Rapport 2009 Les entreprises françaises & l'Afrique - 20e anniversaire - Conseil français des investisseurs en Afrique
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Rapport 2009 20e anniversaire Les entreprises françaises & l’Afrique Le moniteur du Hors-série international .COM Déc. 2008 - 25 euros
R A P P O R T 2 0 0 9 LE MOCI SOMMAIRE Directeur de la publication et Directeur général Vincent Lalu 5 Et l’Afrique dans cette crise ? Éditorial par Gérard Pélisson, président du CIAN RÉDACTION Rédacteur en chef Les perspectives de l’Afrique Christine Gilguy Conseiller de la rédaction Georges Rambaldi 6 Le continent africain offre un environnement plus moteur que jamais Réalisation Michelle Benaïm (secrétaire de rédaction) Ont collaboré à ce numéro : 10 La carte du climat africain en 2008 Bénédicte Châtel, Anne Guillaume-Gentil (articles sur les perspectives et synthèses 12 Entretien avec Alain Joyandet, de conjoncture par pays) secrétaire d’État à la Coopération et de la Francophonie Conception graphique et maquette amarena / www.amarena.fr 16 2009, année de vérité pour la croissance africaine Impression RAS 18 Les obstacles non tarifaires aux échanges se réduisent PUBLICITÉ Directeur de la publicité 20 La course est lancée dans le pétrole, le gaz et l’uranium Pierre Bessière 22 Regain d’intérêt pour l’agriculture africaine Fabrication Robin Loison 24 Concurrence : multiple, et non exclusivement asiatique Commission paritaire. Publication n° 0911 K 81051 28 Les activités de private equity se développent ÉDITEUR Sedec SA 11, rue de Milan, 75009 Paris 30 Tourisme, une nouvelle clientèle « éconologique » émerge Téléphone : 01 53 80 74 00 www.lemoci.com Analyse économique par zone et par pays 32 Les résultats 2008 de l’enquête CIAN CONSEIL FRANÇAIS DES INVESTISSEURS EN AFRIQUE 37 Afrique du Nord 42 Afrique de l’Ouest 45, rue de la Chaussée-d’Antin, 54 Afrique centrale 75009 Paris Tél. : 01 45 62 55 76 - Fax : 01 42 56 79 33 64 Afrique australe Courriel : relationcian@cian.asso.fr Site : www.cian.asso.fr 70 Afrique orientale & océan Indien Fondateur du rapport Jean-Pierre Prouteau † Les actions et projets du CIAN Rédacteurs du rapport Paul Adoue 72 Le CIAN, la France, l’Europe et le monde Anthony Bouthelier André Creis 77 Faire entendre sa voix à Bruxelles Comité de rédaction Jacques Blanché Alix Camus 78 Relation avec les États-Unis Stephen Decam Jean-Jacques Landrot 80 La protection de l’environnement Jacques Manlay Jean-Claude Napias 82 Groupe de travail sur la prévention de la corruption Copyright : toute reproduction, même partielle, des textes et documents parus dans le présent numéro 84 L’engagement des entreprises contre le sida est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. LE MOCI - Hors-série - décembre 2008 3
R A P P O R T 2 0 0 9 Et l’Afrique dans cette crise ? ÉDITORIAL Le XXe siècle, dit-on, commence en 1914 et s’achève en novembre 1989 à la chute du mur de Berlin. Le XXIe siècle pourrait bien commencer en octobre 2008 tant cette crise remet en cause les idées re- çues et les modes de fonctionnement qui, surtout dans la seconde moitié du siècle précédent, ont conduit le monde. La hausse des matières premières et du pétrole avait non seulement permis à l’Afrique d’enregistrer ces dernières années des taux de croissance de 6% mais elle donnait à ce continent un rôle important comme en témoigne l’afflux de puissants investisseurs d’Asie, d’Afrique du Sud, d’Amérique Latine. On disait déjà que ce XXIe siècle pourrait être celui de l’Afrique et même la récente crise alimentaire était perçue, en raison des vastes espaces cultivables non encore exploités, comme pouvant à terme offrir une chance supplémentaire à ce continent. La crise va affecter les ressources des pays dits du Nord qui seront moins généreux en aides pu- bliques et moins demandeurs de pétrole et de minerais. L’aide publique demeure nécessaire mais déjà contestée par de nombreux Africains qui ont constaté par Gérard Pélisson, que « plus d’aides » ne signifiait pas « plus de développement » ; son rôle est devenu secondaire par président du Conseil français rapport aux investissements des entreprises. des investisseurs en Afrique (CIAN) Il est significatif qu’à Evian, au début octobre 2008 à la World Policy Conference organisée par l’IFRI*, le Premier ministre du Kenya M. Raila Amolo Odinga n’a soufflé mot sur l’aide mais a exprimé son inquiétude sur le tarissement des flux commerciaux et d’investissements. Il est évident que le continent sera momentanément touché par le resserrement des trésoreries et, pour certains pays, par la baisse du pétrole et des minerais. Cependant, les choix à long terme des inves- tisseurs intervenus ces derniers années ne seront pas remis en cause ; la force de l’Afrique demeure sa jeunesse, ses espaces, ses forêts, ses fleuves, son sous-sol... Son économie a moins été le champ des pratiques spéculatives qui, dans les grands pays du Nord, ont été à l’origine de la crise et, si la récente abondance de flux financiers a pu masquer des carences gou- vernementales, la fin de l’euphorie peut accélérer une prise de conscience. Celle-ci, en contribuant à l’amélioration de l’environnement des affaires, consolidera l’intérêt des investisseurs pour ce continent. L’action du CIAN pour plus de transparence et d’État de droit n’a jamais été justifiée de façon plus écla- tante que par les événements actuels et nous souhaitons que les dirigeants africains comme ceux des pays dits du Nord en soient bien conscients. (*) Institut français des relations internationales. LE MOCI - Hors série - décembre 2008 5
Spécial LES PERSPECTIVES DE L’AFRIQUE Le continent africain offre un environnement plus moteur que jamais Au cours de la dernière latérale) et autres, l’agence forêts du bassin du Congo sont rateurs, elles trouvent l’oppor- décennie, l’Afrique a enregistré Standard & Poor’s attribue le deuxième poumon de la pla- tunité de créer des alliances en un taux de croissance supé- même désormais des ratings de nète après l’Amazonie. Le mar- bonne intelligence et dans une rieur à 5% en moyenne B voire B+ à des pays comme le ché naissant du carbone a donc logique de « gagnant-gagnant » annuelle, grâce à l’amélioration Bénin, le Mali, Madagascar, le de beaux jours devant lui. avec des entreprises occiden- du cadre macro-économique et Burkina Faso, le Cameroun, le tales, asiatiques et africaines. La à la diminution des conflits, Mozambique, le Ghana, le Tout cela explique l’arrivée mas- volonté du Corporate Council selon la Banque mondiale. Sénégal. Signe des temps, l’agen- sive, ces deux à trois dernières on Africa (CCA) américain de Jusqu’à la crise bancaire et éco- ce de notation a tenu, au début années, de nouveaux opérateurs se rapprocher du CIAN nomique mondiale de l’autom- de l’année 2008, sa première et investisseurs sur le continent témoigne, à cet égard, de cette ne 2008, l’Afrique a semblé conférence sur l’Afrique. africain. Ils sont asiatiques mais convergence d’intérêts. récolter les fruits d’une évolu- Car les entreprises implantées aussi américains (États-Unis, tion à la fois interne, continen- en Afrique se portent bien : 10 Canada). Loin de se sentir mena- Autre facteur majeur de dyna- tale et mondiale. à 14% de croissance du chiffre cées par ces nouveaux arrivants, misme : les flux financiers de la d’affaires d’AGS ou de CFAO sur les entreprises françaises, du diaspora africaine deviennent Les programmes d’ajustements les trois à quatre dernières moins bon nombre d’entre elles, des éléments clés de certaines [ structurels ont, certes, contri- a n n é e s . économies natio- bué à la destructuration de Bolloré affiche Le continent, grâce à l’abondance de ses nales. Ces flux filières économiques entières, une croissan- matières premières, minières et pétrolières, dynamisent des notamment agricoles. Toutefois, ce de ses acti- est devenu incontournable secteurs comme ils ont permis d’assainir la plu- vités allant la construction, part des économies sur le conti- jusqu’à 70% en Angola. Et que tirent une certaine fierté d’avoir l’immobilier, le secteur bancai- nent. Aujourd’hui, les membres dire des pétroliers, comme Total. « eu raison avant les autres ! » re et les services en général. Il du CIAN (Conseil français des Le continent, notamment grâce comme le souligne Alexandre faut à cet égard signaler la mon- investisseurs en Afrique), tous à l’abondance de ses matières Vilgrain, PDG de Somdiaa. tée en puissance des banques responsables dans d’importantes premières, minières et pétro- Pour les sociétés françaises, cet- africaines cette année, ainsi que entreprises françaises implan- lières, est devenu fréquentable te antériorité et la connaissance des bourses locales et régionales. tées en Afrique, n’évoquent plus, et même incontournable pour de l’Afrique sont des atouts par exemple, les lourdeurs liées un certain nombre d’investisseurs majeurs. Souvent implantées de Assainissement financier, boom à un endettement international à travers le monde. Ses terres longue date, elles sont d’ailleurs des matières premières, inves- excessif. Suite aux programmes agricoles restant largement inex- les premières à récolter les fruits tissements de la diaspora : autant de réduction de dette PPTE ploitées, il représente aussi une d’un nouveau dynamisme éco- de facteurs qui ont donc permis (Initiative pour les pays pauvres réserve quasi intacte pour nour- nomique, notamment dans les à l’Afrique d’enregistrer des taux très endettés), IADM (Initiative rir les consommateurs au-delà infrastructures et les services. Et de croissance jamais vus jus- d’allègement de la dette multi- de ses frontières. Et puis les avec la diversification des opé- qu’alors sur une telle durée, de +4 à +6% par an depuis au [ Coup d’arrêt à la dynamique financière africaine ] moins cinq ans. Le FMI antici- pait 5,9% pour 2008, niveau Les marchés financiers africains 60% du PIB africain et le 3 octobre, selon Africa certes toujours insuffisant pour subissent, comme les autres, contre 20% seulement deux ans investor. La baisse depuis combler le retard des économies la crise internationale. auparavant, selon le FMI. le début de l’année aura été de et particulièrement faire face à Ce qui marque un coup d’arrêt Et début 2008, ils s’étaient 28,6%. Les marchés de capitaux l’immensité des besoins sociaux. aux très belles performances encore développés jusqu’au coup nigérians, égyptiens et kényans Car l’inégale, voire l’inexistante de ces dernières années : d’arrêt du deuxième semestre. ont été particulièrement touchés, répartition des fruits de cette en 2007, la capitalisation L’indice Ai40 –sorte de notamment par le retrait croissance, ne permet toujours des marchés boursiers CAC40 africain – a chuté des fonds d’investissements pas de donner du pouvoir africains représentait de 40,5% entre le 1er août et spéculatifs internationaux. d’achat à la très grande majori- 6 LE MOCI - Hors série - décembre 2008
Spécial LES PERSPECTIVES DE L’AFRIQUE té des populations. Le potentiel finances, les services et le BTP. vants) a mis les bouchées doubles coup reste à faire en terme de gou- de consommation y reste donc Des entreprises locales se struc- afin d’adapter davantage ses pro- vernance, de lourdeurs adminis- trop faible pour jouer son rôle turent et deviennent des acteurs duits aux céréales et aux utilisa- tratives, de droit du travail, de de véritable moteur de la crois- à part entière, comme le consta- tions locales. L’Afrique change. sécurité juridique des contrats, de sance. te en matière de logistique un Ces perspectives de marchés nais- respect des normes et des règles [ groupe comme notamment à l’égard Malgré tout, la croissance Bolloré. Dans sa À moyen et long terme, les fondamentaux de nouveaux acteurs. engendre, progressivement, stratégie de grou- des matières premières exportées Les PME françaises l’émergence d’une bourgeoisie pe, Lafarge, par l’Afrique demeurent très favorables qui souhaitent s’im- locale. Cela permet, par exemple, implanté de planter, notamment de créer de nouveaux produits, longue date sur le continent, n’hé- sants, dynamiques, et cette rela- en Afrique francophone, ressen- notamment dans l’hôtellerie afri- site pas à racheter des entreprises tion intime avec l’Afrique incitent tent tout particulièrement ces dif- caine, dans les assurances, dans africaines. La CFIA (Compagnie les chefs d’entreprises françaises ficultés. le transport aérien, dans les française des ingrédients et adju- à vouloir aller au-delà. Car beau- Les changements dans la poli- tique de coopération du gou- Le triple casse-tête dollar-euro-fret vernement français ces der- Difficile gestion pour les entreprises que celle des nières années et la réduction L’évolution du taux de change euro/dollar monnaies en 2008. Une année coupée en deux des missions économiques fran- avec, schématiquement, un dollar faible face à l’euro 1,60 çaises en Afrique sont, à cet au premier semestre, puis au second un rebond. 1,56 égard, de véritables sources d’in- Sans compter le facteur majeur du fret. 1,52 quiétude face à une concurrence Ainsi, une entreprise française opérant en Afrique 1,48 sur le terrain qui s’intensifie. dans la zone CFA, et exportant à travers le monde, 1,44 « Les Chinois peuvent devenir notamment en Asie, a-t-elle dû jongler. 1,40 redoutables car eux ont Sources : Datastream, Natixis 1,36 Car le rôle du dollar, notamment du fait des pétro- conscience qu’il faut établir une 1,32 dollars, demeure majeur dans les transactions liaison entre des politiques de 1,28 internationales avec l’Asie (la Chine mais aussi coopération et le gain de mar- 1,24 l’Inde) et tout le Moyen-Orient, même si le rôle chés. Ils engagent ces politiques 1,20 de l’euro croît. déc.-07 fév.-08 avr.-08 juin.-08 août.-07 oct.-07 déc.-07 de coopération au moment où Dans les coûts de production d’entreprises nous, nous avons tendance à françaises en zone CFA, ce n’est pas tant souvent dû augmenter leurs prix puisqu’elles nous dégager. Nous pouvons l’importation de biens facturés en dollars qui joue, produisent en franc CFA et donc en euros, de moins en moins nous que l’achat au niveau local de matériel importé non seulement à cause de la parité euro/dollar, mais appuyer sur les outils bilaté- et facturé en dollar. Par exemple, les filiales aussi en raison de la flambée du coût du fret. Une raux. Quant aux outils multila- de distribution en Afrique du groupe américain variable qui a changé en fin d’année, compte tenu téraux, pour des PME fran- Caterpillar, mais aussi du japonais Komatsu, figent du ralentissement de l’économie mondiale çaises, ils demeurent très leurs prix en dollar pour préserver leurs marges. et de l’arrivée sur le marché de nouveaux bateaux. compliqués », souligne François Les gasoils et lubrifiants sont également assujettis Le prix du fret a chuté d’environ 50%. Burgaud, de l’Adepta. aux soubresauts du billet vert. Mais les très fortes Bien entendu, les entreprises en Afrique s’arbitrent hausses de leurs prix début 2008 ont conduit sur les marchés à terme monétaires. Au chapitre des incertitudes, les États, avec le feu vert des institutions Mais elles ne sont pas à l’abri des demandes reste aussi à savoir quel sera l’im- de Bretton Woods, à ne pas répercuter, du moins d’importateurs notamment asiatiques, ayant passé pact de la crise mondiale sur le intégralement, ces hausses à la pompe. commandes en début d’année et étant livrés continent. Le retournement de Les entreprises en ont bénéficié. au second semestre, de renégocier les contrats; situation au second semestre À l’export, au premier semestre, les entreprises ont ce qui perturbe les marchés. 2008 et la récession économique dans les pays occidentaux 8 LE MOCI - Hors série - décembre 2008
R A P P O R T 2 0 0 9 vont, sans aucun doute, consi- africain, risque de gripper l’élan bilatérale et multilatérale pour- nental, lui permettant de tirer dérablement affecter son dyna- économique qui s’amorçait bien rait se ressentir aussi des restric- partie d’une mondialisation enco- misme. sur le continent africain. tions budgétaires dans les pays re partielle de son économie. La occidentaux, mettant à mal faiblesse d’hier peut devenir la Le prix du pétrole s’est effondré, La baisse du pouvoir d’achat dans nombre d’appels d’offres. force de demain. Sans oublier ce qui devrait remettre en cause les pays occidentaux ne peut que la crise a des vertus : elle nombre de projets d’exploration qu’être ressentie sur des marchés Toutefois, nombre d’analystes devrait assainir des marchés trop et d’exploitation qui étaient très de niche à forte valeur ajoutée considèrent qu’à moyen et long étroitement liés à des facteurs rentables avec un baril à 140 dol- comme les produits bio, les cafés terme, les fondamentaux des spéculatifs et donc peu favorables lars. Il en est de même du cuivre, haut de gamme, le chocolat fin, matières premières exportées par au développement à long terme en chute libre depuis le mois les sucres spéciaux, les fleurs exo- l’Afrique demeurent très favo- du continent. d’août 2008, du coton, du sucre, tiques, les produits de contre-sai- rables. L’Afrique, plus sûre d’el- Bénédicte Châtel et du bois, etc. La chute de la pro- son. Toutes ces nouvelles filières le-même, peut aussi construire Anne Guillaume-Gentil duction automobile mondiale à l’exportation ont contribué, ces sur son propre dynamisme conti- (Agence Commodafrica) aura un impact majeur sur l’acier, dernières années, au dynamis- bien sûr, mais aussi sur le plati- me économique africain. ne et de nombreux « petits Ils l’ont dit métaux». Le ralentissement de Les flux financiers de la diaspo- « Il y a 7 à 8 ans, nous étions dans un environnement beaucoup la formidable machine écono- ra vers l’Afrique pourraient aus- plus préservé mais beaucoup moins moteur. Aujourd’hui, mique asiatique, chinoise notam- si être impactés, avec des consé- l’environnement est infiniment plus ouvert mais aussi infiniment ment, grosse consommatrice de quences sur l’immobilier et le plus moteur. Il y a beaucoup plus de risques et d’opportunités. » matières premières du continent BTP notamment. L’aide publique Dominique Lafont, directeur général de Bolloré Africa Logistics. [ Notation 2008 des pays africains ] Pays Note Pays Note Pays Note Afrique du Sud A3 Guinée-Équatoriale D Sénégal B Algérie A4 Kenya C Sierra Leone D Angola C Lesotho B Somalie D Bénin B Liberia D Soudan D Botswana A2 Libye C Swaziland A4 Burkina Faso B Madagascar C Tanzanie B Burundi D Malawi D Tchad D Cameroun B Mali B Togo C Cap-Vert B Maroc A4 Tunisie B Congo C Maurice A3 Zambie C Côte d’Ivoire D Mauritanie C Zimbabwe D Djibouti C Mozambique B Source : Coface Égypte B Namibie A3 A1 Risque faible Érythrée D Niger C A2 Éthiopie C Nigeria D A3 Gabon B Ouganda C Gambie D RD Congo D A4 Ghana C Rep. Centrafricaine D B Guinée Bissau D Rwanda D C Guinée Conakry D Sao Tomé et Principe C D Risque élevé LE MOCI - N° 1808 hors série - décembre 2007 9
CONFLITS TRANSFRONTALIERS ALGERIE Fermeture frontière avec le Maroc ANGOLA Cabinda CAMEROUN Presqu'île de Bakassi COMORES Ile d’Anjouan DJIBOUTI Incident frontalier avec l’Erythrée à Ras-Doumeira. ETHIOPIE Conflit aux frontières avec l’Erythrée et la Somalie ERYTHREE - Conflit frontalier avec l’Ethiopie - Incidents très importants à la frontière avec Djibouti. KENYA Problèmes frontières Somalie et Soudan MALI Problèmes frontaliers Niger, Algérie et Guinée MAROC Tensions frontalières OUGANDA Conflit avec la RDC (lac Albert). MANIFESTATIONS CONTRE LA VIE CHÈRE ALGERIE Emeutes BURKINA FASO Bobo Dioulasso, Banfora et Ouahigouya CAMEROUN Douala et Yaoundé COMORES Anjouan CONGO (Brazzaville) Pointe Noire COTE-D’IVOIRE Abidjan EGYPTE Emeutes TROUBLES INTERNES OU INSÉCURITÉ AFRIQUE DU SUD GAMBIE Johannesburg, Le Cap Emeutes à Brikama ALGERIE GHANA Insécurité partout Affrontements dans le Nord BURUNDI GUINEE Combats entre forces Risque très fort ; émeutes du gouvernement et GUINEE BISSAU le PALIPEHUTU-FNL Complot, incidents, CAMEROUN trafic drogue, tensions partout - Douala LESOTHO - Nord du pays Tensions - Villes côtières LIBERIA COTE D’IVOIRE Criminalité et insécurité partout - Nord - Dans l’Ouest, les villes KENYA de Duekoue, Guiglo Violences Nairobi, vallée - District de Bondoukou du Rift, Mombassa, Nord et l’Est ETHIOPIE MALI - Près frontière Somalie Insécurité dans le Nord - Dans sud, près frontière Kenya MAURITANIE - Attentats à Addis Abeba et dans d’autres villes Coup d’Etat militaire, attentats - Climat tendu partout 10 LE MOCI - Hors série - décembre 2008
R A P P O R T 2 0 0 9 Source : Institut français des relations internationales (IFRI), et FMI pour les prévisions de croissance 2009. Le climat africain en 2008 Cartographie des tensions politiques et socio-économiques et taux de croissance économique projetés pour 2009 (en %) E U Q I T M E R N A TU N ISI E +5% L M E D I T E R R A N É E T A MAROC +5,5% N É A A LG É R I E +4,5% L I BY E É GY PT E O C +6% IE AN IT C A P -V E RT UR + 7,7 % MA MALI É RY T H R É E SE N EGAL +4,3% +1,2% +5,4% N IG E R +4,4% TC H A D +1,8% DJ I B O U T I GAM BI E +6,5% B U R K I NA S O U DA N G FASO ETH IOPI E GUINEE U +4% N IG E RIA +4,9% IN +8,4% BE NI N BISSAU +9,1% TOGO +3,2% CÔTE ÉE GHANA D’IVOIRE N IE OU SI E RRA LEON E +2,9% REP. AL ER +6,5% CENTRAFRICAINE M M +5,4% +4,9% CA SO LI BE RIA +6,9% +9,5% +3% +4,5% O U G A N DA K E N YA + 7, 1 % + 2 , 5 % GO G U I NÉE É Q UATO R I A L E +4,2% R E P. D E M . CON +10,1% GABON DU CONGO R WA N DA +8,8% +6% S AO TO M E E T- P R I N C I P E BU RU N DI S LE +6% +5,9% TA N Z A N I E EL CONGO + 7, 8 % +1,6% H (Brazzaville) COMORES YC +9,2% SE M A L AW I ANGOLA + 7, 1 % NIGER SIERRA LEONE +16% ZAM BI E +6,3% +7% Rébellion Nord. Plusieurs Emeutes et incidents à Kono, UE R routes minées Port Loko et Tongo CA -6,6% IQ NIGERIA SOMALIE B Z I M BAB AS M - Situation dégradée Insécurité partout NAM I BI E WE +6,8% ZA AG dans le Delta du Niger + 4 ,7 % MAU RICE SOUDAN MO MAD - Offensive contre infrastructures Conflit au Darfour ; Multiplication B OT SWA N A pétrolières des incidents +5% OUGANDA dans les régions d’Abyei Incidents près de RDC et de Kordofan SWA Z I L A N D et dans l’Est du Soudan. D +2% N REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Problèmes à Karthoum SU U E Insécurité dans le nord SWAZILAND D L E S OT H O I E Manifestations dans capitale U +5,2% D REPUBLIQUE Q N RI DEMOCRATIQUE DU CONGO TCHAD +3,8% I AF Problèmes dans l’est, dans les régions Insécurité partout. Bataille à N’Djamena du Kivu (Nord et Sud), de l’Ituri ZAMBIE N et du Bas-Congo (Ouest du pays) A Tensions politiques É SENEGAL C Attaques sporadiques en Casamance ZIMBABWE O Insécurité partout LE MOCI - Hors série - décembre 2008 11
Spécial LES PERSPECTIVES DE L’AFRIQUE [ Alain Joyandet, secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie ] « Nous allons réorganiser l’ensemble de nos services à l’étranger autour de l’ambassadeur » Le Moci : Dans le cadre de la tuer un appui à la réflexion sur réforme de la politique françai- le secteur privé français et à sa se de coopération, l’Agence fran- promotion? çaise de développement (AFD) devient l’outil principal d’action Alain Joyandet: Oui, ce réseau bilatérale. Comment pensez-vous peut constituer un appui pour rendre cet outil plus performant, les entreprises. Ses agents notamment dans sa relation avec connaissent intimement les pro- les entreprises privées? blématiques du terrain et l’évo- lution macroéconomique des Alain Joyandet : L’AFD est le pays. J’ai demandé que le canal de mise en œuvre de l’ini- meilleur accueil soit réservé aux tiative du Cap annoncée par le entreprises françaises, ce qui, Président Sarkozy en février 2008 selon mes informations, est déjà : l’idée était de continuer à déve- le cas. lopper l’activité accrue de Proparco, de proposer une dota- Le Moci: En termes de réorga- tion du fonds de garantie «Ariz» nisation du dispositif de coopé- de 250 millions d’euros et la mise ration, comment sera représen- en place d’un fonds de partici- té, entendu et appuyé le secteur pation «Kora» de 250 millions privé, notamment avec la dimi- d’euros. nution envisagée du nombre des La réalisation de ces initiatives missions économiques ? avance à grands pas : le capital de Proparco a été triplé avec l’en- Alain Joyandet : Je souhaite enga- trée de nouveaux actionnaires ger avec Mme Lagarde une réflexion privés ; une dizaine de projets en vue de demander à l’AFD ont été identifiés pour Kora, et d’exercer certaines fonctions d’ap- D.R. 25 millions d’euros de garantie pui (conseil aux entreprises) pour [ devraient être octroyés avant la « L’AFD est le canal de mise en œuvre le compte de la DGTPE dans les fin de l’année dans le cadre du pays où il n’existe pas de mission de l’initiative du Cap annoncée Fonds Ariz dont les procédures économique. par le président Sarkozy en février 2008 » ont été assouplies et dont la diver- Plus globalement, nous allons sification géographique est bien réorganiser l’ensemble de nos ser- engagée. des marchés financés par l’AFD. Bouthelier, président délégué vices à l’étranger autour de Si, compte tenu des règles de Les appels d’offres sont publiés du CIAN, est membre du l’Ambassadeur. Il pourra avoir l’aide publique au développe- sur DG Market, accessible Conseil d’administration de dans son giron, dans les postes ment (APD), le bénéfice de cet- depuis le site de l’AFD. J’ai l’AFD, ce qui lui donne les où il n’y a pas de mission éco- te initiative n’est pas strictement demandé à ce qu’une procédu- moyens d’influencer la politique nomique, un conseiller écono- réservé aux entreprises fran- re permettant une information de l’Agence. mique et des services aux entre- çaises, celles-ci ont pleinement sur les marchés financés soit prises. D’une manière générale, la possibilité d’en tirer profit. mise en place très en amont du Le Moci : L’AFD dispose d’un je trouve que nos services, à Par ailleurs, les entreprises fran- processus de décision. Je rap- important réseau dans de nom- l’étranger, sont souvent un peu çaises ont vocation à bénéficier pelle enfin que M. Anthony breux pays. Pourra-t-il consti- dispersés et pas assez coordon- 12 LE MOCI - Hors série - décembre 2008
Spécial LES PERSPECTIVES DE L’AFRIQUE nés. Ce qui est certain, c’est qu’ils ont adhéré ou vont adhérer des remplissent tous une mission uti- pays qui ne sont pas des le, seulement faut-il un peu les anciennes colonies françaises: je réorganiser autour de priorités pense notamment à la Guinée- similaires. Nous tentons de Bissau, au Cap-Vert et à la conduire une réforme relative- République démocratique du ment forte avec le plus de ratio- Congo (RDC). Je voudrais citer nalité possible et le plus d’orga- également l’appui aux douanes nisation. À budget constant, grâce et aux administrations fiscales, et à cette réforme, on devrait par- la formation à l’arbitrage inter- venir à être plus efficace. national. L’AFD peut intervenir dans tou- Le Moci: Parmi les 8 chantiers te l’Afrique; elle est très présen- que vous avez ouverts, figure le te dans des pays anglophones triplement en 4 ans de la pré- comme l’Afrique du Sud, le sence des volontaires interna- Kenya et le Ghana, et vient d’ou- tionaux en entreprises (VIE) en vrir une agence dans un pays Afrique. N’est-ce pas un substi- certes difficile mais prometteur, D.R. tut, à moindre coût, à l’assistance le Nigeria. [ technique française qui a été réduite à une peau de chagrin « La France s’engage à faciliter, Le Moci: Le secteur privé afri- ces dernières années ? sous certaines conditions, la délivrance cain se heurte souvent à des pro- d’un visa de court séjour à entrées blèmes de visa. Est-il concevable Alain Joyandet : L’assistance multiples (…) aux hommes d’affaires » de créer une sorte de visa d’en- technique française a, il est vrai, trepreneur africain afin de facili- beaucoup diminué. Les volon- sujet est important car il pose la nouveaux concurrents des pays ter leur déplacement et les ren- taires n’ont pas vocation à rem- question fondamentale de notre émergents. Comment comptez- forcer ainsi dans leur dynamisme? placer les assistants techniques; présence effective sur le terrain. vous inciter les entreprises fran- ils doivent en être complémen- La présence de Français œuvrant çaises à davantage investir en Alain Joyandet : Dans le cadre taires. En 2008, 2500 volontaires au quotidien aux côtés des Afrique, notamment en Afrique des accords de gestion concer- sont en mission dans 108 pays Africains a diminué ces dernières anglophone? tée des flux migratoires et de (au titre de la loi de 2005 relati- années, du fait, le plus souvent, développement solidaire, la ve au volontariat pour la solida- de conflits, à l’instar de la Côte- Alain Joyandet : Le dispositif du France s’engage à faciliter, sous rité internationale). De fait, ils d’Ivoire. Cela a pour effet, outre Cap (février 2008) est conçu pour certaines conditions, la déli- sont maintenant plus nombreux l’appauvrissement d’une relation aider les entreprises françaises à vrance d’un visa de court séjour que les assistants techniques. qui a des siècles d’histoire et qui investir ; il vient s’ajouter aux pro- à entrées multiples (visa de cir- Sur le terrain, j’ai constaté deux est chargée de richesses, un duits gérés par Bercy, qui sont culation) aux hommes d’affaires, choses : une forte demande dans risque d’une croissante incom- sans doute insuffisamment utili- commerçants, avocats… qui les pays aidés et un nombre très préhension entre nos cultures. sés par les entreprises. participent activement aux rela- élevé d’offres de service non Cette présence «d’ambassadeurs Par ailleurs, l’action en faveur de tions économiques et commer- satisfaites. Aussi ai-je décidé de de bonne volonté » français sur l’amélioration de la gouvernan- ciales entre les pays signataires mettre l’accent sur l’accroisse- le continent vise à renouer les ce de la coopération française ou et la France. Par ailleurs, nos ment du nombre de volontaires fils du dialogue, de la compré- des coopérations multilatérales postes diplomatiques et consu- et l’élargissement des profils des hension mutuelle. financées par la France sert les laires peuvent conclure avec les candidats à la catégorie des entreprises. Je voudrais citer chambres de commerce locales seniors. Pour organiser cette Le Moci: L’Afrique connaît un notamment l’appui à l’OHADA des accords de partenariat pour dynamique, nous avons décidé renouveau de croissance mais (Organisation pour l’harmoni- faciliter la circulation des per- de mettre en place une Agence les entreprises françaises sem- sation du droit des affaires en sonnes contribuant au dyna- du volontariat international. Ce blent perdre du terrain face aux Afrique), organisation à laquelle misme de la relation bilatérale. 14 LE MOCI - Hors série - décembre 2008
R A P P O R T 2 0 0 9 En outre, avec le ministre de l’Im- crédits de paiement (+ 0,3%). migration Brice Hortefeux, nous La part du multilatéral continue à Repères commençons à travailler sur ce augmenter pour atteindre 67% du Alain Joyandet, 55 ans, a démarré sa carrière comme journaliste. que pourrait être un visa fran- programme 2009. Les grands Il fonde ensuite la « Presse de Vesoul » puis «l’Hebdo de Besançon» cophone afin de faciliter davan- engagements multilatéraux de la et se lance dans l’édition avec la reprise du Groupe des éditions tage la circulation des personnes. France seront donc tenus. Avec comtoises et dans la photogravure (Franche Comté-Impressions). une contribution au Fonds Jusqu’à sa nomination au poste de secrétaire d’État en mars 2008, Le Moci : Depuis quelques Européen de Développement il était président directeur général de la Société nouvelle des années, l’aide multilatérale a été (FED) de 852 millions d’euros en éditions comtoises (SNEC). Parallèlement, il a été vice-président privilégiée, notamment euro- 2009 (contre 800 en 2008), la du Conseil général de la Haute-Marne de 1992 à 1995. Depuis 1995, péenne. Cette orientation sera-t- France est le premier contributeur il est maire de Vesoul. Il est élu sénateur RPR de la Haute-Saône de elle maintenue? de l’Union Européenne en matiè- 1995 à 2002, avant d’être élu député de la première circonscription re d’aide au développement, de la Haute-Saône lors des législatives de juin 2002. Il est réélu Alain Joyandet : Dans le Projet devant l’Allemagne ou le Royau- député en 2007. Il est membre du bureau politique de l’UMP. de Loi de Finances (PLF) 2009, me-Uni. Avec une participation la dotation du programme 2009 de 300 millions d’euros par an, d’euros non comptabilisés dans plus de 24% (9e FED) à un peu (solidarité avec les pays en voie elle reste aussi le second contri- notre effort d’aide), elle est le pre- plus de 19% (10e FED), et nous de développement) est de buteur du Fonds Mondial Sida mier contributeur d’UNITAID allons retrouver des marges de 1784,84 millions d’euros en AE Tuberculose Paludisme après les pour lutter contre le Sida. manœuvre dès 2010. (- 8% à structure constante), et États-Unis. Enfin, avec la taxe sur La quotité du FED financée par Propos recueillis par de 1850,54 millions d’euros en les billets d’avion (160 millions la France va passer d’un peu B. Ch. et A. G.-G.
Spécial LES PERSPECTIVES DE L’AFRIQUE Évolution des prix : 2009, année de vérité pour la croissance africaine Le scénario de l’évolution mesurable. Cependant, suivant locales. « Le Nigeria incorpore surtout de nouvelles données des prix en 2008 aura été net- que les entreprises sont instal- jusqu’à 10% de cassava (manioc) entrent en scène : le fort ralen- tement coupé en deux actes : lées sur place ou non et produi- à nos produits : cela se faisait tissement de l’économie mon- hausse vertigineuse pour un sent des biens pour le marché ponctuellement, mais c’est diale et la crise financière, qui certains nombre de produits local ou non, les conséquences désormais systématique » affir- suscitent d’autres inquiétudes. de première nécessité et l’éner- sont différentes. me Jacques Schil, président de L’Afrique sera, selon le FMI, le gie dans la première moitié de Ainsi, le groupe Somdiaa a souf- la Compagnie française des continent qui affichera la l’année, suivie d’une baisse fert de la baisse du pouvoir ingrédients et adjuvants (CFIA). meilleure résistance à la crise [ tout aussi vertigineuse dans d’achat des Africains sur ses mar- la deuxième moitié de l’année. chés, l’obligeant à être plus com- L’année 2009 permettra aux opérateurs éco- Des évolutions brutales qui pétitif en augmentant les rende- nomiques de mesurer la solidité de la reprise rendent d’autant plus difficile ments. « Dautant plus qu’en que connaît l’Afrique depuis 3 ou 4 ans une analyse de l’impact de ces 2006-07-08, l’Afrique a connu fluctuations à moyen terme mais une grande sécheresse ; les pro- Dans la distribution et les ser- mondiale en 2008 et 2009. qui pourraient être un test pour ductions de sucre ont donc dimi- vices, un groupe diversifié com- « Je crois que l’année 2009 va la solidité des fondamentaux de nué : notre groupe est passé de me CFAO ne ressent pas pour être intéressante à observer car la croissance africaine. 210 000 t à 195 000 t ; les gens l’instant la baisse du pouvoir elle permettra aux opérateurs ont même diminué leurs salaires, d’achat. «On observe que le mar- économiques de mesurer la soli- Acte 1 d’eux-mêmes ! Ils sont coincés ché automobile n’est pas touché. dité de la reprise que connaît Les « émeutes de la faim » cette année», précise Alexandre Mais il se peut, et cela est fort pro- l’Afrique depuis trois ou quatre Le début de l’année 2008 a vu Vilgrain, PDG de Somdiaa. bable, que des décisions d’in- ans, de faire la part des facteurs une accélération de la hausse Ajoutant: «La pluie semble être vestissement et d’achat soient endogènes et exogènes de cette simultanée des prix des denrées revenue à des niveaux normaux reportées et l’on constatera un croissance et voir finalement alimentaires et de l’énergie. Cette cette année, un peu partout. De certain ralentissement sur ce mar- dans quelle mesure la croissan- hausse a frappé de plein fouet plus, on constate un mouvement ché-là », observe Alain Viry, ce autonome du continent afri- les pays africains, où l’équilibre positif sur l’Afrique. Il y a de nou- président directeur général de cain peut se maintenir en 2009», alimentaire reposait sur des veaux investisseurs qui arrivent. CFAO. Cependant, cette possible estime pour sa part Alain Viry. importations à bas prix, provo- Des projets se construisent. » contraction de la demande pro- «Elle va être soumise à des vents quant un peu partout de nom- viendra des entreprises et admi- contraires. Je suis assez serein breuses « émeutes de la faim ». De même les minoteries locales nistrations, la clientèle des parti- sur le sujet. » Cette croissance Les gouvernements ont d’abord ont été fortement touchées, culiers pour les véhicules neufs dépendra de l’attitude du sec- pris des mesures d’urgence, qui d’une part par la hausse du prix ou utilitaires en Afrique subsa- teur financier, mais surtout la ont consisté pour l’essentiel à du blé importé et, d’autre part, harienne restant modeste (entre position des bailleurs de fonds abaisser les droits de douanes et par la suspension dans plusieurs 15 et 25% de la clientèle). De et des organisations internatio- taxes sur les produits alimen- pays des droits et taxes à l’im- même, il n’y a pas de changement nales sera une variable clé. taires et le carburant et à aug- portation sur la farine, qui a per- de tendance dans la consomma- «J’espère que les politiques gar- menter les subventions pour ces mis l’arrivée de produits impor- tion de médicaments dont la deront en tête, même s’il y a un biens, amortissant ainsi l’impact tés à moindre coût. Une situation croissance est à deux chiffres. moment difficile à passer pen- de la hausse des prix sur la popu- aggravée par le secteur informel, dant un an ou plus, que les sujets lation. Une première réponse, notamment le négoce de farines Acte 2 de fonds sur le continent afri- qui a eu un impact direct sur le en provenance du Nigeria. Ralentissement économique cain demeurent et il ne faut budget des États et s’est accom- En revanche, pour les farines mondial et baisse des prix surtout pas abandonner les pagnée d’une prise de conscien- européennes, et notamment La fin de l’année 2008 présente efforts qui ont été faits pour ce de la nécessité de privilégier pour les Grands Moulins de un autre visage. On observe une l’Afrique », souligne encore l’agriculture locale. France, cela fut plutôt bénéfique. décélération des prix des le PDG de CFAO. La répercussion sur les entre- Ainsi certains meuniers ont été matières premières depuis août, B. Ch. et A G.-G. prises est encore difficilement incités à incorporer des céréales qui s’est accélérée en octobre. Et 16 LE MOCI - Hors série - décembre 2008
Spécial LES PERSPECTIVES DE L’AFRIQUE Accès aux marchés : les obstacles non tarifaires aux échanges se réduisent « Globalement, on sent une Toutefois, le propos est nuancé. À l’autre bout de l’échelle, le Durée moyenne, estimative*, évolution favorable.» Ce constat Et sur les pressions administra- Congo Brazzaville, où il serait des délais de dédouanement général dressé par Alain Taieb, tives, bureaucratiques et fiscales, toujours particulièrement diffi- par grands ports d’Afrique président directeur général de les avis divergent considérable- cile de travailler. Comme au subsaharienne l’entreprise de déménagement ment. Alexandre Vilgrain, PDG Soudan, par exemple, ou enco- Ports Nombre de jours AGS présente dans 45 pays du de Somdiaa, considère la ques- re en Tanzanie où se constatent Dakar 7 continent, est partagé par un tion du contrôle fiscal comme un «de graves et permanentes diffi- Abidjan 7 grand nombre d’investisseurs discours récurrent de nombre cultés». Ceci n’implique pas pour Lagos 30 Douala 10 à 21 français en Afrique: on travaille d’entreprises françaises mais, autant la volonté des entreprises Luanda 14 aujourd’hui mieux en Afrique. pour sa part, «il n’y a pas de pro- de se retirer de ces pays. Maputo 4à5 blème particulier. On peut «L’entrepreneur résiste et se bat Beira 7 Outre la réglementation et la façon contester en Afrique comme mais à un moment donné, sans Mombassa 12 Dar es-Salaam 10 d’appliquer celle-ci au quotidien, ailleurs ». En revanche, Alain honte, il peut lever son joker», sans oublier une relative amélio- Taieb considère qu’elles demeu- poursuit Alain Taieb. La * Ces délais ne sont que des ordres de grandeur fournis par des opéra- ration des infrastructures en géné- rent des difficultés majeures République démocratique du teurs locaux au vu de leur expérience ral, les entreprises fonctionnent même si on ne peut généraliser Congo, en revanche, récolte des et ne sont en aucun cas des données plus sereinement sur le continent à l’échelle d’un continent et échos plus favorables. statistiques et a fiortiori réglemen- taires. En outre, ces délais peuvent car il y a plus d’aisance financiè- même d’une région. La Côte- En termes d’infrastructures, varier considérablement en fonction re pour certains États en raison d’Ivoire, par exemple, est « un notamment portuaires, la situa- de nombreux facteurs locaux. notamment de la hausse des prix pays qui s’est amélioré: on arri- tion s’améliore depuis deux à trois des matières premières. «Dans un ve mieux à y travailler. Un cer- ans mais, là encore, de façon faut deux jours pour sortir un certain nombre de pays, nous res- tain nombre d’indicateurs sont inégale. Avec 5 à 6% de crois- conteneur en Asie, il en faut par- sentons cette aisance qui donne au vert et nous sommes globale- sance, les infrastructures de cer- fois 14 en Afrique. Les ports de une plus grande flexibilité dans ment satisfaits », note l’opéra- tains pays ne sont pas toujours Dakar et, bien sûr, d’Afrique du la réalisation de contrats, avec teur. Un avis, il le sait, qui n’est suffisantes pour faire face aux Sud fonctionnent bien. Mais il moins d’angoisse et d’inquiétudes pas partagé par tous : des pra- augmentations des trafics. Sur n’en est pas de même à Lagos, de paiement , exemple le Ghana, tiques « déstabilisantes » et du certains ports africains, le rap- Luanda ou encore Mombassa. la Zambie, la RD du Congo, etc.», racket fiscal seraient encore mal- port est de 1 à 6 ou 7 face à leurs Les événements au Kenya cette précise Alain Taieb. heureusement répandus. homologues asiatiques : lorsqu’il année n’ont, bien évidemment, rien facilité à Mombassa. [ L’Afrique réformatrice ] À noter, souligne le chef d’entre- prise, des améliorations en matiè- Sur ces cinq dernières années, L’Afrique subsaharienne demeure Selon ce Rapport, le champion re de lutte contre la corruption l’Afrique subsaharienne n’avait bonne dernière parmi l’ensemble mondial de la réforme lors des dédouanements por- jamais entrepris autant des régions du monde pour de l’exécution des contrats tuaires ou encore de contrôles rou- de réformes dans autant de pays la facilité à y faire des affaires: en 2007-2008 a été… tiers intempestifs: «Il y a eu des qu’en 2007-08, relèvent le classement moyen des pays le Mozambique. S’agissant actions volontaristes de certains les auteurs du rapport Doing au sud du Sahara s’établit du commerce transfrontalier, gouvernements, souligne-t-il. Le Business 2009 de la Banque au 138e rang sur 181. c’est au Sénégal que revient franchissement de douanes entre mondiale paru en octobre Toutefois, pour la première fois, la palme et pour l’embauche pays africains n’est pas plus com- dernier. Vingt-huit pays ont quatre pays africains figurent des travailleurs : le Burkina Faso. pliqué que d’aller de France en mis en œuvre 58 réformes, parmi les 10 premiers Les auteurs notent aussi Espagne avant l’Europe.» «Sans deux pays ouest-africains réformateurs au monde en que les réformes se multiplient oublier, note Dominique Lafont, –le Sénégal et le Burkina 2007-2008 dans le Rapport dans trois pays sortant directeur de Bolloré Africa logis- Faso– «ouvrant la voie». de la Banque mondiale: de conflits : le Liberia, le Rwanda tics, que les technologies de l’in- Certes, ceci ne rend pas le le Sénégal, le Burkina Faso, et la Sierra Leone. formation fonctionnent aujour- continent idyllique. Loin de là. le Botswana et l’Égypte. d’hui beaucoup mieux.» 18 LE MOCI - Hors série - décembre 2008
R A P P O R T 2 0 0 9 Les contrôles fiscaux en Afrique E U Q I T N A L T A M E R N ISI E É A M E D I T E R R A N É E TUN O C MAROC A LG É R I E L I BY E É GY PT E IE AN E RY T H R É E IT UR C A P -V E RT MALI MA N IG E R DJ I B O U T I SE NE TCHAD GAM BI E GA BURKINA S O U DA N L G FASO U IN BE NI N G U I NÉE B ISSAU N IG E RIA G H AN A ÉE SI E RRA LEON E CÔTE ETH IOPI E REP. N D’IVOIRE U CENTRAFRICAINE O IE ER AL M M CA SO Z ZA TO G O O U G A N DA LI BE RIA RA K E N YA R WA N DA OB GABON G U I NÉE NG É Q UATO R I A L E R E P. D E M . BU RU N DI CO DU CONGO S AO TO M E E T- P R I N C I P E TA N Z A N I E ANGOLA M A L AW I ZAM BI E R UE CA Environnement fiscal irrationnel, Q Z I M BAB AS MAU RICE BI harcèlement insupportable. WE M NAM I BI E AG ZA BOTSWANA MAD MO Environnement fiscal malsain, harcèlement intense. D SWA Z I L A N D N SU Environnement fiscal dégradé, harcèlement fréquent. U E D I D E U Environnement fiscal considéré L E S OT H O N Q I RI comme anormal, harcèlement ponctuel. AF N Contrôles fiscaux normaux A effectués dans les règles. É C Pas d’information disponible à ce jour. O LE MOCI - Hors série - décembre 2008 19
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