LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée
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N°12 SEP TEMBR E EMBRE 2020 - NOV DOSSIER : LE PALAIS DÉCRYPTÉ P.4 UNE P.15 RENCONTRE P.16 LE GRAND PROGRAMMATION AVEC MEDHI FESTIVAL ENGAGÉE CHAREF 2020
AU POISSON LUNE CET ÉTÉ ! PHOTOS : D.R. ÇA GAZOUILLE Vos meilleures photos du Palais sur les réseaux sociaux @dulcieandcie @sdelavie @elliottspencr @followthemummy
3 LE JOURNAL DU PALAIS REGARDER LE PASSÉ, PENSER L’AVENIR Les monuments ne sont pas des bâtiments SOMMAIRE comme les autres. Ils s’imposent dans la cité comme les témoins d’une histoire souvent complexe, parfois douloureuse, qu’ils racontent comme des livres de pierre. Le Palais de la Porte Dorée ne fait pas exception. Aussi, son décor de style Art déco inspiré par l’idéologie coloniale doit aujourd’hui être reconsidéré avec la conscience du contexte historique qui a présidé à sa création. C’est à cette relecture © FRED FOUCH documentée que vous convie notre grand © LORENZÖ DOSSIER dossier. LES ACTUS DU PALAIS Nous vous invitons aussi à jeter un œil sur notre programmation de rentrée toujours 4 LES ACTUS DU PALAIS Plus engagé que jamais ! engagée et plus que jamais ancrée dans le présent. Les rencontres, les spectacles 6 DOSSIER L’imagerie coloniale du Palais et tous les rendez-vous de notre Grand Festival contre le racisme, l’antisémitisme 15 PORTRAIT et la haine anti-LGBT et du festival Visions Mehdi Charef d’exil réuniront de nombreux artistes et 16 AGENDA intellectuels pour débattre de notre époque avec lucidité et curiosité. 30 LE PALAIS VU PAR... Kasbah Pour la rentrée… À vos marques, prêts, partez ! 31 DU CÔTÉ DES FILMS Deux jeunes et un saint noir 32 VU & ENTENDU AU PALAIS Le Palais croqué par Laurence Le Chau Présidente du conseil Responsable OURS d’administration : de la communication : Mercedes Erra Thibaud Giraudeau Président du conseil Rédactrice : d’orientation : Elodie de Vreyer François Héran Directrice générale : Maquette : Sandy Chamaillard Hélène Orain Directeur du développement, Illustration des publics et de la communication : 4e de couv : Benjamin Bechaux Laurence Le Chau PHOTO EN COUVERTURE : LE PALAIS DE LA PORTE DORÉE © ANNE VOLERY.
LE JOURNAL DU PALAIS 4 ACTU DU PALAIS PALAIS JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE Les 19 et 20 septembre, pour la 37e édition des Journées européennes du patrimoine, © D.R. WANG RAMIREZ le Palais se dévoile PLUS ENGAGÉ sous toutes ses coutures avec des visites panoramiques, QUE JAMAIS ! inattendues ou historiques. au 1er novembre. Le Palais a été comme le spectacle du duo de AU MUSÉE La crise la première institution à accueil- chorégraphes Wang Ramirez MIGRANTES ET du coronavirus a lir ce festival consacré à la créa- ou le bal afro-dance de clôture. renforcé le Palais tion d’artistes accompagnés par L’offre de rencontres-débats COMBATTANTES l’atelier des artistes en exil. Sur se renouvelle aussi cet automne. dans ses missions. le thème « D’un confinement à « Notre objectif est que chacun De festivals l’autre », cette édition surfe sur puisse se forger une opinion l’actualité du Covid. Parmi les éclairée sur les grandes questions en conférences, temps forts : du théâtre d’ombres liées à l’immigration. de débats pour évoquer la guerre en Syrie, Ces rencontres reposent autant en célébrations une performance de l’artiste fé- sur des témoignages que sur ministe afghane Kubra Khademi l’analyse critique d’experts recon- de l’altérité, ou un concert de musique élec- nus dans leur domaine », résume l’automne sera tro-orientale avec Taxi Kebab. Frédéric Callens, responsable La rentrée verra aussi la du service des Ressources. Trois riche ! © NIEPCE cinquième édition du Grand rencontres sont proposées chaque « Le confinement nous a permis festival contre le racisme, l’anti- mois : cinéma, littérature (qui Longtemps, elles de tester de nouveaux formats, sémitisme et la haine anti- s’ouvre cet automne aux publica- n’ont pas intéressé mais aussi de réfléchir sur nos LGBT, en partenariat avec la tions scientifiques) et questions les chercheurs. missions dans une période qui Dilcrah(1). Le festival artistique d’actualité. Sur ce dernier thème, Les femmes migran- a vu, une fois encore, surgir pluridisciplinaire est consacré une belle soirée sur les héros la tentation du bouc émissaire ». cette année à la déconstruction méconnus des décolonisations tes ont pourtant Pour Hélène Orain, la rentrée des stéréotypes. « Notre ambi- est annoncée, en partenariat mené, historiquement, sera dense après trois mois de tion est de poser la question du avec Arte. Quant aux cinéphiles, de nombreux fermeture puis un programme racisme et des discriminations ils ont rendez-vous en octobre combats. Elles ont d’été allégé. « Nous avons main- dans une démarche apaisée pour une soirée inédite « Séries tenu autant que possible tous les et fédératrice », résume Cécile et immigration » et une autre aussi été en première événements programmés avant Vermorel, responsable de la pro- consacrée aux travaux audiovi- ligne lors de la crise le Covid, poursuit la directrice grammation culturelle. Parmi suels d’étudiants de La Fémis du coronavirus. générale de l’Établissement. les temps forts, une création de sur les réalités migratoires. Le nouveau numéro Parce que l’art a un rôle d’autant Laetitia Ajanohun sur les clichés plus important en cette période en milieu scolaire et Désobéir, d’Hommes mais aussi pour ne pas péna- une pièce de Julie Bérès écrite & Migrations explore liser les compagnies et artistes à partir d’un travail documen- 1. Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémi- le sujet. partenaires ». taire réalisé avec des jeunes tisme et la haine anti-LGBT. Du confinement, il sera question filles d’Aubervilliers. Mais le Hommes & Migrations n°1331 (oct.- Retrouvez la programmation détail- déc.), 15€, disponible sur le site internet pour la quatrième édition Grand Festival, ce sont aussi des lée dans les pages « Agenda » et sur le du Palais, à la billeterie et en librairie. de Visions d’exil, du 30 octobre moments poétiques ou joyeux, site internet du Palais.
ZOOM ACTU DU PALAIS 5 LE JOURNAL DU PALAIS L'ANIMAL STAR LE CHIFFRE © JEAN-VINCENT SIMONET CLÉ LE CORAIL DUR 75 DES INSOLITE ! Eh oui, malgré les apparences, le corail est bien un animal. Ou plus exactement un groupe de minuscules NUDES animaux, appelés polypes, qui vivent en colonies. TRÈS C’est le nombre de personnes Les coraux dits durs (il existe aussi des coraux mous) produisent du calcaire qui va servir à fabriquer un POPULAIRES mobilisées pour la refonte du Musée national de l'histoire exosquelette commun constituant le récif corallien. Les récifs abritent 25 % de la vie marine totale. Cette série de souliers de l'immigration. Mais ces hauts lieux de la biodiversité sont en danger. déclinant des tons chair a fait Historiens, géographes, socio- Les causes ? Principalement le réchauffement cli- la renommée de Christian logues, politologues et conser- matique et l’acidification de l’océan qui provoquent Louboutin. Découvrez pourquoi vateurs constituent le comité le blanchissement et la fragilisation du squelette et venez les admirer ! scientifique pluridisciplinaire calcaire. À l’Aquarium tropical, les aquariologistes Parmi les 650 souliers qui a établi les grandes lignes profitent de la période des travaux pour multiplier présentés dans l’expo Christian de cette refonte. Plus grand, les colonies par bouturage. Cette technique consiste Louboutin : L’Exhibition[niste], plus interactif et 100% acces- à fragmenter le corail en petit bouts qui sont fixés sur ils sont loin d’être les plus sible, le nouveau parcours, des plots afin qu’ils reprennent leur croissance. extravagants. Et pourtant ce qui ouvrira à l’automne 2021, Les chercheurs peuvent ainsi étudier et comprendre le sont les « Nudes » (nus en s’articulera autour de 12 dates développement du corail dur. anglais), imaginés en 2013, qui clés, pour finir sur des ques- Pour en savoir plus: www.aquarium-tropical.fr/ ont fait du créateur parisien tions contemporaines. le-deplacement-des-coraux une célébrité outre-Atlantique. Les Américains, et nombre de stars, ont tout de suite aimé MUSÉE Le Musée national de l’histoire ces escarpins déclinés en neuf couleurs, correspondant à LES PARTENAIRES de l’immigration travaille autant de carnations. DU MUSÉE avec de nombreux partenaires L’idée a germé dans la tête de EN FORUM pour développer et faire connaître Christian Louboutin quand une collaboratrice noire lui l’histoire et les mémoires a fait remarquer que la couleur Une nouvelle exposition de l’immigration en France. itinérante "Frontières. Observer beige dite « chair » n’avait les marges pour questionner le Associations, chercheurs, artistes, institutions culturelles aucune signification monde" explique comment les mais aussi écoles et collectivités territoriales font partie de ce réseau pour des Afro-américaines. frontières se sont construites et national et international. Si les conditions sanitaires le permettent, Au-delà du symbole, le créateur évoluent. Des cartes permettent de visualiser des ordres de grandeur 200 à 300 de ces partenaires sont attendus au Palais les 4 et y a vu un enjeu esthétique : et de prendre conscience de la 5 novembre pour le Forum du réseau. Il se tient tous les trois ans. celui d’un soulier qui relativité des données liées aux « C’est l’occasion de réfléchir collectivement aux chantiers se fond avec la jambe et allonge migrations en introduisant la question des proportions dans à mener pour assurer une meilleure visibilité des acteurs et la silhouette. Il n’a mesuré les représentations. C’est donc des offres culturelles traitant de ces sujets, conformément à notre qu’après la portée politique une incitation à questionner mission », commente Agnès Arquez-Roth, cheffe du service de cette collection, celle notre rapport au monde, à mieux Réseau et Partenariats. L’événement sera, entre autres, l’occasion qui fait toujours son succès : comprendre les réalités et causes des déplacements humains importants d’une présentation de L’Encyclopédie des migrants, un recueil des souliers aujourd’hui déclinés sur tous les continents. Le prêt de récits et photos rassemblés dans le cadre d’un projet européen en escarpins, bottes, sneakers… de cette expo mobile est gratuit. par l’association L’Âge de la tortue, ainsi que d’une nouvelle expo Pour tous les clients et clientes, Infos : itinerance@palais- mobile du Musée Frontières. Observer les marges pour questionner une célébration de la diversité. portedoree.fr le monde (voir ci-contre). Jusqu’au 3 janvier 2021. Réservation en ligne obligatoire sur le site du Pa- Forum réservé aux partenaires. Info pratique : reseau.histoire- lais. Visites guidées le week-end à 11h. immigration@palais-portedoree.fr
LE JOURNAL DU PALAIS 6 DOSSIER L’IMAGERIE COLONIALE DU PALAIS Construit pour l’Exposition coloniale de 1931, le Palais devait justifier et donner à voir les bienfaits de la colonisation jusque dans son architecture. Aujourd’hui, le travail se poursuit pour décrypter et faire connaître aux visiteurs tout ce que raconte le bâtiment resitué dans son époque. Le phénomène s’est répandu dans plusieurs pays, en écho aux débats sur le racisme provoqués par la mort de l’américain Georges Floyd. À Anvers, la municipalité a déboulonné la statue du roi belge Léopold II, souverain de la conquête coloniale. À Bristol, celle du marchand et négrier Edward Colston a connu le même sort. À Paris, la statue de Colbert, inventeur des politiques économiques en France mais aussi rédacteur du Code noir fixant le statut juridique des esclaves dans les Antilles fran- çaises, a été vandalisée. Pour les partisans du déboulon- nage des statues, il s’agit de mettre à terre des symboles insultants et plus globalement, d’interroger la politique mémorielle de la France (lire l’interview de l’anthropo- logue Benoît de L’Estoile p 11.). Dans ce contexte, que faut-il faire et dire du Palais de la Porte Dorée ? Quelle est aujourd’hui la place de ce chef-d’œuvre inclassable de l’Art déco, aussi étroitement lié à l’histoire coloniale, bâti pour en illustrer les bienfaits ? Le débat existait avant le mouvement « Black lives matter ».
7 LE JOURNAL DU PALAIS © ADAGP, PARIS, 2020. PHOTO : © LORENZÖ PIERRE DUCOS DE LA HAILLE, FRESQUE DE LA SALLE DES FÊTES, DÉTAIL, 1931
LE JOURNAL DU PALAIS 8 01 01 Oubanghi. Chasse à l'hippopotame, et 06 Cochinchine, bas-relief de la façade, Alfred Auguste Janniot, détail, 1931 © ADAGP, Paris, 2020. Photo : © Pascal Lemaître 02 Le Palais de la Porte Dorée © Photo : Pascal Lemaître 03 , 04 , 05 et 07 Fresques de la salle des fêtes, Pierre Ducos de la Haille, détail, 1931 © ADAGP, Paris, 2020. Photo : © Lorenzö 08 Le plan Goor © Philippe Monges. 02 03 « Depuis plusieurs années, nos des rares vestiges de l’Exposition nique et social. Dans le contexte pisserie de pierre », pour la équipes travaillent avec des his- coloniale de 1931. Cette année- du début des années trente et de richesse et la finesse de son or- toriens pour dépasser la vision là, de mai à novembre, huit la monté de l’anticolonialisme, nementation. Des travaux de re- esthétique et architecturale et millions de visiteurs découvrent l’Exposition a deux autres objec- cherche récents montrent à quel proposer une approche plus his- point il fait écho au reste du bâ- torique intégrant le contexte de timent et à l’Exposition dont il l’exposition coloniale de 1931. était la porte d’entrée. Ce travail de fond nous permet « Un bâtiment La France figure bien sûr en de proposer au public des visites, des ressources, des événements pour glorifier et justifier majesté au centre au-dessus de l’entrée. De part et d’autre qui lui permettent d’appréhen- le colonialisme, - l’Afrique, l’Océanie et les An- der ces questions sensibles. », pour promouvoir aussi tilles à gauche, l’Asie et les îles explique Hélène Orain, directri- du Pacifique à droite -, 151 per- ce générale de l'Établissement. l’économie des colonies ». sonnages sont représentés, tous « Un bâtiment est toujours le indigènes, visage tendu vers la reflet d’une idéologie et d’une « mère-patrie ». Culture du thé, époque, rappelle Hélène Bocard, sa silhouette à l’orée du bois de tifs : intéresser les Français de du coton et du cacao, recueil du conservatrice en chef du patri- Vincennes. L’Exposition y cé- métropole aux colonies et atti- caoutchouc, extraction de mé- moine au Palais de la Porte Dorée. lèbre une France à l’apogée de rer des investisseurs. Le Palais, taux… Ils semblent travailler de Tout l’enjeu est d’étudier puis sa puissance impériale. Les visi- conçu comme un bâtiment de leur plein gré à l’édification de d’expliquer ce contexte, avec des teurs explorent les pavillons des propagande et une métaphore l’Empire. historiens de l’art, des historiens colonies, admirent danseurs et de l’idéologie coloniale fran- L’œuvre est une incitation à la et des ethnologues ». Depuis une artisans, goûtent les productions çaise, porte ces messages. production et à la consomma- dizaine d’années, le travail est exotiques. C’est la promesse tion. Grégoire Lemaître, étu- engagé, de travaux de recherche de « faire le tour du monde en Le bas-relief : des colonies diant de l’Ecole du Louvre, lui en acquisitions d’archives. un jour » pour découvrir une au travail pour la France a consacré un récent mémoire. Construit pour devenir un mu- colonisation présentée comme Le bas-relief d’Alfred Janniot, « Chaque image présente re- sée permanent des colonies, le pacificatrice et source de déve- « L’apport des colonies à la joint les dispositifs mis en place Palais de la Porte Dorée est l’un loppement économique, tech- France », a été qualifié de « ta- pour divertir et instruire le pu-
9 LE JOURNAL DU PALAIS 04 05 07 06 08 blic lors de l’exposition », écrit- teur absent. « Une vision régres- claves. Ducos leur oppose la présentaient à la Cité des in- il. Ainsi, les fibres et végétaux sive, plaisante et mensongère de modernité des colons, entou- formations, un bâtiment créé sont présentés dans les pavillons l’impérialisme », pour Grégoire rés d’objets techniques (che- à l’initiative du Maréchal des colonies. Les animaux de la Lemaître. min de fer, tracteur…) qui leur Lyautey pour offrir des infor- façade sont visibles à l’Aqua- permettent d’accomplir leurs mations sur les colonies (no- rium tropical ou dans le parc Une fresque où la France re- missions « civilisatrices ». tamment aux industriels) lors zoologique de l’Exposition. dresse une humanité affaiblie Très explicitement, l’œuvre il- de l’Exposition. Sur cette façade très dense, les Elle est le contre-point du lustre et justifie la vision fran- Peinte par l’artiste Gaston colonisateurs ne sont pas re- bas-relief de façade, par son titre çaise de la colonisation définie Goor, cette toile est assez peu présentés. Le bas-relief met en même. « L’apport de la France par le ministre Paul Reynaud réaliste du site et de ses pa- scène un monde « primitif », aux colonies », réalisée par lors de l’inauguration : « Ap- villons, dans la tradition des sans référence au progrès tech- Pierre-Henri Ducos de la Haille, porter la lumière dans les té- plans de villes ornés d’allégo- nique amené par le colon, ni à couvre les murs du Forum. Celui- nèbres ». À l’opposé du relief de ries et de personnages mytho- la culture des colonisés. Hélène ci était initialement une salle Janniot, « au caractère intempo- logiques. On y voit, encadrant Bocard écrit : « Janniot inscrit des fêtes destinée à accueillir rel, le programme idéologique le plan, Athéna, déesse de la son relief dans une sorte d’in- festivités et congrès. du décor du forum est beaucoup paix, Apollon dieu des arts, temporalité, juxtaposant une Face à l’entrée, la France offre plus affirmé, en raison sans Hermès, celui des voyages allégorie (la France), des figures la colombe de la paix aux cinq doute de la solennité du lieu », ainsi qu’une figure incarnant mythologiques (Pomone) et des continents. Aux angles et au conclut Hélène Bocard. la ville de Paris. Parmi les sujets inspirés du monde réel ». centre des murs latéraux, on entorses à la réalité, des au- En cette année 1931 où une découvre huit allégories des Le plan Goor et ses entorses truches et gazelles déambulent contre-exposition organisée par vertus offertes aux territoires à la réalité dans les allées, comme dans un la Ligue contre l’Impérialisme conquis, comme la Paix, la Li- Restauré en 2018, il est au- jardin d’Eden, rappelant, peut- et l’Oppression coloniale avec berté ou le Travail. Le reste de jourd’hui installé dans le hall être, que, pendant l’exposition, le soutien d’artistes surréalistes, la fresque figure des scènes de d’honneur. « La vue de l’Ex- le parc zoologique jouxtait le propose de révéler La vérité sur la vie quotidienne. Le peintre position coloniale interna- lac Daumesnil. On note aus- les colonies, le bas-relief célèbre met en scène des autoch- tionale », plan peint sur une si un surprenant sous-marin des contrées idéales dévolues à tones symbolisant la faiblesse, toile longue de huit mètres, dans le lac, évoquant la supé- l’enrichissement d’un colonisa- comme des enfants ou des es- orientait les visiteurs qui se riorité technique de la France.
11 LE JOURNAL DU PALAIS © ADAGP, PARIS, 2020. PHOTO : © PASCAL LEMAÎTRE MARTINIQUE, VANILLE, BAS-RELIEF DE LA FAÇADE, ALFRED AUGUSTE JANNIOT, DÉTAIL, 1931
LE JOURNAL DU PALAIS 12 08 La déesse mère de l'humanité, salon Asie © Photo : Lorenzö 09 Apollon et la muse, salon Afrique © Photo : Lorenzö 10 La vie intellectuelle, salon Afrique © Photo : Lorenzö 11 Façade ouest du Palais de la Porte Dorée © Photo : Philippe Monges 08 09 10 11 Les salons, éloges d’un métis- tures murales présentant « L’ap- trant ce que la France pensait Inchangée depuis 1931, la façade sage à géométrie variable port intellectuel et artistique de devoir à la civilisation arabo- ouest est gravée de 159 noms. La Destinés à accueillir les visiteurs l’Afrique française ». « Sur le musulmane. « Il s’agit là de ren- liste commence avec Godefroy de prestige, les deux salons fond comme sur la forme, l’idée dre hommage à une culture qui de Bouillon qui a conduit la pre- d’honneur n’évoquent pas le fait est de faire valoir une rencontre présente de nombreuses affinités mière croisade en terre sainte. colonial. Du moins pas directe- des cultures », commente Hé- avec la nôtre, liée à la France par On y croise le pirate Robert ment. À l’est du Palais, le salon lène Bocard. Ainsi, « recyclant une colonisation privilégiée », Surcouf, l’explorateur Jacques Lyautey, du nom du commissaire les mythes antiques », le peintre écrit Hélène Bocard. Cartier, le ministre Richelieu et général de l’Exposition, rend met en scène le cheval Pégase et Par ailleurs, avec un mobilier bon nombre de chefs militaires hommage aux « Apports intel- le dieu Apollon aux côtés d’une commandé aux célèbres déco- et autres administrateurs moins lectuels et spirituels de l’Asie ». muse noire. Une scène comme rateurs Ruhlmann et Printz, connus. Les décors peints par Ivanna et Saint-Michel (Mikail) terrassant les salons ont une claire voca- Etrangement, les deux-tiers des André-Hubert Lemaître s’ins- le dragon (le mal) évoque les tion commerciale. Réalisés en personnalités de cet immense pirent des grandes figures spiri- racines communes du christia- macassar, ivoire, ou galuchat wall of fame, selon l’expression tuelles et de mythes asiatiques, nisme et de l’Islam. (peau de raie), meubles et par- inventée par Thomas B. Re- tous antérieurs à la société co- Pourtant, deux représentations du quets promeuvent les matériaux verdy et Sylvain Venayre dans loniale. Le plus grand des pan- continent s’opposent. L’Afrique d’exception issus des colonies. leur roman Le jardin des colo- neaux met en scène Bouddha, noire est réduite à un stéréotype nies, ont vécu sous l’Ancien ré- Confucius et Krishna. Le reste raciste : ses habitants sont nus La façade ouest, célébration gime. Selon Hélène Bocard, cela de la fresque illustre les thèmes et vivent dans la forêt. Dans des des artisans de la colonisation reste à étudier et devrait l’être de la danse, de la sculpture et de postures évoquant les « revues Dans un courrier de 1930 dans les prochains mois. « On la musique ou encore les quatre nègres » de l’entre-deux-guerres, l’architecte du Palais, Albert ignore encore par exemple quels éléments naturels. Ici, pas de ils se déhanchent, emportés par Laprade, évoque son souhait de noms ont été proposés et selon trace de l’Occident, mais plutôt la musique. L’Afrique arabo-mu- faire sur les façades latérales, quels critères ils ont été rete- un éloge de l’Asie dans toute son sulmane est mieux considérée. « un monument de la Recon- nus ». La section coloniale, qui altérité. Correspondant aux clichés de naissance française dédié aux se déployait au rez-de-chaussée Le salon Reynaud porte le nom l'époque, les panneaux racontent fondateurs de l’Empire colonial, du palais, célébrait-elle aussi ces du ministre des Colonies. Louis des scènes de la vie quotidienne, une sorte de pendant à ce que figures considérées comme des Bouquet en a réalisé les pein- artistique et intellectuelle illus- peut être l’Arc de triomphe ». gloires de l’Empire français.
13 LE JOURNAL DU PALAIS « PLUTÔT QUE D’ENLEVER DES CHOSES DANS L’ESPACE PUBLIC, IL FAUT EN AJOUTER » QUESTIONS À BENOÎT DE L’ESTOILE PROFESSEUR D’ANTHROPOLOGIE À L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE ET DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS IL FORME PONCTUELLEMENT AU PALAIS DES ENSEIGNANTS SUR L’HISTOIRE COLONIALE DU LIEU. Le Palais de la Porte Dorée est une Que pensez-vous des débats actuels émanation de l’Exposition de 1931, souvent sur les traces coloniales dans l’espace perçue comme une pure apologie du public, du déboulonnage des statues colonialisme. Vous avez montré(1) qu’elle au changement des noms des rues ? était pourtant aussi la première célébra- Les traces de ce passé font partie de ce tion de la diversité culturelle.... que j’appelle les héritages coloniaux. Ce n’est On a souvent en tête une exposition aux pas une notion uniquement négative, décors de carton-pâte, approximative et car un héritage, cela peut être accepté, décorative, sans aucune forme de reconnais- partagé, mais aussi contesté, débattu entre les sance et d’intérêt pour les peuples présentés. héritiers. Plutôt que d’effacer le passé comme Les documents historiques montrent que cela certains le souhaitent, il faut se l’approprier. est plus compliqué. En 1931, il y a au sein Il est important d’oser parler de cette histoire, de cette exposition des présentations d’arts dans toute sa complexité et ses nuances, avec indigènes, prêtées par des collectionneurs des historiens, mais aussi des anthropologues de renom au Musée permanent des colonies et des artistes. Plutôt que d’enlever des choses ou aux pavillons des diverses colonies. Les à l’espace public, il faudrait plutôt en ajouter, artistes français mettent en scène la richesse pour montrer une histoire plus complexe économique et culturelle des territoires que celle qui est donnée à voir. conquis, comme le montre par exemple le bas-relief de Janniot. Des artistes des colonies Comment le Palais peut-il se raconter sont invités à se présenter et des spectacles aux générations actuelles ? musicaux, de théâtre ou de danse, POUR EN SAVOIR des reconstitutions ethnographiques, La polémique à son sujet n’est pas nouvelle. PLUS valorisent les différents territoires présentés. On est face à un bâtiment qui est un chef-d’œuvre architectural et qui à ce titre Clairement, la diversité des empires doit être valorisé, mais qui est en même temps coloniaux est valorisée sur un mode esthé- incontestablement une légitimation Le Palais de la Porte Dorée, par Hélène tique très marqué, tant dans l’architecture, du colonialisme. La question de savoir s’il BOCARD, éd. du Patrimoine, 2018. qui s’inspire de constructions indigènes, que fallait le montrer et comment le faire s’est Traces de l’histoire coloniale dans le 12e dans les œuvres d’art ou les spectacles. posée depuis longtemps. Dans les années 1970 arrondissement de Paris, brochure éditée L’enjeu bien sûr est de convaincre le public déjà, les fresques de la salle des Fêtes avaient par le Palais de la Porte Dorée. que le colonialisme est positif. Il faut aussi été voilées, tant cette histoire coloniale gênait. répondre à l’anticolonialisme naissant, Alfred Auguste Janniot, 1889-1969, Mais vouloir ignorer cet héritage colonial alors que les révoltes sont réprimées dans la monographie aux éditions Somogy, n’est pas la bonne solution. Pour mieux violence en Afrique du Nord et en Indochine. 2003. raconter son histoire complexe, on pourrait Il faut enfin contrer les critiques formu- par exemple rendre visibles ceux qui ont été Un Palais pour une cité, par Maureen lées par les autres puissances impérialistes MURPHY, éd. RMN, 2007. oubliés : tous les artisans, artistes des colonies, comme la Grande-Bretagne, ou qui n’ont militaires qui sont venus à l’Exposition de Le bas-relief du musée permanent pas de colonies, comme l’Allemagne 1931, des artisans marocains ou indochinois des colonies, par Grégoire LEMAITRE, ou les États-Unis. Il s’agit donc de mettre au sultan du Maroc ou à une délégation mémoire d’étude en histoire de l’École en valeur une nouvelle politique coloniale, de dignitaires du Dahomey (actuel Bénin). du Louvre, 2020. qui s’appuie sur les spécificités des De très beaux portraits d’eux, rarement mon- « civilisations », comme on dit à l’époque, Le palais de la porte Dorée : ancrage trés, ont été réalisés par la mission photogra- architectural et muséographique des différentes colonies. phique Albert Kahn. Les coulisses de l’empire 1920-1937, par Léa GENAUD, mémoire Néanmoins, il s’agit bien d’une première colonial glorifié sur les fresques ou la façade, d’étude en muséologie de l’École célébration de la pluralité culturelle, du travail forcé à la répression des révoltes, du Louvre, 2018. une forme de « goût des autres », qui préfi- peuvent aussi être expliquées, ou mis en scène gure les futurs Musée de l’Homme puis par des installations artistiques. le musée du Quai Branly. Ces ouvrages sont consultables à la Médiathèque Abdelmalek Sayad. (1) Le Goût des autres, de l’Exposition coloniale aux Arts premiers, Flammarion, 2007.
PORTRAIT 15 LE JOURNAL DU PALAIS RENCONTRE AVEC « Il fait très froid dans la baraque. Mon père est allé à la mairie demander MEHDI CHAREF qui leur explique qu’ils ont « toute la vie pour révéler le merveilleux » en eux. Celui des couvertures, que nous L’écrivain et cinéaste a reçu à qui il fait lire « ce que j’ai aurons la semaine prochaine. noté dans le calepin qu’il m’a La Seine est gelée ». le Prix littéraire de la Porte Dorée offert ». Mehdi Charef a hérité Mehdi, 10 ans, fraîchement avec « Rue des Pâquerettes », le goût des histoires de sa mère, débarqué de son Algérie récit largement autobiographique qui « disait des contes ou natale, découvre ce qui sera chantait », pour couvrir le son nouveau lieu de vie. d’une enfance dans un bidonville bruit de la mitraille pendant Un bidonville de baraque- d’immigrés algériens. la guerre d’Algérie. Il rêve ments, un sol de terre battue, de vivre de sa plume : « S’inté- sans eau courante ni électrici- grer, c’est se libérer en utilisant té, sans chauffage ni toilettes. les outils qu’on vous donne. Le père a précédé femme Moi, j’ai choisi la langue et enfants des années aupara- française ». Suite au succès vant, un berger devenu ouvrier de son premier roman chroni- de chantier. quant la vie banlieusarde, À 68 ans, Mehdi Charef Le Thé au harem d’Archi Ah- a convoqué ses souvenirs med (1983) puis à l’adaptation d’enfance pour écrire Rue qu’il en a faite pour le cinéma, des Pâquerettes (éd. Hors il a quitté l’usine. Pour ne plus d’atteinte), lauréat du 11e Prix cesser d’écrire et de tourner. littéraire de la Porte Dorée. Quel regard l’artiste C’est le premier volet porte-t-il sur les migrants d’une trilogie consacrée à d’aujourd’hui ? sa jeunesse. Pourquoi mainte- « Leur vie est très dure ici, nant ? Pour ses enfants, pour mais ils sont protégés, ses parents surtout et ceux leurs enfants vont à l’école de leur génération : « J’écris et mangent à leur faim. pour que mon père devienne C’est déjà ça ». Et sur le Musée visible. Pour témoigner et réu- national de l’histoire de l’im- nir tous les gens silencieux migration ? « C’est un lieu qui ont vécu la même chose ». de rencontre, sur notre D’une écriture limpide, histoire et celle des autres. il décrit le quotidien, les peines Qui explique pourquoi nous et les espoirs d’un enfant sommes là. Quand j’étais déraciné et lucide, dans un ter- enfant, on me disait que mes rain vague de Nanterre devenu parents étaient venus pour une petite Algérie. « Des vieux les allocs. La réalité, c’est qu’on en gardent un souvenir ému, les humiliations, la honte à contrarier un destin pro- est venu nous chercher. malgré l’insalubrité. Parce d’aller chercher des vêtements grammé, pourtant, par l’école. C’est important notamment qu’on était entre nous et que d’occasion pour habiller toute Car le récit souligne le rôle dans les écoles, de bien l’intégration, c’était la peur la famille. Il se souvient ambivalent de l’institution, le raconter ». de perdre notre culture », « comment nous étions dévi- missionnée pour forger raconte l’écrivain et cinéaste. sagés quand ma mère parlait des ouvriers plus qualifiés que SON ACTU Le père a promis un retour au fort dans l’autobus ou qu’elle leurs pères illettrés. « On sera Mehdi Charef publie cet pays. « Moi j’ai su qu’on était sortait du bidonville, enroulée des esclaves comme nos pères automne le deuxième volet MEHDI CHAREF. PHOTOS : © D.R. là pour rester quand j’ai dans son haïk blanc ». mais avec des cartables sur de sa trilogie autobiographique. vu qu’il y avait un hammam Il y eut aussi « de belles le dos », dit le jeune Mehdi, Vivants (éd. Hors d’atteinte) raconte les huit ans passés et une boucherie hallal ». rencontres », insiste Mehdi qui visite avec sa classe les dans la cité de transit À hauteur d’enfant, l’écrivain Charef, à commencer par nombreuses usines du secteur. de Nanterre, après le départ raconte le racisme ordinaire, ces enseignants qui l’aidèrent En contrepoint, il y a le maître, de la rue des Pâquerettes.
WWWW LE GRA LE GRAND FESTIVAL CONFÉRENCE FORUM 19H L’humour engagé contre le racisme, l’antisémitisme et les discri- minations caractérise une tendance ancrée en France dès les années 1960 par les sketchs de Fernand Raynaud puis plus tard par Guy Bedos, Coluche, Elie Semoun ou Muriel Robin. La nouvelle génération du « Stand Up » ne fait pas l’impasse sur la thématique et s’empare du sujet : Peut-on rire de tout ? Certains, comme Pierre Desproges, ont déjà répondu oui mais pas avec n’importe qui. Cette rencontre revisite en images l’histoire de l’humour antiraciste en France, sous l’œil d’une chroniqueuse acerbe de notre temps. Elle propose de réfléchir Du 16 au 20 septembre, aux contraintes et aux limites lorsqu’il s’agit d’user du second degré et de l’humour pour dénoncer racisme et antisémitisme la cinquième édition du Grand en France. Festival conjugue mobilisation Avec la participation de Carla Bianchi citoyenne et création artistique et Haroun, humoristes, Nelly Quemener, sociologue, maître pour combattre le racisme, de conférences, Université Paris-3 Sorbonne Nouvelle, Naïma Huber Yahi, historienne du fait culturel l’antisémitisme et la haine anti- et chercheure associée à l’Urmis, Université de Nice Sophia-Antipolis et Alain Degois dit « Papy », LGBTQI. metteur en scène, co-fondateur de AD2 productions. Le Palais de la Porte Dorée vous Rencontre animée par Yvan Gastaut, historien, maître ouvre grand ses portes ! de conférences, Université de Nice Sophia-Antipolis. Venez participer, vous informer, Gratuit sur réservation vous engager et vous émerveiller. Durée : 1h30 Au programme : huit rendez-vous gratuits parmi lesquels un spectacle de danse, un DJ set, un bal afro-dance, du théâtre, une rencontre littéraire, des débats et une grande soirée pluridisciplinaire consacrée à la déconstruction des préjugés. Ensemble, célébrons la diversité et l’engagement de la création INFOS PRATIQUES Événements gratuits sur réservation artistique pour mieux conjurer Retrouvez toute la programmation sur la peur et la haine de l’autre. www.histoire-immigration.fr Le Grand Festival est organisé avec le soutien de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH).
AND FESTIVAL © WILLY VAINQUEUR THÉÂTRE © FRED FOUCH AUDITORIUM 20H TOUT PUBLIC À PARTIR DE 12 ANS Désobéir raconte la France métis- sée et plurielle d’aujourd’hui. Julie DANSE Berès a demandé à des filles, FORUM 20H TOUT PUBLIC À PARTIR DE 7 ANS petites-filles ou arrière- Avec humour et poésie, We are Monchichi questionne petites-filles d’immigrés d’Auber- entre danse et théâtre, les identités culturelles et les stéréotypes villiers « Comment s’inventer qu’elles portent. soi-même ? » Faut-il désobéir pour Shihya Peng est née à Taiwan mais elle vit à Paris. Marco vivre ? Désobéir en est le récit- di Nardo est né à Naples mais il vit à Berlin. Sur scène, les deux réponse orchestré à quatre voix, interprètes interrogent les circulations, la rencontre et le pluri- écrit par la metteure en scène linguisme. Qui est cet Autre ? Qu’est-ce que l’interculturalité ? à partir de ces rencontres, avec la Que signifie-t-elle ? Jouant au chat et à la souris, les corps complicité de Kevin Keiss, drama- en mouvement se frôlent et se cherchent puis se rejettent et turge, et de la romancière Alice se retrouvent. Ils disent tour à tour la révélation, la mélancolie Zeniter. Sur scène, quatre jeunes ou la joie. En découvrant l’Autre, ils se découvrent eux-mêmes. comédiennes racontent, très libre- We are Monchichi, c’est avant tout une danse du partage ment, dans une énergie communi- et de la fusion. Un dialogue des cultures et des différences. cative, leur rapport à la religion, Avec cette pièce qui fait écho à leur propre parcours, le tandem à la famille, à l’amour, au sexe, interprète une histoire universelle. La découverte d’un espace à la justice, au racisme. sans frontières dans lequel s’affirme la redéfinition et l’enri- Avec humour, elles parlent de chissement des identités. désirs et de désillusions. Drôles, Les chorégraphes : Honji Wang est née en Allemagne saisissantes, toujours en mouve- de parents coréens et Sébastien Ramirez est un fils d’espagnol, ment, elles disent le poids né à Perpignan. Ensemble, ils forment la Compagnie Wang des traditions et le désir de rester Ramirez, un couple chorégraphique qui explore les danses fidèles à leur héritage culturel. urbaines, le hip-hop et la danse contemporaine. Couronnés Elles portent les voix de toutes du New York Bessie Award, leurs spectacles allient, danse, celles qui un jour ont dû désobéir, théâtre et jeux de lumières pour célébrer la force des métissages dire non, pour vivre pleinement et questionner les frontières. leur liberté. Direction artistique, conception, chorégraphie : Mise en scène de Julie Berès. Honji Wang et Sébastien Ramirez Texte de Julie Berès, Kevin Keiss Avec : Marco Di Nardo et Shihya Peng et Alice Zeniter. Adaptation des textes et direction d’acteurs : Avec : Lou-Adriana Bouziouane, Fabrice Melquiot Charmine Fariborzi, Hatice Ozer Production : Compagnie Wang Ramirez, Clash66 et Séphora Pondi. Coproduction : Théâtre de la Ville, Paris, Scène Nationale Production : d’Albi. La Compagnie Les Cambrioleurs Gratuit sur réservation Gratuit sur réservation Durée : 1h Durée : 1h15
LE GRAND RENCONTRE AVEC CLOÉ KORMAN © JAROSLAV DEVIA © HERMANCE TRIAY THÉÂTRE AUDITORIUM 15H TOUT PUBLIC À PARTIR DE 14 ANS RENCONTRE LITTÉRAIRE Un lycée monte une adaptation d’Harry MÉDIATHÈQUE 16H30 TOUT PUBLIC Potter. Fanny Niang, qui a été choisie pour À l’occasion de la sortie de son dernier jouer Hermione, est noire. Harcelée dans roman, Tu ressembles à une juive (Éditions son lycée, elle ne correspond pas à la repré- du Seuil) le Palais de la Porte Dorée invite sentation collective que se font les élèves Cloé Korman à revenir sur la douloureuse du personnage d’Hermione. histoire de l’antisémitisme en France : Le lycée décide alors de mettre en place « Du Code noir à l’islamophobie contem- un débat pour savoir si le professeur pouvait poraine, la mise au ban de certaines popu- faire incarner ce personnage par une jeune lations a pris de multiples formes, souvent fille noire. Si elle était blanche dans l’adap- tragiques. Pour ma famille, ce fut le Statut tation cinématographique, le livre précise des Juifs en 1940 qui marqua la plongée juste qu’Hermione a les cheveux foncés dans l’horreur et entraîna un sentiment et les yeux bruns. d’aliénation durable. » Créée à l’occasion du Grand Festival, Née en 1983 à Paris, Cloé Korman a étudié Dans la peau d’Hermione rejoue un procès la littérature, en particulier anglo-saxonne, autour d’une question de discrimination ainsi que l'histoire des arts et du cinéma. liée à la couleur de peau. Des jurés répartis Son premier roman, Les Hommes-couleurs dans le public délibèreront collectivement (Seuil, 2010) a été récompensé par le prix du pour savoir si les représentations collectives livre Inter et le prix Valéry Larbaud. de nos héroïnes et héros sont susceptibles d’évoluer. Cloé Korman est auteure de Les Hommes- couleurs (Seuil, 2010) et Tu ressembles à Pièce participative et éducative une juive (Seuil). de la compagnie For Happy People Rencontre proposée dans le cadre du festi- & Co, mise en scène par Jean-François val Hors-Limites. Auguste. et animée par Olivier Favier, écrivain, traducteur et journaliste. Texte de Laetitia Ajanohun. Gratuit sur réservation Conception et collaboration artistique de Morgane Eches. Avec : Diaretou Keita, Vincent Deslandres et Nantene Traore. En partenariat avec la Fondation Amnesty International France et Théâtre Ouvert - Centre National des Dramaturgies Contemporaines. Gratuit sur réservation Durée : 1h10
D FESTIVAL LANGAGEMENT #2 PAR LE COLLECTIF MELANGE FORUM 16H30 TOUT PUBLIC Le collectif MELANGE propose un grand bal de clôture du Grand Festival aux sons de l’afro-house avec les crews de danseurs Afronovo et Afronovo Kids, ambiancés par un duo de DJ. Plusieurs styles de danse se répondent : afro-trap, new style, électro style, baile funk, kuduro… En famille ou entre amis, découvrez ces danses urbaines et conviviales témoignant de la diversité des danses afri- caines arrivées en France avec les vagues d’immigration. MELANGE est un collectif de création hybride qui réunit des artistes autour de la musique, la danse, la mode écoresponsable et les arts visuels. Gratuit sur réservation © ANNE VOLERY RENCONTRES PERFORMANCES FORUM 19H TOUT PUBLIC Le journaliste et animateur Raphäl Yem, engagé dans plusieurs associations contre les discriminations au sein des quartiers populaires, revient au Palais pour animer et mettre en scène une grande soirée de rencontres sur la question des préjugés. Pour le Grand Festival, il invite des figures artistiques issues de tous les horizons à s’exprimer à leur manière et à travers leurs disciplines sur les stéréo- types et les inégalités. Les discriminations, dont la liste est encore bien trop longue, sont ainsi abordées à travers le dessin, l’humour ou bien encore l’éloquence. Une grande soirée pluridisciplinaire mêlant humour, projections et discussions pour participer ensemble à la déconstruction des préjugés par la parole. Soirée animée par Raphäl Yem. Avec le duo d’humoristes Odah & Dako, les illustrateurs Blachette et Rakidd et l’artiste vidéaste Irvin Anneix. Gratuit sur réservation © YANN MÉNEC DJ SET PARVIS DU PALAIS 21H TOUT PUBLIC DJ, beatmakeuse, organisatrice d’événements, Marina Wilson alias DJ Cheetah prend d’assaut le Palais pour mixer le meilleur des sons urbains du continent africain. Elle mixe principalement du hip-hop et des classiques de la musique africaine (coupé décalé, afrobeat). Ses sets sont nourris notamment de hip-hop ghanéen, ivoirien, gabonais, sud-africain et camerounais. Elle s’intéresse avant tout à la dynamique de la musique urbaine afri- caine pour ce qu’elle apporte de différent. Gratuit
FESTIV VISIONS D’EXIL « D’un confinement à l’autre » SO IRÉE D'O Du 30 octobre MUSIQUE au 1er novembre 2020 AFFRANCHIES VENDREDI 30 OCTOBRE HALL MARIE CURIE 19H Quatre chanteuses et une musicienne Le Festival pluridisciplinaire livrent leur histoire en textes et en chansons, chacune puis ensemble pour de l’atelier des artistes raconter l'exil et leur quête de liberté. Ouïghoure, Iranienne, Sahraouie, en exil prend ses quartiers au Congolaise, Vénézuélienne, elles ont quitté leur pays et mènent un double combat : Palais de la Porte Dorée celui de l'émancipation de leur peuple et celui de leur genre. Loin des interdits, pour sa 4e édition ! elles peuvent à présent chanter leur droit à exister. Avec : Diana La Fraise (République démocratique du Congo), Aida Nosrat (Iran), Dighya Mohammed Cette année, les artistes Salem (Sahara Occidental), Nassima Shavaeva (Kazaksthan), Angerlin Urbina (Venezuela). reviennent sur la période Direction artistique : Judith Depaule (France) Scénographie : Maral Bolouri (Iran) Costumes : Abdou Khadr Faye (Sénégal) récente du confinement pour Coordination musicale : Daniel Blanco (Venezuela) Compositions pour la flûte : Juvenal Balestrini (Venezuela) la mettre en relation avec Production : atelier des artistes en exil avec le soutien les problématiques de l’exil. de la Ville de Paris et le Fonds de dotation Porosus. PERFORMANCE D’où que nous soyons, quelles que soit notre histoire, THROUGH REPROACH de quoi sommes-nous faits ? VALLEY VENDREDI 30 OCTOBRE FORUM 20H La crise sanitaire a imposé Pour sa première performance collective, Kubra Khademi s’interroge un temps suspendu au monde sur l’expérience de la famine, de la maladie, des catastrophes écolo- entier, rendant commune giques, de la guerre et sur l’injonction qui nous est faite à rester calmes, patients une expérience familière aux et positifs. Mais que s’est-il vraiment pas- sé ? Comment aurions-nous dû réagir ? personnes contraintes à l’exil. Et quel est le rôle de l’art dans pareille situation ? Un remède contre la pression S’arrêter, se retrouver, se lais- sociale ? « Le reflet de la société » ? ser aller à penser, et à travers Performance collective de Kubra Khademi (Afghanistan) le regard d'artistes traversés Production : atelier des artistes en exil, Les SUBS – Lieu vivant d’expériences artistiques, Lyon par l’exil, explorer et mesurer les enjeux politiques de ce qui nous constitue. INFOS PRATIQUES Gratuit une seule réservation pour tous les évenements de la soirée : www.histoire-immigration.fr
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