RELATIONS COMMERCIALES ET ÉCONOMIQUES AVEC LA TURQUIE
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DIRECTION GÉNÉRALE DES POLITIQUES EXTERNES DE L’UNION DIRECTION B DÉPARTEMENT THÉMATIQUE ÉTUDE RELATIONS COMMERCIALES ET ÉCONOMIQUES AVEC LA TURQUIE Extrait La présente étude donne un aperçu de la situation actuelle des relations économiques et commerciales entre l’UE et la Turquie. Elle débute par une évaluation de l’union douanière avec la Turquie et se poursuit par une analyse des relations entre la Turquie et l’OMC, notamment en se penchant brièvement sur le dernier examen de la politique commerciale. Vient ensuite une évaluation des relations commerciales de la Turquie avec le Caucase, l’Asie centrale, la Russie et la région méditerranéenne. Elle examine également les relations commerciales avec la Chine. La dernière section aborde des questions horizontales telles que l’énergie, l’industrie textile, les droits de propriété intellectuelle, l’accès au marché, les questions sanitaires et phytosanitaires, les petites et moyennes entreprises et les politiques antidumping. DV\812863FR.doc FR FR
DG Politiques externes, département thématique Cette étude a été rédigée à la demande de la du Parlement européen. AUTEUR: Professeur Durmus OZDEMIR, Université de Bilgi, département d’économie et Bilgi European Institute, Istanbul, Campus Dolapdere, Kurtuluşderesi Cad. n° 47 34440, Dolapdere, Istanbul- TURQUIE ADMINISTRATEURS RESPONSABLES: Roberto BENDINI / Dominique DELAUNAY Direction générale des politiques externes de l’Union Département thématique WIB 06 M 055 / WIB 06 M 053 rue Wiertz 60 B-1047 Bruxelles VERSIONS LINGUISTIQUES Original: EN Traduction: FR À PROPOS DE L’ÉDITEUR Manuscrit achevé le 7 avril 2010. © Parlement européen, 2010 Imprimé en Belgique L’étude est disponible sur l’internet à l’adresse suivante http://www.europarl.europa.eu/activities/committees/studies.do?language=FR Si vous n’êtes pas en mesure de télécharger les informations dont vous avez besoin, veuillez demander une copie papier par courriel: xp-poldep@europarl.europa.eu MENTION LÉGALE Les avis exprimés dans ce document relèvent de la seule responsabilité de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle du Parlement européen. Ce document peut être reproduit et traduit à des fins non commerciales pour autant que les sources soient citées, que l’éditeur soit averti au préalable et qu’il reçoive un exemplaire de la publication. ii DV\812863FR.doc FR
Relations commerciales et économiques avec la Turquie TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ 1 LISTE DES ACRONYMES 2 1 CONTEXTE: RELATIONS COMMERCIALES ET ÉCONOMIQUES ENTRE L’UE ET LA TURQUIE 3 2 ÉVALUATION DE L’UNION DOUANIÈRE AVEC LA TURQUIE 7 2.1 FONCTIONNEMENT 8 2.2 DOMAINES COUVERTS ET NON COUVERTS PAR L’UNION DOUANIERE 8 2.3 QUESTIONS PRATIQUES ET PROCEDURALES ENTRAVANT LE FONCTIONNEMENT DE L’UNION, NOTAMMENT LES QUESTIONS DU DEDOUANEMENT ET LES OBSTACLES TECHNIQUES AU COMMERCE (OTC) EXISTANTS 9 2.4 LA NEGOCIATION D’ALE ENTRE L’UE ET DES PAYS TIERS A UNE INFLUENCE DIRECTE SUR LA TURQUIE AU TRAVERS DE L’UNION DOUANIERE 11 3 TURQUIE ET OMC, Y COMPRIS UNE BRÈVE ANALYSE DU DERNIER EXAMEN DES POLITIQUES COMMERCIALES 17 4 ÉVALUATION DES RELATIONS COMMERCIALES DE LA TURQUIE AVEC LA RÉGION DE LA MER NOIRE ET LES BALKANS ET DÉVELOPPEMENTS COMMERCIAUX POTENTIELS DANS LA RÉGION 18 5 EVALUATION DES RELATIONS COMMERCIALES DE LA TURQUIE AVEC LE CAUCASE ET L’ASIE CENTRALE ET ORIENTALE ET DÉVELOPPEMENTS COMMERCIAUX POTENTIELS DANS LA RÉGION 21 6 ÉVALUATION DES RELATIONS COMMERCIALES ET ÉCONOMIQUES DE LA TURQUIE AVEC LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE 28 6.1 ROLE DE LA TURQUIE DANS LE SUCCES DE LA ZONE DE LIBRE-ECHANGE EURO-MEDITERRANEENNE 29 6.2 UTILISATION PAR LA TURQUIE DES REGLES D’ORIGINE PAN- MEDITERRANEENNES 36 6.3 RELATIONS COMMERCIALES PARTICULIERES DE LA TURQUIE AVEC ISRAËL 36 6.4 EMBARGOS SUR LES TRANSPORTS ET LE COMMERCE CHYPRIOTES ET EFFETS POSSIBLES SUR L’ECONOMIE EUROPEENNE ET REGIONALE 39 7 TURQUIE ET CHINE: CONCURRENCE POUR LES MÊMES MARCHÉS ET POSITION DE LA TURQUIE DANS CETTE SITUATION 38 8 QUESTIONS HORIZONTALES 41 8.1 ÉNERGIE 41 8.2 L’INDUSTRIE TEXTILE 45 8.3 SERVICES, EN PARTICULIER LE MODE 4 46 DV\812863FR.doc iii FR
DG Politiques externes, département thématique 8.4 DROITS DE PROPRIETE INTELLECTUELLE (DPI) 47 8.5 IED ET QUESTIONS REGLEMENTAIRES CONNEXES 48 8.6 ACCES AU MARCHE, BARRIERES NON TARIFAIRES ET RESTRICTIONS EN MATIERE DE VISAS DE L’UE POUR LES CITOYENS TURCS 50 8.7 QUESTIONS SANITAIRES ET PHYTOSANITAIRES 53 8.8 PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES (PME) 53 8.9 POLITIQUES ANTIDUMPING 56 9 ÉVALUATION DE L’ENGAGEMENT DE LA TURQUIE EN FAVEUR DE POLITIQUES COMMERCIALES RESPECTUEUSES DE L’ENVIRONNEMENT 57 10 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS POLITIQUES 59 BIBLIOGRAPHIE 62 ANNEXE I: STATISTIQUES SUPPLÉMENTAIRES 65 ANNEXE I.1: ECHANGES UE-TURQUIE (GROUPES DE MARCHANDISES). 65 ANNEXE I. 2: TOP 40 DES PAYS D’EXPORTATION DE LA TURQUIE. 66 ANNEXE I. 3: TOP 40 DES PAYS D’IMPORTATION DE LA TURQUIE 68 ANNEXE I. 4: PRINCIPAUX PARTENAIRES COMMERCIAUX DE LA TURQUIE. SOURCE: FMI (DSC) 70 ANNEXE I. 5: PRINCIPAUX GROUPES COMMERCIAUX DE LA TURQUIE 71 ANNEXE 1. 7: VENTILATION DES EXPORTATIONS TURQUES VERS L’UE PAR SECTEUR 71 SOURCE: SOUS-SECRETARIAT DU PREMIER MINISTRE AU COMMERCE EXTERIEUR, TURQUIE 72 ANNEXE 1. 8: VENTILATION DES IMPORTATIONS TURQUES EN PROVENANCE DE L’UE PAR SECTEUR. 72 SOURCE: SOUS-SECRETARIAT DU PREMIER MINISTRE AU COMMERCE EXTERIEUR, TURQUIE 72 ANNEXE II: RELATIONS BILATÉRALES ENTRE L’UE ET LA TURQUIE 74 ANNEXE III: INTÉGRATION DE LA TURQUIE DANS LE MONDE EXTÉRIEUR 76 ANNEXE IV: INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR L’ASSISTANCE COMMUNAUTAIRE À LA TURQUIE 76 iv DV\812863FR.doc FR
Relations commerciales et économiques avec la Turquie RÉSUMÉ Le présent document donne un aperçu de la situation actuelle (février 2010) des relations économiques entre l’UE, la Turquie et le reste du monde. Le texte commence par une évaluation de l’union douanière avec la Turquie et se penche ensuite sur les relations entre la Turquie et l’OMC, notamment via une brève analyse du dernier examen de la politique commerciale. Vient ensuite une évaluation des relations commerciales de la Turquie avec le Caucase, l’Asie centrale et orientale, ainsi que des développements commerciaux potentiels dans la région. L’étude aborde ensuite les relations commerciales et économiques de la Turquie avec la région méditerranéenne. Les trois dernières sections avant la conclusion sont consacrées aux relations entre la Turquie et la Chine, aux questions horizontales et à une évaluation de l’engagement de la Turquie envers des politiques commerciales respectueuses de l’environnement. Le document affirme que l’intégration s’est avérée un outil utile pour soutenir le développement économique et, dans une certaine mesure, pour stabiliser un pays sensible au niveau politique. Dès lors, pour l’UE, il convient de s’atteler le plus possible aux prochaines étapes de l’union douanière (UD) et à l’adhésion à part entière de la Turquie, renforçant ainsi la stabilité et la croissance durable. L’UE est en position idéale pour continuer à réformer les institutions turques et à aider le pays à lutter pour afficher de meilleurs indicateurs de bonne gouvernance. Avec la relance économique, les entrées d’IED et la croissance jusqu’ici, ainsi que l’expérience des nouveaux pays membres actuels, on peut prévoir que le rendement de la main-d’œuvre non qualifiée en Turquie diminuera graduellement avec le temps. Il est donc souhaitable de soutenir les actions pouvant renforcer les compétences de l’ensemble de la population turque en âge de travailler et d’aider à alléger les pressions sociales actuelles et futures. Il existe de nombreuses études contradictoires sur les coûts et avantages de l’union douanière entre la Turquie et l’UE. Pour qu’une politique commerciale réussisse, il faut que cette évaluation soit la meilleure possible, avec des preuves empiriques très convaincantes, de sorte que les opposants à la politique commerciale (en particulier à la politique commerciale libérale) ne puissent invoquer l’UD comme excuse à des fins de propagande négative (ou positive) allant dans le sens de leurs intérêts propres. La diversification accrue des destinations d’exportation et la baisse continue de la dépendance sur l’Europe en tant que principale destination protégeront également contre les possibles fluctuations négatives dans la zone euro. La Turquie devrait continuer à développer ses exportations vers les régions et pays voisins. La complémentarité avec l’UE devrait être mieux étudiée et les destinations cibles devraient être évaluées en conséquence. Les effets de la création d’échanges et de la réorientation des échanges avec l’UE devraient être évalués à la lumière de ces nouvelles destinations (Russie, Chine, Iraq, Iran, etc.). La Turquie devrait également adopter une meilleure politique commerciale stratégique à long terme en matière d’agriculture, alignée sur celle de l’UE. La modernisation et la libéralisation dans ce secteur augmenteront inévitablement le taux de chômage, et un paquet de réformes global sera donc nécessaire. La Turquie devrait revoir sa position lorsque le cycle de Doha reprendra, s’il reprend un jour. La Turquie devrait renforcer le potentiel commercial des PME en améliorant l’internationalisation et les instruments de promotion des investissements, en augmentant la capacité technique, en améliorant les unités d’aide au commerce extérieur, en organisant des sessions de formation, des séminaires et des ateliers, en proposant des services d’aide aux entreprises et en lançant des programmes d’incitation à l’exportation. La Turquie devrait promouvoir l’augmentation des échanges en matière de services dans le cadre d’un futur plan d’économie basée sur la connaissance (ou au moins une expansion axée sur la main-d’œuvre semi-qualifiée). La Turquie s’érige en pont énergétique potentiel entre l’Europe et les fournisseurs d’énergie comme la Russie, l’Iran, l’Iraq et le Turkménistan. Cela pourrait ouvrir la voie à de nouvelles DV\812863FR.doc 1 FR
DG Politiques externes, département thématique stratégies commerciales en matière d’énergie, qui pourraient influencer sa candidature à l’UE ou d’autres options de partenariat privilégié. Même si les relations UE–Turquie sont dominées par les inquiétudes sur les questions politiques en Turquie telles que la démocratisation, les droits de l’homme, le problème chypriote, etc., le présent document n’aborde pas ces éléments, du moins pas directement. LISTE DES ACRONYMES GATT – Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ACP – Accord commercial préférentiel IPA – Instrument de préadhésion ACR – Accord commercial régional IPC – Indice des prix à la consommation ACR – Avantage comparatif révélé dans les NPF – Nation la plus favorisée échanges bilatéraux OCDE – Organisation de coopération et de AELE – Association européenne de libre- développement économiques échange OMC – Organisation mondiale du commerce AGCS – Accord général sur le commerce des services OTC – Obstacles techniques au commerce AI – Accord intérimaire PAC – Politique agricole commune ALE – Accord de libre-échange PAT – Produit agricole transformé ALECE – Accord de libre-échange centre- PCA – Préférences commerciales autonomes européen PCESE – Processus de coopération en Europe AMP – Accord sur les marchés publics du Sud-Est ASA – Accord de stabilisation et d’association PDD – Programme de Doha pour le développement BDP - Balance des paiements PIB – Produit intérieur brut BNT – Barrières non tarifaires (au commerce) PPA – Parité de pouvoir d’achat CC – Compte courant PSA – Processus de stabilisation et CCR – Conseil de coopération régionale d’association CE – Communauté européenne SPG – Système de préférences généralisées CE –Commission européenne TAIEX – Assistance technique et échange CEE – Communauté économique européenne d’informations CEMN – Coopération économique de la mer TR – Turquie Noire UE – Union européenne CITI – Classification internationale type, par UME – Union monétaire européenne industrie, de toutes les branches d’activité économique CNUCED – Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement CTCI – Classification type pour le commerce international DPI – Droits de propriété intellectuelle ECO – Europe centrale et orientale EEE – Espace économique européen ESE – Europe du Sud-Est 2 DV\812863FR.doc FR
Relations commerciales et économiques avec la Turquie 1 CONTEXTE: RELATIONS COMMERCIALES ET ÉCONOMIQUES ENTRE L’UE ET LA TURQUIE L’histoire de l’intégration de la Turquie dans l’UE est longue. La Turquie a demandé le statut de membre associé deux ans seulement après la création de la CEE, en 1959. Quatre ans plus tard, cette demande a résulté en l’accord d’association d’Ankara, qui avait pour objectif intermédiaire de constituer progressivement une union douanière avec la CEE pour 1995. L’union douanière entre la Turquie et l’UE est en vigueur depuis 1996. Entre 1996 et 2001, les tarifs et les restrictions quantitatives des échanges entre la Turquie et l’UE ont été progressivement supprimés. En outre, la Turquie a aligné ses politiques commerciales à l’égard des pays tiers sur celles de l’UE et a commencé à appliquer des normes, des règles et des réglementations communes. L’union douanière devait être une étape vers une adhésion à part entière, objectif ultime. La Turquie a été officiellement reconnue pays candidat en décembre 1999, et en décembre 2002, le Conseil européen a annoncé que si elle respectait ses critères politiques dits de Copenhague à la fin 2004, il entamerait les négociations sans traîner. La Turquie a commencé ses négociations d’adhésion en octobre 2005, 16 ans plus tard que prévu. Jusqu’ici, les négociations ont porté sur douze chapitres (libre circulation des capitaux, entreprise et industrie, statistiques, contrôle financier, réseaux transeuropéens, protection des consommateurs et de la santé, droits de propriété intellectuelle, droit des entreprises, science et recherche, société de l’information et médias, environnement, fiscalité), dont un (science et recherche) est provisoirement clôturé. Tableau 1: indicateurs économiques de base de la Turquie, 2005–2009 Année 2005 2006 2007 2008 2009 Croissance du PIB en % 8 402 6 893 4 669 1 -6 500 PIB (PPA à parité ajustée, EUR)** 8 152 442 8 967 906 9 548 701 9 732 266 9 140 143 Inflation de l’IPC (en %, fdp*) 7 720 9 653 8 387 10 064 5 800 Population 67 903 68 133 68 894 69 659 70 431 CC en % du PIB -4 586 -6 027 -5 805 -5 656 -1 864 Taux de chômage 10,7 10,3 11,5 11,6 13,0 Source: PEM FMI (octobre 2009), Institut turc de statistique (www.tuik.gov.tr) Note: * fin de période, ** parité USD / EUR: 1,35 L’adhésion de la Turquie à l’UE aura plusieurs impacts économiques et financiers. Comme illustré aux tableaux 1 et 2, la Turquie est un grand pays de par sa population, mais un petit pays en termes économiques. Son économie représente à peine 1,9 % du PIB de l’UE-25. Le PIB par habitant de la Turquie (en parité de pouvoir d’achat) n’atteint que 27 % de la moyenne européenne. L’économie turque est également caractérisée par une importante inégalité régionale. La situation macroéconomique de la Turquie s’est stabilisée après la crise de 2001 et l’ouverture des négociations devrait avoir des conséquences majeures et positives sur la durabilité de cette reprise. Toutefois, de nombreuses autres réformes économiques sont DV\812863FR.doc 3 FR
Département thématique, DG Politiques externes nécessaires. Les réformes du marché du travail et de l’éducation sont essentielles pour que la Turquie puisse utiliser son potentiel économique. Vu la petite taille de son économie, l’adhésion de la Turquie aura un impact minimal sur l’économie de l’UE. D’après les prévisions, il pourrait être minimal, mais positif sur le PIB de l’UE-25, avec une hausse allant de 0,1 à 0,3 % du PIB. L’UE pourrait bénéficier en particulier du profil démographique différent de la Turquie, dont la population est beaucoup plus jeune et croissante. Les investissements étrangers directs en Turquie étaient exceptionnellement bas, mais après l’obtention du statut de candidat par le pays, les flux entrants ont augmenté. La perspective de l’adhésion à l’UE combinée à une stabilité politique et économique renforcée au niveau global, ainsi que la réforme majeure des barrières au niveau micro-économique – dont la lutte contre la corruption et les problèmes judiciaires – pourraient résulter en des entrées d’IED bien supérieures. En tant que grand pays pauvre, la Turquie sera éligible à des transferts budgétaires importants provenant de l’Union – même si ceux-ci dépendront à la fois des réformes des politiques régionale et agricole de l’UE au cours de la prochaine décennie et des négociations en cours. La politique agricole commune de l’UE et l’agriculture de la Turquie nécessiteront toutes deux des réformes supplémentaires. 4 DV\812863FR.doc FR
Relations commerciales et économiques avec la Turquie Tableau 2:PIB par habitant (en euros) à prix courants pour l’UE, les nouveaux États membres et la Turquie de 1996 à 2009 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 UE-27 15 400 16 200 16 900 17 800 19 000 19 700 20 400 20 700 21 600 22 400 23 500 24 800 25 800 26 800 UE-15 18 900 19 800 20 700 21 700 23 100 23 900 24 600 24 900 25 900 26 700 27 800 29 100 30 100 31 100 Bulgarie 900 1 100 1 400 1 500 1 700 1 900 2 100 2 300 2 600 2 800 3 300 3 800 4 300 4 900 Croatie 3 700 4 100 4 600 4 300 4 800 5 300 5 800 6 300 6 900 7 000 7 700 9 100 10 100 10 900 Estonie 2 600 3 200 3 600 3 900 4 400 5 100 5 700 6 400 7 100 8 300 9 800 11 600 13 000 14 300 Hongrie 3 500 3 900 4 100 4 400 5 100 5 800 7 000 7 400 8 100 8 800 8 900 10 000 10 300 11 000 Lettonie 1 800 2 300 2 500 2 900 3 600 4 000 4 200 4 300 4 800 5 700 7 000 8 800 10 600 11 700 Lituanie 1 800 2 500 2 800 2 900 3 500 3 900 4 300 4 800 5 300 6 100 7 000 8 300 9 700 10 800 Malte 7 600 8 400 8 800 9 400 10 800 10 900 11 300 11 100 11 200 11 800 12 500 13 100 13 700 14 300 Pologne 3 200 3 600 4 000 4 100 4 900 5 600 5 500 5 000 5 300 6 400 7 100 8 100 9 400 10 200 République tchèque 4 700 4 900 5 400 5 500 6 000 6 800 7 800 7 900 8 600 9 800 11 100 12 400 14 700 15 700 Roumanie : : : 1 500 1 800 2 000 2 200 2 400 2 800 3 700 4 500 5 600 6 000 6 900 Slovaquie 3 100 3 500 3 700 3 600 4 100 4 400 4 800 5 500 6 300 7 100 8 300 10 200 11 300 12 300 Slovénie 8 200 8 900 9 600 10 300 10 600 11 300 12 100 12 700 13 400 14 100 15 200 16 600 18 000 19 200 Turquie 2 300 2 700 3 800 3 600 4 300 3 200 3 500 3 800 4 400 5 400 5 700 6 500 7 300 7 900 DV\812863FR.doc 5 FR
Département thématique, DG Politiques externes Source: Eurostat 6 DV\812863FR.doc FR
Relations commerciales et économiques avec la Turquie La Turquie a toujours suscité l’intérêt de l’UE pour plusieurs raisons. L’adhésion de la Turquie aurait un impact politique de par sa situation géographique et sa population musulmane importante aurait également des conséquences pour l’UE. Il est dans l’intérêt stratégique de l’UE que la Turquie soit un allié démocratique, stable, prospère et amical. L’adhésion de ce pays à l’UE, comme cela a été le cas pour les élargissements précédents, contribuera à atteindre ces objectifs stratégiques. La présente étude fournit un aperçu détaillé de la situation actuelle des relations économiques et commerciales entre l’UE et la Turquie, ainsi que de son intégration plus large dans l’économie mondiale. Le document compte dix sections principales. La section suivante fournit une évaluation de l’union douanière avec la Turquie. La section 3 présente la Turquie et l’OMC et inclut une brève analyse du dernier examen de la politique commerciale. Les 4 sections qui suivent décrivent les relations commerciales de la Turquie avec la région méditerranéenne, la région de la mer Noire, les Balkans, le Caucase, l’Asie centrale, l’Orient et la Chine, ainsi que les perspectives de développement commercial dans ces régions. La section huit se concentre sur les questions horizontales. La section neuf évalue l’engagement de la Turquie envers des politiques commerciales respectueuses de l’environnement. La dernière section est consacrée à la conclusion. 2 ÉVALUATION DE L’UNION DOUANIÈRE AVEC LA TURQUIE La théorie fondamentale de l’intégration économique1 décrit l’union douanière (UD) comme une «zone de libre-échange avec des tarifs extérieurs communs». En outre, cette union permet de supprimer toute discrimination de ses membres sur le marché des produits. Elle requiert également une harmonisation des tarifs et des quotas pour tous ses membres dans leurs échanges avec les non-membres. L’UD mise en œuvre au 1er janvier 1996 couvrait à la base tous les produits industriels et les produits agricoles transformés, ce qui représentait 93 % de la valeur des échanges entre l’UE et la Turquie en 1995. Les produits agricoles traditionnels seront inclus dans l’union douanière lorsque la Turquie s’alignera sur la politique agricole commune de l’Union. Les parties garantissent un traitement identique de leurs importations provenant de pays tiers puisque l’UE et la Turquie forment un seul territoire douanier. La décision n° 1/95 du Conseil d’association (DCA n° 1/95) comprend des dispositions relatives aux éléments suivants: libre circulation des marchandises (suppression des droits de douane, des quotas et des mesures ayant un effet équivalent, respect du tarif douanier commun); harmonisation de la législation technique; alignement sur la politique commerciale commune; application des régimes préférentiels de l’UE; respect par la Turquie de la politique agricole commune de l’Union et application du régime préférentiel aux produits agricoles; 1 Étapes de l’intégration économique de Balassa (1961). DV\812863FR.doc 7 FR
Département thématique, DG Politiques externes respect du code des douanes et coopération administrative mutuelle; rapprochement des législations (protection des droits de propriété intellectuelle, règles de concurrence de l’union douanière, instruments de protection commerciale, marchés publics, fiscalité); dispositions institutionnelles (comité mixte de l’union douanière, procédures de consultation et de décision, règlement des litiges, mesures de protection). 2.1 Fonctionnement La DCA n° 1/95, adoptée le 6 mars 1995, détermine les règles de l’union douanière entre la Turquie et l’UE et contient des dispositions qui vont au-delà de l’accord d’Ankara et du protocole additionnel. Les DCA n° 1/98 (régime de commerce préférentiel pour les produits agricoles), 2/2006 (modifiant la décision n° 1/98) et 1/2007(modifiant la décision n° 1/95 concernant les PAT) ont modifié l’UD, en particulier en ce qui concerne les produits agricoles. D’après les rapports de la Commission entre 1998 et 2009, des progrès significatifs ont été réalisés dans le domaine de la libre circulation des biens et des capitaux. Aucun progrès n’a été accompli en matière de mobilité des travailleurs, mais la circulation des capitaux est relativement libre. Dans le cadre de la phase finale de l’UD, la Turquie a supprimé tous les droits douaniers et les charges ayant un effet similaire, ainsi que toutes les restrictions quantitatives et mesures similaires pour les produits industriels provenant de la Communauté. Ces dernières années, la Turquie a poursuivi ses efforts concernant l’union douanière. Le nouveau code des douanes turc est pratiquement totalement aligné sur l’acquis et la Turquie a pratiquement achevé la mise en conformité de sa législation douanière par rapport au tarif douanier commun. En 2008, un communiqué sur les modalités de mise en œuvre des renseignements tarifaires contraignants (RTC) a été adopté. En outre, les efforts en vue de l’adoption du système de préférences généralisées (SPG), y compris les concessions tarifaires autonomes appliquées par l’UE pour les pays en développement et moins avancés, ont abouti, au 1er janvier 2008, pour les produits couverts par l’union douanière. Toutefois, il y a encore des lacunes concernant les zones de libre-échange, l’allègement des droits douaniers, la lutte contre la contrefaçon et le recouvrement a posteriori. Par ailleurs, la législation autorisant la présence de magasins hors taxe ne respecte pas l’acquis. Malgré certains progrès, la libre circulation des marchandises en provenance ou à destination de Chypre n’est pas possible, et l’acquis n’est donc pas mis en œuvre. La question chypriote sera abordée dans une section ultérieure. 2.2 Domaines couverts et non couverts par l’union douanière L’UD ne couvre pas des domaines économiques essentiels tels que l’agriculture, à laquelle s’appliquent des concessions commerciales bilatérales, les services ou les marchés publics. L’union douanière entend couvrir les produits industriels et les produits agricoles transformés2. 2 Voir DCA n° 1/95, 1/98 (régime de commerce préférentiel pour les produits agricoles), 2/2006 (modifiant la décision n° 1/98) et 1/2007 (modifiant la décision n° 1/95 relative aux PAT) pour une description détaille de la couverture de l’UD. 8 DV\812863FR.doc FR
Relations commerciales et économiques avec la Turquie Les produits agricoles traditionnels ne sont pas couverts et seront inclus lorsque la Turquie aura mis son secteur agricole en conformité avec la politique agricole commune de l’UE. La décision sur l’union douanière (art. 24) fournit peu d’orientations, affirmant que «La Communauté et la Turquie améliorent progressivement, sur une base mutuellement avantageuse, le régime préférentiel qu’elles s’accordent réciproquement pour leurs échanges de produits agricoles». L’intégration du marché entre la Turquie et l’UE ne part pas de zéro: des préférences commerciales en matière agricole sont accordées par l’UE à la Turquie depuis l’accord d’association de 1963 et ces préférences ont été étendues à plusieurs reprises. Depuis 1987, pratiquement tous les droits ad valorem ont été supprimés. Dans certains cas, des taux réduits sont également appliqués pour des droits spécifiques. En conséquence, plus de quarante pour cent des exportations agricoles turques qui entrent sur le marché européen sont exemptés de droits et cinquante pour cent bénéficient de taux réduits. Des barrières européennes à l’importation restent toutefois en vigueur: i) des droits spécifiques élevés pour pratiquement toutes les importations de produits fondamentaux de la PAC, ii) des droits spécifiques pour les importations européennes de nombreux produits agricoles transformés, iii) le système de prix à l’entrée pour onze fruits, quatre légumes et les jus de raisin, et iv) des restrictions de calendrier concernant les tarifs préférentiels pour quatre fruits et neuf légumes. Depuis 1998, la Turquie accorde également des préférences importantes à l’UE sous la forme de 39 contingents tarifaires, le plus souvent à droits nuls (Gretha, H., 2004). La DCA n° 1/2007 apporte des faibles modifications, mais la description de Gretha reste en grande partie valable. Il est très difficile et il pourrait être désavantageux pour les agriculteurs turcs de rejoindre l’UD avec des produits agricoles traditionnels avant de rejoindre la PAC. En outre, le secteur agricole turc a besoin d’une modernisation importante avant que de telles actions puissent être entreprises. Cakmak et Eruygur (2007) ont simulé l’élargissement éventuel de l’union douanière entre la Turquie et l’UE aux produits agricoles. Les gagnants de cet élargissement sont les pays de l’UE. D’après cette simulation, les importations de produits agro-alimentaires de la Turquie en provenance de l’UE et d’autres pays augmenteront. Toutefois, hormis l’UE, tous les autres pays seront soumis, dans une certaine mesure, à des effets de substitution impliquant des réorientations des échanges dans ces régions. L’avis de l’UE sur la question des domaines non couverts en pratique est décrit dans le rapport d’avancement de 2009 sur la Turquie. D’après ce rapport, un alignement accru sur l’acquis communautaire est nécessaire dans les domaines suivants: zones de libre-échange, libre- échange avec la République de Chypre, allègement des droits douaniers, suppression des ventes hors taxes, contrefaçon de marchandises et propriété intellectuelle, industrielle et commerciale. Les questions de Chypre, de la contrefaçon et des DPI seront abordées en détail ultérieurement. Les opérations dans les zones de libre-échange sont pleinement soumises aux procédures douanières et la Turquie devrait apporter les modifications qui s’imposent. La nouvelle législation sur les zones de libre-échange est contraire à l’acquis en matière d’exemptions sur certaines marchandises. On ne constate également aucune amélioration de la législation en matière d’allégements tarifaires en Turquie, notamment en ce qui concerne la présence de magasins hors taxe aux points d’entrée. La législation turque en matière d’allégement tarifaire devrait respecter les obligations au titre de l’union douanière. 2.3 Questions pratiques et procédurales entravant le fonctionnement de l’union, notamment les questions du dédouanement et les obstacles techniques au commerce (OTC) existants DV\812863FR.doc 9 FR
Département thématique, DG Politiques externes Très souvent, l’UD fait face à des difficultés pratiques et procédurales liées notamment au dédouanement et aux obstacles techniques. La DG Entreprise définit le règlement technique comme «un document qui énonce les caractéristiques d’un produit ou les procédés et méthodes de production s’y rapportant, y compris les dispositions administratives qui s’y appliquent, dont le respect est obligatoire. Il peut aussi traiter en partie ou en totalité de terminologie, de symboles, de prescriptions en matière d’emballage, de marquage ou d’étiquetage, pour un produit, un procédé ou une méthode de production donnés». Les premières formes d’obstacles techniques sont liées à la reconnaissance des certificats. Les marchandises turques produites dans le respect des spécifications européennes peuvent rencontrer des obstacles à l’exportation car leur certificat n’est pas reconnu par la Communauté. Il en va de même pour les exportations de l’UE vers la Turquie, étant donné que les autorités turques peuvent ne pas reconnaître les procédures appliquées dans l’UE et requérir des tests et des contrôles supplémentaires. Le deuxième type d’obstacle est l’utilisation de règlements techniques et des normes en vigueur. Les États membres de l’UE utilisent très souvent les normes et les règlements techniques comme moyen pour protéger leurs marchés domestiques de la concurrence extérieure en désavantageant les fournisseurs turcs, surtout concernant les produits agricoles transformés et autres. Ces problèmes, causés par les OTC3, nécessitent des efforts de coopération pour éliminer leurs effets négatifs sur les flux commerciaux. Il est également vrai que la suppression réussie des OTC varie en fonction des secteurs. Le facteur le plus important pour la suppression des OTC en Turquie est sa structure institutionnelle. La libéralisation accrue nécessite un changement de son cadre institutionnel, à savoir des changements de normes, de règlements techniques et de procédures d’évaluation de la conformité. La Turquie fait un effort considérable pour supprimer les obstacles techniques au commerce. Par exemple, l’accord de 1995 sur les OTC conclu entre la Turquie et l’OMC a été mis en œuvre dans une large mesure. Comme l’affirment Ülgen et Zahariadis (2004), des problèmes proviennent de la configuration institutionnelle de l’institut turc de normalisation (TSE) géré par l’État. Les progrès et les perspectives dans le domaine de la normalisation sont évalués par le TSE4 et par l’agence turque d’accréditation (TURKAK). Les principaux problèmes de la normalisation turque semblent survenir des niveaux relativement faibles de transparence et d’ouverture du système. Il semble que ce processus soit long et coûteux. Les recommandations politiques suivantes peuvent être faites pour améliorer les choses. Du côté turc, la transparence du système de normalisation et d’évaluation de la conformité peut être améliorée. La capacité technique et l’infrastructure, en particulier les domaines critiques de l’évaluation de la conformité, notamment la métrologie et la calibration, de la certification de la qualité et des tests en laboratoire peuvent être améliorés. Pour renforcer la réputation et promouvoir la reconnaissance de l’équivalence, la participation aux initiatives européennes et internationales devrait se poursuivre. La Turquie a fait des progrès vers l’interconnectivité informatique avec les systèmes européens, et les projets de développement du nouveau système de transit informatisé et de systèmes liés aux tarifs sont en cours. La Turquie continue d’accroître son niveau d’automatisation de l’administration des douanes. Le dédouanement 3 La définition des OCT figure dans l’accord sur les obstacles techniques au commerce de l’OMC. 4 Certificat de qualité conforme (TSEK) produit par le TSE. 10 DV\812863FR.doc FR
Relations commerciales et économiques avec la Turquie électronique est devenu la norme, mais des améliorations sont possibles, surtout en ce qui concerne la réalisation d’audits a posteriori. 2.4 La négociation d’ALE entre l’UE et des pays tiers a une influence directe sur la Turquie au travers de l’union douanière L’effet statique de l’UD pour le commerce est double; il consiste en la création d’échanges et en la réorientation des échanges. Si l’augmentation des échanges grâce à l’intégration provoque un déplacement des échanges du producteur à coût élevé au producteur à faible coût, l’effet obtenu est la création d’échanges. On parle également de «création d’échanges extérieurs». Autre solution, la création d’échanges consiste en un remplacement de la production domestique par le commerce ou en des échanges additionnels nés d’une augmentation de la consommation. La création d’échanges renforce la prospérité, étant donné que la production locale à coûts plus élevés est remplacée par des importations moins coûteuses provenant de pays partenaires. La substitution du commerce avec des pays non partenaires par le commerce avec des pays partenaires est appelée réorientation des échanges. Elle est le résultat d’une suppression des tarifs, des quotas et des barrières non tarifaires (BNT). La réorientation des échanges réduit la prospérité, étant donné que les importations à faible coût (soumises à des droits douaniers de pays tiers) sont remplacées par des importations à coût plus élevé, des importations provenant de pays partenaires et soumises à aucun droit douanier. La question du tiers se pose lorsque l’UE conclut des ALE avec des pays tiers en l’absence de la Turquie dans son organe de décision. La plupart des économistes turcs pensent que ce volet de l’union douanière nuit à la Turquie. En conséquence, elle affiche un déficit commercial croissant, qui encourage les eurosceptiques et les opposants à l’union douanière en Turquie. Les statistiques semblent également confirmer leurs arguments. Il est exact que depuis 1996, date du début de l’UD, le déficit augmente fortement. Ils affirment en outre qu’«il n’est peut-être pas étonnant que l’union douanière se soit avérée extrêmement dommageable pour la balance commerciale de la Turquie. Celle-ci était destinée à être le perdant net, puisque c’est principalement elle qui supportait les droits supplémentaires visés par l’union douanière». DV\812863FR.doc 11 FR
Département thématique, DG Politiques externes Graphique 1:échanges entre la Turquie et l’UE après l’UD, en millions d’euros* 120000 100000 80000 Exportations de l’UE vers la TR EUR 60000 Importations de l’UE en provenance de TR 40000 20000 0 1 3 5 7 9 11 13 15 Années 1995-2009 Source: sous-secrétariat du Premier ministre au commerce extérieur de Turquie. * Parité USD/EUR à 1,35 L’analyse des échanges entre la Turquie et l’UE après l’UD peut fournir des éclaircissements sur la question des profits commerciaux. Même si le volume des échanges a augmenté, la croissance des exportations a été bien plus faible que la croissance des importations. Le graphique 1 illustre les échanges entre la Turquie et l’UE entre la conclusion de l’accord sur l’UD et 2009. Les effets de l’UD ne se limitent pas à des impacts statiques à court terme, les impacts dynamiques et à plus long terme étant plus importants. Cette situation est confirmée par le graphique 2. En effet, le volume des échanges de la Turquie a fortement augmenté après l’obtention de son statut de candidat en 2005, et pas juste après l’accord sur l’UD de 1995. 12 DV\812863FR.doc FR
Relations commerciales et économiques avec la Turquie Graphique 2: commerce extérieur total en Turquie de 1990 à 2009 (000 EUR*) Commerce extérieur total de la Turquie (000 EUR) 300000000 250000000 200000000 Importations EUR 150000000 Exportations 100000000 50000000 0 1990199219941996199820002002200420062008 Année Source: Institut turc de statistique. * Parité USD/EUR à 1,35 En raison des accords avec des tiers, la question des effets de l’UD en est réduite aux résultats des études empiriques. Comme indiqué dans Ülgen, S. et Zahariadis, Y. (2004), les données disponibles sur les relations UE-Turquie suggèrent la création d’un nombre considérable d’emplois, mais une faible réorientation des échanges. Comme indiqué plus bas, la forte hausse des échanges bilatéraux ne s’est pas faite aux dépens du commerce avec le reste du monde car la part de l’UE dans les exportations turques est restée relativement constante. Le renforcement des échanges bilatéraux s’est donc accompagné d’une croissance globale des échanges plus forte (pour la Turquie). Cette combinaison se traduit en des profits importants pour la Turquie. En général, toutes les études empiriques s’accordent à dire qu’il y a un effet accru de création d’échanges sur les produits industriels. Toutefois, les secteurs agricoles turcs ont souffert d’un effet de réorientation des échanges. Karakaya et Ozgen (2002) examinent l’effet statique de la création d’échanges et de la réorientation des échanges à l’aide de l’indice de l’avantage comparatif révélé (ACR). Cet indice montre que les structures d’exportation sont fortement différentes entre la Turquie et l’UE. Leurs résultats indiquent une création d’échanges intra-régionaux en ce qui concerne certains domaines tels que l’agriculture, l’alimentation, les boissons et le tabac, les textiles, les produits du papier, les produits chimiques, les non-métaux, les métaux de base et l’industrie du métal. Adam et Moutos (2005) affirment que les principaux bénéficiaires de l’UD UE-Turquie (principalement, mais pas uniquement, les propriétaires d’entreprises du Nord de l’UE) ont déjà récolté la plupart de leurs bénéfices grâce à l’accès préférentiel au marché turc conféré à leurs produits par l’UD. Les résultats économétriques montrent que contrairement aux exportations des pays «du Nord» vers les autres pays de l’UE-15, les exportations des pays du Sud vers DV\812863FR.doc 13 FR
Département thématique, DG Politiques externes les autres pays de l’UE-15 ont diminué à la suite de l’UD UE-Turquie. De plus, la pénétration accrue des pays européens sur le marché turc n’a pas été plus favorable aux pays du Sud. Les annexes 1.6 et 7 décrivent les flux commerciaux sectoriels entre l’UE et la Turquie. Globalement, le volume des échanges a augmenté, mais la part sectorielle du commerce a changé à la suite des accords entre la Turquie et l’UE sur l’UD. L’UE importe aujourd’hui davantage d’automobiles en provenance de Turquie qu’il y a dix ans, mais la part des produits agricoles et des vêtements textiles a diminué. D’après les ressources de l’office turc des affaires étrangères: «Après l’union douanière, la part de la Turquie dans les importations de la CE provenant de pays tiers a augmenté substantiellement dans les secteurs comme l’industrie automobile, les machines et les équipements électriques, le fer et l’acier. À cet égard, entre 1995 et 2008, cette part a augmenté de 964 % dans les secteurs de l’industrie automobile, des machines et des équipements électriques, alors qu’une hausse de 156 % a été constatée dans le domaine des importations de fer et d’acier. Après l’union douanière, la part des biens intermédiaires et d’investissement par rapport aux importations totales provenant de la CE a diminué, tandis que la part des biens de consommation a fortement augmenté. Toutefois, les importations de biens intermédiaires provenant de pays tiers ont augmenté à un taux plus élevé que les importations de ces mêmes biens provenant de la CE. Entre 1995 et 2008, les importations de biens intermédiaires provenant de la CE ont augmenté de 360 %, tandis que la hausse des importations de biens intermédiaires provenant de pays tiers a atteint 505 %. La baisse des taux de protection appliqués auparavant pour les pays tiers avec l’alignement de la Turquie sur le tarif douanier commun de la CE et l’exemption des droits douaniers prévu par le régime de perfectionnement actif pour soutenir les fabricants exportateurs a eu une influence sur l’émergence d’un tel développement». L’UE dispose d’un grand nombre d’accords commerciaux régionaux et encourage la Turquie à suivre son exemple. Le cadre 1 ci-dessous dresse la liste des pays concernés pour la Turquie et l’UE. Cadre 1: accords commerciaux de l’UE et de la Turquie. (ASA: accord de stabilisation et d’association; AI: accord intérimaire; AA: accord d’association; AC: accord de coopération; APE: accord de partenariat économique; ACD: accord de commerce et de développement; APEI: accord de partenariat économique intérimaire; EEE: espace économique européen; ACP: accord de coordination politique) Pays engagés dans un accord de libre-échange avec la Turquie: outre l’union douanière avec l’UE, la Turquie a signé des accords de libre-échange avec l’AELE (1992), Israël (1997), la Macédoine (2000), la Croatie (2003), la Bosnie-et-Herzégovine (2003), la Tunisie (2005), la Palestine (2005), le Maroc (2006), la Syrie (2007), l’Égypte (2007), la Géorgie (2008) et l’Albanie(2008). Elle a également conclu des ALE avec le Monténégro, la Serbie, le Chili et la Jordanie, qui sont en attente d’approbation. Pays engagés dans des accords de commerce régional avec l’UE-27 (au titre de l’article XXIV du GATT): Andorre (UD), Turquie (UD), Saint-Marin (UD), Îles Féroé (ALE), Norvège(ALE), Islande (ALE), Suisse (ALE), ARYM (ASA), Croatie (ASA), Albanie (ASA), Monténégro (ASA), Bosnie-et-Herzégovine (ASA), Serbie, (AI), Algérie (AA), Égypte (AA), Israël (AA), 14 DV\812863FR.doc FR
Relations commerciales et économiques avec la Turquie Jordanie (AA), Liban (AI), Maroc (AA), Autorité palestinienne (AA), Syrie (CA), Tunisie (AA), PTOM II (AA), Chili (AA), Mexique (APE, AC), Afrique du Sud (ACD, AC), États du Cariforum (APE), Côte d’Ivoire (APEI), Cameroun (APEI). Accords notifiés au titre de l’article V de l’AGCS: Islande (EEE), Liechtenstein (EEE), Norvège (EEE), Chili (AA), Mexique (APE, ACP), États du Cariforum (APE), ARYM (ASA), Croatie (ASA), Albanie (ASA). APE en préparation: pays CAE (APEI), pays AOA (APEI), pays du Pacifique (APEI), pays CDAA (APEI), Afrique de l’Ouest-Ghana (APEI) Source: http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2006/december/tradoc_111588.pdf Avec ces accords commerciaux, les types et les quantités de marchandises échangées sont modifiés. Pour avoir une meilleure vision analytique, la théorie des avantages comparatifs doit être revue. Les théories commerciales conventionnelles affirment que le commerce international a lieu principalement parce que les pays ont des avantages comparatifs à produire des biens et services particuliers. Ces avantages comparatifs ne sont pas directement observables. Toutefois, on peut utiliser des données sur les schémas commerciaux réels pour mesurer lesdits avantages comparatifs révélés (ACR). Ceux-ci indiquent les secteurs et les marchés où les exportations provenant d’un certain pays sont plus (ou moins) compétitives par rapport aux autres partenaires commerciaux présents sur un marché de destination donné. Utkulu et Seymen (2004) ont calculé les ACR de la Turquie avant et après l’UD (1990-2003). Selon eux, certains biens perdent leur avantage comparatif par rapport à l’UE. Leurs résultats sont décrits en partie au cadre 2. Cadre 2: avantages comparatifs révélés, Turquie. i) Secteurs présentant des avantages comparatifs (ACR): • légumes et fruits (05), • sucre, préparations à base de sucre, miel (06), • tabac (12), • graines et fruits oléagineux (22), • produits en caoutchouc (62), • fils textiles, tissus et produits connexes (65), • vêtements et accessoires (84). ii) Secteurs présentant des désavantages comparatifs (DCR): • aliments pour animaux (08), • peaux brutes (21), • caoutchouc brut (23), • liège et bois (24), • pâteà papier et papier usagé (25), • charbon, coke et briquettes (32), • produits chimiques organiques (51), • matériaux de tannerie et de teinture (53), DV\812863FR.doc 15 FR
Département thématique, DG Politiques externes • produits médicinaux et pharmaceutiques (54), • huiles essentielles, parfums, cosmétiques (55), • engrais (56), • plastique sous forme primaire (57), • plastique sous forme non primaire (58), • objets en cuir, peaux apprêtées, peaux (61), • papier, carton et articles dans ces matières (64), • objets de métal (69), • machines et équipements de production d’électricité (71), • machines spécialisées pour des usages particuliers (72), • machines de travail du métal (73), • machines et équipements de l’industrie générale (74), • machines de bureau et ordinateurs (75), • télécommunications, son, TV, vidéo (76), • machines électriques (77), • véhicules routiers (78), • autreséquipements de transport (79), • instruments et appareils professionnels, scientifiques et de contrôle (87), • appareils photographiques et optiques, montres (88), • divers articles manufacturés (89). Source: Utkulu et Seymen (2004) Leurs ACR mesurent les exportations d’un bien par la Turquie par rapport à ses exportations totales et aux exportations correspondantes de l’UE. Dans leur étude, les indices utilisés sont hybrides en ce sens que l’ensemble de pays (n) est limité à l’UE tandis que l’ensemble des biens (t) renvoie à l’ensemble des échanges. Dans le cadre 2, les chiffres indiquent la force de l’avantage ou du désavantage comparatif. Plus le nombre est élevé, plus l’ACR ou le DCR est élevé. Lorsque l’on examine les échanges à un niveau plus désagrégé, il apparaît que la Turquie est déjà compétitive sur le marché européen pour ce qui est des textiles, des vêtements, de l’habillement, des chaussures et des objets en cuir. Le tableau des exportations de la Turquie ventilées par secteur confirme cette constatation. La ventilation sectorielle des importations de la Turquie en provenance de l’UE confirme que l’UE exporte principalement vers la Turquie des produits industriels, du fer, de l’acier, des machines et des dispositifs électroniques. Même si la création d’échanges est plus grande que la réorientation des échanges dans le cadre de l’accord UE-Turquie pour une UD, les biens échangés et l’analyse ACR montrent que la création d’échanges devrait être plus élevée. Toutefois, les accords avec les pays tiers, et plus particulièrement les tarifs extérieurs communs, pourraient être la cause de la réorientation des échanges dans cette UD. Dans toute proposition politique, surtout concernant les accords de l’UE avec des tiers, il faut que la Turquie participe à la décision. 16 DV\812863FR.doc FR
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