Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur

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Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
revue de presse 2017 - 2018
Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
septembre 2017 - Qui déplace le soleil
texte et Mise en scène Marie Piemontese
Lorène de Bonnay - Les Trois Coups - 17/09/2017
Lorène de Bonnay, Pierre Fort - Les Trois Coups - 17/09/2017 (Entretien)

octobre 2017 - LES VAGABONDES
TEXTE ET CONCEPTION aLAIN Béhar
Jean-Pierre Thibaudat - Mediapart - 04/10/2017
Orianne Hidalgo-Laurier - Mouvement.net - 06/10/2017

octobre 2017 - dON QUICHOTTE ou le vertige de sancho
ADAPTATION, mise en scène et scénographie RÉGIS HEBETTE
Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 25/10/2017
Véronique Leblanc - Metropolitan - janvier 2015
A C-P - L’Herault du jour - 06/11/2014
Ghislaine Arba-Laffont - La Gazette - 30/10/2014
France 3 Basse – Normandie - La où ça bouge - 14/10/2014
Raphaël Fraisnais - Ouest France - 13/10/2014 et 16/10/2014
Mathieu Girad - Cote Caen - 08 au 14/10/2014
Anna Sigalevitch, Marie-José Sirach - France Culture, La dispute - 22/09/2014
Anne Quentin - La scene n°71 - Hiver 13-14
Laura Plas - Les 3 Coups - 17/10/2013
Marie-José Sirah - L’Humanité - 07/10/2013
Véronique Klein - Mediapart - 07/10/2013
Martine Silber - Marsupilamima - 02/10/2013
Christiane Passevant - Divergences 2 - 29/09/2013
Véronique Hotte - Théâtre du blog - 29/09/2013

octobre - novembre 2017 - D comme deleuze
mise en scène cédric orain
Anaïs Heluin - La Terrasse - n°259 - 24/10/2017
Vincent Bouquet - Scène web - 31/10/2017
Êve Beauvallet - Libération - 02/11/2017
Olivier Steiner - Diacritik - 02/10/2017
R. Bu. - Le Monde - 03/10/2017
Théodore Lacour - Un Fauteuil pour l’Ochestre - 03/10/2017
Jean-Pierre Léonardini - L’Humanité - 06/10/2017

novembre 2017 - alcool un petit coin de paradis
de et par nadège prugnard
Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 11/2017

novembre 2017 -M.a.m.a.E.
MEURTRE ARTISTIQUE MUNITIONS ACTION EXPLOSION
de nadège prugnard
Mis en oeuvre en complicité avec Marie-Do Fréval
Martine Piazzon - Froggy’s Delight - 11/2017
Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
décembre 2017 - extrêmophile
MISE EN SCÈNE THIBAULT ROSSIGNEUX
texte ET COLLABORATION ARTISTIQUE ALEXANDRA BADEA
Gilles Costaz - Webthéâtre - 22/12/2017
Xenia Ivanova - Le Souffleur - 27/12/2017

janvier 2018 - aujourd’hui
Conception AURELIA IVAN
Anaïs Heluin - Scène web - 12/01/2018

janvier 2018 - trois songes - Un procès de Socrate
mise en scène olivier coulon-jablonka
texte Olivier saccomano
Anaïs Heluin - La Terrasse - 20/12/2018

MARS 2018 - La femme® n’existe pas
Mise en scène Keti Irubetagoyena - Texte Barbara Métais-Chastanier
Marina Da Silva - L’Humanité - 05/03/2018
Julia Bianchi - Le Coryphée - 05/03/2018
Christine Friedel - Théâtre du blog - 07/03/2018
Sarah Frack - Arts Chipels - 07/03/2018
Ysé Sorel - I/O Gazette - 08/03/2018
Alex Adarjan - Just Focus - 09/03/2018
Alice Palmieri - Le Souffleur - 14/03/2018
Margaux Dussert - L’ADN - 16/03/2018

Avril 2018 - Le fils
De Jon Fosse - mise en scène etienne pommeret
Véronique Hotte - Hotello - 06/04/2018
Jean Grapin - La Revue du spectacle - 06/04/2018
Véronique Hotte - Théâtre du blog - 06/04/2018
Vincent Bouquet - Scène web - 06/04/2018
Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 06/04/2018
Marina Da Silva - L’Humanité - 15/04/2018

Mai - Juin 2018 - printemps de l’échangeur
Cie public chéri & invités
Le Magazine d’Est Ensemble n°34 - 29/03/2018
Bajomag n°31 - 04/2018

  Mai 2018 - Delta Charlie Delta
  De Michel Simonot - Mise en scène Justine simonot
  Gilles Costaz - Webthéâtre - 25/05/2018

  Mai - Juin 2018 - Envoûtements, spectacle, proférations #2
  conception et mise en scène régis hebette
  Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 01/06/2018
Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
quelques extraits de presse

septembre 2017 - Qui déplace le soleil
texte et Mise en scène Marie Piemontese

Marie Piemontese délaisse un temps son costume d’actrice pour inventer et mettre en
scène une belle pièce sur le tissage, le métissage, le passage. Sa fable intime et universelle,
« Qui déplace le soleil », nous meut, dans tous les sens du terme. (...)
Le jeu des actrices, si complémentaires, tisse une forme à la fois banale, épique et étrange:
Isabelle Lafon oscille avec subtilité entre une ironie facétieuse et un désenchantement,
tandis qu’Aurore Déon passe de la fragilité, à l’étonnement ou à la transe, avec un grand
naturel. (...)
La pièce séduit donc par sa sobriété, son humilité, son refus des clichés, sa puissance
épique, son ouverture : Marie Piemontese est bien la reine tisserande d’une toile toujours
en devenir.
Lorène de Bonnay - Les Trois Coups - 17/09/2017

octobre 2017 - les vagabondes
TEXTE ET CONCEPTION aLAIN Béhar

(...) Des effluves végétales prennent le nez tout entier sans attendre que la vue apprivoise
l’obscurité du théâtre de l’Échangeur. Comme une madeleine, elles déclenchent d’emblée
un vagabondage de la pensée, réminiscences d’échappées champêtres ou Vanités.
Présent, passé et futur se téléscopent à l’odeur. (...) Inutile de tenter de suivre quelque
logique à cette histoire pataphysicienne. Quant à la règle des trois unités : morte et
enterrée. Le débit de parole épouse le mouvement et le rythme d’une pensée fourmillante,
acrobatique, plasticienne. C’est de virtuosité, de la langue et de l’imaginaire, dont Alain
Béhar fait ici, non pas la démonstration (ce serait trahir l’indétermination essentielle des
potentiels que l’auteur célèbre), mais l’expérimentation. (...) Bref, l’auteur bricole – avec
dextérité – ce « théâtre de données » que son personnage évoque, si ce n’est ce « Centre
dramatique potentiel ». (...)
Orianne Hidalgo-Laurier - Mouvement.net - 06/10/2017

octobre 2017 - dON QUICHOTTE ou le vertige de sancho
ADAPTATION, mise en scène et scénographie RÉGIS HEBETTE

(…) 1h45 de rêve, d’humour, de poésie. Et ce en restant fidèle à l’esprit de l’auteur.
Le metteur en scène et comédien Régis Hebette (…) a limité son adaptation aux dialogues
entre le chevalier à l’imagination débridée et le paysan incrédule. Ici, tout tourne autour
de Sancho. L’excellent Pascal Bernier lui donne sa silhouette. (…) C’est un valet non pas
roublard, mais attentif et dérouté par la destinée fabuleuse de son maître. Lequel est
incarné par les passionnants Fabrice Clément, Sylvain Dumont, Régis Hebette, à la diction
sobre et dénuée d’effets (…)
Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 25/10/2017
Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
octobre - Novembre 2017 - D comme deleuze
mise en scène cédric orain

(…) En marge de l’exercice de vulgarisation conceptuelle savamment conduit par Guillaume
Clayssen, l’acrobate Erwan HaKyoon Larcher et le chanteur Olav Benestvedt viennent en perturber
la mécanique, s’immiscer dans les interstices créés par la pensée du philosophe. Pendant que
le conférencier s’échine à rendre par la parole les concepts deleuziens le plus compréhensible
possible, ses deux acolytes les expérimentent par le corps. Un geste valant parfois mille mots, la
pensée deleuzienne apparaît alors sous un jour nouveau. Le principe du “corps sans organe” n’a
sans doute jamais été aussi intelligible qu’avec cette image du chanteur à la renverse, quand le
concept de “différence et répétition” gagne en clarté à mesure qu’ Erwan HaKyoon Larcher bondit
et rebondit jusqu’à l’épuisement au-dessus d’une table. (...)
Vincent Bouquet - Scène web - 31/10/2017

«On ne peut pas dire «commencer un spectacle». Ce serait faux. Parce que ça supposerait qu’il n’y ait
rien avant. Alors que là, signale le conférencier au public qui lui fait face, dès l’entrée des spectateurs
en salle, on voit bien que le spectacle avait déjà finalement commencé.» Voici, en substance, la
façon dont «commence» D comme Deleuze, c’est à dire très bien, puisque nous voilà catapultés
illico dans les méandres d’une digression métaréflexive sur le théâtre, puis en deux-deux dans des
considérations astrophysiques et théologiques sur le concept de «cause première». (...)
Êve Beauvallet - Libération - 02/11/2017

novembre 2017 - alcool un petit coin de paradis
de et par nadège prugnard

Il y a d’abord cette voix éraillée, canaille. Cette langue orale, poétique. Ces expressions qui claquent.
Ces mots qui arrivent par torrents et débordent de partout. Cette main qui tient une liasse de feuilles
qui s’échappent pour rejoindre un fatras de papiers. Et ce dos tout en imperméable, puis en robe
rouge, car de Nadège Prugnard nous ne verrons le regard qu’à la toute fin. (...) Ce texte imbibé des
rencontres faites sur le zinc, elle l’a écrit avec ses tripes. Un grand cri pour se raccrocher aux mots
plutôt qu’à la bibine. (...)
Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 11/2017

novembre 2017 - M.a.m.a.e.
MEURTRE ARTISTIQUE MUNITIONS ACTION EXPLOSION
de nadège prugnard | Mis en oeuvre en complicité avec Marie-Do Fréval

(...) Avec «M.A.M.A.E», nourrie d’une écriture de plateau avec les comédiennes-
performeuses, elle pousse de manière radicale sa réflexion sur le théâtre, la vie,
les femmes, la mort et l’amour dans une partition qui emprunte au paradoxal, provocation
et appel au secours, exhortation et accusation, vitupération et supplique, qui travaille au
corps l’auditoire. (...) Audacieux en la forme, avec des textes disloqués à l’extraordinaire
poésie d’une langue trash, cet oratorio pour femme défunte combine choralité,
harangue monologale et superposition polyphonique de voix pour déverser un empilement
maesltromique de mots et de maux débités sans souci de syntaxe. Pour porter
cette tonitruante machine de guerre, Nadège Prugnard s’est associée à une autre «pétroleuse»
théâtrale, Marie-Do Fréval , fondatrice de la Compagnie Bouche à Bouche, et le résultat est
déflagratoire. (...) Martine Piazzon - Froggy’s Delight - 11/2017
Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
quelques extraits de presse (suite)

décembre 2017 - extrêmophile
MISE EN SCÈNE THIBAULT ROSSIGNEUX
texte ET COLLABORATION ARTISTIQUE ALEXANDRA BADEA

(...) Thibault Rossigneux vient de mettre en scène un nouveau texte d’Alexandra
Badea selon des principes qui ne sont pas courants dans le théâtre d’aujourd’hui. (...)
Le texte d’Alexandra Badea dont l’art est d’exprimer les pensées souterraines des
acteurs de la société économique et technologique passe cette fois au tutoiement
à l’égard de ses personnages et entrecroise leurs cheminements secrets. (...)
Le spectacle est tout à fait maîtrisé et défendu par des comédiens qui jouent en beauté
la vie contre la déshumanisation : Samuel Churin, Katarzyna Krotki et Anthony Roullier.
Etrange moment où l’on est ballotté entre un univers d’aéroport et des profondeurs
sous-marines, fascinent et glaçant avec la force d’un théâtre inédit en train d’explorer
son nouveau langage.
Gilles Costaz - Webthéâtre - 22/12/2017

janvier 2018 - trois songes - Un procès de Socrate
mise en scène olivier coulon-jablonka
texte Olivier saccomano

(...) Simple, le dispositif porte la trace de son contexte de création. Au centre d’un cercle
formé par des chaises d’école, les comédiens Jean-Marc Layer et Guillaume Riant sont
vêtus en conférenciers. En costards qui, à la fin de la pièce pourtant courte, auront tout
perdu de leur tenue initiale. C’est que Trois songes est loin d’être une causerie de salon
ou de coin du feu. (...) Jean-Marc Layer devient Euthyphron, philosophe au langage
pétri de maximes, avant d’adopter à nouveau les paroles de Socrate face à un juge qui
l’accuse de pervertir la jeunesse en inventant de nouveaux dieux. Immersif sans être
frontal ni didactique, Trois songes offre un intelligent théâtre de la pensée en mouvement.
Au présent.
Anaïs Heluin - La Terrasse - 20/12/2018

MARS 2018 - La femme® n’existe pas
Mise en scène Keti Irubetagoyena - Texte Barbara Métais-Chastanier

(...) On passe de deux registres de langue, à près de trois siècles d’écart, qui se font
écho dans une subjugation intense. Le parti pris de la mise en scène évoque avec juste
quelques accessoires et costumes, un bâtiment occupé et l’effervescence de la rébellion.
Hommage aux comédiens (Bruno Coulon, Jézabel D’alexis, Nicolas Martel, Julie Moulier,
Grace Seri) qui servent avec passion toutes les situations. (...)
Marina Da Silva - L’Humanité - 05/03/2018
Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
avril 2018 - Le fils
de Jon fosse - Mise en scène Etienne pommeret

(...) Scénographie soignée de Jean-Pierre Larroche : côté jardin une route sinueuse, tel les
rails de train d’une jolie maquette où la route semble grimper vers le lointain, bordée de
petites maisons, éclairées ou non dans la nuit. (...) La prose poétique de Jon Fosse, à la fois,
sobre et ouvragée avec des mots forts, est scandée de répétitions et variations à l’infini.
Toujours sur le point de se révéler, la lumière, celle des maisons et des voitures, celle de
l’âme aussi ne diffuse plus sa tristesse mais, au-delà des songes et des illusions perdues,
répand son éclat. Un spectacle poétique sur le temps et la vie qui passent…
Véronique Hotte - Théâtre du blog - 06/04/2018

(...) Le metteur en scène Etienne Pommeret est un fin connaisseur du dramaturge. C’est
réussi. Sa direction est subtile. La gestuelle minimale. Le plateau dépouillé. (...)
Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 06/04/2018

Mai - Juin 2018 - printemps de l’échangeur
Cie public chéri & invités

   Mai - juin 2018 - Delta Charlie Delta
   De michel simonot - Mise en scène justine simonot

   (...) Un groupe d’auteurs, Petrol, a écrit des pièces brèves sur cette tragédie. L’un de ses
   membres, Michel Simonot, a décidé de poursuivre son travail d’auteur, d’atteindre une
   autre dimension théâtrale, avec un texte plus ample. (...)
   Justine Simonot, pour sa mise en scène, a inventé l’espace – il est élastique et infini,
   sans décor - , les déplacements et l’apparence changeante des acteurs qui s’effacent
   ou viennent au premier plan. Elle a joué sur différentes formes de déclamation et
   d’interventions, sur les sons aussi, avec la présence d’Annabelle Playe qui, à l’ordinateur,
   lance en direct une musique particulièrement prégnante. Alors que Clotilde Ramondou
   est magnifiquement la voix de la cité et des hommes, Xavier Kuentz, Zacharie Lorent,
   Alexandre Prince et Catherine Salvini incarnent les différents personnages et les
   différentes voix imaginées par l’auteur. Avec une écriture à la fois froide et passionnée
   et une belle mise en scène d’une complexité invisible, voilà du grand théâtre politique
   qui crée le langage de ce que peut être la tragédie dans le monde d’aujourd’hui.
   Gilles Costaz - Webthéâtre - 25/06/2018

   Mai - Juin 2018 - Envoûtements, spectacle, proférations #2
   conception et mise en scène régis hebette

   Sur scène, quatre vrais-faux universitaires un brin pédants mais très sympathiques.
   Ils parlent d’Antonin Artaud, de son influence sur la jeunesse de l’après-guerre.
   Notamment sur Isidore Isou, chef de fil des lettristes. (...) Guy Debord n’est pas loin...
   Pas de prise de tête pour autant. Très vite le poétique fait irruption. La chanson aussi,
   de façon innatendue. Ce n’est plus un colloque mais une performance bizarroïde d’une
   heure, pleine d’humour, qui nous parle d’aujourd’hui, de l’engagement. (...)
    Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 01/06/2018
Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
septembre 2017 - Qui déplace le soleil
texte et Mise en scène Marie Piemontese

«Cette maison est une chance pour vous.» Qui déplace le soleil parle des lignes que nous
traçons, des trames que nous tissons, et des frontières telles qu’elles se traversent
aujourd’hui. Suite à l’annonce d’une chambre à louer, une femme reçoit une autre femme
dans une maison. Celle qui arrive est venue là pour écrire, hantée par la vision d’un homme
assis à une machine à coudre, probable souvenir du père qui veille sur le récit. Entre les
deux femmes un rapprochement oscillant entre familiarité et étrangeté s’établit; jusqu’au
jour où la femme qui reçoit disparaît.

Texte et mise en scène Marie Piemontese
Avec Aurore Déon, Isabelle Lafon, Maxime Tsihibunga
Collaboration artistique - création vidéo Florent Trochel | Scénographie Annabel Vergne
Création lumière Jean-Gabriel Valot | Création sonore Fabienne Laumonier
Régie vidéo - lumière Cécile Botto
Musique Antonin Leymarie et Le Magnetic Ensemble

Ce texte est lauréat de la Commission nationale d’Aide à la création de textes dramatiques – Artcena

Production Hana San Studio, en co-production avec l’Espace 1789 à Saint-Ouen, la Halle aux Grains,
Scène nationale de Blois, l’Estive, scène nationale de Foix, , avec l’aide à la production dramatique de la
Drac Ile de France, avec le soutien d’Arcadi Ile de France et la participation de La Ferme du Buisson et
de l’Odéon-Tremblay-en-France, avec le soutien de la Maison des Métallos, du Hublot à Colombes, et du
Théâtre Paris-Villette.
Un grand merci à Pierre Glassner et à l’équipe technique de la Maison des Métallos
Hana San Studio a été soutenu par le département de la Seine-Saint-Denis dans le cadre du dispositif In
Situ 2016/2017 - artistes en résidences dans les collèges.
Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
Lorène de Bonnay - Les Trois Coups - 17/09/2017

Les tisserandes d’une épopée intime

Marie Piemontese délaisse un temps son costume d’actrice pour inventer et mettre
en scène une belle pièce sur le tissage, le métissage, le passage. Sa fable intime et
universelle, « Qui déplace le soleil », nous meut, dans tous les sens du terme.

D’abord, l’œil du spectateur parcourt un grand espace noir au sol luisant, rappelant
vaguement une usine. Puis, un halo de lumière blanche et des lignes verticales
commencent à s’écrire sur le plateau. La scénographie, épurée, comprend une quenouille
suspendue, un portrait photographique et quelques objets épars. À partir du vide, de la
figure de l’absent, se tissent alors des discours féminins relayés par une musique et des
sons envoûtants. Tous ces signes scéniques sont une invitation à l’imaginaire, à l’activité
fabulante, au tissage de la matière dramatique.
Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
Deux fileuses conteuses entremêlent donc leurs voix. Elles viennent d’ici et d’ailleurs,
du monde présent, du conte africain et du mythe antique. Elles se répètent l’une l’autre,
rectifient leurs propos, modulent leurs tonalités. Non seulement cet entrelacement, conduit
d’une manière harmonieuse et soutenue, coud l’étoffe de l’intrigue, mais la polyphonie
produit une musique simple et efficace.

Les narratrices, dans un rapport frontal au public, incarnent aussi des personnages : une
logeuse accueille une jeune femme qui cherche une ville calme de province pour écrire.
Cette dernière est hantée par son père, un couturier africain dont elle conserve une
image. La rencontre de ces deux femmes, gardées par une figure tutélaire masculine, ne
cesse de faire écho à Pénélope dans l’Odyssée : seule et sédentaire, cette dernière crée
un vêtement pour combler une béance, pour se protéger des autres, pour immobiliser le
temps et l’espace, jusqu’au retour de son époux héroïque. Car dans Qui déplace le soleil,
il s’agit d’écrire ou d’écouter un récit pour transcender le manque, donner une forme à la
mémoire oublieuse, fantasmer, créer, se libérer, se déplacer. En filant, dévidant et coupant
les fils de leur toile, les deux Pénélope de la pièce peuvent devenir Ulysse, reprendre la
marche.

Éloge de la relation

Marie Piemontese questionne le passage des frontières, la problématique actuelle de la
migration, à travers trois figures proches de l’aède, du griot, des Moires ou Parques de
la mythologie. On lui sait gré de trouver ce détour, cette distance délicate, pour évoquer
un sujet sensible. La métaphore de la couture (ou du tissage, du filage) permet autant de
parler de sujets sociétaux et politiques, que de littérature et de théâtre.
Les discours de la jeune femme écrivain d’origine africaine, agitée par des « voix », rapportant
des récits de migrants noyés, évoquant son identité multiple, produisent un effet étrange
et passionnant sur la logeuse. Cette dernière, jusque là pétrifiée dans sa maison, va ouvrir
son imaginaire, va bouger. En réalité, une modification s’opère chez chacune des deux
femmes. Une frontière se franchit. Au terme d’une confrontation qui va crescendo, d’un
dialogue teinté de fascination et de répulsion, de candeur et de folie, quelque chose se
produit, dans un lieu commun, provisoire, partagé. Magie incomparable du théâtre. Cette
rencontre entre deux corps, deux générations différentes, deux actrices très présentes,
aboutit à un vrai lien. Or, la relation singulière qui se noue entre les personnages, entre les
comédiennes, est la plus belle façon de parler de l’altérité.

Le rythme de la pièce et l’enchaînement rapide des séquences entraînent ainsi le spectateur
dans une « histoire en marche ». La création sonore « file », c’est-à-dire « prolonge les sons
» du texte. La musique accentue les variations de registres, de tempo et d’intensité. La
vidéo crée de la poésie, de la mémoire, de la couleur, de l’ailleurs ; elle coud ensemble
des morceaux épars de réalités, d’identités. Enfin, le jeu des actrices, si complémentaires,
tisse une forme à la fois banale, épique et étrange : Isabelle Lafon oscille avec subtilité
entre une ironie facétieuse et un désenchantement, tandis qu’Aurore Déon passe de la
fragilité, à l’étonnement ou à la transe, avec un grand naturel.

La pièce séduit donc par sa sobriété, son humilité, son refus des clichés, sa puissance
épique, son ouverture : Marie Piemontese est bien la reine tisserande d’une toile toujours
en devenir.
Lorène de Bonnay, Pierre Fort - Les Trois Coups - 17/09/2017

Entretien avec Marie Piemontese, auteure, metteure en scène, à propos de son projet
« les Lignes imaginaires »

Comédienne, auteure, metteure en scène et pédagogue, Marie Piemontese trace son
propre sillon et chemine en ce moment dans un projet rhizome, « les Lignes imaginaires ».
Lire la première partie de cet entretien : « Je suis une nomade culturelle »

En quoi consiste cet entrelacs de Lignes imaginaires ?
C’est un vaste questionnement sur le thème des frontières, de la migration. Il recouvre
toutes les actions que je déploie, seule ou en lien avec les publics. Il a débuté par une
pièce narrative, « classique », Qui déplace le soleil (présentée en janvier dernier à l’Espace
1789 à Saint-Ouen, jouée à Foix en mars, et reprise à la rentrée1). Mon quartier, situé
entre Barbès et la Chapelle, derrière la Goutte d’or, m’en a inspiré l’écriture ; de nombreux
couturiers africains y vivent. Or, le premier personnage qui m’est venu à l’esprit est un
homme à la machine à coudre. Cette image aurait pu donner lieu à une performance, une
installation. Mais doucement, des textes ont commencé à s’écrire sur cet homme, sur le
passage des frontières. Et puis il y a eu tous ces récits tragiques de migrants naufragés. Je
me suis alors demandé comment parler d’un sujet si présent dans l’actualité et abordé de
façons si diverses. Après une pause d’un an, j’ai raconté l’histoire de deux femmes, dans
une maison qui représente à la fois un abri et un lieu de passage. L’une cherche à louer
une chambre pour s’éloigner d’une grande ville : elle a besoin d’une sorte de retraite pour
écrire. Elle est hantée par le personnage de la machine à coudre – sans doute son père
– et raconte des histoires de migration. Elle est accueillie par une logeuse bizarre, mal
en point, peu investie dans sa demeure. Les rapports entre elles se dégradent. Une des
femmes disparaît étrangement… J’ai réécrit la fin pour les prochaines représentations.

Pourquoi ce titre ?
Les migrants quittent souvent le sud pour aller vers le nord. La pièce évoque des
communautés qui viennent du soleil et veulent l’emmener avec eux. Pour formuler les
choses un peu grossièrement, je me suis dit : « et si on déplaçait le soleil au lieu de déplacer
les gens ? ». Le titre est aussi une référence à la fin de la Divine Comédie de Dante (« c’est
l’amour qui meut le soleil et les autres étoiles »). J’aimerais que le public reçoive cette onde
positive.
Ne pas faire œuvre, peut-être, mais culture

Revenons au projet global.
La pièce a soulevé beaucoup de problématiques autour des frontières. Des amis ou
voisins m’ont envoyé des documents, raconté une expérience ou donné un point de vue.
Je me suis dit que je ne pouvais en rester là, qu’il fallait interroger des gens, correspondre,
parler. Je voulais que la notion de frontière soit présentée sous forme de questions, de
différentes façons. On vit une époque où de nombreuses frontières sont traversées.
Pourtant, certaines sont devenues plus que jamais infranchissables. Je rends juste compte
de ce paradoxe en récoltant des paroles. Un matériau se constitue, mais je ne suis pas
sociologue. Je me laisse rencontrer, je me laisse être nomade, improviser.

Une pièce intitulée Une ligne imaginaire est aussi annoncée sur votre site, non ?
Tout à fait, je l’écris en ce moment. Seulement j’ignore si elle se concrétisera. Plus largement,
je ne sais pas si le projet donnera lieu à une représentation scénique artistique aboutie, à
une série d’objets, ou sera le fruit d’échanges tissés avec différents groupes. Si l’ensemble
ne fait pas œuvre, il fait culture, par croisements, échanges et questionnements. Ce mot
de « culture » désigne aujourd’hui l’ensemble des activités culturelles qu’une certaine
partie de la société pratique. Or, tout le monde a une culture, d’où qu’il vienne, même s’il
n’a jamais mis les pieds dans un théâtre. La culture consiste peut-être alors à tout remettre
à plat, très modestement, à repartir de la rencontre, et à se demander quelle histoire on
peut partager ensemble, dans notre société composite, au présent, et pour l’avenir ?

Pouvez-vous nous donner des exemples d’actions en lien avec le public, de
rencontres ?
Maintenant, j’entame un autre projet avec la scène nationale de Blois : il s’agira d’élaborer
des correspondances écrites, visuelles et sonores, de migrants, d’abonnés du théâtre de
Blois et d’artistes, et d’aboutir à une restitution et à l’édition d’un recueil en fin de saison.
Sinon, cette année, j’ai travaillé in situ avec des élèves du collège Joséphine Baker de
Saint-Ouen. Fin septembre, j’ai fait intervenir la comédienne et danseuse Aurore Déon
(elle joue dans Qui déplace le soleil). Nous avons créé une performance qui a donné lieu
à des échanges et des dessins. J’ai abordé le thème de la frontière avec une classe de
4e sous forme de discussions, de débats, d’improvisations suivies de mises en situation,
d’exercices d’écriture. Enfin, avec Fabienne Laumonier, réalisatrice radio avec laquelle
je travaille, nous avons abouti de façon plus « officielle » à un montage de témoignages
enregistrés à partir d’un objet cher de leur choix. Chacun évoquait son trajet (de Pornic
ou d’Alger à Saint-Ouen) et traçait sa ligne imaginaire. Ces témoignages ont été déposés
aux archives de Saint-Ouen et au fonds de ressources du musée de l’Immigration. Les
adolescents ont été reçus et félicités. Nous avons également fait une création sonore
intitulée Tout autour de Saint-Ouen. Ces œuvres sont sur Arte audio
Vos histoires s’appuient-t-elle sur des échanges, des témoignages
 (comme Générations)2 ?
Pas nécessairement. Disons que l’intime et la rencontre avec autrui se mêlent. J’ai toujours
travaillé auprès des publics, parallèlement à mon métier de comédienne. Phèdre le matin
(2013) est ainsi liée à une période où je menais un projet sur la tragédie, avec un groupe de
femmes amateurs, dans un théâtre. Chacune improvisait en s’imaginant être le témoin d’un
événement terrible, et des histoires se constituaient sous la forme de témoignages menés
par les participants. Cette forme était très intéressante. Un soir, j’ai organisé une rencontre
entre Phèdre (j’avais proposé le rôle à Isabelle Lafon) et des témoins, représentés par des
acteurs professionnels.
Quant à Qui déplace le soleil, elle livre une histoire intime inventée. La question des
frontières traverse ma famille (je suis d’origine italienne et née en Algérie), mais cette
thématique parle à tous et la pièce a nourri un projet plus ample. Le travail d’artiste est
fait de grigris intérieurs, de fantasmes et du lien à l’autre. Nos imaginaires communiquent
les uns avec les autres de manière diffuse et poétique ; rien n’avance dans le monde, si ce
n’est ce moment traversé ensemble.

Propos recueillis par Lorène de Bonnay et Pierre Fort

1- Qui déplace le soleil sera jouée du 12 au 17/9/2017 à l’Échangeur Bagnolet, du 16 au 18/10 au théâtre
Le Hublot à Colombes, et les 21 et 22/11 à La Halle aux grains – scène nationale de Blois.
2- Le projet « Fabrique d’histoires – Recueil de paroles » avec la ville de Morsang-sur-Orge et le théâtre
de Brétigny : à partir d’une dizaine d’ateliers de paroles qu’elle conduit auprès des Morsaintois, elle écrit et
met en scène Générations, pièce à quatre scènes indépendantes. En 2011, toujours à partir d’échanges
avec des habitants de l’Essonne, elle réalise une suite de portraits-vidéo intitulée Nous sommes tous des
personnages de théâtre.
octobre 2017
les vagabondes
(Éloge de la potentialité et des jardins quantiques)
TEXTE ET CONCEPTION aLAIN Béhar

Les vagabondes, ce sont ces plantes ou fleurs robustes, peu ou mal identifiées dans un
milieu donné, ou bien qui mutent pour continuer à aller où elles veulent...

Au fond et dans une certaine mesure ça raconte quoi Les Vagabondes ?
L’histoire d’un homme/écrivain qui aurait reçu par la poste un colis adressé par un
ami mort, un certain Roland. A l’intérieur du carton un disque dur, des notes diverses
et une lettre l’enjoignant à écrire, à partir de ces notes, le texte de son choix. Les notes parlent
de projets à réaliser mais toujours reportés et de cette joie qu’il y aurait
finalement à jouer à ça : à reporter les choses. L’homme/écrivain écrit alors un texte
qui dit le monde de Roland, celui de l’art, du théâtre plus précisément. Il dit le plaisir
et le besoin de chercher sans cesse. Il dit les rêves, les promesses, les mensonges,
les écueils, les inquiétudes. Il dit la marge nécessaire pour que quelque chose d’inconnu
ait un lieu et du temps pour paraître. Il dit aussi les amis, les amours, les bonheurs,
les détresses, la vie quoi. L’homme/écrivain confie ainsi à l’écriture le soin d’inventer un
récit/monde qui le contienne. Et l’écriture y va, foisonnante, débridée, baroque à souhait,
sorte de bazar incroyable qui brouille les pistes, le temps, les actions, les repères. Le texte
se tisse serré et dru comme un jardin anglais, porté par un clown joyeux et inquiétant. Au
bout le monde/récit cesse. L’écrivain a fini son travail. L’homme reste.
Suzanne Joubert (La gazette du Bhoutan)

Avec Alain Béhar, Montaine Chevalier
Scénographie Cécile Marc, Alain Béhar, Montaine Chevalier | Lumière Claire Eloy
Images et régies Stéphane Couzot et Jesshuan Diné
Et les regards vagabonds d’Antoine Wellens, Marie Vayssière, Daniel Romero,
Alain Fourneau, Mireille Guerre, Francois Tizon, Renaud Bertin, Suzanne Joubert...

Production Compagnie Quasi
Coproductions Humain trop humain – CDN Montpellier, CDPB, Théâtre du Bois de l’Aune et 3bisF
à Aix-en-Provence
Avec le soutien de : Mèq Laboratoire de création numérique d’hTh, du Théâtre Garonne à Toulouse, de
la compagnie La Liseuse, de Josette Pisani, Marseille Objectif Danse et de la Friche de la Belle de Mai à
Marseille.
La compagnie Quasi est conventionnée par la DRAC et la Région Occitanie.
Co-réalisation Théâtre L’ÉCHANGEUR – Cie Public Chéri
Jean-Pierre Thibaudat - Mediapart - 04/10/2017

Les derniers vagabondages d’Alain Béhar

Côté jardin, il y a un jardin qui avance. Côté cour, il y a Alain Béhar qui court après
les mots. Le titre du spectacle est imprévisible comme l’est toujours cet auteur-
acteur-metteur en scène : « Les Vagabondes, éloge de la potentialité et des jardins
quantiques ». Un spectacle qui jardine.

Dans la bouche d’Alain Béhar, les mots sont toujours en retard d’un train à prendre.
Alors ils courent comme des fous pour ne pas voir les portes (entre autres, celles
des théâtres) se fermer devant eux. Ils ne se sont pas levés de bonheur, ils aiment
baguenauder dans les interstices. Ne trouvant jamais la deuxième chaussette, ils
vont dépareillés, ils regardent les feuilles des arbres au lieu de regarder leur montre.
Bref, ils n’ont jamais le temps de faire leur valise comme il faudrait, alors ils jettent
dedans tous leurs vêtements en vrac. De fait, ils ressemblent à leur auteur qui s’avance
en scène sans souci de se costumer ou de faire l’acteur ou même de faire l’auteur en vogue
portant à son cou une écharpe de vécu. Il annonce tout de suite la couleur : « de là où j’en suis
je vous adresse 70 000 signes (pour 1h15/20 à voix haute) espaces compris ».

Une urgence pragmatique
Cette fois, Béhar nous parle de Roland. Comme Roncevaux, comme Dubillard, comme
Barthes. Roland est mort, il a laissé à son pote de coloc une caisse de carnets et vieilles
cassettes en héritage. C’est lourd, les héritages, on n’en voit jamais le bout. La veille
de sa mort lors d’un dîner avec son vieux pote, Roland toussait en mangeant des crevettes
piquantes. A-t-il eu alors le pressentiment de sa disparition ? Deviné un signe qui ne
trompe pas ou alors énormément ? Toujours est-il qu’il a écrit sur la nappe du restaurant
comme une pensée testamentaire : « Il semble que dans l’urgence pragmatique on bouche
la moindre brèche un peu inquiète et désirable d’un bazar légal ou d’une fatalité
chiffrée. » Et Béhar d’enchaîner : « c’est en quelque sorte sa dernière phrase, enfin la mienne,
je ne suis pas sûr que ça veuille dire quelque chose. » Nous non plus, cependant
c’est bidonnant.

Béhar mélange tout ; la vie, la mort, les tourteaux et les tourterelles, il n’a pas besoin
d’aller sur Meetic pour organiser la rencontre entre la logique et le loufoque. Il vagabonde.
Ça tombe bien, car Roland lui a soufflé le titre de son spectacle : Les Vagabondes, éloge
de la potentialité et des jardins quantiques. Une « histoire de porosité et de frontières
qui se déplacent pour en faire d’autres enfin je crois ». Dit autrement, c’est la rencontre
entre le « faire » et « l’imaginer faire », un spectacle donc en train de se faire étant entendu
que « le déjà fait et ce qui reste à faire s’entendent avec ce qui aurait pu se faire, avec
ce qu’on peut en faire et ce qui ne se fera pas... ». C’est comme ça et aussi autrement.

Ça va vite en bouche avec secousses de mains en options, ça déboule en mode avalanche,
ça bifurque dans les jardins qui avancent comme la forêt devant Macbeth. On y croise
une contorsionniste islandaise éméchée à laquelle Roland chantait un amour de gondole,
on fait un tour au « festival des vieilles promesses », un détour par La Classe morte
de Kantor, on passe de la société du spectacle à « la société de projets », on y apprend
qu’un certain Google a tué la mort avant d’envoyer un rectificatif depuis la Fonderie
du Mans : « le report de la fin de la mort est prévu pour 2035 au mieux ». On croise
un dangereux « cadre quinquagénaire post-déconstructiviste de chez Samsung »,
une prénommée Caroline, amie de Roland, faisant la retape adossée entre un « château
de la ZAC Versailles-Nord » et « un campement de SDF suréquipé électroniquement »
avant que le grand acteur japonais Tamasburo ne tombe amoureux d’elle. On barbote
dans l’inconcevable échevelé.

L’homme aux 24 enveloppes
Roland, homme soucieux de vivre un peu après sa mort, a laissé à son ami 24 enveloppes
à ouvrir chaque année le premier jeudi de mars. Des notes pas toujours lisibles,
des injonctions à la con, des pensées en forme de potiron. On en a pour son argent,
son grade et son jardin jusqu’en 2043, à cause d’une chanson de Bashung si vous voulez
tout savoir.

Et les Vagabondes ? « Ce sont des plantes ou fleurs robustes, peu ou mal identifiées
dans un milieu donné ou bien qui mutent pour continuer à aller où elles veulent », nous
dit l’auteur ou bien c’est Gilles Clément ou Wikipédia, je ne sais plus. Toujours est-il que
le spectacle le prouve. Car, à côté du brillant et mitraillant babil de l’auteur-acteur,
Montaine Chevalier (par ailleurs danseuse et chorégraphe) échafaude vertement une jungle
de terre odorante, de fleurs (artificielles ou pas), d’arbustes et de branches, et elle le fait,
comme il se doit, de Jardin à Cour. Les deux zigotos se côtoient sans jamais se toucher.
Vont-ils se rencontrer ?
Et Roland dans tout ça ? Il songe à « La mort j’adore », c’est un titre. « C’est juste un projet,
tu vois... »

Théâtre de L’Echangeur, à Bagnolet, 20h30, jusqu’au 7 octobre.
Orianne Hidalgo-Laurier - Mouvement.net - 06/10/2017

Éloge du déraillement

En 70 000 signes et 1h30, Alain Béhar organise un bordel de paroles virtuose, en forme
de gigantesque collage dada post-internet. Les Vagabondes, éloge de la potentialité et
des jardins quantiques, c’est une porte dérobée vers un imaginaire en fusion qui déraille
du « projet » des politiques en vigueur.

Des effluves végétales prennent le nez tout entier sans attendre que la vue apprivoise
l’obscurité du théâtre de l’Échangeur. Comme une madeleine, elles déclenchent d’emblée
un vagabondage de la pensée, réminiscences d’échappées champêtres ou Vanités.
Présent, passé et futur se téléscopent à l’odeur. Sur le plateau, côté jardin, des plantes,
des arbres et des fleurs, qui semblent s’être évadées de leur jardinière, languissent.
Seraient-elles en voie de « réensauvagement » ou de numérisation ? « C’est un jardin moitié
végétal moitié digital. Chlorophylle et pixels, pour dire vite » explique l’homme qui déboule
sur scène, en préambule de sa longue adresse au public toute aussi foisonnante
que le bosquet. Alain Béhar, auteur, metteur en scène et interprète (inédit),
n’est pas enclin à la concision. D’hésitations en digressions et d’analepses
en pantomimes, le narrateur fait jaillir Roland – son aura du moins – et les
24 lettres que cet homme de théâtre, fondateur du « Mouvement Potentiel
Potentialiste », lui a transmis après sa mort. Cet héritage, articulé autour de notes sur papier,
disque dur et autres « medias zombies », semble dérouler un protocole d’anticipation.
À partir de 2017 et jusqu’en 2043 – date à laquelle Google a tué la mort – les membres
du Mouvement se réuniront tous les premiers jeudi du mois de mars. Où et comment ?
Ici et là, autour d’un « kebab clandestin » à Béziers, dans le royaume du Bhoutan,
à la Cour du roi Louis XXVI, dans un « camp de SDF suréquipés électroniquement » ou en
compagnie d’un « cadre post-déconstructiviste de chez Samsung ».

Inutile de tenter de suivre quelque logique à cette histoire pataphysicienne.
Quant à la règle des trois unités : morte et enterrée. Le débit de parole épouse
le mouvement et le rythme d’une pensée fourmillante, acrobatique, plasticienne.
C’est de virtuosité, de la langue et de l’imaginaire, dont Alain Béhar fait ici, non pas
la démonstration (ce serait trahir l’indétermination essentielle des potentiels que
l’auteur célèbre), mais l’expérimentation. Serait-ce cela « créer par rajout du manque » –
un autre paradoxe béharien – ? Un manque, peut-être nécessaire à la créativité, traqués
par les injonctions à rentabiliser la moindre unité de cervelet, à optimiser son temps libre
et à combler le vide à grandes bouchées de bribes médiatiques (sous peine de n’être
qu’un « rien »). Il y a trop de malice dans Les Vagabondes pour tremper dans le pamphlet.
Sans jamais se répéter, Alain Béhar empile, découpe, hybride en piochant dans
un contexte social, politique, et culturel contemporain : délires posthumanistes à la Elon
Musk, gameplay, progrès technologiques brevetés par Google, botanique, mouvements
sociaux, références artistiques (de Rimbaud à Rem Koolhaas et de Claude Nougaro
à Philip Glass en passant par Baudrillard)… Quand le gouvernement français dérèglemente
le code du travail au profit d’une servitude modernisée, Les Vagabondes envisage la fin
du salariat et de la propriété, un revenu de 7000 euros par mois et « des robots qui
travaillent à perte » à l’horizon 2029. Et voilà que les perspectives anticapitalistes ouvertes
par André Gorz dans les années 1990 font irruption dans la fiction, boursoufflées.
Quand la timide reprise des relations entre les États-Unis et Cuba, en plein processus
de passation de pouvoirs, laisse dubitatif sur les zones d’influence respectives, la pièce
de Béhar imagine une Tate Gallery sur l’île communiste.

Bref, l’auteur bricole – avec dextérité – ce « théâtre de données » que son personnage
évoque, si ce n’est ce « Centre dramatique potentiel ». La mise en abyme du théâtre
ne va pas sans égratigner au passage la bureaucratie institutionnelle et les sacrosaintes
politiques culturelles. Dans cette « société de projets », il y a des « gens qui cherchent
l’art sans jamais le trouver », « on parle de subventionner la clandestinité à hauteur de
ce qu’elle ne montre pas », on y monte « les invendus » des scènes dramatiques entre
deux averses, on y croise des syndicalistes de l’Odéon et des chargés de mission
qui s’improvisent techniciens. Si le monologue glisse parfois vers un entre-soi, c’est pour
le désamorcer avec le panache d’un auteurdiscret, à distance des scènes conventionnées.
Et puis la mort passe comme une ombre projetée en fond de scène. Elle s’endort, solitaire
et répudiée, dans un Éden numérique. L’ivresse linguistique s’estompe et les fleurs,
elles, ont muté en silence ( et sous la main verte de la danseuse Montaine Chevalier ).
Elles recouvrent dorénavant tout le plateau, sauvageonnes ou domestiquées, plastifiées,
pixellisées ou décadentes.
La « société de projet » des Vagabondes n’est ni transparente ni monnayable,
elle se compose par circonvolutions, se nourrit et s’absorbe (dans un processus
de « topophagie » faut-il comprendre), s’équilibre dans l’incertain et le bancal.
Et si elle avorte, tant pis. C’est un « jardin où l’on vit le plus naturellement du monde entre
“faire” et “imaginer faire”, où le déjà fait et ce qui reste à faire s’entendent avec ce qui aurait
pu se faire et ce qui ne se fera pas. »
octobre 2017 - dON QUICHOTTE ou le vertige de sancho
ADAPTATION, mise en scène et scénographie RÉGIS HEBETTE

D’après L’INGÉNIEUX HIDALGO DON QUICHOTTE DE LA MANCHE de Cervantès

1605 : le monde occidental bascule vers le rationalisme et l’efficacité.
Pour combattre ce nouvel « âge de fer » et « les temps calamiteux » qu’il promeut, le modeste
seigneur Quesada décide de se faire armer chevalier et de devenir Don Quichotte.
Le paysan Sancho Panza accepte de devenir son écuyer et de l’accompagner dans
son invraisemblable mission. Inaptes à l’aventure l’un sans l’autre, ils s’ouvrent ensemble
les portes d’une immortelle renommée. Le roman de Cervantès n’est pas une apologie
du rêve, mais l’affirmation poétique du pouvoir de transformation que recèlent
nos imaginaires. Ce ne sont pas les idées de notre chevalier qui le rendent admirable,
elles sont bien trop paradoxales, et ce ne sont pas non plus ses combats car malgré
son courage il s’y montre bien trop souvent pathétique ; ce qui fait de Don Quichotte
une figure troublante et subversive, c’est sa capacité à répondre « mot pour mot, fiction
pour fiction » au discours de son temps.
Aux côtés d’un maître halluciné, Sancho va connaître une expérience initiatique
qui le transformera.
Don Quichotte ou le vertige de Sancho est le récit de cette transformation.

D’après Miguel de Cervantès
Traduction Aline Schulman
Avec Pascal Bernier, Fabrice Clément, Sylvain Dumont, Régis Hebette
Collaboration à la dramaturgie Gilles Aufray
Création lumière et régie générale Saïd Lahmar
Conception son Marc Bertin, Fabrice Clément, Sylvain Dumont
Costumes Delphine Brouard
Accessoires sonores avec le concours de Benoît Poulain

Production Théâtre L’ÉCHANGEUR - Cie Public Chéri
Coproduction Centre Culturel André Malraux - Scène Nationale de Vandoeuvrelès-Nancy
Avec l’aide à la production de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France / Ministère de
la Culture et de la Communication et de l’ADAMI.
L’ÉCHANGEUR — Cie Public Chéri est conventionné par la Direction Régionale des Affaires Culturelles
d’Île-de-France / Ministère de la Culture et de la Communication, le Conseil Régional d’Île-de-France, le
Conseil Général de Seine-Saint-Denis et la Ville de Bagnolet.
Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 25/10/2017
octobre - novembre 2017 - D comme deleuze
mise en scène cédric orain

Gilles Deleuze, philosophe-star de son vivant, a toujours cherché à dialoguer avec
le cinéma, la littérature, la peinture et parfois le théâtre. Il détestait les colloques.
Pour soigner le mal par le mal, Cédric Orain met en scène une conférence qui déraille.
Au plateau un conférencier tente de partager avec le public la richesse et la puissance
de certains des grands concepts de Gilles Deleuze, mais il est très vite interrompu
par des corps qui bougent, chantent et s’emparent irrésistiblement de ce qu’il allait nous
dire.

Conférence un peu mouvementée autour de l’oeuvre de Gilles Deleuze
Avec Olav Benestvedt, Guillaume Clayssen, Erwan Ha Kyoon Larcher
Lumière et régie générale Germain Wasilewski

Administration, production et diffusion La Magnanerie - Julie Comte, Anne Herrmann, Victor Leclère, Martin
Galamez
Production Compagnie La Traversée
Coproduction Le Phénix - Scène Nationale de Valenciennes / Pôle
Européen de Création, Ma Scène Nationale - Pays de Montbéliard.
Cédric Orain est artiste associé au Phénix - scène nationale de Valenciennes / Pôle européen de création et
à la Maison de la Culture d’Amiens – Pôle européende création et de production. Il est artiste en résidence
à Ma scène nationale – Pays de Montbéliard.
Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Hauts-de-France et de la Région
Hauts-de-France.
Co-réalisation Théâtre L’ÉCHANGEUR - Cie Public Chéri
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