SARS-COV-2 IN SWITZERLAND: LABORATORY ISSUES AND LESSONS LEARNED SO FAR
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P I P E T T E – S W I S S L A B O R AT O R Y M E D I C I N E | W W W. S U L M . C H NR. 1 | MÄRZ 2022 E D U C ANTEI W ONS 25 Gilbert Greub 1 SARS-CoV-2 in Switzerland: laboratory issues and lessons learned so far Introduction: épidémiologie Le SARS-CoV-2 s’est propagé en quelques mois de la ville de Wuhan jusqu’à travers le monde, arrivant le 25 février au Tessin puis le 28 février dans le canton de Vaud. Dans cette région, la vague épidémique fut brutale, avec un impact important sur le système de soins (42 patients aux soins intensifs et 152 patients hospitalisés au CHUV avec une infection SARS-CoV-2 le 1er avril 2020; figure 1), mais heureuse- ment de courte durée grâce au contact tracing et au «soft lockdown». Ainsi, la plupart des clusters de cas documen- tés dans le 1er semestre 2020, l’ont été Figure 1. Vagues successives: L’encadré en haut à gauche montre les 5 vagues ayant tou- entre le 7 mars et le 7 avril (1). Cette ché l’Europe et le continent américain entre mars 2020 (vague 1) et décembre 2021 (début analyse épidémiologique a démontré de la vague 5). Sur cette figure tiré du site de l’OMS (www.who.int), la vague 5 n’es pas en- qu’il y avait un lien entre la charge vi- core à son apogée car son ampleur s’est accrue en janvier en raison de la dissémination du rale de l’un des 3 cas index du cluster variant omicron. Le graphique principal montre lui les pentes et la taille des vagues et le nombre de cas documenté dans d’hospitalisation qui ont été observés au CHUV. Notez les pentes plus raides des vagues 1 le cluster (1). Ainsi, les superspreaders et 2 (en l’absence de vaccin) et la pente plus pentue en vague 5 (effet du variant omicron (> 1 million de copies/ml) étaient as- échappant partiellement au vaccin et plus contagieux) qu’en vague 4 (effet du vaccin et de sociés à des clusters plus larges, par- l’été). La vague 3 lié au variant alpha paraît peu importante, car cette vague était noyée par fois incluant plus de trente cas secon- le nombre encore important de cas hospitalisés des suites de la vague 2. Ce graphique a daires (1). Une 2ème vague a ensuite été préparé par Pierre Merminod (CHUV, Lausanne) et est publié avec son accord. été observée en automne 2020 avec un pic le 23 novembre de 276 cas hospi- talisés au CHUV (Figure 1), suivi de la de la vaccination sur le taux de repro- menté dans la population est fonc- 3ème vague liée au variant alpha (long- duction (Re), va cependant s’accentuer tion du nombre de personnes ayant temps cachée par la fin de la 2ème durant la période de Noël, en raison la possibilité ou le souhait de se faire vague) et dont l’apogée fut le 2 mars de la dissémination en Suisse du vari- tester, ainsi que de l’accès à des tests 2021 avec 142 patients hospitalisés au ant Omicron, qui avec une contagiosité fiables dont le résultat est rendu ra- CHUV avec une infection SARS-CoV-2. majeure (R0 d’environ 10) va progres- pidement. Il paraît donc important En Suisse, le variant alpha fut progres- sivement remplacer le variant delta. de discuter ci-dessous de l’accès aux sivement remplacé par le variant delta Aujourd’hui, alors que cet article part tests (et le développement initial de en juin 2020, et ce variant delta (encore sous presse, il n’est pas certain que le tests «home-made» avant la disponi- plus contagieux qu’alpha) causa une pic de la 5ème vague d’hospitalisation bilité de tests commerciaux). 4ème vague épidémique au retour des soit atteint, avec 286 cas hospitalisés 2. Le nombre de personnes hospitali- vacances d’été avec un pic de cas le 31 au CHUV le 14 février 2022, dont 14 sées infectées par SARS-CoV-2 inclut août 2021 et un pic d’hospitalisation cas aux soins intensifs. Notez que les (i) les personnes hospitalisées en rai- au CHUV le 11 septembre 2021 avec mêmes vagues épidémiques ont été son de l’infection SARS-COV-2 ou (ii) 60 cas (Figure 1). Notez la pente as- décrites au niveau international (dé- pour d’autres raisons. Les caractéris- cendante moins raide, témoin de l’effet finissant l’état pandémique; figure 1 tiques de cette 2ème catégorie (par de frein de l’été et de l’efficacité vac- – encadré), et que les vagues de cas exemple en terme d’âge) devrait être cinale sur le variant delta. Ce variant documentés par PCR ont à chaque fois similaire aux caractéristiques hors delta causa une nouvelle vague dès la précédés les vagues intra-hospitalières. pandémie de SARS-CoV-2, et dépend mi-novembre 2021. La pente de cette Cette introduction épidémiologique directement de la prévalence de 5ème vague, moins raide que celle des permet de dresser le décor pour l’infection dans la population géné- vagues 1 et 2 notamment grâce à l’effet l’analyse des enjeux pour le laboratoire rale (courbes synchrones), alors que de cette pandémie de SARS-CoV-2. Elle les patients hospitalisés en raison de permet aussi de rappeler quelques évi- l’infection SARS-COV-2 n’impactent 1 Professeur Gilbert Greub, Service de dences: le système de soin qu’avec un certain Microbiologie du CHUV et Institut de microbiologie de l'Université de Lausanne 1. Le nombre de cas d’infection docu- délai (courbes asynchrones).
26 ED N EW UCSA T I O N P I P E T T E – S W I S S L A B O R AT O R Y M E D I C I N E | WWW. S U L M . C H NR. 1 | MÄRZ 2022 l’union européenne et les Etats-Unis, ont vu les législations se durcirent pro- gressivement sur le diagnostic in vi- tro, avec comme corollaire, un frein à l’innovation dans les laboratoires diag- nostics de centre hospitalo-universita- ire et des pertes progressives de com- pétences en R&D. Automatisation pour une capacité élevée en terme de volume de tests Notez que grâce à la disponibilité d’une plateforme automatisée de PCR offrant plus de 100 tests PCRs dif- Figure 2. Automatisation et qualité de la phase pré-analytique pour la PCR SARS-CoV-2: férents pour des bactéries, virus, para- Cette figure présente le robot Hamilton disponible au laboratoire de microbiologie du CHUV sites et champignons (5), nous avons à Lausanne, qui garantit une excellente reproducibilité et une bonne traçabilité grâce à un pu non seulement proposer des tests système de barres-codes. Ce robot permet de préparer des plaques de 384 puits pour tes- fiables dès le 14 février 2020, mais ter par PCR plus de 100 agents pathogènes différents. Photographie de Heidi Diaz (CHUV, nous avons pu les proposer en grand Lausanne). L’encadré montre des écouvillons utilisés dans des centres de tests en mars nombre grâce aux stocks réactifs dis- 2020. En raison de la pénurie de matériel, de large écouvillons (à gauche) ont été utilisés au ponibles et à la versatilité de cette lieu des écouvillons nasopharyngés (à droite), avec comme corollaire une perte de sensibilité plateforme vaudois avec les réactifs et des blessures des muqueuses nasales (veuillez noter l’aspect sanguinolent de l’écouvillon prévus pour d’autres pathogènes, dont de droite). Photographie de Katia Jaton (CHUV, Lausanne). divers virus ARN (hors amorces et sondes qui sont-elles spécifiques). Ceci 3. L’ensemble de ces statistiques épidé- tests, afin que toute personne symp- nous a permis en mars 2020 de tester miologiques dépendent de la fiabilité tomatique puisse idéalement être tes- des échantillons provenant des can- des tests utilisées, que ce soit des tée. Ce développement R&D fut ef- tons de Vaud, Fribourg, Neuchâtel et tests RT-PCRs, des tests antigènes, fectué rapidement en janvier et nous Valais (et pour partie, du Jura), dans ou des tests permettant d’assigner un avons pu proposer dès le 14 février l’attente de l’arrivée de tests commer- variant (typage par PCR ou par gé- 2020 (2 semaines avant le 1er cas vau- ciaux dont par exemple les tests dével- nomique). Nous allons donc discuter dois) un test diagnostic spécifique (> oppés par Roche (Cobas 6800) et dans ci-dessous de la fiabilité de ces tests. 99.99) et sensible (>96%) sur échan- l’attente de la mise en place dans ces 4. La contagiosité d’une personne est tillons nasopharyngés, avec des résul- autres cantons de tests diagnostiques notamment liée à la charge virale, tats rendus dans > de 99% des cas en SARS-CoV-2. Cependant, le manque aux symptômes des personnes infec- moins de 24h (2-4). de capacité de la plupart des autres tées et au variant. Ce thème de la laboratoires romands de proposer des contagiosité est important puisque Importance des compétences et des tests diagnostiques «home-made», les lié à la sensibilité des tests diagnos- procédures R&D blocages des «réactifs» aux frontières tiques et sera donc repris ci-dessous.L’activité R&D nécessaire à la mise en et le délai de quelques mois avant la 5. Les vagues épidémiques se succè- place de ce test, avant que les indus- disponibilité de tests Rt-PCR commer- dent chaque année, malgré la vacci- tries ne proposent une solution com- ciaux ont entrainé un manque crucial nation d’une part conséquente de la merciale, fut facilitée par le fait que d’accès aux tests de dépistage et aux population, et avec une ampleur ac- (i) nos équipes étaient entrainées à tests à but diagnostique. Au pic de la crue en hiver. Les laboratoires doi- de tels développements, (ii) que des 1ère vague, ceci a conduit nos autori- vent donc être dotés en conséquence procédures simplifiées existaient en tés sanitaires à prioriser les tests au et la capacité d’échantillonner les pa- aval décrivant les étapes des dével- profit des personnes vulnérables (dans tients doit être anticipée. oppements et (iii) nous avions par le un but diagnostique et de prise en passé implémenté plus d’une centaine charge médicale) et au profit des per- 1. Activité R&D et accès au test de PCRs différentes, dont par exem- sonnes admises dans les hôpitaux ou Développement d’un test fiable ple, en urgence, la RT-PCR ciblant le établissements socio-médicaux (afin Les médias suisses ont annoncé virus grippe H1N1 (2009). Cette activ- de réduire les transmissions nosoco- l’épidémie de Coronavirus fin décem- ité R&D, qui consiste à développer de miales), le traçage n’étant plus néces- bre 2019. Il était alors déjà évident novo une nouvelle RT-PCR ou à implé- saire transitoirement en raison du que nous allions dans notre labora- menter des PCR décrites par d’autres, confinement instauré. toire mettre rapidement en place une est heureusement encore possible en méthode diagnostique par RT-PCR fi- Suisse grâce à une certaine souplesse Capacité des centres de tests pour able, avec un délai de rendu du résul- sur la législation en terme de diagnos- faire les frottis tat court, et avec une large capacité de tic in vitro. D’autres pays, dont ceux de Dès fin mars 2020, avec l’avènement
P I P E T T E – S W I S S L A B O R AT O R Y M E D I C I N E | W W W. S U L M . C H NR. 1 | MÄRZ 2022 E D U C ANTEI W ONS 27 des tests RT-PCR Cobas (Roche), la ca- lique (besoin d’un certificat 3G ou 2G+ l’une des options à envisager est que pacité de testing en Suisse s’est accru par exemple), et n’est pas uniquement les laboratoires mettent à disposition considérablement et de facto, dans le lié à l’incidence dans la population. par exemple via les réseaux de phar- canton de Vaud, le facteur limitant a De plus, il est important d’accroitre macies des kits diagnostiques pour été davantage les centres de tests (ca- ces capacités de test hors d’une vague que les gens puissent faire un auto- pacité d’échantillonner) que les lab- épidémique, lorsque le personnel prélèvement de salive pour RT-PCR, oratoires (capacité de faire les RT- peut former d’autres collègues et in- envoyé ensuite par courrier postal PCR). Notre laboratoire d’ailleurs, qui staller de nouveaux instruments (et (selon les normes UN3373). Notez que avait formé plus de 50 personnes du- non dans l’urgence d’une vague épi- cette approche fait partie des recom- rant la 1ère vague, n’a pas pu se re- démique). Un immobilisme en fin mandations de la société suisse de dimensionner faute de budget et de de vague est peu prévoyant, puisque microbiologie (SSM) préparées le 6 besoin hors des vagues épidémiques. l’histoire de cette pandémie durant ces décembre 2020 (6). La SSM proposait Ainsi, en octobre 2021, nous ne recev- 2 dernières années nous a bien démon- d’ailleurs également une distribution ions qu’environ 150 échantillons par tré la capacité du virus SARS-CoV-2 à de ces kits dans les stations de ski (of- jour, malgré une capacité théorique en échapper aux anticorps neutralisants fice du tourisme ou départ des remon- terme d’automates supérieure à 2000 qu’ils soient naturels (variant gamma tées mécaniques) et dans les gares (6). tests par jour dans notre laboratoire et au Brésil) ou post-vaccinaux (vari- Notre laboratoire a ainsi préparé plus un besoin pour le traçage durant cet ant Omicron BA.1). Nul doute qu’il d’un millier de kits, mais leur déploie- automne 2021. Notre laboratoire ne faut s’attendre à d’autres vagues et ment a été limité par manque d’intérêt fut clairement pas le seul dans cette qu’il faut dès aujourd’hui essayer de des acteurs de la santé publique, et situation et il est clair que la capacité réduire l’ampleur des conséquences de seulement quelques stations de ski ont d’échantillonnage (centres de tests) et la vague de l’hiver 2022-2023 (i) en suivi cette proposition en 2021. de testing par RT-PCR (laboratoires) ayant dans l’idéal davantage de capac- devrait être augmentée progressive- ité d’échantillonnage et de testing et Fiabilité des tests diagnostiques ment dans notre pays, afin de pouvoir Sensibilité des tests RT-PCRs (ii) en ayant la possibilité de protéger garantir au long terme un accès aux La sensibilité analytique des tests RT- les populations les plus vulnérables tests PCR, que ce soit à but diagnos- PCRs est excellente, de l’ordre de 10 à (et les soignants / proches de per- tique (chez les personnes vulnérables 100 copies/ml. Cette sensibilité n’est sonnes vulnérables) grâce à un vaccin ou non), à but épidémiologique (éviter pas affectée par les mutations présen- adapté aux anciens (Alpha, Delta) et d’exposer un proche vulnérable) ou tes chez les variants, puisque dès le nouveaux variants (i.e. Omicron Ba.1, en raison de contraintes réglemen- Ba.2 et Ba.3). début, les laboratoires suisses ont im- taires (voyages, accès aux bars et dis- plémenté des tests ciblant plus d’un cothèques). Les autoprélèvements gène, afin d’éviter qu’un variant ne Notons d’ailleurs que ce besoin de Pour garantir au long terme un accès puisse échapper au testing, et avoir tests dépend beaucoup de la période large aux tests RT-PCRs, avec flexibil- ainsi un avantage sélectif par rapport de l’année (vacances scolaires, fêtes ité, et sans devoir laisser en place des à d’autres variants. Ceci est également de Noël), des règles de santé pub- structures coûteuses (centres de test), le cas pour le variant Omicron, avec des PCRs qui restent fiables malgré plus de 50 mutations (7). Par contre, la sensibilité est dépen- Table 1. Sensibilité des tests diagnostiques pour la détection du SARS-CoV-2 (estimée sur la base des références 2, 4, 7, 8, 10 et 12). Notez que ces données ont été dante du type d’échantillon, de la obtenus en 2020 et 2021, avant l’arrivée du variant Omicron. Une étude est en cours au qualité de l’échantillonnage, et de la CHUV afin d’évaluer ces sensibilités avec le variant Omicron. Ce variant, qui cause temporalité du test par rapport à des initalement souvent des odynodysphagies, avec la rhinite, pourrait à ce stade précoce être également détectable par frottis salivaire avec une sensibilité d’environ 88% (Kritikos symptômes d’infection des voies aéri- et al, manuscrit en préparation). ennes supérieures, s’ils sont présents. Sensibilité de la Sensibilité du Ainsi, nous avons noté la supériorité Type d’échantillon Patient testé RT-PCR test antigène des tests RT-PCRs effectués sur des Frottis nasopharyngé Sujet hospitalisé 98% 35-41% échantillons nasopharyngés (sensibil- pour COVID en ité de l’ordre de 98% si l’échantillon Frottis salivaire médecin interne ou 69% 4-8% aux soins intensifs est effectué de manière correcte) par Frottis nasopharyngé Patient hospitalisé n.a. 64-69%* rapport aux tests PCRs salivaires (sen- avec < 4 jours de sibilité de 69%), comme résumé dans symptômes la Table 1 (4). Frottis nasopharyngé Avec 4-7 jours de n.a. 25-37%* Notons que lors de la 1ère vague, symptômes la sensibilité élevée de la PCR naso- Frottis nasopharyngé Avec > 7 jours de n.a. 13-18%* pharyngée était remise en question symptômes par divers acteurs de santé publique, * 74%, 44% et 32% respectivement avant 4 jours, entre 4 et 7 jours et après 7 jours de qui se basaient sur des publications symptômes avec le test One Step (ExDia) qui a une lecture automatisée (8). précoces chinoises rapportant 60 à
28 ED N EW UCSA T I O N P I P E T T E – S W I S S L A B O R AT O R Y M E D I C I N E | WWW. S U L M . C H NR. 1 | MÄRZ 2022 70% de sensibilité. Mais ces publi- des patients dépistés qui mentionnent effet une problématique que l’on ren- cations (i) se basaient le plus sou- un échantillon effectué au niveau de contre dans les laboratoires de biolo- vent sur un gold standard radiologique la narine, pas comme par le passé gie moléculaire où les PCRs sont ef- mélangeant potentiellement des cas (aujourd’hui, la plupart des personnes fectuées manuellement avec une étape de SARS-COV-2 avec des cas dus à ont été dépistés plus de 3x). La preuve de visualisation des amplicons sur gel. d’autres virus respiratoires dont in- d’un problème qualité fut apporté par Mais dans un laboratoire moderne ac- fluenza et (ii) étaient des résultats exemple lors de l’investigation d’un crédité comme le nôtre, ce type de d’études observationnelles où la qual- cluster de cas (tous testés au même contamination est exceptionnelle pour ité de l’échantillonnage n’était pas ga- centre de soins), qui étaient positifs à plusieurs raisons: rantie. J0 et négatifs à 24h: tous les échantil- 1. Les amplicons sont visualisés par L’échantillonnage nasopharyngé doit lons négatifs ont démontré des valeurs des lasers de manière automatisée, être effectué avec des frottis adéquats et d’actine (un gène humain utilisé sou- sans ouvrir les cupules (PCRs en par du personnel formé. Durant la pre- vent pour évaluer la qualité des échan- temps réel) mière vague, en raison d’une pénurie tillons) plus basses (et l’analyse géné- 2. Le degré élevé d’automatisation et de de frottis nasopharyngés, nous avons tique a confirmé qu’il s’agissait bien à robotisation réduit considérable- observé l’utilisation de frottis épais, chaque fois du même patient), confir- ment les risques de contamination occasionnant saignements muqueux mant l’absence d’inversion des tubes. 3. L’utilisation d’une sonde nucléique et associés à des résultats faux néga- en plus d’amorces accroit encore la tifs (Figure 2). Si l’approvisionnement Spécificité des tests RT-PCRs spécificité de la PCR en frottis adéquat fut ensuite assuré, Après avoir remis en question la sen- la pénurie a aussi touchée les milieux sibilité des tests RT-PCRs, les mêmes Certains médecins se sont ensuite in- de transport avec un impact qual- acteurs de santé ont remis en question quiétés du nombre de cycles effectués: ité (milieux inadéquats parfois utili- leur spécificité. Ainsi, certains épidé- 50 avec le Cobas de Roche et 45 avec sés). De plus, la qualité insuffisante miologistes ont suggéré qu’une part d’autres appareils. Mais là encore, il de la formation des personnes effectu- significative des résultats positifs de faut bien comprendre que ces 50 cy- ant le frottis est un problème qui fut PCRs seraient des faux positifs. Cer- cles sont davantage utilisés comme récurrent, dans plusieurs centres de tains se sont basés pour ces propos outil de qualité. En effet, une RT-PCR tests ou centres de soins. La suspicion sur ces vieilles notions de contami- positive au-delà de 45 cycles nous per- d’erreurs de pratiques pré-analytiques nations horizontales et verticales des met de détecter un problème de sonde est souvent apportée par des plaintes PCRs par des amplicons. Ceci est en car dans la vraie vie de notre labora- toire, nous avons le plus souvent des résultats positifs en-dessous de 40 cy- Table 2. Contagiosité et charge virale: les raisons d’une corrélation imparfaite. cles, et ce n’est qu’occasionnellement Cette table n’est pas exhaustive, mais permet de relativiser la charge virale comme qu’une copie de l’ARN de SARS-COV-2 mesure de contagiosité. présent dans le tube peut donner un 1. La charge virale varie beaucoup d’un prélèvement à l’autre et peut être basse au signal faible (mais bien réel) avec 41 niveau nasopharyngée et plus élevée au niveau pulmonaire (ou inversement), ou 42 cycles. 2. La charge virale dépend de la qualité de l’échantillon et donc de la qualité de la formation des personnes effectuant l’échantillonage Contagiosité et charges virales faibles 3. La charge virale varie au cours du temps et est plus importante généralement après 1 Lorsque ces inquiétudes de sensibilité à 4 jours de symptômes ou spécificité imparfaites sont parta- 4. La charge virale peut être basse au temps zéro et peut augmenter rapidement en 24h, gées avec nous, responsables de lab- ce qui questionne l’utilité des certificats COVID basés sur les tests antigènes et PCR ; le certificat basé sur la vaccination ou la sérologie positive paraît plus facilement appli- oratoire, il est possible de rassurer cable au long terme et surcharge moins les centres de tests et les laboratoires. ou proposer des analyses complémen- 5. La transmissibilité plus élévée de certains variants (delta et omicron par exemple) taires en fonction de la situation. Par est lié à une plus grande affinité de leur protéine spike avec le récépteur, permettant contre, certains ont discrédités les une plus grande infectiosité à charge virale similaire ; ainsi la contagiosité dépend du tests RT-PCRs par des communica- variant infectant le patient source. tions dans les médias. Par exemple, le 6. La présence d’IgA dans les sécrétions nasopharyngés pourraient réduire un peu la 14 novembre 2020, alors que l’on était contagiosité, s’il y a parmi ces anticorps certains se liant à la protéine spike au niveau du «receptor-binding domain» (RBD). Ceci explique la moindre infectiosité en culture au pic de la 2ème vague, une médecin cellulaire des échantillons plus tardifs (14) et explique partiellement la sensibilité médio- vaudoise mentionnait dans le journal cre des tests antigènes au-delà de 7 jours d’infection (7) Le Temps qu’«… il serait possible de 7. Le risque de transmission dépend des mesures mises en place (masque de soin, dire que l’on s’arrête à 25 ou 30 cy- distance sociale et des activités des personnes sources ; ainsi le chant ou les cris de cles, partant du principe que les cas supporters dans un stade sont considérés comme des facteurs favorisants) situés au-dessus de ces valeurs ne con- 8. Le risque de transmission dépend de nombreux facteurs relatifs au type d’exposition tribueraient pas beaucoup à l’épidémie (manu porté ou aérien), à la durée d’exposition, à la susceptibilité de personne exposée (vaccinée ou non, immunosupprimée ou non, …), ; il est donc illusoire de vouloir baser …». Une affirmation aussi absurde que un risque de transmission sur une charge virale et difficile de préciser la contagiosité de proposer aux laboratoires d’incuber effective au niveau individuel. les hémocultures que 48h partant du
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La sensibilité du test antigène était Les laboratoires ont su rapidement plus de sens, puisque la contagiosité aussi basse chez les sujets asymptom- développés et mettre à disposition plu- d’un agent pathogène n’est pas nul au- atiques, de l’ordre de 28% et 33% re- sieurs outils diagnostiques dont la PCR dessous d’un certain seuil, et que si spectivement à l’hôpital de Morges et et la sérologie, dont les indications et cette contagiosité peut être considéré au CHUV (7, 8). Seuls les patients les limites ont été résumé par Caruana comme probablement négligeable, ce avec 1 à 4 jours de symptômes, peu- et al (13). Les laboratoires ont aussi n’est pour la plupart des experts qu’en vent être testés par tests antigènes, démontré (en tous les cas en Suisse) dessous de 1000 copies/ml (et non 1 comme le souligne d’ailleurs les re- leur capacité à tester en grand nombre million de copies/ml car 1 million dé- commandations de la SSM (9). La par RT-PCR en assurant un temps de finit plutôt le superspreader). SSM se basait d’ailleurs pour ces re- rendu des résulats courts, une grande De plus, nous avons discuté ci- commandations sur l’expertise de plu- fiabilité analytique tant en terme de dessus de la qualité variable de sieurs laboratoires qui ont évalués une sensibilité que de spécificité. Par con- l’échantillonnage. Ainsi, un patient trentaine de tests antigènes (10). Cette tre, il est indispensable que les divers avec 1000 copies/ml est de facto in- étude a démontré que les tests avaient acteurs de santé publique s’assurent fecté et il peut présenter une charge des performances très variables et que de garantir au long terme cette capac- virale effective de 10 ou 100 millions les meilleurs sont ceux avec lecture ité, (i) en soutenant les laboratoires de copies/ml (charge virale sous-esti- automatisée grâce à de petits instru- dans leur développement et (ii) en met- mée par l’effet d’un mauvais échan- ments (10), confirmant une étude de tant en place des structures de testing tillonnage). De plus, la charge virale Caruana et al, qui montrait la supéri- pérennes, respectant les règles et us- nasopharyngée ne peut refléter la con- orité d’un test dont la lecture est au- ages et avec du personnel formé pour tagiosité puisqu’après environ 4 jours, tomatisée (7). effectuer des échantillons de qualité. celle-ci diminue même chez des pa- Par ailleurs, il faut être prudent avec Le changement abrupt et répété des tients présentant une pneumonie vi- les tests antigènes chez les personnes tarifs d’analyses en pleine pandémie rale. Ainsi, la charge virale mesurée asymptomatiques car la valeur pré- est contre-productif, et il est néces- dans des expectorations, aspirations dictive positive hors des vagues épi- saire qu’un tarif similaire à celui effec- bronchiques ou lavage broncho-alvéo- démiques est médiocre, de l’ordre tué pour les autres virus respiratoires laire peut-être considérablement plus par exemple de 50% dans l’étude ef- soit appliqué de matière pérenne, afin élevée que celle dans le frottis na- fectuée à Morges (8). Inversement, que tous les laboratoires poursuiv- sopharyngé et de facto, un patient les faux négatifs, y compris pour les ent leur développement en terme de avec 1000 copies/ml au niveau na- auto-tests antigènes, peuvent avoir capacité de testing avec un modèle sopharyngé peut être contagieux. des conséquences néfastes. Ainsi, des économique viable et robuste. La table 2 résume les raisons pour personnes vulnérables vaccinées et Il est aussi important de lutter contre lesquelles, il n’est pas possible de particulièrement prudentes depuis 2 les centres de tests sauvages qui pro- déduire la contagiosité basée sur la ans se sont vus infectés à Noël 2021 posent des tests antigènes (parfois sal- charge virale nasopharyngée. Enfin, par des visites rassurées par un auto- ivaires). Le testing doit rester entre les rappelons l’importance du tracing ré- test négatif. Le risque de réduire les mains de professionnels de la santé trograde: même un cas positif peu gestes barrières suite à un autotest bien formé car la qualité du prélève- contagieux peut être utile à retrouver négatif est réel et nous pensons im- ment influe de manière considérable sa source, qui elle peut être très conta- portant que des communications adé- sur la qualité de l’analyse. De plus, il gieuse (et peut ne pas avoir été testée). quates soient faites auprès de la pop- faut s’assurer que les recommanda- ulation (11), voire que les auto-tests tions soient suivies car il n’est pas ac- Les tests antigènes antigènes soient progressivement rem- ceptable avec les connaissances ac- Kritikos et al. a clairement démontré placés par des auto-prélèvements sui- tuelles que des tests antigènes soient la très faible sensibilité analytique des vis de PCR (6). utilisés pour des personnes avec plus tests antigènes, qui en comparaison, De plus, aujourd’hui il est reconnu de 4 jours de symptômes. sur les mêmes échantillons de patients qu’avec le variant Omicron, un faux né- De plus, 2 ans après le début de positifs par RT-PCR, n’étaient positifs gatif a des conséquences significatives l’épidémie, il n’est plus acceptable de que pour 35 à 41% des tests antigènes en terme de contrôle de l’épidémie, vu justifier l’utilisation de tests antigènes sur frottis nasopharyngés et 4 à 8% sur un taux de reproduction de 10. Ainsi, (y compris sous forme d’autotests) frottis salivaires (Table 1), alors que les avec des sensibilités des tests anti- en raison d’une capacité (considérée RT-PCRs nasopharyngés ont des sen- gènes estimés à une vingtaine de pour- comme) insuffisante en tests RT-PCRs.
30 ED N EW UCSA T I O N P I P E T T E – S W I S S L A B O R AT O R Y M E D I C I N E | WWW. S U L M . C H NR. 1 | MÄRZ 2022 References Il faut ajuster cette capacité et concen- 1. Ladoy A, Opota O, Carron PN, Guessous I, A, Opota O, Foerster M, Brouillet R, Senn L, trer l’activité des acteurs pré-analyt- Vuilleumier S, Joost S, Greub G. Size and Lienhard R, Egli A, Pantaleo G, Carron PN, iques sur l’échantillonnage de qualité duration of COVID-19 clusters go along with Greub G. Implementing SARS-CoV-2 Rapid a high SARS-CoV-2 viral load: A spatio-tem- Antigen Testing in the Emergency Ward of a plutôt que diversifier leur formation poral investigation in Vaud state, Switzer- Swiss University Hospital: The INCREASE en tentant d’en faire des apprentis land. Sci Total Environ. 2021 Sep Study. Microorganisms. 2021 Apr laborants. Au vu de leur sensibilité 15;787:147483. 10;9(4):798. 2. Opota O, Brouillet R, Greub G, Jaton K. 9. Egli A, Lienhard R, Jaton K, Greub G. Rec- et spécificité imparfaite (4, 7, 8), les Comparison of SARS-CoV-2 RT-PCR on a ommendation of the Swiss Society of Micro- tests antigènes doivent être progres- high-throughput molecular diagnostic plat- biology for usage of SARS-CoV-2 specific form and the cobas SARS-CoV-2 test for antigen tests. Pipettes. 2020:18-20. https:// sivement abandonnés, afin d’éviter (i) the diagnostic of COVID-19 on various clini- www.sulm.ch/pipette_magazin/files/pi- de fausses impressions de sécurité et cal samples. Pathog Dis. 2020 Nov pette/2020-06/pipette_6-2020-018_Adrian- (ii) des contaminations secondaires de 11;78(8):ftaa061. Egli-et-al_Recommendation-of-the-Swiss- 3. Marquis B, Opota O, Jaton K, Greub G. Im- Society-of-Microbiology-for-usage-of-SARS- gens vulnérables suite à des résultats pact of different SARS-CoV-2 assays on lab- CoV-2-specific-antigen-tests.pdf faux négatifs de leurs contacts (11). oratory turnaround time. J Med Microbiol. 10. Greub G, Caruana G, Schweitzer M, Imperi- 2021 May;70(5):001280. ali M, Muigg V, Risch M, Croxatto A, Opota Il est également important de consi- 4. Kritikos A, Caruana G, Brouillet R, Miroz JP, O, Heller S, Albertos Torres D, Tritten ML, dérer au côté des RT-PCR, les analy- Abed-Maillard S, Stieger G, Opota O, Crox- Leuzinger K, Hirsch HH, Lienhard R, Egli A. ses de génomique SARS-COV-2 qui atto A, Vollenweider P, Bart PA, Chiche JD, Multicenter Technical Validation of 30 Rapid Greub G. Sensitivity of Rapid Antigen Test- Antigen Tests for the Detection of SARS- permettent le typage et qui apportent ing and RT-PCR Performed on Nasopharyn- CoV-2 (VALIDATE). Microorganisms. 2021 des utiles sur la résistance du virus geal Swabs versus Saliva Samples in CO- Dec 15;9(12):2589. au traitement (par exemple mutation VID-19 Hospitalized Patients: Results of a 11. Coste AT, Egli A, Greub G. Self-testing for Prospective Comparative Trial (RESTART). SARS-CoV-2: importance of lay communi- 340 conférant une résistance au trait- Microorganisms. 2021 Sep 9;9(9):1910. cation. Swiss Med Wkly. 2021 Jun ement de Sotrovimab). Il faut aussi 5. Greub G, Sahli R, Brouillet R, Jaton K. Ten 5;151:w20526. years of R&D and full automation in molecu- 12. Meriem Bekliz, Francisco Perez-Rodriguez, considérer dans l’arsenal des tests lar diagnosis. Future Microbiol. Olha Puhach, Kenneth Adea, Stéfane SARS-CoV-2 les sérologies et dosages 2016;11(3):403-25. Marques Melancia, Stephanie Baggio, Anna- des anticorps neutralisants, et pour 6. Greub G, Lienhard R, Egli A. Recommenda- Rita Corvaglia, Frédérique Jacquerioz- tions of CCCM-SSM SARS-CoV-2 diagnos- Bausch, Catia Alvarez, Manel Essaidi-Lazi- ces différentes méthodes, il est impor- tics working group on indications and limita- osi, Camille Escadafal, Laurent Kaiser, tant que des tarifs OFAS qui couvrent tions of the SARS-CoV-2 PCR testing from Isabella Eckerle. Sensitivity of SARS-CoV-2 correctement les coûts effectifs soient saliva. First draft written on 6.12.2020 and antigen-detecting rapid tests for Omicron final version published online on 21.12.2020 variant. MedRxiv 2022, https://doi.org/10.11 proposés et que les indications soient on the SSM website: https://www.swissmi- 01/2021.12.18.21268018. https://www.me- bien identifiées. crobiology.ch/en/sars-cov-2-pcr-tests drxiv.org/content/10.1101/2021.12.18.2126 7. Caruana G, Lebrun LL, Aebischer O, Opota 8018v2.article-info O, Urbano L, de Rham M, Marchetti O, 13. Caruana G, Croxatto A, Coste AT, Opota O, Correspondence Greub G. The dark side of SARS-CoV-2 Lamoth F, Jaton K, Greub G. Diagnostic Gilbert.Greub@chuv.ch rapid antigen testing: screening asymptom- strategies for SARS-CoV-2 infection and in- atic patients. New Microbes New Infect. terpretation of microbiological results. Clin 2021 Jul;42:100899. Microbiol Infect. 2020 Sep;26(9):1178-1182. 8. Caruana G, Croxatto A, Kampouri E, Kritikos
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