Revue de presse - GwinZegal
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Libération - 11 & 12 Mai 2019
28 u Libération Samedi 11 et Dimanche 12 Mai 2019 A Guingamp, «l’Echappée» du pénitencier Résidences, ateliers, expos, éditions de livre… le centre d’art GwinZegal, implanté fin avril dans l’ancienne prison de la commune des Côtes-d’Armor, multiplie depuis dix-sept ans les initiatives pour faire connaître et défendre la photographie. Un parcours exceptionnel qui fait l’objet d’une exposition où sont rassemblés les artistes qui ont nourri son histoire. Par JÉRÉMY PIETTE Envoyé spécial à Guingamp «C’ est un lieu de châti- ment qui devient lieu de création», nous dit l’artiste Ra- phaël Dallaporta, à propos du centre d’art de GwinZegal qui, depuis fin avril, a trouvé, avec le soutien de la ville de Guingamp, un bel écrin de pierre dans l’ancienne prison de la commune des Côtes-d’Armor (l’un des premiers pénitenciers cellulai- Bretonnes (2014), de Charles Fréger. PHOTO CHARLES FRÉGER res en France) construite entre 1836 et 1841. C’est d’ailleurs dans l’obscu- rité d’une sombre geôle que l’artiste par les algorithmes), comme au pro- tel de ville, qu’elle utilise de manière français de 38 ans, qui a connu fit d’un monde qui irait bien plus temporaire car ce dernier ne répond GwinZegal il y a bien dix ans, nous vite que lui, et dont il ne saisirait pas pas à toutes les normes muséales. présente une première vidéo (Eclo- tout à fait la portée imprévisible. Autant avoir un solide refuge. sion) issue de son projet baptisé Mue se distingue comme le symbole Mue, réalisée avec l’aide de quel- d’un temps à plusieurs directions et Effervescence ques pièges photographiques (façon surtout comme partie intégrante de Le chemin parcouru par le centre vidéosurveillance carcérale) qui l’exposition collective «l’Echappée» d’art GwinZegal forme un «prolon- quadrillent, depuis 2017, divers qui réunit, comme une synthèse du gement logique de tout ce que nous endroits de la prison alors en rayonnement de GwinZegal avons mené jusque-là sur le terri- travaux, de la cour intérieure au chemin de ronde. «Je joue avec la nature d’outils de sur- PHOTO sur plus de quinze ans de ren- contres et échanges artisti- ques, les œuvres inédites et toire», explique Jérôme Sother, l’un des codirecteurs de cette associa- tion fondée en 2002 par Paul Cottin veillance qui deviennent ici outils plus anciennes d’artistes en tout (désormais retraité), «c’est-à-dire la d’expressions.» La vidéo compresse genre, de Samuel Gratacap au célè- création de résidences, d’expositions, et regroupe, sur deux ans, bre Malien Malick Sidibé, en pas- de livres avec notre propre maison 20000 images à l’aide de divers al- sant par Charles Fréger et Alexandra d’édition [comme celui d’Henk gorithmes – non pas sous le dictat Catière. Dans un même geste, cette Wildschut, Ville de Calais, qui a reçu des jours qui passent, chronolo- nouvelle exposition inaugure la le prix du livre d’auteur aux Rencon- giques, mais par la similitude d’ins- prise de possession de la prison ré- tres d’Arles en 2017, ndlr], ainsi que tants capturés : la chute d’une novée avec sa nouvelle salle de les nombreuses interventions me- feuille, un mur qui tombe, le vif pas- 150 m², pensée par l’architecte nées dans les écoles avec des ateliers, sage d’un oiseau, la pose d’un écha- Christophe Batard, en plus bien sûr et notre rayonnement à l’étranger». faudage… l’être vivant, bien que d’autres lieux alentours que l’asso- Ainsi, GwinZegal n’a eu de cesse de présent, s’efface dans la fluidité et ciation continue d’investir, comme faire prospérer et de mettre en va- La prison de Guingamp où GwinZegal s’est installé. PHOTO DR la rapidité du montage (aussi géré l’espace François-Miterrand à l’hô- leur, projet par projet, la photogra- Libération - 11 & 12 Mai 2019
Libération Samedi 11 et Dimanche 12 Mai 2019 www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 29 Mark Neville, sont de nouveau visibles dans l’ex- navale où il a vécu dix-huit mois entre 2004 et 2005. position «l’Echappée», comme une Fêtes dans de petits pubs, rassemblements, danses sorte de symbole des premiers de village, le photographe capte alors, avec une mise En avant paris gagnants. grande sensibilité et beaucoup de chaleur, la jeunesse C’est en 2010 que l’association d’un milieu ouvrier, ses travailleurs, ses familles dans GwinZegal, jusque-là portée par des une approche oscillant entre documentaire social sur bénévoles, arrive définitivement à les us et coutumes d’une communauté, et sacralisa- Guingamp, créant trois postes de Pendant trois ans, le photographe tion d’un quotidien détouré sous le feu de puissants salariés (aujourd’hui, il y en a cinq). projecteurs (ou flashs). Elle se loge dans un étroit local en anglais a suivi les supporteurs C’est avec ce même regard intimiste qu’il se plonge face de la prison et multiple les in- du club de foot et les habitants de dans cette nouvelle résidence au cœur de Guingamp, terventions artistiques, en particu- Guingamp. Un regard où la tendresse commune surtout identifiée pour son équipe de lier dans les écoles et les Ehpad. se cache dans les détails. football –cette saison encore en Ligue 1–, l’En avant. Plus de 180 ateliers dans quelque Premier tour de piste avec les supporteurs du club jus- «A 90 structures ont été initiés jus- vec pas loin de 6 millions de cochons pour tement: sur les clichés, un jeune garçon dans les gra- que-là. Solange Reboul, codirectrice une population de 3,2 millions d’habi- dins agite son drapeau rouge, noir, blanc (avec tris- et compagne de Jérôme Sother: «Ce tants, on pourrait penser –c’est une vision kèle), affichant une posture de simili-Création qui m’intéresse le plus ici, c’est la somme toute orwellienne – qu’un beau jour les porcs d’Adam. Plus troublant encore, ce joueur junior dans configuration géographique, le côté prendront le contrôle de la Bretagne», plaisante le Bri- les vestiaires, avec pose de dieu grec en son royaume petite ville. Le public que l’on touche tannique Mark Neville. Derrière lui trône l’une de ses des crampons. Neville s’attarde sur les moindres dé- avec la médiation et les expositions photographies argentique: on y voit une agricultrice, tails, même infimes comme les fissures dans un mur, est très curieux et n’a pas accès à Marie-Pierre, pull-over rose fuchsia en écho à cette ou les traces quelque peu estompées d’un crayon sur la photographie contemporaine légère couperose qui lui colore les joues, confortable- le visage, détails qu’il ramène à la vie tout comme à autant qu’il le pourrait ou le vou- ment assise sur le capot d’une vieille Peugeot crado, la surface de l’image. D’autres portraits sont pris à la drait. C’est à nous de les conquérir.» tandis qu’un porcelet, très digne, se tient comme volée. Les regards s’écarquillent. Les grimaces invo- Les dirigeants, nés en 1975, affi- d’égal à égal à ses côtés, avec ce petit quelque chose lontaires se figent. Quarante photographies s’exhi- chent une sensibilité artistique de défiance dans le regard. Nous sommes au vernis- bent sur les grilles de l’allée du stade du Roudourou, aiguisée, mûrie lors de leur forma- sage de l’exposition collective «l’Echappée» dans tandis que l’autre moitié est montrée à GwinZegal. tion commune à l’Ecole de photo- l’ancienne prison et nouvel écrin du centre d’art graphie de Vevey. Jérôme Sother : GwinZegal, à Guingamp. Mark Neville, Londonien «Subtilités». Neville découvre, une fois le maillot des «Je trouve que ce que je fais ici est poivre et sel de 53 ans, présente sa dernière série supporteurs tombé, une plus ample communauté en- tout aussi intéressant que ce que je photo en date intitulée Parade, et fruit d’une rési- core, majoritairement agricole. Jean-Roc, par exemple, menais en tant artiste. Nous partici- dence de trois ans dans la commune des Côtes-d’Ar- «une sorte d’homme qui murmure à l’oreille des che- pons à une phase de création qui est mor. L’artiste, passé par le Goldsmiths College à Lon- vaux […] et qui a passé sa vie à travailler avec des ani- la création des autres.» dres, puis la Rijksakademie d’Amsterdam, s’est maux maltraités». Il y a aussi Egan, garçon d’une notamment fait connaître grâce à sa série «The Hel- ferme écologique –que l’on retrouve sur une image Empreintes mand Work» (2011), dans laquelle il suivait la brigade phare– près de deux cochons étendus, lascifs même. De grands noms se succéderont au aérienne 16 Air Assault en faction dans la province Etrange cliché au seuil de la sensualité qui laisse per- fil des années: en 2008, GwinZegal de l’Helmand, en Afghanistan. Il en revint avec un cer quelque chose de comique et de solennel. Un lien reçoit le Danois Jacob Holdt ; état de stress post-traumatique (ESPT), dont les sé- tacite et complice relie cet homme aux bêtes qui recon- en 2011, ils initient une nouvelle ré- quelles, les siennes comme celles des soldats, don- naissent sa voix. Leur destin est pourtant scellé, elles sidence avec Charles Fréger, féru de nent chair à l’ouvrage Battle Against Stigma (2015). finiront probablement en pâté. tenues traditionnelles tous horizons Mille exemplaires seront distribués gratuitement à «Selon moi si l’on regarde une image et que l’on com- confondus, dont on peut retrouver des bibliothèques de prison, des vétérans sans domi- prend exactement ce qui s’y passe, alors ce n’est pas à présent les Bretonnes dans la cour cile et à des associations caritatives. une bonne image, affirme Neville. Je déteste le travail de la prison. Dans «l’Echappée», de Martin Parr aujourd’hui que je trouve profon- on peut également voir les photo- Dieu grec. La première fois qu’il expose en 2016 à dément plus cynique que tendre… Je ne parle pas graphies de Mathieu Pernot qui GwinZegal (alors à l’espace François-Mitterrand) aux de ses premières photos des années 70. J’espère seule- transforme des bunkers en camera côtés de Chris Killip et de l’excellent Tom Wood, Ne- ment que mon approche contient bien plus de subtilités obscura, ou celles, fascinantes, ville apprend tout juste les résultats du référendum et de couches de lectures possibles. Je dois prendre d’Aurore Bagarry qui se tourne vers donnant le Brexit gagnant. «J’ai honte», annonce-t-il mille photos par an. Il doit y en avoir trois à quatre les roches, empreintes géologiques en début de discours, tandis qu’il présente l’une de chaque fois que je trouve être vraiment, en ce sens-là, et gardiennes du canal de La Man- ses premières séries, intitulée «Port Glasgow», ville de belles images.» che. Samuel Gratacap n’est pas loin, d’Ecosse et ancien cœur battant de la construction J.Pi. (à Guingamp) lui qui s’est approché de la commu- nauté des gens du voyage. Puis il y R a le Britannique Mark Neville (lire ci-contre), en majesté et queue de comète de la dernière résidence en phie contemporaine en Bretagne. date qui reçoit au vernissage tous L’un des premiers exemples phares les compliments d’une commu- de leur engagement, c’est l’invita- nauté costarmoricaine émue de voir tion faite au portraitiste malien Ma- que l’on s’intéresse à elle –à l’excep- lick Sidibé, en 2006. Le photogra- tion peut-être de cette dame, qui phe, disparu il y a trois ans des suites s’exclame, «Moi, ça m’énerve, ces d’un cancer, débarque à l’époque à photos ! C’est à la mode du P’tit Plouha, premier port d’attache de Quinquin. Mais tout le monde n’est GwinZegal, à 20 km de Guingamp, pas Dumont merde !» tandis que, et décide de reformer son fameux non loin, cet autre monsieur décou- petit studio photo de Bamako (le vre ce soir-là, en grand, un cliché où «Studio Malick»), celui-là même qui, il pose en bleu de travail, un petit trente ans plus tôt, avait permis chat blanc dans les bras. Il médite: d’immortaliser l’effervescence d’une «Cela fait bizarre de se voir là. Je ne jeunesse malienne portée par les me trouve pas très beau [rires], mais révoltes panafricaines. c’est naturel.» En tout cas, les Guin- Donnant donnant : la population gampais et autres visiteurs de pas- bretonne se sensibilise au regard et sage ne sont pas avares de réactions au travail de l’artiste tandis que ce- face aux images, à croire que leurs lui-ci y voit l’aubaine d’immortali- regards d’esthètes n’attendaient que ser le charisme costarmoricain: un d’être plus ou mieux sollicités. homme en maillot de bain noir GwinZegal s’en est chargé. • avec sa serviette sur l’épaule, des familles, des pêcheurs, un jeune L’ECHAPPÉE au Centre d’art kayakiste. Les photographies (de- GwinZegal à Guingamp (22), puis acquises par le Frac Bretagne) jusqu’au 9 juin. Rens.: Gwinzegal.com Guingamp, entre 2017 et 2019, de Mark Neville. PHOTO MARK NEVILLE Libération - 11 & 12 Mai 2019
Mercredi 15 mai 2019 - N°1723 Centre d’art GwinZegal. Le centre d’art contemporain, GwinZegal de Guingamp. CENTRES D’ART Guingamp reconvertit sa prison Construite entre 1836 et 1841 sur le modèle « pennsylvanien », par l’architecte Louis Lorin, la prison de Guingamp (Côtes- d’Armor), officiellement désaffectée en 1951, est NOMINATIONS une construction unique en Europe, qui lui vaut d’être classée Lanka aux monuments historiques depuis 1997. Après deux ans Tattersall de travaux (architecte Christophe Batard), d’un montant aux dessins de 7 millions d’euros, l’ancien centre pénitentiaire a changé du MoMA de vocation pour accueillir, depuis fin avril, un centre d’art contemporain, GwinZegal, dédié notamment à la photographie. Le MoMA de Le lieu comprend également un centre de ressources sur New York vient l’architecture et le patrimoine, des aménagements pour les d’annoncer le enfants et un parcours sonore immersif en lien avec l’histoire retour de Lanka du lieu (trois cellules ont à cet effet été maintenues en l’état). Tattersall, qui Le chantier de réhabilitation, porté par la commune, avait déjà se poursuivra en septembre, avec la restauration des murs travaillé au d’enceinte, des cours intérieures et la création d’escaliers. musée de 2010 à FRANÇOISE-ALINE BLAIN 2014 en tant « L’Échappée », qu’assistante jusqu’au 9 juin, avec Malick Sidibé, Charles Fréger, Mathieu Pernot, Roman Signer… conservatrice au gwinzegal.com département des peintures et des sculptures. Elle revient pour occuper, à partir du 1er juillet, le poste de conservatrice des dessins et des LITTÉRATURE estampes, sous l’autorité de Christophe Cherix, chef du Gérard de Villiers ne fait pas d’étincelles département. Elle arrive du Museum of Contemporary Art de Los Angeles, où elle a assuré le commissariat de Les tapuscrits et objets personnels du romancier Gérard de Villiers, créateur plusieurs expositions, notamment celles consacrées à de la série SAS, n’ont pas séduit les acheteurs lors d’enchères lundi soir chez Hito Steyerl (2016), Lauren Halsey (2018) et à Brassaï, Cornette de Saint Cyr à Paris. Les 180 tapuscrits (textes dactylographiés), Arbus et Goldin (2018). Titulaire d’un BA de la Wesleyan objets et archives de l’écrivain disparu en octobre 2013 ont rapporté un peu University et d’un MA de Columbia, Lanka Tattersall a un plus de 50 000 euros. La liste Hariri, le 181e volume de la collection, PhD en cours en histoire de l’art et architecture a été adjugé pour 1 480 euros, les autres ne dépassant pas en moyenne Photo Johanna Breiding. à Harvard. les 400 euros. Le bureau de l’écrivain n’a pas davantage motivé les dévots : RAFAEL PIC estimé entre 800 et 1 000 euros, il a été adjugé 850 euros. moma.org R.P. (AVEC AFP) cornettedesaintcyr.fr 6/ Le Quotidien de l'Art - 15 Mai 2019
le monde - 29 mai 2019
Télérama - 29 mai 2019
revue armen - printemps 2019
côtes d'armor magazine - mai/juin 2019
30 The ArT NewspAper ÉdiTioN FrANçAise Numéro 9, Juin 2019 expositions guingamp liBère l’art en prison Créé il y a une quinzaine d’années, le Centre d’art Ci-dessus : Mark Neville, série Parade, 2016-2019, photographie. GwinZegal prend ses nouveaux quartiers dans les locaux © Mark Neville de l’ancienne maison d’arrêt de la cité bretonne. Ci-dessous : Aurore Bagarry, Plage des Curés, Plestin-les-Grèves, Côtes-d’Armor, série Roches, 2016-2019, photographie. © Aurore Bagarry guingamp. Il ne faut pas plus de huit minutes d’acier, de verre et d’inox encastré dans une des écoles, des collèges, des hôpitaux, des mai- pour visionner le film que Raphaël Dallaporta des cours qui se dédoublera lors d’une seconde sons d’arrêt de la région comptent, pour nous, a réalisé sur le chantier du nouveau Centre tranche de travaux –, cinq autres artistes autant que les projets d’expositions ou d’édi- d’art GwinZegal. Il a fallu bien plus de temps font le mur (Alexandra Catiere, Malick tion », expliquent les deux directeurs. Ils sont pour rénover et agrandir le site, puisque les Sidibé, Mark Neville, Charles Fréger, Roman en cela largement soutenus par la puissance travaux ont démarré en 2017 (et ne s’achève- Signer). Dans le cadre d’une exposition inau- ront qu’en 2021). Depuis le premier coup de gurale, cinq artistes encore (Mathieu Pernot, l’idée est d’inscrire pioche, l’artiste a placé sur le chantier cinq Aurore Bagarry, Samuel Gratacap, Pino Musi, l’expérimentation caméras de surveillance, qui ont filmé les lieux Juraj Lipscher) occupent, non loin, l’espace 24 heures sur 24, puis il a monté en accéléré François-Mitterrand, qui était jusque-là dédié photographique au sein vingt mille images de dallages qui se font et se aux expositions du centre d’art. d’un territoire breton défont, de murs qui sont abattus puis recons- à dominante rurale. truits, de mauvaises herbes qui prolifèrent et un projet en priSe avec Son territoire se clairsèment, de cieux qui s’ennuagent et Car l’aventure de cette plateforme photogra- publique, puisque sur la première tranche de s’éclaircissent. En détournant, comme il le dit, phique n’est pas nouvelle. Elle a démarré il y travaux de 2,6 millions d’euros (7 millions « un instrument de surveillance pour en faire a quinze ans avec Paul Cottin, et se poursuit pour l’ensemble du projet), l’état a versé près un outil de création », Raphaël Dallaporta a depuis 2016 avec Jérôme Sother et Solange de deux tiers de la somme et la municipalité, reconduit judicieusement le processus qui est à Reboul, qui font preuve d’un même esprit secondée par la Région et le Département, l’origine même de la commande de son œuvre, pionnier. L’idée, ambitieuse, est d’inscrire plus d’un tiers. puisque le Centre d’art GwinZegal inaugure l’expérimentation photographique au sein natacha WolinSki ses nouveaux espaces au sein de l’ancestrale Sur les hautes murailles de l’ancien che- d’un territoire breton à dominante rurale, par prison de Guingamp, transformant un lieu min de ronde, dans les cellules étroites, dans le biais d’un travail pédagogique mené avec « L’Échappée », 26 avril-9 juin 2019, d’incarcération en un lieu d’échappée où les le white cube de la nouvelle extension conçue toutes les structures locales. « Les résidences Centre d’art GwinZegal, 3, rue Auguste-Pavie, images libèrent des horizons nouveaux. par l’architecte Christophe Batard – un volume d’artistes, les ateliers menés chaque année dans 22200 Guingamp, gwinzegal.com Fondation carmignac, retour à la source Confiée à la commissaire Chiara Parisi, cette deuxième exposition déroule avec brio un parcours plus aéré, où la subtilité le dispute à l’exigence. porQuerolleS. Pour sa saison 2, la d’un nu féminin se masturbant donne le ton. Fabrice Hyber a com- ment sourd. Succès garanti. En face, Vue de l’exposition de Sarah Lucas, Fondation Carmignac a opté pour d’Egon Schiele, dans une section posé tout autour une fresque à sa un zeppelin rose à la silhouette phal- Villa Carmignac, Porquerolles. un scénario plus audacieux. Exit la coquine où se côtoient un Nu de manière, arborescente, intitulée lique de Sarah Lucas, Miss Jumbo Courtesy de l’artiste et Fondation Carmignac présentation de la collection, sans Thomas Ruff (2001), un autre de De l’un l’autre, sorte de synopsis Savaloy (2004), est suspendu au grand relief, qui avait fait l’ouver- Roy Lichtenstein (Reflections on in situ de l’exposition. Plus avant, plafond comme un discret indice De Wain Valentine, tout droit sorti ture en fanfare l’an passé. Sa nou- Jessica Helms, 1990), un grand des- passé One Hundred Fish Fountain sur la fin du parcours. de 2001 : l’Odyssée de l’espace. On velle exposition, « La Source », sin de Pierre Klossowski, ou encore (2005) de Bruce Nauman, dont le À l’extérieur, on jurerait que ces croise ailleurs, entre autres, Valérie réunit un ensemble nettement plus un sexe féminin clouté, nettement pouvoir de fascination reste intact, deux parasols rouge Coca-Cola et Belin, Annette Messager, Martial convaincant, avec un vrai parti pris. moins affriolant, de Günther Uecker, on entre dans le vif du sujet avec jaune Ricard, Cocacollage (2019), Raysse, George Condo, El Anatsui Cette signature n’est autre que celle fondateur du Groupe ZERO. ont toujours été là, sur la pelouse, et toujours, dans la chapelle, l’uni- de la talentueuse Chiara Parisi, Plus loin, Maurizio Cattelan, tru- le choix des œuvres, encadrés par la fenêtre, s’ils n’étaient vers aquatique de Miquel Barceló, qui a longtemps fait merveille à blion italien que connaît bien Chiara leur accrochage sortis de l’imagination de Bertrand dont l’Alycastre se dresse en fier gar- la direction du Centre internatio- Parisi pour avoir organisé son exposi- et leur mise en relation Lavier. Dans la partie souterraine dien à l’entrée de la villa. Nouveauté, nal d’art et du paysage de l’île de tion monographique, la plus grande centrale du bâtiment, les salles un solo show ambitieux consacré à parfaitement maîtrisés Vassivière, près de Limoges, puis à en Europe, à la Monnaie de Paris libérées des cloisons bénéficient la Britannique Sarah Lucas clôt le la Monnaie de Paris, avant d’assurer en 2016, a créé un imposant auto- n’excluent pas le clin d’œil, désormais pleinement du puits de parcours en beauté – depuis Charles aujourd’hui le commissariat de l’art portrait coiffé de ses propres œuvres. un soupçon d’humour lumière zénithale qui jaillit à travers Baudelaire, on sait que le beau est contemporain à la Villa Médicis, à Cette sculpture immaculée fait face et de douce provocation. l’eau du bassin. Ici, dans une sec- toujours bizarre. Un choix pointu Rome. Le propos s’en trouve plus à un grand paysage dans le style tion abstraite, une suite allemande qui devrait ravir les amateurs en vil- affirmé ; le choix des œuvres de la chinois, Landscape with Scholar’s Beethoven’s Trumpet (with Ear) où Gerhard Richter dialogue avec légiature sur l’île. Et confère un sup- collection – auquel s’ajoutent des Rock (1996), signé Roy Lichtenstein. Opus #133 (2007) de l’incorrigible Sigmar Polke et Albert Oehlen. Là, plément d’âme au millésime 2019, prêts –, leur accrochage et leur mise John Baldessari. Il suffit au visiteur Sterling Ruby, Ed Ruscha, Theaster d’une tout autre ampleur. en relation parfaitement maîtrisés, déamBulation curieux d’avancer la tête dans un Gates et une très belle pièce de Stéphane renault tout en subtilité, n’excluent pas le Au début du parcours, qui s’effec- immense sonotone débouchant sur Louis Cane, figure historique de clin d’œil, un soupçon d’humour tue toujours pieds nus, la source. une oreille tout aussi géante pour Supports/Surfaces. L’accent est mis « La Source », 13 avril- et de douce provocation. Ainsi de Pierre angulaire de l’exposition, que se déclenche, au son de la voix, sur la peinture, dynamisée par la 3 novembre 2019, Villa Carmignac, cette plume mobile et caressante la première œuvre acquise par un morceau de musique classique présence de sculptures : un godet île de Porquerolles, La Courtade, de Rebecca Horn, Le Baiser du cor- édouard Carmignac, Lewis Carroll’s – l’un des derniers quartets écrits de démolition de Cyprien Gaillard 83400 Hyères, beau (2003), installée au-dessus Wunderhorn (1970) de Max Ernst, par le compositeur, devenu partielle- jouxte un monolithe hiératique de fondationcarmignac.com The Art Newspaper Edition Française - Juin 2019
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