QUI FONT GENÈVE DOSSIER CES GENEVOIS - FLAT MAGAZINE
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CES GENEVOIS
DOSSIER
QUI FONT GENÈVE
25 acteurs d’influence
nous parlent de notre ville
| Genève - Ceux qui font Genève
Politiques, entrepreneurs, artistes, bénévoles, tous partagent
TEXTE Nicole Martinez / Boris Sakowitsch
le même amour pour la cité de Calvin, leur ville tendrement
chérie dans laquelle ils ont choisi de vivre « activement » :
car être citoyen genevois, c’est aussi s’investir pour sa ville.
Et si chacun d’entre nous s’accorde à reconnaître en Genève
un modèle culturel de multiculturalisme et d’économie
26 maîtrisée, il n’en demeure pas moins que la ville devra
désormais mieux assumer son statut métropolitain. Alors
au lieu de parier sur quelques « super-héros urbains »,
il faudrait imaginer une transformation citoyenne du
système socio-économique, et suivre les conseils de nos 25
acteurs d'influence. Oui Genève devra miser, entre autres
et dans le désordre: sur l’interculturalité, sur la finance
éthique, la mobilité douce, la consommation responsable,
l’éco-habitat, les énergies renouvelables, la biodiversité;
sans oublier la culture, l’art et la gastronomie.
CHARLES « Genève est une ville-monde dont J’ai la chance de pouvoir agir dans
BEER
l’identité est fondée sur l’intercultura- plusieurs domaines d’activité complé-
lité. Son destin, lié à celui de notre Pla- mentaires et j’estime qu’en tant qu’an-
nète. L’attractivité de Genève réside cien élu, il est de ma responsabilité
dans sa capacité à conjuguer, d’une de mettre mon énergie et mon expé-
Président du Conseil part, ses dimensions régionale et inter- rience au service de la cité. J’ai essen-
nationale et, d’autre part, le dynamisme tiellement consacré mon parcours
de fondation de Pro économique, le lien social et la protec- professionnel au travail social, au syn-
tion de l’environnement. Comme beau- dicalisme et à l’engagement politique,
Helvetia coup de cités et de métropoles, Genève comme magistrat. Pouvoir me battre,
est aujourd’hui à la croisée des che- aujourd’hui, au quotidien, pour nos
| Genève - Ceux qui font Genève
Travailleur social de formation, Charles mins. Comment résister aux sirènes valeurs humanistes, est un privilège
Beer est élu conseiller municipal dans d’une croissance sans développement, que je mesure et qui me donne force
la commune de Vernier de 1987 à 1989, synonyme de montée des inégalités, et énergie. Mes engagements futurs
député au Grand Conseil de 1997 à 2003, d’individualisme forcené, d’atteintes s’inscriront encore dans les domaines
puis conseiller d’État en 2003, 2005 et à l’environnement et de populisme ? de la culture, de la solidarité et de la
2009. Chargé de l’instruction publique, Genève doit impérativement placer la formation. En tant que président du
de la culture et du sport, il préside le culture, la connaissance, la jeunesse, Conseil de Fondation de Pro Helve-
gouvernement en 2007 et 2013. Depuis l’ouverture et la solidarité au centre de tia, je souhaite contribuer au déve-
son retrait de la vie politique en 2013, ses projets. Pour garantir sa prospé- loppement continu de la culture qui
Charles Beer préside le Conseil de Fon- rité, elle devra ainsi savoir préserver ses représente dans notre pays un facteur
dation de Pro Helvetia qui encourage équilibres et ses valeurs tout en s’adap- essentiel de lien et de cohésion sociale.
l’art et la culture suisses, en soutenant tant aux défis de notre époque. « La culture est la réponse des sociétés
les échanges artistiques, la création et laïques à la question fondamentale du
la diffusion de projets et d’œuvres, aussi Les temps que nous vivons présentent sens », disait l’ancien premier ministre 27
bien dans le pays qu’au niveau interna- autant de risques que d’opportunités. français Laurent Fabius. » /
tional. Charles Beer préside également
deux autres conseils de fondation : Par-
tage (Banque alimentaire) et la Fonda-
tion pour l’animation socioculturelle
(FASe). Il siège par ailleurs dans les Genève doit impérativement placer la culture, la connais-
conseils de fondation suivants : Insti-
tut de Hautes études internationales et sance, la jeunesse, l’ouverture et la solidarité au centre de
de développement, Terre des hommes
et MAMCO. Il assume également une ses projets.
charge de cours à la Haute école de tra-
vail social et à la Haute école de ges-
tion, exerce une activité de consultant
et assure des engagements bénévoles.
années un fort développement mais elle cœur. Nous héritons d'un patrimoine
doit veiller à ne pas perdre son attrac- construit mais aussi naturel, qu'il faut
tivité en demeurant une métropole protéger et valoriser, pour perpétuer
accueillante qui cultive ses traditions et notre histoire et nous permettre, ainsi
dans laquelle il fait bon vivre. De plus, qu'aux générations futures, d'évoluer
Genève ne se résume pas à sa ville : les dans un environnement sain et durable.
communes qui composent le Canton et Nous devons maîtriser aujourd'hui nos
ses nombreuses étendues paysagères et ressources pour nous permettre d'envi-
agricoles en font un endroit tout parti- sager l'avenir sereinement en réalisant
culièrement apprécié pour la détente, les la transition énergétique vers la société
loisirs et l'épanouissement de la faune et à 2000 watts.
de la flore locales.
Je m'engage quotidiennement en faveur
d’une politique de la fonction publique
Dans les années à venir, Ge- respectueuse, moderne et agile, en assu-
mant toutefois le fait que l’Etat doit jouer
nève devra assumer son sta- un rôle de régulateur pour préserver un
ANTONIO
équilibre des libertés. Je m'engage éga-
tut métropolitain lement, chaque jour, en transcrivant
HODGERS
mes valeurs dans une logique d'action
capable de faire évoluer le quotidien des
Je prône pour cela un urbanisme de qua- Genevoises et des Genevois. Ma motiva-
lité lié à la ville dense et aux courtes dis- tion est de voir la réalité évoluer vers plus
Conseiller d'Etat char- tances, qui fait la part belle aux espaces de libertés, de responsabilité partagée et
publics verts. Il faut aussi relancer le Pro- de cohérence dans notre projet collectif.
gé du département du jet d’agglomération, car notre canton se C'est là le sens de l'écologie politique que
trouve au centre d’une métropole beau- je défends. Je crois beaucoup à la force
territoire et président coup plus large qui regroupe un bassin de conviction pour la réalisation de mon
de vie de 800 000 à 1 000 000 d’habi- projet.» /
du Conseil d'Etat tants. Si beaucoup de Genevois sont
mécontents de leur qualité de vie, c’est
parce que l’essor économique de la ville
Diplômé de l’Institut de hautes études n'a pas été suivi en termes d'infrastruc-
| Genève - Ceux qui font Genève
internationales et du développement, tures et de logements. Durant la légis-
Antonio Hodgers entre en politique en lature en cours, il faut donc renforcer la
1997, année de son élection au parle- cohérence entre notre développement
ment genevois. Il devient chef du groupe économique et les infrastructures propo-
Les Verts en 2002 et 2003. En parallèle sées. Un autre enjeu est la mixité sociale,
à son activité politique, il est très actif avec la définition des types de logements
comme entrepreneur : il co-fonde le réalisés dans chaque quartier, avec ⅓ de
réseau de transports publics nocturnes logements sociaux, ⅓ de locatifs pour la
genevois, une entreprise de livraison de classe moyenne et ⅓ de propriétés par
DVD à domicile, et un bureau de conseil étage pour la classe moyenne et supé-
en matière de mobilité en 2004, qu’il rieure. Nous éviterons ainsi le phéno-
quitte fin 2013. Antonio Hodgers préside mène des ghettos ou de la gentrification,
le parti Les Verts entre 2006 et 2008 et est néfastes au bon-vivre ensemble.
28 élu au gouvernement genevois en tant
que conseiller d’Etat en décembre 2013. À la tête du département du territoire,
Actuellement, il dirige le département j'espère avoir réussi à fédérer les acteurs
du territoire, s'occupant des questions autour d'une vision commune, qui est
liées à l'aménagement du territoire, au pour moi celle d'un urbanisme et d'un
logement, au patrimoine naturel et bâti, développement de qualité, plaçant les
à l'énergie, l'environnement, l’eau, l’agri- citoyennes et citoyens, et leurs besoins,
culture et à la nature, ainsi qu’au déve- au centre des préoccupations. La qualité
loppement durable. Depuis janvier 2019, de vie urbaine est fondamentale. Il faut
il occupe également la fonction de pré- aussi permettre à chacun de trouver un
sident du Conseil d'Etat. logement qui correspond à ses besoins,
actuels mais aussi futurs, en considérant
« Genève est depuis toujours une ville l'évolution des modes de vie. La protec-
cosmopolite, moderne et multicul- tion de notre environnement, qu'il soit
turelle. Elle connaît depuis quelques naturel ou bâti, me tient également à
« Il faut rendre Genève meilleure, plus
fun, plus attractive. Apporter des solu-
tions là où il en faut »
CYRIL DE et sa situation géographique privilé- contribuer à bâtir de manière qualita-
BAVIER
giée au cœur de l’Europe, à moins de tive la ville de demain. Avec le groupe
deux heures des grandes capitales, mais Shelter et nos concepts de restaurants,
aussi par sa forte dynamique interna- nous essayons de contribuer, à notre
tionale qui participe directement à son échelle, à rendre Genève plus attrac-
Cofondateur de attractivité et à sa richesse multicultu- tive et dynamique d’un point de vue
relle. J’ai l’habitude de dire que Genève lifestyle pour en faire un des hotspots
Swissroc Group et est la parfaite base pour vivre, surtout de la gastronomie internationale. Et
si on a la chance de pouvoir voyager pourtant, si je devais tenir compte du
Managing Partner de manière fréquente. On retrouve éga- coût d’opportunité de faire de la res-
lement cet ADN du Swiss made qui tauration à Genève (et en Suisse) avec
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consiste à faire tout comme ailleurs, les contraintes de ce marché, j’aurais
En 2013, Cyril de Bavier cofonde le mais mieux qu’ailleurs, avec une qua- arrêté depuis longtemps.
groupe immobilier Swissroc qui compte lité et des savoir-faire incomparables. Grâce à mes différentes activi-
aujourd’hui plus de 100 employés, Malgré une situation économique diffi- tés, en cinq ans à peine, j’ai créé
incluant les collaborateurs de l'entreprise cile avec le Franc fort, et une mauvaise entre 150 et 200 emplois à Genève. J’en
générale Hestia, acquise récemment, et fiscalité, les conditions-cadres per- suis très fier.
ceux de la filiale dédiée à l’innovation mettent à Genève de garder une cer-
à Varsovie (Pologne), ouverte en 2018. taine attractivité. Sur le plan personnel, je suis impliqué
Diplômé d’HEC Lausanne et de la pres- Concernant l’immobilier, après une dans le milieu culturel, notamment au
tigieuse London School of Economics, phase de pénurie de logements, je pense sein de l’association « NextGen » des
Cyril de Bavier se lance très tôt dans qu’on se dirige en douceur aujourd’hui amis du MAMCO que j’ai co-créée,
l'entrepreneuriat après de nombreux vers une saturation du marché et ceci ainsi que dans le milieu sportif. Je suis
stages et jobs au sein de grandes entre- quasiment à tous les niveaux (loca- un fervent supporter des clubs de la
prises du secteur de la finance, telles que tif, résidentiel, commercial, PPE…). ville, notamment le Genève Servette 29
Morgan Stanley à Londres, MKS Pamp Quelques belles opportunités de déve- Hockey Club et le Servette Football
Group, Trafigura, ou encore Syz Asset loppement persistent toutefois, mais Club, que j’essaie d’aider à ma manière.
Management. Au-delà de l’immobilier, il me semble important, pour les sai- Une implication locale qui me tient par-
il s'investit accessoirement dans d'autres sir, de sortir des sentiers battus, aussi ticulièrement à cœur.
activités, telles que le F&B avec le groupe bien en termes de localisation, en
Shelter CH, la vente de métaux précieux misant par exemple sur l'écosystème Ce qui me motive au quotidien ?
avec Goldavenue ou encore le consulting des nouvelles gares CEVA ou encore Rendre Genève meilleure, plus fun,
stratégique et la digitalisation avec Cor- sur la transformation des zones indus- plus attractive. Apporter des solutions
nelius. Né et ayant grandi à Genève, il trielles en Suisse romande. De belles là où il en faut. J’ai également cette
porte sur la ville et le canton un regard choses restent à faire. chance incroyable d’avoir un day to
bienveillant et pragmatique. day extrêmement varié. Chaque jour-
Mon but est de créer de la valeur née comporte son lot de surprises et de
« Genève est une ville qui se caracté- dans cette ville qui m’a vu grandir. challenges à relever. C’est extrêmement
rise par son incroyable qualité de vie Avec Swissroc, j’ai ce sentiment de stimulant. » /
J'ai la chance de diriger un
département dont les enjeux
sont d'une importance clé
pour le bon fonctionnement
et l'avenir de notre canton.
NATHALIE formation constituent des atouts indé- important volet social qui profitera à
FONTANET
niables. Du point de vue économique, l'ensemble de la population.
elle dispose d'un tissu très dynamique et Qu’est-ce qui me stimule dans mon
varié qui va de la petite PME à la grande activité professionnelle ? J'aime les
société internationale. Le canton est nouveaux défis. Et ma fonction en est
Conseillère d'État,
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également un important pourvoyeur un ! C'est un engagement de tous les
d'emploi. La présence, enfin, de nom- instants, une charge de travail excep-
chargée du départe- breuses organisations internationales tionnelle. Il s'agit également de dia-
et non gouvernementales lui confère loguer et négocier pour faire aboutir
ment des finances et un rayonnement mondial. les projets. Je suis profondément atta-
chée à notre canton et j'ai à cœur de
des ressources hu- Parmi mes priorités politiques pour le voir prospérer pour le bien-être de
Genève figure l'aboutissement de la toutes et tous. J'ai la chance de diriger
maines réforme de la fiscalité des entreprises, un département dont les enjeux sont
rebaptisée RFFA. Actuellement, cer- d'une importance clé pour le bon fonc-
taines sociétés, basées en Suisse et tionnement et l'avenir de notre canton.
Nathalie Fontanet est conseillère actives essentiellement à l'étranger, En complément à la fiscalité qui touche
d'État, chargée du département des bénéficient de conditions fiscales plus chacun d'entre nous et au maintien de
30 finances et des ressources humaines. avantageuses que d’autres. Afin de se la santé financière de notre canton,
Après s'être consacrée à l'éducation de conformer aux normes internationales, j'accorde une attention particulière à
ses trois enfants pendant 14 ans, elle a la Suisse s'est engagée à supprimer la gestion des ressources humaines de
entrepris des études de droit et obtenu ces privilèges fiscaux d'ici au 1er jan- l'État, ainsi qu'à la promotion de l'éga-
un brevet d'avocat. Elle a travaillé en vier 2020, de façon à établir une égalité lité entre femmes et hommes dont j'as-
tant que directrice adjointe au sein du de traitement entre toutes les entre- sume également la responsabilité. » /
service juridique d'une banque suisse. prises sur notre territoire. Les sociétés
Au bénéfice d'une expérience politique qui bénéficiaient de statut fiscal privi-
de plus de 15 ans, Nathalie Fontanet a légié verront leurs impôts augmenter,
siégé au Conseil municipal de la Ville alors que les sociétés ordinaires, notam-
de Genève et au Grand Conseil. ment les PME locales, verront leur
charge fiscale diminuer. Cette réforme
« Genève a tout d'une grande ville cosmo- est absolument essentielle pour pré-
polite, mais elle reste à taille humaine. server les emplois dans notre canton.
La qualité de vie et le niveau élevé de Elle s'accompagne par ailleurs d'un
THOMAS de Genève. paysage artistique régional qui a toutes
HUG
les cartes en main pour rayonner à
« À mes yeux, Genève occupe une place l’étranger.
géographique très avantageuse en À mon sens, artgenève est devenu un
Europe car elle offre une complémenta- rendez-vous annuel privilégié et unique
Fondateur rité assez unique entre son urbanisme et à Genève car il réunit une multitude
une nature environnante extraordinaire. d’acteurs majeurs et internationaux du
et codirecteur Grâce à son niveau économique élevé, monde de l’art : marchands, profession-
son fort ancrage dans les domaines du nels, collectionneurs et presse spéciali-
d’artgenève luxe, de la culture et de la science, et à sée. Comparé aux événements parallèles
l’attention internationale qui lui est por- en Suisse, de Genève jusqu’aux stations
tée, elle ouvre un espace privilégié où de montagne, comme Verbier Art Sum-
Musicologue de formation, Tho- peuvent émerger de nouveaux projets mit, Elevation 1049 à Gstaad, le salon
mas Hug fonde, après ses études, une d’envergure. semble jouer un rôle fédérateur. Les
maison d’édition spécialisée dans la Comment j’imagine l’avenir de l’art à retombées pour le tourisme, également
musique classique ainsi qu’une gale- Genève ? Je suis optimiste, et cet état amplifiées par la nouvelle Biennale, vont
rie d’art contemporain à Berlin, avec d’esprit paraît naturel dans la mesure à mon sens continuer d’augmenter. Je
laquelle il participe rapidement aux où je suis moi-même acteur de ce déve- trouve très gratifiant de pouvoir mettre
grandes foires internationales comme loppement. Il faut en effet reconnaître les en place et de développer dans sa glo-
Art Basel Miami ou Frieze London. En nouvelles directions qualitatives prises balité ce poumon économique et social
2012, à son retour en Suisse, il co-fonde par le Mamco. Au niveau commercial, de qui réunit toute une série d’acteurs du
artgenève avec l’impulsion de Palexpo, grandes galeries internationales se sont monde de l’art et même au-delà.
créant ainsi le premier salon internatio- établies à Genève ces dernières années,
nal d’art contemporain, d’art moderne comme Gagosian ou Pace. Imaginez la En tant que codirecteur d’artgenève, aux
et du design de Genève. En 2016, il venue d’autres enseignes de ce calibre ! côtés de Laura Meillet, mes domaines
fonde un second salon d’art à Monaco : Cela dit, j’ai une vision assez internatio- d’activité sont très variés : je définis la
artmonte-carlo. Il initie, en 2018, la pre- nale de notre région qui ne doit pas se stratégie et la programmation artistique
mière biennale de sculptures, Sculpture limiter à Genève. Je considère aussi les du salon en collaboration avec des comi-
Garden, dans l’espace public genevois en musées lausannois, tels que la nouvelle tés d’experts, je développe les campagnes
collaboration avec le Mamco et la Ville Plateforme 10, comme faisant partie du de communication, partenariat et spon-
soring, et j’assume le rôle d’intermédiaire
entre les collectionneurs et la presse aux
niveaux national et international. C’est
| Genève - Ceux qui font Genève
justement la diversité et l’aspect créatif
et presque orchestral de mes activités qui
me stimulent le plus. Dans le cadre de
mes futurs projets, je souhaite dévelop-
per davantage la biennale Sculpture Gar-
den afin qu’elle devienne, d’ici 2020, un
événement urbain et estival majeur dans
notre région. Enfin, j’envisage de fonder
d’autres salons d’art dans des régions
considérées comme « plus exotiques »
par nos clients (Moscou, Beyrouth ou
Tel Aviv) et qui prendront la forme de
pop-up art fairs ! » /
31
Je trouve très gratifiant de
pouvoir mettre en place et de
développer dans sa globalité
ce poumon économique et so-
cial qui réunit toute une série
d’acteurs du monde de l’art et
même au-delà.
FRANCESCO classés alors qu’ailleurs on les a dyna- développement territorial est ma prin-
DELLA CASA
mités ; de nos jours, la renaturation des cipale motivation. Je m’émerveille à
rivières, le quartier Praille-Acacias-Ver- chaque fois de leur capacité à produire
nets et la grande rade. de l’intelligence collaborative, notam-
L’avenir de Genève s’annonce selon ment au sein de l’administration où
Architecte cantonal moi très prometteur, à condition qu’elle j’ai été frappé par les très hautes com-
continue à tirer parti au maximum des pétences qui sont à l’œuvre, contraire-
Diplômé de l’École des beaux-arts de avantages que lui confère sa situation ment à la réputation qu’on lui fait. Ceci
Genève, Francesco Della Casa com- géographique, avantages dont elle a déjà s’explique aisément, car la très forte den-
mence sa carrière professionnelle en très sagement su tirer profit. Les enjeux sité de contraintes législatives et régle-
1993, comme restaurateur de monu- sont considérables : Genève dispose de mentaires de l’ensemble des politiques
ments historiques à Genève. Il obtient tous les atouts pour faire œuvre de pion- publiques oblige à avoir le goût et les
son diplôme d’architecte à l’École nier dans de nombreux domaines aptitudes à résoudre des situations de
polytechnique fédérale de Lausanne. Seul, on ne peut rien faire. C’est d’autant grande complexité. Enfin, je suis éga-
De 1999 à 2011, il exerce les métiers d’ar- plus vrai quand on n’a ni budget ni colla- lement stimulé lorsque je participe aux
chitecte, de critique d’architecture et de borateur. Ma contribution pour Genève jurys de concours d’urbanisme et d’ar-
rédacteur en chef de la revue TRACÉS, consiste précisément à stimuler la coo- chitecture, une culture qui connaît un
organe de la Société suisse des ingé- pération entre acteurs, que ce soit au très net regain à Genève et permet de
nieurs et architectes. Depuis 2011, il sein des administrations, cantonales et choisir le meilleur projet parmi un grand
occupe le poste d’architecte cantonal communales, ou entre acteurs publics et nombre de variantes. » /
de l’État de Genève. privés. L’architecte cantonal a pour mis-
sion de promouvoir la qualité urbanis-
« Aujourd’hui comme hier, l’attractivité tique et architecturale dans le canton, de L’attractivité de Genève
de Genève émane du soin constant et conseiller les autorités et d’agir dans l’in-
méticuleux porté au développement térêt général. Je m’efforce donc de trou- émane du soin constant et
de son territoire, et notamment à la ver des solutions capables de concilier
préservation du maillage paysager des des politiques publiques qui apparais- méticuleux porté au déve-
espaces non bâtis, naturels ou agricoles. saient longtemps comme antagonistes,
À chaque époque, Genève a réalisé des telles que les politiques du patrimoine, loppement de son territoire,
projets exemplaires : la Vieille-Ville et d’urbanisme, du logement, d’environ-
Saint-Gervais durant l’Ancien Régime ; nement, d’énergie, d’intérêt public et
et notamment à la préserva-
Carouge au XVIIIe ; la rade et la ceinture économique.
tion du maillage paysager
fazyste au XIXe ; le plan directeur Brail-
| Genève - Ceux qui font Genève
lard-Bodmer de 1935, qui a fixé les grands La poursuite de cette mission passion-
des espaces non bâtis, natu-
principes de l’urbanisme genevois nante exige un engagement sur le long
jusqu’à nos jours ; les grands ensembles terme. Personnellement, favoriser la
rels ou agricoles.
de l’après-guerre, qui, à Genève, sont rencontre des différents acteurs du
32
Marianne Halle rejoint, en 2010, le Actuellement, je suis très engagée
Centre de contact Suisses-immigrés dans le suivi de l’opération Papyrus,
(CCSI), association qui conseille, un projet d’envergure, important pour
soutient et accompagne dans leurs le Centre de contact Suisses-immi-
démarches les migrants et leur grés et plus largement pour Genève.
famille. Engagé pour une politique Je fais partie du groupe d’experts
migratoire d’ouverture, le Centre de nommés par les autorités genevoises
contact Suisses-immigrés défend une pour préparer et mettre en œuvre sur
société qui traite sur un pied d’égalité le terrain ce projet de régularisation
toutes celles et tous ceux qui la com- de nombreuses personnes sans statut
posent et la font vivre, quelle que soit légal mais bien intégrées à Genève.
leur nationalité d’origine. Dans ce Un grand nombre de demandes de
cadre, Marianne Halle participe aux régularisation sont encore en cours
travaux du groupe d’experts chargés de traitement et nous offrons aux
d’élaborer un projet pilote de régula- personnes un accompagnement
MARIANNE
risation des sans-papiers à Genève – juridique compétent. En outre, nous
l’opération Papyrus. travaillons en collaboration avec les
HALLE
autorités cantonales pour préparer
« L’attractivité de Genève aujourd’hui le bilan final de l’opération qui ser-
repose évidemment sur la qualité de vira de base aux prises de décisions
vie qu’on y trouve mais aussi sur le futures dans le domaine de la poli-
Responsable com- rôle qu’elle joue au niveau interna- tique à l’égard des personnes sans
tional en étant depuis de nombreux statut légal.
munication, rela- siècles une ville de diversité et d’ou-
verture. Cela fait partie de notre Hormis les aspects strictement liés
tions extérieures et ADN et contribue à ce que des per- à la « communication » (relations
sonnes issues d’origines très variées médias, publications, etc.), je m’oc-
recherche de fonds se sentent chez elles à Genève. cupe également de la recherche de
fonds et coordonne toutes les activi-
du Centre de contact J’essaie d’imaginer l’avenir de Ge- tés menées par le Centre de contact
nève plus juste, avec un climat apaisé Suisses-immigrés qui sont tournées
Suisses-immigrés autour des réalités migratoire.Mais le vers l’extérieur (c’est-à-dire en dehors
Centre de contact Suisses-immigrés du soutien social et juridique direct
| Genève - Ceux qui font Genève
reste vigilant : les forces qui prônent aux personnes migrantes). À ce titre,
la fermeture sont à l’œuvre et nous je mène des campagnes autour de vo-
devons continuer de nous engager tations, des actions de sensibilisation
en faveur d’une société suffisamment ainsi que des projets comme l’opéra-
confiante en elle-même pour rester tion Papyrus. » /
accueillante.
Le Centre de contact Suisses-immi-
grés joue un rôle important dans le
canton sur le plan de la cohésion
sociale. Il n’est pas dans l’intérêt de
Genève de laisser les inégalités se
creuser davantage à moyen et long
terme, ni de tolérer que les personnes J’essaie d’imaginer l’avenir 33
migrantes n’aient pas accès aux
droits qui doivent leur permettre de de Genève plus juste, avec
s’intégrer durablement à la vie gene-
voise. La relation de confiance que un climat apaisé autour des
nous entretenons avec nos usagers
nous permet d’agir auprès de popu-
réalités migratoires.
lations qui ne s’adressent pas aux ser-
Diplômée en histoire à l’Université vices étatiques. Nous sommes l’un
de Genève, Marianne Halle com- des principaux points d’entrée dans
mence sa carrière professionnelle le réseau social et associatif gene-
comme assistante de recherche. En vois pour les personnes migrantes.
2005, elle s’engage, comme bénévole Ce qui nous permet d’être aux avant-
et militante, pour les droits des per- postes pour observer les phénomènes
sonnes migrantes sans statut légal. sociaux émergents.
« Je suis née à Genève et j’y ai vécu à venir, le bureau NOMOS souhaite
jusqu'à mes vingt ans. Attirée par le être toujours plus présent sur la scène
grand monde, j'ai passé dix ans en architecturale genevoise mais aussi à
KATRIEN
vadrouille entre études, stages et pre- l'étranger, notamment en Espagne et
miers emplois avant d'y revenir fonder au Portugal. Nous sommes très impli-
VERTENTEN
notre bureau d’architecture NOMOS, à qués dans les réflexions liées au loge-
trente ans. Bien que fortement attachée ment urbain et avons la chance d'avoir
à ma ville natale pour la multiplicité travaillé sur des projets qui sortiront
des cultures qu'elle accueille, je trouve de terre tout prochainement. Nous
Fondatrice du qu'elle se situe encore trop souvent dans sommes aussi très impliqués dans notre
l'ombre des autres villes européennes et association Volta qui soutient l'architec-
bureau d’architecte qu’elle peine à présenter d'autres qua- ture humanitaire.
lités que celles de son incroyable situa-
Nomos tion géographique et de sa proximité Ce que je préfère dans mon métier, c'est
immédiate avec une nature à couper le d'apprendre chaque jour quelque chose
Diplômée de l'Académie d'architec- souffle. Genève se réveille aujourd'hui de nouveau. Nous sommes des généra-
ture de Mendrisio, au Tessin, Katrien d'un long sommeil et me semble prête listes qui, sur chaque projet, se doivent
Vertenten exerce depuis 2005 et colla- à jouer dans la cour des grands. À mon de devenir des spécialistes. Pour réali-
bore avec l’architecte suisse Peter Zum- sens, peu de gens prennent conscience ser un projet d'architecture accompli,
thor, lauréat du prix Pritzker 2009, le de ce que notre ville offre déjà et surtout il est essentiel d'avoir compris tous les
bureau d’architecte zurichois Primas de ce qu'elle est en passe de nous faire rouages de son fonctionnement, de les
Schneider Studer et le bureau New- découvrir ! En tant qu'architecte, je me interpréter et de les traduire spatiale-
Yorkais Skidmore, Owings & Merrill sens non seulement témoin mais aussi ment. Ainsi, nous devons assimiler ce
LLP (SOM). En 2009, elle co-fonde avec actrice de la grande mutation qu'est en que cela signifie d'être cuisinier, cheffe
Lucas Camponovo le bureau d’architec- train d'opérer notre ville. Cette période d'entreprise, hôtelier, habitante, méde-
ture NOMOS qui compte aujourd'hui charnière nous laisse largement entre- cin, jeune, âgé (et j'en passe) lorsque
une vingtaine de collaborateurs à voir les nouvelles possibilités offertes nous nous mettons à construire des
Genève et deux bureaux de 4 personnes par notre ville qui comptera désormais bâtiments qui concernent tous ces
à Madrid et à Lisbonne. parmi les métropoles. Je trouve particu- individus et leurs communautés. Mon
lièrement excitant de participer à cette métier m’amène aussi à voyager beau-
transformation devenue indispensable, coup, aussi bien pour les projets qui
et je me réjouis de pouvoir vivre dans nous occupent à l'étranger que tout sim-
les espaces que nous construisons. Les plement pour nourrir sans cesse notre
nouveaux pôles culturels qui voient le créativité. Il s'agit d'une hygiène d'esprit
jour, les futurs espaces publics, mais qui m'est totalement vitale.» /
aussi les nouveaux quartiers qui se
forment et qui seront bientôt desser-
vis par le CEVA sont gage d'une ville
pleine de dynamisme et de possibi-
lités. Mon métier d’architecte me lie
indéniablement et très fortement au
développement de Genève. En effet,
En tant qu'architecte, je
quel que soit le programme des projets
me sens non seulement té-
qui nous occupent, nos préoccupa-
tions premières sont toujours liées au
moin mais aussi actrice de
contexte dans lequel ces projets s'in-
sèrent. Il s'agit de comprendre en quoi
la grande mutation qu'est
notre intervention peut améliorer une
situation, faire ressortir les qualités d'un en train d'opérer notre ville.
site et répondre aux besoins de ses usa-
gers. Cela commence par une analyse
et une observation fine du contexte.
L'idée étant de pouvoir répondre aux
exigences tout en construisant tou-
jours le plus qualitativement possible.
Ce que nous construisons est là pour
perdurer et résister à la médiocrité, ce
qui implique une responsabilité et une
implication très forte de notre part. La
contribution à ma ville est le soin que
je souhaite apporter aux architectures
qui s'y construiront. Dans les années
Titulaire d’un master en droit, obtenu l'étranger − Genève dispose de tous les
en 1981, et d’un brevet d’avocat depuis ingrédients pour un succès sur le long
1983, Mauro Poggia exerce comme avo- terme.
Ma contribution pour Genève cat indépendant de 1983 à 2013. Il est élu Dans le domaine de la santé, avec un
député au Grand Conseil de 2009 à 2013, hôpital universitaire de renommée
doit être, avant tout, de main- et conseiller national de 2011 à 2013. internationale et des partenaires privés
Il est ensuite élu Conseiller d’État, dont les compétences sont reconnues,
tenir sa compétitivité natio- de 2013 à 2018, initialement chargé de Genève offre une réponse médicale de
l’emploi, des affaires sociales et de la haute qualité à toutes les problématiques
nale et internationale, dans santé ; puis de l’emploi et de la santé que peuvent rencontrer aussi bien sa
jusqu’en février 2019, date à partir de population que ses visiteurs. Il s’agira
tous les secteurs.
laquelle la politique publique de la sécu- de maintenir cette offre à un coût sup-
rité a rejoint son dicastère. portable, y compris pour une population
confrontée aux problématiques liées au
«Le canton de Genève dispose d’atouts vieillissement.
géographiques uniques : les avantages
Dans le secteur de la sécurité, Genève
dispose de prestations exceptionnelles
qu’il conviendra de maintenir, en garan-
tissant à nos forces de l’ordre des moyens
sans cesse renouvelés pour accomplir
ses missions. Quant au marché du tra-
vail, l’ouverture de Genève sur l’Europe
et le monde ne doit pas faire oublier ses
compétences locales, qui doivent être
soutenues avec détermination, afin de
garantir la paix sociale sans laquelle il
ne saurait y avoir de développement éco-
nomique durable.
Ma contribution pour Genève doit être,
avant tout, de maintenir sa compétiti-
vité nationale et internationale, dans
tous les secteurs. Rien n’est jamais par-
| Genève - Ceux qui font Genève
fait nulle part, mais les entreprises et
les personnes qui choisissent Genève
pour s’y installer doivent pouvoir le
faire sur un comparatif objectif des cri-
tères de qualité de vie que nous offrons.
Cela ne doit cependant pas nous faire
oublier que Genève n’est pas seulement
une vitrine vers l’extérieur. La force éco-
nomique de notre canton doit être le
moteur et le carburant d’une politique
déterminée d’inclusion sociale et de
d’une métropole, sans ses inconvé- lutte contre la paupérisation.
MAURO
nients, le charme apaisant d’un bord
36 de lac et des montagnes à proximité. Au quotidien, je constate que rien n’ar-
POGGIA
Quiconque arrive à Genève en prove- rête les hommes et les femmes de bonne
nance du reste de la Suisse vous dira volonté qui ont en ligne de mire l’inté-
que ce qui frappe immédiatement est le rêt commun. Et quand je parle d’inté-
caractère cosmopolite de notre popula- rêt commun ce n’est pas par opposition
Conseiller d’État à tion. Ses organisations internationales aux intérêts individuels, car les deux
et ses organisations non-gouverne- vont de pair. Gouverner, c’est d’abord
Genève, chargé du mentales, qui reçoivent davantage de créer des synergies et multiplier les
délégations que n’importe quelle autre conjonctions. Car nous voulons tous
département de la ville au monde, New-York compris, lui finalement la même chose, même si
donnent un rayonnement exceptionnel. la manière de le décliner peut être fort
sécurité, de l’emploi Si l’on ajoute une économie en constante différente : le bien-vivre ensemble. Il
croissance, un aéroport international est illusoire d’espérer convaincre sans
et de la santé. immédiatement accessible et, prochai- convictions et rien n’est plus gratifiant
nement, nous le souhaitons, une fisca- que de conjuguer les opposés plutôt que
lité concurrentielle − tant en Suisse qu'à d’opposer les contraires.» /JOY
BELLONI-DE
ROUVRE
Galeriste et
fondatrice de
la galerie Joy de
Rouvre
Diplômée de L’IESA arts&culture à Nuits des Bains qui ont lieu en juin et
Paris, Joy Belloni-de Rouvre intègre en octobre, ainsi qu’aux quatre vernis-
très vite le marché de l’art contempo- sages communs les troisièmes jeudis
rain lors de stages au sein d’influentes de janvier, mars, mai et septembre. En
maisons de ventes aux enchères parallèle, j’organise six à sept exposi-
telles que Drouot à Paris et Sotheby’s tions par an qui mettent en avant des
Genève, ainsi que dans la galerie Kru- artistes suisses pour la plupart ou
gier à Genève. En 1998, elle commence travaillant en Suisse de 29 à 55 ans.
sa carrière professionnelle à Genève Personnellement, je m’efforce de repré-
comme assistante du galeriste et cour- senter majoritairement des artistes
tier d’art moderne et contemporain jeunes aux prix raisonnables, issus
Daniel Varenne. En 2014, Joy Bello- d’une certaine scène abstraite propre
ni-de Rouvre fonde sa propre galerie à la Suisse romande. Ma program-
à Carouge, qui déménage en 2017 au mation est au départ spécifiquement
Quartier des Bains. consacrée à la peinture murale et à La création du Quartier des
la sérigraphie. Cette orientation est
« Outre sa qualité de vie, sa stabilité le fruit d’une double volonté : d’une Bains et le développement
politique et sociale et sa proximité part, offrir aux artistes invités la pos-
avec la nature, Genève est avant tout sibilité d’investir l’ensemble de l’espace des vernissages communs
un carrefour d’échanges au centre de de la galerie avec des interventions
l’Europe où la culture et l’art contem- picturales in situ, sans les contraintes ont beaucoup contribué au
porain bénéficient d’une scène artis- liées à la production d’objets figés, et
tique très dynamique. La création d’autre part favoriser l’accessibilité de rayonnement de Genève
du Quartier des Bains et le dévelop- l’art contemporain par la production
pement des vernissages communs d’œuvres multiples. Actuellement, je
ont beaucoup contribué au rayonne- présente l’exposition « ALL OVER / A
ment de Genève. En ce qui concerne LOVER » de l’artiste lausannois Sté-
l’avenir du marché de l’art, j’espère sa phane Kropf. Dans le cadre des invi-
pérennité assurée par la présence de tations de galeries étrangères par le
nombreux collectionneurs et de ports Quartier des Bains, j’accueillerai la
francs qui jouent un rôle important. galerie König de Berlin, au mois de
J’ai rejoint l’association du Quartier mai 2019, avec un solo show de l’ar-
des Bains en 2017 et je participe aux tiste suisse Claudia Comte.» /OCÉANE une organisation non partisane qui a nous n’avons pas 20 à 30 ans pour sor-
DAYER
pour objectif de donner la parole à la tir des énergies fossiles si nous voulons
jeunesse sur les questions du change- enrayer le changement climatique. La
ment climatique et qui envoie une pre- Suisse est actuellement championne
mière délégation de jeunes Suisses aux européenne en consommation de
Fondatrice de Swiss négociations climatiques de la COP21. mazout. Un changement de menta-
Océane Dayer travaille aujourd’hui au lité est nécessaire et j’en appelle ici au
Youth for Climate WWF Suisse. bon sens des propriétaires et investis-
seurs immobiliers, mais également aux
Conseillère politique « Forte de son rayonnement internatio- décideurs pour créer un parc immobi-
nal et de sa place financière influente, lier adapté à l’avenir d’une Genève res-
au WWF Suisse Genève pourrait devenir un modèle de ponsable. Si nous prenons au sérieux
ville durable aux émissions net zéro, et la question de la protection du climat
cela aurait un vrai impact global. La cité et la décision de la COP21 de cesser
Océane Dayer est diplômée en sciences de Calvin en est encore pourtant très de produire plus de gaz à effet de serre
de l’environnement de l’EPF Zürich. loin. Comme dans le reste de la Suisse, que ce que les forêts et autres écosys-
Parallèlement à ses études, en 2015, c’est le parc immobilier qui pèse le plus tèmes peuvent absorber (« net zero
elle devient une des trois représen- lourd dans le bilan carbone de Genève. emission »), nous devons éliminer pro-
tantes de la jeunesse suisse auprès des En 2019, il est toujours possible d’ins- gressivement les systèmes de chauf-
Nations Unies (YouthRep) et participe taller un chauffage fonctionnant au fage au mazout et au gaz au cours du
aux négociations sur l’Agenda 2030 et mazout ou au gaz dans un nouveau bâti- prochain cycle de vie des éléments de
les Objectifs de développement durable ment alors qu’un tel système de chauf- construction. D’autre part, un concept
à New-York. La même année, Océane fage a une durée de vie de 20 à 30 ans. de mobilité douce adapté et des trans-
Dayer fonde Swiss Youth for Climate, C’est climatiquement irresponsable car ports publics rapides et efficaces sont
nécessaires. La place financière doit
quant à elle également s’adapter à l’Ac-
cord de Paris qui demande la redirection
des flux financiers vers des investis-
sements climato-compatibles. Tout
investissement dans les énergies fos-
siles est un vote contre la protection du
climat et un manque pour les énergies
renouvelables.
| Genève - Ceux qui font Genève
De l’ONU aux bars du coin, en pas-
sant par diverses salles de conférences,
j’aime échanger avec les Genevoises et
les Genevois sur l’avenir de leur ville. Je
les sensibilise aux changements clima-
tiques, à leurs impacts et au rôle fonda-
mental que notre ville pourrait jouer. Je
pense arriver à montrer qu’on peut être
jeune, avoir des rêves très grands pour
soi et pour le monde et se donner les
moyens de les atteindre, à Genève, ou
ailleurs. Ce qui me stimule le plus dans
38 mon activité professionnelle c’est quand
les choses bougent. Je m’engage depuis
de nombreuses années pour une meil-
leure protection de l’environnement et
pour une transition vers une société
dans laquelle l’être humain et la nature
vivraient en harmonie. Et l’année de
Genève pourrait devenir un mes 30 ans, des milliers de personnes en
Suisse, et des millions autour du monde
modèle de ville durable aux descendent dans la rue pour deman-
der une vraie action climatique : c’est
émissions net zéro, et cela au-
absolument fabuleux ! Avec beaucoup
d’engagement et un peu de chance, on
rait un vrai impact global.
arrivera peut-être même à laisser une
planète viable à nos enfants. » /Dans le secteur du bâtiment, Genève a la chance de pou-
voir compter sur de nombreuses entreprises engagées et
innovantes dans tous les corps de métiers.
RODRIGO
FERNANDEZ
Co-fondateur de
Terrabloc
| Genève - Ceux qui font Genève
Titulaire d’un master en ingénierie de intercantonale qui apportent dyna- d’économie circulaire en leur montrant
matériaux EPFL et d’un doctorat en misme et richesse à toutes les couches l’importance de construire avec des
chimie du ciment et argiles, Rodrigo de la société franco-valdo-genevoise. matériaux à faible impact environne-
Fernandez travaille d’abord dans la Dans le secteur du bâtiment, Genève mental et qui garantissent un climat
fonction publique, à l’Office cantonal a la chance de pouvoir compter sur intérieur sain.
de l’énergie, puis dans le secteur de l’in- de nombreuses entreprises engagées
dustrie pour la maison Morandi, fabri- et innovantes dans tous les corps de Chaque projet constructif est un défi
cant de briques et tuiles en terre cuite. métiers. La prise de conscience par les pour réussir à fédérer tous les acteurs
En 2011, il co-fonde l’entreprise Terra- habitants des véritables enjeux envi- impliqués : architecte, maîtres d’ou-
bloc qui produit des blocs en terre crue ronnementaux liés à l’industrie du bâti- vrage, ouvriers, utilisateurs, autour d’un
stabilisée, issus du recyclage des déblais ment, ainsi que davantage d’incitations nouveau matériau, et les faire converger 39
terreux de chantier, pour la réalisation de l’État pour construire avec des maté- vers une solution durable dont tout le
de murs et cloisons écologiques et res- riaux locaux et écologiques, devraient monde sera satisfait. C’est cette aven-
pirants. En 2011, Terrabloc est lauréate nous conduire vers des développements ture humaine qui est pour moi la plus
de la bourse cantonale du développe- de quartiers exemplaires en matière de stimulante. Je souhaite développer
ment durable. Depuis 2014, Terrabloc développement durable. des partenariats pour rendre le maté-
coordonne de nombreux projets de riau terre toujours plus fiable et acces-
construction en Suisse romande. À notre petite échelle, par notre acti- sible dans le secteur du bâtiment. En
vité de fournisseurs de produits recyclés ce sens, nous avons passé un accord de
« Genève profite d’une situation géogra- issus des déblais d’excavation de chan- « coworking industriel » avec le fabri-
phique idéale, d’une dimension multi- tiers, nous sensibilisons les acteurs du cant de dalles Cornaz à Allaman dont
culturelle et internationale, notamment bâtiment aux alternatives durables et nous louons la chaîne de production et
grâce à la présence des Nations Unies viables existantes. Aussi, à travers des le personnel à la journée lorsque nous
et autres organismes internationaux, conférences et des ateliers, nous ini- devons produire de plus grandes quan-
et d’une situation transfrontalière et tions les jeunes générations au principe tités. » /« Le paysage de l’art contemporain von Bonin, Karl Holmqvist, Trisha
à Genève s’est beaucoup développé, Donnelly ou encore Oscar Tuazon.
notamment avec la HEAD, artgenève,
les musées et les galeries du Quartier Il me semble que le but d’un musée,
des Bains, qui ont énormément contri- d’un centre d’art ou d’une galerie est
bué à amplifier sa visibilité. Aujourd’hui de témoigner de l’actualité de l’art,
l’offre est plus généreuse et diversifiée, des nouveaux questionnements et des
plus actuelle et internationale. Plusieurs nouvelles pratiques artistiques. Il doit
espaces d’art indépendants témoignent aussi rendre visible et repérable l’iden-
régulièrement de la production artis- tité de sa programmation, de sa struc-
tique locale et permettent à de jeunes ture, et réaliser en quelque sorte des
artistes issus de la HEAD de montrer « premières » en restant le plus auto-
davantage leur travail. nome possible dans ses choix et le plus
| Genève - Ceux qui font Genève
VÉRONIQUE
Cependant, il manque encore à Genève Nous avons également per-
une ou deux galeries de niveau inter-
BACCHETTA
national, bien que la programmation mis à des artistes de réaliser,
de certaines galeries genevoises telles
que Truth and Consequences, Ribordy à Genève, des productions,
Thetaz, Skopia, Joy de Rouvre, Xippas
Directrice du Centre ou Wilde s’ouvrent de plus en plus à des des expositions ou des édi-
artistes internationaux et offrent plus
d’édition contempo- de visibilité aux artistes suisses émer- tions, qui n’auraient pu être
gents. Certaines galeries qui font par-
40 raine tie de groupes internationaux, comme réalisées ailleurs
Gagosian ou Pace, sont représentées à
Diplômée en histoire de l’art à l’Univer- Genève. Elles apportent de nouvelles
sité de Genève, Véronique Bacchetta stimulations, un niveau international
commence sa carrière professionnelle, et probablement de nouveaux collec-
en 1984, comme assistante au Centre tionneurs. Les galeries et les institu-
d’art visuel de Genève. De 1989 à 1992, tions genevoises sont de mieux en
elle fait partie de la direction collégiale mieux représentées dans les grandes
du Centre genevois de gravure contem- foires d’art et suivies par la presse
poraine avec Anne Patry et Paul Viac- spécialisée.
coz. Depuis 1992, Véronique Bacchetta Le Centre d’édition contemporaine a
assume seule la direction du Centre fait découvrir des artistes aujourd’hui
genevois de gravure contemporaine, reconnus comme Andreas Gursky,
devenu dès janvier 2001 le Centre d’édi- Thomas Hirschhorn, Karen Kilimnik,
tion contemporaine. Olafur Eliasson, Urs Fischer, CosimaVous pouvez aussi lire
