Radioembolisation des tumeurs hépatiques
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POST’U (2018) Radioembolisation des tumeurs hépatiques ; Julien Edeline (u) Oncologie Médicale, Centre Eugène Marquis, Rennes, Avenue de la Bataille Flandres-Dunkerque 35043 Rennes E-mail : j.edeline@rennes.unicancer.fr lopper d’autant plus que la radiothéra- Introduction pie externe des lésions hépatiques CANCÉROLOGIE n’avait pas à l’époque les possibilités La radioembolisation est une modalité techniques de délivrer des doses tumo- de traitement par voie intra-artérielle ricides en épargnant le parenchyme hépatique des tumeurs primitives et sain, et était donc responsable du syn- secondaires. Le terme « radioembolisa- drome de maladie hépatique induit par tion » devrait être remplacé par le les radiations (RILD pour Radiation terme « radiothérapie interne sélec- Induced Liver Disease, en anglais). tive », abrégé en SIRT en anglais Des études prospectives de faibles (Selective Internal Radiation Therapy), effectifs ont montré une efficacité du car le principe thérapeutique est vrai- lipiodol marqué à l’Iode-131 compa- ment dominé ici par l’irradiation et rable à celle de la chimio-embolisation, non par l’embolisation. Cette stratégie ainsi qu’une efficacité pertinente chez de radiothérapie interne a été utilisée les patients atteints de thrombose por- depuis plus de 30 ans, avec des déve- tale, pour lesquels la chimio-embolisa- loppements techniques qui ont changé tion est contre-indiquée. Par ailleurs, ses modalités d’administration. Du fait des résultats encourageants en situa- Objectfs pédagogiques de sa caractéristique de dispositif tion adjuvante avaient conduits à lan- médical, les essais cliniques ont été cer un essai randomisé prospectif de – Connaître les principes de la plus longs à se monter, et c’est seule- phase 3. Cependant, cette technique radioembolisation ment en 2016-2017 qu’ont été présen- nécessitant une hospitalisation plu- – Connaître les indications de la tés les premiers résultats d’études de sieurs jours en milieu protégé du fait radioembolisation phase 3, dans les indications de carci- de l’utilisation de l’Iode-131 était asso- – Connaître les résultats de la radioem- nomes hépatocellulaires (CHC) et de ciée à une lourdeur de mise en place bolisation dans le traitement des métastases hépatiques des carcinomes qui a limité sa diffusion. Surtout, l’ab- CHC colo-rectaux (CCRm). La technique a sence de vérification du shunt hépato- par ailleurs été étudiée dans d’autres pulmonaire a conduit à des passages – Connaître les résultats de la radioem- tumeurs hépatiques primitives (cho- du produit en intra-pulmonaire, res- bolisation dans le traitement des langiocarcinome intra-hépatique) ou ponsable d’une irradiation délétère, se métastases hépatiques des cancers secondaires (métastases de tumeurs traduisant par des pneumopathies colorectaux neuro-endocrines, de mélanomes cho- interstitielles. Certains cas ont été roïdiens, d’autres primitifs…). fatals. Ceci a conduit les autorités à demander de nouvelles études de tolé- rance au laboratoire, qui devant le Historique manque de diffusion de la technique a arrêté le développement du produit. De L’approche anciennement développée cette antériorité, plusieurs éléments a été l’utilisation de lipiodol marqué à importants peuvent être dégagés : l’Iode -131 (Lipiocis®, Cis Bio 1. L’irradiation des CHC pouvaient International, France) [1]. Cette tech- conduire à des réponses objectives. nique consistait en une injection par 2. La toxicité était liée d’une part à la voie intra-artérielle, dans l’indication tolérance hépatique, d’autre part au du CHC. Ce type de traitement intra- Conflits d’intérêt passage du produit en dehors du foie artériel permettait une délivrance de Formations et interventions pour le (ici particulièrement au niveau pul- la radioactivité directement au site compte de BTG, Royaume-Uni monaire). tumoral, du fait de la vascularisation artérielle des CHC, associée au tro- 3. Les patients avec thrombose portale Mots-clés : Radioembolisation ; pisme du lipiodol pour ces tumeurs. pouvaient tirer bénéfice de la moda- SIRT ; Yttrium-90 Cette méthode a été appelée à se déve- lité. 77
S’est développée en parallèle une Tableau I. Les deux types de billes marquées à l’Yttrium-90 méthode alternative, la radioembolisa- tion aux billes marquées à l’Yttrium-90, Verre – Therasphere®, Résine – SIRSpheres®, qui fera l’objet du reste de cette présen- BTG, Royaume Uni SIRTEX, Australie tation. Taille 20-30 µm 20-60 µm Isotope 90 Y dans le verre 90 Y à la surface de la résine Déroulement du traitement Activité / sphère 2500 Bq 50 Bq Nb sphères / Dose de 3 GBq 1.2 millions 40-80 millions Le développement actuel repose sur des microsphères de verre ou de résine (2 produits commercialisés) marqués à l’Yttrium-90. La différence essentielle des 2 produits, est dépendant de la fixa- Du fait de sa complexité de mise en entre les 2 produits est la plus forte tion des macro-agrégats dans le foie œuvre, la technique nécessite une activité (50 fois supérieure) associée à injecté, mais sans distinguer entre la excellente coopération entre cliniciens chaque microsphère de verre compa- fixation sur la tumeur et la fixation sur (hépato-gastro-entérologues, oncolo- rativement aux sphères de résine, le le foie non tumoral. Il est cependant gues, chirurgiens), médecins nucléaires nombre de billes injectées étant par évident que du point de vue clinique et radiologues interventionnels, à la conséquent différent et la dosimétrie on souhaite une dose maximale sur la fois pour poser les bonnes indications, n’étant donc pas comparable tumeur, en maintenant une dose et pour la bonne organisation du trai- (Tableau I). Le déroulement est sem- acceptable sur le foie non tumoral. Il tement et de son suivi. blable avec les 2 produits : le traitement est maintenant bien démontré, par nécessite 2 artériographies réalisées au plusieurs équipes utilisant les 2 types maximum à 2 semaines d’intervalle. La de sphères, et dans différentes indica- première consiste en l’injection de Résultats dans le CHC tions, qu’il existe un lien entre la dose macro-agrégats d’albumine marqués délivrée à la tumeur et les résultats au technétium, avec scintigraphie au oncologiques [2], de même qu’il existe Les modalités thérapeutiques du CHC décours qui permet de vérifier l’ab- un lien entre dose délivrée au foie non sont fréquemment présentées par rap- sence de contre-indication (shunts tumoral et toxicité. L’étape ultérieure port à la classification de la Barcelona digestifs, qu’on pourra tenter de corri- qui est en cours dans des études pros- Clinic for Liver Cancer [BCLC] [3] ger par embolisation, ou shunts pulmo- pectives est de modifier le mode de (Figure 1). Les CHC de stade intermé- naires, qui eux sont considérés comme calcul de la dose pour prendre en diaire (BCLC B), multifocaux mais sans non corrigeables) et de calculer l’acti- compte les doses absorbées par la extension vasculaire ou extra-hépa- vité à administrer. La méthode de tumeur et le foie non-tumoral. tique, ont pour traitement recom- calcul de la dose est différente selon les 2 produits. La deuxième artériographie va réaliser l’administration des microsphères marquées à l’Yttrium-90. Un élément mal reconnu est la nécessité absolue de se positionner d’une manière extrê- mement reproductible entre les 2 arté- riographies, pour avoir une bonne concordance de résultats. L’Yttrium-90 va irradier à environ 1 cm autour des sphères, ce qui permet de limiter les mesures de radioprotection, le traite- ment pouvant théoriquement être réa- lisé en ambulatoire. Le traitement est actuellement administré la plupart du temps de manière lobaire ; si des tumeurs sont présentes dans les 2 lobes hépatiques, une deuxième injection controlatérale est réalisée 1 à 2 mois après la première. Les cures ne sont pas répétées, sauf en cas de pro- gression secondaire d’une lésion qui avait bien répondu initialement, ou apparition à distance de nouvelles lésions. Le calcul de la dose mérite une atten- Figure 1. Algorithme de traitement du CHC selon BCLC tion particulière. Ce calcul, différent Légende : CHC : carcinome hépatocellulaire ; PS : Performance Status ; CP : Child-Pugh ; HTP : selon les recommandations de chacun Hypertension Portale ; TVP : Thrombose Veineuse Portale ; N1 : Envahissement ganglionnaire ; M1 : métastases viscérales ; RF : Radiofréquence ; TACE : Chimioembolisation 78
Tableau II. Principaux essais de radioembolisation en cours dans le CHC Nombre de patients Résultats présentés ou Acronyme Population cible Traitement expérimental attendus attendus PREMIÈRE 258 (45 inclus) BCLC B Radioembolisation sphères 2016, arrêtée précocement de verre SIRvenib 360 BCLC B ou C non accessible Radioembolisation Présentée à l’ASCO 2017 à CEL sphères de résine SARAH 400 BCLC B ou C non accessible Radioembolisation sphères Présentée à l’EASL 2017 à CEL de résine STOP-HCC 400 BCLC B ou C non accessible Radioembolisation sphères 2018 ? à CEL de verre + sorafenib SORAMIC 430 BCLC B ou C non accessible Radioembolisation sphères 2018 ? à CEL de résine + sorafenib YES-P 360 Thrombose porte Radioembolisation sphères Arrêt prématuré de verre CANCÉROLOGIE mandé la chimioembolisation lipiodo- ou en association au sorafenib ressant à la population avancée ont été lée (CEL), tandis que les CHC avancés, (Tableau II). Des données rétrospectives présentés en 2017. L’étude française métastatiques ou avec invasion vascu- suggèrent que la radioembolisation SARAH comparait le sorafenib à la laire (BCLC C) ont pour traitement pourrait être supérieure au sorafenib radioembolisation aux microsphères recommandé le sorafenib. La radioem- chez les patients avec thrombose de de résine et cherchait à démontrer la bolisation peut être amenée à trouver branche portale, cependant ces résul- supériorité de la radioembolisation [6]. sa place dans les stades BCLC B et C. De tats doivent être confirmés dans des Le critère principal, la survie globale, nombreuses études rétrospectives, études prospectives randomisées n’était pas améliorée : elle apparaissait multicentriques de large effectif ont dédiées à cette population. Un exemple semblable dans les 2 bras, mais l’étude confirmé la faisabilité, la bonne tolé- de cas de patient avec thrombose est n’était pas prévue pour étudier une rance et l’activité de la radioembolisa- présenté sur la Figure 2. Les résultats non-infériorité. La tolérance et la qua- tion dans le CHC [1, 4]. de deux des études prospectives s’inté- lité de vie étaient meilleures dans le Dans les stades BCLC B, la tolérance semble meilleure que la CEL, avec moins de syndrome post-embolisa- tion. La toxicité redoutée est le radioembolization-induced liver disease (REILD), dont la fréquence de grade 3 est inférieure à 10 %, et peut être prévenue par une bonne sélection des patients (notamment bilirubine < 35 µmol/L). Des données compara- tives rétrospectives et une étude ran- domisée de faible effectif suggèrent une efficacité similaire en termes de survie, mais supérieure en termes de temps jusqu’à progression et de tolé- rance, par rapport à la CEL [5]. Par ail- leurs, il a été suggéré dans des études rétrospectives que la technique appor- tait une meilleure probabilité de downstaging des tumeurs hors critères de transplantation, ainsi qu’un meil- leur temps jusqu’à progression. Enfin, on constate après radioembolisation unilatérale une hypertrophie du foie contro-latéral. Ces éléments peuvent donner un avantage dans une situa- Figure 2. Exemple de traitement chez une patiente avec CHC tion pré-chirurgicale (résection ou et thrombose tumorale. A. Scanner initial montrant un CHC de 7 cm. B. Thrombose de la branche portale sectorielle transplantation). Cependant, ces indi- postérieure. C. Cone Beam CT pendant l’artériographie préparatoire montrant une hypervas- cations doivent être confirmées dans cularisation de la thrombose tumorale. D et E. Scintigraphie après injection de macro-agrégats des essais prospectifs randomisés. d’albumine marqués au technétium montrant une fixation tumorale et de la thrombose. La dose délivrée prévue à la tumeur était de 406Gy. F. Scintigraphie après injection des microsphères La plupart des études prospectives marquées à l’Yttrium-90 confirmant la fixation tumorale. G et H. Réponse à 6 mois avec dévas- cularisation de la lésion, réponse objective, et revascularisation de la branche portale. La patiente actuelles s’intéressent à la situation du a ensuite bénéficié d’une résection hépatique, avec nécrose complète de la lésion et de la throm- CHC avancé, BCLC C, en comparaison bose. Elle est en rémission à 6 mois de la chirurgie. 79
bras radioembolisation. De manière Récemment, ont été publiés les résul- similaire, l’étude asiatique SirVeNib ne tats combinés des études SIRFLOX, Contre-indications montrait pas d’amélioration de la sur- FOXFIRE et FOXFIRE global, dont le vie globale après radioembolisation design était similaire et prévu pour Les critères de sélection des patients aux sphères de résine, malgré une l’analyse combinée [9]. Dans ces pour la radioembolisation vont être meilleure tolérance que celle du sorafe- études, les patients en première ligne extrêmement importants pour dimi- nib. Les résultats des études SORAMIC de traitement pour CCRm métasta- nuer les risques de toxicité et améliorer et STOP-HCC, qui ont fini leur recrute- tiques hépatiques (faible charge extra- les probabilités de bénéfice. Plusieurs ment et qui avaient une stratégie dif- hépatique acceptée) étaient randomi- types de contre-indications ressortent : férente d’association du sorafenib à la sés entre chimiothérapie FOLFOX + radioembolisation, sont encore en anticorps monoclonal et la même – Les contre-indications en lien avec la attente. chimiothérapie plus la radioembolisa- fonction hépatique : on exclura les tion. Le critère principal de l’analyse patients avec score de Child-Pugh La négativité de ces essais ne permet combinée était la survie globale et il 7 (voire on se limitera prudem- pas de positionner la technique dans n’a pas été atteint, malgré l’améliora- ment aux patients Child-Pugh A), les les recommandations. Plusieurs tion significative et importante du patients avec hyperbilirubinémie aspects pouvant expliquer la négati- temps jusqu’à progression intra-hépa- 35 µmol/L (qui est le facteur pré- vité des essais malgré une activité tique, du fait d’une progression extra- dictif le plus puissant de REILD), les peuvent être soulignés : principale- hépatique plus rapide dans le bras patients avec ascite clinique. Il ment, les populations incluses étaient radioembolisation. Ces résultats convient de renouveler le bilan bio- hétérogènes, ne se focalisant pas sur indiquent que, malgré un excellent logique juste avant l’administration, les situations à bénéfice plus probable contrôle de la maladie hépatique par les parcours des patients pouvant (thrombose porte, même si cette popu- la radioembolisation, l’effet sur la être longs. lation dans son ensemble ne semblait maladie systémique n’était pas suffi- – Les contre-indications en lien avec la pas tirer plus bénéfice en analyse de sant pour améliorer le pronostic de ces technique : il s’agit d’un shunt diges- sous-groupe des études de phase 3) et patients. Une analyse de sous-groupe tif que l’on n’aurait pas pu emboliser. il n’y avait pas d’étude dosimétrique retrouvant un bénéfice dans les can- Un shunt vers le tube digestif entraî- vérifiant la bonne dose reçue par la cers du côlon droit peut générer des nerait un ulcère. Un shunt vers la tumeur. hypothèses pour des études ulté- vésicule biliaire peut parfois être rieures. Une étude est en cours en toléré, à l’origine d’un tableau de 2e ligne. cholécystite qui est en général Résultats dans le CCRm contrôlé médicalement. Un shunt e x c e s s i f h é p at o - p u l m o n a i r e ( 20 %) est une contre-indication De nombreuses séries multicentriques Résultats dans les autres absolue, du fait du risque de pneu- démontrent une activité (réponses indications mopathie radique. objectives) et une bonne tolérance de – Les mauvaises indications : Un enva- la radioembolisation dans le CCRm [7]. hissement hépatique majeur Les populations incluses sont cepen- D’autres indications ont été étudiées, ( 50 % du foie si cirrhose, 70 % du dant très hétérogènes en ce qui majoritairement dans des études foie sans cirrhose) conduirait à un concerne les traitements reçus anté- rétrospectives. Parmi les résultats les risque de toxicité hépatique trop rieurement ainsi que les profils de plus significatifs, les cholangiocarci- important. Les patients avec maladie patients. Les résultats apparaissent nomes intra-hépatiques non résé- extra-hépatique significative ne évidemment meilleurs lorsque les cables semblent très sensibles à la semblent pas tirer bénéfice. Les patients ont été peu pré-traités, et technique, avec des cas rapportés patients avec absence de fixation des quand les patients avec métastases d’exérèse secondaire. Les séries rappor- tumeurs lors de l’artériographie de extra-hépatiques étaient exclus. tées sont là aussi hétérogènes, intéres- préparation, les patients dont une sant des patients en 1re ligne ou en particularité anatomique artérielle Une étude randomisée ayant inclus échappement, des lésions uniques ou (vascularisation tumorale par l’ar- 46 patients a comparé, à une époque multiples, rendant l’interprétation tère phrénique…) ne permet pas de précédant l’utilisation large des théra- délicate [7]. Une étude de phase 3 com- traiter l’ensemble de l’atteinte tumo- pies ciblées, chez des patients pouvant parant la chimiothérapie seule à la rale sont également des mauvaises présenter une maladie extra-hépa- radioembolisation suivie de chimiothé- indications par absence de ciblage tique, en progression sous les schémas rapie a débuté en 2017. Des réponses satisfaisant. standards de chimiothérapie, l’admi- cliniques ont été notées dans les nistration du 5FU à la radioembolisa- métastases hépatiques de tumeurs tion associé au 5FU. Le critère principal neuro-endocrines. Les métastases de survie sans récidive était atteint, en hépatiques d’autres tumeurs, tels que Indications revanche sans bénéfice statistique- les mélanomes choroïdiens (ayant un ment significatif sur la survie globale tropisme particulier pour donner des Il convient de noter tout d’abord qu’en (le faible effectif de l’étude ne permet- métastases hépatiques) et les cancers tant que dispositif médical, les proces- tant cependant pas de conclure) [8]. du sein, ont également été rapportées sus d’autorisation sont différents de Cette étude est à l’origine de la seule comme pouvant répondre, mais les ceux des médicaments. La radioembo- indication remboursée de la radioem- données sont également difficiles à lisation avec les 2 types de sphères est bolisation en France à l’heure actuelle. interpréter. ainsi autorisée en France pour les 80
tumeurs hépatiques, qu’elles soient plantation ou la résection, le cholan- lettre -hepato -gas troenterologue/ primitives ou secondaires. Cependant, giocarcinome unifocal non résécable, chimioembolisation-radioembolisation-carci- nome-hepatocellulaire cette autorisation ne s’appuie pas notamment en intention de downsta- comme pour les médicaments sur des ging. 5. Salem R, Lewandowski RJ, Kulik L, Wang E, Riaz A, Ryu RK, et al. Radioembolization études de phase 3. Par contre, le rem- results in longer time-to-progression and boursement n’est obtenu que lorsque reduced toxicity compared with chemoem- Conclusions la technique a été démontrée comme bolization in patients with hepatocellular apportant un bénéfice par rapport aux c arcinoma. Gas troenterology. févr La radioembolisation est une tech- 2011;140(2):497-507.e2. thérapeutiques standard dans le cadre nique émergente de traitement des d’essais randomisés. tumeurs hépatiques primitives et 6. Vilgrain V, Pereira H, Assenat E, Guiu B, Ilonca AD, Pageaux G-P, et al. Efficacy and safety of Actuellement la seule indication rem- secondaires. Une seule indication est selective internal radiotherapy with boursée de la radioembolisation (ici actuellement remboursée, le cancer yttrium-90 resin microspheres compared colorectal en échappement aux autres with sorafenib in locally advanced and ino- avec sphères de résine) concerne le traitements, reflétant la seule étude perable hepatocellular carcinoma (SARAH): CCRm hépatique, dans une indication an open-label randomised controlled phase précise : randomisée positive. La négativité des 3 trial. Lancet Oncol. déc 2017;18(12):1624-36. études de phase 3 récentes ne permet CANCÉROLOGIE – envahissement hépatique 25 % 7. Pracht M, Sourd SL, Rohou T, Lenoir L, pas d’étendre ces indications dans Rolland Y, Garin É, et al. Radioembolisation – Performance Status ≤ 2 l’immédiat. Des études dédiées aux des cholangiocarcinomes intrahépatiques et – absence de maladie extra-hépatique situations les plus à même de montrer des métastases des cancers colorectaux : un bénéfice de la technique sont en données actuelles. Hépato-Gastro Oncol Dig. – en échappement ou intolérants à 1 févr 2017;24(2):121-8. attente de résultats. toutes les chimiothérapies et théra- 8. Hendlisz A, Van den Eynde M, Peeters M, pies ciblées indiquées disponibles, y Maleux G, Lambert B, Vannoote J, et al. Phase compris orales. III trial comparing protracted intravenous Références fluorouracil infusion alone or with yttrium-90 Cette indication est d’ailleurs validée resin microspheres radioembolization for dans des recommandations internatio- 1. Edeline J, Gilabert M, Garin E, Boucher E, liver-limited metastatic colorectal cancer nales [10], en attendant une mise à jour Raoul J-L. Yttrium-90 microsphere radioem- refractory to standard chemotherapy. J Clin bolization for hepatocellular carcinoma. Liver Oncol Off J Am Soc Clin Oncol. 10 août dans notre Thésaurus National de 2010;28(23):3687-94. Cancer. mars 2015;4(1):16-25. Cancérologie Digestive. 2. Garin E, Edeline J, Rolland Y. High Impact of 9. Wasan HS, Gibbs P, Sharma NK, Taieb J, Les autres indications préférentielles, Preferential Flow on 99mTc-MAA and Heinemann V, Ricke J, et al. First-line selective basées sur des études non randomisées 90Y-Loaded Microsphere Uptake Correlation. internal radiotherapy plus chemotherapy J Nucl Med Off Publ Soc Nucl Med. nov versus chemotherapy alone in patients with voire rétrospectives et donc non rem- liver metastases from colorectal cancer 2016;57(11):1829-30. boursées, ne peuvent faire à l’heure (FOXFIRE, SIRFLOX, and FOXFIRE-Global): a actuelle l’objet de recommandations. 3. EASL, EORTC, others. EASL–EORTC Clinical combined analysis of three multicentre, ran- Ces indications préférentielles, pour Practice Guidelines: management of hepato- domised, phase 3 trials. Lancet Oncol. sept cellular c arcinoma. J Hepatol. 2017;18(9):1159-71. lesquelles il faut donc réfléchir à la par- 2012;56(4):908–43. ticipation à un essai dédié, semblent 10. Van Cutsem E, Cervantes A, Nordlinger B, 4. Edeline J. Chimioembolisation et radioembo- Arnold D. Metastatic colorectal cancer: ESMO être le CHC avec thrombose de branche lisation dans le carcinome... [Internet]. Lettre Clinical Practice Guidelines for diagnosis, portale, le CHC en attente de transplan- Hépato gastro entérologue. 2017 [cité 28 sept treatment and follow-up. Ann Oncol. 1 sept tation ou en downstaging vers la trans- 2017]. Disponible sur: http://www.edimark.fr/ 2014;25(suppl_3):iii1-iii9. 81
5 Les Cinq points forts L’effet thérapeutique de la radioembolisation est lié à la radiothérapie interne et non à l’embolisation. Les contre-indications sont hépatiques (Child-Pugh >7, bilirubine >35mcmol/L, ascite clinique), anatomiques (shunt hépato-pulmonaire important) et techniques (difficulté de ciblage des lésions à traiter). Dans le carcinome hépatocellulaire, la thrombose des branches portales ou une thrombose partielle du tronc porte n’est pas une contre- indication à une radioembolisation. Dans les métastases hépatiques de cancer colorectal, les microsphères de résine ne sont prises en charge par l’Assurance maladie que pour les patients en échappement à tous les traitements systémiques validés, sans atteinte extra-hépatique, avec un envahissement hépatique < 25 %. Les premiers essais randomisés de phase 3 publiés dans le CHC et en première ligne des métastases hépatiques de cancer colorectal sont négatifs. D’autres essais sont en cours. Questions à choix unique Question 1 Quelle est l’indication prise en charge par l’assurance maladie de radioembolisation aux microsphères de résine : ❏ A. Le carcinome hépatocellulaire en attente de transplantation ❏ B. Le carcinome hépatocellulaire avec thrombose porte ❏ C. Le carcinome hépatocellulaire avancé en échec du Nexavar ❏ D. Les métastases hépatiques de cancer colorectal en échappement aux traitements validés ❏ E. Les métastases hépatiques de cancer colorectal non résécables en association au FOLFOX Question 2 Quel élément ne représente pas une contre-indication à la radioembolisation ? ❏ A. Une bilirubine à 55 µmol/L ❏ B. Une ascite clinique ❏ C. Des lésions multiples bilatérales ❏ D. Un shunt hépato-pulmonaire à 25 % ❏ E. Un shunt vers l’artère gastro-duodénale non embolisable. Question 3 Concernant les résultats des études randomisées, quelle proposition est juste ? ❏ A. L’étude SARAH a montré la supériorité de la radioembolisation sur le sorafenib dans le CHC ❏ B. L’étude SARAH a montré une équivalence de la radioembolisation au sorafenib dans le CHC avancé ❏ C. Dans l’étude SARAH, la qualité de vie était mieux préservée dans le bras radioembolisation que dans le bras sorafenib ❏ D. Dans les études de première ligne dans le cancer colorectal, il n’y avait pas d’amélioration du temps jusqu’à progression hépatique dans le bras radioembolisation ❏ E. Dans les études de première ligne dans le cancer colorectal, il y avait une amélioration significative de la survie globale dans le bras radioembolisation 82
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