Revue de presse 2017 2018 - Théâtre L'Échangeur
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septembre 2017 - Qui déplace le soleil texte et Mise en scène Marie Piemontese Lorène de Bonnay - Les Trois Coups - 17/09/2017 Lorène de Bonnay, Pierre Fort - Les Trois Coups - 17/09/2017 (Entretien) octobre 2017 - LES VAGABONDES TEXTE ET CONCEPTION aLAIN Béhar Jean-Pierre Thibaudat - Mediapart - 04/10/2017 Orianne Hidalgo-Laurier - Mouvement.net - 06/10/2017 octobre 2017 - dON QUICHOTTE ou le vertige de sancho ADAPTATION, mise en scène et scénographie RÉGIS HEBETTE Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 25/10/2017 Véronique Leblanc - Metropolitan - janvier 2015 A C-P - L’Herault du jour - 06/11/2014 Ghislaine Arba-Laffont - La Gazette - 30/10/2014 France 3 Basse – Normandie - La où ça bouge - 14/10/2014 Raphaël Fraisnais - Ouest France - 13/10/2014 et 16/10/2014 Mathieu Girad - Cote Caen - 08 au 14/10/2014 Anna Sigalevitch, Marie-José Sirach - France Culture, La dispute - 22/09/2014 Anne Quentin - La scene n°71 - Hiver 13-14 Laura Plas - Les 3 Coups - 17/10/2013 Marie-José Sirah - L’Humanité - 07/10/2013 Véronique Klein - Mediapart - 07/10/2013 Martine Silber - Marsupilamima - 02/10/2013 Christiane Passevant - Divergences 2 - 29/09/2013 Véronique Hotte - Théâtre du blog - 29/09/2013 octobre - novembre 2017 - D comme deleuze mise en scène cédric orain Anaïs Heluin - La Terrasse - n°259 - 24/10/2017 Vincent Bouquet - Scène web - 31/10/2017 Êve Beauvallet - Libération - 02/11/2017 Olivier Steiner - Diacritik - 02/10/2017 R. Bu. - Le Monde - 03/10/2017 Théodore Lacour - Un Fauteuil pour l’Ochestre - 03/10/2017 Jean-Pierre Léonardini - L’Humanité - 06/10/2017 novembre 2017 - alcool un petit coin de paradis de et par nadège prugnard Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 11/2017 novembre 2017 -M.a.m.a.E. MEURTRE ARTISTIQUE MUNITIONS ACTION EXPLOSION de nadège prugnard Mis en oeuvre en complicité avec Marie-Do Fréval Martine Piazzon - Froggy’s Delight - 11/2017
décembre 2017 - extrêmophile MISE EN SCÈNE THIBAULT ROSSIGNEUX texte ET COLLABORATION ARTISTIQUE ALEXANDRA BADEA Gilles Costaz - Webthéâtre - 22/12/2017 Xenia Ivanova - Le Souffleur - 27/12/2017 janvier 2018 - aujourd’hui Conception AURELIA IVAN Anaïs Heluin - Scène web - 12/01/2018 janvier 2018 - trois songes - Un procès de Socrate mise en scène olivier coulon-jablonka texte Olivier saccomano Anaïs Heluin - La Terrasse - 20/12/2018 MARS 2018 - La femme® n’existe pas Mise en scène Keti Irubetagoyena - Texte Barbara Métais-Chastanier Marina Da Silva - L’Humanité - 05/03/2018 Julia Bianchi - Le Coryphée - 05/03/2018 Christine Friedel - Théâtre du blog - 07/03/2018 Sarah Frack - Arts Chipels - 07/03/2018 Ysé Sorel - I/O Gazette - 08/03/2018 Alex Adarjan - Just Focus - 09/03/2018 Alice Palmieri - Le Souffleur - 14/03/2018 Margaux Dussert - L’ADN - 16/03/2018 Avril 2018 - Le fils De Jon Fosse - mise en scène etienne pommeret Véronique Hotte - Hotello - 06/04/2018 Jean Grapin - La Revue du spectacle - 06/04/2018 Véronique Hotte - Théâtre du blog - 06/04/2018 Vincent Bouquet - Scène web - 06/04/2018 Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 06/04/2018 Marina Da Silva - L’Humanité - 15/04/2018 Mai - Juin 2018 - printemps de l’échangeur Cie public chéri & invités Le Magazine d’Est Ensemble n°34 - 29/03/2018 Bajomag n°31 - 04/2018 Mai 2018 - Delta Charlie Delta De Michel Simonot - Mise en scène Justine simonot Gilles Costaz - Webthéâtre - 25/05/2018 Mai - Juin 2018 - Envoûtements, spectacle, proférations #2 conception et mise en scène régis hebette Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 01/06/2018
quelques extraits de presse septembre 2017 - Qui déplace le soleil texte et Mise en scène Marie Piemontese Marie Piemontese délaisse un temps son costume d’actrice pour inventer et mettre en scène une belle pièce sur le tissage, le métissage, le passage. Sa fable intime et universelle, « Qui déplace le soleil », nous meut, dans tous les sens du terme. (...) Le jeu des actrices, si complémentaires, tisse une forme à la fois banale, épique et étrange: Isabelle Lafon oscille avec subtilité entre une ironie facétieuse et un désenchantement, tandis qu’Aurore Déon passe de la fragilité, à l’étonnement ou à la transe, avec un grand naturel. (...) La pièce séduit donc par sa sobriété, son humilité, son refus des clichés, sa puissance épique, son ouverture : Marie Piemontese est bien la reine tisserande d’une toile toujours en devenir. Lorène de Bonnay - Les Trois Coups - 17/09/2017 octobre 2017 - les vagabondes TEXTE ET CONCEPTION aLAIN Béhar (...) Des effluves végétales prennent le nez tout entier sans attendre que la vue apprivoise l’obscurité du théâtre de l’Échangeur. Comme une madeleine, elles déclenchent d’emblée un vagabondage de la pensée, réminiscences d’échappées champêtres ou Vanités. Présent, passé et futur se téléscopent à l’odeur. (...) Inutile de tenter de suivre quelque logique à cette histoire pataphysicienne. Quant à la règle des trois unités : morte et enterrée. Le débit de parole épouse le mouvement et le rythme d’une pensée fourmillante, acrobatique, plasticienne. C’est de virtuosité, de la langue et de l’imaginaire, dont Alain Béhar fait ici, non pas la démonstration (ce serait trahir l’indétermination essentielle des potentiels que l’auteur célèbre), mais l’expérimentation. (...) Bref, l’auteur bricole – avec dextérité – ce « théâtre de données » que son personnage évoque, si ce n’est ce « Centre dramatique potentiel ». (...) Orianne Hidalgo-Laurier - Mouvement.net - 06/10/2017 octobre 2017 - dON QUICHOTTE ou le vertige de sancho ADAPTATION, mise en scène et scénographie RÉGIS HEBETTE (…) 1h45 de rêve, d’humour, de poésie. Et ce en restant fidèle à l’esprit de l’auteur. Le metteur en scène et comédien Régis Hebette (…) a limité son adaptation aux dialogues entre le chevalier à l’imagination débridée et le paysan incrédule. Ici, tout tourne autour de Sancho. L’excellent Pascal Bernier lui donne sa silhouette. (…) C’est un valet non pas roublard, mais attentif et dérouté par la destinée fabuleuse de son maître. Lequel est incarné par les passionnants Fabrice Clément, Sylvain Dumont, Régis Hebette, à la diction sobre et dénuée d’effets (…) Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 25/10/2017
octobre - Novembre 2017 - D comme deleuze mise en scène cédric orain (…) En marge de l’exercice de vulgarisation conceptuelle savamment conduit par Guillaume Clayssen, l’acrobate Erwan HaKyoon Larcher et le chanteur Olav Benestvedt viennent en perturber la mécanique, s’immiscer dans les interstices créés par la pensée du philosophe. Pendant que le conférencier s’échine à rendre par la parole les concepts deleuziens le plus compréhensible possible, ses deux acolytes les expérimentent par le corps. Un geste valant parfois mille mots, la pensée deleuzienne apparaît alors sous un jour nouveau. Le principe du “corps sans organe” n’a sans doute jamais été aussi intelligible qu’avec cette image du chanteur à la renverse, quand le concept de “différence et répétition” gagne en clarté à mesure qu’ Erwan HaKyoon Larcher bondit et rebondit jusqu’à l’épuisement au-dessus d’une table. (...) Vincent Bouquet - Scène web - 31/10/2017 «On ne peut pas dire «commencer un spectacle». Ce serait faux. Parce que ça supposerait qu’il n’y ait rien avant. Alors que là, signale le conférencier au public qui lui fait face, dès l’entrée des spectateurs en salle, on voit bien que le spectacle avait déjà finalement commencé.» Voici, en substance, la façon dont «commence» D comme Deleuze, c’est à dire très bien, puisque nous voilà catapultés illico dans les méandres d’une digression métaréflexive sur le théâtre, puis en deux-deux dans des considérations astrophysiques et théologiques sur le concept de «cause première». (...) Êve Beauvallet - Libération - 02/11/2017 novembre 2017 - alcool un petit coin de paradis de et par nadège prugnard Il y a d’abord cette voix éraillée, canaille. Cette langue orale, poétique. Ces expressions qui claquent. Ces mots qui arrivent par torrents et débordent de partout. Cette main qui tient une liasse de feuilles qui s’échappent pour rejoindre un fatras de papiers. Et ce dos tout en imperméable, puis en robe rouge, car de Nadège Prugnard nous ne verrons le regard qu’à la toute fin. (...) Ce texte imbibé des rencontres faites sur le zinc, elle l’a écrit avec ses tripes. Un grand cri pour se raccrocher aux mots plutôt qu’à la bibine. (...) Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 11/2017 novembre 2017 - M.a.m.a.e. MEURTRE ARTISTIQUE MUNITIONS ACTION EXPLOSION de nadège prugnard | Mis en oeuvre en complicité avec Marie-Do Fréval (...) Avec «M.A.M.A.E», nourrie d’une écriture de plateau avec les comédiennes- performeuses, elle pousse de manière radicale sa réflexion sur le théâtre, la vie, les femmes, la mort et l’amour dans une partition qui emprunte au paradoxal, provocation et appel au secours, exhortation et accusation, vitupération et supplique, qui travaille au corps l’auditoire. (...) Audacieux en la forme, avec des textes disloqués à l’extraordinaire poésie d’une langue trash, cet oratorio pour femme défunte combine choralité, harangue monologale et superposition polyphonique de voix pour déverser un empilement maesltromique de mots et de maux débités sans souci de syntaxe. Pour porter cette tonitruante machine de guerre, Nadège Prugnard s’est associée à une autre «pétroleuse» théâtrale, Marie-Do Fréval , fondatrice de la Compagnie Bouche à Bouche, et le résultat est déflagratoire. (...) Martine Piazzon - Froggy’s Delight - 11/2017
quelques extraits de presse (suite) décembre 2017 - extrêmophile MISE EN SCÈNE THIBAULT ROSSIGNEUX texte ET COLLABORATION ARTISTIQUE ALEXANDRA BADEA (...) Thibault Rossigneux vient de mettre en scène un nouveau texte d’Alexandra Badea selon des principes qui ne sont pas courants dans le théâtre d’aujourd’hui. (...) Le texte d’Alexandra Badea dont l’art est d’exprimer les pensées souterraines des acteurs de la société économique et technologique passe cette fois au tutoiement à l’égard de ses personnages et entrecroise leurs cheminements secrets. (...) Le spectacle est tout à fait maîtrisé et défendu par des comédiens qui jouent en beauté la vie contre la déshumanisation : Samuel Churin, Katarzyna Krotki et Anthony Roullier. Etrange moment où l’on est ballotté entre un univers d’aéroport et des profondeurs sous-marines, fascinent et glaçant avec la force d’un théâtre inédit en train d’explorer son nouveau langage. Gilles Costaz - Webthéâtre - 22/12/2017 janvier 2018 - trois songes - Un procès de Socrate mise en scène olivier coulon-jablonka texte Olivier saccomano (...) Simple, le dispositif porte la trace de son contexte de création. Au centre d’un cercle formé par des chaises d’école, les comédiens Jean-Marc Layer et Guillaume Riant sont vêtus en conférenciers. En costards qui, à la fin de la pièce pourtant courte, auront tout perdu de leur tenue initiale. C’est que Trois songes est loin d’être une causerie de salon ou de coin du feu. (...) Jean-Marc Layer devient Euthyphron, philosophe au langage pétri de maximes, avant d’adopter à nouveau les paroles de Socrate face à un juge qui l’accuse de pervertir la jeunesse en inventant de nouveaux dieux. Immersif sans être frontal ni didactique, Trois songes offre un intelligent théâtre de la pensée en mouvement. Au présent. Anaïs Heluin - La Terrasse - 20/12/2018 MARS 2018 - La femme® n’existe pas Mise en scène Keti Irubetagoyena - Texte Barbara Métais-Chastanier (...) On passe de deux registres de langue, à près de trois siècles d’écart, qui se font écho dans une subjugation intense. Le parti pris de la mise en scène évoque avec juste quelques accessoires et costumes, un bâtiment occupé et l’effervescence de la rébellion. Hommage aux comédiens (Bruno Coulon, Jézabel D’alexis, Nicolas Martel, Julie Moulier, Grace Seri) qui servent avec passion toutes les situations. (...) Marina Da Silva - L’Humanité - 05/03/2018
avril 2018 - Le fils de Jon fosse - Mise en scène Etienne pommeret (...) Scénographie soignée de Jean-Pierre Larroche : côté jardin une route sinueuse, tel les rails de train d’une jolie maquette où la route semble grimper vers le lointain, bordée de petites maisons, éclairées ou non dans la nuit. (...) La prose poétique de Jon Fosse, à la fois, sobre et ouvragée avec des mots forts, est scandée de répétitions et variations à l’infini. Toujours sur le point de se révéler, la lumière, celle des maisons et des voitures, celle de l’âme aussi ne diffuse plus sa tristesse mais, au-delà des songes et des illusions perdues, répand son éclat. Un spectacle poétique sur le temps et la vie qui passent… Véronique Hotte - Théâtre du blog - 06/04/2018 (...) Le metteur en scène Etienne Pommeret est un fin connaisseur du dramaturge. C’est réussi. Sa direction est subtile. La gestuelle minimale. Le plateau dépouillé. (...) Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 06/04/2018 Mai - Juin 2018 - printemps de l’échangeur Cie public chéri & invités Mai - juin 2018 - Delta Charlie Delta De michel simonot - Mise en scène justine simonot (...) Un groupe d’auteurs, Petrol, a écrit des pièces brèves sur cette tragédie. L’un de ses membres, Michel Simonot, a décidé de poursuivre son travail d’auteur, d’atteindre une autre dimension théâtrale, avec un texte plus ample. (...) Justine Simonot, pour sa mise en scène, a inventé l’espace – il est élastique et infini, sans décor - , les déplacements et l’apparence changeante des acteurs qui s’effacent ou viennent au premier plan. Elle a joué sur différentes formes de déclamation et d’interventions, sur les sons aussi, avec la présence d’Annabelle Playe qui, à l’ordinateur, lance en direct une musique particulièrement prégnante. Alors que Clotilde Ramondou est magnifiquement la voix de la cité et des hommes, Xavier Kuentz, Zacharie Lorent, Alexandre Prince et Catherine Salvini incarnent les différents personnages et les différentes voix imaginées par l’auteur. Avec une écriture à la fois froide et passionnée et une belle mise en scène d’une complexité invisible, voilà du grand théâtre politique qui crée le langage de ce que peut être la tragédie dans le monde d’aujourd’hui. Gilles Costaz - Webthéâtre - 25/06/2018 Mai - Juin 2018 - Envoûtements, spectacle, proférations #2 conception et mise en scène régis hebette Sur scène, quatre vrais-faux universitaires un brin pédants mais très sympathiques. Ils parlent d’Antonin Artaud, de son influence sur la jeunesse de l’après-guerre. Notamment sur Isidore Isou, chef de fil des lettristes. (...) Guy Debord n’est pas loin... Pas de prise de tête pour autant. Très vite le poétique fait irruption. La chanson aussi, de façon innatendue. Ce n’est plus un colloque mais une performance bizarroïde d’une heure, pleine d’humour, qui nous parle d’aujourd’hui, de l’engagement. (...) Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 01/06/2018
septembre 2017 - Qui déplace le soleil texte et Mise en scène Marie Piemontese «Cette maison est une chance pour vous.» Qui déplace le soleil parle des lignes que nous traçons, des trames que nous tissons, et des frontières telles qu’elles se traversent aujourd’hui. Suite à l’annonce d’une chambre à louer, une femme reçoit une autre femme dans une maison. Celle qui arrive est venue là pour écrire, hantée par la vision d’un homme assis à une machine à coudre, probable souvenir du père qui veille sur le récit. Entre les deux femmes un rapprochement oscillant entre familiarité et étrangeté s’établit; jusqu’au jour où la femme qui reçoit disparaît. Texte et mise en scène Marie Piemontese Avec Aurore Déon, Isabelle Lafon, Maxime Tsihibunga Collaboration artistique - création vidéo Florent Trochel | Scénographie Annabel Vergne Création lumière Jean-Gabriel Valot | Création sonore Fabienne Laumonier Régie vidéo - lumière Cécile Botto Musique Antonin Leymarie et Le Magnetic Ensemble Ce texte est lauréat de la Commission nationale d’Aide à la création de textes dramatiques – Artcena Production Hana San Studio, en co-production avec l’Espace 1789 à Saint-Ouen, la Halle aux Grains, Scène nationale de Blois, l’Estive, scène nationale de Foix, , avec l’aide à la production dramatique de la Drac Ile de France, avec le soutien d’Arcadi Ile de France et la participation de La Ferme du Buisson et de l’Odéon-Tremblay-en-France, avec le soutien de la Maison des Métallos, du Hublot à Colombes, et du Théâtre Paris-Villette. Un grand merci à Pierre Glassner et à l’équipe technique de la Maison des Métallos Hana San Studio a été soutenu par le département de la Seine-Saint-Denis dans le cadre du dispositif In Situ 2016/2017 - artistes en résidences dans les collèges.
Lorène de Bonnay - Les Trois Coups - 17/09/2017 Les tisserandes d’une épopée intime Marie Piemontese délaisse un temps son costume d’actrice pour inventer et mettre en scène une belle pièce sur le tissage, le métissage, le passage. Sa fable intime et universelle, « Qui déplace le soleil », nous meut, dans tous les sens du terme. D’abord, l’œil du spectateur parcourt un grand espace noir au sol luisant, rappelant vaguement une usine. Puis, un halo de lumière blanche et des lignes verticales commencent à s’écrire sur le plateau. La scénographie, épurée, comprend une quenouille suspendue, un portrait photographique et quelques objets épars. À partir du vide, de la figure de l’absent, se tissent alors des discours féminins relayés par une musique et des sons envoûtants. Tous ces signes scéniques sont une invitation à l’imaginaire, à l’activité fabulante, au tissage de la matière dramatique.
Deux fileuses conteuses entremêlent donc leurs voix. Elles viennent d’ici et d’ailleurs, du monde présent, du conte africain et du mythe antique. Elles se répètent l’une l’autre, rectifient leurs propos, modulent leurs tonalités. Non seulement cet entrelacement, conduit d’une manière harmonieuse et soutenue, coud l’étoffe de l’intrigue, mais la polyphonie produit une musique simple et efficace. Les narratrices, dans un rapport frontal au public, incarnent aussi des personnages : une logeuse accueille une jeune femme qui cherche une ville calme de province pour écrire. Cette dernière est hantée par son père, un couturier africain dont elle conserve une image. La rencontre de ces deux femmes, gardées par une figure tutélaire masculine, ne cesse de faire écho à Pénélope dans l’Odyssée : seule et sédentaire, cette dernière crée un vêtement pour combler une béance, pour se protéger des autres, pour immobiliser le temps et l’espace, jusqu’au retour de son époux héroïque. Car dans Qui déplace le soleil, il s’agit d’écrire ou d’écouter un récit pour transcender le manque, donner une forme à la mémoire oublieuse, fantasmer, créer, se libérer, se déplacer. En filant, dévidant et coupant les fils de leur toile, les deux Pénélope de la pièce peuvent devenir Ulysse, reprendre la marche. Éloge de la relation Marie Piemontese questionne le passage des frontières, la problématique actuelle de la migration, à travers trois figures proches de l’aède, du griot, des Moires ou Parques de la mythologie. On lui sait gré de trouver ce détour, cette distance délicate, pour évoquer un sujet sensible. La métaphore de la couture (ou du tissage, du filage) permet autant de parler de sujets sociétaux et politiques, que de littérature et de théâtre.
Les discours de la jeune femme écrivain d’origine africaine, agitée par des « voix », rapportant des récits de migrants noyés, évoquant son identité multiple, produisent un effet étrange et passionnant sur la logeuse. Cette dernière, jusque là pétrifiée dans sa maison, va ouvrir son imaginaire, va bouger. En réalité, une modification s’opère chez chacune des deux femmes. Une frontière se franchit. Au terme d’une confrontation qui va crescendo, d’un dialogue teinté de fascination et de répulsion, de candeur et de folie, quelque chose se produit, dans un lieu commun, provisoire, partagé. Magie incomparable du théâtre. Cette rencontre entre deux corps, deux générations différentes, deux actrices très présentes, aboutit à un vrai lien. Or, la relation singulière qui se noue entre les personnages, entre les comédiennes, est la plus belle façon de parler de l’altérité. Le rythme de la pièce et l’enchaînement rapide des séquences entraînent ainsi le spectateur dans une « histoire en marche ». La création sonore « file », c’est-à-dire « prolonge les sons » du texte. La musique accentue les variations de registres, de tempo et d’intensité. La vidéo crée de la poésie, de la mémoire, de la couleur, de l’ailleurs ; elle coud ensemble des morceaux épars de réalités, d’identités. Enfin, le jeu des actrices, si complémentaires, tisse une forme à la fois banale, épique et étrange : Isabelle Lafon oscille avec subtilité entre une ironie facétieuse et un désenchantement, tandis qu’Aurore Déon passe de la fragilité, à l’étonnement ou à la transe, avec un grand naturel. La pièce séduit donc par sa sobriété, son humilité, son refus des clichés, sa puissance épique, son ouverture : Marie Piemontese est bien la reine tisserande d’une toile toujours en devenir.
Lorène de Bonnay, Pierre Fort - Les Trois Coups - 17/09/2017 Entretien avec Marie Piemontese, auteure, metteure en scène, à propos de son projet « les Lignes imaginaires » Comédienne, auteure, metteure en scène et pédagogue, Marie Piemontese trace son propre sillon et chemine en ce moment dans un projet rhizome, « les Lignes imaginaires ». Lire la première partie de cet entretien : « Je suis une nomade culturelle » En quoi consiste cet entrelacs de Lignes imaginaires ? C’est un vaste questionnement sur le thème des frontières, de la migration. Il recouvre toutes les actions que je déploie, seule ou en lien avec les publics. Il a débuté par une pièce narrative, « classique », Qui déplace le soleil (présentée en janvier dernier à l’Espace 1789 à Saint-Ouen, jouée à Foix en mars, et reprise à la rentrée1). Mon quartier, situé entre Barbès et la Chapelle, derrière la Goutte d’or, m’en a inspiré l’écriture ; de nombreux couturiers africains y vivent. Or, le premier personnage qui m’est venu à l’esprit est un homme à la machine à coudre. Cette image aurait pu donner lieu à une performance, une installation. Mais doucement, des textes ont commencé à s’écrire sur cet homme, sur le passage des frontières. Et puis il y a eu tous ces récits tragiques de migrants naufragés. Je me suis alors demandé comment parler d’un sujet si présent dans l’actualité et abordé de façons si diverses. Après une pause d’un an, j’ai raconté l’histoire de deux femmes, dans une maison qui représente à la fois un abri et un lieu de passage. L’une cherche à louer une chambre pour s’éloigner d’une grande ville : elle a besoin d’une sorte de retraite pour écrire. Elle est hantée par le personnage de la machine à coudre – sans doute son père – et raconte des histoires de migration. Elle est accueillie par une logeuse bizarre, mal en point, peu investie dans sa demeure. Les rapports entre elles se dégradent. Une des femmes disparaît étrangement… J’ai réécrit la fin pour les prochaines représentations. Pourquoi ce titre ? Les migrants quittent souvent le sud pour aller vers le nord. La pièce évoque des communautés qui viennent du soleil et veulent l’emmener avec eux. Pour formuler les choses un peu grossièrement, je me suis dit : « et si on déplaçait le soleil au lieu de déplacer les gens ? ». Le titre est aussi une référence à la fin de la Divine Comédie de Dante (« c’est l’amour qui meut le soleil et les autres étoiles »). J’aimerais que le public reçoive cette onde positive.
Ne pas faire œuvre, peut-être, mais culture Revenons au projet global. La pièce a soulevé beaucoup de problématiques autour des frontières. Des amis ou voisins m’ont envoyé des documents, raconté une expérience ou donné un point de vue. Je me suis dit que je ne pouvais en rester là, qu’il fallait interroger des gens, correspondre, parler. Je voulais que la notion de frontière soit présentée sous forme de questions, de différentes façons. On vit une époque où de nombreuses frontières sont traversées. Pourtant, certaines sont devenues plus que jamais infranchissables. Je rends juste compte de ce paradoxe en récoltant des paroles. Un matériau se constitue, mais je ne suis pas sociologue. Je me laisse rencontrer, je me laisse être nomade, improviser. Une pièce intitulée Une ligne imaginaire est aussi annoncée sur votre site, non ? Tout à fait, je l’écris en ce moment. Seulement j’ignore si elle se concrétisera. Plus largement, je ne sais pas si le projet donnera lieu à une représentation scénique artistique aboutie, à une série d’objets, ou sera le fruit d’échanges tissés avec différents groupes. Si l’ensemble ne fait pas œuvre, il fait culture, par croisements, échanges et questionnements. Ce mot de « culture » désigne aujourd’hui l’ensemble des activités culturelles qu’une certaine partie de la société pratique. Or, tout le monde a une culture, d’où qu’il vienne, même s’il n’a jamais mis les pieds dans un théâtre. La culture consiste peut-être alors à tout remettre à plat, très modestement, à repartir de la rencontre, et à se demander quelle histoire on peut partager ensemble, dans notre société composite, au présent, et pour l’avenir ? Pouvez-vous nous donner des exemples d’actions en lien avec le public, de rencontres ? Maintenant, j’entame un autre projet avec la scène nationale de Blois : il s’agira d’élaborer des correspondances écrites, visuelles et sonores, de migrants, d’abonnés du théâtre de Blois et d’artistes, et d’aboutir à une restitution et à l’édition d’un recueil en fin de saison. Sinon, cette année, j’ai travaillé in situ avec des élèves du collège Joséphine Baker de Saint-Ouen. Fin septembre, j’ai fait intervenir la comédienne et danseuse Aurore Déon (elle joue dans Qui déplace le soleil). Nous avons créé une performance qui a donné lieu à des échanges et des dessins. J’ai abordé le thème de la frontière avec une classe de 4e sous forme de discussions, de débats, d’improvisations suivies de mises en situation, d’exercices d’écriture. Enfin, avec Fabienne Laumonier, réalisatrice radio avec laquelle je travaille, nous avons abouti de façon plus « officielle » à un montage de témoignages enregistrés à partir d’un objet cher de leur choix. Chacun évoquait son trajet (de Pornic ou d’Alger à Saint-Ouen) et traçait sa ligne imaginaire. Ces témoignages ont été déposés aux archives de Saint-Ouen et au fonds de ressources du musée de l’Immigration. Les adolescents ont été reçus et félicités. Nous avons également fait une création sonore intitulée Tout autour de Saint-Ouen. Ces œuvres sont sur Arte audio
Vos histoires s’appuient-t-elle sur des échanges, des témoignages (comme Générations)2 ? Pas nécessairement. Disons que l’intime et la rencontre avec autrui se mêlent. J’ai toujours travaillé auprès des publics, parallèlement à mon métier de comédienne. Phèdre le matin (2013) est ainsi liée à une période où je menais un projet sur la tragédie, avec un groupe de femmes amateurs, dans un théâtre. Chacune improvisait en s’imaginant être le témoin d’un événement terrible, et des histoires se constituaient sous la forme de témoignages menés par les participants. Cette forme était très intéressante. Un soir, j’ai organisé une rencontre entre Phèdre (j’avais proposé le rôle à Isabelle Lafon) et des témoins, représentés par des acteurs professionnels. Quant à Qui déplace le soleil, elle livre une histoire intime inventée. La question des frontières traverse ma famille (je suis d’origine italienne et née en Algérie), mais cette thématique parle à tous et la pièce a nourri un projet plus ample. Le travail d’artiste est fait de grigris intérieurs, de fantasmes et du lien à l’autre. Nos imaginaires communiquent les uns avec les autres de manière diffuse et poétique ; rien n’avance dans le monde, si ce n’est ce moment traversé ensemble. Propos recueillis par Lorène de Bonnay et Pierre Fort 1- Qui déplace le soleil sera jouée du 12 au 17/9/2017 à l’Échangeur Bagnolet, du 16 au 18/10 au théâtre Le Hublot à Colombes, et les 21 et 22/11 à La Halle aux grains – scène nationale de Blois. 2- Le projet « Fabrique d’histoires – Recueil de paroles » avec la ville de Morsang-sur-Orge et le théâtre de Brétigny : à partir d’une dizaine d’ateliers de paroles qu’elle conduit auprès des Morsaintois, elle écrit et met en scène Générations, pièce à quatre scènes indépendantes. En 2011, toujours à partir d’échanges avec des habitants de l’Essonne, elle réalise une suite de portraits-vidéo intitulée Nous sommes tous des personnages de théâtre.
octobre 2017 les vagabondes (Éloge de la potentialité et des jardins quantiques) TEXTE ET CONCEPTION aLAIN Béhar Les vagabondes, ce sont ces plantes ou fleurs robustes, peu ou mal identifiées dans un milieu donné, ou bien qui mutent pour continuer à aller où elles veulent... Au fond et dans une certaine mesure ça raconte quoi Les Vagabondes ? L’histoire d’un homme/écrivain qui aurait reçu par la poste un colis adressé par un ami mort, un certain Roland. A l’intérieur du carton un disque dur, des notes diverses et une lettre l’enjoignant à écrire, à partir de ces notes, le texte de son choix. Les notes parlent de projets à réaliser mais toujours reportés et de cette joie qu’il y aurait finalement à jouer à ça : à reporter les choses. L’homme/écrivain écrit alors un texte qui dit le monde de Roland, celui de l’art, du théâtre plus précisément. Il dit le plaisir et le besoin de chercher sans cesse. Il dit les rêves, les promesses, les mensonges, les écueils, les inquiétudes. Il dit la marge nécessaire pour que quelque chose d’inconnu ait un lieu et du temps pour paraître. Il dit aussi les amis, les amours, les bonheurs, les détresses, la vie quoi. L’homme/écrivain confie ainsi à l’écriture le soin d’inventer un récit/monde qui le contienne. Et l’écriture y va, foisonnante, débridée, baroque à souhait, sorte de bazar incroyable qui brouille les pistes, le temps, les actions, les repères. Le texte se tisse serré et dru comme un jardin anglais, porté par un clown joyeux et inquiétant. Au bout le monde/récit cesse. L’écrivain a fini son travail. L’homme reste. Suzanne Joubert (La gazette du Bhoutan) Avec Alain Béhar, Montaine Chevalier Scénographie Cécile Marc, Alain Béhar, Montaine Chevalier | Lumière Claire Eloy Images et régies Stéphane Couzot et Jesshuan Diné Et les regards vagabonds d’Antoine Wellens, Marie Vayssière, Daniel Romero, Alain Fourneau, Mireille Guerre, Francois Tizon, Renaud Bertin, Suzanne Joubert... Production Compagnie Quasi Coproductions Humain trop humain – CDN Montpellier, CDPB, Théâtre du Bois de l’Aune et 3bisF à Aix-en-Provence Avec le soutien de : Mèq Laboratoire de création numérique d’hTh, du Théâtre Garonne à Toulouse, de la compagnie La Liseuse, de Josette Pisani, Marseille Objectif Danse et de la Friche de la Belle de Mai à Marseille. La compagnie Quasi est conventionnée par la DRAC et la Région Occitanie. Co-réalisation Théâtre L’ÉCHANGEUR – Cie Public Chéri
Jean-Pierre Thibaudat - Mediapart - 04/10/2017 Les derniers vagabondages d’Alain Béhar Côté jardin, il y a un jardin qui avance. Côté cour, il y a Alain Béhar qui court après les mots. Le titre du spectacle est imprévisible comme l’est toujours cet auteur- acteur-metteur en scène : « Les Vagabondes, éloge de la potentialité et des jardins quantiques ». Un spectacle qui jardine. Dans la bouche d’Alain Béhar, les mots sont toujours en retard d’un train à prendre. Alors ils courent comme des fous pour ne pas voir les portes (entre autres, celles des théâtres) se fermer devant eux. Ils ne se sont pas levés de bonheur, ils aiment baguenauder dans les interstices. Ne trouvant jamais la deuxième chaussette, ils vont dépareillés, ils regardent les feuilles des arbres au lieu de regarder leur montre. Bref, ils n’ont jamais le temps de faire leur valise comme il faudrait, alors ils jettent dedans tous leurs vêtements en vrac. De fait, ils ressemblent à leur auteur qui s’avance en scène sans souci de se costumer ou de faire l’acteur ou même de faire l’auteur en vogue portant à son cou une écharpe de vécu. Il annonce tout de suite la couleur : « de là où j’en suis je vous adresse 70 000 signes (pour 1h15/20 à voix haute) espaces compris ». Une urgence pragmatique Cette fois, Béhar nous parle de Roland. Comme Roncevaux, comme Dubillard, comme Barthes. Roland est mort, il a laissé à son pote de coloc une caisse de carnets et vieilles cassettes en héritage. C’est lourd, les héritages, on n’en voit jamais le bout. La veille de sa mort lors d’un dîner avec son vieux pote, Roland toussait en mangeant des crevettes piquantes. A-t-il eu alors le pressentiment de sa disparition ? Deviné un signe qui ne trompe pas ou alors énormément ? Toujours est-il qu’il a écrit sur la nappe du restaurant comme une pensée testamentaire : « Il semble que dans l’urgence pragmatique on bouche la moindre brèche un peu inquiète et désirable d’un bazar légal ou d’une fatalité chiffrée. » Et Béhar d’enchaîner : « c’est en quelque sorte sa dernière phrase, enfin la mienne, je ne suis pas sûr que ça veuille dire quelque chose. » Nous non plus, cependant c’est bidonnant. Béhar mélange tout ; la vie, la mort, les tourteaux et les tourterelles, il n’a pas besoin d’aller sur Meetic pour organiser la rencontre entre la logique et le loufoque. Il vagabonde. Ça tombe bien, car Roland lui a soufflé le titre de son spectacle : Les Vagabondes, éloge de la potentialité et des jardins quantiques. Une « histoire de porosité et de frontières
qui se déplacent pour en faire d’autres enfin je crois ». Dit autrement, c’est la rencontre entre le « faire » et « l’imaginer faire », un spectacle donc en train de se faire étant entendu que « le déjà fait et ce qui reste à faire s’entendent avec ce qui aurait pu se faire, avec ce qu’on peut en faire et ce qui ne se fera pas... ». C’est comme ça et aussi autrement. Ça va vite en bouche avec secousses de mains en options, ça déboule en mode avalanche, ça bifurque dans les jardins qui avancent comme la forêt devant Macbeth. On y croise une contorsionniste islandaise éméchée à laquelle Roland chantait un amour de gondole, on fait un tour au « festival des vieilles promesses », un détour par La Classe morte de Kantor, on passe de la société du spectacle à « la société de projets », on y apprend qu’un certain Google a tué la mort avant d’envoyer un rectificatif depuis la Fonderie du Mans : « le report de la fin de la mort est prévu pour 2035 au mieux ». On croise un dangereux « cadre quinquagénaire post-déconstructiviste de chez Samsung », une prénommée Caroline, amie de Roland, faisant la retape adossée entre un « château de la ZAC Versailles-Nord » et « un campement de SDF suréquipé électroniquement » avant que le grand acteur japonais Tamasburo ne tombe amoureux d’elle. On barbote dans l’inconcevable échevelé. L’homme aux 24 enveloppes Roland, homme soucieux de vivre un peu après sa mort, a laissé à son ami 24 enveloppes à ouvrir chaque année le premier jeudi de mars. Des notes pas toujours lisibles, des injonctions à la con, des pensées en forme de potiron. On en a pour son argent, son grade et son jardin jusqu’en 2043, à cause d’une chanson de Bashung si vous voulez tout savoir. Et les Vagabondes ? « Ce sont des plantes ou fleurs robustes, peu ou mal identifiées dans un milieu donné ou bien qui mutent pour continuer à aller où elles veulent », nous dit l’auteur ou bien c’est Gilles Clément ou Wikipédia, je ne sais plus. Toujours est-il que le spectacle le prouve. Car, à côté du brillant et mitraillant babil de l’auteur-acteur, Montaine Chevalier (par ailleurs danseuse et chorégraphe) échafaude vertement une jungle de terre odorante, de fleurs (artificielles ou pas), d’arbustes et de branches, et elle le fait, comme il se doit, de Jardin à Cour. Les deux zigotos se côtoient sans jamais se toucher. Vont-ils se rencontrer ? Et Roland dans tout ça ? Il songe à « La mort j’adore », c’est un titre. « C’est juste un projet, tu vois... » Théâtre de L’Echangeur, à Bagnolet, 20h30, jusqu’au 7 octobre.
Orianne Hidalgo-Laurier - Mouvement.net - 06/10/2017 Éloge du déraillement En 70 000 signes et 1h30, Alain Béhar organise un bordel de paroles virtuose, en forme de gigantesque collage dada post-internet. Les Vagabondes, éloge de la potentialité et des jardins quantiques, c’est une porte dérobée vers un imaginaire en fusion qui déraille du « projet » des politiques en vigueur. Des effluves végétales prennent le nez tout entier sans attendre que la vue apprivoise l’obscurité du théâtre de l’Échangeur. Comme une madeleine, elles déclenchent d’emblée un vagabondage de la pensée, réminiscences d’échappées champêtres ou Vanités. Présent, passé et futur se téléscopent à l’odeur. Sur le plateau, côté jardin, des plantes, des arbres et des fleurs, qui semblent s’être évadées de leur jardinière, languissent. Seraient-elles en voie de « réensauvagement » ou de numérisation ? « C’est un jardin moitié végétal moitié digital. Chlorophylle et pixels, pour dire vite » explique l’homme qui déboule sur scène, en préambule de sa longue adresse au public toute aussi foisonnante que le bosquet. Alain Béhar, auteur, metteur en scène et interprète (inédit),
n’est pas enclin à la concision. D’hésitations en digressions et d’analepses en pantomimes, le narrateur fait jaillir Roland – son aura du moins – et les 24 lettres que cet homme de théâtre, fondateur du « Mouvement Potentiel Potentialiste », lui a transmis après sa mort. Cet héritage, articulé autour de notes sur papier, disque dur et autres « medias zombies », semble dérouler un protocole d’anticipation. À partir de 2017 et jusqu’en 2043 – date à laquelle Google a tué la mort – les membres du Mouvement se réuniront tous les premiers jeudi du mois de mars. Où et comment ? Ici et là, autour d’un « kebab clandestin » à Béziers, dans le royaume du Bhoutan, à la Cour du roi Louis XXVI, dans un « camp de SDF suréquipés électroniquement » ou en compagnie d’un « cadre post-déconstructiviste de chez Samsung ». Inutile de tenter de suivre quelque logique à cette histoire pataphysicienne. Quant à la règle des trois unités : morte et enterrée. Le débit de parole épouse le mouvement et le rythme d’une pensée fourmillante, acrobatique, plasticienne. C’est de virtuosité, de la langue et de l’imaginaire, dont Alain Béhar fait ici, non pas la démonstration (ce serait trahir l’indétermination essentielle des potentiels que l’auteur célèbre), mais l’expérimentation. Serait-ce cela « créer par rajout du manque » – un autre paradoxe béharien – ? Un manque, peut-être nécessaire à la créativité, traqués par les injonctions à rentabiliser la moindre unité de cervelet, à optimiser son temps libre et à combler le vide à grandes bouchées de bribes médiatiques (sous peine de n’être qu’un « rien »). Il y a trop de malice dans Les Vagabondes pour tremper dans le pamphlet. Sans jamais se répéter, Alain Béhar empile, découpe, hybride en piochant dans un contexte social, politique, et culturel contemporain : délires posthumanistes à la Elon Musk, gameplay, progrès technologiques brevetés par Google, botanique, mouvements
sociaux, références artistiques (de Rimbaud à Rem Koolhaas et de Claude Nougaro à Philip Glass en passant par Baudrillard)… Quand le gouvernement français dérèglemente le code du travail au profit d’une servitude modernisée, Les Vagabondes envisage la fin du salariat et de la propriété, un revenu de 7000 euros par mois et « des robots qui travaillent à perte » à l’horizon 2029. Et voilà que les perspectives anticapitalistes ouvertes par André Gorz dans les années 1990 font irruption dans la fiction, boursoufflées. Quand la timide reprise des relations entre les États-Unis et Cuba, en plein processus de passation de pouvoirs, laisse dubitatif sur les zones d’influence respectives, la pièce de Béhar imagine une Tate Gallery sur l’île communiste. Bref, l’auteur bricole – avec dextérité – ce « théâtre de données » que son personnage évoque, si ce n’est ce « Centre dramatique potentiel ». La mise en abyme du théâtre ne va pas sans égratigner au passage la bureaucratie institutionnelle et les sacrosaintes politiques culturelles. Dans cette « société de projets », il y a des « gens qui cherchent l’art sans jamais le trouver », « on parle de subventionner la clandestinité à hauteur de ce qu’elle ne montre pas », on y monte « les invendus » des scènes dramatiques entre deux averses, on y croise des syndicalistes de l’Odéon et des chargés de mission qui s’improvisent techniciens. Si le monologue glisse parfois vers un entre-soi, c’est pour le désamorcer avec le panache d’un auteurdiscret, à distance des scènes conventionnées. Et puis la mort passe comme une ombre projetée en fond de scène. Elle s’endort, solitaire et répudiée, dans un Éden numérique. L’ivresse linguistique s’estompe et les fleurs, elles, ont muté en silence ( et sous la main verte de la danseuse Montaine Chevalier ).
Elles recouvrent dorénavant tout le plateau, sauvageonnes ou domestiquées, plastifiées, pixellisées ou décadentes. La « société de projet » des Vagabondes n’est ni transparente ni monnayable, elle se compose par circonvolutions, se nourrit et s’absorbe (dans un processus de « topophagie » faut-il comprendre), s’équilibre dans l’incertain et le bancal. Et si elle avorte, tant pis. C’est un « jardin où l’on vit le plus naturellement du monde entre “faire” et “imaginer faire”, où le déjà fait et ce qui reste à faire s’entendent avec ce qui aurait pu se faire et ce qui ne se fera pas. »
octobre 2017 - dON QUICHOTTE ou le vertige de sancho ADAPTATION, mise en scène et scénographie RÉGIS HEBETTE D’après L’INGÉNIEUX HIDALGO DON QUICHOTTE DE LA MANCHE de Cervantès 1605 : le monde occidental bascule vers le rationalisme et l’efficacité. Pour combattre ce nouvel « âge de fer » et « les temps calamiteux » qu’il promeut, le modeste seigneur Quesada décide de se faire armer chevalier et de devenir Don Quichotte. Le paysan Sancho Panza accepte de devenir son écuyer et de l’accompagner dans son invraisemblable mission. Inaptes à l’aventure l’un sans l’autre, ils s’ouvrent ensemble les portes d’une immortelle renommée. Le roman de Cervantès n’est pas une apologie du rêve, mais l’affirmation poétique du pouvoir de transformation que recèlent nos imaginaires. Ce ne sont pas les idées de notre chevalier qui le rendent admirable, elles sont bien trop paradoxales, et ce ne sont pas non plus ses combats car malgré son courage il s’y montre bien trop souvent pathétique ; ce qui fait de Don Quichotte une figure troublante et subversive, c’est sa capacité à répondre « mot pour mot, fiction pour fiction » au discours de son temps. Aux côtés d’un maître halluciné, Sancho va connaître une expérience initiatique qui le transformera. Don Quichotte ou le vertige de Sancho est le récit de cette transformation. D’après Miguel de Cervantès Traduction Aline Schulman Avec Pascal Bernier, Fabrice Clément, Sylvain Dumont, Régis Hebette Collaboration à la dramaturgie Gilles Aufray Création lumière et régie générale Saïd Lahmar Conception son Marc Bertin, Fabrice Clément, Sylvain Dumont Costumes Delphine Brouard Accessoires sonores avec le concours de Benoît Poulain Production Théâtre L’ÉCHANGEUR - Cie Public Chéri Coproduction Centre Culturel André Malraux - Scène Nationale de Vandoeuvrelès-Nancy Avec l’aide à la production de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France / Ministère de la Culture et de la Communication et de l’ADAMI. L’ÉCHANGEUR — Cie Public Chéri est conventionné par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France / Ministère de la Culture et de la Communication, le Conseil Régional d’Île-de-France, le Conseil Général de Seine-Saint-Denis et la Ville de Bagnolet.
Mathieu Perez - Le Canard Enchaîné - 25/10/2017
octobre - novembre 2017 - D comme deleuze mise en scène cédric orain Gilles Deleuze, philosophe-star de son vivant, a toujours cherché à dialoguer avec le cinéma, la littérature, la peinture et parfois le théâtre. Il détestait les colloques. Pour soigner le mal par le mal, Cédric Orain met en scène une conférence qui déraille. Au plateau un conférencier tente de partager avec le public la richesse et la puissance de certains des grands concepts de Gilles Deleuze, mais il est très vite interrompu par des corps qui bougent, chantent et s’emparent irrésistiblement de ce qu’il allait nous dire. Conférence un peu mouvementée autour de l’oeuvre de Gilles Deleuze Avec Olav Benestvedt, Guillaume Clayssen, Erwan Ha Kyoon Larcher Lumière et régie générale Germain Wasilewski Administration, production et diffusion La Magnanerie - Julie Comte, Anne Herrmann, Victor Leclère, Martin Galamez Production Compagnie La Traversée Coproduction Le Phénix - Scène Nationale de Valenciennes / Pôle Européen de Création, Ma Scène Nationale - Pays de Montbéliard. Cédric Orain est artiste associé au Phénix - scène nationale de Valenciennes / Pôle européen de création et à la Maison de la Culture d’Amiens – Pôle européende création et de production. Il est artiste en résidence à Ma scène nationale – Pays de Montbéliard. Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Hauts-de-France et de la Région Hauts-de-France. Co-réalisation Théâtre L’ÉCHANGEUR - Cie Public Chéri
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