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Nº 3 / 2020 Repenser la mobilité Le magazine pour « lire et agir » En route vers l’avenir a t i o n a l es Multipnonsablest ! r e s maintenan UI votez O Initiative – L’heure de Aide d’urgence face au vérité a sonné Covid-19 Page 3 Page 6
Éditorial Contenu 2 Initiative Multinationales 4 Les raisons de voter OUI ! Chère lectrice, Cher lecteur, Gestion des crises 6 La confiance, gage de En Suisse, le trafic routier est à l’origine de 32 % des émissions réussite de CO2 et constitue ainsi un gros obstacle à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. Prendre nos responsabilités Vue du Sud 8 « L’agroécologie nous guide implique de revoir notre approche de la mobilité. sur la bonne voie » La qualité des transports publics en Suisse fait qu’il est re En transition lativement facile de se passer de véhicule privé, chose moins 9 Aider les paroisses à se mettre au vert évidente dans les pays de nos partenaires au Sud. Ici comme là-bas, la réduction des distances parcourues pour se rendre au Dossier travail améliore la qualité de vie et préserve le climat. 10 La mobilité de demain 12 Le coût social de la mobilité La substitution des véhicules à essence par des automo- électrique biles électriques dépend de la production de batteries au 15 Fabricants sous la loupe lithium-ion – les accumulateurs les plus couramment utilisés – qui contiennent des minerais dont l’extraction présente des risques sociaux et écologiques considérables. C’est là un des revers de la mobilité électrique : le secteur t i o n a l e s Multipnaonsablest ! minier enregistre un grand nombre de plaintes pour violations des droits humains. r e s aintenan UI m Il est indispensable de légiférer pour mettre un terme à ces abus. votez O Pour cette raison, le 29 novembre, glissons dans l’urne un OUI convaincu « pour des multinationales responsables » afin de protéger les droits humains et l’environnement. Page de titre : © Stuart Freedman/Panos Pictures. Photo : Patrik Kummer Impressum Publication Pain pour le prochain, 2020 Bernard DuPasquier Rédactrice en chef Pascale Schnyder (pst) Rédaction Daniel Tillmanns (dt), Directeur de Pain pour le prochain Lorenz Kummer (lk) Gabriela Neuhaus (gn) Michel Maxime Egger (mme) Karin Mader (km) Mise en page et réalisation Crafft, Zurich Travail sur les photos Schellenberg Druck AG Impression Druckerei Kyburz AG Tirages 30 481 DE / 8 267 FR Paraît quatre fois par an Prix CHF 5.– par donateur / donatrice sont utilisés pour l’abonnement Contact Pain pour le prochain ppp@bfa-ppp.ch, 021 614 77 17 Perspectives 3 / 2020
Initiative multinationales responsables 3 siennes les principales revendications des Na- tions Unies en matière d’obligation de dili- gence et l’Union européenne a décidé au prin- temps 2021, au beau milieu de la pandémie, de mettre en consultation une loi créant une obli- gation de diligence pour les entreprises et des mécanismes de sanction. En Grande-Bretagne, au Canada et aux Pays-Bas, les personnes lé- sées peuvent aujourd’hui déjà saisir la justice pour obtenir réparation. Une initiative largement soutenue La décision décevante du Parlement, à mettre en premier lieu sur le compte du lobbying acharné mené par les grandes fédérations éco- nomiques, contraste avec le vaste appui que la population accorde à notre initiative. Ainsi, plus de 160 politicien·ne·s du PBD, du PDC, du PEV, du PLR, des Vert’libéraux et de l’UDC ont formé un comité bourgeois pour lui donner leurs suffrages. Un autre comité, « Économie pour des entreprises responsables », regroupe des représentant·e·s de pratiquement toutes les branches économiques de notre pays et compte Le 29 novembre, la Suisse votera sur l’initiative pour des multinationales responsables. Depuis des encore plus de membres. Dans les milieux mois, des milliers de drapeaux font la promotion du OUI. d’Église, l’initiative dispose déjà d’un soutien si vaste que les évêques et l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS) se sont eux aussi po- L’heure de vérité sitionnés en sa faveur. Selon un sondage réalisé en avril 2020, 78 % des électeurs et électrices indiquaient soutenir l’initiative, soit 11 % de plus qu’en février 2019. a sonné L’initiative a donc toutes les chances de passer la rampe. « Je me réjouis de commencer la campagne de votation, car nous pourrons présenter une fois de plus les enjeux de l’initia- tive », indique Chantal Peyer, qui ajoute que ce sera en effet l’occasion d’amorcer un débat sur Le Parlement s’est longtemps évertué à formuler un le modèle économique vers lequel nous vou- contre-projet acceptable à l’initiative, en vain. La variante lons nous diriger. « L’initiative ne demande qu’une chose qui devrait aller de soi : que les édulcorée du lobby des entreprises s’étant imposée, c’est entreprises réparent les atteintes qu’elles le peuple qui tranchera fin novembre. portent aux droits humains et à l’environne- ment. » — Pascale Schnyder Tous les arguments sur : Le grand jour est pour tout bientôt : après trois insuffisant. « Les Chambres ont vidé l’initiative www.ppp.ch/multinationales ans de débats politiques animés, l’initiative de sa substance, et leur projet n’empêchera au- pour des multinationales responsables passera cune atteinte aux droits humains ou à l’envi- enfin devant le peuple. En effet, le contre-pro- ronnement », déplore Chantal Peyer, cheffe jet indirect adopté par les Chambres fédérales d’équipe Entreprises et droits humains chez le 4 juin n’est qu’une pirouette, car il exige sim- Pain pour le prochain. plement des multinationales qu’elles rendent Photo : mises à disposition compte des problèmes liés aux droits humains La Suisse de nouveau lanterne rouge et à l’environnement, sans les tenir respon- Avec la décision prise sous la Coupole fédérale, sables de tout abus qu’elles commettraient. la Suisse se retrouve une fois de plus à la traîne Pour les promoteurs de l’initiative, dont fait des événements internationaux. Ainsi, la partie Pain pour le prochain, c’est largement France a adopté en 2017 déjà une loi qui fait Perspectives 3 / 2020
Initiative – Votation 4 Glencore (RDC) Les raisons En février 2019, un déversement d’acide très toxique, destiné à une filiale de Glencore, s’est produit aux abords de Kolwezi à la suite d’un accident. Vingt et une de voter personnes ont perdu la vie, huit autres ont été grave- ment brûlées. Un nouvel accident s’est produit peu de temps après sur la concession de KCC, autre filiale de Glencore, avec un bilan d’au moins 30 morts et de nombreux blessés. Le rapport de durabilité 2019 de Glencore passe ces deux tragédies sous silence, OUI ! précisant qu’aucune grave atteinte aux droits hu- mains n’a entaché les activités extractives du groupe aux quatre coins du globe. Cet écart entre les belles paroles couchées sur les brochures en papier glacé de Glencore et la réalité n’est pas un fait isolé. Depuis dix ans, Pain pour le prochain recense et analyse des abus de ce genre, en collaboration avec ses parte- naires locaux, et aide les victimes à faire valoir leurs droits. Pollution de rivières et de champs, conflit latent entre le groupe et les mineurs artisanaux locaux, agressions par le personnel de sécurité de Glencore ou encore nuages de poussière soulevés par les camions qui font littéralement suffoquer les riverains des routes. Les atteintes sont aussi nombreuses que variées. Toutes les assurances formulées publique- ment par Glencore – le groupe s’engage à respecter les droits humains et les normes environnementales – ne sont que du vent. Sans obligation de diligence ni mécanismes de sanction, comme le demande l’initia- tive pour des multinationales responsables, ce n’est pas demain que les victimes verront enfin leurs droits respectés. « Aucune entreprise ne devrait réa- liser de bénéfices au détriment des personnes et de l’environnement. » : mises à disposition, Meinrad Schade Samuel Schweizer, Ernst Schweizer AG « Les entreprises doivent être responsables, car nous sommes tous responsables de la Création. » Fotos: XXY Photos Gabriela Allemann, présidente des Femmes protestantes en Suisse Perspectives 3 / 2020
Rubrik – Votation Initiative 5 Socfin, Libéria Le groupe agro-industriel luxembourgeois Socfin et ses filiales suisses Sogescol et Socfinco sont des fleurons du secteur du caoutchouc qui permet de réaliser de juteux bénéfices, car la demande ne cesse de croître pour ce produit naturel entrant notamment dans la composition de pneus, de sangles et de colles. Ces affaires florissantes contrastent avec la tragédie que vit la population du Libéria en raison de l’expansion effrénée des plantations. Lors d’une étude consacrée à Socfin, Pain pour le prochain a notamment recensé des atteintes aux droits fonciers, des déplacements de population et des actes de violence. Les habitant·e·s d’au moins 24 villages ont été dépouillés des terres dont ils sont propriétaires en vertu du droit coutumier, certain·e·s ayant même été délogés manu militari. Par ailleurs, les plantations t i o n a l e s ont détruit des cimetières, des bois sacrés ainsi que des systèmes d’alimentation en eau et les villageois·e·s sont nombreux à se plaindre que les pesticides des i n a Mult ponsabtl!es resvotez maintenan plantations polluent leurs sources d’eau. Dans les plantations, les intimidations et les actes de violence sont à l’ordre du jour. Les femmes, notam- ment, dénoncent les violences sexuelles que com- mettent les sous-traitants et certains membres du personnel de sécurité sur les plantations. Selon les Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits humains, il incombe à Soges- col et à Socfinco de prévenir toute atteinte aux droits humains liée à leurs activités, mais cette affaire montre bien que les droits de la population locale ne sont pas suffisamment garantis par un régime non contraignant qui ne prévoit pas de mécanisme de plainte. « Si nous pouvons poursuivre une entreprise dans le pays où elle a son siège, les multi nationales modifieront leurs pratiques et la prévention des atteintes aux droits humains « De mon point de vue, il est clair aura fait un grand pas en avant. » que la liberté et la responsabilité Sœur Nathalie, avocate et religieuse en République Fotos: XXY entrepreneuriales vont de pair » démocratique du Congo Peter Arbenz, ancien conseiller municipal de Winterthur PLR Perspectives 3 / 2020
Gestion des crises 6 La confiance, « Nous sommes comme une grande famille, nous ne pouvons laisser tomber maintenant nos tisserand·e·s », a déclaré Tanveer Jahan, la responsable de Label STEP au Pakistan en avril 2020, au moment où la pandémie de Covid-19 gage de réussite alarmait et paralysait le monde entier. La demande de tapis s’est effondrée en raison du confinement, de sorte que de nombreux noueurs et noueuses se sont retrouvés du jour au lendemain sans emploi et, par conséquent, sans revenus. « Auparavant, ils vivaient déjà L’ancrage local des organisations partenaires dans des conditions précaires et touchaient un salaire si modique qu’ils ne pouvaient pas de Pain pour le prochain a permis une aide mettre de l’argent de côté », a-t-elle ajouté. Au- rapide et efficace lors de la crise de Covid-19. tant dire que les noueurs et noueuses dé- pendent désormais de la solidarité de l’en- semble de la branche et de toute la société. L’organisation Label STEP, qui a son siège en Suisse, œuvre depuis un quart de siècle à l’amélioration des conditions de travail et de vie dans le secteur du tapis, en luttant notam- ment pour abolir le travail des enfants et pour garantir des salaires décents. Au fil de ces an- nées d’engagement, STEP a tissé un réseau d’organisations locales, même dans les contrées les plus éloignées. Connaissant par- faitement la réalité locale, ses collaborateurs et collaboratrices savaient parfaitement quelles familles avaient besoin d’une aide d’urgence durant la crise de Covid-19. Pour garantir une aide à la fois rapide et efficace, Label STEP a lancé un fonds d’ur- gence coronavirus, auquel Pain pour le pro- chain a versé 50 000 francs. De mars à juin 2020, l’organisation est ainsi venue en aide à quelque 3000 familles parmi les plus touchées d’Inde, du Pakistan, du Népal, d’Afghanistan et d’Iran en leur fournissant denrées alimen- taires et matériel de prévention. Souplesse et pragmatisme au service des plus démunis Les tisserand·e·s de STEP n’ont pas été les seules personnes en situation précaire, mena- cées d’exclusion sociale et de faim, à bénéficier de l’aide d’urgence fournie par des partenaires de Pain pour le prochain. L’organisation COFERSA au Mali a pu dispenser un soutien à des villageoises qu’elle accompagne depuis des années. Et elle a fait d’une pierre deux coups : elle a acheté à de nombreuses pay- sannes les aliments agroécologiques qu’elles En Afghanistan, des employés de Label STEP ont distribué des colis n’ont pu écouler en raison de la fermeture des alimentaires à des tisserand·e·s dans le besoin lors de la crise de marchés – leur procurant ainsi un revenu – et Covid-19 au printemps 2020. a fourni des aliments sains à des familles dans le besoin. Au Cameroun, RADD a distribué des kits (constitués de masques, de savons et de bidons d’eau), afin que les bénéficiaires Perspectives 3 / 2020
Gestion des crises 7 Au Népal, Label STEP a soutenu des noueuses de tapis au chômage. En raison du confinement, elles ne pouvaient pas rentrer dans leurs villages. puissent respecter les consignes d’hygiène. chômage partiel comme en Suisse reste un « Un geste très apprécié par ces femmes qui rêve inaccessible. Afin d’atténuer les consé- sont normalement laissées pour compte », ex- quences des futures crises, Label STEP a ren- plique Marie Crescence Ngobo, la directrice du forcé au Pakistan son engagement en faveur de RADD à l’origine de cette action. En Indonésie, l’amélioration des conditions de travail et, en notre partenaire Walhi a opéré un volte-face particulier, de la création d’un fonds d’urgence spectaculaire. Après avoir annulé, comme par- pour les noueurs et noueuses alimenté par tout, l’ensemble des formations et des ateliers, l’État et par les employeurs. Pour Tanveer cette organisation de défense de l’environne- Jahan, cette crise a clairement montré l’impor- ment s’est reconvertie en prestataire d’aide tance de la lutte pour des salaires équitables et d’urgence et a distribué des équipements de pour de bonnes conditions de travail. La coor- protection partout là où la propagation de dinatrice de STEP conclut par une métaphore Covid-19 les rendait nécessaires. empruntée à la branche : « Pendant trop long- temps, nous avons bien trop balayé sous le ta- L’importance capitale des salaires équi- pis. Il est désormais temps de le soulever ! » tables — Gabriela Neuhaus « Les besoins sont énormes », déclare Tanveer Jahan. Elle précise que les tisserand·e·s sont totalement démunis, car ils reçoivent des sa- Photos : Label STEP laires si misérables qu’ils ne peuvent pas Votre don contribue à renforcer Lire et et à protéger les personnes lors mettre d’argent de côté en prévision des crises Agir de situations d’urgence. comme celle de Covid-19. Bénéficier d’une as- CCP 10-26487-1 surance-chômage et d’indemnités en cas de Perspectives 3 / 2020
Vue du Sud 8 1/3 Octavio Sanchez est directeur de l’organisation hondurienne Anafae, partenaire de Pain pour le prochain. de la population du « L’agroécologie nous guide sur Honduras a moins de 15 ans la bonne voie » Selon toute probabilité, le coronavirus est ar- rivé au Honduras de Suisse et d’Espagne : début mars 2020, deux femmes en provenance d’Eu- rope ont été testées positives. Le 16 mars, le gouvernement décrétait l’état d’exception, qui a aggravé la militarisation du pays et les at- Au début, nous étions aussi gagnés par l’in- quiétude à Anafae – chacune et chacun chez soi –, mais nous avons rapidement repris nos activités grâce à nos réseaux. Nous avons ainsi lancé une campagne médiatique intitulée « Nous nous protégeons afin de continuer à 5,5 millions de dollars teintes aux droits humains. Nous ne pouvions produire des aliments sains. » Nous voulons US ont été envoyés quitter notre domicile pour faire des achats que les gens cessent d’avoir peur et que les pay- par les migrants qu’une fois toutes les deux semaines. san·ne·s obtiennent la reconnaissance qu’ils Le gouvernement disposait d’environ méritent. N’est-ce pas eux qui fournissent les honduriens à leur quatre milliards de dollars pour gérer la crise, aliments de base à toute la population ? famille apportés notamment par la Banque mondiale. Nous produisons aussi du matériel d’infor- Personne ne sait au juste à quoi cet argent a été mation sur les mesures de protection et de pré- 62 % utilisé, la corruption étant omniprésente au vention nécessaires, à l’intention en particulier Honduras. Une partie a été versée à de grands des petits producteurs, des dispensaires, des propriétaires et à des entreprises d’exportation communautés et des écoles en zones rurales. de produits agricoles, à qui l’État a attribué par Par l’entremise de nos organisations membres, décret des terres communautaires afin qu’ils nous venons également en aide aux familles qui produisent des aliments. Or, ce sont surtout les n’ont plus les moyens d’acheter de l’huile, du familles paysannes qui nourrissent le pays, ce riz, du savon et d’autres articles d’hygiène. qui n’empêche pas le gouvernement de les Par rapport aux citadin·e·s, les familles de la population ignorer. À cause du décret, les communautés paysannes qui possèdent une parcelle s’en hondurienne, qui rurales risquent de devoir céder encore davan- sortent relativement bien. La crise nous montre tage de terres à l’agro-industrie. clairement que l’approche de l’agroécologie compte quelque En dépit de la flambée persistante du nombre de personnes infectées, les entreprises nous guide sur la bonne voie : quiconque pro- duit du maïs, des haricots, des fruits et des lé- 9,5 millions de per- ont repris leurs activités à partir de la mi-juin. gumes et élève quelques animaux de basse- sonnes, vivaient Ce sont surtout les maquilas qui ont exercé de cour ne connaît pas la faim. fortes pressions. Ces zones franches produisent La pandémie montre toute l’importance de déjà dans la pauv des articles textiles et des pièces de rechange la lutte pour le droit à la terre et aux semences reté avant la crise automobiles pour le marché américain. La si- et de la promotion des marchés locaux et des tuation est dramatique à Tegucigalpa et à San liens communautaires, une façon de garantir de Covid-19 Pedro Sula, les deux principaux centres ur- une existence digne en dehors du système ca- bains : à la pénurie d’aliments s’ajoutent les dé- pitaliste déprédateur. Dès lors, Anafae conti- Photo : Tina Goethe cès des malades, faute d’oxygène et de lits dans nuera à défendre les droits humains et la sou- les hôpitaux. veraineté alimentaire. Perspectives 3 / 2020
En transition 9 Aider les paroisses à se mettre au vert EcoEglise propose un écodiagnostic, des outils et un réseau pour soutenir les communautés chrétiennes dans leur engagement écologique. Coq Vert Le système de management envi ronnemental « Coq Vert » aide les paroisses à améliorer leurs résultats en matière d’écologie. Il les aide à optimiser leur consommation de ressources, économise des frais de fonctionnement et comporte des effets durables et motivants au-delà des frontières de la paroisse. L’encyclique Laudato si’, dont on a fêté cette spirituelles comme les modes de vie, les célé- année le cinquième anniversaire, est devenue brations et la catéchèse ainsi que l’engagement Dans les paroisses qui ont obtenu une référence majeure pour la conscience éco- local et global (par exemple la solidarité Nord- le label Coq Vert, il y a un groupe logique chrétienne et bien au-delà. Elle a pro- Sud). Les paroisses qui souhaitent aller plus « environnement » actif qui s’investit dans un programme environne duit de nombreux fruits. Parmi eux, le label loin peuvent viser le label « Coq Vert » proposé mental. Les lignes directrices de la œcuménique « Église verte » en France, lancé par œco Église et environnement. Les deux ini- Création définissent les principes en 2017. « Une manière d’entretenir la flamme, tiatives sont complémentaires. essentiels pour vivre ensemble au de proposer un instrument pratique, d’encou- Le lancement d’EcoEglise est initié par sein de la paroisse en respectant rager les communautés chrétiennes à prendre œco Église et environnement (Oeku), A Rocha l’environnement. Des processus et soin de la création », déclarait début mai 2019 Suisse, StopPauvreté ainsi que Pain pour le pro- des compétences clairs offrent la Elena Lasida, professeure à l’Institut catho- chain et Action de Carême à travers le Labora- garantie que les questions environ lique de Paris, lors d’une rencontre interconfes- toire de transition intérieure. Pour Sophie de nementales seront traitées de sionnelle organisée par le Laboratoire de tran- Rivaz, qui représente ce dernier au sein du co- manière régulière et systématique. sition intérieure. mité de pilotage, « EcoEglise permet de belles Des informations complémentaires Depuis lors, l’idée a fait son chemin en synergies avec nos offres comme les conversa- ainsi que la liste des paroisses labellisées se trouvent sur : Suisse romande. Elle a débouché sur la création tions carbone, les ateliers d’écospiritualité www.oeku.ch de l’initiative EcoEglise qui vise à soutenir les ainsi qu’avec les prochaines campagnes œcu- paroisses, monastères et autres organisations méniques sur le climat. » d’Église dans leur engagement écologique et EcoEglise pourra bénéficier de l’expé- climatique. Sur la base d’un écodiagnostic, elle rience de ses grandes sœurs EcoChurch et nementale d propose une dynamique d’amélioration et de Église verte, qui rassemblent plus de 2000 com- n tion enviro an valorisation de leurs efforts en plusieurs étapes, munautés au Royaume-Uni et plus de 400 en s les église en leur offrant des ressources, une plateforme France. Le projet a déjà obtenu le soutien de la Internet et une mise en réseau. Conférence centrale catholique romaine de Pour reprendre les mots d’Elena Lasida, Suisse et de l’Église évangélique réformée du Logos : mis à disposition « le but n’est pas de classer les bons et les mau- canton de Vaud (EERV). Il sera lancé officielle- es vais élèves, mais d’offrir un outil pour accom- ment lors d’une grande célébration œcumé- s plir des petits pas ». Dans des domaines maté- nique sur le respect de la Création à la cathé- COQ VERT • G • riels comme la gestion des bâtiments et des drale de Lausanne, le 4 octobre à 18 h. terrains, mais aussi sur des dimensions plus — Michel Maxime Egger Perspectives 3 / 2020
Il est grand temps d’abandonner notre modèle de mobilité. Et pour cause, la croissance effrénée des transports provoquée par la mondialisation de l’économie nuit gravement au climat et à la qualité de vie, au Nord comme Sud. Pourtant, d’autres voies s’offrent à nous. La mobilité de demain Perspectives 3 / 2020
E n Suisse, la circulation routière génère 32 % des de toute urgence. Bien que les milieux scientifiques, poli- émissions totales de CO2 et représente donc de loin tiques et économiques œuvrent à l’abandon des moteurs à notre plus importante source de gaz à effet de serre. combustion classiques en faveur de sources d’énergie plus Notons que ces chiffres ne tiennent pas compte vertes dans le secteur routier, aérien et maritime et bien que du volume d’émissions provenant de l’aviation inter- des progrès soient probables dans ce domaine, les efforts nationale, lui aussi considérable. Selon les estimations déployés resteront insuffisants. Un véritable changement de du Forum international des transports (FIT), les émissions cap ne saurait en effet se baser sur une simple reconversion de CO2 imputables aux transports s’élèvent à trois tonnes vers de nouveaux modes de propulsion : il est tout aussi par personne et par an dans les pays qui, comme la Suisse, essentiel de mettre un terme à la croissance actuelle dans le combinent un fort développement de leurs infrastructures, secteur et de revoir notre approche de la mobilité. des liaisons avec le monde entier et une mobilité élevée. Dans l’hémisphère Sud, ces statistiques sont nettement plus Les enseignements tirés de la crise sanitaire faibles et se situent en moyenne à une demi-tonne par per- Au début de l’année 2020, l’immobilisation du trafic mondial sonne et par an. Cependant, la situation devrait radicalement décrétée à la suite de la pandémie de Covid-19 a entraîné changer au cours des prochaines années, car les nations un recul marqué des émissions de gaz à effet de serre liées aux émergentes s’emploient à combler leur retard. Ainsi, selon un transports. Ainsi, le 8 avril 2020, le trafic terrestre générait au scénario datant de 2017, le FIT escompte que les émissions total 7,5 millions de tonnes de CO2 de moins que les quantités de CO2 liées aux transports pourraient afficher une progres- mesurées à la même date l’année précédente, la baisse s’éle- sion allant jusqu’à 70 % d’ici 2050. vant à 1,7 million de tonnes pour la circulation aérienne, soit Photo : Adrian Moser Le transport motorisé, encore tributaire à 90 % des un recul de plus de 9 millions de tonnes pour l’ensemble du énergies fossiles, torpille donc les objectifs climatiques, la secteur des transports, et ce en un seul jour ! hausse continue des émissions dans le secteur étant en La mise à l’arrêt généralisée exigée par la pandémie a porte-à-faux avec les mesures de réduction qui s’imposent démontré qu’il est possible de réduire considérablement le Perspectives 3 / 2020
Dossier 12 trafic motorisé lorsqu’une situation urgente le fait apparaître comme nécessaire, mais aussi que les restrictions imposées ont des répercussions très positives : lorsque le trafic pendu- laire cesse, que les transports de marchandises sont limités à l’essentiel et que la circulation aérienne s’arrête, le stress, le bruit et les émissions de particules fines disparaissent. Par ailleurs, le nombre d’accidents de la circulation a reculé. En outre, au lieu de faire des heures de voiture pour découvrir des contrées éloignées, les habitant·e·s ont mis à profit leur temps libre pour explorer leur région à pied ou à vélo. Dans le même temps, la crise sanitaire a pointé du doigt les faiblesses de l’économie mondialisée, tributaire des flux internationaux. C’est le cas, notamment, lorsque des médica- ments et vêtements de protection essentiels font soudain cruellement défaut, car ils sont produits à l’autre bout de la planète. Les secteurs reposant sur les chaînes mondiales d’approvisionnement ainsi que les branches à vocation expor- tatrice se sont révélées particulièrement vulnérables. Tandis qu’en Afrique, par exemple, les producteurs de roses ne pouvaient plus exporter leurs marchandises vers l’Europe, en Asie, les fabricants de textile restaient avec leurs articles sur les bras. La crise mondiale des transports a menacé, et continue à menacer, des millions d’emplois, et ce partout sur la planète. Repenser la mobilité En revanche, les structures économiques et les structures d’approvisionnement à petite échelle ont joué un rôle pilier pendant la pandémie, et ce au Nord comme au Sud. La Le coût social de la crise mondiale a mis en lumière combien il est important, voire vital, que certains biens soient produits sur place, et non importés ni exportés. Afin de forger notre vision de la mobilité de demain, il est donc impératif que nous reva lorisions les cycles de production et les circuits économiques locaux et régionaux. Nous ne saurions accepter un simple retour à la normale, qui supposerait que toujours plus de biens et de personnes soient transportés à bas prix aux quatre coins de la planète. Si, au contraire, il n’est plus nécessaire de faire la navette tous les jours voire d’émigrer à l’étranger pour gagner sa vie, non seulement le trafic diminuera, mais en plus nous gagnerons en qualité de vie. Toutefois, pour Plus respectueux du climat, les pouvoir mettre en valeur l’échelon local, il faut également véhicules électriques sont gour- que nous revoyions totalement les priorités fixées en matière de mobilité. Parallèlement à la transition du transport mands en minerais. Les répercus- motorisé vers des modes de propulsion durables, notre pays sions humaines et environne- a besoin, notamment, de mesures qui mettent en avant la mobilité douce, à l’image de ce qu’il se passe à Milan, où mentales sont désastreuses. les autorités ont transformé 35 kilomètres de rues en voies cyclables et piétonnes. Un modèle à suivre pour d’autres « Les boues extraites de la mine, contenant des résidus de villes, ainsi que l’explique en substance l’ancienne respon- métaux toxiques, sont charriées par la pluie le long des sable des transports de la municipalité de New-York, Janette pentes et viennent contaminer nos terres et nos viviers », Sadik-Khan, au journal « The Guardian » : « Il s’agit d’une se désole Cecilia Cruz, employée d’une ONG philippine, occasion unique de jeter un regard neuf sur les rues et de et d’ajouter : « Non seulement les habitant·e·s des villages s’assurer qu’elles sont aptes à atteindre leurs missions, environnants ont dû laisser la place à la mine de nickel, c’est-à-dire permettre aux voitures de circuler le plus vite mais en plus ils n’ont même pas reçu les emplois promis, car possible du point A au point B, mais aussi à tous et à toutes l’entreprise préfère engager des travailleurs et des travail- de se déplacer en toute sécurité. » — Gabriela Neuhaus leuses journaliers en provenance de la ville voisine. » L’île philippine de Mindanao représente l’un des plus grands sites d’extraction du nickel au monde. Nonante pour cent du minerai est expédié en Chine, où il approvisionne l’indus- Perspectives 3 / 2020
Dossier 13 mobilité électrique trie sidérurgique et entre de plus en plus dans la fabrication atteintes environnementales et autres répercussions néga- de batteries pour véhicules électriques. Aux côtés du cobalt tives causées par les activités minières. La plupart des et du lithium, il s’agit de l’une des principales matières pre- plaintes pour violation des droits humains dans le monde mières utilisées dans la fabrication des batteries au lithium- concernent ainsi le secteur minier et portent, notamment, ion couramment employées dans les véhicules électriques. sur le déplacement de villages entiers à la suite de l’octroi de De 2010 à 2018, la demande pour ce type de produits a concessions minières, sur la destruction de surfaces agri- bondi de 30 % par an. Selon la plateforme Global Battery coles, sur la pollution de l’eau et sur les atteintes causées à Alliance, cette évolution s’explique par l’électrification des la sécurité et à la santé par les activités extractives. transports et le besoin croissant en accumulateurs pour les réseaux électriques. Et la progression se poursuit : la Atteintes à la santé, violences et travail des enfants Banque mondiale estime ainsi que la demande en matières Si le nickel est relativement abondant dans la nature, les gise- premières nécessaires à la production de batteries quadru ments exploitables de cobalt, en revanche, se concentrent plera, voire quintuplera de 2018 à 2050. Or, ces minerais sont en République démocratique du Congo. Ce métal représente généralement extraits dans des pays présentant un taux lui aussi un composant essentiel des batteries, la construc- de pauvreté élevé ainsi que des structures administratives et tion d’une voiture électrique pouvant en nécessiter jusqu’à dix politiques défaillantes. Alors que l’exploitation minière kilos. Toutefois, le cobalt a mauvaise presse, car le travail Photo : Meinrad Schade rapporte souvent de juteux bénéfices aux élites locales, la des enfants est monnaie courante dans les mines artisanales. population n’en profite pratiquement pas. De fait, les En RDC, 20 % du cobalt est extrait dans des mines de petite ouvriers employés dans les mines travaillent souvent dans taille. Il est rare que les voies d’accès et les galeries souter- des conditions misérables et dangereuses, tandis que les raines creusées à la main soient correctement étayées, si bien habitant·e·s des villes et villages voisins sont victimes des que les accidents dramatiques sont quotidiens. Perspectives 3 / 2020
Dossier 14 La corruption frappe fort également, et les recettes liées à l’extraction du cobalt finissent souvent dans les poches de quelques privilégiés plutôt que dans les caisses de l’État. Par ailleurs, les violences exercées par les agents de sécurité des grandes mines représentent un problème majeur, tout comme la pollution environnementale, dont les consé- quences sur la santé de la population locale sont désas- treuses. Le géant minier suisse Glencore défraie régulière- ment la chronique à ce sujet. Malgré ses richesses naturelles, la RDC est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Une grande partie de la population vit grâce aux revenus tirés des activités minières. Lorsque les entreprises extractives sont épinglées dans la presse et, en conséquence, se détournent de la petite extrac- tion sans assurer aux travailleurs et travailleuses d’autres moyens de subsistance, ceux-ci sont doublement victimes. La population locale frappée par une pénurie d’eau L’exploitation du lithium comporte elle aussi des dangers importants. « Mes parents possédaient un grand troupeau de lamas », se remémore Hugo Díaz, un habitant du plateau d’Atacama, au Chili. « Aujourd’hui, nous avons à peine assez d’eau pour boire et produire du fourrage pour l’hiver », poursuit-il. Le triangle du lithium, situé entre le Chili, l’Argentine et la Bolivie, abrite plus de 60 % des réserves mondiales connues en « or blanc ». Le lithium issu des déserts de sel d’Amérique latine est relativement bon marché, car il est obtenu par un processus d’évaporation naturel. On trouve ce métal dans la saumure présente dans le sous-sol des lacs d’altitude en fragile équilibre avec les réserves d’eau douce. Il faut environ deux millions de litres de cette solution saline pour produire une Production de lithium dans le désert chilien d’Atacama. tonne de lithium. Cette extraction provoque une baisse L’exploitation de cette matière première recherchée met en danger le fragile écosystème et les communautés locales. du niveau des eaux souterraines et menace les réserves d’eau douce nécessaires à la préservation des écosystèmes et à la population indigène, dont les droits sont régulièrement bafoués par les entreprises dans le cadre de leurs activités extractives et de leurs projets miniers. Un label de « batteries équitables » ? Il est de notoriété publique que l’approvisionnement en minerais pour la fabrication de batteries est source de problèmes. Créée en 2017 dans le cadre du Forum écono- mique mondial de Davos, l’initiative industrielle Global Battery Alliance (GBA) s’est fixé l’objectif ambitieux de mettre au point d’ici à 2022 un label de batteries équitables afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication des batteries, mais aussi de limiter les risques sociaux et écologiques considérables associés à l’extraction des matières premières. Dans sa vision à l’horizon 2030, Photo : Hemis / Alamy Stock Photo la GBA va même jusqu’à requérir la mise en place d’une chaîne de valeur responsable et équitable à l’échelle mon- diale. Jusqu’à présent, aucun acte concret n’a donné suite à ces déclarations d’intention. — Karin Mader Des extraits de ce texte ont été publiés dans l’Écomobiliste de l’ATE en mars 2020. Perspectives 3 / 2020
Dossier 15 Fabri- deux producteurs chinois BYD et CATL ferment la marche. Ce dernier surprend en particulier par son opacité. La traçabilité des chaînes d’approvi- sionnement est déficiente pour tous les fabricants cants : il n’est en effet pas possible de retracer l’origine des matières premières. Ils limitent ainsi l’applica- tion de l’obligation de diligence et de la traçabi- lité exigées aux « minerais du conflit » et au cobalt sous la provenant de la République démocratique du Congo, qui a mauvaise presse en raison des scandales liés au travail des enfants mineurs. Les rapports examinés restent pour l’essentiel muets sur d’autres minerais, tels que le lithium ou le loupe nickel, dont l’extraction occasionne pourtant aussi des problèmes sociaux et écologiques. En ce qui concerne la gestion environnementale, les entre- prises mettent l’accent sur les émissions de CO2, mais trois d’entre elles seulement ont aligné leurs objectifs sur les exigences de l’Accord de Paris. Il n’y a pas de mobilité propre sans batteries, mais Encourager le recyclage leur bilan écologique et social est-il lui aussi Pour traduire en faits concrets les Principes direc- propre ? C’est pour en avoir le cœur net que Pain teurs des Nations Unies et de l’OCDE et pour pour le prochain, Action de Carême et l’Associa- réduire les risques d’ordre social et écologique tion transports et environnement (ATE) ont réalisé posés par la production de batteries, il faut la première étude sur la politique commerciale davantage légiférer dans ce domaine. La stratégie des six plus grands fabricants de batteries pour de placements des investisseurs dans les tech véhicules électriques, soit CATL, numéro 1 du nologies « vertes » est elle aussi discutable si elle marché, Panasonic, Samsung SDI, LG Chem, SK ne tient pas compte de ces risques. De surcroît, Innovation et BYD. Les auteurs du rapport, qui ont il revient souvent moins cher d’extraire du minerai également pris sous leur loupe l’entreprise suisse que de recycler les batteries usagées et le retrai ABB, se sont fondés sur les données fournies tement des différentes matières premières conte- par les producteurs dans leurs rapports relatifs à nues dans les cellules au lithium-ion n’en est la durabilité et à leur responsabilité sociale pour qu’aux balbutiements. Pour promouvoir le recy- déterminer leurs pratiques, ainsi que celles de clage, il faut non seulement des mesures inci leurs sous-traitants et partenaires commerciaux. tatives, mais aussi des innovations techniques et, La production de batteries au lithium-ion leur corollaire, des investissements pour que les est complexe : la chaîne d’approvisionnement matières premières puissent être réinjectées dans du principal accumulateur d’énergie utilisé dans le circuit économique au lieu d’être toujours les voitures électriques comprend notamment extraites. La réutilisation de batteries parvenues les stades d’extraction, de raffinage et de fonte du en fin de cycle de vie comme systèmes fixes de lithium. En vertu des Principes directeurs des stockage d’énergie, dans des installations photo- Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits voltaïques par exemple, va dans le même sens. humains et des Principes directeurs de l’OCDE — Karin Mader pour les entreprises multinationales, le devoir de diligence des multinationales s’étend tout au long de cette chaîne de valeur. Si les derniers stades de production sont très fortement automatisés, Pour consulter l’étude « Les l’extraction des matières premières présente batteries. L’élément crucial de en revanche des risques sociaux et écologiques la mobilité électrique. Une considérables. Lire et radiographie des aspects Agir sociaux et écologiques » : Manque de transparence www.voir-et-agir.ch/batterie C’est le fabricant coréen Samsung SDI qui obtient la meilleure appréciation générale, tandis que les Fotos: XXY Perspectives 3 / 2020
Dossier 16 Des besoins différents En Suisse, de plus en plus de gens rêvent de décélération et de mobilité douce. Dans les pays du Sud, en revanche, beaucoup de personnes dépendent d’un réseau de transports publics inadapté à leurs besoins. Quels sont ces événements qui ont amorcé Comment avez-vous vécu ce changement un changement ? abrupt d’habitude ? Entre juin et novembre 2018, j’ai participé à Cela a été une révélation et je n’ai pu que regret- la « Petite École pour la Terre » à Crêt-Bérard ter de n’avoir fait ce choix plus tôt ! Je pouvais proposée par le Laboratoire de transition lire, travailler dans le train, contempler les pay- intérieure de Pain pour le prochain et Action sages, être moins stressé, j’éprouvais un gain de Carême. Ce parcours sur trois week-ends d’énergie. En fait je ressentais une immense liberté et un sentiment de bien-être lié à mon empreinte écologique dorénavant durable. C’est tout naturellement que j’ai vendu ma voi- « La sobriété rend ture et pris l’abonnement général pour les transports en commun. heureux » Avez-vous les moyens de partager votre expérience et de sensibiliser votre entou- Emmanuel Jeger habite à Nyon et travaille rage à un mode de vie plus durable ? à 60 % au Conseil synodal de l’EERV et à 40 % a été un vrai déclic, une prise de conscience Je travaille au sein de l’EERV à la mise en place en tant que consultant, coach et formateur du bien commun, de mon impact écologique du projet EcoEglise qui aborde les enjeux éco- dans le domaine de la dynamique humaine et de la nécessité d’une transition intérieure logiques sous un angle spirituel et propose des (intelligence collective, management, co pour entamer une transition écologique. Par services pour accompagner celles et ceux qui hésion d’équipe). Deux événements majeurs récents dans sa vie l’ont amené à changer la suite, j’ai complété ce parcours avec les le désirent vers une transition écologique. À radicalement son approche de sa mobilité. conversations carbone. Plus concrètes, ces mes proches qui me questionnent je leur pro- conversations m’ont permis de changer pose d’essayer avec moins. La sobriété rend quelques habitudes énergétiques et de con heureux et offre beaucoup plus de liberté que sommation. de contraintes ! — Daniel Tillmanns Qui était l’Emmanuel d’avant ces deux événements survenus en 2018 ? Quel fut le 2 e événement qui a participé à Photo : mise à disposition J’aimais voyager, je me considérais comme un cette métanoïa ? nomade et mon travail dans les télécom m’ame- Il s’agit d’une contrainte puisque mon permis nait en avion aux quatre coins du monde. Je de conduire m’a été retiré pour trois mois. Dans parcourais annuellement 50 000 kilomètres en ce contexte, j’ai dû, du jour au lendemain, voiture. prendre les transports en commun. Perspectives 3 / 2020
Dossier 17 Tika Maya vit avec ses deux fils et partage la même maison avec sa sœur, son mari et leurs deux enfants. Âgée de 32 ans, Tika est tisseuse de tapis noués à la main dans un atelier à Sarlahi. L’atelier est affilié à STEP, un label cofondé par Pain pour le prochain. Elle a appris le tissage à Sarlahi il y a un an et demi. Elle est très satisfaite de ce travail qui est adapté à ses maux de dos puisqu’elle peut travailler assise. Pour Tika et sa famille, le choix de moyens de locomotion est restreint. Quels sont les moyens de transport dispo- ner à Dubaï pour son travail. En attendant, il nement doit prendre des mesures sérieuses nibles pour vous rendre à votre travail ? exerce une activité agricole sur nos propres pour mettre en place un tel service financière- Il existe des voitures privées les rickshaw (tuk terres dans notre village. ment supportable pour la population. Mais il tuk à trois roues) pour ce trajet. Aucun autre doit également investir pour nous permettre de véhicule public ne circule sur cet itinéraire. Le À quelle distance de votre lieu de travail se travailler dans des usines de tapis ou de vête- rickshaw est très cher pour moi car il faut trouve le premier hôpital ? ments proches de notre domicile afin que les compter au minimum 50 roupies* pour un aller Le poste de santé le plus proche se trouve à gens ne doivent plus se déplacer en ville ou à simple. Pour des questions de coût, mais éga- 15 km de mon lieu de travail. Je m’y rends en l’étranger pour trouver du travail. lement afin d’être à l’heure au travail, je par- transports en commun (mini bus) et parfois — Daniel Tillmanns cours les 5–6 km de distance entre ma maison avec ma bicyclette. En cas de problème médical et mon lieu de travail à vélo. grave, nous devons nous rendre dans les grands * correspond à 65 centimes hôpitaux de Brigung (une heure de route), Na- À quelle distance se trouve l’école de vos ranghat/Biratnagar (2 à 3 heures de route) et enfants et comment s’y rendent-ils ? surtout à Katmandou (8 heures de route). Mes deux fils sont âgés de 11 et 13 ans et leur école se trouve à environ 15 km de notre mai- « Il n’y a pas d’hô- son. Les enfants se rendent à l’école en bus sco- laire et il faut environ 20 minutes pour at- pital à proximité teindre leur école. de notre village » Qu’en est-il de la situation professionnelle de votre mari ? Mon mari travaille depuis 14 ans dans le secteur de la construction à Dubaï. Pour s’y rendre, il voyage en bus durant 8 heures pour, ensuite, prendre l’avion à Katmandou. Au Népal nous Qu’est-ce qui devrait être amélioré dans n’avons qu’un seul aéroport international. Il est votre pays pour rendre la mobilité plus question d’ouvrir un nouvel aéroport interna- efficace ? Photo : Label STEP tional à une heure de route de Sarlahi, mais Beaucoup de choses peuvent être faites dans cela risque de prendre des années. En début ma communauté pour rendre la mobilité plus d’année, mon mari était en congé à la maison efficace. Par exemple, il n’y a pas de service de et en raison de la Covid-19, il n’a pas pu retour- transports publics dans mon village. Le gouver- Perspectives 3 / 2020
Ce que vous pouvez faire 18 Mobilité saine Améliorez votre condition physique. Favorisez la marche ou le vélo pour les courtes distances. Plus d’espaces de vie De nombreuses initiatives de quartier demandent plus de pistes cyclables, plus d’espaces publics et moins d’automobiles. Soute- nez les initiatives proches de chez vous. Local et de saison Les L’imagination au pouvoir alternatives à la grande distribution existent pour Avez-vous déjà imaginé com- être consom’acteur. ment serait notre monde si l’importance du trafic motorisé diminuait ? Nous vous invitons à écouter le récit imaginaire sur : www.ppp.ch/perspectives Conversations carbone Ces discussions en petits groupes ont pour objectif de passer des paroles aux actes dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’alimentation et de la consommation. Infos et inscriptions sur www.ppp.ch/les-conversations-carbone Plus de temps Limiter les Illustrations : Karin Hutter déplacements, pour le travail, les loisirs ou les vacances, c’est davantage de temps Transports en commun Testez les avantages des transports en commun. Moins de stress, pas de parking, peu d’embouteillages Perspectives 3 / 2020
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