Station ornithologique 2022
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La Station ornithologique suisse de Sempach ... est au service de l’étude et de la protection des oiseaux. Elle a pour objectif de comprendre l’avifaune indigène et de la conserver dans toute sa diversité pour les générations futures. ... est une fondation privée, financée par la population et indépendante sur le plan politique. Pour les oiseaux et leurs habitats – recherche, protection, information Station ornithologique suisse CH-6204 Sempach Tél. 041 462 97 00 E-mail info@vogelwarte.ch Le jardin naturel du centre de visite, une oasis de verdure sur les rives du lac de Sempach. Internet www.vogelwarte.ch Pour les dons IBAN: CH47 0900 0000 6000 2316 1 Horaires d’ouverture du centre de visite (Luzernerstrasse 6) Mardi à dimanche de 10 à 17 heures Image de couverture Lundi fermé Si elle trouve des insectes en suffisance, la femelle de pie-grièche écorcheur pourra offrir à sa progéniture un Sur demande, nous proposons des visites en soirée pour bon départ dans la vie. les groupes et des activités pour les classes.
Chère lectrice, cher lecteur, C’est en période de crise que nous sommes interpellés par les ques- tions existentielles. L’une des plus brûlantes est celle de l’état de notre environnement, dont les oiseaux sont des indicateurs fiables. Même dans un contexte morose, nous mettons notre travail quo- tidien au service de l’avifaune menacée. Armés de solides connais- sances, nous nous engageons sans relâche pour la protection et la conservation des oiseaux indigènes. Ils nous le rendent bien, en nous offrant un émerveillement quotidien. À nos donatrices et donateurs : c’est grâce à votre soutien fidèle et généreux que nous pouvons continuer à œuvrer avec détermi- nation en faveur de l’avifaune. Je vous remercie toutes et tous du fond du cœur pour la bienveillance et la confiance que vous nous témoignez, pour le bien des oiseaux. Peter Knaus Directeur de conservation La Station continue d’évoluer. Le conseil de Vous trouverez sur notre site internet www.vogelwarte.ch une foule fondation a élu une quatrième tête à la d’informations, notamment sur l’avifaune indigène et sur notre tra- direction en la personne de Peter Knaus, qui vail et nos projets, des astuces pour protéger les oiseaux ainsi que dirigera le département « Conservation des oiseaux » et en poursuivra le développement. des détails sur la fondation. Nous répondons aussi personnellement La recherche ornithologique et la protection à vos demandes. des oiseaux sont ainsi désormais représentées à la direction de la Station ornithologique.
Petit hibou, grands effets Cette parcelle offrira au petit-duc scops une zone d’habitat supplémentaire. La mosaïque de Il fut un temps où le petit-duc scops était un nicheur régulier en Va- groupes d’arbustes, de vieux arbres et de surfaces lais, dont il apprécie le climat chaud. Les haies, les vergers haute- ouvertes exploitées de manière extensive répond tige et les vignobles des paysages cultivés traditionnels lui offraient parfaitement aux exigences de l’espèce. aussi bien sa nourriture, avec quantité de gros insectes, que des ca- vités d’arbres pour nicher. Son habitat s’est toutefois réduit comme peau de chagrin, détérioré par l’agriculture de plus en plus intensive et l’extension des agglomérations. Grâce à des mesures de conserva- tion, les effectifs du petit-duc scops se sont quelque peu relevés ces dernières années, mais l’espèce est toujours considérée comme forte- ment menacée. Afin de lui fournir une plus grande superficie d’habi- tat potentiel, la Station ornithologique a voulu acquérir en Valais plu- sieurs parcelles agricoles dans le but de les revaloriser. La commission cantonale compétente pour le droit foncier rural est alors intervenue, arguant que l’acquisition de deux parcelles n’était pas compatible avec la loi fédérale sur le droit foncier rural (LDFR). Le Conseil d’État valaisan, auprès duquel la Station a fait recours, a été du même avis. L’instance suivante à se prononcer, le Tribunal cantonal du Valais, a en revanche donné raison à la Station et autorisé l’achat des par- celles. Mais c’était sans compter le Département fédéral de justice et police, qui a porté l’affaire devant le Tribunal fédéral. Ce dernier a néanmoins tranché dans le sens de la protection de la nature et des oiseaux, constituant ainsi un précédent juridique. Il a basé son argu- mentation sur le fait que si la LDFR doit protéger les terres agricoles contre la spéculation, l’utilisation de terrains à des fins de protection des oiseaux doit être considérée comme une activité de même valeur que l’exploitation agricole, et est donc admissible.
Le petit-duc scops se nourrit principalement d’orthoptères et autres gros insectes. Par un projet de conservation, la Station ornithologique favorise une exploitation extensive des prairies afin que les populations d’insectes augmentent.
Une bergeronnette qui fait le printemps Au printemps et en automne, c’est en masse que les bergeronnettes printanières en migration font escale auprès des troupeaux de bétail et dans les zones humides. L’espèce ne niche toutefois que rarement dans notre pays et n’y est présente que dans quelques régions, généralement dans de vastes étendues cultivées. Les ornitholo- gues battant moins souvent la campagne dans ces paysages, souvent monotones, que dans les régions abritant une plus grande diversité d’espèces, la bergeronnette printanière court le risque de passer entre les mailles des projets de surveillance. Pour avoir une meilleure idée de la répartition de l’espèce et de l’évolution de sa popula- tion, la Station s’est lancée sur les traces de cet insectivore et a fait une découverte étonnante : dans les cinq ré- gions sélectionnées pour le projet, près de 500 territoires ont été identifiés. Cela signifie très probablement que la Suisse compte davantage de bergeronnettes printanières que ce qu’on pensait jusqu’à présent. La population de la plaine de l’Orbe (VD), surtout, a été manifestement sous-estimée puisqu’elle contient actuellement près de la moitié des territoires connus à ce jour, ce qui en fait sans conteste la zone de reproduction la plus impor- tante du pays pour cette espèce. Contrairement à de nombreux autres oiseaux des grandes cultures qui ont fui ces zones, la bergeronnette printanière semble tenir bon. Cependant, le travail du sol par les machines et l’uti- lisation fréquente de pesticides compliquent certainement l’élevage des jeunes bergeronnettes. Il vaut donc la peine de garder un œil sur cette espèce. La bergeronnette printanière niche dans les zones de grandes cultures, avec une prédilection pour les champs de légumes, de pommes de terre, de betteraves sucrières ou de céréales. Il ne faut donc pas négliger les régions en apparence peu intéressantes lorsqu’on part en observation.
1 2-20 74 21-100 >100 99 240 42 14 3 La bergeronnette printanière n’est présente que dans quelques régions de Suisse. Selon les derniers recensements, il semble qu’environ 500 couples nichent dans notre pays. Toutes les bergeronnettes printanières ne se ressemblent pas – il existe une dizaine de sous-espèces dans le monde, qui se distinguent par les couleurs des mâles. Au nord et à l’ouest de la Suisse, on trouve surtout la sous-espèce d’Europe centrale flava (photo), tandis que c’est la sous-espèce méridionale cinereocapilla qui prévaut au Tessin.
Chasseurs à plumes en ligne de mire C’est l’un des animaux les plus rapides au monde : en piqué, le faucon pèlerin peut atteindre la vitesse hallucinante de plus de 180 km/h ! Cette prouesse ne lui a toute- fois pas été d’un grand secours contre les menaces humaines. Les pesticides comme le DDT, ainsi que les persécutions dont il a été victime, ont mené cette espèce au- trefois répandue au bord de l’extinction dans les années 1960-70. Grâce à l’inter- diction du DDT et à la mise sous protection de l’espèce, le faucon pèlerin s’est ré- tabli dans les années 1980 et 1990 : 260-320 couples nicheurs ont été recensés en Suisse entre 2013 et 2016. Depuis, les effectifs sont à nouveau à la baisse. L’évolu- tion des populations est particulièrement bien documentée en Suisse romande, sur- tout grâce à l’engagement du protecteur des oiseaux Gaby Banderet et son équipe. On sait par exemple que la population de faucons pèlerins de l’arc jurassien a re- culé de près de 20 % depuis 2010. Une explication est la progression locale du grand-duc d’Europe, au menu duquel figure le faucon pèlerin. Si c’est une menace pour ce dernier, il s’agit aussi d’une évolution positive pour la protection des oiseaux puisque le grand-duc d’Europe compte également parmi les espèces menacées. Ce qui est beaucoup moins ré- jouissant, c’est la nouvelle recrudescence des empoisonnements volontaires. Autre problème à prendre au sérieux : les activités de loisirs dans les parois rocheuses abritant des nidifications. En collaboration avec ses partenaires, la Station ornitho- logique s’engage pour limiter les conflits entre les adeptes de loisirs en falaise et les oiseaux sensibles qui y nichent. Source Kéry, M., G. Banderet, C. Müller, D. Pinaud, J. Savioz, H. Schmid, S. Werner & R.-J. Monneret (2021): Spatio-temporal variation in post-recovery dynamics in a large Peregrine Falcon (Falco peregrinus) population in the Jura mountains 2000–2020. Ibis 156: 217–239.
Le faucon pèlerin face à un avenir incertain. Le faucon pèlerin niche dans les falaises, et il est particulièrement Après une augmentation dans les années sensible pendant la période de reproduction. Il arrive régulière- 1980 et 1990, ses effectifs sont à nouveau ment qu’une nichée soit abandonnée à la suite de dérangements en baisse. par des activités humaines comme l’escalade ou le géocaching.
La niverolle alpine est un peu plus grande et plus lourde que son « cousin » des plaines, le moineau domestique. Le rapport entre surface et volume du corps est donc plus favorable pour surmonter le froid de la haute montagne, la perte en chaleur corporelle étant moins rapide.
En parfaite synchronisation Comme son nom peut le laisser penser, c’est dans les régions souvent enneigées que la niverolle alpine est à son aise. Au contraire de la plupart des petits oiseaux de montagne, cette spécialiste des hautes altitudes ne descend presque jamais en dessous de 1500 m, même par rude météo hivernale. Pour nourrir ses jeunes, elle explore les marges des champs de neige fraîchement fondus à la recherche des larves de tipules hivernant sous la couver- ture neigeuse. Elle entame donc le processus de nidification très tôt comparé aux autres espèces montagnardes, parvenant à une synchronisation parfaite avec le début de la fonte des neiges. Aujourd’hui cependant, la neige fond environ deux semaines plus tôt qu’il y a encore 20 ans. S’adapter à ces nouvelles conditions, surtout aux altitudes inférieures, est problématique pour la niverolle alpine. Cela pourrait être une des raisons du recul de ses effectifs. On soupçonne également que les étés chauds et secs donnent du fil à retordre aux femelles. Les mécanismes de cette intolérance à la chaleur, et leur importance, sont des ques- tions étudiées actuellement par la Station ornithologique. Dans tous les cas, il est indéniable que les mesures de protection du climat profitent également à la niverolle alpine. On peut aussi la soutenir en installant des ni- choirs : des découvertes récentes montrent que l’espèce préfère s’installer aux environs des champs de neige. Il est donc indiqué de suspendre des nichoirs à différentes altitudes, de telle sorte que la niverolle trouve toujours assez de sites de nidification près des champs de neige. Sources Schano, C., C. Niffenegger, T. Jonas & F. Korner-Nievergelt (2021): Hatching pheno- logy is lagging behind an advancing snow- La niverolle alpine nourrit melt pattern in a high-alpine bird. Sci Rep de préférence ses jeunes 11: 20130016. de larves de tipules, Niffenegger, C. A. (2021): Nest site selec- qu’elle trouve aux abords tion of the White-winged Snowfinch Monti- des champs de neige pen- fringilla nivalis in the Swiss Alps. Master dant la fonte. thesis, University of Bern.
Lumière sur un oiseau nocturne L’engoulevent d’Europe est un oiseau discret, qu’il est extrêmement rare de pou- voir observer. Il est actif la nuit et passe ses journées au repos dans les forêts claires, se fondant dans son environnement grâce à son camouflage parfait. De plus, c’est un nicheur en danger devenu rare en Suisse. Ses effectifs se sont massivement ré- duits, et il n’occupe aujourd’hui plus que certaines parties du Valais, du Tessin et des Grisons. Malgré des programmes de conservation, sa population n’a toujours pas pu se relever comme espéré. Des recherches de la Station ornithologique montrent cependant les approches à privilégier pour l’avenir. Afin d’approfondir les connaissances sur les exigences écologiques de cet oiseau insaisissable, des chercheurs et chercheuses ont équipé 46 engoulevents d’Europe d’émetteurs GPS. Il s’est avéré que si l’oiseau niche bien dans les forêts claires riches en pins et en chênes, il va régulièrement chasser dans les zones d’agriculture extensive, à la recherche de gros insectes volants. Il peut alors s’éloigner de plusieurs kilomètres de son site de reproduction. L’engoulevent d’Europe, comme les insectivores des terres agricoles, a donc aus- si besoin de prairies richement structurées, à fauche tardive, peu fertilisées et sans arrosage automatique. Les petites parcelles de vignes dont la structure est proche de celle de zones naturelles et ne recevant pas d’herbicides ont également ses fa- veurs. Il est donc important de promouvoir davantage ce type d’habitats. En privi- légiant les produits soutenant la biodiversité lorsque nous faisons nos courses, nous pouvons tous et toutes y contribuer. Les vignobles à structure naturelle constituent un terrain de chasse précieux pour l’engoulevent d’Europe. Les surfaces non fauchées, les haies et les arbres isolés attirent les gros insectes. Les arbres lui offrent aussi des postes d’observation d’où il peut guetter ses proies.
Les appareils GPS dont les engoulevents d’Europe ont été équipés tombent tout seuls après une averse. Grâce à un émetteur spécial, les chercheurs peuvent localiser l’appareil et récolter les données de déplacement enregistrées. Très discret, l’engoulevent d’Europe se repose en forêt durant la journée, bien camouflé au sol sur des souches ou des branches. Au crépuscule et pendant les nuits de clair de lune, il quitte la forêt pour aller chasser les papillons de nuit et les coléoptères.
Les insectes migrent aussi, à l’image de la belle-dame. Cette espèce de papillon quitte au printemps le continent africain en direction de l’Europe, et repart vers le sud en automne lorsque les températures y baissent. Ses mouvements migratoires sont aussi détectés et enregistrés par le radar. Vous pouvez suivre en temps réel le nombre d’oiseaux qui survolent la Station ornithologique, soit sur la plateforme ornitho.ch, soit sur place au centre de visite.
Une foule au-dessus de nos têtes Les oiseaux sont dans le radar de la Station ornithologique – au propre comme au figuré. Grâce au radar installé sur le toit du centre de visite, les oiseaux survolant la Station peuvent être enregistrés et affichés en temps réel, toute l’année. Le passage des migrateurs en automne et au printemps est particulièrement impressionnant, mais l’activité est intense en été aussi, notamment parce que les oiseaux sont à la recherche de nourriture. Le radar ne relève d’ailleurs pas que le passage des oiseaux : de nombreuses espèces d’insectes sont aussi enregistrées, certaines également migratrices, comme la belle-dame. Une étude radar ré- vèle aujourd’hui que ce sont chaque année au moins 20 millions de vols d’insectes et 3 millions de passage d’oiseaux qui défilent au-des- sus de Sempach (LU). Si, en automne, on voit aussi bien des oiseaux que des insectes migrer en direction du sud-ouest, les oiseaux sont les seuls à viser clairement le nord-est au printemps. Ce comporte- ment différent des insectes est dû à la brève durée de vie de la plu- part d’entre eux. Ceux qui ont pu survivre à l’hiver pondent leurs œufs dans le premier habitat adéquat qu’ils trouvent sur le chemin du nord. La génération qui en résulte s’éparpille dans toutes les di- rections, afin de pondre à leur tour leurs œufs dans un endroit adap- té. Ce n’est que la dernière génération de l’été qui migre de manière ciblée vers le sud pour y passer l’hiver. Source Les radars permettent de relever le nombre d’oiseaux en Shi, X., B. Schmid, P. Tschanz, G. Segelbacher & F. Liechti (2021): Seasonal migration. C’est particulièrement utile pour les espèces Trends in Movement Patterns of Birds and Insects Aloft Simultaneously Re- qui volent de nuit (illustrées ici : des grues cendrées). corded by Radar. Remote Sensing 13: 1839.
Des opportunités à saisir Près d’un tiers du territoire de la Suisse est couvert de forêts. Comme ailleurs, le changement climatique s’y fait sentir : certaines espèces d’arbres comme l’épicéa et le hêtre ont de la peine à s’adapter à la sécheresse croissante et deviennent vulnérables aux maladies. Les tempêtes deviennent plus fréquentes et le risque de feux de forêt augmente. Si la situation peut sembler fâcheuse pour les proprié- taires de forêts, elle représente une opportunité pour la biodiversité. Les arbres morts, tombés ou au feuillage clairsemé offrent plus de lumière, plus de bois mort et une plus grande diversité de structures dans nos forêts. Le bois mort est extrêmement accueillant pour les insectes comme la rosalie des Alpes, mais aussi pour toutes sortes d’oiseaux, par exemple les pics et la mésange nonnette. Les forêts clairsemées sont devenues rares au cours du siècle dernier, car le type d’exploitation a changé. Cela représente une menace pour les plantes, coléoptères, papillons de jour et oiseaux photophiles. Dans le cadre de trois projets de revalorisation, la Station ornitho- logique recherche actuellement des propriétaires qui accepteraient, en contrepartie d’une compensation financière, de renoncer à utili- ser leur forêt détériorée et de conserver des surfaces avec des arbres morts ou mourants. L’objectif est de rendre la forêt encore plus di- Devenu très rare en Suisse, le pic cendré est verse et accueillante pour les espèces indigènes. en danger. Il trouve sur les surfaces de sol forestier claires et ensoleillées les fourmis dont il est friand, et durant les hivers très enneigés, il cherche des larves d’insectes dans le bois mort. Pour plus d’informations sur les sous-projets « Le stress hydrique en tant qu’op- portunité », « Les tempêtes en tant qu’opportunité » et « Incendie de forêt en tant qu’opportunité », voir : www.vogelwarte.ch/evenements-extremes
Si les arbres meurent davantage, le sol reçoit plus de lumière Le chablis contribue à former une mosaïque de structures et cela favorise la croissance de plantes poussant plus près du diverses. Le bois laissé à terre constitue un refuge pour sol comme la myrtille, enrichissant ainsi l’offre de nourriture toutes sortes d’animaux, que ce soit le chat sauvage, la pour le grand tétras. salamandre tachetée, le lucane cerf-volant ou le rougegorge familier.
Ramener la biodiversité dans les vignes : tel a été l’objectif de Markus Jenny, collaborateur de la Station ornithologique qui a pris sa retraite cette année. Le paradis fleuri qui l’entoure offre aux granivores comme la linotte mélodieuse un vaste choix de graines, ainsi que des insectes pour ses jeunes.
Du vin pour la biodiversité Les versants exposés au sud et au soleil constituent des points chauds de biodiversité. Ce type de sites au climat très favorable est aussi exploité depuis des générations pour la viticulture. L’utilisation intensive de pesticides et l’élimination de structures de valeur comme les haies ou les murs de pierres sèches ont cependant gravement al- téré la qualité de cet habitat, entraînant des conséquences négatives notamment pour l’avifaune locale. IP-Suisse et Denner s’engagent aujourd’hui pour promouvoir la biodiversité dans les vignobles, et ont chargé la Station ornithologique de développer des critères de label adéquats. Les prestations des viticulteurs et viticul- trices sont évaluées par un système de points, avec d’une part des exigences de base comme la végétalisation du sol ou une utilisation très cadrée des pesticides, mais également des mesures spécifiques de promotion de la biodiversité. Les producteurs et productrices doivent atteindre un nombre minimum de points, mais peuvent choisir les mesures qu’ils souhaitent mettre en œuvre. Une de ces mesures consiste en l’aménagement de dif- férents habitats ou micro-habitats riches en espèces, comme les murs de pierres sèches, les tas de branches ou les bandes herbeuses permanentes. L’investissement supplémentaire est récompensé par une prime. L’an der- nier, ce sont 100 ha de raisin qui ont été cultivés pour la première fois selon les nouveaux critères, et les premiers crus devraient être disponibles cette année. Nous pouvons donc d’ores et déjà trinquer à la santé de l’être hu- main et de la nature. Pour un oiseau, le vignoble idéal comprend des murs de pierres sèches et une végétation diversifiée attirant les insectes. Ces derniers nourrissent les oiseaux, et des arbres et des buissons leur offrent refuge et sites de nidification.
Lorsqu’un oiseau (ici une bergeronnette grise) percute une vitre en plein vol, il se blesse souvent, ou décède. Danger invisible L’année 2022 a été proclamée « année internationale du verre » par les Nations Unies, afin de souligner le rôle important joué par ce matériau dans notre société. Mais l’utilisation croissante du verre n’a pas que des côtés positifs : chaque année en Suisse, des millions d’oiseaux entrent en collision avec des parois vitrées, parce qu’ils voient le ciel ou les arbres qui sont derrière et n’identifient pas la vitre comme un obstacle – ou parce qu’ils sont induits en erreur par le reflet du paysage. La mort des oiseaux contre les vitres est ainsi l’un des plus gros pro- blèmes de protection des oiseaux. Il est pourtant facile à résoudre : lors de nouvelles constructions et de rénova- tions, on peut protéger les oiseaux par une conception adéquate ou l’utilisation de verre spécial. Le danger peut également être limité sur les bâtiments existants, par exemple par des films de protection. En revanche, contrai- rement à une opinion répandue, les silhouettes de rapaces n’ont aucun effet dissuasif. Les oiseaux doivent per- cevoir la paroi comme un obstacle, et donc un certain pourcentage de la surface doit être recouvert de film au- tocollant pour offrir une protection efficace. Il existe aujourd’hui des autocollants décoratifs bien plus au goût du jour que les silhouettes de rapaces. Depuis peu, un nouveau produit est par ailleurs disponible sur le marché, les « SEEN Elements », qui nécessitent une couverture de moins d’un pourcent de la surface vitrée. Protéger les oiseaux des collisions est en fait une affaire limpide.
Les vitrages d’angle et les balustrades de balcons en verre Les vitres reflètent souvent très précisément le paysage, transparent ne sont pas perçus par les oiseaux comme des donnant aux oiseaux l’illusion qu’ils volent vers le ciel ou vers obstacles – d’où l’importance d’écarter d’emblée ce type de les refuges que sont pour eux les arbres et les buissons. dangers, ou de les atténuer après coup. Films autocollants de protection des oiseaux (sans « SEEN Elements ») : www.vogelwarte.ch/fr/shop Informations sur les « SEEN Elements » : glas@vogelwarte.ch Informations sur les dangers du verre : www.vogelglas.vogelwarte.ch/fr
Le jardin du centre de visite garantit des découvertes à chaque saison. Au sein de l’exposition interactive, visiteurs et visiteuses découvrent la vie passionnante des oiseaux et peuvent laisser libre cours à leur curiosité. Le tour commence par le thème de la reproduction – dans un nid surdimensionné !
Un nouveau chapitre pour le centre de visite Notre centre de visite de Sempach est un point de ralliement pour les amoureux et amoureuses des oiseaux. Depuis son ouverture en 2015, il a accueilli près de 250 000 visiteurs. Aujourd’hui, un page se tourne puisque Felix Tobler, son directeur, part à la retraite. Scientifique et spécialiste en communication, c’est véritablement un homme de la première heure : non content d’assumer la responsabilité de l’aménagement, de l’exposition et de son atmosphère dès l’ouverture, il avait déjà en amont imprimé sa marque à la planification et au développement des expositions inte- ractives. C’est grâce à lui que le centre de visite est devenu la vitrine de la Station ornithologique. Sa successeure, Christine Jutz, est météorologue, active dans les médias, et pédagogue spécia- liste de l’environnement. Elle quitte le parc nature de Sihlwald pour la Station ornithologique, et se réjouit de plonger dans le monde fascinant des oiseaux. Jardin naturel au bord du lac avec les volières, voyage cinématographique à travers la Suisse des oiseaux, « aviphonie » et bien sûr ex- position interactive sur les grands thèmes de la vie des oiseaux : expérience palpitante garantie ! Changement de direction : Felix Tobler souhaite plein succès à sa successeure Christine Jutz. Pour plus d’information sur votre visite : www.vogelwarte.ch/visite
Fidèle au poste toute l’année C’est un pléonasme : les imprévus surgissent sans crier gare. Le centre de soins de la Station ornithologique ac- cueille donc ses patients à plumes 365 jours par an. En 2021, plus de 1500 oiseaux nous ont été amenés par des privés, des autorités ou des bénévoles. Dans près de 40 % des cas, il s’agissait de jeunes oiseaux trouvés in- demnes. La plupart des autres oiseaux apportés étaient blessés, principalement par des chats et des collisions contre les vitres, tout comme les années précédentes. Il n’est d’ailleurs pas rare que ces deux causes de blessures soient conjuguées : un oiseau blessé ou sonné par une collision sera une proie plus facile pour un chat. Ce qui est plus rare, en revanche, ce sont les blessures dues à des événements météorologiques, comme cela a été le cas l’année passée dans certaines régions avec de fortes chutes de grêle. Notre station de soins a ainsi pris en charge différents oiseaux qui présentaient des blessures aux ailes ou à la tête. Les jeunes colverts orphelins comptent parmi nos protégés les plus fréquents, avec les merles noirs, les moineaux domestiques et les martinets noirs.
La station de soins reçoit beaucoup de merles noirs. Les juvéniles comme celui de la photo, encore inexpérimentés, risquent particulièrement de se faire attraper par des chats. En cas d’urgence Les oiseaux blessés, malades ou abandonnés doivent être confiés à des spécialistes le plus rapidement possible. Si vous en avez trouvé un, appelez-nous et nous vous indiquerons la station de soins la plus proche. Nous sommes atteignables tous les jours pendant les heures de bureau au 041 462 97 00. Notre outil d’aide à la décision peut aussi être une assistance précieuse : www.vogelwarte.ch/oiseau-trouve
Pas de règle sans exception : contrairement aux autres espèces indigènes de pics, le torcol fourmilier est un migrateur. Il ne fore pas sa cavité lui-même, et ne tambourine pas non plus. En revanche, comme les autres, il se nourrit d’insectes, avec une préférence pour les fourmis, qu’il trouve dans les vignobles, vergers haute-tige et forêts claires proches de l’état naturel. Les revalorisations d’habitats pour lesquelles s’engage la Station ornithologique profitent donc aussi au plus spécial de nos pics.
Un immense merci ! La Station ornithologique suisse de Sempach est soutenue financièrement par le grand public. Par leurs dons, petits et grands, plus de 200 000 donateurs et donatrices rendent possible notre travail en faveur de l’avifaune, et garantissent l’indépendance de la Station. La Station ornithologique bénéficie également des dispositions testamentaires de personnes souhaitant pré- server à long terme ce qui leur tenait à cœur de leur vivant : une avifaune variée au sein d’une nature intacte. Autre soutien inestimable : les plus de 2000 bénévoles actifs dans la surveillance des populations d’oiseaux à l’échelle nationale, les activités de baguage, les projets de protection, les soins aux oiseaux, la photographie na- turaliste ou en tant qu’ambassadeurs et ambassadrices de la Station. À tous les donateurs et donatrices, mécènes anonymes, testateurs et testatrices, fondations, entreprises, par- tenaires et bénévoles qui soutiennent notre travail, que ce soit idéologiquement, financièrement ou par un in- vestissement personnel, nous adressons nos remerciements les plus chaleureux pour leur engagement et pour la confiance qu’ils témoignent à notre institution et notre activité. Conseil en matière d’héritage Régler sa succession est une affaire personnelle. Si, dans vos dernières volontés, vous désirez offrir une nouvelle vie à l’avifaune, et que vous avez des questions à ce sujet ou que vous souhaitez un entretien personnel, vous pouvez vous adresser à Felix Tobler, Station ornithologique suisse, 6204 Sempach, tél. 041 462 97 15. Sur de- mande, nous vous faisons parvenir la brochure « Mon testament en faveur des oiseaux ».
Dépenses Comptes annuels 2021 Frais généraux par secteur (comptabilité des projets) Les comptes annuels 2021 sont marqués par un hé- Administration, infrastructure, informatique, formation 5,9 % Surveillance de l’avifaune 10,4 % ritage très important, qui a été affecté au fonds pour Achats boutique, les habitats comme provision interne pour le pro- activités de collecte 16,1 % Recherche écologique 13,2 % jet-cadre « Un nouvel essor pour l’avifaune ». No- nobstant cette somme considérable, les comptes an- Recherche nuels présentent un résultat opérationnel équilibré. sur les migrations 7,3 % Sa situation financière stable permet à la Station Information 15,8 % ornithologique de poursuivre sans réserve ses activi- Soins aux oiseaux, Conservation des tés en faveur de l’avifaune indigène. laboratoire, centrale de oiseaux 20,7 % L’organe de révision Balmer-Etienne AG Luzern a baguage, bibliothèque 10,5 % examiné les comptes annuels sur mandat du Conseil de fondation, et les a déclarés irréprochables. Sur demande, nous vous faisons volontiers parvenir les comptes annuels 2021 détaillés. Vous pouvez éga- Recettes lement les télécharger directement sur notre site selon compte d’exploitation (résumé) internet : www.vogelwarte.ch > Vogelwarte > Qui sommes-nous ? > La Station ornithologique en bref > Comptes annuels 2021. Services, revenus de Calendrier des oiseaux 6,8 % la boutique 6,7 % Dons, donateurs, amis 29,6 % Contributions destinées à un objectif précis 6,0 % La Station ornithologique de Sempach emploie les dons qui lui sont confiés de manière responsable et efficiente. Le label de qualité ZEWO s’en porte garant. Héritages, legs 50,9 %
Bilan au 31.12.2021 Compte de résultat 2021 31.12.2021 Année passée 1.1.-31.12.21 Année passée Actifs Dons 12 018 162 11 817 285 Liquidités 15 043 341 14 038 765 Héritages, legs 20 666 331 6 112 191 Créances rés. de la vente de biens et de prestations 598 044 434 764 Contributions destinées à un objectif précis 2 450 161 2 378 475 Autres créances à court terme 367 112 259 917 Prestations de service, revenus de la boutique 2 719 603 2 800 817 Stocks 497 352 400 616 Calendrier des oiseaux 2 763 465 2 609 204 Actifs de régularisation 94 359 194 795 Autres produits 2 449 7 850 Actifs circulants 16 600 208 15 328 857 Recettes 40 620 171 25 725 822 Immobilisations financières 67 784 859 46 606 801 Dépenses salariales –15 423 824 –14 387 787 Immobilisations corporelles 21 713 819 22 984 000 Prestations de tiers –1 087 068 –945 520 Actifs immobilisé 89 498 678 69 590 801 Achats pour les projets et la boutique –1 559 717 –1 424 375 Dépenses pour les locaux et le jardin –504 119 –437 223 Actifs 106 098 886 84 919 658 Entretien du mobilier et des véhicules –291 600 –239 462 Assurances, taxes –65 811 –51 728 Passifs Dépenses générales pour le travail spécialisé –772 544 –678 648 Dettes rés. de l’achat de biens et de prestations 353 562 237 677 Dépenses administratives et pour l’informatique –758 480 –898 735 Autres dettes à court terme 245 934 187 245 Dépenses pour l’information et les collectes –2 788 359 –2 880 160 Passifs de régularisation 548 393 618 888 Autres frais généraux –15 562 –14 111 Capitaux étrangers à court terme 1 147 889 1 043 810 Amortissements sur immobilisations corporelles –1 300 183 –1 389 460 Fonds à affectation déterminée 496 500 336 300 Frais généraux –24 567 267 –23 347 209 Capital du fonds 496 500 336 300 Résultat 16 052 904 2 378 613 Capitaux liés 29 707 530 11 893 082 Résultat sans rapport avec l’organisation 5 022 246 1 229 680 Capital libre 74 746 968 71 646 466 Capital de l’organisation 104 454 498 83 539 548 Excédent sans le résultat des fonds 21 075 150 3 608 293 Passifs 106 098 886 84 919 658 Résultat des fonds –160 200 42 450 Excédent avant attributions 20 914 950 3 650 743 Fonds pour les habitats –16 845 556 Réserves de fluctuation de valeur –2 076 738 –1 077 887 Capital libre –1 992 656 –2 572 856 Attributions –20 914 950 –3 650 743 Excédent après attributions 0 0
De bon conseil En tant que centre national de compétence pour la recherche ornithologique et la protection des oiseaux, la Station ornithologique suisse se tient gratuitement à la disposition du public pour toute question concer- nant l’avifaune. Ce service est très apprécié : l’an der- nier, près de 15 000 demandes lui ont été adressées. En général, les appels sont reçus par notre service de renseignements et conseils, qui fait intervenir nos dif- férents spécialistes selon le jour, la langue ou le sujet. Néanmoins, à l’exception de thèmes spécifiques, ce sont le plus souvent Hannes von Hirschheydt, Maria Nuber et Christian Rogenmoser qui sont en première ligne pour vous répondre par mail ou par téléphone. Ce sont en général Hannes von Hirschheydt, Maria Nuber et Qu’il s’agisse d’identifier un oiseau mystérieux, de Christian Rogenmoser qui sont en première ligne en cas de questions sur le nourrissage des oiseaux ou sur l’em- questions sur l’avifaune : au cours de leur longue expérience placement idéal pour un nichoir – notre trio expéri- au sein du service de conseil de la Station, ils ont déjà menté est toujours de bon conseil. répondu avec professionnalisme à une foule de questions. Vous aussi avez une question ? Nous vous répondons avec plaisir du lundi au vendredi, pendant les heures de bureau, au 041 462 97 00 ou à l’adresse info@vogelwarte.ch Vous trouverez également des informations concernant les sujets les plus fréquents sur notre site internet : www.vogelwarte.ch/conseils
Impressum Station ornithologique 2022 Martina Schybli Photos P. 1 : M. Schäf (pie-grièche écorcheur) ; p. 4 : J.-N. Pradervand (parcelle Valais) ; p. 5 : M. Ruppen (petit-duc scops) ; p. 6 : M. Spiess (bergeron- nette printanière) ; p. 7 : R. Martin (bergeronnette printanière) ; p. 8 : R. Martin (faucon pèlerin) ; p. 9 : F. Dubessy (faucon pèlerin) ; p. 10 : M. Burkhardt (niverolle alpine) ; p. 11 : M. Ruppen (niverolle alpine) ; p. 12 : J.-N. Pradervand (site de chasse engoulevent d’Europe) ; p. 13 : M. Varesvuo (engoulevent d’Europe) ; p. 14 : P. Keusch (belle- dame), M. Burkhardt (grue cendrée) ; p. 16 : M. Varesvuo (pic cendré) ; p. 17 : O. Born (grand tétras), P. Mollet (chablis) ; p. 18 : M. Schäf (linotte mélodieuse), Denner AG (Markus Jenny) ; p. 19 : M. Jenny (mur de pierres sèches) ; p. 20 : M. Burkhardt (bergeronnette grise), p. 21 : M. Schybli (vitres) ; p. 26 : M. Burkhardt (torcol fourmilier) ; En automne 2021, un nombre particulièrement p. 31 : M. Burkhardt (geai des chêne) ; p. 32 : A. Volz (gélinotte des élevé de geais ont été observés en Suisse. La bois). Autres images : Archives de la Station ornithologique raison : un afflux massif d’oiseaux venant du nord. Cela se produit chaque fois que l’hiver Traduction commence tôt dans le nord et qu’en parallèle Filoplume les glands se font rares. Maquette et graphiques Marcel Burkhardt Impression Abächerli Druck AG, Sarnen Quatrième de couverture Les plantes que préfère la gélinotte des bois ont © 2022 Station ornithologique suisse de Sempach besoin de lumière. Elle fait donc partie des espèces qui profitent des forêts claires, comme celles qui apparaissent après des événements météorologiques extrêmes.
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