Programme National de Lutte Intégrée contre la Rage en Côte d'Ivoire 2018-2030 - FAO
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Ministère de la santé et de l’hygiène Publique L’Institut National d’Hygiène Publique Ministère des Ressources Animales et Halieutique Direction des services Vétérinaires Programme National de Lutte Intégrée contre la Rage en Côte d’Ivoire [2018-2030]
Programme National de Lutte Intégrée contre la Rage en Côte d’Ivoire [2018-2030] Publié par Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques Abidjan, 2020
Citation requise: FAO et le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques. 2020. Programme National de Lutte Intégrée contre la Rage en Côte d’Ivoire [2018-2030]. Abidjan. Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des données qui y figurent n’im- pliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ou le Mi- nistère des Ressources Animales et Halieutiques aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Le fait qu’une société ou qu’un produit manufacturé, breveté ou non, soit mentionné ne signifie pas que la FAO ou le Ministère approuvent ou recommandent ladite société ou ledit produit de préférence à d’autres sociétés ou produits analogues qui ne sont pas cités. Les opinions exprimées dans ce produit d’information sont celles du/des auteur(s) et ne reflètent pas néces- sairement les vues ou les politiques de la FAO ou du Ministère. ISBN 978-92-5-132084-6 [FAO] © FAO, 2020 Certains droits réservés. Ce travail est mis à la disposition du public selon les termes de la Licence Creative Commons - Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 Organisa- tions Internationales (CC BY-NC-SA 3.0 IGO; https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/igo/deed.fr). Selon les termes de cette licence, ce travail peut être copié, diffusé et adapté à des fins non commerciales, sous réserve de mention appropriée de la source. Lors de l’utilisation de ce travail, aucune indication rela- tive à l’approbation de la part de la FAO d’une organisation, de produits ou de services spécifiques ne doit apparaître. L’utilisation du logo de la FAO n’est pas autorisée. Si le travail est adapté, il doit donc être sous la même licence Creative Commons ou sous une licence équivalente. Si ce document fait l’objet d’une traduc- tion, il est obligatoire d’intégrer la clause de non responsabilité suivante accompagnée de la citation indiquée ci-dessous: «Cette traduction n’a pas été réalisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La FAO n’est pas responsable du contenu ou de l’exactitude de cette traduction. L’édition originale [anglais] doit être l’édition qui fait autorité.» Tout litige relatif à la licence ne pouvant être réglé à l’amiable sera soumis à une procédure de médiation et d’arbitrage au sens de l’Article 8 de la licence, sauf indication contraire aux présentes. Les règles de médiation applicables seront celles de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (http://www.wipo.int/amc/fr/ mediation/rules) et tout arbitrage sera mené conformément au Règlement d’arbitrage de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI). Documents de tierce partie. Les utilisateurs qui souhaitent réutiliser des matériels provenant de ce travail et qui sont attribués à un tiers, tels que des tableaux, des figures ou des images, ont la responsabilité de déterminer si l’autorisation est requise pour la réutilisation et d’obtenir la permission du détenteur des droits d’auteur. Le risque de demandes résultant de la violation d’un composant du travail détenu par une tierce partie incombe exclusivement à l’utilisateur. Ventes, droits et licences. Les produits d’information de la FAO sont disponibles sur le site web de la FAO (www.fao.org/publications) et peuvent être acquis par le biais du courriel suivant: publications-sales@fao.org. Les demandes pour usage commercial doivent être soumises à: www.fao.org/contact-us/licence-request. Les demandes relatives aux droits et aux licences doivent être adressées à: copyright@fao.org. Photographie de couverture: © FAO/Marina Méa
TABLE DES MATIÈRES PRÉFACE v REMERCIEMENTS vi SIGLES ET ABRÉVIATIONS vii RÉSUME EXÉCUTIF ix I-INTRODUCTION 1 PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] II- ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE 3 2-1-Système de santé publique et animale 3 2-1-1- Organisation administrative 3 2-1-2- Le secteur privé pharmaceutique vétérinaire 3 2-1-3- Système de surveillance en santé animale 4 2-1-4- Système de santé humaine 5 2-2- Zoonoses prioritaires 9 2-3- Rage en Côte d’Ivoire 12 2-3-1- Rage animale 12 2-3-2- Rage humaine 13 2-3-3- Activités menées 14 III-APPROCHE STRATÉGIQUE 17 3-1- Vision 17 3-2 Objectifs 17 3-2-1- Objectif général 17 3-2-2- Objectifs stratégiques 17 3-2-3- Principes directeurs 17 3-3- Processus d’élaboration du programme 17 3-4- Description du programme 19 3-4-1- Zones et durée du programme 19 3-4-2- Stratégie opérationnelle 19 3-4-2-1- Phases du programme 19 3-4-2-2- Composantes du programme 20 IV-FINANCEMENT DU PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTEGRÉE 25 4-1- Exécution du Programme 25 4-1-1- Comité National de Pilotage 25 4-1-2- Unité de Coordination et de Gestion 25 4-2- Financement du Programme Stratégique de Lutte Intégrée 26 V- SUIVI ET ÉVALUATION DU PROGRAMME NATIONAL 29 VI- ANNEXES 33 VII- BIBLIOGRAPHIE 43 iv
PRÉFACE Un objectif mondial de zéro cas de rage humaine à l’horizon 2030 a été adopté par tous les pays membres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) lors de la réunion des experts de la lutte contre la rage organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’OMS et l’OIE à Genève en 2015. Dans le cadre de l’atteinte de cet objectif, la Côte d’Ivoire a initié des actions pour élaborer son Programme national de lutte intégrée contre la rage. PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] Depuis janvier 2017, cette maladie a été classée zoonose prioritaire par toutes les parties prenantes au cours de l’atelier de priorisation des zoonoses. En effet, cette pathologie continue de faire chaque année des victimes humaines liées aux morsures de chiens enragés alors qu’elle est évitable à 100 pour cent par des mesures de prévention. Pour mettre fin à ce fléau, le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH) et le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique (MSHP) avec l’appui de tous les partenaires nationaux et partenaires au développement, ont élaboré le Programme national de lutte intégrée pour le contrôle de la rage selon l’approche «une seule santé» (2018- 2030) dont l’objectif est d’identifier les maladies zoonotiques les plus préoccupantes à l’achelle nationale pour la Côte d’Ivoire. Ce Programme national de lutte contre la rage canine et humaine qui s’étend de 2018 à 2030 vise à l’élimination de la rage humaine transmise par les chiens en Côte d’Ivoire. Cet objectif contribue à l’atteinte de l’émergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020. Ainsi le gouvernement à travers les ministères techniques chargés du contrôle de la rage, ne ménagera aucun effort pour parvenir à l’élimination de la rage dans notre pays. Messieurs les Ministres apprécient le travail abattu par les experts qui ont conçu ce programme. Ils adressent leurs remerciements aux partenaires au développement (FAO, USAID, CDC, OMS, OIE, GARC, CSRS, Afrique One Aspire) pour leur soutien à l’élaboration dudit Programme et sollicitent leurs appuis continus pour son exécution. Le Ministre des Ressources Le Ministre de la Santé Animales et Halieutiques et de l’Hygiène Publique Kobenan Kouassi ADJOUMANI Dr AKA Aouélé v
SIGLES ET ACRONYMES CCC Communication pour le changement de comportement CDC Center for disease control and prevention CSRS Centre suisse de recherches scientifiques en Côte d’Ivoire DD Direction départementale DHIS2 District health information system 2 DR Directions régionale PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] DFRC Direction de la faune et des ressources cynégétiques DSV Direction des service vétérinaires FAO Organisation des Nations Unies pour alimentation et l’agriculture GARC Alliance globale pour le contrôle de la rage GAVI Global alliance for vaccines andimmunization GHSA Global health security agenda GSK Glaxo smith kline IFD Immuno fluorescence directe IG Immunoglobuline INHP Institut national d’hygiène publique IPCI Institut pasteur de Côte d’Ivoire LANADA Laboratoire national d’appui au développement agricole LCVB Laboratoire central vétérinaire de Bingerville MIRAH Ministère des ressources animale et halieutiques MSHP Ministère de la santé et de l’hygiène publique MESRS Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique OMS Organisation mondiale de la santé PASA-HPV Projet d’amélioration de la santé animale et de l’hygiène publique vétérinaire PEP Prophylaxie Post-exposition PERH Poste d’élevage des ressources animales et halieutiques P&R ONG international preparedness and response PVS Outil d’évaluation des performances des services vétérinaires RSI Règlement sanitaire international Swiss TPH Swiss tropical and public health institute USAID Agence américaine pour le développement international 8 vii 8
RÉSUME EXÉCUTIF Le présent Programme national de lutte intégrée contre la rage dont l’exécution couvrira toute l’étendue du pays se veut être un programme ambitieux et réaliste de 19 milliards sur 12 ans avec pour objectif d’éliminer la rage transmise par les chiens selon l’approche «une seule santé» d’ici 2030. Ce Programme financé par la Côte d’Ivoire et les partenaires au développement a été élaboré selon les directives de la stratégie mondiale pour l’élimination de la rage humaine transmise par les chiens à l’horizon 2030 et grâce aux données du projet Gavi-Rage dans le cadre d’Afrique One-ASPIRE, à la conjugaison des activés menées par les deux ministères en charge de la rage et à l’Approche Raisonnée pour l’élimination de la Rage (Stepwise Approach towards Rabies Elimination: SARE). PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] Il s’inscrit dans les objectifs 1, 2 et 3 du développement durable (ODD), du Plan National de Développement (PND 2016-2020), du Programme de Mise aux Normes des Services Vétérinaires de Côte d’Ivoire (PMNSV-CI 2015-2020) et du Plan d’action national de sécurité sanitaire (PANSS 2018-2020). Les trois objectifs stratégiques du programme sont les suivants: (i) mettre en place un système de gestion intégrée de la rage; (ii) atteindre une couverture vaccinale de 70% de la population canine; et (iii) obtenir zéro décès de rage humaine. Le programme comprend sept composantes: (i) la collecte et analyse des données, (ii) la prévention et le contrôle, (iii) le diagnostic de laboratoire, (iv) la population canine, (v) la communication pour le changement de comportement (CCC), (vi) les problèmes transversaux et (vii) la législation. Ces composantes se déclinent en 40 actions et 124 activités. Le Programme stratégique de lutte intégrée contre la rage est doté pour son fonctionnement de trois organes: (i) le Comité national de pilotage, organe d’orientation stratégique et politique; (ii) l’Unité de coordination; et (iii) l’Unité d’exécution formée de cinq cellules opérationnelles créées par des arrêtés interministériels. La mise en œuvre de cette planification nécessitera une période de 12 ans (2018-2030) suivant trois phases à savoir une phase de préparation sur une période de deux ans (2018-2020), une phase de vaccination à grande échelle sur une période de trois ans (2021-2023) et une phase de maintien de la couverture vaccinale de 70% de la population canine sur toute l’étendue du territoire nationale sur une période de sept ans (2024-2030). Les gages de franc succès de ce programme reposent d’une part sur l’acquisition de financement adéquat et le processus rigoureux de son suivi-évaluation annuel, à mi-parcours et à terme et d’autre part sur six principes directeurs que sont: • L’appropriation du programme stratégique par la Côte d’Ivoire; • Le renforcement de la collaboration intersectorielle selon l’approche «Une seule santé»; • La participation communautaire, un principe qui sous-tend l’idée d’obtenir la collaboration des collectivités, de la société civile et du secteur privé; • La transparence dans la gestion financière, la transmission et le partage des données de surveillance pour une réponse rapide et appropriée; • La disponibilité et l’accessibilité aux vaccins antirabiques humains et animaux et aux Immunoglobulines antirabiques doivent être équitables et gratuits à tous sur toute l’étendue de territoire national; • La coopération transfrontalière pour le renforcement des échanges d’information en temps réel et la coordination des mesures de lutte contre la rage. 1https://rabiesalliance.org/news/editorial-strengthening-stepwise-approach-towards-rabies-elimination-sare ix
I INTRODUCTION Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la rage est une zoonose majeure. En effet, une personne décède de rage toutes les neuf minutes dans le monde. C’est le triste bilan encore constaté aujourd’hui. Chaque année, la rage tue près de 59 000 personnes, majoritairement des enfants dans les pays en développement. Pourtant, elle peut être éliminée. Plus de 95% des cas humains de rage sont dus à des morsures de chiens infectés, et contrairement à de nombreuses autres maladies, nous disposons de tous les outils nécessaires pour l’éliminer. C’est pourquoi, aujourd’hui, chaque mort de plus est une victime de trop. PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] L’ Afrique après l’Asie est le continent qui paie le plus lourd tribu avec près de 24 000 décès par an et environ 40% des cas de décès concernent des enfants de moins de 15 ans qui ont été mordus par des chiens enragés. Dans ces régions, la maladie est liée de manière inextricable à la pauvreté et elle a un impact négatif sur la capacité de ces pays à atteindre les objectifs du développement durable 1 en particulier l’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim (objectif 1 et 2) et l’amélioration de la santé (objectif 3) pour 2030. En décembre 2015, une réunion internationale sur la rage à Genève, en Suisse, a développé un schéma pour l’élimination de la rage humaine transmise par les chiens. La stratégie développée est d’arriver à zéro mort humaine due à la rage transmise par les chiens à l’horizon 2030. En raison d’une insuffisance de sensibilisation des populations et de possibilités de diagnostic, la rage était perçue comme une maladie négligée. A ce titre, elle n’était pas considérée comme une priorité de santé publique malgré son taux de mortalité qui est de 100%. Elle tue en moyenne 18 personnes par an en Côte d’Ivoire, malgré la possibilité de vaccination tant au niveau des humains que des animaux. Pourtant c’est une maladie évitable à 100% à la source par des mesures reposant sur les piliers suivants: (i) rendre accessibles les vaccins et les anticorps destinés à l’être humain; (ii) s’assurer que les personnes mordues soient traitées promptement et; (iii) procéder à la vaccination de masse des chiens pour combattre la maladie à la source. Chaque 28 septembre de l’année, la Côte d’Ivoire célèbre la Journée Mondiale de la lutte contre la Rage. Cette célébration constitue la huitième résolution du réseau panafricain pour le contrôle de la rage dont le 1er congrès s’est tenu du 9 au 11 juin 2015 en Afrique du Sud. En 2016, la rage a fait l’objet de travaux de recherche dans le cadre du Projet Gavi Rage hébergé par le Centre Suisse de Recherche Scientifique en Côte d’Ivoire. Ces travaux ont permis d’établir le poids de la rage, d’estimer l’incidence de morsure, le besoin en prophylaxie post exposition, de mettre en œuvre le test rapide, de tester la voie intradermique en vue de baisser le coût de la prise en charge de la rage. Du 25 au 26 Janvier 2017, la rage a été identifiée comme l’une des zoonoses prioritaires lors de l’atelier de priorisation des zoonoses en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’approche «Une seule santé» avec le soutien des partenaires techniques et financiers (CDC, OMS, USAID, FAO, P&R). 1
L’atelier d’évaluation de la lutte contre la rage tenu du 22 au 25 Mai 2018, a permis à la Côte d’Ivoire d’être à l’étape 2,4 de l’approche raisonnée pour l’élimination de la rage (Stepwise Approach towards Rabies Elimination: SARE2). Cette évaluation qui a combiné les activités des différents secteurs de lutte antirabique et les résultats de recherche du projet Rage Gavi a été possible grâce au soutien des partenaires techniques et financiers (USAID, FAO, GARC, CDC). Au sortir de l’atelier un groupe de 6 experts (Cf annexe 3) tenant compte de l’approche une seule santé a été mis en place pour l’élaboration du Programme National de Lutte Intégrée contre la Rage. Deux ateliers tenus du 6 au 11 août et du 3 au 7 septembre 2018, ont permis la PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] rédaction du présent programme. ©FAO/Marina Méa Les acteurs de la santé animale, humaine et environnementale lors de l’atelier national d’élaboration du plan d’action intégré pour le contrôle de la rage en Côte d’ivoire selon une approche « Une santé », Abidjan, 22-25 mai 2018. 2
II ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE 2-1- Système de santé animale 2-1-1- Organisation administrative Le Système national de santé animale comprend trois niveaux dans sa structuration administrative : PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] Le niveau central avec le Cabinet du ministre, la Direction des services vétérinaires, le Projet d’amélioration de la santé animale et de l’hygiène publique vétérinaire, chargés de la définition de la politique, de l’appui et de la coordination globale en matière de santé publique vétérinaire. Le Laboratoire National d’Appui au développement agricole sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER), vient en appui au MIRAH pour le diagnostic des maladies animales. Ce laboratoire national regroupe en son sein le laboratoire central vétérinaire de Bingerville (LCVB) et deux laboratoires régionaux de Bouaké et de Korhogo qui ont en charge de la santé animale. Le niveau intermédiaire représentant le niveau régional est composé de 20 Directions Régionales qui ont une mission de supervision et de coordination des activités des Directions Départementales pour la mise en œuvre de la politique santé publique vétérinaire. Le niveau périphérique représentant le niveau départemental est composé de 57 directions départementales, 162 postes d’élevage des ressources animales et halieutiques et 14 Postes d’Entrée et d’Inspection en Frontière. Ces structures sont chargées de l’opérationnalisation de la politique de santé publique vétérinaire. Au niveau périphérique 30 vétérinaires installés en clientèle privée bénéficient d’un mandat sanitaire pour la mise en œuvre de vaccination de masse dans le cadre de la lutte contre les maladies prioritaires. Aussi 13 groupements de défense sanitaire (GDS) porcins et 10 GDS avicoles, participent à la surveillance épidémiologique des maladies et contribuent à la lutte contre celle-ci. 2-1-2- Le secteur privé pharmaceutique vétérinaire Ce secteur occupe une place importante dans la distribution des médicaments et produits vétérinaire. Il comprend : - 13 grossistes-répartiteurs qui importent plus de 90% de leurs produits; - 30 cabinets pharmaceutiques privés vétérinaires; 14 3
2-1-3- Système de surveillance en santé animale La Côte d’Ivoire a mis en place le réseau national d’épidémiosurveillance des maladies animales à travers la création d’un système national d’alerte précoce et de prévention des maladies animales3 depuis 2000, grâce au Programme panafricain de contrôle des épizooties (PACE). Le système national d’alerte précoce et de prévention des maladies animales comprend le réseau d’épidémiosurveillance des maladies animales et la cellule technique nationale d’intervention rapide et de prévention. PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] L’objectif général du réseau est de contribuer à l’amélioration de la santé du cheptel sur l’ensemble du territoire national. Plus spécifiquement, il permet de: • Détecter rapidement et de maîtriser les foyers des épizooties sur toute l’étendue du territoire national; • Détecter toute introduction de maladie animale nouvelle; • Déterminer l’importance réelle des maladies animales prioritaires mises sous surveillance en termes de prévalence, d’incidence et de répartition géographique et temporelle; • Mettre à la disposition des décideurs des informations épidémiologiques actualisées pour servir d’aide à la décision. Les affections prioritaires faisant l’objet d’une surveillance sont la peste bovine, la peste porcine africaine, la péripneumonie contagieuse bovine, la peste des petits ruminants, la fièvre aphteuse, la maladie de Newcastle, la rage, le charbon bactéridien arrêté N°001/MIRAH/CAB du 20 février 2015. Le circuit de l’information est décrit selon la figure 1 ci-dessous: 3Arrêtén°113 MINAGRA du 6 septembre 2000 portant création d’un 15 système d’alerte précoce et de prévention des maladies animales 4
Figure 1 : Circuit de l’information Le circuit comporte trois niveaux. Il s’agit du niveau d’information collectée par les agents des postes d’élevage et des ressources halieutiques (PERH) est transmise aux directions départementales (DD) qui l’acheminent à la Direction des Services Vétérinaires (DSV) Directions régionales (DR). Les DR transmettent l’information au Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH) qui informe les partenaires. La retro information suit le circuit inverse4. PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] 2-1-4- Système de santé humaine A l’instar des systèmes de santé des pays africains le système de santé ivoirien est de type pyramidal avec un versant administratif et un versant «offre de soins». Organisation administrative du système Le système national de santé comprend trois niveaux dans sa structuration administrative: Le niveau central avec le Cabinet du Ministre, les directions et services centraux, les programmes de santé sont chargés de la définition de la politique, de l’appui et de la coordination globale de la santé; Le niveau intermédiaire composé de 20 directions régionales de la santé qui ont une mission d’appui aux districts sanitaires pour la mise en œuvre de la politique sanitaire; Le niveau périphérique composé de 86 directions départementales de la santé ou Districts Sanitaires qui sont chargés de coordonner l’action sanitaire dépendant de leur ressort territorial et de fournir un support opérationnel et logistique aux services de santé. Le district sanitaire, unité opérationnelle du système de santé est subdivisé en aires sanitaires. Organisation de l’offre de soins en Côte d’Ivoire Le système de santé ivoirien est dominé par un secteur public prépondérant et un secteur privé en plein essor, à côté desquels existe la médecine traditionnelle. Secteur public Les structures publiques de soins sont organisées en trois niveaux: le niveau primaire ou périphérique est représenté par 1 967 Etablissements Sanitaires de Premiers Contacts (ESPC), dont 1 237 centres de santé ruraux, 514 centres de santé urbains dont 25 à base communautaires, 127 centres de santé urbains spécialisés, 32 formations sanitaires urbaines dont 15 à base communautaire; (à actualiser voir DIEM); 4Rapport d’évaluation interne RSI/GHSA Côte d’Ivoire, novembre 2016 5
le niveau secondaire est constitué des établissements sanitaires de recours pour la première référence, composé de 68 hôpitaux généraux, 17 centres hospitaliers régionaux, 2 centres hospitaliers spécialisés (Hôpitaux psychiatriques de Bingerville et de Bouaké); le niveau tertiaire comprend les établissements sanitaires de recours pour la deuxième référence, est essentiellement composé d’Établissements publics nationaux (EPN) avec 4 Centres hospitaliers universitaires, 5 Instituts nationaux spécialisés: Institut national de santé publique (INSP), Institut national d’hygiène publique (INHP), Institut Raoul Follereau (IRF), Institut Pierre Richet (IPR), Institut de cardiologie d’Abidjan (ICA). On note en outre quatre autres établissements publics nationaux d’appui: Centre PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] national de transfusion sanguine (CNTS), Laboratoire national de santé publique (LNSP), Nouvelle pharmacie de la santé publique (NPSP), Service d’aide médicale d’urgence (SAMU). Par ailleurs, d’autres Ministères tels que ceux en charge de la Défense, de l’Économie et des Finances, de la Fonction publique et de la Réforme administrative, de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, de l’Éducation nationale et de l’Intérieur participent à l’offre de soins à travers leurs infrastructures sanitaires. Malgré cet important dispositif de soins, il persiste des zones de silence sanitaire. Selon le RASS 2015, plus de 29% de la population vie à plus de 5 km d’un établissement de santé. Secteur privé Le secteur sanitaire privé s’est développé ces dernières années avec l’émergence d’établissements sanitaires privés de toutes classes et de toutes catégories (polycliniques, cliniques, centres et cabinets médicaux, officines de pharmacie, infirmeries privées) s’insérant parfaitement dans les différents niveaux de la pyramide sanitaire. Il est essentiellement présent dans les grandes agglomérations ou les pôles économiques. En 2011, le pays comptait pour ce secteur, 2 036 établissements privés; Le secteur privé confessionnel, les associations et les organisations à base communautaire (ABC/OBC) participent également à l’offre de soins surtout au niveau primaire, avec 49 établissements sanitaires; Le secteur pharmaceutique privé occupait en 2014 une place prépondérante dans le système de santé et couvrait entre 80 et 90% de l’offre en médicament. Ce secteur pharmaceutique privé comprend essentiellement: - quatre grossistes-répartiteurs (UBIPHARM, COPHARMED, DPCI et TEDIS PHARMA CI) qui importent plus de 90% de leurs produits; - mille cent officines privées de pharmacie; - huit unités de production de médicaments, dont quatre en activité produisant 6% du marché pharmaceutique national. 17 6
Médecine traditionnelle Le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique (MSHP) a mis en application les recommandations de l’OMS, en intégrant la médecine traditionnelle au niveau de ses priorités comme une alternative aux besoins en santé de la population pour améliorer la couverture sanitaire et réduire les disparités et inégalités en matière d’accès des populations à des soins de qualité. L’exercice et l’organisation de la médecine et la pharmacopée traditionnelles sont réglementés par la Loi n°2015-536 du 20 juillet 2015 et le Décret n°2016-24 du 27 janvier 2016 portant Code d’Ethique et de Déontologie des praticiens de médecine et pharmacopée traditionnelles. Ce secteur compte plus de 8 500 praticiens de médecine traditionnelle (PMT) recensés PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] par le Programme national de promotion de la médecine traditionnelle (PNPMT), organisés en associations nationales, fédérations. Leur capacités ont été renforcées en anatomie, hygiène conventionnelle, techniques de collecte et de conservation durable des plantes médicinales, maladies et programmes etc. Plusieurs activités de recherche et développement ont été réalisées et ont abouti à titre d’exemple à l’obtention d’autorisations de commercialisation délivrées pour les Médicaments traditionnels améliorés (MTA) (Dartran®, Dimitana® et Baume ALAFIA®). Par ailleurs, l’on note l’ouverture en septembre 2014 d’une Unité de Médecine Traditionnelle (MT) au CHU de Treichville dans le cadre d’un projet pilote. Surveillance en santé humaine La surveillance des maladies à base des indicateurs en Côte d’Ivoire se fait à travers la mise en œuvre de la surveillance de la maladie et de la riposte (SIMR). Les maladies, affections et événements prioritaires dans la mise en œuvre de la SIMR sont précisés dans le tableau 1. 7
Tableau 1: Maladies, affections, et événements prioritaires SIMR Maladies ciblées D’autres maladies majeures, Maladies à potentiel pour l’élimination ou événements ou affections épidémique l’éradication d’importance pour la santé publique Anthrax Ulcère de Buruli Hépatite virale aiguë Chikungunya Dracunculose Événements indésirables suivant Choléra Lèpre une vaccination (MAPI) Dengue Filariose lymphatique Diabète sucré Diarrhée sanglante (Shigella) Tétanos néonatal Diarrhée avec déshydratation chez Rougeole Noma les enfants de moins de 5 ans PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] Méningite à méningocoque Onchocercose VIH/sida (nouveaux cas) Peste Poliomyélite Hypertension Infection respiratoire aiguë Blessures (tenir compte des sévère (SARI) ** accidents de la route) Fièvre jaune Paludisme Maladie a virus Ebola Malnutrition chez les enfants de Autres fièvres moins de 5 ans hémorragiques virales* Décès maternels Santé mentale (par ex., épilepsie) *fièvre de Marburg, de la Rage vallée du Rift, de Lassa, de Pneumonie sévère chez les Crimée-Congo,ou du Nil enfants de moins de 5 ans occidental Infections sexuellement transmissibles **Les programmes Trachome nationaux peuvent ajouter Trypanosomiase les syndromes grippaux Tuberculose à leur liste de maladies prioritaires Maladies ou événements de portée internationale Grippe humaine due à un nouveau sous-type Syndrome de détresse respiratoire aiguë (SRAS) Variole Tout événement de santé publique de portée internationale ou nationale (maladies infectieuses, zoonotiques, d’origine alimentaire, chimique, liées aux radiations, ou dues à des causes inconnues). Source : Surveillance intégrée des maladies et réponse, juillet 2011 Le pays dispose d’un système de notification électronique fonctionnel en vue de faciliter la notification des maladies à déclaration obligatoire en temps réel à travers la mise à disposition des outils de collecte des informations, de Smartphones dans tous les districts et régions sanitaires, l’utilisation du logiciel District health information software (DHIS2) trackers et l’existence du19site web-Advanced Mobile data messaging and visualization (MAGPI). 8
PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] Figure 2 : Rétro-information L’information sanitaire issue de la communauté arrive aux hôpitaux et aux centres de santé. Ceux-ci la transmettent au district sanitaire qui à son tour l’achemine à la direction régionale. A partir de la direction régionale, l’information est transmise à l’Institut national d’hygiène publique (INHP), à la Direction de Coordination du Programme élargi de vaccination (DCPEV) et aux autres programmes de santé qui la transmettent à la Direction de la planification, de la prospective, de l’évaluation et de l’information stratégique (DPPEIS). La DPPEIS transmet l’information au cabinet qui la partage avec les partenaires. La retro-information part de l’INHP, de la DCPEV et des autres programmes de santé et arrive au district qui la transmet aux hôpitaux et aux centres de santé5. 2-2- Zoonoses prioritaires Dans le cadre du Programme d’action pour la sécurité sanitaire mondiale (GHSA pour ses initiales en anglais) et la mise en œuvre des recommandations du Règlement Sanitaire International (RSI-2005) et de l’évaluation des Performances des Services Vétérinaires (PVS), la Côte d’Ivoire a organisé un atelier multisectoriel de priorisation des maladies zoonotiques avec l’appui des partenaires au développement du 25 au 26 janvier 2017. L’objectif de cet atelier selon l’approche «Une seule santé» était d’identifier les maladies zoonotiques les plus préoccupantes à l’échelle nationale pour la Côte d’Ivoire. Cinq maladies zoonotiques/groupes de maladies ont été identifiés comme prioritaires (l’aide d’un outil de sélection semi-quantitatif, l’outil de priorisation des maladies zoonotiques One Health, élaboré par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis (Rist, 2014; CDC OHZDP Overview, 2016) (Tableau 2). 5Rapport d’évaluation interne RSI/GHSA Côte d’Ivoire, novembre 2016 9
Tableau 2: Maladies zoonotiques définitives choisies pendant l’atelier One Health de priorisation des maladies zoonotiques en Côte d’Ivoire, 2017. Agent Charge de Charge de Traitement et Maladie responsable morbidité humaine morbidité animale mesures préventives La prévalence générale Les chiffres exacts Un traitement de la tuberculose sont inconnus, mais efficace existe est de 159/100 000 les bovins sont le pour les êtres personnes (OMS, principal réservoir humains. La 2015). L’espèce M. de M. bovis. La vaccination n’est PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] bovis en Afrique prévalence de M. pas largement Tuberculoses Bactéries représente entre 0 et tuberculosis chez utilisée chez les 37%de tous les cas de les animaux est animaux, mais des tuberculose (Muller, inconnue. vaccins candidats 2013). Prévalence de sont en cours 4% sur les bovins d’élaboration (OIE). (abattoir Port Bouet 2008 FAO-CI). Prévalence humaine Prévalence de 4,8% Il existe un vaccin de 5,3%signalée dans chez les troupeaux vétérinaire et un le nord de la Côte de bovins signalée traitement humain d’Ivoire (Kanoute, dans le nord de efficaces. 2016). Des études la Côte d’Ivoire Brucelloses Bactéries régionales suggèrent (Kanoute, 2016). que les éleveurs avec une haute exposition au bétail peuvent courir un risque plus élevé (Dean, 2013). Environ 10 000 Les chiffres exacts Il existe un personnes mordues sont inconnus, mais vaccin vétérinaire et griffées par les on estime que 90% efficace. Les chiens (97%) avec 18 des cas humains traitements post- décès en moyenne proviennent de morsure pour Rage Virus chaque année (Bilan l’exposition à une les humains sont surveillance médicale morsure de chien. très efficaces. rage CI). Une fois que les symptômes se déclarent, tous les patients décèdent. 21 10
Agent Charge de Charge de Traitement et Maladie responsable morbidité humaine morbidité animale mesures préventives Épidémies régionales Signalement de Il n’y a pas de importantes parmi les maladies chez les vaccins vétérinaires humains. animaux sauvages actuellement. Il (Formenty, 1999). existe des vaccins humains pour Fièvres certaines fièvres hémorragiques Virus hémorragiques PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] virales virales. Le traitement pour l’être humain se résume à des soins de soutien (OMS, Ebola). Les chiffres exacts Épidémies de fièvre Il existe des pour les arbovirus sont de la vallée du vaccins efficaces inconnus. Cependant, Rift parmi le bétail pour certains le virus de la fièvre dans toute l’Afrique arbovirus, mais jaune et le virus de subsaharienne. pas pour d’autres. Arboviroses Virus la dengue ont été Le traitement documentés chez des pour l’être humain êtres humains en Côte se résume d’Ivoire. essentiellement à des soins de soutien. Aucun cas humain Des épidémies de Il n’existe pas de Grippe Aviaire documenté de grippe grippe aviaire parmi vaccin vétérinaire. Hautement aviaire, de syndrome les volailles ont La grippe aviaire Pathogénique, respiratoire aigu ou de été signalées en fait l’objet d’un syndrome syndrome respiratoire Côte d’Ivoire ces traitement à respiratoire du Moyen-Orient en dernières années l’oseltamivir et aigu (SARS- Virus Côte d’Ivoire. (Asante, 2015). d’un traitement COV) et de soutien. Les syndrome virus MERS et respiratoire du SARS font l’objet Moyen-Orient d’un traitement de (MERS-CoV) soutien. Source: Rapport de Priorisation One Health Des Maladies Zoonotiques Pour Un Engagement Multisectoriel Côte d’Ivoire 11
2-3- Rage en Côte d’Ivoire Le contrôle de la rage transmise par les chiens est géré principale par deux ministères : - Le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique à travers l’Institut nationale de l’hygiène publique (INHP); - Le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH) à travers la Direction des services vétérinaires (DSV); - D’autres institutions notamment l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire (IPCI) et le Laboratoire national d’appui au développement agricole (LANADA) en Côte d’Ivoire interviennent respectivement dans l’analyse des échantillons PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] humains et animaux pour la confirmation des cas au laboratoire. 2-3-1- Rage animale Le MIRAH intervient à travers 20 Directions régionales et 57 Directions départementales. Ces structures sont chargées d’assurer les activités de santé publique vétérinaire sur l’ensemble du territoire Ivoirien. Il s’agit essentiellement de la vaccination des animaux, la mise sous surveillance des chiens mordeurs, et le prélèvement et transfert d’échantillons issus d’animaux suspects de rage au LANADA. Le MIRAH dispose également d’un centre antirabique vétérinaire qui a deux missions principales qui sont la surveillance des animaux mordeurs et l’analyse des informations relatives aux cas de rage. En outre, les vétérinaires installés en clientèle privée procèdent à des mises sous surveillance de chiens mordeurs. La coordination de ces structures se fait au niveau de la DSV qui est aussi chargée de la gestion des données zoosanitaires et la mise en œuvre de la politique de lutte contre la rage. Situation de la rage animale de 2014 à 2017 Selon la Direction des Services Vétérinaires environ 37 cas confirmés de rage animale ont été enregistrés en Côte d’Ivoire avec plus de 90 %des cas de rage canine (rapports sanitaires annuels DSV, 2014-2017). La répartition des cas durant ces quatre années montre une prédominance de la rage animale au Sud-ouest et au centre du pays (Cf figure 3). 0 cas 1 cas 2 cas 5 cas 23 6 à 7 cas 12
Figure 3: Répartition des cas de rage animale de 2014 à 2017 en Côte d’Ivoire Au premier semestre 2018, sur dix cas suspects, sept cas de rage canine ont été confirmés. Au regard de la situation épidémiologique de la rage animale, il est important de souligner que le faible taux de rapportage des cas d’animaux enragés pourrait être lié à l’abattage systématique des animaux mordeurs par la population, à l’insuffisance de sensibilisation et à la faible implication des collectivités territoriales et communautés. Cela constitue des limites du système de surveillance. PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] 2-3-2- Rage humaine Le MSHP intervient à travers l’INHP pour effectuer la prise en charge des personnes exposées et de la coordination du volet humain en matière de surveillance épidémiolo- gique de la rage en Côte d’Ivoire. Pour se faire, la structure est organisée en 30 centres antirabiques dont quatre à Abidjan et 26 à l’intérieur du pays. Ces centres sont implantés dans 30 districts sanitaires sur les 86 districts que comporte la Côte d’Ivoire. Depuis janvier 2013, vingt et une unités de vaccination antirabique ont été installées dans 21 autres districts sanitaires n’ayant pas en leur sein une antenne de l’INHP. Un système de notification des données permet à l’unité centrale de coordination de cette surveillance d’obtenir de façon hebdomadaire des informations en matière d’exposition et de décès éventuels liés à la rage dans tous ces centres. Le renforcement de capacité des agents en matière de diagnostic et prise en charge a permis depuis 2014 de réaliser des prélèvements chez des malades suspects de rage. Ces échantillons sont acheminés à l’IPCI pour la confirmation des cas humains. Situation de la rage humaine de 2013 à 2017 Selon l’Institut National de l’Hygiène Publique environ 11 000 personnes sont exposées au risque rabique chaque année dont les enfants constituent la couche la plus touchée. En moyenne, 50% des décès concernent les enfants de moins de 15 ans. Ces pertes en vie humaine proviennent dans 60% des cas de la zone rurale (rapports sanitaires annuels INHP 2013-2017). 89 décès liés à la rage sont enregistrés dans l’ensemble des districts sanitaires du pays dont 41 cas confirmés. L’analyse de la situation durant ces dernières années montre une prédominance de la rage humaine au au Sud-ouest de la Côte d’Ivoire (Cf figure 4). 0 décès 1 décès 2 décès 3 décès 4 -8 décès 13
Figure 4: Répartition des cas de rage humaine de 2013 à 2017 en Côte d’Ivoire De janvier à novembre 2018, 23 décès ont été enregistrés dans l’ensemble des districts sanitaires du pays dont 14 cas confirmés par l’IPCI. Le faible taux de rapportage des cas de rage humaine serait lié au taux élevé de perdus de vue, à l’ignorance et à la méconnaissance de la maladie par la population, à la mauvaise perception du risque lié à la rage, à l’insuffisance de sensibilisation, à la faible implication des collectivités et communautés. PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LA RAGE EN CÔTE D’IVOIRE [2018-2030] 2-3-3- Activités menées Une évaluation du système de surveillance de la lutte contre la rage a été réalisée en 2016 à l’aide de l’outil SARE (Stepwise approach towards rabies elimination: SARE). C’est un outil pratique de planification, de suivi, d’évaluation pour guider, et développer et affiner les programmes de contrôle de la rage. Il fournit des étapes concrètes et accessibles pour le contrôle de la rage transmise par les chiens. L’outil SARE fournit une feuille de validation de résultats sous Excel avec des étapes mesurables, conçu comme une suite logique d’activités, progressant de l’étape 0 à l’étape 5 vers l’élimination de la rage (Cf annexe SARE). Cette évaluation a permis de montrer que la Côte d’Ivoire était à l’étape 1 qui comprend des activités permettant de jeter les bases de l’élaboration d’une stratégie et d’un programme national de prévention et de contrôle de la rage. En règle générale, les fonds alloués à la lutte contre la rage sont inexistants ou limités. En 2018, une deuxième évaluation réalisée à l’aide de l’outil SARE a permis de montrer que la Côte d’Ivoire se trouve à l’étape 2,4 grâce aux résultats du projet GAVI rage fournis par le Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire à travers le consortium Afrique One-ASPIRE. L’étape 2 de l’outil SARE concerne la mise en œuvre des mesures de contrôle de la rage dans des régions pilotes, des régions à risque ou dans l’ensemble du pays. En s’appuyant sur un plan d’action à court terme, à mi-parcours, l’effort porte sur le développement de capacités requises, l’élaboration de SOPs et de protocoles. La stratégie doit reposer sur l’amélioration des connaissances épidémiologiques et le paysage institutionnel. En effet le projet GAVI rage réalisé dans deux sites pilotes (Bouaké et San-Pédro) a permis de collecter des données épidémiologiques sur une période de deux ans (2016-2018). Ce projet financé par la fondation GAVI (Global Alliance for Vaccines and Immunization), a été hébergé par le Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS). Cette étude avait pour objectifs de: (i) établir l’incidence de l’exposition à la rage, l’impact de la mortalité due à la rage et ses facteurs de risque; (ii) établir les facteurs de risque d’exposition liés à la rage et les niveaux actuels de couverture de la Prophylaxie post- exposition (PPE), de la conformité, du coût actuel de la vaccination, des sources de financement et des demandes non satisfaites et (iii) évaluer l’impact de santé du PPE en ce qui concerne la synchronisation et le nombre de doses reçues. La mise en œuvre du projet a été faite par une équipe intersectorielle constituée du Projet d’Amélioration de la Santé Animale (DSV/PASA-HPV), du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques, du Centre Suisse de recherches scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), de l’Institut 14
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