Opinions et pratiques des médecins généralistes en matière de prévention - Drees
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Opinions et pratiques des médecins juillet 2021 généralistes en matière de prévention numéro 1197 L Début 2020, un médecin généraliste sur cinq déclare avoir es missions de prévention font contribué à l’organisation d’actions de prévention collective partie intégrante de la pratique des médecins généralistes, notam- au cours des deux dernières années et près d’un praticien sur ment à travers l’implication de ces der- trois a déjà participé ou a l’intention de participer au dispositif niers dans les actes dits de prévention Mois sans tabac. Les médecins exerçant en maison de santé médicalisée (vaccination, dépistage…) pluriprofessionnelle (MSP) participent plus souvent à ces [Bourdillon, et al., 2008]. Depuis une dispositifs. dizaine d’années, ces missions sont davantage reconnues et valorisées, Des messages et outils de prévention sont proposés dans la que ce soit dans le cadre individuel de la consultation par la création de grande majorité des cabinets. Il s’agit essentiellement de flyers nouveaux dispositifs de rémunération et de brochures, les auto-questionnaires pour faciliter (rémunération sur objectifs de santé les échanges avec les patients étant moins répandus publique [ROSP], cotations spécifiques et les messages vidéo encore rares. de consultations complexes en pré- vention), ou dans un cadre collectif, Trois médecins généralistes sur quatre connaissent au moins avec le développement de nouvelles une des deux principales cotations de consultations complexes campagnes de santé publique pouvant dédiées à la prévention. Les praticiens les plus jeunes et ceux appuyer les démarches individuelles (par exemple, le dispositif Mois sans impliqués dans des actions de prévention collective sont plus tabac). De nouvelles organisations en enclins à les utiliser. soins primaires contribuent également à favoriser les pratiques préventives Près de la moitié des médecins généralistes considèrent des médecins généralistes, notamment que la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) avec le développement de l’exercice a eu un effet positif sur leurs pratiques préventives, dans au moins groupé en maisons de santé pluriprofes- un des trois domaines étudiés (vaccination antigrippale, dépistage sionnelles (MSP) ou, plus récemment, la des cancers gynécologiques et démarches d’intervention brève création des communautés profession- nelles territoriales de santé (CPTS) et des en addictologie). équipes de soins primaires (ESP). L’enquête du Panel d’observation des Marie-Astrid Metten, Jean-François Buyck, Sandrine David (ORS pratiques et des conditions d’exercice Pays de la Loire), en collaboration avec Marie Rocheteau, Thomas Hérault, Jean-Gérald Bertet (URML Pays de la Loire), en médecine générale, qui s’est dérou- Maxime Bergeat, Hélène Chaput, Martin Monziols (DREES), lée de décembre 2019 à mars 2020, Pierre Verger (ORS Provence-Alpes-Côte d’Azur), apporte, dans ce contexte évolutif, des Florence Zemour (URPS-ML Provence-Alpes-Côte d’Azur) éléments de connaissance actualisés sur Retrouvez toutes nos données sur www.data.drees.sante.gouv.fr
juillet 2021 numéro Opinions et pratiques des médecins généralistes en matière de prévention 1197 les attitudes et les pratiques préventives différente selon l’âge, le sexe ou encore d’exercice des généralistes, les acteurs en médecine générale (encadré 1). le volume d’activité des praticiens. En les plus fréquemment cités sont d’autres 1. L’exercice en groupe revanche, les médecins exerçant en médecins et professionnels de santé permet au minimum aux professionnels Un médecin généraliste sur cinq groupe au sein d’une MSP déclarent plus (graphique 1). Ce constat est particuliè- de santé de partager a participé à l’organisation fréquemment avoir contribué à une telle rement marqué pour ceux exerçant en leur cabinet et peut d’actions de prévention action (55 %) que ceux exerçant seuls MSP. En revanche, ces derniers citent aller jusqu'au partage des dossiers de collective au cours (20 %) ou sous une autre forme d’exer- moins souvent que les autres praticiens leurs patients, voire des deux dernières années cice regroupé (14 %)1. Une part de cette l’intervention d’autres types d’acteurs, un partage de leurs Un médecin généraliste sur cinq (21 %) différence pourrait être liée aux carac- comme les associations locales ou les honoraires. Les déclare avoir « contribué, au cours des téristiques organisationnelles et aux partenaires institutionnels. médecins exerçant en groupe (58 % des deux dernières années, à l’organisation missions des MSP2. L’analyse multivariée médecins généralistes) d’actions de prévention collective auprès confirme l’effet propre de l’exercice en Une participation modeste peuvent exercer de groupes de populations cibles (per- MSP par rapport à l’exercice seul, à autres à la campagne annuelle au sein d’une MSP (11 %) ou sous une sonnes âgées, habitants de territoires fra- caractéristiques égales3. Mois sans tabac autre forme d’exercice giles, scolaires, etc.) ». Cette contribution Interrogés à propos de la dernière action La participation des médecins généra- regroupé (47 %). s’est inscrite, pour environ trois quarts de prévention collective menée dans le listes au dispositif Mois sans tabac per- 2. Les MSP regroupent d’entre eux, dans le cadre de leur activité cadre de leur activité libérale, 18 % des met d’étudier leur mobilisation dans le médecins et autres libérale, et pour un quart dans le cadre médecins généralistes déclarent l’avoir cadre d’une action de prévention col- professionnels de san- té sur un lieu unique d’une activité salariée associée à leur réalisée seul ou à leur initiative person- lective d’ampleur nationale. Instaurée en d’exercice, dans une activité libérale. La proportion de méde- nelle, alors que 82 % l’ont réalisée dans France en 2016, Mois sans tabac est une approche coordonnée cins généralistes déclarant avoir participé une dynamique collective, que ce soit campagne d’information et d’accompa- formalisée dans un projet de santé. à l’organisation d’actions de prévention avec l’appui, en lien ou à la demande gnement au sevrage tabagique pilotée L’article L. 6323-3 collective n’est pas significativement d’autres acteurs. Quel que soit le mode par Santé publique France (SpF) avec du Code de la santé publique précise que les médecins exerçant en MSP peuvent parti- ENCADRÉ 1 ciper, dans le cadre de Source et méthodologie leur projet de santé, à des actions de santé Le quatrième Panel d’observation des pratiques et des conditions La première partie vise à décrire de façon globale les pratiques publique, de préven- d’exercice en médecine générale est une enquête menée en France préventives, notamment collectives, des médecins généralistes, tion, d’éducation entière, hors Mayotte, par la Direction de la recherche des études, les facteurs individuels susceptibles de les influencer, ainsi que leur pour la santé et à de l’évaluation et des statistiques (DREES), les Observatoires régio- connaissance, usage et avis concernant différents dispositifs mis des actions sociales. naux de la santé (ORS) et Unions régionales des professions de en place susceptibles de favoriser ces pratiques. Les résultats de 3. Un suréchantillon- santé-médecins libéraux (URPS-ML) des régions Provence-Alpes- cette première partie sont présentés dans le présent document. La nage des médecins Côte d’Azur (PACA) et Pays de la Loire, auprès de 3 300 médecins seconde partie du questionnaire, qui concerne spécifiquement les exerçant en MSP a été généralistes libéraux, installés au 1er janvier 2018, ayant au moins pratiques préventives des médecins généralistes dans le domaine réalisé, ce qui a permis 200 patients dont ils sont le médecin traitant et sans mode d’exer- des conduites addictives, fait l’objet d’une autre publication (David, d’étudier l’effet de cice particulier exclusif (comme homéopathe ou acupuncteur). Buyck, Metten, 2021). ce mode d’exercice. Les médecins exerçant en Pays de la Loire et en PACA sont surre- Les données d’enquête sont pondérées afin de tenir compte de la Les analyses multiva- non-réponse et calées. Ainsi, l’échantillon des répondants est repré- riées réalisées toutes présentés dans l’échantillon, permettant de donner des résultats sentatif de l’ensemble du champ de l’enquête selon le sexe, l’âge, choses égales représentatifs pour ces deux régions. le volume d’activité, l’exercice ou non dans une région partenaire par ailleurs tiennent La troisième vague d’enquête s’est déroulée entre décembre 2019 compte simultané- et l’exercice ou non dans une zone à faible densité médicale. Les et mars 2020, par internet et par téléphone, la diffusion des résul- ment de l’âge, analyses présentées ici sont systématiquement pondérées. tats est retardée du fait de l’analyse des enquêtes menées durant la du sexe, du volume crise sanitaire consacrées à la gestion de la Covid-19 par les méde- En complément des résultats descriptifs, des modèles multivariés d’activité habituel, cins généralistes. Le terrain de l’enquête a été stoppé prématuré- de régression logistique ont été réalisés afin d’identifier les facteurs du mode d’exercice ment en raison de l’épidémie de Covid-19. Au total, 2 412 médecins associés aux opinions et pratiques préventives des médecins géné- (seul, exercice ralistes toutes choses égales par ailleurs. L’effet propre des variables regroupé hors MSP, y ont participé, ce qui représente un taux de réponse de 73 % par suivantes a été étudié : exercice regroupé rapport à la vague d’inclusion. 62 % des médecins répondants à cette vague ont répondu par internet. • caractéristiques sociodémographiques des médecins généra- en MSP), de la région listes : âge au 1er janvier 2018 et sexe ; d’exercice (Pays de la Le questionnaire de cette enquête a été élaboré par un groupe de Loire, Provence-Alpes- travail associant la DREES, les ORS et les URPS-ML des Pays de la • mode d’exercice (individuel, en groupe hors maison de santé plu- Côte d’Azur ou autre Loire et de PACA, l’Aix-Marseille School of Economics, l’UMR 912 riprofessionnelle [MSP], en groupe en MSP) ; région), de l’environ- Sesstim, la Direction générale de la santé, l’Institut national de • caractéristiques du lieu d’exercice : région d’exercice (Pays de la nement social et de la statistique et des études économiques, l’Institut national de Loire, PACA, autres régions), offre de médecine générale (mesu- l’offre de médecine recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, rée à partir de l’accessibilité potentielle localisée [APL]1 du terri- générale dans le lieu ainsi que plusieurs instances de la région Pays de la Loire (échelon toire-vie santé 2017 auquel la commune d’exercice des médecins d’exercice (encadré 1). régional du service médical de l’Assurance maladie, cellule régio- est rattachée), environnement social (à partir de l’indice commu- nale de coordination de la gestion du risque, Agence régionale nal de défavorisation sociale FDep 20152 en quartiles) ; de santé, structure régionale d’appui et d’expertise Addictologie, • charge de travail (volume d’activité, mesuré à partir du nombre Institut régional d’éducation et de promotion de la santé). La de consultations et visites réalisées au cours de l’année 2017 en coordination de ce travail de recueil a été assurée par l’ORS et tranches : inférieur au premier quartile, entre le premier et troi- l’URPS-ML Pays de la Loire. Le questionnaire comporte deux parties. sième quartile et au-dessus du troisième quartile). 1. L’APL est un indicateur tenant compte de l’offre et de la demande de soins locales (Vergier, et al., 2017). 2. Indicateur contextuel calculé, au niveau de la commune d’exercice des médecins, à partir du revenu fiscal médian par unité de consommation, de la part des diplômés de niveau baccalauréat (minimum) dans la population de 15 ans ou plus non scolarisée, de la part des ouvriers et de la part des chômeurs dans la population active de 15 à 64 ans, 2015 (Ghosn, 2018). 2
juillet 2021 numéro Opinions et pratiques des médecins généralistes en matière de prévention 1197 l’appui, en région, de divers partenaires (agences régionales de santé, Association GRAPHIQUE 1 4. Médecins ayant addictions France, etc.). Elle est organisée déclaré avoir contri- Types d’acteurs avec lesquels les médecins généralistes bué à l’organisa- en deux temps : au mois d’octobre ont ont mené leur dernière action de prévention collective tion d’actions de lieu des opérations de communication prévention collective dans le cadre de leur activité libérale, selon le mode au cours des deux et de sensibilisation auprès de la popu- lation et, au mois de novembre, diverses d’exercice dernières années ou avoir participé actions de soutien sont menées auprès Exercice seul Exercice en groupe hors MSP Exercice en groupe en MSP (ou avoir l’intention des participants désireux d’arrêter de de participer) au fumer. En amont de l’opération, SpF Autres médecins et professionnels 51 dispositif Mois sans de santé (dans le cadre ou non 48 tabac. incite les professionnels de santé, notam- d’une forme d’exercice coordonnée) 91 5. Les médecins ment les médecins généralistes, à parler qui exercent dans Municipalités, 29 de la campagne à leurs patients et à leur collectivités territoriales 18 les régions Provence- remettre des dépliants ainsi qu’un kit (dans le cadre ou non d’un CLS) 16 Alpes-Côte d’Azur et en Pays de la Loire sont d’aide à l’arrêt. Près d’un tiers (30 %) des URPS médecins libéraux 17 surreprésentés dans ou autres représentants 22 médecins interrogés déclarent avoir déjà des professionnels de santé libéraux 4 l’échantillon, ce qui participé ou vouloir participer au disposi- permet de donner des 26 résultats représentatifs tif Mois sans tabac. Cette proportion est Partenaires institutionnels 31 (ARS, Assurance maladie…) pour ces deux régions. nettement plus élevée parmi les méde- 20 Il n’est pas possible de cins exerçant en groupe au sein d’une 45 donner des résultats MSP (56 %) que parmi ceux exerçant seuls Associations locales 37 significatifs au niveau 19 régional pour les autres (29 %) ou sous une autre forme d’exercice régions françaises. regroupé (24 %). Plusieurs facteurs pour- 22 Autre(s) type(s) d’acteur(s) 25 raient expliquer cet écart, notamment 11 l’environnement pluriprofessionnel des 0 20 40 60 80 100 MSP, propice à l’investissement dans des En % actions de santé publique et/ou l’exis- MSP : maison de santé pluriprofessionnelle ; CLS : contract local de santé ; ARS : agence régionale de santé. tence au sein de ces structures de pro- Lecture • 91 % des médecins généralistes exerçant en groupe en MSP et ayant mené, dans le cadre jets de santé intégrant potentiellement de leur activité libérale, une action de prévention collective au cours des deux dernières années avec d’autres acteurs déclarent l’avoir menée avec d’autres médecins et professionnels de santé. un volet prévention. Il est également Champ • Médecins généralistes libéraux installés au 1er janvier 2018 sans mode d’exercice particulier possible que les échanges directs entre exclusif ayant mené une action de prévention collective dans le cadre de leur activité libérale au cours des deux dernières années, France entière, hors Mayotte. les organisateurs du dispositif et les pro- Sources • DREES, observatoires régionaux de la santé (ORS) et unions régionales des professions fessionnels de santé soient facilités dans de santé (URPS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur et des Pays de la Loire, quatrième Panel d’observation le cadre de structures d’exercice coor- des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale de ville, décembre 2019 à mars 2020. donné telles que les MSP. Aucune autre différence selon les caractéristiques des GRAPHIQUE 2 médecins ou de leur lieu d’exercice n’est Mise à disposition de messages et d’outils à visée mise en évidence. de prévention au cabinet Des messages et outils Oui Non, mais vous envisageriez Non, et vous n’envisageriez pas d’en disposer si l’on vous en proposait d’en disposer si l’on vous en proposait de prévention proposés dans la majorité des cabinets Disposez-vous dans votre cabinet des messages et outils à visée de prévention sous la forme... de médecins généralistes Une grande majorité des médecins de flyers généralistes déclarent disposer dans ou brochures papier 83 9 8 leur cabinet de messages et d’outils de prévention, sous la forme de flyers ou de d’auto-questionnaires brochures papier (83 %) [graphique 2]. pour pouvoir échanger 41 34 25 Cette proportion est plus élevée chez avec vos patients ceux exerçant en groupe, que ce soit au sein d’une MSP (89 %) ou hors MSP de messages vidéo 7 24 69 (86 %), par rapport aux médecins exer- çant seuls (79 %). Elle est également plus élevée chez les médecins femmes 0 20 40 60 80 100 En % (89 %, contre 79 % des hommes), ainsi que chez ceux déclarant être impliqués Lecture • 83 % des médecins généralistes déclarent disposer dans leur cabinet de messages et d’outils de prévention sous la forme de flyers ou de brochures papier. dans des actions de prévention collec- Champ • Médecins généralistes libéraux installés au 1er janvier 2018 sans mode d’exercice particulier tive4 (88 %, contre 80 %). Elle est moins exclusif, France entière, hors Mayotte. importante chez les médecins exer- Sources • DREES, observatoires régionaux de la santé (ORS) et unions régionales des professions de santé (URPS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur et des Pays de la Loire, quatrième Panel d’observation çant en région Provence-Alpes-Côte des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale de ville, décembre 2019 d’Azur (PACA) [77 %] par rapport à ceux à mars 2020. exerçant en Pays de la Loire5 (86 %) et 3
juillet 2021 numéro Opinions et pratiques des médecins généralistes en matière de prévention 1197 dans d’autres régions (84 %). Ces écarts f réquence plus importante d’utilisation connaissent au moins une de ces deux sont confirmés par les résultats de l’ana- de messages vidéo est également consta- cotations (78 %). 6. Ces deux cotations lyse multivariée. tée chez les médecins ayant un volume S’agissant de la cotation CCP, 30 % des permettent une factu- ration de la consulta- Les auto-questionnaires à visée préven- d’activité élevé (au-dessus du troisième médecins déclarent l’avoir utilisée au tion à 46 euros. tive destinés à faciliter les échanges avec quartile : 9 % contre 8 % entre le premier cours des six derniers mois, 39 % ne l’ont La cotation CSO les patients sont moins souvent mis à et le troisième quartile et 5 % en dessous pas utilisée mais la connaissent, et 31 % ne peut être utilisée au maximum disposition. Moins de la moitié (41 %) des du premier quartile). L’analyse « toutes ne la connaissent pas (graphique 3). Parmi que deux fois par an médecins déclarent en proposer dans choses égales par ailleurs » confirme les ceux connaissant la cotation (69 %), près et par enfant. leur cabinet. Il semble toutefois y avoir effets de l’exercice en MSP et du volume de la moitié (44 %) déclarent l’avoir uti- des attentes de la part des praticiens annuel d’activité élevé. lisée au cours des six derniers mois. dans ce domaine, puisqu’un tiers n’en Cette dernière proportion est plus éle- disposent pas dans leur cabinet mais Trois médecins sur quatre vée chez les médecins les plus jeunes « envisageraient de le faire si on leur en connaissent au moins (53 % des moins de 45 ans ; 43 % des proposait ». Ces proportions ne dif- une des deux principales 45-59 ans ; 34 % des 60 ans ou plus), chez fèrent pas selon les caractéristiques des cotations de consultations les femmes (51 % contre 38 %), chez ceux médecins et de leur lieu d’exercice. En complexes dédiées à la prévention exerçant en MSP (56 % contre 45 % chez revanche, ceux qui sont impliqués dans Depuis le 1er novembre 2017, certaines ceux ayant une autre forme d’exercice des actions de prévention collective dis- consultations complexes entrant dans regroupé et 39 % chez ceux exerçant posent d’auto-questionnaires significati- le champ de la prévention font l’objet seuls), chez ceux exerçant en Pays de la vement plus fréquemment que les autres de cotations spécifiques, permettant Loire (52 % contre 33 % en PACA et 44 % (51 % contre 35 %). une facturation majorée de ces consul- dans les autres régions) et enfin chez Seuls 7 % des praticiens déclarent dispo- tations. C’est le cas des consultations ceux impliqués dans des actions de pré- ser dans leur cabinet de messages vidéo de contraception et de prévention des vention collective (51 % contre 39 %). de prévention, et 24 % n’en proposent maladies sexuellement transmissibles En ce qui concerne la cotation CSO, 17 % pas mais envisageraient de le faire si on pour les jeunes filles de 15 à 18 ans des médecins déclarent l’avoir utilisée au leur en proposait. Les médecins exer- (cotation CCP) et des consultations cours des six derniers mois, 47 % ne l’ont çant en MSP disposent davantage de de suivi et de coordination de la prise pas utilisée mais la connaissent, et 36 % messages vidéo (17 %) que ceux ayant en charge des enfants de 3 à 12 ans en ne la connaissent pas (graphique 3). Parmi une autre forme d’exercice regroupé risque avéré d’obésité (cotation CSO)6. ceux connaissant la cotation (64 %), un (6 %) et ceux exerçant seuls (6 %). Une Trois médecins généralistes sur quatre peu plus d’un quart (26 %) déclare l’avoir GRAPHIQUE 3 Cotations par les médecins généralistes de consultations complexes dans le domaine de la prévention, selon leur implication ou non dans des actions de prévention collective Oui Non, mais vous connaissez cette cotation Non, vous n’aviez pas connaissance de cette cotation Au cours des six derniers mois, avez-vous au moins une fois coté... ...un acte CCP ...un acte CSO En % 100 29 33 31 32 40 36 80 60 35 41 39 47 40 47 47 20 36 26 30 21 17 13 0 Médecins Médecins Total Médecins Médecins Total impliqués non impliqués impliqués non impliqués dans des actions dans des actions dans des actions dans des actions de prévention de prévention de prévention de prévention collective1 collective collective1 collective 1. Médecins ayant déclaré avoir contribué à l’organisation d’actions de prévention collective au cours des deux dernières années ou avoir participé (ou avoir l’intention de participer) au dispositif Mois sans tabac (effet statistiquement significatif dans les analyses multivariées). CCP : consultation de contraception de prévention des maladies sexuellement transmissibles pour les jeunes filles de 15 à 18 ans ; CSO : consultation pour le suivi et la coordination des enfants de 3 à 12 ans en risque avéré d’obésité. Lecture • 30 % des médecins généralistes déclarent avoir au moins une fois coté un acte CCP au cours des six derniers mois. Chez les médecins impliqués dans des actions de prévention collective, cette proportion s’élève à 36 %. Chez les médecins non impliqués dans des actions de prévention collective, elle s’élève à 26 %. Champ • Médecins généralistes libéraux installés au 1er janvier 2018 sans mode d’exercice particulier exclusif, France entière, hors Mayotte. Sources • DREES, observatoires régionaux de la santé (ORS) et unions régionales des professions de santé (URPS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur et des Pays de la Loire, quatrième Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale de ville, décembre 2019 à mars 2020. 4
juillet 2021 numéro Opinions et pratiques des médecins généralistes en matière de prévention 1197 utilisée au cours des six derniers mois. d’y consacrer plus de temps », tandis actions de prévention collective (55 % À l’instar de la cotation CCP, cette der- que 42 % ne partagent pas cet avis et contre 39 %). Ces écarts sont confirmés 7. Définies selon le nière proportion est plus élevée chez les 12 % ne se prononcent pas. Cette opi- par les résultats de l’analyse multivariée. 1er quartile de distribu- tion de l’indice médecins les plus jeunes (30 % des moins nion diffère selon les pratiques d’utili- de défavorisation de 45 ans ; 24 % des 45-59 ans ; 24 % des sation des cotations CCP ou CSO. En Près de la moitié des médecins sociale FDep 2015 de 60 ans ou plus) et chez ceux impliqués effet, les praticiens ayant eu recours considèrent que la ROSP la commune d’exer- cice des praticiens dans des actions de prévention collec- à au moins une de ces deux cotations a un effet positif sur leurs ayant participé à tive (31 % contre 22 %). trouvent majoritairement un intérêt aux pratiques de prévention l’enquête (encadré 1). Les analyses multivariées réalisées pour consultations dédiées pour consacrer La ROSP est une rémunération forfai- les deux cotations montrent que les plus de temps à la prévention (61 %), tan- taire annuelle créée en 2011 ayant pour effets de l’âge, du sexe des médecins dis que 38 % de ceux n’utilisant pas ces objectif de faire évoluer les pratiques (uniquement pour la cotation CCP) et de cotations sont de cet avis. Les percep- médicales dans un certain nombre l’implication dans des actions de préven- tions autour des consultations dédiées à de domaines à forts enjeux de santé tion collective persistent lorsque l’on rai- la prévention diffèrent également selon publique chez l’adulte et l’enfant. Elle sonne à autres caractéristiques données certaines caractéristiques des médecins repose sur plusieurs indicateurs de pra- identiques. et de leur environnement d’exercice. Les tique clinique, portant notamment sur médecins femmes y trouvent davantage le domaine de la prévention. La ROSP a Des avis partagés un intérêt (52 % contre 43 % pour leurs été modifiée lors de la Convention natio- sur l’intérêt de la création confrères hommes) ainsi que les pra- nale de 2016, avec l’introduction de nou- de consultations spécifiques ticiens les plus jeunes (54 % des moins veaux indicateurs en matière de préven- dédiées à la prévention de 45 ans ; 45 % des 45-59 ans ; 42 % tion, renforçant ainsi son poids au sein Près de la moitié des médecins généra- des 60 ans ou plus), ceux exerçant dans du dispositif. Parmi eux figurent la part listes (46 %) pensent que la création des des communes considérées comme les des patients de 65 ans ou plus vaccinés consultations spécifiques dédiées à la plus favorisées sur le plan social7 (52 % contre la grippe saisonnière, la part des prévention leur « permet ou permettrait contre 44 %) et ceux impliqués dans des patientes concernées par le dépistage GRAPHIQUE 4 Avis des médecins généralistes sur l’impact de la ROSP sur certaines de leurs pratiques préventives, selon le sexe Oui Non Ne sait pas que des indicateurs de la ROSP concernent ce(s) domaine(s) de prévention Pensez-vous que la ROSP vous a conduit, dans vos pratiques, à... En % 100 3 3 3 2 1 2 5 5 4 7 5 7 80 49 51 56 58 62 55 63 67 68 63 58 60 72 40 49 47 20 43 39 38 32 35 32 35 29 29 23 0 Homme Femme Total Homme Femme Total Homme Femme Total Homme Femme Total plus souvent rappeler plus souvent rappeler plus souvent proposer modifier vos pratiques à vos patients à vos patientes à vos patients tabagiques dans au moins âgés de 65 ans ou plus concernées de participer ou consommateurs à risque un de ces trois domaines de se faire vacciner au dépistage (organisé d’alcool une démarche contre la grippe1 ou individuel) du cancer d’intervention brève du sein ou de faire sur leur consommation un frottis cervico-utérin1 1. Effet sexe statistiquement significatif dans les analyses multivariées. Lecture • 29 % des médecins généralistes pensent que la ROSP les conduit, dans leurs pratiques, à plus souvent rappeler à leurs patients âgés de 65 ans ou plus de se faire vacciner contre la grippe. Cette proportion s’élève à 32 % chez les hommes et 23 % chez les femmes. Champ • Médecins généralistes libéraux installés au 1er janvier 2018 sans mode d’exercice particulier exclusif, France entière, hors Mayotte. Sources • DREES, observatoires régionaux de la santé (ORS) et unions régionales des professions de santé (URPS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur et des Pays de la Loire, quatrième Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale de ville, décembre 2019 à mars 2020. 5
juillet 2021 numéro Opinions et pratiques des médecins généralistes en matière de prévention 1197 des cancers gynécologiques ayant béné- les médecins hommes estiment plus pratiques préventives (40 % contre 31 % ficié d’une mammographie ou d’un frot- fréquemment que la ROSP les a conduits pour les autres médecins). Les analyses 8. Séance de forma- tis cervico-utérin, et la part de patients à intensifier leurs pratiques de préven- multivariées confirment les écarts obser- tion médicale conti- nue dans le domaine tabagiques ou consommateurs excessifs tion (32 % indiquent que la ROSP les a vés selon le sexe du praticien, sa région au cours des cinq d’alcool ayant bénéficié d’une démarche conduits à rappeler plus souvent à leurs d’exercice et son implication dans des dernières années, ou d’intervention brève. L’enquête du Panel patients âgés de 65 ans ou plus de se actions de prévention collective, à autres DU/DIU en addictolo- gie ou tabacologie. a permis d’étudier spécifiquement l’im- faire vacciner contre la grippe, contre caractéristiques égales. pact de la ROSP sur les pratiques préven- 23 % pour leurs consœurs). Par ailleurs, Pour les démarches d’intervention tives des médecins généralistes dans ces 39 % des médecins hommes (contre brève sur la consommation de tabac ou trois domaines. 29 % des femmes) indiquent plus souvent d’alcool, les médecins ayant suivi plus Près de la moitié des médecins (47 %) rappeler à leurs patientes concernées de spécifiquement une formation complé- estiment que la ROSP les a « plus sou- participer au dépistage du cancer du mentaire dans le domaine des conduites vent » conduits à une pratique de pré- sein ou de faire un frottis cervico-utérin. addictives 8 sont plus nombreux que vention dans au moins un des trois Les médecins de la région PACA sont les autres à penser que la ROSP les a domaines étudiés (graphique 4). Plus pré- plus nombreux à penser que la ROSP conduits à intensifier leurs pratiques cisément, respectivement 29 %, 35 % et leur a fait modifier leurs pratiques de dans ce domaine (39 % contre 32 %). 35 % des médecins interrogés pensent prévention dans ces deux domaines, par que la ROSP leur a « plus souvent » per- rapport aux médecins des autres régions. Les auteurs remercient l’ensemble mis de : rappeler à leurs patients âgés de Il y a ainsi une intensification des pra- des médecins généralistes libéraux 65 ans ou plus de se faire vacciner contre tiques de prévention pour la vaccination qui ont accepté de répondre à l’enquête, la grippe ; rappeler à leurs patientes contre la grippe pour 35 % des méde- ainsi que l’ensemble de l’équipe concernées de participer au dépistage cins en PACA, 31 % en Pays de la Loire, ayant participé à l’élaboration (organisé ou individuel) du cancer du 28 % dans les autres régions et pour 41 % du questionnaire sein ou de faire un frottis cervico-utérin ; en PACA, 36 % en Pays de la Loire, 34 % (Marie-France d'Acremont, François Beck, proposer à leurs patients tabagiques ou dans les autres régions concernant le Sophie Biacabe, Roseline Bontemps, consommateurs excessifs d’alcool une dépistage de cancers gynécologiques. Thomas Bouvier, Patrizia Carrieri, démarche d’intervention brève sur leur Enfin, en ce qui concerne le dépistage Pascale Chauvin-Grelier, Sylvie Chazalon, consommation. des cancers gynécologiques, les méde- Jean-Yves Guillet, Laurence Herviou, En ce qui concerne la vaccination anti- cins impliqués dans des actions de pré- Nathalie Joannard, Antoine Nebout, grippale des 65 ans et plus et le dépis- vention collective pensent davantage Solen Pelé, Perrine Roux, Marie Seval, tage des cancers gynécologiques, que la ROSP a eu un effet positif sur leurs Bruno Ventelou, Marie-Odile Williamson). POUR EN SAVOIR PLUS • L’ensemble de la documentation relative au Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale est disponible sur le site de la DREES, rubrique Sources, outils et enquêtes, sous-rubrique Santé et système de soins. • Le questionnaire de l’enquête est disponible sur le site internet de la DREES. • Bourdillon, F., Mosnier, A., Godard, J. (2008). Des missions de santé publique pour les médecins généralistes. Santé Publique, 20(5), 489. • David, S., Buyck, J.-F., Metten, M.-A. (2021, juillet). Les médecins généralistes face aux conduites addictives de leurs patients. DREES, Les Dossiers de la DREES, 80. • Ghosn, W. (2018). Indicateurs écologiques synthétiques du niveau socio-économique pour la recherche en Santé. CépiDc-Inserm. • Vergier, N., Chaput, H., Lefebvre-Hoang, I. (2017, mai). Déserts médicaux : Comment les définir ? Comment les mesurer ? DREES, Les Dossiers de la DREES, 17 Directeur de la publication : Composition et mise en pages : LA DREES SUR INTERNET Fabrice Lenglart Stéphane Jeandet Retrouvez toutes nos publications sur notre site Responsable d’édition : Conception graphique : drees.solidarites-sante.gouv.fr Valérie Bauer-Eubriet Julie Hiet et Philippe Brulin Retrouvez toutes nos données sur Rédactrice en chef technique : Pour toute information : data.drees.solidarites-sante.gouv.fr Sabine Boulanger drees-infos@sante.gouv.fr Pour recevoir nos avis de parution drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et- Secrétaire de rédaction : Reproduction autorisée sous réserve statistiques/publications/avis-de-parution Élisabeth Castaing de la mention des sources • ISSN La DREES fait partie du Service statistique électronique 1146-9129 • AIP 0001384 public piloté par l’Insee. Les destinataires de cette publication sont informés de l’existence à la DREES d’un traitement de données à caractère personnel les concernant. 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