STAGE D'ANALYSE FILMIQUE : CINEMA ET POLITIQUE À TRAVERS LE FILM LAS 13 ROSAS DE EMILIO MARTÍNEZ-LÁZARO

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STAGE D'ANALYSE FILMIQUE : CINEMA ET POLITIQUE À TRAVERS LE FILM LAS 13 ROSAS DE EMILIO MARTÍNEZ-LÁZARO
STAGE D’ANALYSE FILMIQUE :

CINEMA ET POLITIQUE À TRAVERS LE FILM LAS 13 ROSAS

DE EMILIO MARTÍNEZ-LÁZARO

                          Ce fim d'Emilio Mártinez Lázaro raconte l'histoire vraie de
                          treize jeunes femmes qui furent exécutées durant la
                          première année du régime de Franco après la guerre d’
                          Espagne.

                          Le film se concentre sur l'histoire personnelle de cinq de ces
                          "13 roses".

Stage d’analyse filmique qui a eu lieu dans le cadre du « Deuxième Festival de
cinéma hispano-américain » de Poitiers (12 à 14 mars 2008 au cinéma Le
Dietrich). Cette manifestation est un projet complémentaire de formation entre le
Lycée Pilote Innovant International du Futuroscope et le Lycée du Bois d’Amour
de Poitiers.

Durée : 6 heures en trois segments de deux heures
Intervenante : Odile Méndez-Bonito de l’association Les Yeux d’IZO

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Mercredi 28 janvier :
Scénario (adaptation), structure du film, personnages.
Le réel, images d’archive

Discussion générale sur le film « Las 13 rosas » avec les élèves :
Est-ce qu’ils ont aimé ou pas ? Pourquoi ?
Qu’est-ce que le film raconte ? Est-ce qu’ils peuvent décrire les personnages principaux et leurs
particularités ? Et l’histoire un peu précisément ?

Extrait : début de Las 13 rosas

Générique de début réalisé avec photos qui imitent des photos d’archives. Pourquoi peut-on
savoir qu’il s’agit de photos contemporaines qui recréent l’ambiance de l’après guerre espagnole ?
(Cadre, lumière, portraits.) La musique introduit le spectateur depuis le début dans une ambiance
mélancolique, lyrique, tragique.
Discussion sur ce début de film : présentation des personnages, contexte géographique et
historique. Qu'est-ce que les élèves ont vu et ressenti ? Noter les personnages sur le tableau :

     Blanca – Antonio (su marido), Quique (su hijo) Canepa (el músico).
     Virtudes – Valentín (su novio)
     Carmen -
     Julia – Perico (su novio disfrazado de militar), Dolores (la madre), Trini y Ángeles (las
     hermanas)
     Adelina – Jacinto (su padre), Eutimio (el novio del pueblo)
     Carmen Castro (La directora de la prisión)
     Teo (El traidor)
     Fontenla (El comisario fascista)
     Satur y Damián (Los asesinos del general y su hija)

Le film est une adaptation d'un livre, non pas un scénario original. Et le bouquin est l'interprétation
d'une réalité historique. Le scénariste rencontre deux problèmes importants à l’heure de construire
le récit : beaucoup de personnages qui n’ont pas de liens entre eux, et le besoin de respecter une
réalité.

Organisation des évènements dans le scénario. C’est un film avec une construction classique :

-    Présentation des personnages dans leurs activités quotidiennes et politiques.
-    Poursuite / délations / trahisons
-    La prison et l’exécution

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Libertarias (1996) - Vicente Aranda.

C’est aussi un film avec un groupe de femmes impliquées politiquement pendant la guerre civile
espagnole, qui finit de façon tragique.

Extrait : début du film.

Comparer le générique avec celui de Las 13 rosas. La musique les images d’archives.
Dans ce cas il y a un mélange d’images d’archives et d’images reconstituées.
Présentation et construction des personnages : les femmes de la milice, la bonne sœur, les
prostituées. Vicente Aranda peut prendre le temps de construire des personnages parce que
Libertarias est un scénario original. Emilio Martínez Lázaro n'a pas, dans les 2h que dure le film
« Las 13 rosas », le temps de s’arrêter avec chaque personnage pour l’approfondir, c'est pour cela
qu'il doit donner des repères tout de suite identifiables (clichés ?)
Le début de Libertarias a toute une autre énergie. Un récit plus construit et des liens forts qui
s’établissent entre les protagonistes, ce qui n’est pas le cas dans Las 13 rosas.

        Canciones para después de una guerra (1971) – Basilio Martín Patino

Extrait : début du film.

Canciones para después de una guerra est un long-métrage construit exclusivement avec des
images d'archives et des chansons. Ce film plonge le spectateur dans l’après guerre d’Espagne.
Dans le début du film nous pouvons voir l’entrée des phalangistes dans Madrid sur l’hymne
fasciste « Cara al sol » et aussi des images des bombardements de la capital sur la chanson « Ya
hemos pasao » de la vedette Imperio Argentina. Les images sont descriptives non narratives. Il n’y
a pas de construction classique de récit, non plus de protagonistes ou « héros ». Ce sont les
paroles des chansons qui font la narration.
Analyse de pourquoi ces images d’archives nous donnent une sensation plus forte de réalité. Ces
images « réelles » de la ville de Madrid et des bombardements provoquent un sentiment
complètement différent de celui que nous avons quand on voit la ville de Madrid ou des
bombardements « reconstruits » dans Las 13 rosas.

        Land and Freedom (1995)– Ken Loach

Extrait : début du film

Une de particularités de Land and Freedom par rapport aux extraits que nous venons de voir c’est
sa construction en flash-back : Une jeune femme, après la mort de son grand-père, découvre dans
ses affaires des lettres, des articles de journaux, des photos de 1936. Elle découvre son
implication pendant la guerre d’Espagne. Le film de Ken Loach commence avec cette jeune
femme pour aller en arrière et raconter l’histoire du grand-père.

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Dans ce début de film on retrouve aussi des images d’archives. A la différence de Las 13 rosas
ou Libertarias, les images d’archives dans Land and freedom ne sont pas un « habillage » pour le
générique. Elles sont inclues à part entière dans le déroulement du film : un militant du parti
communiste anglais montre des images de la guerre dans une réunion afin de trouver des
volontaires pour combattre les fascistes en Espagne.
Quelle est la différence entre la séquence du discours de ce militant anglais et la séquence du
discours de Carmen et Virtudes dans le début de Las 13 rosas ? Analyser comment chaque
séquence a été tournée : Ken Loach filme plutôt en continu, Emilio Martínez-Lazaro découpe
beaucoup. Quelle sensation avons-nous dans chacune des ces deux façons de faire ? Est-ce
qu’on peut dire qu’il y a des façons de filmer plus « artificielles » que d’autres ?

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Mercredi 4 février ;
Le rapport hommes-femmes.
La mémoire.

Par rapport au sujet du festival « Histoiras de chicos historias de chicas » qu’est-ce que les élèves
ont trouvé d’intéressant dans Las 13 rosas ?

Analyse des 3 séquences « romantiques » dans Las 13 rosas :

Extrait 1. Perico, habillé en militaire, vient draguer Julia. Une autre fille des jeunesses
socialistes s’approche de Julia et Perico lui fait la leçon. Julia fait semblant de partir fâchée mais
lui, la calme avec des câlins et la proposition d’aller au cinéma. (Même si on sait que c’est un
déguisement, c’est assez terrifiant qu’une fille qui va mourir pour appartenir aux jeunesses
socialistes, se laisse faire par quelqu’un déguisé en militaire phalangiste.)
[Le conflit - Elle est communiste, il peut la dénoncer
Elle : ne m’accompagne pas (Elle fait semblant de partir)
Lui : on va au ciné.]

Extrait 2. Virtudes assiste à une discussion entre Satur, Damian, Teo et Valentín sur le besoin
ou pas de passer à la lutte armée. Virtudes se fâche mais Valentín la calme avec des câlins.
[Le conflit - Est-ce qu’on va faire des actions terroristes ?
Virtudes : Elle fait semblant de partir
Valentín : viens au lit
Virtudes : lui parle de son anniversaire.]

Extrait 3. Adelina et Eutimio dansent puis se promènent.
[Le conflit - Elle veut étudier pour être secrétaire.
Lui : non
Elle : elle fait semblant de partir
Lui : finalement accepte. Câlins.]
Adelina passe de l’autorité de son chéri à celle de son père.

Un autre exemple : quand Julia se fait agresser par un fasciste dans le tramway elle ne se
défend pas, elle ne dit rien, c’est Perico qui la sauve.
Après dans une autre séquence Perico arrive avec de la nourriture et ce n’est pas seulement
Julia c’est toutes les femmes de la maison (mère et sœurs) qui le regardent avec admiration
(même s’il est habillé en fasciste) et quand il demande à Julia d’aller au ciné et qu’ elle dit non, sa
mère et sa sœur lui reprochent d’être trop sèche.
Dans ce film l’engagement politique des filles se limite à bouder, leur parole est inexistante.

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Comparer avec une autre séquence « romantique » de Land and Freedom – Ken Loach

Extrait : David sort de l’hôpital à Barcelone et cherche une pension qui lui avait recommandé Pilar.
Quant il arrive, elle est la, elle l’attend. Ils couchent ensemble et après Pilar découvre que David a
décidé de quitter la milice du POUM pour rejoindre l’armée régulière communiste. Elle se met en
colère.
Dans cette séquence on voit que c’est la femme qui fait les choix : elle décide d’aller voir David, de
coucher avec lui et elle n’accepte pas la trahison.
Le poids de la parole est beaucoup plus important dans le film de Ken Loach. Pilar ne boude pas.
Elle se fâche et elle parle.

La représentation de la femme à travers les séquences de torture :

Extrait : La torture de Julia.
Analyse de l’image qui est très belle : joli corps, belle lumière, photographie soignée.
Extrait : La torture d’Adelina.
Le joli visage qui pleure, grands yeux verts, belle lumière.

Pourquoi ne pas filmer de la même façon les tortures masculines et féminines ?
Pourquoi dans ces séquences on montre les femmes nues et pas les hommes ?
Pourquoi les agressions sexuelles dans ce film (et dans le cinéma en général) sont-elles
réservées aux femmes ? Pourquoi la violence physique plus brute, le sang, les visages déformés
par les coups sont réservés aux hommes ?

En prison :

Extrait : Julia entre en prison ou des milliers de femmes vivent sans hygiène ni nourriture. Elle
rencontre ses copines Virtudes et Adelina et à ce moment précis elles entendent de coups de
fusil. Pas très loin il y a des exécutions tous les soirs, elles sont terrorisées… mais juste à la suite
(par cut dans le montage) c’est la fête ! Les filles font des blagues aux gardiennes, elles font des
batailles d’eau, elles dansent, elles rigolent pendant la messe. Même quand elles sont punies
dans des cellules individuelles elles chantent et alors ça devient pathétique parce que non
seulement les filles sont extrêmement « cucul » mais les gardiennes deviennent ridicules en
disant qu’elles ne peuvent pas contrôler la situation.
Nous avons l’impression qu’elles sont dans un internat ou en colonie de vacances et non pas
emprisonnées dans des conditions misérables.

Extrait : Carmen et Virtudes dansent les claquettes dans la cour de la prison.
Analyse de l’image : Les protagonistes sont habillées avec des couleurs saturés, elles sont bien
coiffées, elles ont des chaussures à talons. Les autres prisonnières qui les entourent ont les
cheveux coupés, elles sont habillées en gris ou marron et elles portent des espadrilles. Objectif
du réalisateur : les protagonistes toujours belles ! (ça se vend mieux)

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La mémoire :

Land and Freedom comme Las 13 Rosas sont des films sur la mémoire

Extrait Las 13 rosas : la fin du film.
Un camion arrive avec les 13 filles. Le peloton les attend pour l’exécution. Elles sont fusillées.
Quique, le fils de Blanca va récupérer la lettre que sa mère lui a écrite avant de mourir.

Extrait Land and Freedom : la fin du film,
Les staliniens arrivent pour dissoudre la milice du POUM. La tension monte et l’armée régulière
tue Pilar. Enterrement de Pilar qui enchaîne avec l’enterrement de David-grand père au présent.
Sa petite fille lève le poing.

Dans 13 Rosas il y a une forte importance des lettres à la fin du film. « Que mi nombre no se borre
de la historia » dit Julia.
Les nombreuses lettres d’adieux des exécutés dans la répression franquiste qui existent,
représentent des documents précieux pour la mémoire des républicains espagnols.

Dans Land and Freedom la petite fille du protagoniste est le symbole du devoir de mémoire. Les
lettres, les photos, les documents qu’elle découvre représentent ce qu’il ne faut pas oublier.

Analyse de la réalisation de ces deux séquences qui ont des points communs : c’est la fin du film,
elles sont très dramatiques, elles montrent des exécutions pour causes politiques dans le même
conflit (la guerre d’Espagne).
La réalisation de Loach est plus dépouillée, moins artificielle. L’Anglais donne le temps à ses
acteurs de se mette en situation (cette séquence a été tournée à 2 caméras). Le film espagnol est
plus découpé, il recherche une beauté artificielle et, a mon avis, hors sujet dans la photographie,
les costumes, le maquillage, la composition des plans…

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Mercredi 11 février (séance en espagnol)
Autres façons de filmer la guerre et le politique. Le documentaire.

         Classe de lutte (1968)– Les groupes Medvedkine

Portrait de Suzanne, femme militante.
Exemple de réalisation collective. Il y a un choix politique au départ. Le choix de donner aux
ouvriers les moyens de s’exprimer.
Film qui s’inscrit dans la tradition des films militants.

Extrait : le début
Sur une chanson engagée on voit la protagoniste travailler, militer, dans sa vie de famille, dans
l’usine et aussi l’atelier de cinéma.

Extrait 2 :
Suzanne raconte la reprise du travail à Yema après la grève.

Classe de lutte est un portrait et aussi une chronique parce qu’il raconte un moment précis.
Envie de faire accéder les ouvriers à la culture.

         On pourrait dire que tout commence par une bibliothèque, par la volonté politique d’une
         bibliothèque au cœur de l’usine. Lorsque l’ouvrier Paul Cèbe obtient à l’arrachée
         l’ouverture d’une bibliothèque au sein de l’usine Rhodia de Besançon, il ouvre une brèche.
         Il fait entrer le livre, la culture et d’autres formes de conscience dans la lutte quotidienne
         qu’est l’usine. Paul Cèbe aime également le cinéma. Il organise grâce à un ami parisien
         des séances et des présentations de films par les cinéastes eux-mêmes. L’ami s’appelle
         Chris Marker. Les cinéastes invités seront Agnès Varda, Jean-Luc Godard entre autres.
         Les liens se nouent et bientôt se confondent dans la grève de 1967. Chris Marker vient
         voir, comprendre et capter l’événement. Il revient et filme avec Mario Marret A bientôt,
         j’espère (1967-1968) la vie de cette lutte et la parole des ouvriers bisontins. Il filme à
         hauteur d’hommes et de femmes, en égalité entre commentateurs et commentés. Le
         travailleur apparaît à l’écran. On entend leurs paroles, leurs angoisses et leurs actions.
         L’histoire pourrait s’arrêter là et s’inscrire dans l’activité militante de Marker Mais voilà, une
         ambiance particulière et une collaboration qui ne veut pas en rester là transforment la
         situation. Le groupe Medvedkine naît. Il est même précipité par l’événement de la
         projection d’A bientôt, j’espère aux ouvriers de Besançon. Marker est conspué, bousculé
         par les critiques des travailleurs eux-mêmes. Ce film, ils le critiquent avec passion et
         dureté. Il a touché quelque chose mais cela ne suffit pas. Le regard est encore trop
         extérieur au monde ouvrier pour les convaincre. Marker écoute et comprend. Il sait la
         solution et la dit : « Le film que souhaitez, c’est vous qui le ferez.»

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100jours (2006) – Réalisation collective

100jours est un projet qui s’inscrit dans un courrant de cinéma militant, réalisé de façon collective
et faite rapidement. (Parution de la vidéo.) Fort point de vue des auteurs.

         Le 6 mai 2007 ont eu lieu les élections présidentielles en France.

         Nous avons décidé d’utiliser cette date comme point de départ à un projet qui propose de
         réfléchir sur le politique. Les élections présidentielles ont été notre prétexte pour aborder,
         d’un point de vue pluriel, toutes les facettes que le politique peut revêtir dans la vie des
         gens, depuis le « simple » geste de voter jusqu'à des postures plus intimes, complexes
         ou radicales.

         100jours est une approche de la société française à travers 100 films documentaires
         courts (maximum 6 minutes), qui ont été diffusés les 100 jours précédents le résultat
         final des élections présidentielles. Il s’agit d’un projet collectif dans lequel une soixantaine
         de réalisateurs et réalisatrices ont étés amenés à créer un ou des documentaires sur des
         personnes qu’ils ont choisies pour le rapport personnel qu’ils ou elles entretiennent avec
         la politique, dans son sens le plus large.

Extraits :

100% -Zoé Liénard. Héritière de Classe de lutte. C’est le portait de Roselyne, une ouvrière
licenciée d’Aubade, mais surtout c’est le portrait de Zoé.

71% - Odile Magniez. Filmer l’ennemi. La réalisatrice se confronte à un élu régional du Front
National. Ils discutent sur la pertinence ou pas de récupérer la mémoire des républicains de la
guerre d’Espagne. Ce film est un autoportrait qui parle plus de l’impossibilité de communiquer que
du sujet abordé.

         Nuit et Brouillard (1955)– Alain Renais
         [extrait que nous n’avons pas eu le temps de passer]

Texte du film – Jean Cayrol résistant français déporté dans le KZ Mauthausen en 1943
Musique - Compositeur germano-autrichien politiquement engagé Hanns Eisler. Communiste anti
nazi (et anti stalinien) exilé aux Etats Unis.
Pour faire un film comme celui-ci toutes les personnes concernées dans sa réalisation doivent
avoir un fort engagement dans leur vie privée.

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Commande du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, un organisme
        gouvernemental fondé en 1951, dont la fonction était de rassembler de la documentation
        et de poursuivre des recherches historiques sur la période de l'occupation de la France en
        1940-1945.
        Travail de documentation serein, calme et déterminé, ce film montre tour à tour comment
        les lieux des camps de concentration ainsi ce que le travail d'extermination pouvaient avoir
        une allure ordinaire, comment cette extermination était organisée de façon rationnelle et
        sans état d'âme, « technique » en un mot, et comment l'état dans lequel ont été conservés
        les lieux est loin d'indiquer ce qui jadis s'y perpétrait.
        Le désir antiraciste de l'auteur est de fondre les victimes dans un grand ensemble, sans
        insister sur la spécificité de la Shoah, pour cela le mot juif n’est cité qu’une seule fois.
        Le film est également connu pour avoir dû faire face à la censure française qui cherche à
        estomper les responsabilités de l'État français en matière de déportation. En 1956, la
        commission de censure exige en effet que soit supprimée du film une photographie
        d'archives sur laquelle on peut voir un gendarme français surveiller le camp de Pithiviers.
        Les auteurs et producteurs du film refusent mais sont tout de même contraints de masquer
        la présence française, en l'occurrence en couvrant le képi du gendarme, signe distinctif
        principal, par un recadrage de la photographie et une fausse poutre.

        No pasarán (2002) – Henri-François Imbert

Ce film est une enquête personnelle qui parte de la trouvaille de 4 cartes postales dans les
affaires du grand-père du réalisateur. Ces cartes postales représentent des photos du camp de
concentration d’Argelès sur mer.

            Des réfugiés républicains et patriotes basques de la Guerre d'Espagne furent
            regroupés surtout dans le Roussillon, mais aussi jusqu'en Bretagne. On relève les
            noms de :

            o    Agde, dans l'Hérault,
            o    Argelès-sur-Mer, dans les Pyrénées-Orientales,
            o    Gurs dans les Basses-Pyrénées (aujourd'hui Pyrénées-Atlantiques.
            o    Moisdon-la-Rivière, et Juigné-des-Moutiers, en Loire-Inférieure (aujourd'hui Loire-
                 Atlantique.
            o    Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, sera fermé en 1942. Les Juifs seront
                 envoyés à Drancy, les Tziganes à Saliers, et les Espagnols à Gurs.
            o    Le Vernet dans l'Ariège.
            o    Le camp de Judes à Septfonds dans le Tarn-et-Garonne.

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Extrait : le début du film

Documentaire construit avec des images d’archives (les cartes postales qu’Henri François Imbert
découvre au fur et à mesure de son enquête)
Voix off du réalisateur et en première personne. Quelques témoignages, peut-être pour se
rattacher au réel.
Pas de musique.
Devoir de mémoire : Lola Carrasco, femme qui lui confie les cartes postales de son mari.

Extrait : la fin du film

Camps de concentration pour des républicains à côté de camps de concentration nazis : « Le
début et la fin d’une même histoire »
Visite à un camp de réfugiés kurdes à la frontière avec l’Angleterre. Rattachement au présent : les
réfugiés de la guerre d’Espagne sont maintenant les réfugiés qui viennent de pays pauvres ou en
conflit. Le réalisateur les filme sur la plage, les réfugies filment aussi avec une caméra de ciné.
Pourquoi le réalisateur nous les montre en train de filmer ? Peut être il veut nous dire que ces
personnes ne sont pas seulement l’objet de son film, ils sont des sujets avec lesquels il a un
échange en leur laissant un objet pour lui très précieux.

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