Stratégie nationale pour la biodiverSité 2011-2020
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Stratégie nationale www.developpement-durable.gouv.fr Ministère de l’Écologie, pour la biodiversité 2011-2020 du Développement durable et de l’Énergie 92055 La Défense Cedex Tél. 01 40 81 21 22 Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020
Sommaire Page 4 Introduction 6 Une vision pour agir 9 Une ambition commune 10 Agir ensemble 12 La biodiversité en France 15 Les 20 objectifs de la SNB 16 Orientation stratégique A Susciter l’envie d’agir pour la biodiversité 20 Orientation stratégique B Préserver le vivant et sa capacité à évoluer 24 Orientation stratégique C Investir dans un bien commun, le capital écologique 28 Orientation stratégique D Assurer un usage durable et équitable de la biodiversité 32 Orientation stratégique E Assurer la cohérence des politiques et l’efficacité de l’action 36 Orientation stratégique F Développer, partager et valoriser les connaissances Ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’énergie Direction générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature Arche Sud 92055 La Défense Cedex Tél. 33(0)1 40 81 21 22 Contact : snb@developpement-durable.gouv.fr 40 Gouvernance, suivi et évaluation Conception/Réalisation : 44 Les annexes Crédits photographiques : p. 3 : Pierre Laboute / IRD (vue sous-marine) - Daniel Coutelier / MEDDE (montagne) - Olivier Brosseau / MEDDE (chenille) - Thierry Degen / MEDDE (oiseaux + marmotte) p. 12-13 : Laurent Mignaux / MEDDE (vue aérienne + moutons) – Olivier Chatté / MEEDDE (plage) - P. Laboute / IRD (corail) - O. Brosseau / MEDDE (sous-bois) p. 14 : D. Coutelier / MEDDE p. 17 : L. Mignaux / MEDDE p. 19 : Arnaud Bouissou / MEDDE p. 21 : O. Brosseau / MEDDE p. 23 : T. Degen / MEDDE p. 25 : Thomas Abiven / Agence des aires marines protégées (anémones) - Hubert de Foresta / IRD (fleur rose) p. 29 : T. Degen / MEDDE p. 31 : L. Mignaux / MEDDE p. 33 : A. Bouissou / MEDDE p. 37 : Yannis Turpin / Agence des aires marines protégées p. 38 : gettyimages p. 40 : A. Bouissou / MEDDE p. 43 : Bernard Suard / MEDDE (débat) ; A. Bouissou / MEDDE p. 44, p. 50 : T. Degen / MEDDE Impression: MEDDE/SG/ATL2 - Imprimé sur du papier certifié écolabel européen. Citizen_DGALN/BRO/11020-1_juillet 2012 Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 2
Introduction En 2010, Année internationale de la biodiversité, la France a entamé le processus de révision de la première stratégie nationale pour la biodiversité1 adoptée en février 2004. Une réponse aux engagements internationaux, européens et français La stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) est la concrétisation de l’engagement français au titre de la convention sur la diversité biologique (CDB), ratifiée par la France en 1994. Le mi- nistère chargé de l’Environnement avait alors été chargé de présenter une stratégie qui puisse être déclinée au sein de l’ensemble des services de l’État, avec un but précis, stopper la perte de biodiversité d’ici 2010, comme s’y étaient engagés tous les pays de l’Union européenne. Cette finalité a été déclinée dans la SNB pour chacune des composantes essentielles du vivant : les gènes, les espèces, les habitats, les écosystèmes et leur traduction dans une trame écolo- gique. La SNB 2004-2010 était : structurée en quatre orientations transversales : mobiliser tous les acteurs, reconnaître sa valeur au vivant, améliorer la prise en compte par les politiques publiques et développer la connaissance scientifique et l’observation ; déclinée en dix plans d’action sectoriels2 : élaborés pour la plupart entre 2005 et 2006, ils ont été réactualisés en 2009 pour intégrer les engagements du Grenelle Environnement. Le but assigné était ambitieux. Force est de constater qu’il n’a pas été atteint, tant au niveau français qu’européen ; les actions n’ont pas été d’une ampleur suffisante pour faire face aux pressions qui s’exercent sur la biodiversité. Un instrument majeur de la mobilisation nationale La SNB 2004-2010 n’en demeure pas moins un instrument majeur de la mobilisation nationale, conforté par les lois Grenelle3, en faveur de la protection et la valorisation de la biodiversité en métropole et outre-mer ainsi que dans les espaces marins sous souveraineté nationale. Elle constitue le volet biodiversité de la stratégie nationale de développement durable4. Les défis que la SNB a tenté de relever en 2004-2010 restent d’actualité : 1. Stratégie française pour la biodiversité, enjeux, finalités, orientations, février 2004. 2. La SNB 2004-2010 se décline en dix plans d’action animés et mis en œuvre par les départements ministériels concernés : patrimoine naturel, agriculture, international, urbanisme, infrastructures de transports terrestres, mer, forêt, outre-mer, recherche, tourisme. Le plan d’action outre-mer comprend un plan d’action transversal et dix plans d’action locaux, c’est-à-dire un par département et collectivité d’outre-mer. 3. La mise en œuvre législative du Grenelle Environnement repose sur la loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, dite loi Grenelle 1, août 2009 (cf. notamment articles 1 et 23) et sur la loi portant engagement national pour l’environnement, dite loi Grenelle 2, juillet 2010. 4. Défi n° 6 de la SNDD 2010-2013 intitulé conservation et gestion durable de la biodiversité et des ressources naturelles. Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 4
renforcer notre capacité à agir ensemble pour la biodiversité, aux différents niveaux territoriaux ; mobiliser et utiliser les données, informations relatives à la biodiversité afin de les rendre accessibles au plus grand nombre ; faire face à l’émergence de questions nouvelles, notamment relatives au changement climatique et aux services rendus par les écosystèmes*. Les objectifs dits d’Aichi du plan stratégique de la CDB, adoptés au Japon en octobre 2010 (dé- crits en annexe), l’objectif défini en 2010 par l’Union européenne5 ainsi que le cadre d’action proposé par la Commission européenne pour la biodiversité à l’échéance 2020 donnent une impulsion forte à la stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020. Les objectifs d’Aichi ont alimenté et structuré les travaux du Comité de révision de la SNB. Les objectif de la stratégie communautaire en faveur de la biodiversité La communication de la Commission et nouvelles opportunités commerciales). européenne du 3 mai 2011 (COM 2011 La stratégie de l’UE en matière de - 244) portant sur la stratégie de l’UE en biodiversité s’articule autour de six matière de biodiversité à l’horizon 2020 orientations, déclinées en actions (pour rappelle l’importance de la biodiversité certaines chiffrées) : conserver et restaurer et des services que les écosystèmes la nature, maintenir et accroître les rendent pour atteindre les objectifs de écosystèmes et les services qu’ils rendent, la stratégie UE 2020 pour la croissance et assurer la durabilité de l’agriculture, l’emploi (une économie plus efficace dans l’exploitation forestière l’utilisation des ressources ; une économie et des pêcheries, combattre les espèces plus résistante au changement climatique exotiques envahissantes, répondre à et une économie sobre en carbone ; leader la crise mondiale de la biodiversité, en matière de recherche et d’innovation ; contribuer à d’autres politiques nouvelles compétences, nouveaux emplois environnementales et initiatives. Un cadre cohérent pour une stratégie pour et par les acteurs Consciente de ses responsabilités, la France doit faire preuve d’un volontarisme accru dans un contexte où la biodiversité continue de se dégrader, en dépit des engagements pris par l’Union européenne et par la communauté internationale. En particulier, la plupart des citoyens et des acteurs économiques et sociaux méconnaissent les objectifs de la première stratégie et de ses plans d’action, mais aussi et surtout ce qu’est la biodiversité6. La stratégie 2011-2020 vise donc à être mise en œuvre non seulement par l’état mais aussi par les collectivités locales et les différents acteurs de la société civile. La SNB est cohérente avec les différentes stratégies nationales et les différents plans d’action existants. Ceux-ci seront poursuivis et complétés par de nouveaux engagements, avec le souci d’améliorer leur articulation et de leur donner une meilleure efficacité. 5. Objectif principal adopté par le Conseil de l’UE en mars 2010 : « enrayer la perte de biodiversité et la dégradation des services écosystémiques dans l’UE d’ici à 2020, à assurer leur rétablissement autant que faire se peut, tout en renforçant la contribution de l’UE dans la prévention de la perte de biodiversité à l’échelle de la planète ». 6. La stratégie nationale pour la biodiversité : bilan et perspectives, juin 2010, rapport conjoint du Conseil général de Voir glossaire l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux et du Conseil général de l’environnement et du développement durable. page 56 5
Une vision pour agir La diversité, caractéristique essentielle d’un monde vivant en évolution L es êtres vivants, dont les humains font tation face à des conditions changeantes ; partie, forment ensemble la biosphère, au cours de la longue évolution du monde le tissu vivant de la Terre. Plus ou moins vivant sur l’ensemble de la planète, des es- éphémères, les individus naissent, se repro- pèces différentes se sont relayées, assurant duisent et meurent. Ainsi ils se relaient, en le renouvellement des processus écologiques. une dynamique qui assure tant les liens entre Au fil du temps, des relations s’établissent les espèces qu’entre celles-ci et leurs milieux. entre êtres vivants, entre écosystèmes, entre la biosphère et les composants non vivants Le monde vivant est divers : diversité des in- de la planète. L’énergie circule, des matières dividus et de leurs gènes au sein de chaque organiques diverses sont produites, décom- espèce, qu’elle soit microbienne, végétale ou posées et recyclées, l’oxygène, le carbone, animale, diversité des écosystèmes et des l’azote et bien d’autres éléments chimiques paysages, diversité biologique et culturelle s’échangent, le cycle de l’eau est régulé. Ce des humains. Un mot pour exprimer cette fonctionnement écologique, fondé sur l’in- caractéristique essentielle du vivant : la bio terdépendance des espèces, assure une pro- diversité*, ou diversité biologique. duction finie de ressources indispensables à l’existence de chacune ; Il reste beaucoup à faire pour mieux connaître l’espèce humaine s’est inscrite tout récem- la biodiversité dans ses multiples dimensions. ment7 dans cette dynamique, participant au Mais déjà les sciences de la nature nous ap- fonctionnement écologique de la planète en prennent trois choses fondamentales : même temps qu’elle en dépend, comme la vie s’est maintenue sur Terre parce que toutes les autres espèces. Diversifiant ses le monde vivant est, depuis son origine, cultures, elle a tissé de multiples liens, aussi capable de se diversifier, de produire des bien matériels qu’immatériels, avec ses envi- individus, des espèces, des communautés ronnements, qu’elle a de plus en plus rapide- d’espèces ayant différentes capacités d’adap- ment modelés. L’espèce humaine, transformatrice de la biosphère L ’humanité est aujourd’hui à un tournant marines et nous créons sans cesse de nou- de sa jeune histoire : elle est devenue velles interactions, locales et globales, au sein un acteur majeur des changements de la biosphère. planétaires*. Toujours plus nombreux, nous À force d’actes locaux dont les auteurs n’ima- prenons de plus en plus de place, nous ex- ginent pas forcément les effets cumulés, à ploitons davantage les ressources terrestres et force de décisions politiques et économiques, 7. L’apparition de notre espèce Homo sapiens est datée d’environ 200 000 ans, ce qui est très récent au regard des premières formes de vie connues (des bactéries), apparues il y a 3,5 milliards d’années, et des premiers organismes multicellulaires, il y a Voir glossaire environ 800 millions d’années. page 56 Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 6
locales comme mondiales, aux conséquences vante qui, par méconnaissance, suffisance ou parfois mésestimées, nous diminuons la indifférence, a cru pouvoir puiser sans retenue biodiversité, accroissant la vulnérabilité du dans des ressources naturelles qu’elle imagi- monde vivant, amoindrissant sa capacité nait infinies. Depuis quelques décennies, ce- d’adaptation et d’évolution. Par sa rapidité pendant, nous prenons mieux conscience des et sa globalité, ce phénomène est peut-être enjeux de la biodiversité ; il importe que nous unique dans l’histoire de la Terre. Il l’est sur- prenions nos responsabilités individuellement tout parce que l’auteur en est une espèce vi- et collectivement. Face à la détérioration continue de la biodiversité et pour assurer un mieux-être humain, une nouvelle ambition internationale L ’Organisation des Nations unies, au même temps des démarches responsables seuil du troisième millénaire, a fixé des lorsqu’il s’agit d’user durablement* de cer- objectifs ambitieux pour que l’humanité taines espèces ou de limiter les risques que s’achemine rapidement vers une situation de d’autres nous font encourir. Cette valeur ap- mieux-être pour chaque humain, maintenant pelle, en même temps, l’émergence de nou- et demain. Gravement accentué par de mul- velles stratégies économiques et sociales tiples conflits et les défauts de régulation de ayant pour objectif de permettre l’adaptabilité nos modes de production et de consomma- continuelle de la biosphère, dans le respect tion, le lien entre diminution de la biodiver- de notre diversité culturelle. sité, augmentation de la pauvreté et dégrada- tion des conditions de santé et de bien-être a Changements climatiques, désertification, été mis en avant. pollutions massives, déforestation, artificia- lisation et dégradation des sols, extinctions Pour que tout humain ait le maximum de d’espèces, diminution de la diversité géné- chances de vivre bien, il faut assurer à chaque tique, homogénéisation des faunes et des société une nature* aussi diverse que pos- flores, surexploitation des ressources natu- sible, du cœur des villes aux espaces les plus relles... À Nagoya (Japon), la dixième Confé- libres de nos influences. Souhaiter la pérennité rence des parties à la Convention sur la diver- de l’humanité et l’amélioration de son bien- sité biologique (CDB), réunissant 193 pays, a être implique la transmission aux générations constaté qu’en dépit de certaines avancées, suivantes, de façon lucide et responsable, nous avons collectivement échoué à en- des moyens les plus variés pour continuer de rayer la perte de biodiversité en 2010. La co-évoluer avec les autres composantes de conférence a donc fixé un nouvel objectif : la biosphère. Celles-ci, encore largement in- à l’horizon 2050, il faudrait que les humains connues aujourd’hui, seront peut-être demain « valorisent, conservent et restaurent la bio- des sources d’innovations qui contribueront au diversité, et en usent avec sagesse », afin no- mieux-être des humains. tamment que perdurent les « services » que leur rendent les écosystèmes. L’horizon fixé Se soucier du bien-être des humains et dé- semble lointain, mais les dynamiques écolo- sirer une nature florissante relèvent de la giques peuvent avoir une grande inertie. Il même ambition. Cela conduit à accorder s’agit donc, dès maintenant, d’assurer au tis- une valeur fondamentale à chacune des mé- su vivant, en chaque lieu, non seulement un moires génétiques et culturelles portées par fonctionnement écologique satisfaisant, mais les individus, les espèces, les communautés, aussi un potentiel élevé de diversification et les écosystèmes et les sociétés humaines, d’adaptation, en préservant, valorisant, voire parce qu’elles sont les sources dont nous dé- renforçant sa biodiversité. L’action en faveur pendons pour exister et évoluer. Cette valeur de la biodiversité exprimera ainsi à la fois justifie une attitude de respect vis-à-vis des un esprit de solidarité écologique*, locale autres espèces, avec lesquelles nous formons et globale, d’équité et un esprit de solidarité Voir glossaire une communauté de destin. Elle impose en envers les générations présentes et futures. page 56 7
Une nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité S ’inscrivant pleinement dans la démarche cherche et d’innovation doit être considéra- internationale, la stratégie nationale blement renforcé. Cependant, l’incertitude est pour la biodiversité est conçue à partir inhérente aux sciences. Les décisions doivent d’une triple conviction : promouvoir des solutions assurant, sinon une parce que la biodiversité est un enjeu de certaine réversibilité, du moins une grande société crucial, la SNB favorise la mobilisation adaptabilité. Cela invite à les élaborer en et l’engagement de tous les acteurs ; ceci né- prenant en compte les connaissances scien- cessite d’engager dans la durée de considé- tifiques académiques, les savoirs locaux, les rables efforts d’information et d’éducation, expériences de nombreuses institutions et as- afin que chacun saisisse pourquoi il est im- sociations qui œuvrent à la connaissance de la portant que, là où il vit, la nature soit aussi nature, à sa préservation et à sa mise en va- diverse que possible ; leur ainsi que les données issues des sciences c’est à l’échelle des territoires que doivent participatives. Ces multiples sources de savoir se concevoir et se mettre en place des projets doivent alimenter des débats démocratiques de développement intégrant la biodiversité entre citoyens, dans un esprit de partenariat. dans toutes les activités, d’autant plus que L’État et les collectivités territoriales, dans leurs des politiques locales en faveur de la biodi- secteurs de compétences, doivent prendre versité peuvent avoir des retombées positives leurs responsabilités et faciliter l’émergence et rapides à cette même échelle ; ce constat de ces débats. Il s’agit de faire confiance, s’applique particulièrement aux outre-mers sur le terrain, aux citoyens et à leurs repré- dont la biodiversité est d’une richesse consi- sentants politiques, socio-économiques et dérable et d’une importance majeure pour les associatifs. Il ne peut y avoir de projet de populations et le développement socio-éco- territoire viable sans le concevoir à partir de nomique et culturel ; son cadre naturel, c’est-à-dire en y intégrant c’est à tous les niveaux de gouvernance, la biodiversité dès l’origine. Enfin, alors que du mondial au local, que doivent s’élabo- la dégradation de la biosphère engendre des rer les cadres permettant, qu’à toutes ces coûts de plus en plus lourds, il s’agit de consi- échelles, les politiques publiques, y compris dérer que promouvoir la diversité du vivant fiscales, et les actes de gestion et d’aména- ne constitue pas un coût supplémentaire mais gement qu’elles orientent soient réellement un investissement. Autrement dit, entre- favorables à la biodiversité. La SNB est conçue prendre ce que nous pourrions appeler une dans un esprit de collaboration et de solidarité « recapitalisation écologique », une politique internationales. visant à développer progressivement sur Nos connaissances* sur la biodiversité sont l’ensemble du territoire notre patrimoine Voir glossaire fragmentaires : l’effort d’observation, de re- écologique. page 56 Développer conjointement, au travers d’une démarche démocratique, le « savoir vivre » entre humains et avec l’ensemble de la nature, c’est imaginer une nouvelle façon d’habiter la Terre, c’est progresser vers un surcroît d’humanité. Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 8
Une ambition commune Ambition de la SNB 2011-2020 Préserver et restaurer, renforcer et valoriser la biodiversité En assurer l’usage durable et équitable Réussir pour cela l’implication de tous et de tous les secteurs d’activité L a stratégie nationale pour la biodi- versité vise à préserver, restaurer et accroître la diversité du vivant dans tous les espaces dont la France est respon- sable, en métropole et outre-mer. Cela s’en- tend également dans le cadre européen et publiques à toutes les échelles territoriales, qu’il s’agisse de celles de l’eau, des sols, de la mer, du climat et de l’énergie, de l’agricul- ture et de la forêt, ainsi que celles de l’urba- nisme, des infrastructures, de l’industrie, du commerce, de l’éducation, de la recherche, international, là où la France peut contribuer de la santé... De la sorte, elle participe plei- à cette ambition, dans un esprit de solidarité nement à un projet de société qui, modifiant planétaire. L’objectif est de maintenir, à long en profondeur notre rapport à la nature, vise terme, le fonctionnement des écosystèmes au mieux-être des générations présentes et et leurs capacités d’adaptation et d’évolution. futures. À cette fin, la SNB promeut la réduction des impacts directs et indirects sur la biodiversité, La SNB associe toutes les parties prenantes une utilisation durable des ressources vivantes – État, collectivités territoriales, acteurs écono- et la répartition équitable des bénéfices que miques, associations, société civile, acteurs de celles-ci procurent. la recherche – tant pour son élaboration que pour sa mise en œuvre et la mesure de ses La SNB contribue à l’aménagement inté- effets. Elle vise à encourager l’information, la gré des territoires et au développement du- sensibilisation et la mobilisation des élus et rable, en métropole et dans les territoires des citoyens et à favoriser leur participation d’outre-mer. En conséquence, elle s’intègre et leurs initiatives pour qu’ils contribuent, par comme une priorité dans toutes les politiques des démarches responsables, à sa réussite. 9
Agir ensemble T ous les constats convergent pour La biodiversité, ses évolutions et ses interac- affirmer que, face à l’érosion de la tions avec les activités humaines ne sont pas biodiversité, l’une des clefs de la uniformes en tout point du territoire français. réussite est la mobilisation de l’ensemble La stratégie nationale pour la biodiversité est de la société. La stratégie nationale pour construite pour constituer un cadre partagé la biodiversité 2011-2020 a été conçue en par l’ensemble des acteurs, qui puisse être ce sens. Le choix d’un processus collabora- adapté à la diversité des enjeux de chaque tif a été fait dès le lancement de la révision, territoire et à la diversité des possibilités d’ac- lors d’une conférence nationale tenue en mai tion de chaque acteur. Pour un acteur donné, 2010 à Chamonix, intitulée Quelle gouver- pour un territoire donné, certaines orienta- nance pour réussir ensemble ? Un comité de tions stratégiques ou certains objectifs pren- révision regroupant plus de 100 réseaux et nent une importance bien particulière. structures nationaux a ensuite travaillé pour aboutir au document de la SNB 2011-2020, La stratégie nationale pour la biodiver- avec sa vision partagée et son ambition com- sité permet, par une mobilisation du plus mune. grand nombre, de renforcer notre capacité collective à agir, aux différents niveaux ter- L’un des fondements et l’une des origina- ritoriaux et dans tous les secteurs d’activité. lités de cette stratégie 2011-2020 sont le Une adhésion et un dispositif d’engagement fait qu’elle mette en place un cadre cohérent sont mis en place pour concrétiser cette pour que tous les acteurs (personnes morales) volonté. Tous les acteurs sont ainsi invités puissent contribuer sur une base volontaire, en à adhérer pour valoriser et faire connaître la SNB assumant leurs responsabilités. Les citoyens (cf. encadré). Chacun est aussi invité à s’engager sont incités à formaliser leur engagement dans l’action, sur la base de principes d’action personnel, notamment auprès des acteurs et de gouvernance actés lors de l’élaboration adhérents à la SNB ; ces derniers sont égale- de la stratégie. L’engagement volontaire vise ment encouragés à inventer des instruments à développer des actions significatives en de cette mobilisation. Chacun à son niveau de faveur de la biodiversité avec une amélioration moyens et dans le cadre de ses compétences progressive et proportionnée des pratiques respectives peut contribuer ainsi à ce que des acteurs concernés. Ce cadre cohérent l’ambition, les six orientations stratégiques et d’adhésion et d’engagement fait partie les vingt objectifs soient atteints8. C’est dans intégrante de la stratégie nationale pour la ce cadre cohérent que toutes les collectivi- biodiversité. Pour agir et réussir ensemble. tés peuvent agir en faveur de la biodiversité. La SNB 2011-2020 Une vision partagée, une ambition commune Six orientations stratégiques complémentaires Vingt objectifs liés les uns aux autres Une intégration des objectifs d’Aichi issus de la convention sur la diversité biologique 8. Par exemple, à Saint-Barthélémy, en Polynésie française, à Wallis-et-Futuna et en Nouvelle-Calédonie, l’environnement est une compétence exclusivement territoriale exercée par les autorités locales. Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 10
La SNB, un cadre cohérent et mobilisateur La mise en œuvre de la SNB 2011-2020 se situe dans une perspective d’amélioration continue et repose sur une adhésion et une déclaration d’engagement volontaire. L’adhésion à la SNB La mobilisation des personnes morales se traduit tout d’abord par la signature d’une adhésion volontaire à la stratégie nationale pour la biodiversité, à sa vision, son ambition, ses orientations stratégiques, ses objectifs et aux principes de gouvernance (cf. annexes). Les organismes adhérents se déclarent décidés à : diffuser, promouvoir cette stratégie et ses modalités d’application, par l’information et par la pédagogie au sein de leurs réseaux et auprès de leurs partenaires ; partager les enseignements de leurs expériences en faveur de la biodiversité ; prendre connaissance et faire connaître les outils proposés par la stratégie, pour s’engager dans l’action ; étudier, dans un délai maximal de deux ans, la possibilité et les conditions de mise en œuvre d’un engagement volontaire, dans le cadre de notre activité et pour les objectifs de la stratégie qui nous concernent, et faire part de celle-ci au ministère du Développement durable au titre du secrétariat de la SNB. L’adhésion est une première étape ouverte au plus grand nombre, destinée à informer, partager et étudier comment s’engager en faveur de la biodiversité au-delà des seules exigences légales. L’État tient à jour le suivi des acteurs qui adhèrent à la stratégie et de ceux qui ensuite s’engageront par une déclaration d’engagement volontaire. La déclaration d’engagement volontaire à la SNB Les acteurs disposent d’un délai de deux ans pour concrétiser leur adhésion par une déclaration d’engagement volontaire à la SNB présentant le projet d’actions qu’ils comptent mettre en œuvre (cf. annexes). Ils peuvent adhérer et s’engager tout au long de la durée de la SNB 2011-2020. Les actions proposées vont au-delà du simple respect de la réglementation et conduisent nécessairement à un impact positif et substantiel en faveur de la biodiversité. Elles peuvent être très diverses et doivent être proportionnées à la taille et aux activités des organismes. Elles peuvent s’inscrire dans des démarches existantes (agenda 21, responsabilité sociale des entreprises, certifications spécifiques au secteur concerné, etc.) et venir les conforter, faciliter leur appropriation, voire renforcer leur volet biodiversité s’il existe. L’engagement doit être impliquant, significatif et additionnel, mesurable et révisable. La déclaration définit le cadre général de l’engagement et comprend la description du projet, de ses partenaires, de son champ d’intervention et de ses objectifs accompagnés d’indicateurs de réalisation. Elle est déposée auprès des comités ad hoc, à savoir le Comité national de suivi de la SNB ou des comités de suivi régionaux9, associant toutes les parties prenantes (type Grenelle) et appuyés sur le plan méthodologique par le Comité national. L’engagement SNB reconnu constitue un gage de qualité et de cohérence. Il donne droit à citer la SNB dans toute action de communication se rapportant aux actions concernées par l’engagement pris et à utiliser le visuel de la SNB. Des outils méthodologiques sont conçus pour permettre à chacun d’élaborer, d’inscrire et de suivre ses engagements dans le cadre général défini par la SNB. C’est le but du Guide pour l’action qui contient des recommandations méthodologiques générales et par statut d’acteur ainsi que des exemples d’actions concrètes possibles. 9. Les comités régionaux Trame verte et bleue peuvent jouer ce rôle. 11
La biodiversité en France Aux quatre coins Des milieux naturels Un grand nombre de la planète diversifiés d’espèces La France, par sa position Cette diversité des territoires et Au sein de ces écosystèmes, la France géographique en Europe et outre- des influences biogéoclimatiques possède une faune et une flore mer, possède un patrimoine naturel se traduit par une diversité des riches et diversifiées, en métropole et culturel d’une très grande richesse : écosystèmes et des paysages vert. comme en outre-mer. L’inventaire c’est un pays mégadivers*. Citer la totalité des types d’écosystèmes national du patrimoine naturel recense Les départements, territoires et présents en France n’est pas possible. en métropole, en 2011, une diversité collectivités ultramarins sont présents Certains sont particulièrement importante d’espèces : 11 934 espèces sous de nombreuses latitudes : emblématiques, rares ou menacés, et végétales, 43 727 espèces animales Mascareignes, plateau des Guyanes, nécessitent une attention particulière : et 14 183 champignons. En outre-mer, Caraïbes, Pacifique sud, îles australes c’est le cas des mangroves, des récifs malgré des connaissances encore très et antarctiques, milieu boréal nord- coralliens, des herbiers marins, des zones lacunaires, les inventaires témoignent américain. En Europe continentale, la humides, de certains milieux agro- d’une diversité spécifique bien plus France se situe à un carrefour d’influences pastoraux, des milieux cavernicoles, etc. grande qu’en métropole. On y trouve, par biogéographiques et couvre 4 des Avec 10 % des récifs coralliens mondiaux exemple, plus de 50 fois plus de plantes 11 régions biogéographiques (atlantique, (4e rang), l’outre-mer français contribue endémiques. La biodiversité ultramarine alpine, continentale et méditerranéenne). fortement à la biodiversité nationale et est particulièrement fragile car elle est La France est ainsi située dans 5 des mondiale. La surface d’un milieu naturel pour partie insulaire : les populations 34 points chauds* de la biodiversité n’est cependant pas un critère suffisant d’espèces sont souvent petites et isolées, terrestre mondiale reconnus par le WWF pour analyser son état écologique ; il est les espèces endémiques, c’est-à-dire et l’UICN et 4 de ces points chauds nécessaire de prendre aussi en compte n’existant que dans ces îles, sont très sont localisés en outre-mer. L’espace sa répartition, son fonctionnement, sa nombreuses. Par exemple, la publication maritime français couvre plus de dynamique et sa capacité à évoluer. récente de la liste rouge des plantes 11 millions de kilomètres carrés : Par exemple, l’évaluation de l’état de à fleurs et des fougères de l’île de La c’est le deuxième plus grand au monde. conservation des habitats forestiers Réunion a montré que, sur 905 espèces Tous ces éléments confèrent au pays métropolitains d’intérêt communautaire a analysées, 49 espèces ont déjà disparu et une forte responsabilité en matière montré, en 2007, qu’environ 65 % d’entre 275 sont menacées de disparition. de biodiversité. eux étaient dans un état de conservation jugé défavorable, tandis que les habitats rocheux (falaises, grottes, etc.) et les habitats sclérophylles (landes sèches, forêts méditerranéennes, etc.) étaient Voir glossaire page 56 plutôt en bon état de conservation. Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 12
Un patrimoine Une biodiversité utile pour l’homme génétique largement inconnu La biodiversité, qu’elle soit L’étude exploratoire pour une génétique, spécifique, écosystémique évaluation des services rendus par les Le patrimoine génétique des et paysagère, animale, végétale ou écosystèmes en France a identifié 43 espèces présentes en France est microbienne, est un des fondements services écosystémiques parmi trois encore mal connu, si l’on excepte d’une diversité de cultures en France. catégories : les races d’élevage et les variétés Les connaissances traditionnelles les services d’approvisionnement, cultivées ou plantées, y compris des populations françaises sont pour fruits et légumes cultivés, bois pour la anciennes. Sa diversité est pourtant partie liées à leurs connaissances de construction ou l’énergie, ressources la condition de l’adaptabilité des espèces la biodiversité, en métropole comme piscicoles, ressources médicinales, eau dans un contexte environnemental en outre-mer, de l’alimentation à la potable, etc. ; changeant et constitue une composante médecine, en passant par le vêtement les services de régulation, prévention essentielle de la biodiversité. et la construction ou le développement des avalanches par certaines forêts, L’ensemble des éléments qui composent de compétences et de pratiques agricoles régulation des crues des cours d’eau, la biodiversité sont en interaction les uns et d’élevage. En effet, la biodiversité atténuation des variations climatiques, avec les autres. Ainsi, si l’un des éléments est le support direct ou indirect d’un auxiliaires biologiques des cultures, etc. ; disparaît, c’est l’ensemble du système très grand nombre d’activités humaines les services culturels et esthétiques, qui peut être remis en question. Par et de bénéfices dont nous tirons parti. paysages pour les loisirs, valeur culturelle exemple, le déclin des populations Les activités agricoles nécessitent par ou spirituelle de certains milieux d’insectes pollinisateurs peut entraîner exemple un sol vivant, issu de l’activité naturels, etc. le déclin des plantes qu’ils pollinisaient. de micro-organismes. Elles s’appuient Un même écosystème fournit des également sur la diversité des ressources services différents en fonction de la génétiques animales et végétales, qu’il manière dont il est géré : tous les convient non seulement de préserver services écosystémiques ne peuvent pas mais aussi de gérer de manière être produits en même temps, au même dynamique pour fournir des variétés endroit et des compromis doivent être adaptées à la diversité des agriculteurs trouvés de demain. 13
Des pressions qui menacent la biodiversité Malgré les engagements l’arrivée ou l’exportation d’espèces mer et la dégradation des milieux ont internationaux, européens, nationaux exotiques envahissantes dans des déjà entraîné l’effondrement de certains et locaux, la biodiversité décline écosystèmes souvent déjà fragilisés par stocks. fortement. Les objectifs fixés par la d’autres pressions sont un problème Malgré une prise de conscience Convention sur la diversité biologique récurrent ; croissante, en particulier dans le cadre (CDB) à Rio de Janeiro en 1992 et celui les changements climatiques ont de la précédente stratégie nationale fixé par l’Union européenne dans le cadre des conséquences directes et indirectes pour la biodiversité, les menaces et de son plan d’action pour la biodiversité sur la biodiversité (perturbation des cycles pressions anthropiques sur la biodiversité (stopper la perte de biodiversité d’ici de vie, décalages saisonniers, etc.) ; sont pour la plupart en augmentation. à 2010) n’ont pas été atteints. La crise la diminution d’activités humaines, De nombreuses actions ont été mises écologique qui touche l’ensemble du notamment agricoles, conduit souvent en œuvre pour inverser la tendance : territoire résulte de multiples pressions, à la banalisation des paysages et de la délimitation d’aires protégées, plans qui parfois interagissent : biodiversité. d’action pour les espèces, stratégies de lutte contre les espèces envahissantes, la destruction, la fragmentation L’augmentation de ces pressions est diffusion de pratiques favorables à la et l’altération des habitats réduisent très fortement liée aux évolutions biodiversité, sensibilisation, etc. les milieux de vie disponibles pour démographiques et à des modes de les espèces et leurs possibilités de production et de consommation. De déplacement ; plus, leur importance relative varie selon les pollutions de l’air, des sols, des les contextes géographique, humain et cours d’eaux et des océans constituent écologique. Les atolls polynésiens sont une perturbation de nombreux par exemple particulièrement sensibles à écosystèmes et un risque pour la santé la hausse du niveau des mers causée par humaine ; les changements climatiques. L’impact l’exploitation des espèces à des espèces exotiques envahissantes est un rythme supérieur à la vitesse de très important dans les milieux insulaires, renouvellement de leurs populations notamment outre-mer. La surexploitation entraîne leur déclin ; des espèces de poissons pêchées en Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 14
Les 20 objectifs de la SNB Orientation stratégique A - Susciter l’envie d’agir pour la biodiversité Objectif 1 Faire émerger, enrichir et partager une culture de la nature Objectif 2 Renforcer la mobilisation et les initiatives citoyennes Objectif 3 Faire de la biodiversité un enjeu positif pour les décideurs Orientation stratégique B - Préserver le vivant et sa capacité à évoluer Objectif 4 Préserver les espèces et leur diversité Objectif 5 Construire une infrastructure écologique incluant un réseau cohérent d’espaces protégés Objectif 6 Préserver et restaurer les écosystèmes et leur fonctionnement Orientation stratégique C - Investir dans un bien commun, le capital écologique Objectif 7 Inclure la préservation de la biodiversité dans la décision économique Objectif 8 Développer les innovations pour et par la biodiversité Objectif 9 Développer et pérenniser les moyens financiers et humains en faveur de la biodiversité Objectif 10 Faire de la biodiversité un moteur de développement et de coopération régionale en outre-mer Orientation stratégique D - Assurer un usage durable et équitable de la biodiversité Objectif 11 Maîtriser les pressions sur la biodiversité Objectif 12 Garantir la durabilité de l’utilisation des ressources biologiques Objectif 13 Partager de façon équitable les avantages issus de l’utilisation de la biodiversité à toutes les échelles Orientation stratégique E - Assurer la cohérence des politiques et l’efficacité de l’action Objectif 14 Garantir la cohérence entre politiques publiques, aux différentes échelles Objectif 15 Assurer l’efficacité écologique des politiques et des projets publics et privés Objectif 16 Développer la solidarité nationale et internationale entre les territoires Objectif 17 Renforcer la diplomatie environnementale et la gouvernance internationale dans le domaine de la biodiversité Orientation stratégique F - Développer, partager et valoriser les connaissances Objectif 18 Développer la recherche, organiser et pérenniser la production, l’analyse, le partage et la diffusion des connaissances Objectif 19 Améliorer l’expertise afin de renforcer la capacité à anticiper et à agir, en s’appuyant sur toutes les connaissances Objectif 20 Développer et organiser la prise en compte des enjeux de biodiversité dans toutes les formations 15
A Susciter l’envie Orientation stratégique d’agir pour la biodiversité L a perte actuelle de biodiversité ne sera enrayée que si la biodiversité bénéficie d’une considération élevée dans la société pour changer le cours des choses. Citoyens et décideurs ne prendront en compte la biodiversité que s’ils la connaissent bien. Les urbains, souvent coupés de la nature, et les ruraux, qui utilisent plus directement ses services, doivent se rejoindre sur l’objectif de préserver ce qui constitue un bien commun. Il faut restaurer nos liens culturels et affectifs avec le tissu vivant de la Terre, opérer une métamorphose culturelle de la société en faveur du respect de la biodiversité. Il s’agit de faire en sorte que chacun d’entre nous dispose d’un ensemble de connaissances et de valeurs lui permettant de prendre conscience de sa dépendance quotidienne vis-à-vis des services rendus par la biodiversité et d’éclairer ses décisions et ses actes. A fortiori, dans les situations professionnelles, chaque responsable doit intégrer dans sa culture et dans ses critères de décision les impératifs de la préservation de la biodiversité. Plusieurs leviers existent pour opérer ce changement. Ils concernent les enfants comme les adultes dans les milieux scolaires et extra-scolaires, associatifs ou professionnels, ainsi que dans les domaines artistique et culturel. Ils consistent notamment à : faire aimer : développer l’émotion, attiser la curiosité, toucher la sensibilité, susciter la réceptivité, l’empathie, l’émerveillement et le respect, prendre le temps d’observer et de comprendre ; montrer que la biodiversité fournit des services indispensables en la reliant aux enjeux de santé, d’alimentation, d’emploi, d’économie, de cadre de vie, d’activités de loisirs, sportives, culturelles ; expliquer que la biodiversité a une relation fonctionnelle forte avec les autres enjeux environnementaux ; sensibiliser pour répondre aux besoins de connaissances relatives à la nature en développant notamment la communication et l’animation ; promouvoir la participation aussi bien individuelle que collective à la préservation de la biodiversité ; convaincre et mobiliser les décideurs politiques et administratifs ainsi que les acteurs socio-économiques. Un enjeu majeur de cette orientation stratégique consiste à établir le lien entre action individuelle et intérêt collectif. La biodiversité est un bien commun qui concerne chacun et dont les bénéfices concernent la vie sur Terre et le bien-être des générations actuelles et futures. Dans le cadre de la stratégie, l’ensemble des acteurs s’engage à faire émerger une culture de la nature, à faciliter et encourager la mobilisation citoyenne et à contribuer à ce que la biodiversité devienne un enjeu positif pour les décideurs. Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 16
Objectif 1 Faire émerger, enrichir et partager une culture de la nature Objectif 2 Renforcer la mobilisation et les initiatives citoyennes Objectif 3 Faire de la biodiversité un enjeu positif pour les décideurs
A Orientation stratégique Objectif L 1 Faire émerger, enrichir et partager une culture de la nature ’objectif est de faire en sorte que la biodiversité soit reconnue par les l’humanité et donc d’en apprécier toute la valeur. Elle n’est pas purement rationnelle, individus et la société. Cela implique de elle est aussi émotionnelle, sensorielle, faire émerger, d’enrichir et de partager donc multiforme. dans la société une culture de la nature. C’est pourquoi elle doit être diffusée de Celle-ci se construit à partir de la façon large et volontariste par tous ceux biodiversité planétaire et locale et de la qui sont impliqués dans la transmission de diversité des perceptions et des usages la culture : éducation scolaire, éducation et peut revêtir des formes diverses : familiale, sorties nature et animations pour usages locaux, connaissances naturalistes, les jeunes, médias, monde artistique expériences vécues, éducation reçue, et du divertissement… alimentation, attraits personnels… Elle Elle doit être porteuse d’espoir et de permet la prise de conscience du rôle valeurs positives et mobilisatrices pour majeur du monde vivant comme source devenir une réalité à l’échelle de bienfaits matériels et immatériels pour de toute la société. Objectif L 2 Renforcer la mobilisation et les initiatives citoyennes es citoyens sont des acteurs à part entière du devenir de la biodiversité par associations, les entreprises, les élus, etc. Pour réussir cette mobilisation, il est leurs pratiques et leurs choix quotidiens important de favoriser l’engagement (consommation, logement, déplacements, des citoyens, par exemple à travers les modes de vie). Il importe de capitaliser sciences participatives, le service civique et de valoriser les initiatives citoyennes biodiversité ou l’écovolontariat, de le favorables à la biodiversité et de construire valoriser et de le reconnaître. Il importe sur ces bases des modèles d’action également d’associer les citoyens à transmissibles. Les médias et les réseaux la réflexion collective et à la prise de sociaux ont un grand rôle à jouer décisions dans le cadre de consultations dans la connaissance et l’appropriation et de participations citoyennes, aux de ces initiatives citoyennes. niveaux national et territorial, renforçant Ces pratiques concernent chaque ainsi l’expertise au sein de la société. citoyen mais aussi les institutions, les Un dispositif qui permet aux citoyens de professionnels de la biodiversité, les s’engager est à concevoir. Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 18
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