LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée

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LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée
N°12 SEP
         TEMBR   E           EMBRE 2020
                     - NOV

                                                  DOSSIER :
                                                LE PALAIS
                                                DÉCRYPTÉ

   P.4 UNE                                P.15 RENCONTRE      P.16 LE GRAND
   PROGRAMMATION                          AVEC MEDHI          FESTIVAL
   ENGAGÉE                                CHAREF              2020
LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée
AU POISSON
                               LUNE
                             CET ÉTÉ !

                                                                                            PHOTOS : D.R.

                            ÇA GAZOUILLE
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LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée
3 LE JOURNAL DU PALAIS

REGARDER LE PASSÉ,
PENSER L’AVENIR
Les monuments ne sont pas des bâtiments

                                                               SOMMAIRE
comme les autres. Ils s’imposent dans
la cité comme les témoins d’une histoire
souvent complexe, parfois douloureuse,
qu’ils racontent comme des livres de pierre.
Le Palais de la Porte Dorée ne fait
pas exception. Aussi, son décor de style
Art déco inspiré par l’idéologie coloniale
doit aujourd’hui être reconsidéré avec
la conscience du contexte historique qui a
présidé à sa création. C’est à cette relecture
                                                                      © FRED FOUCH

documentée que vous convie notre grand

                                                                                                                                                                   © LORENZÖ
                                                                                                                                DOSSIER
dossier.                                                                             LES ACTUS DU PALAIS

Nous vous invitons aussi à jeter un œil
sur notre programmation de rentrée toujours
                                                                             4 LES ACTUS DU PALAIS
                                                                             Plus engagé que jamais !
engagée et plus que jamais ancrée dans
le présent. Les rencontres, les spectacles                                   6 DOSSIER
                                                                             L’imagerie coloniale du Palais
et tous les rendez-vous de notre Grand
Festival contre le racisme, l’antisémitisme                                  15 PORTRAIT
et la haine anti-LGBT et du festival Visions                                 Mehdi Charef
d’exil réuniront de nombreux artistes et
                                                                             16 AGENDA
intellectuels pour débattre de notre époque
avec lucidité et curiosité.                                                  30 LE PALAIS VU PAR...
                                                                             Kasbah
Pour la rentrée… À vos marques, prêts,
partez !                                                                     31 DU CÔTÉ DES FILMS
                                                                             Deux jeunes et un saint noir

                                                                             32 VU & ENTENDU AU PALAIS
                                                                             Le Palais croqué par Laurence Le Chau
          Présidente du conseil        Responsable
OURS

          d’administration :           de la communication :
          Mercedes Erra                Thibaud Giraudeau
          Président du conseil         Rédactrice :
          d’orientation :              Elodie de Vreyer
          François Héran
          Directrice générale :        Maquette :
                                       Sandy Chamaillard
          Hélène Orain
Directeur du développement,            Illustration
des publics et de la communication :   4e de couv :
Benjamin Bechaux                       Laurence Le Chau                     PHOTO EN COUVERTURE : LE PALAIS DE LA PORTE DORÉE © ANNE VOLERY.
LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée
LE JOURNAL DU PALAIS 4                                                                 ACTU DU PALAIS
                            PALAIS
              JOURNÉES
            EUROPÉENNES
            DU PATRIMOINE
           Les 19 et 20
           septembre, pour
           la 37e édition des
           Journées européennes
           du patrimoine,
                                                         © D.R.

                                                                                                                                                     WANG RAMIREZ
           le Palais se dévoile

                                                         PLUS ENGAGÉ
           sous toutes ses
           coutures avec des
           visites panoramiques,

                                                         QUE JAMAIS !
           inattendues ou
           historiques.

                                                                                              au 1er novembre. Le Palais a été      comme le spectacle du duo de
                          AU MUSÉE                          La crise                          la première institution à accueil-    chorégraphes Wang Ramirez
            MIGRANTES ET                                 du coronavirus a                     lir ce festival consacré à la créa-   ou le bal afro-dance de clôture.
                                                         renforcé le Palais                   tion d’artistes accompagnés par       L’offre de rencontres-débats
            COMBATTANTES                                                                      l’atelier des artistes en exil. Sur   se renouvelle aussi cet automne.
                                                         dans ses missions.                   le thème « D’un confinement à         « Notre objectif est que chacun
                                                         De festivals                         l’autre », cette édition surfe sur    puisse se forger une opinion
                                                                                              l’actualité du Covid. Parmi les       éclairée sur les grandes questions
                                                         en conférences,                      temps forts : du théâtre d’ombres     liées à l’immigration.
                                                         de débats                            pour évoquer la guerre en Syrie,      Ces rencontres reposent autant
                                                         en célébrations                      une performance de l’artiste fé-      sur des témoignages que sur
                                                                                              ministe afghane Kubra Khademi         l’analyse critique d’experts recon-
                                                         de l’altérité,                       ou un concert de musique élec-        nus dans leur domaine », résume
                                                         l’automne sera                       tro-orientale avec Taxi Kebab.        Frédéric Callens, responsable
                                                                                              La rentrée verra aussi la             du service des Ressources. Trois
                                                         riche !
© NIEPCE

                                                                                              cinquième édition du Grand            rencontres sont proposées chaque
                                                         « Le confinement nous a permis       festival contre le racisme, l’anti-   mois : cinéma, littérature (qui
           Longtemps, elles                              de tester de nouveaux formats,       sémitisme et la haine anti-           s’ouvre cet automne aux publica-
           n’ont pas intéressé                           mais aussi de réfléchir sur nos      LGBT, en partenariat avec la          tions scientifiques) et questions
           les chercheurs.                               missions dans une période qui        Dilcrah(1). Le festival artistique    d’actualité. Sur ce dernier thème,
           Les femmes migran-                            a vu, une fois encore, surgir        pluridisciplinaire est consacré       une belle soirée sur les héros
                                                         la tentation du bouc émissaire ».    cette année à la déconstruction       méconnus des décolonisations
           tes ont pourtant                              Pour Hélène Orain, la rentrée        des stéréotypes. « Notre ambi-        est annoncée, en partenariat
           mené, historiquement,                         sera dense après trois mois de       tion est de poser la question du      avec Arte. Quant aux cinéphiles,
           de nombreux                                   fermeture puis un programme          racisme et des discriminations        ils ont rendez-vous en octobre
           combats. Elles ont                            d’été allégé. « Nous avons main-     dans une démarche apaisée             pour une soirée inédite « Séries
                                                         tenu autant que possible tous les    et fédératrice », résume Cécile       et immigration » et une autre
           aussi été en première                         événements programmés avant          Vermorel, responsable de la pro-      consacrée aux travaux audiovi-
           ligne lors de la crise                        le Covid, poursuit la directrice     grammation culturelle. Parmi          suels d’étudiants de La Fémis
           du coronavirus.                               générale de l’Établissement.         les temps forts, une création de      sur les réalités migratoires.
           Le nouveau numéro                             Parce que l’art a un rôle d’autant   Laetitia Ajanohun sur les clichés
                                                         plus important en cette période      en milieu scolaire et Désobéir,
           d’Hommes                                      mais aussi pour ne pas péna-         une pièce de Julie Bérès écrite
           & Migrations explore                          liser les compagnies et artistes     à partir d’un travail documen-        1. Délégation interministérielle à
                                                                                                                                    la lutte contre le racisme, l’antisémi-
           le sujet.                                     partenaires ».                       taire réalisé avec des jeunes         tisme et la haine anti-LGBT.
                                                         Du confinement, il sera question     filles d’Aubervilliers. Mais le
            Hommes & Migrations n°1331 (oct.-                                                                                         Retrouvez la programmation détail-
           déc.), 15€, disponible sur le site internet   pour la quatrième édition            Grand Festival, ce sont aussi des     lée dans les pages « Agenda » et sur le
           du Palais, à la billeterie et en librairie.   de Visions d’exil, du 30 octobre     moments poétiques ou joyeux,          site internet du Palais.
LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée
ZOOM                                                               ACTU DU PALAIS                                              5 LE JOURNAL DU PALAIS

                                                                                                                                                               L'ANIMAL
                                                                                                                                                                   STAR
                                                                        LE
                                                                      CHIFFRE
© JEAN-VINCENT SIMONET

                                                                       CLÉ                                      LE CORAIL DUR
                                                                                75
                            DES                                                                              INSOLITE !        Eh oui, malgré les apparences, le corail est bien un
                                                                                                                               animal. Ou plus exactement un groupe de minuscules
                           NUDES                                                                                               animaux, appelés polypes, qui vivent en colonies.

                            TRÈS                                    C’est le nombre de personnes
                                                                                                                               Les coraux dits durs (il existe aussi des coraux mous)
                                                                                                                               produisent du calcaire qui va servir à fabriquer un
                         POPULAIRES                                 mobilisées pour la refonte
                                                                    du Musée national de l'histoire
                                                                                                                               exosquelette commun constituant le récif corallien.
                                                                                                                               Les récifs abritent 25 % de la vie marine totale.
                         Cette série de souliers                    de l'immigration.                                          Mais ces hauts lieux de la biodiversité sont en danger.
                         déclinant des tons chair a fait            Historiens, géographes, socio-                             Les causes ? Principalement le réchauffement cli-
                         la renommée de Christian                   logues, politologues et conser-                            matique et l’acidification de l’océan qui provoquent
                         Louboutin. Découvrez pourquoi              vateurs constituent le comité                              le blanchissement et la fragilisation du squelette
                         et venez les admirer !                     scientifique pluridisciplinaire                            calcaire. À l’Aquarium tropical, les aquariologistes
                         Parmi les 650 souliers                     qui a établi les grandes lignes                            profitent de la période des travaux pour multiplier
                         présentés dans l’expo Christian            de cette refonte. Plus grand,                              les colonies par bouturage. Cette technique consiste
                         Louboutin : L’Exhibition[niste],           plus interactif et 100% acces-                             à fragmenter le corail en petit bouts qui sont fixés sur
                         ils sont loin d’être les plus              sible, le nouveau parcours,                                des plots afin qu’ils reprennent leur croissance.
                         extravagants. Et pourtant ce               qui ouvrira à l’automne 2021,                              Les chercheurs peuvent ainsi étudier et comprendre le
                         sont les « Nudes » (nus en                 s’articulera autour de 12 dates                            développement du corail dur.
                         anglais), imaginés en 2013, qui            clés, pour finir sur des ques-                               Pour en savoir plus: www.aquarium-tropical.fr/
                         ont fait du créateur parisien              tions contemporaines.                                      le-deplacement-des-coraux
                         une célébrité outre-Atlantique.
                         Les Américains, et nombre de
                         stars, ont tout de suite aimé                                             MUSÉE            Le Musée national de l’histoire
                         ces escarpins déclinés en neuf
                         couleurs, correspondant à                   LES PARTENAIRES                             de l’immigration travaille
                         autant de carnations.                             DU MUSÉE                              avec de nombreux partenaires
                         L’idée a germé dans la tête de
                                                                           EN FORUM                              pour développer et faire connaître
                         Christian Louboutin quand une
                         collaboratrice noire lui                                                                l’histoire et les mémoires
                         a fait remarquer que la couleur                         Une nouvelle exposition         de l’immigration en France.
                                                                        itinérante "Frontières. Observer
                         beige dite « chair » n’avait
                                                                          les marges pour questionner le         Associations, chercheurs, artistes, institutions culturelles
                         aucune signification                             monde" explique comment les            mais aussi écoles et collectivités territoriales font partie de ce réseau
                         pour des Afro-américaines.                      frontières se sont construites et
                                                                                                                 national et international. Si les conditions sanitaires le permettent,
                         Au-delà du symbole, le créateur             évoluent. Des cartes permettent de
                                                                       visualiser des ordres de grandeur         200 à 300 de ces partenaires sont attendus au Palais les 4 et
                         y a vu un enjeu esthétique :
                                                                           et de prendre conscience de la        5 novembre pour le Forum du réseau. Il se tient tous les trois ans.
                         celui d’un soulier qui                          relativité des données liées aux        « C’est l’occasion de réfléchir collectivement aux chantiers
                         se fond avec la jambe et allonge                   migrations en introduisant la
                                                                           question des proportions dans
                                                                                                                 à mener pour assurer une meilleure visibilité des acteurs et
                         la silhouette. Il n’a mesuré
                                                                          les représentations. C’est donc        des offres culturelles traitant de ces sujets, conformément à notre
                         qu’après la portée politique
                                                                             une incitation à questionner        mission », commente Agnès Arquez-Roth, cheffe du service
                         de cette collection, celle                    notre rapport au monde, à mieux           Réseau et Partenariats. L’événement sera, entre autres, l’occasion
                         qui fait toujours son succès :             comprendre les réalités et causes des
                                                                     déplacements humains importants             d’une présentation de L’Encyclopédie des migrants, un recueil
                         des souliers aujourd’hui déclinés
                                                                          sur tous les continents. Le prêt       de récits et photos rassemblés dans le cadre d’un projet européen
                         en escarpins, bottes, sneakers…                de cette expo mobile est gratuit.        par l’association L’Âge de la tortue, ainsi que d’une nouvelle expo
                         Pour tous les clients et clientes,
                                                                               Infos : itinerance@palais-        mobile du Musée Frontières. Observer les marges pour questionner
                         une célébration de la diversité.
                                                                                             portedoree.fr       le monde (voir ci-contre).
                           Jusqu’au 3 janvier 2021. Réservation
                         en ligne obligatoire sur le site du Pa-                                                 Forum réservé aux partenaires. Info pratique : reseau.histoire-
                         lais. Visites guidées le week-end à 11h.                                                immigration@palais-portedoree.fr
LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée
LE JOURNAL DU PALAIS 6          DOSSIER

L’IMAGERIE
COLONIALE
DU PALAIS
                           Construit pour l’Exposition
                         coloniale de 1931, le Palais
                         devait justifier et donner à voir
                         les bienfaits de la colonisation
                         jusque dans son architecture.
                         Aujourd’hui, le travail se
                         poursuit pour décrypter et faire
                         connaître aux visiteurs tout
                         ce que raconte le bâtiment
                         resitué dans son époque.

                         Le phénomène s’est répandu dans plusieurs pays, en
                         écho aux débats sur le racisme provoqués par la mort de
                         l’américain Georges Floyd. À Anvers, la municipalité a
                         déboulonné la statue du roi belge Léopold II, souverain
                         de la conquête coloniale. À Bristol, celle du marchand et
                         négrier Edward Colston a connu le même sort. À Paris, la
                         statue de Colbert, inventeur des politiques économiques
                         en France mais aussi rédacteur du Code noir fixant le
                         statut juridique des esclaves dans les Antilles fran-
                         çaises, a été vandalisée. Pour les partisans du déboulon-
                         nage des statues, il s’agit de mettre à terre des symboles
                         insultants et plus globalement, d’interroger la politique
                         mémorielle de la France (lire l’interview de l’anthropo-
                         logue Benoît de L’Estoile p 11.). Dans ce contexte, que
                         faut-il faire et dire du Palais de la Porte Dorée ? Quelle
                         est aujourd’hui la place de ce chef-d’œuvre inclassable
                         de l’Art déco, aussi étroitement lié à l’histoire coloniale,
                         bâti pour en illustrer les bienfaits ? Le débat existait avant
                         le mouvement « Black lives matter ».
LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée
7 LE JOURNAL DU PALAIS

                                                                               © ADAGP, PARIS, 2020. PHOTO : © LORENZÖ

PIERRE DUCOS DE LA HAILLE, FRESQUE DE LA SALLE DES FÊTES, DÉTAIL, 1931
LE PALA IS DÉCRYPTÉ - P.15 RENCONTRE AVEC MEDHI - DOSSIER : Palais de la Porte Dorée
LE JOURNAL DU PALAIS 8

01

01 Oubanghi. Chasse à l'hippopotame,
et 06 Cochinchine, bas-relief
de la façade, Alfred Auguste Janniot,
détail, 1931 © ADAGP, Paris, 2020.
Photo : © Pascal Lemaître
02 Le Palais de la Porte Dorée
© Photo : Pascal Lemaître
03 , 04 , 05 et 07 Fresques
de la salle des fêtes, Pierre Ducos
de la Haille, détail, 1931 © ADAGP,
Paris, 2020. Photo : © Lorenzö
08 Le plan Goor © Philippe Monges.

                                        02                                   03

« Depuis plusieurs années, nos          des rares vestiges de l’Exposition   nique et social. Dans le contexte   pisserie de pierre », pour la
équipes travaillent avec des his-       coloniale de 1931. Cette année-      du début des années trente et de    richesse et la finesse de son or-
toriens pour dépasser la vision         là, de mai à novembre, huit          la monté de l’anticolonialisme,     nementation. Des travaux de re-
esthétique et architecturale et         millions de visiteurs découvrent     l’Exposition a deux autres objec-   cherche récents montrent à quel
proposer une approche plus his-                                                                                  point il fait écho au reste du bâ-
torique intégrant le contexte de                                                                                 timent et à l’Exposition dont il
l’exposition coloniale de 1931.                                                                                  était la porte d’entrée.
Ce travail de fond nous permet                        « Un bâtiment                                              La France figure bien sûr en
de proposer au public des visites,
des ressources, des événements
                                                pour glorifier et justifier                                      majesté au centre au-dessus
                                                                                                                 de l’entrée. De part et d’autre
qui lui permettent d’appréhen-                       le colonialisme,                                            - l’Afrique, l’Océanie et les An-
der ces questions sensibles. »,                  pour promouvoir aussi                                           tilles à gauche, l’Asie et les îles
explique Hélène Orain, directri-                                                                                 du Pacifique à droite -, 151 per-
ce générale de l'Établissement.                l’économie des colonies ».                                        sonnages sont représentés, tous
« Un bâtiment est toujours le                                                                                    indigènes, visage tendu vers la
reflet d’une idéologie et d’une                                                                                  « mère-patrie ». Culture du thé,
époque, rappelle Hélène Bocard,         sa silhouette à l’orée du bois de    tifs : intéresser les Français de   du coton et du cacao, recueil du
conservatrice en chef du patri-         Vincennes. L’Exposition y cé-        métropole aux colonies et atti-     caoutchouc, extraction de mé-
moine au Palais de la Porte Dorée.      lèbre une France à l’apogée de       rer des investisseurs. Le Palais,   taux… Ils semblent travailler de
Tout l’enjeu est d’étudier puis         sa puissance impériale. Les visi-    conçu comme un bâtiment de          leur plein gré à l’édification de
d’expliquer ce contexte, avec des       teurs explorent les pavillons des    propagande et une métaphore         l’Empire.
historiens de l’art, des historiens     colonies, admirent danseurs et       de l’idéologie coloniale fran-      L’œuvre est une incitation à la
et des ethnologues ». Depuis une        artisans, goûtent les productions    çaise, porte ces messages.          production et à la consomma-
dizaine d’années, le travail est        exotiques. C’est la promesse                                             tion. Grégoire Lemaître, étu-
engagé, de travaux de recherche         de « faire le tour du monde en       Le bas-relief : des colonies        diant de l’Ecole du Louvre, lui
en acquisitions d’archives.             un jour » pour découvrir une         au travail pour la France           a consacré un récent mémoire.
Construit pour devenir un mu-           colonisation présentée comme         Le bas-relief d’Alfred Janniot,     « Chaque image présente re-
sée permanent des colonies, le          pacificatrice et source de déve-     « L’apport des colonies à la        joint les dispositifs mis en place
Palais de la Porte Dorée est l’un       loppement économique, tech-          France », a été qualifié de « ta-   pour divertir et instruire le pu-
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9 LE JOURNAL DU PALAIS

04                                    05

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blic lors de l’exposition », écrit-   teur absent. « Une vision régres-     claves. Ducos leur oppose la         présentaient à la Cité des in-
il. Ainsi, les fibres et végétaux     sive, plaisante et mensongère de      modernité des colons, entou-         formations, un bâtiment créé
sont présentés dans les pavillons     l’impérialisme », pour Grégoire       rés d’objets techniques (che-        à l’initiative du Maréchal
des colonies. Les animaux de la       Lemaître.                             min de fer, tracteur…) qui leur      Lyautey pour offrir des infor-
façade sont visibles à l’Aqua-                                              permettent d’accomplir leurs         mations sur les colonies (no-
rium tropical ou dans le parc         Une fresque où la France re-          missions « civilisatrices ».         tamment aux industriels) lors
zoologique de l’Exposition.           dresse une humanité affaiblie         Très explicitement, l’œuvre il-      de l’Exposition.
Sur cette façade très dense, les      Elle est le contre-point du           lustre et justifie la vision fran-   Peinte par l’artiste Gaston
colonisateurs ne sont pas re-         bas-relief de façade, par son titre   çaise de la colonisation définie     Goor, cette toile est assez peu
présentés. Le bas-relief met en       même. « L’apport de la France         par le ministre Paul Reynaud         réaliste du site et de ses pa-
scène un monde « primitif »,          aux colonies », réalisée par          lors de l’inauguration : « Ap-       villons, dans la tradition des
sans référence au progrès tech-       Pierre-Henri Ducos de la Haille,      porter la lumière dans les té-       plans de villes ornés d’allégo-
nique amené par le colon, ni à        couvre les murs du Forum. Celui-      nèbres ». À l’opposé du relief de    ries et de personnages mytho-
la culture des colonisés. Hélène      ci était initialement une salle       Janniot, « au caractère intempo-     logiques. On y voit, encadrant
Bocard écrit : « Janniot inscrit      des fêtes destinée à accueillir       rel, le programme idéologique        le plan, Athéna, déesse de la
son relief dans une sorte d’in-       festivités et congrès.                du décor du forum est beaucoup       paix, Apollon dieu des arts,
temporalité, juxtaposant une          Face à l’entrée, la France offre      plus affirmé, en raison sans         Hermès, celui des voyages
allégorie (la France), des figures    la colombe de la paix aux cinq        doute de la solennité du lieu »,     ainsi qu’une figure incarnant
mythologiques (Pomone) et des         continents. Aux angles et au          conclut Hélène Bocard.               la ville de Paris. Parmi les
sujets inspirés du monde réel ».      centre des murs latéraux, on                                               entorses à la réalité, des au-
En cette année 1931 où une            découvre huit allégories des          Le plan Goor et ses entorses         truches et gazelles déambulent
contre-exposition organisée par       vertus offertes aux territoires       à la réalité                         dans les allées, comme dans un
la Ligue contre l’Impérialisme        conquis, comme la Paix, la Li-        Restauré en 2018, il est au-         jardin d’Eden, rappelant, peut-
et l’Oppression coloniale avec        berté ou le Travail. Le reste de      jourd’hui installé dans le hall      être, que, pendant l’exposition,
le soutien d’artistes surréalistes,   la fresque figure des scènes de       d’honneur. « La vue de l’Ex-         le parc zoologique jouxtait le
propose de révéler La vérité sur      la vie quotidienne. Le peintre        position coloniale interna-          lac Daumesnil. On note aus-
les colonies, le bas-relief célèbre   met en scène des autoch-              tionale », plan peint sur une        si un surprenant sous-marin
des contrées idéales dévolues à       tones symbolisant la faiblesse,       toile longue de huit mètres,         dans le lac, évoquant la supé-
l’enrichissement d’un colonisa-       comme des enfants ou des es-          orientait les visiteurs qui se       riorité technique de la France.
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MARTINIQUE, VANILLE, BAS-RELIEF DE LA FAÇADE, ALFRED AUGUSTE JANNIOT, DÉTAIL, 1931
LE JOURNAL DU PALAIS 12

                                                                            08 La déesse mère de l'humanité,
                                                                            salon Asie © Photo : Lorenzö
                                                                            09 Apollon et la muse, salon Afrique
                                                                            © Photo : Lorenzö
                                                                            10 La vie intellectuelle, salon Afrique
                                                                            © Photo : Lorenzö
                                                                            11 Façade ouest du Palais de la Porte
                                                                            Dorée © Photo : Philippe Monges

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09                                                                          10                                        11

Les salons, éloges d’un métis-        tures murales présentant « L’ap-      trant ce que la France pensait            Inchangée depuis 1931, la façade
sage à géométrie variable             port intellectuel et artistique de    devoir à la civilisation arabo-           ouest est gravée de 159 noms. La
Destinés à accueillir les visiteurs   l’Afrique française ». « Sur le       musulmane. « Il s’agit là de ren-         liste commence avec Godefroy
de prestige, les deux salons          fond comme sur la forme, l’idée       dre hommage à une culture qui             de Bouillon qui a conduit la pre-
d’honneur n’évoquent pas le fait      est de faire valoir une rencontre     présente de nombreuses affinités          mière croisade en terre sainte.
colonial. Du moins pas directe-       des cultures », commente Hé-          avec la nôtre, liée à la France par       On y croise le pirate Robert
ment. À l’est du Palais, le salon     lène Bocard. Ainsi, « recyclant       une colonisation privilégiée »,           Surcouf, l’explorateur Jacques
Lyautey, du nom du commissaire        les mythes antiques », le peintre     écrit Hélène Bocard.                      Cartier, le ministre Richelieu et
général de l’Exposition, rend         met en scène le cheval Pégase et      Par ailleurs, avec un mobilier            bon nombre de chefs militaires
hommage aux « Apports intel-          le dieu Apollon aux côtés d’une       commandé aux célèbres déco-               et autres administrateurs moins
lectuels et spirituels de l’Asie ».   muse noire. Une scène comme           rateurs Ruhlmann et Printz,               connus.
Les décors peints par Ivanna et       Saint-Michel (Mikail) terrassant      les salons ont une claire voca-           Etrangement, les deux-tiers des
André-Hubert Lemaître s’ins-          le dragon (le mal) évoque les         tion commerciale. Réalisés en             personnalités de cet immense
pirent des grandes figures spiri-     racines communes du christia-         macassar, ivoire, ou galuchat             wall of fame, selon l’expression
tuelles et de mythes asiatiques,      nisme et de l’Islam.                  (peau de raie), meubles et par-           inventée par Thomas B. Re-
tous antérieurs à la société co-      Pourtant, deux représentations du     quets promeuvent les matériaux            verdy et Sylvain Venayre dans
loniale. Le plus grand des pan-       continent s’opposent. L’Afrique       d’exception issus des colonies.           leur roman Le jardin des colo-
neaux met en scène Bouddha,           noire est réduite à un stéréotype                                               nies, ont vécu sous l’Ancien ré-
Confucius et Krishna. Le reste        raciste : ses habitants sont nus      La façade ouest, célébration              gime. Selon Hélène Bocard, cela
de la fresque illustre les thèmes     et vivent dans la forêt. Dans des     des artisans de la colonisation           reste à étudier et devrait l’être
de la danse, de la sculpture et de    postures évoquant les « revues        Dans un courrier de 1930                  dans les prochains mois. « On
la musique ou encore les quatre       nègres » de l’entre-deux-guerres,     l’architecte du Palais, Albert            ignore encore par exemple quels
éléments naturels. Ici, pas de        ils se déhanchent, emportés par       Laprade, évoque son souhait de            noms ont été proposés et selon
trace de l’Occident, mais plutôt      la musique. L’Afrique arabo-mu-       faire sur les façades latérales,          quels critères ils ont été rete-
un éloge de l’Asie dans toute son     sulmane est mieux considérée.         « un monument de la Recon-                nus ». La section coloniale, qui
altérité.                             Correspondant aux clichés de          naissance française dédié aux             se déployait au rez-de-chaussée
Le salon Reynaud porte le nom         l'époque, les panneaux racontent      fondateurs de l’Empire colonial,          du palais, célébrait-elle aussi ces
du ministre des Colonies. Louis       des scènes de la vie quotidienne,     une sorte de pendant à ce que             figures considérées comme des
Bouquet en a réalisé les pein-        artistique et intellectuelle illus-   peut être l’Arc de triomphe ».            gloires de l’Empire français.
13 LE JOURNAL DU PALAIS

                                                « PLUTÔT QUE D’ENLEVER
                                               DES CHOSES DANS L’ESPACE
                                              PUBLIC, IL FAUT EN AJOUTER »
                                                       QUESTIONS À
                                                   BENOÎT DE L’ESTOILE
                                               PROFESSEUR D’ANTHROPOLOGIE À L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE
                                               ET DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS
                                               IL FORME PONCTUELLEMENT AU PALAIS DES ENSEIGNANTS
                                               SUR L’HISTOIRE COLONIALE DU LIEU.

                                             Le Palais de la Porte Dorée est une                Que pensez-vous des débats actuels
                                             émanation de l’Exposition de 1931, souvent         sur les traces coloniales dans l’espace
                                             perçue comme une pure apologie du                  public, du déboulonnage des statues
                                             colonialisme. Vous avez montré(1) qu’elle          au changement des noms des rues ?
                                             était pourtant aussi la première célébra-
                                                                                                Les traces de ce passé font partie de ce
                                             tion de la diversité culturelle....
                                                                                                que j’appelle les héritages coloniaux. Ce n’est
                                             On a souvent en tête une exposition aux            pas une notion uniquement négative,
                                             décors de carton-pâte, approximative et            car un héritage, cela peut être accepté,
                                             décorative, sans aucune forme de reconnais-        partagé, mais aussi contesté, débattu entre les
                                             sance et d’intérêt pour les peuples présentés.     héritiers. Plutôt que d’effacer le passé comme
                                             Les documents historiques montrent que cela        certains le souhaitent, il faut se l’approprier.
                                             est plus compliqué. En 1931, il y a au sein        Il est important d’oser parler de cette histoire,
                                             de cette exposition des présentations d’arts       dans toute sa complexité et ses nuances, avec
                                             indigènes, prêtées par des collectionneurs         des historiens, mais aussi des anthropologues
                                             de renom au Musée permanent des colonies           et des artistes. Plutôt que d’enlever des choses
                                             ou aux pavillons des diverses colonies. Les        à l’espace public, il faudrait plutôt en ajouter,
                                             artistes français mettent en scène la richesse     pour montrer une histoire plus complexe
                                             économique et culturelle des territoires           que celle qui est donnée à voir.
                                             conquis, comme le montre par exemple le
                                             bas-relief de Janniot. Des artistes des colonies   Comment le Palais peut-il se raconter
                                             sont invités à se présenter et des spectacles      aux générations actuelles ?
                                             musicaux, de théâtre ou de danse,
POUR EN SAVOIR                               des reconstitutions ethnographiques,
                                                                                                La polémique à son sujet n’est pas nouvelle.
PLUS                                         valorisent les différents territoires présentés.
                                                                                                On est face à un bâtiment qui est un
                                                                                                chef-d’œuvre architectural et qui à ce titre
                                             Clairement, la diversité des empires
                                                                                                doit être valorisé, mais qui est en même temps
                                             coloniaux est valorisée sur un mode esthé-
                                                                                                incontestablement une légitimation
Le Palais de la Porte Dorée, par Hélène      tique très marqué, tant dans l’architecture,
                                                                                                du colonialisme. La question de savoir s’il
BOCARD, éd. du Patrimoine, 2018.             qui s’inspire de constructions indigènes, que
                                                                                                fallait le montrer et comment le faire s’est
Traces de l’histoire coloniale dans le 12e
                                             dans les œuvres d’art ou les spectacles.
                                                                                                posée depuis longtemps. Dans les années 1970
arrondissement de Paris, brochure éditée     L’enjeu bien sûr est de convaincre le public
                                                                                                déjà, les fresques de la salle des Fêtes avaient
par le Palais de la Porte Dorée.             que le colonialisme est positif. Il faut aussi
                                                                                                été voilées, tant cette histoire coloniale gênait.
                                             répondre à l’anticolonialisme naissant,
Alfred Auguste Janniot, 1889-1969,                                                              Mais vouloir ignorer cet héritage colonial
                                             alors que les révoltes sont réprimées dans la
monographie aux éditions Somogy,                                                                n’est pas la bonne solution. Pour mieux
                                             violence en Afrique du Nord et en Indochine.
2003.                                                                                           raconter son histoire complexe, on pourrait
                                             Il faut enfin contrer les critiques formu-
                                                                                                par exemple rendre visibles ceux qui ont été
Un Palais pour une cité, par Maureen         lées par les autres puissances impérialistes
MURPHY, éd. RMN, 2007.                                                                          oubliés : tous les artisans, artistes des colonies,
                                             comme la Grande-Bretagne, ou qui n’ont
                                                                                                militaires qui sont venus à l’Exposition de
Le bas-relief du musée permanent             pas de colonies, comme l’Allemagne
                                                                                                1931, des artisans marocains ou indochinois
des colonies, par Grégoire LEMAITRE,         ou les États-Unis. Il s’agit donc de mettre
                                                                                                au sultan du Maroc ou à une délégation
mémoire d’étude en histoire de l’École       en valeur une nouvelle politique coloniale,
                                                                                                de dignitaires du Dahomey (actuel Bénin).
du Louvre, 2020.                             qui s’appuie sur les spécificités des
                                                                                                De très beaux portraits d’eux, rarement mon-
                                             « civilisations », comme on dit à l’époque,
Le palais de la porte Dorée : ancrage                                                           trés, ont été réalisés par la mission photogra-
architectural et muséographique              des différentes colonies.
                                                                                                phique Albert Kahn. Les coulisses de l’empire
1920-1937, par Léa GENAUD, mémoire           Néanmoins, il s’agit bien d’une première
                                                                                                colonial glorifié sur les fresques ou la façade,
d’étude en muséologie de l’École             célébration de la pluralité culturelle,
                                                                                                du travail forcé à la répression des révoltes,
du Louvre, 2018.                             une forme de « goût des autres », qui préfi-
                                                                                                peuvent aussi être expliquées, ou mis en scène
                                             gure les futurs Musée de l’Homme puis
                                                                                                par des installations artistiques.
                                             le musée du Quai Branly.
Ces ouvrages sont consultables
à la Médiathèque Abdelmalek Sayad.                                                              (1) Le Goût des autres, de l’Exposition coloniale
                                                                                                aux Arts premiers, Flammarion, 2007.
PORTRAIT                                               15 LE JOURNAL DU PALAIS

                                                                     RENCONTRE AVEC
                                « Il fait très froid dans
                                la baraque. Mon père est allé
                                à la mairie demander
                                                                      MEHDI CHAREF                                                         qui leur explique qu’ils ont
                                                                                                                                           « toute la vie pour révéler
                                                                                                                                           le merveilleux » en eux. Celui
                                des couvertures, que nous                    L’écrivain et cinéaste a reçu                                 à qui il fait lire « ce que j’ai
                                aurons la semaine prochaine.                                                                               noté dans le calepin qu’il m’a
                                La Seine est gelée ».
                                                                        le Prix littéraire de la Porte Dorée                               offert ». Mehdi Charef a hérité
                                Mehdi, 10 ans, fraîchement                 avec « Rue des Pâquerettes »,                                   le goût des histoires de sa mère,
                                débarqué de son Algérie                  récit largement autobiographique                                  qui « disait des contes ou
                                natale, découvre ce qui sera                                                                               chantait », pour couvrir le
                                son nouveau lieu de vie.                 d’une enfance dans un bidonville                                  bruit de la mitraille pendant
                                Un bidonville de baraque-                       d’immigrés algériens.                                      la guerre d’Algérie. Il rêve
                                ments, un sol de terre battue,                                                                             de vivre de sa plume : « S’inté-
                                sans eau courante ni électrici-                                                                            grer, c’est se libérer en utilisant
                                té, sans chauffage ni toilettes.                                                                           les outils qu’on vous donne.
                                Le père a précédé femme                                                                                    Moi, j’ai choisi la langue
                                et enfants des années aupara-                                                                              française ». Suite au succès
                                vant, un berger devenu ouvrier                                                                             de son premier roman chroni-
                                de chantier.                                                                                               quant la vie banlieusarde,
                                À 68 ans, Mehdi Charef                                                                                     Le Thé au harem d’Archi Ah-
                                a convoqué ses souvenirs                                                                                   med (1983) puis à l’adaptation
                                d’enfance pour écrire Rue                                                                                  qu’il en a faite pour le cinéma,
                                des Pâquerettes (éd. Hors                                                                                  il a quitté l’usine. Pour ne plus
                                d’atteinte), lauréat du 11e Prix                                                                           cesser d’écrire et de tourner.
                                littéraire de la Porte Dorée.                                                                              Quel regard l’artiste
                                C’est le premier volet                                                                                     porte-t-il sur les migrants
                                d’une trilogie consacrée à                                                                                 d’aujourd’hui ?
                                sa jeunesse. Pourquoi mainte-                                                                              « Leur vie est très dure ici,
                                nant ? Pour ses enfants, pour                                                                              mais ils sont protégés,
                                ses parents surtout et ceux                                                                                leurs enfants vont à l’école
                                de leur génération : « J’écris                                                                             et mangent à leur faim.
                                pour que mon père devienne                                                                                 C’est déjà ça ». Et sur le Musée
                                visible. Pour témoigner et réu-                                                                            national de l’histoire de l’im-
                                nir tous les gens silencieux                                                                               migration ? « C’est un lieu
                                qui ont vécu la même chose ».                                                                              de rencontre, sur notre
                                D’une écriture limpide,                                                                                    histoire et celle des autres.
                                il décrit le quotidien, les peines                                                                         Qui explique pourquoi nous
                                et les espoirs d’un enfant                                                                                 sommes là. Quand j’étais
                                déraciné et lucide, dans un ter-                                                                           enfant, on me disait que mes
                                rain vague de Nanterre devenu                                                                              parents étaient venus pour
                                une petite Algérie. « Des vieux                                                                            les allocs. La réalité, c’est qu’on
                                en gardent un souvenir ému,          les humiliations, la honte        à contrarier un destin pro-         est venu nous chercher.
                                malgré l’insalubrité. Parce          d’aller chercher des vêtements    grammé, pourtant, par l’école.      C’est important notamment
                                qu’on était entre nous et que        d’occasion pour habiller toute    Car le récit souligne le rôle       dans les écoles, de bien
                                l’intégration, c’était la peur       la famille. Il se souvient        ambivalent de l’institution,        le raconter ».
                                de perdre notre culture »,           « comment nous étions dévi-       missionnée pour forger
                                raconte l’écrivain et cinéaste.      sagés quand ma mère parlait       des ouvriers plus qualifiés que      SON ACTU
                                Le père a promis un retour au        fort dans l’autobus ou qu’elle    leurs pères illettrés. « On sera     Mehdi Charef publie cet
                                pays. « Moi j’ai su qu’on était      sortait du bidonville, enroulée   des esclaves comme nos pères         automne le deuxième volet
MEHDI CHAREF. PHOTOS : © D.R.

                                là pour rester quand j’ai            dans son haïk blanc ».            mais avec des cartables sur          de sa trilogie autobiographique.
                                vu qu’il y avait un hammam           Il y eut aussi « de belles        le dos », dit le jeune Mehdi,        Vivants (éd. Hors d’atteinte)
                                                                                                                                            raconte les huit ans passés
                                et une boucherie hallal ».           rencontres », insiste Mehdi       qui visite avec sa classe les
                                                                                                                                            dans la cité de transit
                                À hauteur d’enfant, l’écrivain       Charef, à commencer par           nombreuses usines du secteur.        de Nanterre, après le départ
                                raconte le racisme ordinaire,        ces enseignants qui l’aidèrent    En contrepoint, il y a le maître,    de la rue des Pâquerettes.
WWWW

                                           LE GRA
LE GRAND
FESTIVAL                                   CONFÉRENCE
                                           FORUM 19H
                                           L’humour engagé contre le racisme, l’antisémitisme et les discri-
                                           minations caractérise une tendance ancrée en France dès
                                           les années 1960 par les sketchs de Fernand Raynaud puis plus
                                           tard par Guy Bedos, Coluche, Elie Semoun ou Muriel Robin.
                                           La nouvelle génération du « Stand Up » ne fait pas l’impasse sur
                                           la thématique et s’empare du sujet : Peut-on rire de tout ?
                                           Certains, comme Pierre Desproges, ont déjà répondu oui mais
                                           pas avec n’importe qui. Cette rencontre revisite en images
                                           l’histoire de l’humour antiraciste en France, sous l’œil d’une
                                           chroniqueuse acerbe de notre temps. Elle propose de réfléchir
Du 16 au 20 septembre,                     aux contraintes et aux limites lorsqu’il s’agit d’user du second
                                           degré et de l’humour pour dénoncer racisme et antisémitisme
la cinquième édition du Grand              en France.
Festival conjugue mobilisation
                                           Avec la participation de Carla Bianchi
citoyenne et création artistique           et Haroun, humoristes, Nelly Quemener, sociologue, maître
pour combattre le racisme,                 de conférences, Université Paris-3 Sorbonne Nouvelle,
                                           Naïma Huber Yahi, historienne du fait culturel
l’antisémitisme et la haine anti-          et chercheure associée à l’Urmis, Université de Nice
                                           Sophia-Antipolis et Alain Degois dit « Papy »,
LGBTQI.                                    metteur en scène, co-fondateur de AD2 productions.
Le Palais de la Porte Dorée vous
                                           Rencontre animée par Yvan Gastaut, historien, maître
ouvre grand ses portes !                   de conférences, Université de Nice Sophia-Antipolis.
Venez participer, vous informer,
                                             Gratuit sur réservation
vous engager et vous émerveiller.            Durée : 1h30

Au programme : huit rendez-vous
gratuits parmi lesquels
un spectacle de danse, un DJ set,
un bal afro-dance, du théâtre,
une rencontre littéraire,
des débats et une grande soirée
pluridisciplinaire consacrée
à la déconstruction des préjugés.
Ensemble, célébrons la diversité
et l’engagement de la création             INFOS PRATIQUES
                                             Événements gratuits sur réservation
artistique pour mieux conjurer
                                            Retrouvez toute la programmation sur
la peur et la haine de l’autre.            www.histoire-immigration.fr
                                           Le Grand Festival est organisé avec le soutien
                                           de la Délégation interministérielle à la lutte
                                           contre le racisme, l’antisémitisme et la haine
                                           anti-LGBT (DILCRAH).
AND FESTIVAL
  © WILLY VAINQUEUR

                      THÉÂTRE
                                                              © FRED FOUCH

                      AUDITORIUM 20H
                      TOUT PUBLIC À PARTIR DE 12 ANS

                      Désobéir raconte la France métis-
                      sée et plurielle d’aujourd’hui. Julie                  DANSE
                      Berès a demandé à des filles,                          FORUM 20H TOUT PUBLIC À PARTIR DE 7 ANS
                      petites-filles ou arrière-                             Avec humour et poésie, We are Monchichi questionne
                      petites-filles d’immigrés d’Auber-                     entre danse et théâtre, les identités culturelles et les stéréotypes
                      villiers « Comment s’inventer                          qu’elles portent.
                      soi-même ? » Faut-il désobéir pour                     Shihya Peng est née à Taiwan mais elle vit à Paris. Marco
                      vivre ? Désobéir en est le récit-                      di Nardo est né à Naples mais il vit à Berlin. Sur scène, les deux
                      réponse orchestré à quatre voix,                       interprètes interrogent les circulations, la rencontre et le pluri-
                      écrit par la metteure en scène                         linguisme. Qui est cet Autre ? Qu’est-ce que l’interculturalité ?
                      à partir de ces rencontres, avec la                    Que signifie-t-elle ? Jouant au chat et à la souris, les corps
                      complicité de Kevin Keiss, drama-                      en mouvement se frôlent et se cherchent puis se rejettent et
                      turge, et de la romancière Alice                       se retrouvent. Ils disent tour à tour la révélation, la mélancolie
                      Zeniter. Sur scène, quatre jeunes                      ou la joie. En découvrant l’Autre, ils se découvrent eux-mêmes.
                      comédiennes racontent, très libre-                     We are Monchichi, c’est avant tout une danse du partage
                      ment, dans une énergie communi-                        et de la fusion. Un dialogue des cultures et des différences.
                      cative, leur rapport à la religion,                    Avec cette pièce qui fait écho à leur propre parcours, le tandem
                      à la famille, à l’amour, au sexe,                      interprète une histoire universelle. La découverte d’un espace
                      à la justice, au racisme.                              sans frontières dans lequel s’affirme la redéfinition et l’enri-
                      Avec humour, elles parlent de                          chissement des identités.
                      désirs et de désillusions. Drôles,                     Les chorégraphes : Honji Wang est née en Allemagne
                      saisissantes, toujours en mouve-                       de parents coréens et Sébastien Ramirez est un fils d’espagnol,
                      ment, elles disent le poids                            né à Perpignan. Ensemble, ils forment la Compagnie Wang
                      des traditions et le désir de rester                   Ramirez, un couple chorégraphique qui explore les danses
                      fidèles à leur héritage culturel.                      urbaines, le hip-hop et la danse contemporaine. Couronnés
                      Elles portent les voix de toutes                       du New York Bessie Award, leurs spectacles allient, danse,
                      celles qui un jour ont dû désobéir,                    théâtre et jeux de lumières pour célébrer la force des métissages
                      dire non, pour vivre pleinement                        et questionner les frontières.
                      leur liberté.
                                                                             Direction artistique, conception, chorégraphie :
                      Mise en scène de Julie Berès.                          Honji Wang et Sébastien Ramirez
                      Texte de Julie Berès, Kevin Keiss                      Avec : Marco Di Nardo et Shihya Peng
                      et Alice Zeniter.                                      Adaptation des textes et direction d’acteurs :
                      Avec : Lou-Adriana Bouziouane,                         Fabrice Melquiot
                      Charmine Fariborzi, Hatice Ozer                        Production : Compagnie Wang Ramirez, Clash66
                      et Séphora Pondi.                                      Coproduction : Théâtre de la Ville, Paris, Scène Nationale
                      Production :                                           d’Albi.
                      La Compagnie Les Cambrioleurs
                                                                               Gratuit sur réservation
                        Gratuit sur réservation                                Durée : 1h
                        Durée : 1h15
LE GRAND
                                                                                        RENCONTRE AVEC CLOÉ KORMAN
© JAROSLAV DEVIA

                                                                     © HERMANCE TRIAY

                   THÉÂTRE
                   AUDITORIUM 15H TOUT PUBLIC À PARTIR DE 14 ANS                        RENCONTRE LITTÉRAIRE
                   Un lycée monte une adaptation d’Harry                                MÉDIATHÈQUE 16H30 TOUT PUBLIC
                   Potter. Fanny Niang, qui a été choisie pour                          À l’occasion de la sortie de son dernier
                   jouer Hermione, est noire. Harcelée dans                             roman, Tu ressembles à une juive (Éditions
                   son lycée, elle ne correspond pas à la repré-                        du Seuil) le Palais de la Porte Dorée invite
                   sentation collective que se font les élèves                          Cloé Korman à revenir sur la douloureuse
                   du personnage d’Hermione.                                            histoire de l’antisémitisme en France :
                   Le lycée décide alors de mettre en place                             « Du Code noir à l’islamophobie contem-
                   un débat pour savoir si le professeur pouvait                        poraine, la mise au ban de certaines popu-
                   faire incarner ce personnage par une jeune                           lations a pris de multiples formes, souvent
                   fille noire. Si elle était blanche dans l’adap-                      tragiques. Pour ma famille, ce fut le Statut
                   tation cinématographique, le livre précise                           des Juifs en 1940 qui marqua la plongée
                   juste qu’Hermione a les cheveux foncés                               dans l’horreur et entraîna un sentiment
                   et les yeux bruns.                                                   d’aliénation durable. »
                   Créée à l’occasion du Grand Festival,                                Née en 1983 à Paris, Cloé Korman a étudié
                   Dans la peau d’Hermione rejoue un procès                             la littérature, en particulier anglo-saxonne,
                   autour d’une question de discrimination                              ainsi que l'histoire des arts et du cinéma.
                   liée à la couleur de peau. Des jurés répartis                        Son premier roman, Les Hommes-couleurs
                   dans le public délibèreront collectivement                           (Seuil, 2010) a été récompensé par le prix du
                   pour savoir si les représentations collectives                       livre Inter et le prix Valéry Larbaud.
                   de nos héroïnes et héros sont susceptibles
                   d’évoluer.                                                           Cloé Korman est auteure de Les Hommes-
                                                                                        couleurs (Seuil, 2010) et Tu ressembles à
                   Pièce participative et éducative                                     une juive (Seuil).
                   de la compagnie For Happy People                                     Rencontre proposée dans le cadre du festi-
                   & Co, mise en scène par Jean-François                                val Hors-Limites.
                   Auguste.                                                             et animée par Olivier Favier, écrivain,
                                                                                        traducteur et journaliste.
                   Texte de Laetitia Ajanohun.
                                                                                          Gratuit sur réservation
                   Conception et collaboration artistique
                   de Morgane Eches.
                   Avec : Diaretou Keita, Vincent Deslandres
                   et Nantene Traore.

                   En partenariat avec la Fondation Amnesty
                   International France et Théâtre
                   Ouvert - Centre National des Dramaturgies
                   Contemporaines.

                     Gratuit sur réservation
                     Durée : 1h10
D FESTIVAL
                 LANGAGEMENT #2                                                                    PAR LE COLLECTIF MELANGE
                                                                                                   FORUM 16H30 TOUT PUBLIC
                                                                                                   Le collectif MELANGE propose un grand bal de clôture
                                                                                                   du Grand Festival aux sons de l’afro-house avec les crews
                                                                                                   de danseurs Afronovo et Afronovo Kids, ambiancés
                                                                                                   par un duo de DJ. Plusieurs styles de danse se répondent :
                                                                                                   afro-trap, new style, électro style, baile funk, kuduro…
                                                                                                   En famille ou entre amis, découvrez ces danses urbaines
                                                                                                   et conviviales témoignant de la diversité des danses afri-
                                                                                                   caines arrivées en France avec les vagues d’immigration.
                                                                                                   MELANGE est un collectif de création hybride
                                                                                                   qui réunit des artistes autour de la musique, la danse,
                                                                                                   la mode écoresponsable et les arts visuels.

                                                                                                     Gratuit sur réservation
 © ANNE VOLERY

                 RENCONTRES PERFORMANCES
                 FORUM 19H TOUT PUBLIC
                 Le journaliste et animateur Raphäl Yem, engagé dans
                 plusieurs associations contre les discriminations au sein
                 des quartiers populaires, revient au Palais pour animer
                 et mettre en scène une grande soirée de rencontres sur la
                 question des préjugés. Pour le Grand Festival, il invite des
                 figures artistiques issues de tous les horizons à s’exprimer
                 à leur manière et à travers leurs disciplines sur les stéréo-
                 types et les inégalités. Les discriminations, dont la liste est
                 encore bien trop longue, sont ainsi abordées à travers le
                 dessin, l’humour ou bien encore l’éloquence. Une grande
                 soirée pluridisciplinaire mêlant humour, projections et
                 discussions pour participer ensemble à la déconstruction
                 des préjugés par la parole.

                 Soirée animée par Raphäl Yem.

                 Avec le duo d’humoristes Odah & Dako,
                 les illustrateurs Blachette et Rakidd et l’artiste
                 vidéaste Irvin Anneix.

                   Gratuit sur réservation
                                                                                   © YANN MÉNEC

                 DJ SET PARVIS DU PALAIS 21H
                 TOUT PUBLIC
                 DJ, beatmakeuse, organisatrice d’événements, Marina
                 Wilson alias DJ Cheetah prend d’assaut le Palais pour
                 mixer le meilleur des sons urbains du continent africain.
                 Elle mixe principalement du hip-hop et des classiques
                 de la musique africaine (coupé décalé, afrobeat). Ses sets
                 sont nourris notamment de hip-hop ghanéen, ivoirien,
                 gabonais, sud-africain et camerounais. Elle s’intéresse
                 avant tout à la dynamique de la musique urbaine afri-
                 caine pour ce qu’elle apporte de différent.

                   Gratuit
FESTIV
VISIONS D’EXIL
« D’un confinement à
l’autre »                            SO IRÉE D'O
Du 30 octobre                                               MUSIQUE
au 1er novembre 2020                             AFFRANCHIES
                                    VENDREDI 30 OCTOBRE HALL MARIE CURIE 19H
                                    Quatre chanteuses et une musicienne
Le Festival pluridisciplinaire      livrent leur histoire en textes et
                                    en chansons, chacune puis ensemble pour
de l’atelier des artistes           raconter l'exil et leur quête de liberté.
                                    Ouïghoure, Iranienne, Sahraouie,
en exil prend ses quartiers au      Congolaise, Vénézuélienne, elles ont quitté
                                    leur pays et mènent un double combat :
Palais de la Porte Dorée            celui de l'émancipation de leur peuple
                                    et celui de leur genre. Loin des interdits,
pour sa 4e édition !                elles peuvent à présent chanter leur droit
                                    à exister.
                                    Avec : Diana La Fraise (République démocratique
                                    du Congo), Aida Nosrat (Iran), Dighya Mohammed
Cette année, les artistes           Salem (Sahara Occidental), Nassima Shavaeva
                                    (Kazaksthan), Angerlin Urbina (Venezuela).

reviennent sur la période
                                    Direction artistique : Judith Depaule (France)
                                    Scénographie : Maral Bolouri (Iran)
                                    Costumes : Abdou Khadr Faye (Sénégal)

récente du confinement pour         Coordination musicale : Daniel Blanco (Venezuela)
                                    Compositions pour la flûte : Juvenal Balestrini
                                    (Venezuela)
la mettre en relation avec          Production : atelier des artistes en exil avec le soutien

les problématiques de l’exil.
                                    de la Ville de Paris et le Fonds de dotation Porosus.

                                                        PERFORMANCE
D’où que nous soyons,
quelles que soit notre histoire,      THROUGH REPROACH
de quoi sommes-nous faits ?
                                           VALLEY
                                     VENDREDI 30 OCTOBRE FORUM 20H
La crise sanitaire a imposé          Pour sa première performance
                                     collective, Kubra Khademi s’interroge
un temps suspendu au monde           sur l’expérience de la famine,
                                     de la maladie, des catastrophes écolo-
entier, rendant commune              giques, de la guerre et sur l’injonction qui
                                     nous est faite à rester calmes, patients
une expérience familière aux         et positifs. Mais que s’est-il vraiment pas-
                                     sé ? Comment aurions-nous dû réagir ?
personnes contraintes à l’exil.      Et quel est le rôle de l’art dans pareille
                                     situation ? Un remède contre la pression
S’arrêter, se retrouver, se lais-    sociale ? « Le reflet de la société » ?

ser aller à penser, et à travers     Performance collective de Kubra Khademi
                                     (Afghanistan)

le regard d'artistes traversés       Production : atelier des artistes en exil, Les SUBS –
                                     Lieu vivant d’expériences artistiques, Lyon

par l’exil, explorer et mesurer
les enjeux politiques de ce qui
nous constitue.

                                     INFOS PRATIQUES
                                       Gratuit une seule réservation pour tous
                                     les évenements de la soirée :
                                     www.histoire-immigration.fr
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