APPROCHES INNOVANTES POUR INTÉGRER LA DIVERSITÉ DANS LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES - Diversifood
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APPROCHES INNOVANTES POUR INTÉGRER LA DIVERSITÉ DANS LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES LES RÉSULTATS DE DIVERSFOOD DU CHAMP À L‘ASSIETTE 3 © ORC Brochure #6 Cette brochure présente et décrit 10 approches novatrices qui soutiennent l'innovation en intégrant la diversité dans les systèmes alimentaires, © V. Chable du champ à l'assiette. Pour promouvoir des systèmes ali- mentaires locaux de haute qualité, DIVERSIFOOD vise à développer la biodiversité cultivée et à renforcer les réseaux multi-acteurs. 1
SOMMAIRE INTRODUCTION Les cultures sous-utilisées offrent des oppor- DIVERSIFOOD a exploré la diversité de plus Introduction......................................................................................................................................... 3 tunités pour diversifier et améliorer les sys- de 15 espèces et montré comment élargir Définir les « cultures sous-utilisées » .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 tèmes agricoles et alimentaires en réponse la base génétique des plantes cultivées, au changement climatique et aux change- qu’il s’agisse de variétés de pays, des es- Evaluer à la ferme des cultures sous-utilisées ments sociaux relatifs à l’alimentation. Le pèces sous-utilisées ou de nouvelles variétés par des méthodes innovantes 6 choix des semences influence grandement sélectionnées à la ferme. Des approches .................................................................................................. Concevoir de nouvelles stratégies de valorisation les pratiques agricoles et toutes les étapes complémentaires liées à la diversité des des produits biodiversifiés de la graine à l’assiette .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 de la chaîne d’approvisionnement alimen- cultures pour des systèmes alimentaires taire, jusqu’au consommateur. Basé sur les durables et résilients ont été développées: Mettre en œuvre l'approche multi-acteurs résultats de DIVERSFOOD, cette brochure dans les systèmes alimentaires 10 • Cultures sous-utilisées / oubliées : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n °6 propose un certain nombre de concepts, évaluation multi-acteurs à la ferme Développer des outils adaptés à la sélection participative 12 méthodes et outils ouvrant des pistes de ..................................... réflexion. Elle cherche à inspirer les acteurs • Nouvelles approches de la sélection Intégrer la gestion de la biodiversité cultivée qui souhaitent développer la diversité dans pour des systèmes agricoles diversifiés dans les réseaux multi-acteurs .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 les systèmes alimentaires. et durables • Gestion collective de la biodiversité Prendre en compte les aspects sociaux DIVERSIFOOD (2015-2019) est un projet agricole dans l'interaction standard GxE 16 européen H2020 qui a enrichi la biodiver- • Intégrer la diversité dans les systèmes .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sité cultivée en testant, renouvelant et pro- Mettre en pratique les droits des agriculteurs à travers mouvant des cultures, des espèces et des alimentaires basés sur les nouvelles la gestion collective de la biodiversité ................................................................................ 18 variétés sous-utilisées ou oubliées. Utilisant relations entre les acteurs l'approche multi-acteurs, il favorise la diffu- • Changement de paradigme pour Faire connaitre les maisons des semences paysannes .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 la recherche multi-acteurs et sion d'une nouvelle culture de l'alimentation Transmettre un message pour une transition socio-écologique .......................... 22 basée sur une alimentation variée, savou- transdisciplinaire reuse et saine. Cette brochure présente et décrit 10 idées Afin de promouvoir des systèmes alimen- et approches novatrices qui soutiennent taires locaux de haute qualité, DIVERSI- l'innovation en intégrant la diversité dans FOOD intègre la diversité dans le système les systèmes alimentaires, du champ à alimentaire et renforce les réseaux multi- l'assiette. acteurs. Pour atteindre cet objectif, le pro- cessus de recherche participatif et décen- tralisé a été pleinement intégré dans son contexte environnemental et social. 2 3
1 DÉFINIR LES « CULTURES SOUS-UTILISÉES » Il existe différentes catégories de cultures sous-utilisées. Après avoir travaillé pendant deux ans sur plusieurs études de cas, un ate- lier DIVERSIFOOD réunissant l’ensemble du consortium a été organisé dans le but d’identi- fier et de caractériser trois catégories distinctes de défis liés aux cultures sous-utilisées: • Promouvoir l’introduction de nouvelles POUR ALLER PLUS LOIN Dans DIVERSIFOOD, les « cultures sous-utilisées » représentent une série de processus d’innova- tion impliquant des plantes, des agriculteurs, des transformateurs et des consommateurs. Identifier et contextualiser les défis de la (ré) introduction d'une culture sous-utilisée constitue la première étape de la diversification et de l'amélioration de espèces « étrangères », par exemple l'agriculture, des marchés et des régimes alimen- le quinoa au Royaume-Uni. taires, ainsi que de leur durabilité. • Relancer la culture d’anciennes espèces « oubliées », par exemple le blé Poulard en France • Promouvoir la culture de matériel POURQUOI CULTURES LA DÉFINITION DE génétique « négligé » d’espèces SOUS-UTILISÉES/ TRAVAIL DIVERSIFOOD communes, par exemple les variétés populations à pollinisation libre de brocoli. OUBLIÉES/SOUS Pour DIVERSIFOOD, une culture UTILISÉES ? sous-utilisée est: © ORC Au cours de l'histoire, des milliers d'espèces 1. Une ressource génétique de plantes ont été domestiquées et utilisées végétale... en agriculture. La plupart sont aujourd’hui Qu'il s'agisse d'une espèce sous-utilisés. DIVERSIFOOD considère ces ou d'un germoplasme, ou espèces sous-utilisées comme des oppor- de la structure génétique tunités de diversification et d'amélioration d’une culture, des systèmes agricoles et alimentaires. 2. …avec une utilisation Nous avons conceptualisé une définition actuelle limitée… de travail de « cultures sous-utilisées » ba- qui a été oubliée ou abandonnée, sée sur notre travail expérimental et notre ou pas encore explorée, documentation, qui vise à fournir des outils 3. …qui a un potentiel Espèces Espèces Germoplasme conceptuels pouvant être réutilisés. Notre d'amélioration et de étrangères négligées négligé définition de travail n'est pas destinée à être diversification… Comment peuvent- Comment peuvent- d'espèces incluse dans les dictionnaires: en revanche, Ici, l'accent est mis sur les avantages elles être adaptées elles être adaptées communues elle peut aider à résoudre un problème de attendus, aux différents à un environne- Comment ce manière efficace. L'accent n'est pas mis sur 4. …des systèmes de culture climats ? ment standardisé ? germoplasme les plantes, mais plutôt sur le processus de peut-il s'adapter et chaînes d'approvisionnement… Comment un Pourquoi ont-elles création d'opportunités à partir d’un large capables d'améliorer la résilience système de été négligées ? aux environne- éventail de ressources négligées ou inex- et la durabilité du système, ainsi que production peut-il ments et aux Comment les plorées. de diversifier les régimes et les être modelé de la marchés formés connaissances marchés alimentaires, graine à la autour des associées post-récolte ? monocultures 5. …dans un contexte donné. à leur utilisation génétiques ? Le vrai monde géographique, Comment savoir peuvent-elles et savoir-faire être recréées ? Comment les historique, social et économique, peuvent-ils être connaissances dans lequel le cas des cultures produits ? associées à leur sous utilisées est intégré. culture et à leur utilisation © Mariko Chiaki Hamaguchi peuvent-elles être recréées ? Auteur : Ambrogio Costanzo, ORC SUGGESTIONS DE LECTURE ● Food and Agriculture Organisation of the United Nations. The State of the World’s Plant Genetic Resources for Food and Agriculture. Rome (IT) (1997). ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/015/w7324e.pdf ● Kell S, Rosenfeld A, Cunningham S, Dobbie S, Maxted N. Benefits of Non-Traditional Crops Grown by Small- ● Scale Growers in the Midlands – Final Report of the “Sowing New Seeds” Project. 2013, Garden Organic. ● Ryton, Coventry (UK). See also http://www.garde-norganic.org.uk/sns-resources. 4 5
2 EVALUER À LA FERME DES CULTURES face aux adventices, la résistance aux parasites et aux maladies et la tolérance aux stress abiotiques. Dans certains cas, le focus est très étroit, par exemple, la résistance à une maladie spécifique. Le principal résultat a été que la performance d'un agro-système d'une même ressource génétique peut varier considérablement en fonction de l'en- droit où elle est cultivée. Cela renforce l'importance d'utiliser et de tester les ressources génétiques concepts utilisés pour évaluer leur qualité. Cela ne doit pas être considéré comme une limitation en soi. Ce qui ne convient pas à la transforma- tion industrielle peut constituer une opportunité pour des méthodes de transformation artisanales valorisant des matières premières hautement nutritives. Enfin, la valeur « intangible » n’est pas mesurable, mais elle est néanmoins importante car elle repose sur « l’identité culturelle » d’un SOUS-UTILISÉES PAR dans de nombreuses fermes différentes plutôt que produit et peut donc soutenir le développement dans des stations de recherche centralisées. d’une production et de chaînes d’approvisionne- ment alimentaires ayant des valeurs autres que L’évaluation de la productivité a mis en évi- DES MÉTHODES INNOVANTES les rendements et les revenus. dence une tendance peut-être attendue : le ren- dement des cultures sous-utilisées peut consti- tuer un facteur limitant important, puisqu’une culture peut être à faible rendement ou difficile à POUR ALLER PLUS LOIN récolter. En revanche, dans de nombreux cas, les cultures sous-utilisées peuvent être cultivées et L’évaluation des ressources génétiques sous-utili- présenter un intérêt dans des conditions margi- sées dans DIVERSIFOOD a entraîné l’innovation à nales. L'un des principaux avantages attendus au moins deux niveaux: (I) la distribution d’un large des cultures sous-utilisées est qu'elles consti- éventail de ressources génétiques et (II) l’évalua- tuent une option précieuse pour les zones qui tion de ces ressources dans un large éventail d’en- Les cultures sous-utilisées1 offrent des pos- lations diversifiées en regroupant plusieurs seraient peut-être abandonnées si seules des vironnements et de communautés agricoles où sibilités de diversification et d'amélioration accessions complémentaires (qui partagent semences des cultures actuellement dominantes elles peuvent être utilisées pour créer de la valeur des systèmes agricoles et alimentaires en des traits d’intérêt) pour une évaluation à la étaient utilisées. ajoutée. La diversification de l'agriculture et des réponse au changement climatique et aux ferme. L’originalité de l’approche DIVER- systèmes alimentaires ne peut pas se réaliser en La qualité a également été évaluée sous diffé- changements sociaux liés à l’alimentation. SIFOOD est que, à partir du moment où une seule fois: ce doit être un processus continu et rents angles: (I) qualité de la transformation, (II) Dans les études DIVERSIFOOD, l'accent elles quittent les banques de semences, collectif. Nous espérons que davantage de com- qualité nutritionnelle et favorable à la santé, (III) n'a pas été mis sur les plantes, mais plu- les ressources génétiques ne sont pas munautés voudront s'impliquer dans cette courbe qualité organoleptique et (IV) identité culturelle. tôt sur le processus de création d'opportu- nécessairement séparées les unes des d'apprentissage et participer à la distribution de Le point fort ici est que la diversité des cultures nités pour un large éventail de ressources autres. En fait, l’objectif final ne se limite diverses ressources génétiques et à l'intégration peut induire une diversité de produits nécessi- négligées ou inexplorées. À cette fin, nous pas à sélectionner un petit nombre d’ac- de leur évaluation dans des systèmes de culture et © F. Rey tant à la fois une adaptation des processus de avons développé des pratiques innovantes cessions et à écarter les autres, mais plutôt alimentaires durables. transformation, ainsi que des méthodes et des pour l’évaluation à la ferme des cultures à exploiter autant que possible la diversité sous-utilisées2. Les principales caractéris- en tant que source pour créer la base de tiques de cette approche sont présentées nouvelles ressources génétiques adaptées ci-dessous. à une diversité de systèmes de culture et Figure 1 - Les quatre dimensions de d’alimentation contemporains. l’évaluation des cultures sous-utilisées. S’APPROVISIONNER ions avec l’agroécosystème Interact EN GRAINES EVALUATION DES PERFORMANCES s • Peuvent être très bonnes, meilleures que ure pour les cultures dominantes actuellement, Le processus d'activation de la diversité DES CULTURES lt cu • L’objectif est de trouver des accessions « inexploitée » dans les banques de gènes adaptées localement P pour une agriculture vivante implique plu- rs des ro Le rendement est souvent considéré • Traits perdus durant la sélection sieurs étapes: (1) collecter des informations Cultures • Parfois le talon d’Achille, ductio moderne, comme un indicateur indirect de l'adéqua- sur l'historique de la culture, (2) rassembler tion d'une culture à l'environnement. Ce- • Certains traits non désirés également, sous-utilisées • Parfois une solution pour les zones marginalisées • Grande diversité disponible. un large panel d'échantillons d'accessions eu pendant, dans DIVERSIFOOD, nous avons t n d'origines diverses, (3) multiplier et observer rip abordé l’adaptation à l’environnement sous c les cultures pendant au moins deux ans sur Des • Variation utile pour les qualités nutritionnelles, © Mariko Chiaki Hamaguchi différents angles. En plus du rendement, • Adaptation nécessaire pour la transformation. un site en utilisant des traits phénotypiques nous avons examiné les performances de de base (multiplication des graines, adap- l'agro-écosystème, telles que la compétitivité tation initiale), (4) créer de nouvelles popu- Qualité du produit © I Goldringer Auteurs : Ambrogio Costanzo, ORC y Frederic Rey, ITAB 1 - Voir la définition au Chapitre 1. 2 - Cf. la Brochure n°2 (Booklet #2) de DIVERSIFOOD pour des SUGGESTIONS DE LECTURE informations plus détaillées. ● Costanzo A., Serpolay E. Villard AL. Bosi S., Chable V., 2018. Recommendation on smart practices for on-farm evaluation of underutilised crops. Booklet#2. DIVERSIFOOD Project. ● Estelle Serpolay, Edwin Nuijten, Adanella Rossi, Véronique Chable, 2018. Toolkit to foster multi-actor research on agrobiodiversity. Booklet#1. DIVERSIFOOD Project. ● Goldringer I., Rivière P. 2018. Methods and tools for decentralized on farm breeding. Booklet#3. DIVERSIFOOD Project. ➤ Les brochures DIVERSIFOOD sont disponibles ici : www.diversifood.eu/publications-old/booklets-and-reports 6 7
3 CONCEVOIR DE NOUVELLES STRATÉGIES DE VALORISATION DES culturelle, sociale, économique, institutionnelle, juridique et politique) sont essentielles. Dans un environnement collaboratif, les acteurs partagent différentes formes de connaissances, d'opinions et de compétences, définissent des objectifs communs et contribuent ainsi à la cohérence in- terne, à la robustesse et à l'efficacité des réseaux. Cela permet également l'engagement des agri- LA NÉCESSITÉ D'UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE L’étude DIVERSIFOOD a également souligné l’importance d’un environnement externe porteur. Cela fait référence à des cadres régle- PRODUITS BIODIVERSIFIÉS culteurs et le renforcement des compétences. mentaires appropriés pour la gestion des res- Cet échange entre différents acteurs permet d’af- sources génétiques, concernant par exemple fronter et de relever les défis. Dans les chaînes la sélection, la production et la circulation des DE LA GRAINE À L’ASSIETTE alimentaires, ces problèmes vont de la difficulté à trouver des semences aux problèmes de quali- té des semences, en passant par les problèmes semences. Des politiques plus favorables sont également nécessaires au niveau de la sélec- tion, de l'agriculture, de la commercialisation et techniques de production et de transformation, de la consommation, sur la base d'approches ou encore aux faibles rendements et au manque intégrées et multi-acteurs. À cet égard, nous de marchés appropriés. pensons que la coopération entre les différents La coopération et les échanges ont à nouveau un acteurs impliqués dans la production et la valo- rôle à jouer dans l’établissement de liens avec risation de produits issus de la biodiversité est L’augmentation de la biodiversité culti- la valeur ajoutée d'un produit auprès des d’autres réseaux, à la fois locaux mais aussi cruciale pour le développement de systèmes ali- vée dans les champs, mais aussi dans consommateurs par le biais d’un étiquetage dans des contextes plus larges. Ces liens se sont mentaires plus sains et résilients. les assiettes des consommateurs, est (Holzherr et al., 2018). Nous avons mené révélés importants pour renforcer les réseaux indi- essentielle pour accroître la résilience et une enquête dans quatre pays pour éva- viduels, pour permettre de saisir de nouvelles op- la santé de nos systèmes alimentaires. À luer la sensibilité des consommateurs à la portunités et de développer davantage la prise de © Adanella Rossi cette fin, de nouvelles stratégies de valori- biodiversité agricole (Oehen et Meier, 2018). conscience collective, l’identité et l’agencement Figure 2 - Les domaines d’action sation des produits issus de la biodiversité Keskitalo (2018) a étudié un lien potentiel autour des questions de gestion de la biodiversité des études de cas cultivée, dits biodiversifiés, ont été explo- entre la diversité des cultures et la diversité agricole. rées lors de DIVERSIFOOD et de nouvelles des aliments disponibles pour les consom- approches ont été co-développées par les mateurs. Sur la base des résultats de cette Modèles acteurs du système alimentaire impliqués. recherche, nous avons formulé des recom- METTRE EN PRATIQUES organisationnels mandations pour de nouvelles stratégies de LES VALEURS DE LA valorisation des produits biodiversifiés, de la DIVERSITÉ GÉNÉTIQUE Aspects mobilisation Aspects LA NÉCESSITÉ graine à l’assiette3. Techniques et des ressources génétiques institutionnels Technologiques et légaux D'UNE ÉTUDE Bien que les stratégies de valorisation de l’agro- biodiversité soient très variées, il est commun de APPROFONDIE STRATÉGIES DE traduire les valeurs de la diversité génétique en efficience et durabilité Stratégie définition de la qualité de spécifique DIVERSIFOOD a étudié des exemples de VALORISATION BASÉES pratiques cohérentes, du champ à l’assiette. Cela valorisation comprend l’adaptation des techniques de culture stratégies de valorisation de produits biodi- SUR L'INTERACTION et de transformation aux caractéristiques des va- versifiés à travers l'Europe en utilisant diffé- riétés ou des espèces cultivées. La gestion des Aspects interaction Aspects rentes approches (Padel et al., 2018). Sur la Les stratégies de valorisation des produits avec d’autres marketing et attributs qualitatifs peut nécessiter de peaufiner culturels réseaux / projets communication économiques base d'une approche systémique (Rossi et diversifiés requièrent la participation d'ac- et de mettre en œuvre différents outils et dispo- al., 2016), nous avons analysé les chaînes teurs variés tels que des sélectionneurs, sitions tout au long de la chaîne (codes de pra- Aspects d'approvisionnement créées autour de ces agriculteurs, transformateurs, distributeurs, tiques, normes et standards, règles, protocoles, sociaux produits dans huit pays (Fig.1). Nous nous consommateurs, ainsi que des chercheurs, accords, etc.). sommes concentrés ici sur des initiatives vi- animateurs, conseillers et, dans certains sant à enrichir la biodiversité cultivée dans cas, des autorités publiques. Les liens avec Lorsqu'ils sont informés, les consommateurs s'in- les systèmes alimentaires et promus par des réseaux similaires mais externes au téressent aux aliments diversifiés et sont de plus Mobilisation des ressources génétiques, définition de des réseaux hybrides, comprenant des projet représentent des opportunités sup- en plus disposés à payer. En ce qui concerne la la qualité spécifique, marketing et communication, plémentaires pour valoriser la biodiversité communication avec les consommateurs, l’étude interaction avec d’autres réseaux / projets, efficience agriculteurs, d'autres acteurs de la chaîne agricole. a identifié une gamme de solutions possibles, et durabilité - et les différentes dimensions impli- alimentaire, des scientifiques, des anima- quées (voir fiche d’innovation 6) teurs, des conseillers et, dans certains cas, L'étude DIVERSIFOOD a montré à quel point en ce qui concerne l’utilisation des logos et des des autorités publiques. Nous avons éga- les interactions entre différents acteurs au marques de produit, ainsi que les pratiques adop- tées dans les différents canaux de marché. © ÖMKi lement rassemblé des informations sur les sein de réseaux et à travers différentes meilleures stratégies pour communiquer sur dimensions (technique, organisationnelle, Auteurs : Bernadette Oehen, FiBL y Adanella Rossini, UNIPI SUGGESTIONS DE LECTURE ● Oehen B, Meier C., Philipp Holzherr, Iris Förster (2018). Strategies to valorise agrobiodiversity. Session V: ● Brunori G., Rossi A., D’Amico S. (2018) A comprehensive and participatory approach to the valori- Sustainable agrifood systems, value chains and power structures. Proceedings of the 13th IFSA Symposium, sation of biodiverse products In Troisi M., Isoni A., Pierri M. (eds) Food Diversity Between Rights, Duties Chania 2018. and Autonomies. Legal Perspectives for a Scientific, Cultural and Social Debate on the Right to Food and ● Padel S., Rossi A., D’Amico S., Sellars A., Oehen B. (2018) Case studies of the marketing of products from Agroecology - Springer. In Legal Issues in Transdiscplinary Environmental Studies – vol. 2. newly bred lines and underutilized crops. Deliverable 5.1 of DIVERSIFOOD. ● Holzherr et al. (2018) Communication and Label Concept for Underutilized Crops: Checklist. Poster ● Rossi A., Padel S., Brunori G., Gerrard C., Oehen, B. (2016) Framework for socio-economic analysis of case presented at the DIVERSIFOOD final congress, Rennes Keskitalo (2018) studies. Internal Project Report for DIVERSIFOOD (MS 27). 8 9
4 METTRE EN ŒUVRE L'APPROCHE MULTI-ACTEURS DANS LES SYSTÈMES Figure 1 - La recherche multi-acteur : un processus collectif et itératif Faire mutuelle. Ce processus prend du temps et doit être soigneusement entretenu. Des interactions réussies peuvent avoir lieu si suffisamment d'élé- ments clés (éléments constitutifs) sont mis en œuvre : • • Volonté commune Vocabulaire commun ALIMENTAIRES • Confiance • Transparence ctif • Animation essus d'apprentissage colle • Ressources pour l’accompagnement Itérations à l'expérimentation et à la recherche entre l'action • Répartition appropriée du travail et la validation, La prise de décision est un élément important Processus itératif qui peuvent de ce processus itératif. Elle consiste en elle- même en un processus continu qui peut prendre L’APPROCHE QU'EST-CE QUE LA conduire à de différentes formes. Les approches techniques MULTI-ACTEURS RECHERCHE nouvelles peuvent être basées sur des compromis, tandis que les règles du processus doivent être basées POUR UNE DÉMOCRATIE MULTI-ACTEURS ? questions sur un consensus. ALIMENTAIRE La recherche multi-acteurs est un proces- et à une Plan expérimental - Il est important d’ajuster le Pour intégrer la diversité des cultures dans sus de recherche dans lequel différents réorganisation schéma expérimental (et d’adapter les méthodes types d'acteurs sont activement impliqués, statistiques en conséquence) pour faire participer © F. Rey Proc la chaîne d’approvisionnement alimentaire, et promouvoir des aliments locaux de haute et apportent leurs connaissances et leurs de la recherche le plus d’acteurs possible et augmenter la parti- qualité, le processus de recherche lui-même expériences de différentes manières. Grâce cipation. doit être intégré dans son contexte environ- à leurs perspectives différentes inhérentes à leurs professions variées (différents types Droits de propriété intellectuelle : la ques- nemental et social, selon une dynamique de praticiens, chercheurs, décideurs, etc.) tion des droits de propriété intellectuelle doit être horizontale. Les résultats de la recherche peuvent être immédiatement mis en œuvre, ainsi que leurs compétences (agronomie, Valider considérée dès le début d'un projet, même si sélection, transformation, économie, qualité personne ne pense que cela pourrait poser pro- ce qui signifie que chaque acteur est un bé- des aliments, nutrition, etc.), cette forme de blème. néficiaire du processus de recherche. L'ap- proche multi-acteurs contribue à créer des recherche induit la création et l’application Interprétation des résultats : Les résultats conditions favorables à une démocratie ali- d’une approche plus globale et holistique. peuvent être sujets à différentes interprétations mentaire, car les acteurs participent active- Les différents acteurs impliqués dans un tel CONDITIONS POUR idéologiques par différents types d’acteurs. Tous ment à la mise en forme de leurs systèmes processus de recherche se rassemblent au- alimentaires. tour d’une question commune, et à cette fin, DES INTERACTIONS ET DES les participants doivent être conscients de cette possibilité et trouver un moyen de gérer cela en- ont un désir partagé de travailler ensemble. RECHERCHES RÉUSSIES semble. Dans le projet DIVERSIFOOD, la recherche multi-acteurs est conçue comme un élar- Un projet de recherche multi-acteurs est mis en gissement de la recherche participative œuvre collectivement, entre des acteurs ayant développée en collaboration avec tous les des compétences différentes, fournissant ain- acteurs du système alimentaire. si des ressources, des méthodes et des outils Dans le cadre de la recherche multi-acteurs, complémentaires. Les éléments cruciaux d'une les acteurs s'engagent dans un processus approche multi-acteurs collaborative sont la d'apprentissage collectif, itératif et mutuel, construction de la confiance, la création d'une dans lequel différents types de connais- atmosphère ouverte pour permettre une com- sances sont utilisés, intégrés et continuel- munication libre et le développement d'un lan- lement remis en question. Ce processus gage commun pour améliorer la compréhension génère de nouvelles questions, accompa- gnées de leur traduction dans de nouvelles pratiques (Fig. 1). La question de recherche © Arche Noah doit être définie avec (ou par) les acteurs lo- Auteurs : Edwin Nuijten (LBI), Frédéric Rey (ITAB), Estelle Serpolay (ITAB), caux impliqués. Adanella Rossi (UNIPI), Véronique Chable (INRA) SUGGESTIONS DE LECTURE ● Estelle Serpolay, Edwin Nuijten, Adanella Rossi, Véronique Chable, 2018. Toolkit to foster multi-actor research on agrobiodiversity. Booklet#1. DIVERSIFOOD Project. www.diversifood.eu/publications-old/booklets- and-reports ● EIP-AGRI Brochure Horizon 2020 multi-actor projects, October 2017, https://ec.europa.eu/eip/agriculture/ en/publications/eip-agri-brochure-horizon-2020-multi-actor. 10 11
5 DÉVELOPPER DES OUTILS ADAPTÉS À LA SÉLECTION LOGICIEL STATISTIQUE D’ANALYSE DES DONNÉES Une fois que les données sont organisées dans une base de données, elles peuvent être forma- tées pour être analysées par un logiciel statis- tique. À cette fin, DIVERSIFOOD a mis au point CRÉER UNE COMMUNAUTÉ POUR ÉCHANGER ET AMÉLIORER DES OUTILS Au-delà d’une meilleure connaissance de l’utilisa- tion de la base de données par les maisons des PARTICIPATIVE un nouveau logiciel : PPBstats, disponible gratui- semences paysannes et de l’élaboration d’un tement. Il est basé sur le logiciel R qui analyse les progiciel R, un autre objectif est de créer une données recueillies au cours des programmes de communauté travaillant sur la gestion et l’analyse sélection participative à quatre niveaux: le réseau des données. Cette communauté pourrait amé- de gestion des semences, les essais agrono- liorer les logiciels, échanger le savoir-faire sur la miques, les tests organoleptiques et les analyses manière de traiter les données des programmes moléculaires. L'un des objectifs de PPBstats est PPB et développer des pratiques innovantes. de constituer un progiciel unique capable d'ef- Des informations sur les contributions à PPB fectuer toutes les analyses requises pour les stats sont disponibles sur : https://priviere.github. programmes de sélection participative, avec une io/PPBstats_web_site/contribute.html documentation complète. LES PROGRAMMES DES BASES DE SÉLECTION DE DONNÉES Un arbre de décision a été mis au point pour sé- lectionner les dispositifs et méthodes expérimen- PARTICIPATIVE POUR STOCKER taux les plus appropriés en fonction de l'objectif RASSEMBLENT DES DES INFORMATIONS recherché (pour plus de détails, voir l’IF#11). Un DONNÉES QUI SONT Les bases de données sont des outils effi- site Web dédié aux PPBstats et un didacticiel complet sur l'utilisation du paquet peuvent être ENSUITE ANALYSÉES caces pour stocker et gérer les informations trouvés à l'adresse : https://priviere.github.io/ Exemples d'illustration des résultats rassemblées par les maisons des semences PPBstats_web_site Flux de données entre La sélection participative est basée sur la paysannes (Community Seed Banks). Une avec PPBstats une base de données, décentralisation de l’évaluation et de la sé- enquête a été menée pour déterminer com- Which won where a qui organise et stocke les lection, dans les champs des agriculteurs. ment les réseaux de semences amateurs Tous les acteurs, à savoir les agriculteurs, les données, et PPBstats, chercheurs, les animateurs, les consomma- et professionnels partenaires de DIVERSI- loc-1 qui analyse les données. teurs, etc., sont impliqués dans le proces- FOOD gèrent leurs données. Les résultats 2 Les résultats de l'analyse de l’enquête ont montré que les organisa- Pie on network b germ-14 sus de prise de décision à tous les stades tions gèrent une grande diversité d’espèces Relation peuvent être stockés dans germ-17 du programme de sélection participatif. Ce type 1 cultivées, dont des variétés locales, des va- germ-12 germ-1 la base de données type de participation responsabilise tous riétés de pays ou de nouvelles variétés po- diffusion mixture Y1 germ-6 germ-4germ-19 germ-18 germ-9 Dim 2 (32.4%) les acteurs tout autant qu’il répond à leurs reproduction loc-3 germ-11 pulations sélectionnées à la ferme. Les mai- selection 0 germ-10 germ-8 germ-3 germ-13 Organisation et besoins. Dans les programmes de sélection sons des semences paysannes utilisent des germ-7 participative, des expérimentations sont Location loc-2 stockage des données bases de données ayant différents objectifs: réalisées et différents types de données loc-1 -1 germ-5 toutes gèrent les informations de localisa- loc-2 sont produites et doivent être stockées et germ-16 tion et d’historique des variétés mais, en loc-3 analysées afin d’orienter les acteurs dans fonction des besoins locaux, stockent dif- loc-4 -2 germ-15 Base leur sélection. Ces données peuvent cou- vrir l'historique de la gestion des semences férents types de données, notamment des Variable germ-2 germ-20 données agronomiques, organoleptiques, 14 de (circulation, mélange, reproduction, sélec- concernant spécifiquement l'agriculteur, 12 -2 -1 0 1 2 3 données tion, etc.), des essais agronomiques, des tests organoleptiques et/ou des données le pays d'origine, des informations sur les 10 1:loc-2 ͢ germ-16 2:loc-3 ͢ germ-2 sources (origine, date, nom local, connais- 8 moléculaires. Au cours du projet DIVERSI- sances associées), photos et/ou historique 3:loc-1 ͢ germ-14 FOOD, des outils, notamment des bases des lots de semences dans le réseau. Les de données et un logiciel statistique, ont été bases de données sont souvent utilisées Analyse développés pour gérer ce type de données pour les activités quotidiennes (pour plus de et leur analyse. détails, se reporter à la Fiche DIVERSIFOOD PPBstats IF#19). Auteur : Pierre Rivière, RSP 4 - Voir l'Innovation Factsheet IF#1 pour une définition. SUGGESTIONS DE LECTURE ● DIVERSIFOOD Innovation Factsheet: www.DIVERSIFOOD.eu/publications-old/innovation- factsheets/ ● IF#1: COMMUNITY SEED BANKS ● IF#11: Smart methods for decentralized on-farm breeding ● IF#19: Data management in Community Seed Bank ● Goldringer I., Rivière P. 2018. Methods and tools for decentralized on-farm breeding. Booklet#3. DIVERSIFOOD Project. 12 13
6 INTÉGRER LA GESTION DE LA BIODIVERSITÉ CULTIVÉE L'IMPORTANCE DES RÉSEAUX Les études de cas et les résultats de DIVERSI- FOOD ont confirmé l’importance du rôle joué par différents acteurs dans la gestion de la bio- diversité. Ces réseaux multi-acteurs reposent sur 3. Le retour à la diversité dans les systèmes alimentaires est un moyen de répondre à la nouvelle demande des consommateurs pour des aliments sains et de qualité ; 4. Les acteurs impliqués dans les initia- tives sont conscients des limites et des im- pacts du modèle agricole intensif. Ils souhaite- raient créer des systèmes alimentaires, basés DANS LES RÉSEAUX des processus interactifs et itératifs pour contrô- ler leurs actions, généralement avec des règles sur le concept « de la graine à l‘assiette », et des normes approuvées socialement par les avec une cohérence interne tout au long de la MULTI-ACTEURS participants. Leurs motivations à travailler en- chaîne de valeur. semble et à intégrer la biodiversité cultivée dans Dans ces initiatives développées localement, leurs pratiques peuvent être résumées en quatre deux éléments semblent importants pour garan- points: tir leur durabilité et leur succès à long terme: (I) le 1. Utiliser la diversité dans les systèmes rôle des animateurs, joué par les conseillers ou agricoles, en particulier dans les systèmes d’autres entités telles que les organisations de la en agriculture biologique et ceux à faibles in- société civile engagées dans la biodiversité culti- trants, est un moyen de réduire les coûts de vée; (II) partager une vision, des valeurs et une production, mais également une stratégie pour culture commune entre les acteurs impliqués. faire face aux aléas du marché et du climat. Les deux éléments sont primordiaux en termes DE LA CONSERVATION agro-écosystèmes et non sur la conserva- tion d'un niveau de diversité donné (au ni- En outre, le lancement de nouveaux projets de confiance, de volonté de coopérer, de sou- À LA FERME À LA veau de la variété ou de l'espèce). Dans ce de sélection participative offre aux agriculteurs tien mutuel et d’engagement partagé. L'absence d'alignement sur la vision et les valeurs peut biologiques la possibilité de sélectionner de GESTION COLLECTIVE cadre, une attention particulière devrait être nouvelles variétés adaptées, introuvables sur le entraîner des divergences d'opinions, voire des DE L'AGROBIODIVERSITÉ accordée aux relations sociales entre les marché semencier existant ; conflits sur la manière dont les différents acteurs, différents acteurs impliqués dans la gestion détenteurs de connaissances et de visions diffé- Le projet DIVERSIFOOD s'est concentré sur collective de l'agrobiodiversité. L’avantage 2. La création de systèmes alimentaires rentes, interagissent. une nouvelle approche de la conservation de ce mode de gestion est qu’il intègre non alternatifs basées sur la diversité est considé- des ressources phytogénétiques pour l'ali- seulement la conservation traditionnelle à la rée comme un moyen de retrouver une indé- mentation et l'agriculture (CRPAA), visant ferme (par exemple, les races locales dans pendance vis à vis des fournisseurs d'intrants à accroître la diversité globale au sein des leur environnement), mais également l’inno- et des grands distributeurs ; POUR ALLER PLUS LOIN systèmes agricoles, et non pas une seule vation et la recherche, l‘échange et le par- Le projet DIVERSIFOOD propose des recom- variété conservée par un agriculteur. Pour tage des semences (ex. par l’intermédiaire mandations spécifiques pour les décideurs pu- cette raison, nous avons basé notre action des maisons des semences paysannes), blics dans l’objectif de créer un environnement sur un nouveau paradigme concernant la ainsi que leur commercialisation (ex. entre- favorable à la gestion collective de la biodiversité manière dont la diversité est gérée dans les prises semencières artisanales et locales). cultivée (voir Brochure n°4). En ce qui concerne © F. Rey le rôle de l’animateur, il est nécessaire de mener des recherches plus détaillées pour reconnaître et soutenir ce rôle clé en identifiant les formes de Figure 1 - Composantes de la gestion soutien appropriées. collective de la biodiversité cultivée Conservation Recherche participative à la ferme et décentralisée Echanges Gestion collective Systèmes semenciers de semences de l'agrobiodiversité informels Maisons des Entreprises semencières © F. Rey semences paysannes artisanales et locales Auteur : Riccardo Bocci, RSR SUGGESTIONS DE LECTURE ● De Boef W.S., Subedi A., Peroni N., Thiyssen M., O’Keefe E. (eds.), 2013, Community Biodiversity Management, Routledge, New York. ● Jarvis D., Hodgkin T., Brown A.H.D., Tuxill J., Noriega I.L., Smale M., Sthapit B., 2016, Crop genetic diversity in the field and on the farm, Yale University Press, New Haven & London. ● Pimbert M. (ed.), 2018, Food sovereignty, agroecology and biocultural diversity. Constructing and contesting knowledge, Routledge, New York. 14 15
7 PRENDRE EN COMPTE LES ASPECTS SOCIAUX LA COMPLEXITÉ DE « E » ET L'EXPLOITATION DES POPULATIONS Dans le cas des GxE, et étant donné la différence entre GxL et GxA, il est important de souligner que L n'est pas une abstraction, mais est défi- ni comme un échantillon des lieux cibles traités POUR ALLER PLUS LOIN La science de la sélection végétale évolutive (également connue sous le nom de sélection en bulk) remonte à 1929 (Harlan et Martini 1929) et a fait l'objet de nombreuses recherches qui ont démontré l'aptitude des populations et mélanges évolutifs à évoluer dans le sens d’un rendement plus élevé, d’une plus grande stabilité (moins de DANS L'INTERACTION par un programme de sélection. Par conséquent, GxA) et d’une plus grande résistance aux ma- à l'exception des études menées dans les sta- ladies. Cependant, malgré toutes les preuves tions de recherche, L est un lieu réel, habité par scientifiques, à de très rares exceptions près, les STANDARD GXE de vraies personnes pratiquant l'agriculture dans populations et mélanges évolutifs n’ont jamais un contexte agro-climatique, économique et so- été largement cultivés. DIVERSIFOOD a souligné cial donné. Par conséquent, dans la composante l'importance des interactions sociales dans la sé- GxL de GxE, L n’est pas seulement un lieu phy- lection végétale, favorisant l‘utilisation concrète sique identifiable sur une carte. GxL peut donc des populations en agriculture. S'appuyant sur signifier différentes choses selon la manière dont ce qui avait déjà commencé avec le projet eu- nous caractérisons L. Par exemple, L est géné- ropéen SOLIBAM (2010-2014, www.solibam.eu), ralement caractérisé par le type de sol, l’altitude, DIVERSIFOOD, d'une part, étend les recherches les données climatiques, mais pourrait également sur les populations évolutives à un large éventail être caractérisé par des indicateurs sociaux-éco- de cultures et, d'autre part, encourage les agri- QUE SIGNIFIE LE « E » En fait, les GxE ont été au centre du débat entre les partisans d’une « adaptation gé- nomiques tels que l’indice de pauvreté, le sexe, culteurs à utiliser les populations évolutives dans le taux d’emploi et le revenu moyen. L’approche DANS L‘INTÉRACTION nérale » et d’une « adaptation spécifique ». participative mise en avant par DIVERSIFOOD leurs champs. GXE? Ce débat est en partie dû à la confusion dans différents WP est un moyen idéal d’élargir suscitée par E: dans la littérature, E peut le concept de GxL pour introduire une dimension La plupart des sélectionneurs s'accorde- désigner la localisation (L), l'année (A) ou, sociale, qui dépend de la qualité de l’échantillon- raient pour dire que les interactions géno- pire encore, une combinaison de L et A. nage et de la caractérisation des participants. Il type x environnement (GxE) sont l'un des Pourtant, dès 1964, Allard et Hansche ont convient de noter que, de la sorte, il serait inté- principaux problèmes qui nuisent à l'effica- précisé que GxA et GxL ne peuvent pas ressant de de maintenir L dans sa connotation cité des programmes de sélection végétale, être combinés, car le premier est en grande agro-climatique habituelle et d’ajouter S à la à savoir leur capacité à offrir les avantages partie imprévisible alors que GxL est dans formule G x A x L, qui devient alors G x A x L appropriés aux bonnes personnes au bon une certaine mesure prévisible. Bien que x S, pour indiquer explicitement la composante moment, même lorsqu'ils font usage de la la sélection décentralisée puisse tirer parti socio-anthropologique dans les GxE. sélection génomique. des interactions GxL en sélectionnant des adaptations spécifiques, la solution pour GxA consiste en des variétés capables de tamponner les fluctuations environnemen- tales imprévisibles. Cet effet tampon peut être réalisé à l’échelle des individus ou des populations. Alors que l’effet tampon des individus est une propriété inhérente à des génotypes spécifiques, comme les hétérozygotes, l’effet tampon via les populations résulte des interactions multiples entre différents génotypes au sein d’une population don- née, ajouté à l’effet tampon des individus ayant un génotype spécifique. L’avantage des populations hétérogènes est qu’elles bénéficient à la fois des effets tampons des individus, et des populations. Auteurs : Salvatore Ceccarelli y Riccardo Bocci (RSR) SUGGESTIONS DE LECTURE ● Allard RW, Hansche PE 1964. Some parameters of population variability and their implications in plant breeding. Advances in Agronomy 16: 281-325. ● Harlan HV, Martini ML. 1929. A composite hybrid mixture. Journal of American Society of Agronomy 21: 487 – 490. 16 17
8 METTRE EN PRATIQUE LES DROITS DES GESTION COLLECTIVE DE LA BIODIVERSITÉ Le projet DIVERSIFOOD a été étroitement asso- cié aux négociations au titre du Traité. Il est d’ail- leurs représenté par deux membres du groupe d’experts chargé de définir les options pour la réalisation des droits des agriculteurs. DIVER- SIFOOD a également étudié avec attention la tion collective de la biodiversité fournissent des plateformes qui permettent une diversité d'ap- proches pour le partage des avantages. • Le droit de participer à la prise de décision au niveau national est important pour ga- rantir la correspondance entre les politiques nationales et les besoins des agriculteurs impliqués dans la gestion de la biodiversité cultivée. Il n'y a pas beaucoup de bons exemples à cet égard, mais les représentants gestion collective de la biodiversité (« Biodiversity AGRICULTEURS À TRAVERS Community Management » terme anglophone de la gestion collective de la biodiversité sont fréquemment employé) en mettant l’accent sur de plus en plus invités à participer à des son- les maisons des semences paysannes (MSP) dages et sont consultés lors d'audiences. Cela LA GESTION COLLECTIVE (« Community Seed Banks »). Il a organisé un permet de mettre en évidence le potentiel de événement international parallèle à Kigali (Rwan- ces initiatives pour servir de plates-formes de da, nov. 2017) pour échanger des expériences participation à la prise de décision au niveau DE LA BIODIVERSITÉ entre le Nord et le Sud (Andersen et al. 2018). national. Au cours de ce travail, il est apparu clairement • « Le droit que les agriculteurs ont de que le développement rapide des maisons des conserver, d’utiliser, d’échanger et de semences paysannes dans le monde entier et les vendre des semences de ferme ou du initiatives participatives connexes témoignaient matériel de multiplication » représente la du mouvement en expansion rapide la gestion disposition la plus vague du Traité, mais en collective de la biodiversité. De plus, il est apparu même temps la plus importante en termes que, tout en contribuant directement à la conser- de droits des agriculteurs. Si les agriculteurs ne vation et à l’utilisation durable de la biodiversité sont pas autorisés à continuer ces pratiques, ils cultivée, ce mouvement constitue également une ne pourront pas contribuer au patrimoine géné- plate-forme importante pour l’application des tique mondial. La législation sur les droits de Depuis l’avènement de l'agriculture, les agri- au patrimoine génétique mondial (Andersen droits des agriculteurs : propriété intellectuelle, la diffusion des variétés culteurs du monde entier ont semé, récolté et Winge, 2013). La mise en pratique des et la distribution des semences sont parmi les et sélectionné des semences et activement droits des agriculteurs est également un • Les connaissances traditionnelles sont lois qui constituent des obstacles à cette échangé ces ressources entre eux. Ce fai- moyen essentiel pour garantir la souveraine- essentielles pour comprendre les propriétés pratique. Les initiatives de gestion collective de sant, ils ont développé une étonnante di- té sur les semences et la sécurité alimen- des plantes, leurs utilisations, leur signification la biodiversité fournissent une plate-forme pour versité de cultures. Leurs connaissances et taire. culturelle et savoir comment les cultiver. Ces le plaidoyer ainsi que le développement de leurs compétences ont ouvert la voie aux dernières permettent également de prévenir Le Traité n'oblige pas les pays à prendre des systèmes de pratiques pour sauvegarder, utili- cultures végétales que nous utilisons au- l’extinction des espèces végétales ainsi que mesures spécifiques, il laisse plutôt le soin ser, échanger et vendre des semences conser- jourd'hui pour l'agriculture et la sélection. leur appropriation illicite. Certaines initiatives © F. Rey aux gouvernements nationaux de définir le vées ou sélectionnées à la ferme. Cette contribution indispensable n’a pas été de gestion collective de la biodiversité ont largement récompensée et la transformation contenu et de réaliser ces droits. Des élé- fourni des plates-formes dans le but de parta- globale des systèmes agricoles menace de ments importants sont proposés, à savoir ger ces connaissances et de définir ce qui est plus en plus leur rôle essentiel. C’est pour- (1) La protection des connaissances tradi- nécessaire pour prévenir toute appropriation PERSPECTIVES POUR LA quoi un article entier du Traité international tionnelles; (2) Le droit de participer équita- blement au partage des avantages ; et (3) illicite. D'autres initiatives ont approfondi et élar- PLEINE MISE EN ŒUVRE DES gi ces connaissances traditionnelles et peuvent sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (le Traité) est Le droit de participer à la prise de décisions donc être considérées comme des pôles de DROITS DES AGRICULTEURS au niveau national. Il aborde également (4) connaissances. consacré aux droits des agriculteurs (Art. 9). Jusqu’à présent, la mise en pratique des droits le droit que les agriculteurs ont de conser- • Le droit de participer au partage des avan- des agriculteurs se fait essentiellement par une ver, d’utiliser, d’échanger et de vendre des tages est essentiel pour reconnaître les contri- approche ascendante (bottom-up), grâce aux ini- LE TRAITÉ semences de ferme ou du matériel de multi- butions des agriculteurs au patrimoine géné- tiatives de gestion collective de la biodiversité (An- plication. La mise en pratique des droits des tique mondial, ainsi que pour stimuler et dersen et Winge, 2013). En tant que telles, ces Le Traité adopté en 2001 est un accord agriculteurs a été lente, en raison de conflits promouvoir leurs contributions continues. Une d’intérêts entre l’industrie des semences et initiatives fournissent des exemples importants international juridiquement contraignant, des formes de partage des avantages les plus les agriculteurs engagés dans la gestion de à partir desquels peuvent s’inspirer de nouvelles visant à la conservation et à l'utilisation du- efficaces à ce jour est l’accès facilité aux la biodiversité (Andersen 2008). L’instance initiatives en faveur d’une véritable application rable des ressources phytogénétiques pour semences, par le biais des maisons des dirigeante du Traité correspond au corps des droits des agriculteurs. Le défi est de réussir l'alimentation et l'agriculture. Il a pour ob- semences paysannes et des réseaux. On peut à étendre les expériences positives au niveau na- jectif de faciliter l'accès à ces ressources à décisionnel suprême et se réunit tous les également citer le partage de connaissances tional et à intégrer les droits des agriculteurs dans des fins de recherche, d'amélioration et de deux ans. En 2017, elle décide d’élaborer et de technologies entre les sélectionneurs / les politiques et législations nationales afin de créer formation, ainsi que le partage équitable des des options pour la réalisation des droits des scientifiques et les agriculteurs, par exemple via les synergies nécessaires à la pleine réalisation de avantages découlant de leur utilisation. Pro- agriculteurs afin de guider et d’assister les la sélection participative. Les initiatives de ges- ces droits. téger et renforcer les droits des agriculteurs Parties contractantes. Cette décision a été est essentiel à la réalisation des objectifs du considérée comme une avancée décisive Traité, car il s’agit d’une condition préalable pour les droits des agriculteurs en vertu du à la contribution continue des agriculteurs Traité. Auteur : Regine Andersen, FNI SUGGESTIONS DE LECTURE ● Andersen R (2008). Governing Agrobiodiversity: Plant Genetics and Developing Countries. Aldershot: Ashgate. ● Andersen R and Winge T (2013). Realizing Farmers’ Rights to Crop Genetic Resources: Success Stories and Best Practices. Abingdon: Routledge. ● Andersen R, Shrestha P, Otieno G, Nishikawa Y, Kasasa P and Mushita A (2018). Community Seed Banks – Sharing Experiences from North and South. Paris: DIVERSIFOOD. www.diversifood.eu/ publications-old/booklets-and-reports 18 19
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