PRIX COLLÉGIEN 2019-2020 - DOSSIER DE MÉDIATION - BD COLOMIERS
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LE LANGAGE DE LA BD Bande dessinée Suite de dessins qui raconte une même histoire ou présente un même personnage (Déf. Robert) Récit en images publié en feuilleton de presse ou en albums. (Déf. Larousse) Vignette ou case Image généralement cernée d’un trait et faisant partie d’une planche. La vignette est l’unité minimale de la BD et la base de son langage. Bulle ou phylactère ou ballon Espace délimité par un trait qui renferme les paroles que prononcent les personnages. Espace réservé au texte à l’intérieur de la case. Planche Nom donné à une page BD. Ensemble de vignettes figurant sur la même page. Planche originale Feuille sur laquelle a travaillé le dessinateur. Dessin définitif d’une page de BD à un format presque toujours plus grand que la parution. Espace intercase ou gouttière Espace entre les cases. Récitant ou narrateur Espace encadré accueillant un commentaire sur l’action ou l’intervention du narrateur. Strip ou bande Bande horizontale composée d’une ou plusieurs vignettes. Le strip peut être autonome ou composé un étage de la planche. Ensemble de vignettes figurant sur une même ligne horizontale. Une planche classique est composée de trois ou quatre strips. Mise en page ou découpage Organisation des vignettes sur la surface de la planche. Onomatopée Mot dont le son imite celui de l’objet qu’il représente. Assemblage de lettres imitant un son, un bruit. Idéogramme Signe représentant une idée. L’idéogramme peut se présenter sous forme de dessins ou de lettres. Ex : un nuage transpercé par un éclair pour exprimer la colère, un coeur brisé pour exprimer le chagrin... Synopsis Premier récit qui définit brièvement les personnages, le lieu, l’époque et le fil conducteur de l’histoire. Crayonné Etat de la planche avant encrage. Le dessinateur exécute d’abord ses dessins au crayon, puis il les repasse à l’encre de Chine. Brouillon détaillé de la page, bien souvent sur la planche originale. 5
Lettrage Forme de lettres composant le texte placé dans les bulles ou le récitant. Mise au net manuelle du texte et des onomatopées. Lettreur Personnage qui réalise le lettrage, veille à ce que le texte ne couvre pas l’image et reste visible. Encrage ou mise à l’encre Reprise à l’encre de Chine du dessin crayonné. Encreur Personne qui cerne les traits du crayonné à l’encre de Chine. Scénariste Personne qui imagine l’histoire et fournit au dessinateur le découpage ainsi que les dialogues. Le dessinateur peut aussi être son propre scénariste. Coloriste Assistant spécialisé dans la couleur. Attention de plus en plus on voit apparaît un travail de coloriste réalisé par un studio graphique par infographie. Cadrage Choix d’un angle de vue et du plan définissant la grosseur du sujet dans la case (gros plan, plan moyen, vue en plongée, contre-plongée…). Série Ensemble de bandes dessinées qui ont pour héros le ou les même(s) personnage(s). Collection Ensemble de bandes dessinées ou de séries BD réunies sous un même titre de collection et qui présente la même maquette. One shot Histoire se déroulant en un seul album. Pas de suite : le one shot est l’opposé de la série. Roman graphique (de l'anglais graphic novel) Le format BD du roman graphique comprend un grand nombre de pages, souvent plus d'une centaine. Le terme est employé dans un sens large, englobant les œuvres non romanesques et les histoires courtes liées par la même thématique, ainsi que des récits de fiction à travers un certain nombre de genres. Fanzine Contraction de « fanatic » et « magazine ». Journal publié par des amateurs réalisé bénévolement sans véritable périodicité et à faible diffusion. BD franco-belge 48CC Dans le jargon de l'édition, 48CC désigne une bande dessinée de tradition franco-belge, de 48 pages, en format A4, cartonnée et en couleur. Fumetti Nom donné à la BD italienne. Comics Nom donné à la BD anglo-saxonne mais principalement de production américaine (notamment super-héros). 6
Manfra Contraction de « manga » et « français ». BD format 48CC fortement inspiré du graphisme manga mais aussi BD format manga réalisée par des dessinateurs français. Manga Nom donné à la BD japonaise. Mangaka Dessinateur japonais. Shonen Signifie « jeune garçon » et désigne un manga dont le public visé est plutôt masculin. Action, combat, sport sont les domaines les plus courants. Shojo Signifie « jeune fille » et désigne un manga généralement romantique dont le public visé est essentiellement féminin. Manhwa Nom donné à la BD coréenne. Manhua Nom donné à la BD chinoise. Ellipse Procédé grammatical qui consiste à omettre un ou plusieurs éléments en principe nécessaires à la compréhension du texte, pour produire un effet de raccourci. Elle oblige le récepteur à rétablir mentalement ce que l’auteur passe sous silence. La brachylogie est une variante brève de l'ellipse. Une « ellipse narrative » consiste à passer sous silence une période de temps, c'est-à-dire à ne pas en raconter les événements. Il s'agit donc d'une accélération du récit. Dans son incontournable ouvrage sur la bande dessinée « L'art invisible » Scott Mac Cloud attire notre attention sur ce mécanisme : « Les cases d'une bande dessinée fragmentent à la fois l'espace et le temps, proposant sur un rythme haché des instants qui ne sont pas enchaînés. Mais notre sens de l'ellipse nous permet de relier ces instants et de construire mentalement une réalité globale et continue. » Caricature Représentation grotesque, en dessin, en peinture, etc., obtenue par l'exagération et la déformation des traits caractéristiques du visage ou des proportions du corps, dans une intention satirique. (Déf. Larousse) Art séquentiel Eisner le défini ainsi : « Il allie mots et images dans le but de raconter une histoire ou de dramatiser une idée. Il est à la fois un moyen d’expression créatif, une discipline distincte, un art et une forme littéraire ». L’expression d’art séquentiel a été créée et définie par Will Eisner dans son livre « La bande dessinée, art séquentiel » (1985). 7
ÉLéMENTS D'ANALYSE 1- PRéSENTATION D’INTRODUCTION LE TITRE Le titre de la bande dessinée , que nous révèle-t-il ? Le titre de la série, tomaison de l’album par rapport à la série. Le nom du personnage principal apparaît-il ? LES AUTEURS Présenter les personnes qui participent à l’élaboration de la bande dessinée : Scénariste, dessinateur, coloriste, encreur, lettreur, adaptateur, auteur adapté… éDITEUR ET COLLECTION Dépôt légal, 1ère édition ou réédition FORME DE PUBLICATION 1 - One shot 2 - Série (gag d’une ou plusieurs planches, strip, histoire entière, histoire à suivre...) Couverture + page de garde 2- TEXTE DANS LA BANDE DESSINÉE LE RéCITANT Quelles sont ses caractéristiques ? Forme, couleur, typographie... Quel est le temps employé ? (passé, futur, présent...) LE DIALOGUE Le vocabulaire est-il différent suivant les personnages ? Que nous apprennent les dialogues des héros ou des personnages secondaires ? (caractère, niveau social, âge, métier…) Par quel(s) adjectif(s) caractériseriez-vous le langage utilisé dans cette bande dessinée ? (précieux, humoristique, dit historique, argotique, pseudo-intellectuel, branché…) LES ONOMATOPéES Quels types de sons représentent-ils ? Quel lien avec le scénario ? Quand apparaissent-ils ? LA TYPOGRAPHIE Le texte est-il écrit à la main ou dactylographié ? Est-il lisible ? Quelle est sa couleur, son épaisseur... ? 3– LE GRAPHISME LE DESSIN Quelle(s) technique(s) est (sont) utilisée(s) dans cette bande dessinée ? Encre de chine, gouache, crayons pastel, aquarelle, encre, collage, infographie... Le dessinateur joue-t-il sur les dessins : trait, point... ? LA COULEUR Quelle(s) couleur(s) est (sont) utilisée(s) dans cette bande dessinée ? Noir et blanc, noir et blanc + effet de gris, une couleur + noir et/ou blanc, deux ou trois couleurs dominantes, quadrichromie avec ou sans nuances ? La couleur a-t-elle une fonction symbolique dans la BD ? La représentation des personnages et des objets est-elle plutôt réaliste, fantastique, stylisée... ? 9
LES BULLES Comment sont-elles représentées ? Formes, couleurs, typographie,…leur signification ? Quel espace occupent-elles par rapport à l’illustration ? LES IDÉOGRAMMES Sont-ils nombreux ? Que signifient-ils ? 4- LE RYTHME DANS LA BANDE DESSINéE LE RYTHME GRAPHIQUE Quelles techniques cinématographiques le dessinateur utilise-t-il le plus souvent ? Plan panoramique, plan moyen, plan américain, plan rapproché, gros plan, très gros plan, vue en plongée, vue en contre-plongée, fondu enchaîné, champ-contre-champ. LE RYTHME DU TEMPS Comment se déroule la succession des vignettes dans une même planche ? Mise en page conventionnelle, mise en page décorative, mise en page rhétorique. 5- COHéRENCE DU RéCIT COMPRÉHENSION L’histoire est-elle facile à comprendre ? Quel genre de récit développe cette BD ? Policier, science-fiction, espionnage, fantastique, humour, satire intellectuelle, historique, héroïc fantasy, chroniques sociales, historique... Quelle est son originalité par rapport à des BD de même genre ? S’il s’agit d'une BD historique : L’auteur s’est-il documenté ? Y-a-t-il des anachronismes, des invraisemblances ? LES PERSONNAGES Les personnages sont-ils nombreux ? Le héros a-t-il un ou des faire-valoir(s) ? Les héros sont-ils stéréotypés ? Dans quel univers évoluent les personnages ? Réaliste, fictif, caricaturé, humoristique, exotique, historique, fantastique... REPèRES TEMPORELS Le récit est-il situé dans l’espace et le temps ? Où, quand, durée du récit. Les détails sont-ils abondants ? Si oui pourquoi ? SIGNIFICATION Si des animaux sont mis en scène, y a-t-il anthropomorphisme ? Quel rôle jouent-ils ? Y-a-t-il des manifestations de racisme, sexisme ou des intentions politiques ? Les héroïnes dans la BD : ont-elles un rôle important ? Quelle image de la femme renvoient-elles ? 10
La sélection 2019-2020
à TRAVERS Thomas Haugomat (Thierry Magnier) p.17 HAÏKUS DE SIBÉRIE Jurga Vilé et Lina Itagaki (Sarbacane) p.21 LA LIGUE DES SUPER FÉMINISTES Mirion Malle (La ville brûle) p.27 LE FILS DE L'URSARI Xavier-Laurent Petit et Cyrille Pomès (Rue de Sèvres) p.31 MIMOSA : LES CHOSES CHANGENT... C'EST ÉNERVANT Catmalou et Edith (Soleil) p.35 Noire : la vie méconnue de Claudette Colvin Émilie Plateau (Dargaud) p.39 Les trois chiens Samuel Daveti et Laura Camelli (Sarbacane) p.43 Sabre Eric Feres (Dargaud) p.47 Le Cid en 4ème B Véropée (La boîte à bulles) p.51 Yasmina et les mangeurs de patates Wauter Mannaert (Dargaud) p.55 13
COMPÉTENCES TRAVAILLÉES Compétences d’éducation artistique et culturelle mises en œuvre dans le cadre du Parcours d'éducation Artistique et Culturelle de l'élève (PEAC) Fréquenter - Cultiver sa sensibilité, sa curiosité et son plaisir à rencontrer des œuvres - échanger avec un artiste, un créateur ou un professionnel de l'art et de la culture - Appréhender des œuvres et des productions artistiques Pratiquer - Utiliser des techniques d'expression artistique adaptées à une production S’approprier - Exprimer une émotion esthétique et un jugement critique - Utiliser un vocabulaire approprié à chaque domaine artistique ou culturel - Mettre en relation différents champs de connaissances - Mobiliser ses savoirs et ses expériences au service de la compréhension de l'œuvre Objectifs interdisciplinaires mobilisés COMPRENDRE ET S'EXPRIMER À L'ORAL - S'exprimer de façon maîtrisée en s'adressant à un auditoire - Participer de façon constructive à des échanges oraux - Exploiter les ressources expressives et créatives de la parole LIRE - Contrôler sa compréhension, devenir lecteur autonome COMPRENDRE LE FONCTIONNEMENT DE LA LANGUE - Enrichir et structurer le lexique ACQUÉRIR DES ÉLÉMENTS DE CULTURE LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE - Mobiliser des références culturelles pour interpréter les textes et les créations artistiques et littéraires - Enrichir son expression personnelle - Établir des liens entre des créations littéraires et artistiques issues de cultures et d'époques diverses 15
APPORT ENJEUX THÉMATIQUES INTERDISCIPLI- littéraires ABORDÉES NAIRE La conquête spatiale à TRAVERS Regarder le monde Le point de vue SVT Se construire Histoire Les âges de la vie Histoire de la Lituanie HAÏKUS DE Vivre en société Culture et Humanité Histoire SIBÉRIE Participer à la société L'autobiographie Français Le récit épistolaire Féminisme LA LIGUE DES Vivre en société Relation SUPER Participer à la société hommes-femmes EMC FÉMINISTES Se chercher Esprit critique, Français Se constuire analyse d'œuvre L'immigration et l'exil LE FILS DE Regarder le monde L'exploitation de EMC L'URSARI Vivre en société l'homme par l'homme Histoire Se construire L'adaptation littéraire Français MIMOSA : LES Vivre en société La relation à autrui CHOSES Se chercher Le comique Français CHANGENT... Se construire L'adolescence Arts plastiques C'EST ÉNERVANT Noire : la vie Regarder le monde Les droits civiques méconnue de Histoire Vivre en société Le racisme Claudette Français Inventer le monde L'adaptation littéraire Colvin Le conte LES TROIS Se chercher émancipation de la Français CHIENS Se construire femme EMC Adaptation littéraire Le récit muet Français SABRE Inventer le monde La préhistoire Arts plastiques La différence Réception d'une oeuvre Vivre en société LE CID EN 4èME B Se chercher La place du lecteur Français L'humour et le langage YASMINA ET LES Regarder le monde Industrie agro-alimentaire MANGEURS DE Vivre en société Le lobbysme Géographie PATATES Participer à la société L'écologie SVT 16
à travers Scénario éditeur date de & dessin thierry publication TOM HAUGOMAT magnier SEPTEMBRE 2018 17
L’HISTOIRE La vie d'un cosmonaute défile depuis sa naissance jusqu'à sa mort dans cet album contemplatif et muet. En jeu de regards, les doubles pages montrent en vis-à-vis ce qu'il vit et ce qu'il voit, à travers une loupe, une fenêtre ou encore la fente d'un nuage. L'impression en quadrichromie sublime les perspectives d'une existence tournée vers les étoiles. Un livre graphique à la beauté éblouissante. L'AUTEUR Tom Haugomat est né à Paris en 1985, il s’est rapidement intéressé au dessin et à son potentiel narratif. Il se découvre une passion pour l’image en mouvement à l’école des Gobelins en section « Conception et réalisation de films d’animation ». Il y rencontre également Bruno Mangyoku, avec qui il travaille sur le projet de court-métrage Jean-François (Arte, 2009). À travers est son second album aux Éditions Thierry Magnier, après Hors-pistes où il avait illustré le texte de Maylis de Kerangal. Il travaille essentiellement pour la presse (Dada, Portrait, Transfuge, et à l’étranger pour The New Republic). Il a récemment collaboré à la revue Citrus, publiée par L’Agrume. AVIS / CRITIQUES De la naissance à la mort, À travers raconte le destin hors du commun et somme toute profondément ordinaire d’un passionné d’espace devenu astronaute. Dans ce livre, le parti pris repose sur un procédé narratif inédit : raconter l’entièreté d’une vie humaine en dessinant une double page par année d’existence. Pour ce faire, l’auteur utilise une collection de diptyques muets en regard, ne donnant que deux indications lacunaires : une date, un lieu. Chacune de ces doubles pages fonctionne sur le même principe : à gauche, une vision extérieure de la vie du héros, à droite, la vision du personnage, comme si l’on voyait à travers son propre regard. Parfois entrecoupés d’illustrations pleine page de toute beauté, ces instants dressent un portrait simple, subtil, sans esbroufe et sans jugement. Comme s’ils étaient observés dans des jumelles : objectif et silencieux. Le dessin numérique joue à l’économie de moyen, mais étonne par son rendu graphique et son pouvoir évocateur. Les images se répondent, s’entrechoquent et se subliment pour donner une profondeur surprenante à cette histoire. Avec une trichromie travaillée en aplats et sans encrage, les illustrations de Tom Haugomat sont délectables. [...] Il n’a beau avoir que 33 ans, mais il signe là une sorte d’entre-deux réjouissant entre Chris Ware et Jon McNaught. Le récit donne un vrai travail au lecteur qui pourra souvent laisser libre cours à sa libre interprétation. Tout à la fois spectateur et acteur du récit, il lui appartiendra de combler les vides et construire sa propre histoire en creux. Cette ouverture narrative est d’autant plus effective que Tom Haugomat laisse ses personnages sans visages, leur en conférant dès lors une multitude. Sensible, émouvant, plein de charme et malin, ce one shot fait passer par une palette de ressentis à dominance mélancolique et continue à vivre en nous une fois refermé. À la fois simple dans son concept, unique dans sa mise en pratique et universel de par son propos, cet exercice de style rappelle l’approche singulière d’Ici de Richard McGuire et se place directement parmi les plus belles histoires dessinées de l’année. Rémi I. pour BoDoi.info 18
Il faut oser ouvrir ce livre et s'y plonger. À première vue, cela ressemble à une bande dessinée expérimentale, réservée à un public averti. Mais c'est tout le contraire que propose À travers. C'est l'histoire d'une vie et celle d'une époque, une histoire accessible à tous car sans paroles, une histoire universelle qui deviendra celle du lecteur [...] Ce livre nous convie à un beau voyage rythmé par les cycles de la terre autour du soleil, à lire absolument. ActuaBD L’originalité de l’album tient dans son principe, plus que dans son scénario. Le dessin s’exprime à travers (sic) 4 teintes uniques (orange-roux, bleu foncé, bleu cyan et jaune paille), dénué de détails et sans contours de formes. Minimaliste mais précis, et surtout raccord avec la fraîche singularité de ce livre-objet, qui sort largement des sentiers battus et comblera les amateurs exigeants de 9ème art. Benoît Cassel pour PlaneteBD.com PRIX & Récompenses › mention spéciale pour la catégorie fiction (Foire de Bologne 2019) › Talking picture award (Foire de New York 2019) › prix Sheriff d'or de la librairie Esprit BD (Clermont-Ferrand) L'ÉDITEUR Thierry Magnier est une maison d'édition française née en 1997 et aujourd'hui installées dans le 6e arrondissement de Paris. La société compte sept salariés et a plus de 500 titres à son actif, toutes collections confondues. C'est depuis 2005 une filiale d'Actes Sud. En 1997, Thierry Magnier fonde sa propre maison d'édition et choisit comme logo un petit ange plongé dans un livre. Jusqu'en 2005, il s'appuie sur la structure de Harmonia Mundi pour la diffusion de ses ouvrages. À la suite de son rachat par Actes Sud, la diffusion passe après janvier 2006 chez Actes Sud, et la distribution est assurée par Union Distribution. À la création de la maison d'édition, la majeure partie des publications était constituée d'albums s'adressant plutôt aux jeunes enfants. Très vite, l'offre s'est diversifiée en intégrant d'une part de nouveaux supports - les CD d'œuvres classiques (6 titres publiés en 2000), de contes ou d'histoires parlées, et les romans adolescents. Avec le lancement de la collection « Petite Poche », l'offre de romans a dépassé celle d'albums. Dès 2003, une collection de romans adultes voit le jour. Depuis, de nombreuses collections ont vu le jour, « Nouvelles », « Photoroman », « Le Feuilleton des Incos », « Grand Roman ». www.editions-thierry-magnier.com 19
zooms thématiques CYCLES DE NASA ET LA VIE CONQUèTE SPATIALE points de vue Pour aller plus loin Podcast France Culture https://bit.ly/2ovLNAP NASA Podcast Exquises Esquisses avec l'auteur https://bit.ly/2NDqkNO https://bit.ly/2otN1ws Interview de l'auteur pour l'éditeur Les instruments https://bit.ly/2osy7GW d'optique 19
haïkus de sibérie Scénario date de dessin éditeur publication jurga vilé lina itagaki sarbacane mars 2019 16 21
L’HISTOIRE Un roman graphique mêlant narration, collages et haïkus : incroyablement dépaysant ! La vie est belle. Lituanie, 1941. Algis est encore un enfant quand il est déporté dans un camp sibérien. Il raconte son quotidien où l’on croise le fantôme de son jars domestique, une chorale, des Russes impitoyables, et même des soldats japonais !! Avec son regard pur comme l’azur et sa fantaisie d’enfant, Algis nous fait rire, nous surprend et nous émeut. LES AUTEURS Jurga Vilé est née à Vilnius. En 1990, elle a treize ans quand la Lituanie proclame son indépendance. C’est avec sa chorale qu’elle découvre, et tombe amoureuse de la France ; diplômée de la philologie française à l’Université de Vilnius, elle part étudier le cinéma et l’audiovisuel à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). En 2000, elle part à New York où elle fait de nombreux petits boulots, puis vit pendant 10 ans en Andalousie, où elle travaille comme traductrice. C’est en Espagne qu’elle écrit Haïkus de Sibérie. Depuis l’été 2018, elle est revenue habiter à Vilnius avec ses deux enfants. Elle y travaille à mi-temps comme caissière au Musée de l’art moderne, le reste du temps, elle traduit des films pour le cinéma et écrit. Haïkus de Sibérie est son premier livre publié. Lina Itagaki est une illustratrice et dessinatrice de bandes dessinées et zine. En 2003, elle a obtenu un baccalauréat en économie internationale de l'Université chrétienne internationale au Japon et en 2014, un baccalauréat en art graphique (gravure/illustration) à l'Académie des arts de Vilnius. Elle participe activement à des expositions de groupe en Lituanie et à l'étranger. Son premier livre publié, Haïkus de Sibérie, a été nommé pour le prix de la principale année au concours du livre d'art en Lituanie et a été sélectionné comme le plus beau livre de l'année 2017. Les illustrations de « Un livre d'images pour demain » ont reçu le 3e prix de l'exposition de livres d'art « Illustration et livres 2015 » à Vilnius, en Lituanie, ainsi que le TOP 10 des illustrateurs au Festival international du design de COW « Illustration 2015 » en Ukraine. AVIS / CRITIQUES Le scénario de Jurga Vilé s’appuie sur les évocations d’Algis, son père revenu de l’enfer, et racontées à mots couverts tellement il est difficile d'évoquer l’impensable. Malgré tout, si le récit de déroule dans ces terribles conditions de vie, les horreurs sont narrées avec une âme d’enfant, souvent pleine de fantaisie, de tendresse mais également d’insouciance. C’est souvent triste, mais cependant Algis et ses congénères arrivent régulièrement à tourner la situation en dérision. Le dessin de Lina Itagaki, épouse parfaitement le scénario, et les couleurs pastel permettent d’adoucir la rudesse de l’histoire. Ce livre s’inscrit certes dans ce que l’on appelle aujourd’hui le roman graphique mais a été réalisé comme s'il l'avait été par son protagoniste principal, comme une sorte de journal volontairement enfantin. Des « planches » de bande dessinée, ou plutôt des séquences de quelques cases alternent avec des lettres échangées entre les déportés en Sibérie et ceux restés en Lituanie, alors que s'y intercalent des recettes de cuisine, des plans d’origami, etc. Nous évoquons parfois sur ce site des albums élaborés à la manière d'un journal de voyage, cette fois c'est d'un journal de captivité, à l'écriture et aux dessins enfantins qu'il s'agit. Cette histoire poignante qui ne pourra pas laisser le lecteur indifférent. Auracan.com 22
Si le sujet éveille l’intérêt du lecteur curieux de découvrir ce Ce livre est en effet un très bel album. Il raconte pan d’Histoire passé sous silence dans nos manuels d’Europe l’histoire d’habitants d’un village lituanien occidentale, la couverture accroche également le regard. Sur déportés en Sibérie en 1941. J’ai adoré la mise en un paysage de baraquement en bois aux couleurs ternes, page qui tient autant de la BD que de l’album deux délicates grues blanches – des origamis – se détachent, pour enfants, avec ses sympathiques trouvailles et d’autant plus visibles qu’un couple d’enfants blonds les ses petits détails. Les dessins sont contemple avec une expression incertaine. Cette touche majoritairement très beaux. La présence des lumineuse et presque incongrue flottant dans le ciel gris et haïkus est pour autant en réalité assez pluvieux est en fait à l’image de ce que raconte ce roman anecdotique dans cette histoire. Une tante graphique : l’exil et la survie dans un environnement hostile d’Algis, fascinée par le Japon, a pu conserver ce et sous les coups de matons prompts à frapper, mais où, seul ouvrage, un recueil de haïkus, écrit en en dépit de tout, certains éléments, quasiment anodins, japonais, et en transmet aux prisonniers japonais viennent apporter réconfort et espoir – même ténus. Ainsi, sur le camp, essayant ainsi de leur donner tout en formant une boucle, le récit présente les différents bonheur et courage. Le scénario met plutôt en protagonistes, chacun prenant sa place au gré des avant les diverses façons qu’auront les enfants, la réminiscences, tandis que le train s’élance et que les maîtresse, les prisonniers dans leur ensemble (en paysages défilent, puis que la vie dans le camp sibérien dehors du groupe des mécontents) de contrer la commence à prendre forme. La dimension tragique est tristesse et l’adversité au sein d’un terrible palpable et montrée sans fioriture, cependant le ton possède goulag, comme cette idée de monter une une certaine nuance distancée – due au recours d’Algis à son chorale pour occuper les enfants et apporter un imaginaire – qui la désamorce sans jamais l’étouffer. peu de bonheur au groupe. Malgré les apparences Le graphisme de l’album se révèle lui aussi singulier. En effet, (le dessin, l’humour, la mise en page ludique), ce Lina Itagaki a choisi de mélanger pages narratives à la n’est pourtant pas du tout un album destiné aux manière d'un journal intime en les agrémentant çà et là de enfants, car le propos est évidemment trop dur. petites illustrations, et planches de bande dessinées plus Les violences faites aux déportés sont visibles, le classiques en quatre à six cases, sans oublier quelques sang gicle, la mort est présente. Pour autant, on tableaux en pleine page et même des lettres. La dynamique sort de cette histoire avec une très belle du récit s’en trouve renforcée et fluidifiée, et cela confère un impression de douceur, et la certitude d’avoir caractère très concret et d'une grande proximité au propos. rencontré de beaux personnages. J’ai également Le trait semi-réaliste de la dessinatrice accentue volontiers pas mal appris sur cette déportation lituanienne les particularités physiques, tout en étant aussi bien dont j’ignorais tout. Une lecture coup de cœur ! expressif. Quant à la colorisation, sa dominante grise et hivernale est ponctuée çà et là d’un rouge sanglant ou, plus LesLecturesdAntigone.wordpress joliment, par les touches éclatantes des chevelures blondes ou rousses de certains protagonistes et par le magnifique kimono de la tante Pétronelle. D’une lecture plaisante malgré un thème difficile, Haïkus de Sibérie est un ouvrage touchant et dépaysant. À découvrir. M. Natali pour BDGest.com 23
Haïkus de Sibérie est une oeuvre hybride à plus d'un titre. Dans la forme déjà : le duo passe du texte aux planches de BD, choisit parfois de raconter l'histoire pas une lettre, des schémas, ou encore une simple grande image qui dit tout. Lina Itagaki passe d'un style à l'autre, parfois presque enfantin quand les personnages s'animent, parfois imposant quand une vieille église surgit au cours du périple. Dans le fond aussi, l'album est hybride. Jurga Vilé l'explique dès l'introduction : ce récit est constitué de souvenirs d'enfants. Il y a des choses qu'Algis n'a pas comprises, des choses qu'il a mal interprétées ou mêmes qu'il a imaginées pour se préserver. De fait, il devient difficile de différencier le vrai du faux. L'histoire devient alors comme un délire, où le désespoir d'un petit garçon trouve corps dans les fantômes de ceux qui sont morts à ses côtés, ou dans les paroles bienveillantes d'une postière imaginaire. J'avais peur de perdre le fil avec ce type de récit. En fait, Haïkus de Sibérie m'a accrochée par sa spontanéité. J'avais l'impression de lire directement dans les pensées d'Algis. Le récit est dur, mais atténué par la douceur et la naïveté du personnage principal. Il en devient encore plus terrible quand la réalité le frappe de plein fouet. Pour moi, Haïkus de Sibérie est une belle surprise. La forme m'inquiétait un peu, j'ai finalement été happée par ce récit de vie. L'histoire se lit plutôt facilement grâce à l'optimisme imperturbable de son personnage principal : elle réchauffe parfois le coeur, et parfois le glace au contraire. 9emeArt.fr zooms thématiques HISTOIRE DE LA LITUANIE CULTURE ET HUMANITé L'ÉDITEUR Sarbacane est une maison d’édition indépendante, créée en 2003 par Frédéric Lavabre, directeur de création diplômé de l’ESAG-Penninghen, collaborateur notamment, via son agence de création graphique Sarbacane Design, de Pierre Marchand (collection les Racines du savoir). À la direction éditoriale, il choisit Emmanuelle Beulque, traductrice du russe et de l’anglais, alors également éditrice free-lance en jeunesse et pratique. S’intéressant pour commencer au rapport texte/images, les éditions Sarbacane ont composé un catalogue d’albums pour les enfants où la primauté est donnée au texte et au sujet. Pour les créateurs de la maison, le texte, le propos et l’histoire sont en effet trop souvent les « parents pauvres » d’albums séduisants sur le plan visuel, mais décevants côté lecture, et de surcroît, pas toujours très parlants ni suffisamment attachants pour leur premier public, à savoir les enfants. Leur volonté est donc dès le départ de remettre l’enfant – et la lecture – au cœur du projet éditorial. 24
Puis la maison d’édition a ouvert son catalogue aux romans. En novembre 2006, Tibo Bérard, directeur de la collection, publie des romans qui s'adressent aux grands adolescents et aux jeunes adultes, à travers le label « Exprim’ ». En 2007 est amorcé un catalogue BD, proposant des albums pour enfants et pour adultes. Une collection de « mini-romans », pour les 12-14 ans, voit le jour en août 2010 : des textes brefs et denses destinés à être lus d’une traite. Les éditions Sarbacane ne travaillent pas sur des albums formatés : c’est un éditeur de création, les formats proposés sont différents les uns des autres, changent la perception du livre et l’envie d’y venir et d’y revenir – comme le choix du papier, le style des images ou le propos lui-même. www.editions-sarbacane.com Pour aller plus loin Haïku https://bit.ly/2n7RSDj Témoignage d'un déporté Déportations soviétiques de Lituanie https://bit.ly/2o1NHJC https://bit.ly/2oF20no
la ligue des super féministes Scénario date de éditeur & dessin publication mirion malle la ville brûle janvier 2019 27
L’HISTOIRE La ligue des super féministes est la première BD jeunesse réellement féministe. Elle s’adresse aux enfants dès 10 ans et aborde des thèmes inédits en jeunesse : la représentation, le sexisme, le consentement, le corps des filles, les notions de genre et d’identité sexuelle... Les chapitres sont complétés par des pages d’outils théoriques indispensables à tout âge (argumentaires, test de Bechdel...) qui font de cette BD un véritable petit guide d’autodéfense féministe, salutaire à l’âge où s’installent les stéréotypes sexistes. L'AUTEUR Mirion Malle, née le 7 juin 1992 en Charente-Maritime, est une dessinatrice de bande dessinée française vivant à Montréal. Elle se fait connaître grâce à son blog BD féministe Commando Culotte où elle expose, à partir de 2011, son quotidien, avant de se consacrer aux clichés concernant la représentation des minorités dans les films et les séries télévisées. Elle commence le lycée en filière scientifique pour finalement passer son bac littéraire tout en suivant les classes européennes. Elle continue Hypokhâgne, Khâgne option théâtre à Toulouse. Elle valide sa licence d'études théâtrales à la Sorbonne de Paris. Elle continue avec trois ans d'étude à l'École supérieure des arts de Saint-Luc, à Bruxelles, en classe de bande dessinée. Elle poursuit un master de sociologie et anthropologie avec une spécialité en genre. Durant cette période, elle y analyse la question du genre chez les scénaristes de séries télévisées et les poursuit sur son blog Commando Culotte qu'elle maintient depuis 2013. 28
AVIS / CRITIQUES Un album qui devrait être dans toutes les écoles de France et de Navarre ! Après Commando Culotte, Mirion Malle revient nous expliquer le féminisme avec beaucoup d'humour, de pédagogie et de bienveillance. Un album très intelligent à mettre entre toutes les mains, même les petites puisqu'il est accessible dès 10 ans ! Dans le livre, Mirion Malle s’adresse à deux enfants, un garçon et Julie pour BDFugue.com une fille, et leur démontre qu’il existe des inégalités entre les filles et les garçons. Elle prend des exemples concrets, notamment issus « On veut la fin des inégalités entre de la pop culture. Ainsi, on ne peut incarner un personnage filles et garçons. Pour ça, il faut des féminin dans le jeu vidéo Pokémon que depuis quelques mois ! outils intellectuels. Youpi. » Tel est le Pourquoi les filles incarnent-elles le plus souvent des rôles de programme de cette Ligue des super princesses et pourquoi pas des rôles de chevalières ou féministes, qui s’attelle justement à d'aventurières ? Mirion Malle ne dénigre pas le fait d'aimer les fournir quelques clefs de histoires de princesses, mais elle montre que les filles ne devraient compréhension. Représentation des pas avoir de limites dues à leur seul sexe. femmes au cinéma, écriture inclusive, Au cours de la BD, Mirion Malle explique clairement le test de relations amoureuses, discriminations, Bechdel, l'écriture inclusive, le consentement et les privilèges sous intersexualité… Avec sa ligne la forme d'une page concise et précise. L’autrice parle de la minimaliste et ses mises en page nécessaire solidarité entre les filles : « On n’est pas obligées d’aimer s’affranchissant du carcan des cases, toutes les filles comme individus mais c’est important de se la dessinatrice adopte un ton direct soutenir comme groupe pour mieux résister ! ». Il est salutaire de bien adapté pour les enfants arrivant trouver un tel discours dans la littérature ! Elle aborde au collège, dans de courts chapitres l'intersectionnalité, un sujet rarement traité de manière générale. qui pourraient même servir de base Mais surtout, elle montre tout au long des pages la diversité de la à des débats en classe. Attention, on société. Mirion Malle met en scène des personnes blanches et de est bien dans un livre engagé, avec couleur, des personnes grosses et d’autres minces, des personnes parfois un côté militant à prendre avec avec des coupes afro et d’autres qui sont voilées. Elles parle des du recul : mais ces sujets-là se doivent hétéros mais aussi des homosexuels. Elle met en lumière le fait d’être abordés dès que possible avec qu'il existe des groupes de personnes qui en dominent d'autres, les plus jeunes, pour éviter la et ce selon des critères parfaitement arbitraires. « Les Blanc.he.s reproduction future des clichés et ont utilisé des théories racistes qui disaient que les personnes des violences sexistes. Et cet album y non-blanches étaient inférieures pour justifier l'esclavage et aidera. l'exploitation des peuples dans les pays colonisés d'Afrique par Télérama.fr exemple. Ces théories sont fausses et n’ont aucune base scientifique : il n’y a qu’une race humaine. Pourtant, aujourd’hui, les Blanc.he.s sont toujours avantagé.e.s et privilégié.e.s ! ». Le ton de Mirion Malle est direct et décomplexé tant au niveau du texte que des illustrations. La ligue des super féministes est une bouffée d'air frais dans le paysage de la BD jeunesse et on peut conseiller le livre dès 10 ans, aux filles bien sûr, mais aussi aux garçons. En effet, Mirion Malle ne veut exclure personne et les adultes trouveront également leur compte dans cette lecture ! C'est une BD au ton vif et dynamique, c'est une BD engagée qui permet d'y voir plus clair et de mieux comprendre des sujets essentiels à un âge où les stéréotypes s'ancrent déjà dans les comportements. Car c'est en éduquant, en expliquant que les commentaires et les violences sexistes pourront diminuer. Mirion Malle invite à aiguiser son regard, à être plus critique et tolérant, à coopérer aussi, et ce, dès l'enfance... La lecture de cette BD peut aider à modifier des réflexes ancrés dans les esprits depuis longtemps. Gaëlle Farre pour Ricochet-jeunes.org 29
L'ÉDITEUR Les éditions La Ville brûle existent depuis janvier 2009. Au fil de ces années, leur ligne éditoriale a évolué et s'est élargie. Le cœur de leur catalogue est toujours formé d'essais en sciences et SHS, mais elles s'autorisent à présent des incursions dans d'autres champs. Essais, jeunesse, littérature, poésie, livres-objets, bande dessinée et même beaux-livres... il existe tant de manières de dire le monde, et d'agir sur lui ! En janvier 2019, elles ont rejoint le collectif d’éditeurs indépendants réuni autour des éditions Anne Carrière : ensemble pour mieux publier. www.lavillebrule.com zooms thématiques FéMINISME RELATION ESPRIT CRITIQUE HOMMES émancipation FEMMES Pour aller plus loin Féminisme & histoire du Podcast Le Gaufrier avec Mirion Malle féminisme https://bit.ly/2o1TLBS https://bit.ly/2n7U11P Le compte instagram de l'autrice Test de Bechdel https://bit.ly/2oLxTKR https://bit.ly/2ps3bqz
le fils de l'ursari Scénario xavier- dessin couleurs laurent cyrille pomès isabelle merlet petit date de éditeur publication rue de sèvres avril 2019 31
L’HISTOIRE Quand on est le fils d’un montreur d’ours, d’un Ursari comme on dit chez les Roms, on sait qu’on ne reste jamais bien longtemps au même endroit. Harcelés par la police, chassés par des habitants, Ciprian et sa famille ont fini par relâcher leur ours et sont partis vers une nouvelle vie à Paris où, paraît-il, il y a du travail et plein d’argent à gagner. Cependant leurs rêves se fracassent sur une réalité violente. À peine installés dans le bidonville, chacun se découvre un nouveau métier. Daddu, le montreur d’ours, devient ferrailleur, M’man et Vera sont mendiantes professionnelles, Dimetriu, le grand frère, est « emprunteur » de portefeuilles et Ciprian son apprenti. Un soir, Ciprian ne ramène rien de sa « journée de travail ». C’est qu’il a découvert le paradis, le jardin du « Lusquenbour » où il observe en cachette des joueurs de lézecheck. Le garçon ne connaît rien aux échecs mais s’aperçoit vite qu’il est capable de rejouer chaque partie dans sa tête. C’est le début d’une nouvelle vie pour le fils de l’Ursari. LES AUTEURS Xavier-Laurent Petit est né en 1956. Après des études de philosophie, il devient instituteur puis directeur d’école, mais reste avant tout un passionné de lecture. Une passion qui le conduit à franchir le pas de l’écriture avec deux romans policiers en 1994 et, à l’école des loisirs en 1996, Colorbelle-ébène qui reçoit le prix Sorcières. Suivent d’autres romans pour la jeunesse, pour la plupart ancrés dans l’actualité. À l’origine de ses récits, il y a ainsi souvent un article de presse qui a retenu son attention. Il nous entraîne aux quatre coins du monde dans des aventures aux intrigues soutenues. Là où les médias se concentrent plus sur les événements, lui s’attache à la personnalité d’adolescents confrontés à des situations complexes : la guerre et l’enrôlement des jeunes dans l’armée (Be safe), la pauvreté et le travail des enfants (Maestro), la question de l’environnement à travers la construction d’un barrage (L’Attrape-rêves), le parcours d’un jeune Rom à Paris (Le Fils de l’Ursari). 32
Cyrille Pomès est diplômé de l'E.E.S.I d'Angoulême en 2003. Depuis il a publié cinq albums de BD, dont À la lettre prés chez Albin Michel en 2005, Chemins de fer en 2009, Sorties de route en 2011, et enfin Le Printemps des arabes et La dame de Damas, en collaboration avec Jean-Pierre Filiu, aux éditions Futuropolis en 2013 et 2015. Il travaille régulièrement en tant que reporter BD pour de la Revue Dessinée, Arte et Amnesty International. Plus de nombreuses participations à des albums collectifs, à des travaux de commande pour l'illustration et l'animation, et des carnets réalisés lors de plusieurs voyages en Asie et au Moyen Orient. AVIS / CRITIQUES Si les quelques facilités dans l'intrigue et un côté sombre volontairement minimisé permettent une lecture pour les plus jeunes, les adultes apprécieront également l'universalité des thèmes et l'angle original sous lequel ils sont abordés. À travers le regard de l'enfant, la qualité du texte dégage une réelle force émotionnelle, distillée sans misérabilisme, mais avec innocence et espoir. Aux problèmes lourds des migrants, du racket et du racisme se mêlent des sujets inattendus et légers comme les échecs. Le personnage du garçon apporte un joli vent de fraîcheur avec son caractère solaire : volontaire, bienveillant, curieux, il a tout d'un homme bon. Le graphisme parait brouillon de prime abord, avec un trait lâché, tremblotant et caricatural cependant, la spontanéité du style d'Isabelle Merlet accorde légèreté et un brin d'humour qui permettent d'alléger le contexte de l'histoire. Peut-être trop beau pour être vrai, néanmoins, une dose d'espoir et d'optimisme ne sera jamais de trop. Le fils de l'ursari offre le portrait d'un môme attachant dans un milieu difficile. Une agréable surprise. L. Moeneclaey Adaptation d’un roman jeunesse de Xavier-Laurent Petit, Le Fils de l’Ursari est un gros volume à destination des lecteurs dès 10 ans, plein de rebondissements et d’émotions, dans un décor contemporain. Les thèmes du déracinement, de l’identité, des migrations, de la xénophobie, du travail des enfants, du mal logement, de l’illettrisme, sont abordés avec sobriété et sérieux, au fil d’une intrigue qui parvient à ne pas tomber pas dans le misérabilisme en prenant le chemin de l’espoir. Celui de l’école de la République et de la mise en relief des talents de chacun, ici les échecs (on observera l’intéressant paradoxe sémantique du mot « échec »). Cyrille Pomès croque à merveille son Ciprian aux allures de pantin à la tête trop grosse, grosse comme son envie de découvrir le monde. Mais aussi Paris, son luxe qui masque sa crasse, son clinquant qui fait oublier la misère à deux pas. Les couleurs d’Isabelle Merlet font beaucoup dans la réussite de ce projet, jamais belles gratuitement, toujours dans la matière, la texture, la lumière justes. La vie, en somme. Et c’est de vie que regorge ce beau et touchant livre, à mettre entre toutes les mains. Benjamin Roure pour BoDoi.info 33
L'ÉDITEUR Rue de Sèvres, filiale de L'École des loisirs, est créée en 2013, lorsque Jean Delas cède sa place à la tête de l'entreprise familiale à son fils, Louis Delas, jusqu'alors directeur de Casterman. Ce dernier, convaincu de la nécessité pour la maison d'édition mère de s'ouvrir à d'autres genres, fonde cette branche spécialisée dans la publication de bandes dessinées : « L'École des loisirs pouvait, et devait, se développer. La bande dessinée est dans la continuité naturelle de l'édition jeunesse ». Rue de Sèvres publie ses premiers ouvrages début septembre 2013. Parmi ceux-ci figure Une histoire d'hommes, un récit original de Zep, l'auteur de Titeuf. Le premier tirage de ce roman graphique, racontant les retrouvailles désabusées des anciens membres d'un groupe de rock, est de 115 000 exemplaires, dont 75 000 sont vendus un an plus tard. Sort également une œuvre inédite de Mari Yamazaki, Giacomo Foscari, dans un format plus grand que l'original et un sens de lecture occidental afin de s'adapter au public français. Louis Delas cherche à concentrer la publication sur un nombre réduit d'œuvres : « Nous avons des grands auteurs, comme Zep, mais aussi des auteurs de notoriété moyenne, de la BD jeunesse, de la BD ado-adultes, du tout public... » Charlotte Moundlic, directrice artistique et responsable éditoriale, affirme la rigueur de la sélection : « On reçoit énormément de propositions, entre 5 et 10 projets par semaine. On lit tout attentivement et nous-mêmes, pas question de passer à côté d'un trésor. Mais on est très sélectifs. On rêverait de construire un catalogue à l'image de l'école des loisirs. Ce qu'on aimerait, c'est constituer un fond, que nos livres deviennent des classiques. Un peu comme les albums ou les romans jeunesse de l'école des loisirs. » www.editions-ruedesevres.fr zooms thématiques IMMIGRATIOn ADAPTation ExIL littéraire JEU ET EXPLOITATION émancipation DE L'HOMME pAR L'homme POUR ALLER PLUS LOIN Emission Bulles de BD - France Inter https://bit.ly/2psoatl L’apprentissage et Le roman original l’émancipation par le jeu https://bit.ly/2o2EGzZ https://bit.ly/2pxBLj7 https://bit.ly/2oDVnSq 33
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