrées,
tous les HSH ont les mêmes pratiques,                 sexuelles et sexuées.
pénétration orale, anale, anulingus (être             36, rue Geoffroy l’Asnier - 75004 Paris.
vigilant·e quant à ses propres préjugés).             Tél. 01 44 78 00 00
— La vaccination gratuite contre le
HPV pour les HSH jusqu’à 26 ans est                   Le 190 : Centre de santé sexuelle qui
recommandée, depuis 2016, par le Haut                 propose un service de dépistage, de suivi
Conseil de la santé publique.                         et de soins pour les minorités genrées,
— La vaccination contre l’hépatite A                  sexuelles et sexuées.
est fortement recommandée puisque                     90, rue Jean-Pierre Timbaud - 75011 Paris.
le mode de contamination principal                    Tél. 01 55 25 32 72
est oro-fécal (ex : anulingus).
— La vaccination contre l’hépatite B                  Le Spot : Porté par AIDES, le Spot
pour les personnes qui ont des relations              propose une offre globale en prévention
sexuelles avec des partenaires multiples              et en santé sexuelle avec, entre autres,
est recommandée.                                      un espace d’échange et de prévention
                                                      Chemsex le mardi (pour les personnes
Quelques exemples pour vous guider                    qui consomment) et le jeudi (pour
dans votre prise en charge                            les personnes abstinentes).
— Un patient qui a principalement des                 51, boulevard Beaumarchais - 75003 Paris.
rapports non protégés. On lui exposera                Tél. 01 53 69 04 06
les différentes méthodes de protection
et on lui indiquera qu’il est libre de choisir        Pour une aide à la prescription de
celle qui lui convient.                               la PrEP : le site VIHclic, https://vihclic.fr
— « Avez-vous eu des rapports sexuels                 rubrique « Prévention ».
avec des hommes et/ou des femmes ? »
— « Y a-t-il eu pénétration anale ou orale            Pour plus d’infos sur le chemsex et
non protégée ? »                                      la réduction des risques : https://
— « Avez-vous pratiqué des anulingus ? »              chemsex.be et www.aides.org/chemsex
— « Consommez-vous des produits
psychoactifs ? »

                                                 15
iatrogènes et ont des conséquences
Accueillir                                         graves sur la santé mentale des

les personnes
                                                   personnes intersexes, notamment
                                                   des vécus traumatiques qui peuvent

intersexes                                         endommager gravement l’accès aux
                                                   soins : refus de consulter, mauvaise prise
                                                   en charge des soins du quotidien.

Une personne intersexe* est                        — Au-delà des traitements prescrits
une personne dont les caractères                   à des personnes en parfaite santé,
sexuels (génitaux, gonadiques ou                   sous le poids de l’hétéronormativité
chromosomiques) ne correspondent                   et de la cisnormativité, les personnes
pas aux définitions binaires des corps             intersexes sont souvent altérisées* et/ou
« féminins » ou « masculins ». Ces                 pathologisées par des professionnel·le·s
personnes représentent entre 1,7 %                 de santé peu ou pas formé·e·s. Il est
et 4 % des naissances et font face à de            possible d’accueillir des patient·e·s
graves violations de leur consentement             intersexes de manière plus inclusive
par le corps médical, du fait de                   en évitant les questions intrusives, les
la pathologisation systématique                    remarques inappropriées ainsi que les
de leur intersexuation. 13                         démonstrations de choc ou de fascination
                                                   face au corps des personnes auscultées.

Données clés en santé
                                                   Quelques recommandations
— En 2020, 62 % des répondant·e·s
intersexes participant à l’enquête                 — Veiller à ne pas présumer de l’état
européenne de la FRA-UE annoncent                  physiologique ou de la prise de certains
avoir subi des interventions chirurgicales         traitements d’une personne intersexe
modifiant leurs caractéristiques sexuelles         en consultation.
sans avoir pu donner leur consentement.
Presque la moitié des personnes                    — Si vous devez informer une personne
intersexes répondant·e·s ont reçu des              de son intersexuation, veillez à trouver
traitements hormonaux (49 %) ou un                 des termes non pathologisants.
autre type de traitement médical (47 %)            « Anomalie », « trouble » sont des termes
sans donner leur consentement éclairé.             à bannir.

— La première prise en charge médicale             — Renseignez-vous en amont auprès des
intervient principalement à deux                   associations de personnes concernées,
périodes : juste après la naissance                comme le CIA-OII France, pour lui
(33,82 % des répondant·e·s) et à la puberté        expliquer clairement et exhaustivement
(32,35 % des répondant·e·s). 14                    les spécificités de sa variation.

— Les interventions chirurgicales et               — Exposez les possibilités de traitements
traitements hormonaux non consentis                médicaux si la personne le demande,
entraînent bien souvent des pathologies            sans jamais les imposer.

                                              16
Accueillir des
13
   « A long way to go
for LGBTI equality »,
EU-FRA LGBTI II, 2020.

14
   Collectif Intersexes
                                                  minorités genrées,
et Allié·e·s-OII
France. Réponses au                               sexuelles et
                                                  sexuées victimes
questionnaire sur la santé
des personnes intersexes

                                                  de violences
et/ou présentant
des variations du
développement sexuel
– Infogram Enquête sur
la santé des personnes
intersexes, 2019.                                 Données clés en santé

                                                  — Les hommes homosexuels
                                                  et bisexuels* et, dans une proportion
Se former et s’informer                           encore plus importante, les femmes
                                                  lesbiennes et bisexuelles subissent
Le Collectif Intersexes et Allié·e·s-             bien plus de violences psychologiques,
OII France (CIA-OII France) est la seule          physiques et sexuelles que les personnes
association par et pour les personnes             hétérosexuelles.
intersexes en France. Créée en 2016, elle         — 50 % des personnes bisexuelles n’ont
lutte pour l’autodétermination et contre          pas fait leur coming out* à leurs parents.
la pathologisation et les mutilations             Vraisemblablement afin d’éviter de
des personnes intersexes. Le CIA-OII              potentielles violences intrafamiliales. Ce
France est à l’origine des campagnes              qui étoufferait l’affirmation et l’expression
« Ce sera son choix : stop aux mutilations        de leurs identités. 15
intersexes » et « Intersexes : justice,           — En 2019, 22 % des consultant∙e∙s au
maintenant ! ».                                   Checkpoint ont répondu oui à la question
                                                  « Subissez-vous ou avez-vous subi
Plus d’informations sur :                         des violences au cours de votre vie ? »
— cia-oiifrance.org                               — 17 % des personnes interrogées ont été
— stop-mutilations-intersexes.org                 discriminées en raison de leur orientation
— droits-intersexes.fr                            sexuelle / identité de genre* par un∙e
                                                  professionnel∙le de santé dans leur vie. 16
Le Collectif Intersexes et Allié·e·s-OII          — Près d’un homme sur 3 (32,7%) et
France propose des formations aux                 plus d’une femme sur 3 (36,8%) ont déjà
groupements de professionnel·le·s                 ressenti, au cours de leur vie, au moins un
de santé qui en font la demande.                  propos ou geste perçu comme déplacé
Vous pouvez également nous adresser               (mais ne l’ayant pas forcément affecté)
vos questions par mail au :                       quant à son orientation sexuelle ou
contact@cia-oiifrance.org                         à l’homosexualité en général. La plupart
                                                  de ces épisodes sont déclarés comme
                                                  des « maladresses sans conséquence »
                                                  mais nous savons que de façon répétée,
                                                  celles-ci peuvent en avoir. 17

                                             17
Les différents types                                  question à tou∙te∙s les patient∙e∙s.
de violences                                          Les violences influencent la santé
                                                      globale d’une personne, c’est un élément
— Psychologiques (menaces, humiliations,              important à connaître en tant que
harcèlement, discriminations*, etc.).                 soignant∙e. »
— Physiques (gifles, coups, blessures,                3. Repérer les signes d’alerte.
étranglement, etc.).                                  — Santé mentale et physique
— Conjugales (agressions, humiliations,               détériorées :
viol).                                                > Troubles psychologiques (dépression,
— Sexuelles (abus et acte sexuel forcé, viol).        troubles anxieux, troubles du sommeil,
— Économiques et administratives                      troubles alimentaires, troubles émotion­
(privation d’autonomie financière,                    nels, désorientation, repli sur soi…).
confiscation des papiers d’identité).                 > Comportements addictifs.
— Médicales (violences obstétricales et               > Troubles somatiques (symptômes
gynécologiques, violences verbales, etc.).            chroniques inexpliqués, maladies
— LGBTQI+phobies (mégenrage*,                         chroniques déséquilibrées…).
hétéronormativité et cisnormativité                   — Santé sexuelle (comportements
des parcours de soins, outing*,                       sexuels à risque, IST répétées, douleurs
discriminations et invisibilité, etc.).               pelviennes chroniques, dyspareunies,
                                                      grossesses non prévues et IVG…).
Les violences subies par les minorités                — Consultations itératives avec
genrées, sexuelles et sexuées ont des                 des plaintes vagues, multiples et
conséquences multiples sur la santé,                  inexpliquées.
d’où l’importance de les repérer.                     — Évitement des soins.

Le repérage des violences                             L’accompagnement

1. Créer un cadre sécurisant et confidentiel.         1. Proposer une écoute bienveillante.
2. Interroger la vie sentimentale,                    2. Valoriser la parole de la personne :
conjugale, la sexualité et les violences              « Merci de votre confiance » ; « Je vous
de façon systématique même                            crois. »
en l’absence de signe d’alerte.                       3. Rappeler la loi : « Les violences
— « Avez-vous déjà été victime                        sexuelles / physiques / verbales / injures
de violences au cours de votre vie ? »                homophobes sont interdites et punies
— « Avez-vous vécu des événements qui                 par la loi. »
vous ont fait du mal ou qui continuent                4. Proposer de l’aide : « Comment puis-je
de vous faire du mal ? »                              vous aider ? » ; « Je peux vous aider si vous
— « Avez-vous déjà pu en parler                       le souhaitez. »
à quelqu’un ? »                                       5. Vérifier que la personne est en sécurité
— « Est-ce que cela a encore un impact                (en cas de danger immédiat pour
dans votre vie ? »                                    la sécurité de la personne, contacter
— « Souhaitez-vous en parler ? »                      la police).
Si la personne demande pourquoi vous                  6. Respecter les choix de la personne.
lui posez cette question : « Je pose cette

                                                 18
15
   Défenseur des droits,       partenariat avec la                Orienter
29 avril 2020 - Étude          Fondation Jean Jaurès
sur les violences              et la DILCRAH. www.
intrafamiliales : les filles   ifop.com/wp-content/
                                                                  La ligne d’écoute 3919
et les jeunes. www.            uploads/2019/05/116079_            Femmes victimes de violences.
defenseurdesdroits.            Ifop_FJR_Observatoire_
fr/fr/communique-              2019.05.16.pdf
                                                                  Réseau d’aide aux victimes :
de-presse/2020/04/
etude-sur-les-violences-       17
                                  Jedrzejewski T,                 une association par département
intrafamiliales-les-filles-    « EGale-MG. État des lieux         (accompagnement psychologique,
et-les-jeunes-lgbt             des difficultés rencontrées        juridique et social).
                               par les homosexuels
16                                                                Tél. 116 006
  Observatoire                 face à leurs spécificités
des LGBTphobies,               de santé en médecine               victimes@france-victimes.fr
État des lieux 2019,           générale en France ».
                               Thèse, Université Paris 7
Fondation Jasmin Roy                                              RAVAD : Réseau d’assistance
Sophie Desmarais en            Diderot, octobre 2016.
                                                                  aux victimes d’agressions et de
                                                                  discriminations en raison de l’orientation
                                                                  sexuelle et de l’identité de genre.
Les outils                                                        Tél. 06 17 55 17 55
                                                                  urgence@ravad.org
— Attestations : un exemplaire à donner à
la personne et un à laisser dans le dossier.                      Les centres psychotrauma.
N’a pas de valeur juridique mais permet
d’attester des faits et/ou de consigner                           Psy Gay∙e∙s : Réseau de professionnel·le·s
des déclarations pouvant être utilisées                           de l’écoute et de la psychothérapie qui
plus tard.                                                        accueillent les personnes dans le respect
— Unité médico-judiciaire (UMJ) : accueil                         de l’orientation sexuelle et de l’identité
uniquement sur rendez-vous                                        de genre.
des victimes, après dépôt de plainte.                             Tél. 01 42 74 16 02
En cas de violences sexuelles                                     orientation@psygay.com
Prévention des IST
Si moins de 48 heures : TPE aux urgences                          Centre LGBTQI+ d’Île-de-France :
ou certains CeGiDD et vaccin hépatite B.                          Permanence juridique & Permanence
Contraception d’urgence                                           psychologique.
— Si moins de 72 heures : pilules                                 Rendez‐vous au 01 43 57 21 47.
contraceptives d’urgence
(entre 3 et 5 jours selon la pilule).                             Pour l’accueil, l’orientation et
— Si moins de 5 jours : pose de DIU                               l’accompagnement des victimes LGBTQI+
en cuivre.                                                        au sein de l’institution policière
Dépistage VIH/IST                                                 à Paris : un officier de liaison LGBTQI+
— Dépistage Gonorrhoeae et Chlamydia                              est en poste au commissariat de police
possible dès 3 à 7 jours.                                         du 3e arrondissement de Paris.
— Autotest et TROD VIH/Syphilis fiable                            Tél. 01 42 76 14 35 / 06 37 98 17 47
3 mois après le dernier rapport non protégé.                      dspap-lgbt@interieur.gouv.fr
— Test sérologique VIH/Syphilis fiable
6 semaines après le dernier rapport
non protégé.

                                                             19
Accueillir
les jeunes
des minorités                                      L’adolescence étant un moment de
                                                   questionnement pour tous les jeunes,
genrées, sexuelles                                 il est important d’apporter une attention
                                                   particulière à l’écoute des jeunes des
et sexuées                                         minorités genrées, sexuelles et sexuées.

L’accompagnement des jeunes                        Recommandations
des minorités genrées, sexuelles
et sexuées s’avère différent de celui              Êtes-vous en droit de prévenir les
de leurs aîné·e·s, d’où l’importance               parents si la personne est mineure ?
de les rediriger vers les associations             Non, vous ne devez pas prévenir les
adaptées qui peuvent les soutenir                  parents s’il s’agit d’une simple consulta­
et les accueillir avec bienveillance.              tion. Tant qu’il n’y a pas d’intervention
                                                   pratiquée ou de thérapeutique engagée.
                                                   Le·la mineur·e a également le droit
Données clés en santé                              d’interdire à ses parents l’accès à son
                                                   dossier médical ou même à son état
Les jeunes hommes homosexuels se font              de santé (loi du 4 mars 2002).
moins dépister que leurs aînés (63,8 %
des moins de 25 ans contre 83 à 92 %               Comment assurer une meilleure
des plus de 25 ans). Or ils ont plus               confidentialité ?
de risques d’être exposés aux IST. 18              Lorsqu’un·e mineur·e de moins de
                                                   16 ans vient consulter, il est préférable
D’un point de vue de la santé mentale,             de le·la rediriger vers des institutions
il y a plus de risque de suicide chez les          dans lesquelles il·elle n’aura pas à payer
jeunes des minorités genrées, sexuelles            (hôpital, planning familial), pour éviter
et sexuées que chez les personnes                  qu’il·elle utilise la carte Vitale de ses
hétérosexuel·le·s et/ou cisgenres*. 19             parents. Certain·e·s professionel·le·s
                                                   de santé peuvent choisir de ne pas faire
Il y a une surexposition aux violences             payer la consultation.
intrafamiliales des personnes
homosexuel·le·s et bisexuel·le·s*, par             Et le dépistage ?
rapport aux personnes hétérosexuel·le·s. 20        N’hésitez pas à aborder la question du
                                                   dépistage comme outil de prévention.
Selon une étude du MAG Jeunes LGBT,                Vous pouvez recommander aux jeunes
52,17 % des jeunes LGBT+ ont subi                  de garder un bon réflexe et de se faire
des violences scolaires. 21                        dépister régulièrement, au moins tous
                                                   les 3 mois s’ils ont une vie sexuelle active,
                                                   sinon une fois par an au minimum.

                                              20
18                           20

                                                               Le collectif
   Santé publique France,      Ined, Enquête Virage,
Rapport enquête Presse       2020. https://virage.site.
Gay 2004, juin 2007. www.    ined.fr/en/publications/
santepubliquefrance.
fr/docs/enquete-presse-
                             Publications
                                                               associatif
                                                               Grey Pride !
                             21
gay-2004                       Richard G. avec MAG
                             Jeunes LGBT, Rapport
19
  Beck F, Firdion J-M,       synthétique de la
Legleye S, Schiltz M-A.      consultation mondiale
Les minorités sexuelles      sur l’éducation inclusive         Grey Pride regroupe plusieurs
face au risque suicidaire.   et l’accès à la santé des         associations qui soutiennent
Acquis des sciences          jeunes LGBTI+. Paris :
                                                               et mettent en place des actions
sociales et Perspectives.    MAG Jeunes LGBT, avec le
[Nouvelle édition 2014].     soutien de l’UNESCO, 2018.        à destination des séniors issu·e·s
Saint-Denis : Inpes, coll.                                     des minorités genrées, sexuelles
Santé en action, 2014 :                                        et sexuées, fragilisées par
140 pages
                                                               l’isolement et concernées
                                                               par des problèmes de santé
                                                               plus importants que les autres
Vers qui rediriger ?                                           séniors.

Si vous ressentez que le·la jeune en a                         Sur la région parisienne
besoin, vous pouvez le·la rediriger vers                       l’association organise des ateliers
des associations tel le MAG jeunes LGBT,                       (informatiques, littéraires…), des
une association par et pour les jeunes                         consultations santé, des rencontres,
qui pourra l’accueillir et l’aider.                            des projets d’habitat partagé.
MAG Jeunes LGBT
www.mag-jeunes.org                                             Elle a mis en place une ligne
contact@mag-jeunes.org                                         d’écoute :
                                                               01 44 93 74 03
Les jeunes de 15 à 24 ans qui n’ont pas                        ouverte les mardis et jeudis
d’hébergement peuvent se diriger                               de 16h à 18h.
vers Le Refuge, qui peut les aider
en leur proposant un hébergement                               Vous retrouverez des informations
et un accompagnement temporaire :                              utiles pour orienter les personnes,
www.le-refuge.org                                              sur le site Internet de Grey Pride :
                                                               www.greypride.fr
Si le·la jeune vous confie éprouver des
difficultés en raison de ses convictions
religieuses :
— Chrétien·ne·s :
Association David et Jonathan
www.davidetjonathan.com
contact@davidetjonathan.com
— Juif·ve.s :
Association Beit Haverim
https://beit-haverim.com
contact@beit-haverim.com

                                                          21
Vous pouvez aussi lire