PROJET DRAWING LAB - INFLATION(S) Bertrand Flachot, artiste François de Coninck, commissaire d'exposition
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PROJET DRAWING LAB INFLATION(S) Bertrand Flachot, artiste François de Coninck, commissaire d’exposition
Note d’intention Le dessin linéaire de Bertrand Flachot s’apparente à une écriture en constante expansion, hantée par la recherche d’un nouveau langage graphique. Une douce ambiguïté formelle caractérise ce travail sensible à la croisée du dessin, de la photographie et de l’installation. Les salles d’exposition de Drawing Lab se prêtent particulièrement bien à une intervention in situ, conçue et modélisée pour le lieu. Une floraison de signes balaie l’espace d’exposition : lignes, traits et fils de cuivre se superposent, s’entremêlent pour former un enchevêtrement organique où ils se confondent. Le dessin se déploie dans l’inflation d’un geste graphique où se délie le double sédiment étymologique du mot graphein : dessiner et écrire. Il s’enracine dans des matériaux – carnets, feuilles de papier, tirages photographiques et objets usuels – mais son geste quitte rapidement tous ces supports matériels pour proliférer librement dans l’espace : s’accrochant aux murs comme un lierre, le fil de cuivre dédouble l’encre graphique et pigmentaire ; l’un dans l’autre, les traits et les fils prennent leur envol et donnent naissance à de nouvelles formes dessinées en trois dimensions, qui transforment la perception du lieu de leur excroissance. Un flux continu guide ainsi le cheminement du dessin d’un support à un autre, qui forme le fil conducteur de notre regard sur l’installation, d’une salle à l’autre. Dans la descente d’escalier à l’entrée du lieu d’exposition (1-vue escalier), un carnet à dessin ouvert, posé à plat sur le mur, laisse s’échapper un flux noir de signes et de traits dont le fil de cuivre émaillé poursuit et multiplie le mouvement, indiquant d’entrée de jeu aux visiteurs le geste qui préside à l’intervention, diversement décliné dans les trois salles au sous-sol. Dans la grande salle (2-vue n°1 salle A), ce geste fait l’objet d’une variation monumentale sur une quinzaine de mètres de long. Un carnet à dessin aux dimensions hors-normes, posé sur sa tranche perpendiculairement au mur, souffle en l’expulsant hors de son enclos de papier la matière, noire, dense et grouillante, d’un désir d’écriture. Cette vague minérale envahit le mur du fond jusqu’à l’arête formée par le coin ; elle repart ensuite de plus belle sur toute la longueur du mur latéral où elle prend forme et s’agence en aplats. De grandes pages d’écriture se dessinent côte à côte, où apparaissent progressivement des lettres qui semblent vouloir remonter à la surface des signes : un texte enfoui émerge, qui cherche à nous signifier quelque chose, mais sa lisibilité est malmenée par le trait affolé du dessin qui le rature, le sature et l’ensevelit dans les noirs entrelacs de ses griffures.
Dans la salle B (3-vue salle B), le geste se tempère : la vague adoucit son impétuosité pour se prêter aux modulations d’un dialogue plus tranquille avec les supports de son incarnation – la chaise, les livres, les tirages photographiques rehaussés à l’encre viennent border la vague en douceur, orienter et canaliser son écoulement dans l’espace. Apaisée, elle laisse place à un dessin plus contenu, davantage centré sur la finesse du trait qui s’espace et se dilue dans le fond blanc des supports. Dans la salle C (4-vue salle C), elle reprend cependant sa vigueur : recouvrant tout l’espace des murs, de haut en bas, c’est une tempête de signes et de lettres qui soudain se déchaîne, sur les flots de laquelle deux carnets à dessin ouverts sont ballotés comme de frêles esquifs. La métaphore océane se prête particulièrement bien à la description de cette installation qui n’est rien d’autre qu’une relecture graphique du Premier chant de Maldoror de Lautréamont : « (…) Vieil océan, aux vagues de cristal, tu ressembles proportionnellement à ces marques azurées que l’on voit sur le dos meurtri des mousses ; tu es un immense bleu, appliqué sur le corps de la terre (…) ». Enfin, la boucle se termine dans la grande salle où le geste graphique est décliné sur un dernier support : il apparaît en transparence de la baie vitrée entourant la cage d’escalier (5-vue n°2 salle A). Il est encore complété par un tirage photographique de l’artiste, pris à son tour dans les mailles du filet d’encre qu’il tend sur le monde – c’est dire que tout part de la main et du geste, et y revient sans cesse. François de Coninck, commissaire d’exposition
1-Vue de l’escalier Dessin sur carnet, impression jet d’encre encre de chine, fil de cuivre émaillé noir, dimensions variables.
2-Vue n°1 salle A Carnet de dessin surdimentionné, impression jet d’encre, fils de cuivre émaillé noir, encre de chine, dimensions variables. Impression jet d’encre, fils de cuivre émaillé noir, encre de chine, dimensions variables.
3-Vue salle B Carnet de dessin, support plexiglas, encre pigmentaire, dimensions variables Chaise en bois laqué, carnets de dessins, fils de cuivre émaillé noir, dimensions variables. Tirage jet d’encre sur papier photo. Série 1: 50 cm x 70 cm. Série 2: 45 cm x 55 cm.
4-Vue salle C Carnet de dessin, impressions jet d’encre, fil de cuivre émaillé noir, encre pigmentaire, dimensions variables.
5-Vue n° 2 salle A Impressions jet d’encre sur film cristal transparent, dimensions variables. Tirage jet d’encre sur papi er photo. 50 cm x 200 cm.
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