Syndrome coronarien aigu à coronaires saines: une étiologie particulière - DU USIC Lyon 13/12/13 - Clément Delmas

La page est créée Stephanie Bouchet
 
CONTINUER À LIRE
Syndrome coronarien aigu à coronaires saines: une étiologie particulière - DU USIC Lyon 13/12/13 - Clément Delmas
DU USIC
                        Lyon 13/12/13

 Syndrome coronarien
aigu à coronaires saines:
une étiologie particulière
                       Clément Delmas
 Fédération des services de Cardiologie / Réanimation polyvalente
                      CHU Rangueil-Toulouse
Syndrome coronarien aigu à coronaires saines: une étiologie particulière - DU USIC Lyon 13/12/13 - Clément Delmas
Cas Clinique
•   Femme 78 ans
•   HTA, tabac sevré depuis 10 ans
•   BMI 27
•   Pas d’ATCDS notable
•   Traitement habituel: CORENITEC®, STILNOX®
•   HDM:
    – DT angineuse typique depuis 2 heures, EVA 4/10, pas de
      position antalgique
    – Début brutal après violente dispute avec son voisin
    – Apparition associée dyspnée de repos
• Clinique:
    – TA 11/8, FC 90, FR 18, Sat 98% AA
    – IVG bases, pas d’IVD
Syndrome coronarien aigu à coronaires saines: une étiologie particulière - DU USIC Lyon 13/12/13 - Clément Delmas
ECG

=> Modifications électriques dynamiques: Ischémie sous
épicardique étendue et allongement du QTc
Syndrome coronarien aigu à coronaires saines: une étiologie particulière - DU USIC Lyon 13/12/13 - Clément Delmas
Biologie / ETT

• Biologie:                                     4 cavités
                                                en systole
  –   Tropo entrée 0.2ng/ml; pic 1.8ng/ml
  –   BNP 980pg/ml
  –   CRP 8mg/l
  –   Leucocytes 9800/mm3
  –   Reste sans particularité
• ETT:
  – Dysfonction systolique VG 45%
  – Akinésie apicale étendue non systématisée
Syndrome coronarien aigu à coronaires saines: une étiologie particulière - DU USIC Lyon 13/12/13 - Clément Delmas
Coronarographie
                   => Réseau coronaire lisse
                         Réseau gauche

Réseau droit
Syndrome coronarien aigu à coronaires saines: une étiologie particulière - DU USIC Lyon 13/12/13 - Clément Delmas
Ventriculographie

               => Dysfonction
               systolique du VG
               +
               Troubles de la
               cinétique
               segmentaire non
               systématisés
               (ballonisation apicale)
Syndrome coronarien aigu à coronaires saines: une étiologie particulière - DU USIC Lyon 13/12/13 - Clément Delmas
Hypothèses diagnostiques
• Syndrome coronarien aigu à coronaires saines (type
  1 ou 2 définition ESC 2012 IDM)

   – Phénomène embolique (multiple!),
   – Phénomène spastique (diffus et prolongé),
   – Myocardite (diffuse),
   – Syndrome de Takotsubo,
   – Souffrance myocardique associée (sepsis, CMH, AVC/HSA,
     Anémie, hypovolémie,…)
Syndrome de Takotsubo
       (STT)
Généralités

• Historique:
   – Décrit par Dote et al en 1991 chez des femmes japonaises
     ménopausées

• Nomenclature:
   – Syndrome de ballonisation apicale transitoire du ventricule
     gauche (LVAB)
   – Cardiopathie de stress
   – Myocardite adrénergique
   – Syndrome du cœur brisé (Broken heart syndrome)
Présentation clinique
• Tableau de SCA initial (70 à 90%) = 1 à                 Sharkey et al, JACC 2010

  2% des SCA
    – Dyspnée souvent retrouvée,
    +/- palpitations /lipothymies ou
       syncope, chocs cardiogéniques rares

• Femmes ménopausées (80 à 90%),
  âge moyen = 65 ans
                            •Stress physique ou émotionnel retrouvée
                            dans 40% des cas
                                 –Décès d’un proche, AVP, cambriolage, chute
                                 et temps passé au sol,…
                            •Terrain anxio-dépressif fréquent 20 à 30%
                            des cas (Delmas et al, Circ J 2012)
                                 –A rechercher et à prendre en charge!!
Présentation Biologique
• ↗ BNP plus importante que
  pour une même dysfonction
  pour un IDM

• ↗ modérée Tropo et CK-Mb
  (70 à 90%)                          Madhavant et al, Heart 2012

   – ↗ moindre que ne le laisserait
     attendre l’extension des
     troubles ECG et/ou ETT

• Pas de syndrome
  inflammatoire spécifique
ECG = modifications dynamiques
• INITIAL:
   – Troubles repolarisation fréquents: ST+ ou -; T-; rares ondes Q
   – ECG normal possible

• SECONDAIREMENT:
   – T- et allongement du QT quasi systématique (≈100% en 48 – 72h)
   – Ondes Q possibles mais régressives

• DISTANCE:
   – Régression des signes ECG quasi systématiques (3 à 6 semaines)
   – Disparition des ondes Q éventuelles
ECG Typique: apparition souvent retardée par
      rapport à la prise en charge (12-48h)
Critères de différenciation ECG IDM et
                     STT?

                          Mais Applicabilité
                          clinique difficile…

Kosuge et al, JACC 2010
Physiopathologie STT mal connue
          => Tableau de SCA à coronaires saines avec
          dysfonction systolique ventriculaire transitoire

                         Dysfonction endothéliale
  Sidération                                                   Obstruction
 myocardique                                              fonctionnelle intra-VG

                Rôle central supposé du système nerveux
                              autonome (SNA)

Micro-emboles                                                   Vasospasme
                         Phénomène d’obstruction-
                              désobstruction
                           thrombotique diffus
Hypothèse principale = rôle du SNA
•   ↗ Catécholamines plasmatiques et urinaires (Kyuma M et al , Circ J 2002 / Kume T,et al.,.
    Circ J. 2008/ Wittstein IS et al NEJM 2005)

•   Toxicité des catécholamines (Schizukuda Y, et al, Am J Physiol 1998)
    –    Toxicité cellulaire (métabolisme glucose et AGS)
    –    Ischémie par vasospasme
    –    Inflammation aigue (déséquilibre mécanismes thrombotiques et thrombolytiques)

•   Histologie comparable Phéochromocytome (Akashi YJ et al , Circulation 2008)
•   Effets protecteurs α et β-bloqueurs chez un modèle de cardiopathie de
    stress chez le rat (Ueyama T et al , Circ J 2002)
•   Effet protecteur paradoxal: switch β2R-Gs pour β2R-Gi (Lyon AR et al, Nat Clin
    Pract Cardiovasc Med 2008) = Protège de l’apoptose mais inotrope négatif

•   Diminution de la variabilité sinusale des TTC (Bonnemeier H et al, Heart Rythm 2010/Waldenborg
    M et al, BMC 2011) , altération du baroréflexe artériel (Delmas.C et al, PlosOne 2013)

           prédominance du système oΣ
Hypothèse physiopathologique
                                            4 facteurs interdépendants:
                                            - Gâchette = stress aigu (physique ou
                                            psychologique)
                                            - Effecteur = système nerveux
                                            sympathique
                                            - Substrat = hypogonadisme 
                                            vulnérabilité cardiaque au SNS
                                            - Modulateur = troubles
                                            anxiodépressifs majeurs et stress
                                            psychologiques chroniques 
                                            dysrégulations du système nerveux
                                            autonome avec amplification de la
                                            réponse de l’effecteur au trigger.

Delmas.C et al., Circulation Journal 2013
Place des examens complémentaires
    Takotsubo = diagnostic d’exclusion en 2013!!
  • Coronarographie systématique et obligatoire
      • Délai?: en fonction du tableau clinique (recommandations
        du SCA!)
      Coronarographie normale ou infiltrée (sténose ≤50% et Ø
       culprit lésion)
         SCA à coronaires saines
      Discuter alors la Ventriculographie: troubles de la
       cinétique segmentaire non systématisés

=> Différentes formes topographiques: typique apicale (75-85%),
inversée (2-8%), localisée (2-4%), diffuse (5-10%) Delmas et al, revue 2012
Place des examens complémentaires
• ETT:
                                                                4 cavités
   - Systématique: cinétique                                    en systole
   segmentaire, complications
   éventuelles (IM, VD, thrombus…),
   adaptation du traitement
   - Suivi de la dysfonction VG (ETT à J2-
   J4)
                                             Grabowski et al, Int J of Card 2008

                                                            Donohue et al, JASE
                                                            2005
IRM
Indispensable en 2013 devant un
tableau de SCA à coronaires saines
                                     • La plus précoce possible
                                     • Diagnostic différentiel:
                                       myocardites/ IDM (emboles,
                                       spasme, syndrome des
                                       APL,…)
                                     • Atteintes pleurales (33%) et
                                       péricarditique (43%) et VD
                                       (15 à 30%) associées
                                     • A renouveler vers 1-3 mois
                                       si anomalies initiales
 Monney et al, Heart 2010
IRM
                                       • Séquences ciné
                                       • T1, T2, flair
Eitel et al,JAMA 2011                  • T1 post gadolinium précoce et
                        End diastole     tardif

                                       • Critères de diagnostic positif
                                         proposés:
                                              - trouble de la cinétique
                        End systole             segmentaire au-delà d’un
                                                territoire coronaire,
                           Follow-up          - pas de « réhaussement tardif »,
                           3 months end - pas de trouble de perfusion,
                           systole
                                              - possible œdème transitoire apical
                        Eitel et al, JAMA 2011 en T2W (surtt si IRM précoce)
Critères diagnostiques de la Mayo Clinic
      1.    Hospitalisation pour un évènement cardiaque aigu (douleur
            thoracique, dyspnée aigue ou syncope) ;

      2.    Hypokinésie, akinésie ou dyskinésie régionale transitoire du
            ventricule gauche, s’étendant au-delà d’un seul territoire vasculaire
            coronaire .

      3.    Absence de coronaropathie significative (pas de sténose coronaire
            > 50 %) sans argument angiographique en faveur d’une rupture de
            plaque.

      4.    Anomalies électrocardiographiques nouvelles (sus-décalage du
            segment ST et/ou ondes T négatives) et/ou élévation des
            marqueurs de nécrose myocardique
      5.    Un stress aigu (physique ou psychologique) est classiquement
            retrouvée mais ne constitue pas en soit un critère diagnostique.

      6.    Elimination d’un phéochromocytome et d’une myocardite
Prasad et al., Am Heart J, 2008
Diagnostics
                   3375 patients hospitalisés             différentiels ?
                    pour douleur thoracique
Bilan standard
• BES, NFS, Tropo, BNP, CRP,…        91 Myocardites
• RT                                 3214 Syndromes coronariens
• ECG, ETT, Coronarographie         aigus

                     70 patients initialement
                                              2.07%
                    considérés comme un STT
Bilan systématisé
spécialisé:                                   4 Myocardites           14.3%
-IRM cardiaque                                3 Infarctus du myocarde
-Catécholamines urinaires                     1 Spasme de l’IVA
                                              1 Phéochromocytome
et plasmatiques
                                              1 Hyperthyroidie
-T3, T4, TSH
                                                         Faux positifs de STT
- LH, FSH, Oestradiol si    60 vrais STT
femme                           1.77%          Delmas.C et al, en reviewing 2013
Diagnostics différentiels ou étiologies
               de STT?
• Phéochromocytome
   – Intérêt du dosage systématique des catécholamines
     plasmatiques et/ou urinaires?

• Hyperthyroidie
   – Intérêt du dosage systématique de la TSH?

• Lient physiopathologique avec les dysfonctions VG des sepsis
  sévères? Des HSA et AVC hémorragiques?

 => Classification à définir: STT primaire et STT secondaires?
Prise en charge thérapeutique initiale
    dictée par le tableau clinique
– Traitement standard du SCA (double anti-aggrégation et
  anticoagulation initiale)
– Surveillance en USIC initiale: ECG quotidiens (QTc et risque de
  TDP)

– BB = prévention des complications rythmiques (?)
– PEC des complications classiques (TDR ventriculaires et supra-
  ventriculaires, rupture traumatique de paroi, IM,…)

– Cas particulier du choc cardiogénique:
   – ETT +++ = obstruction intraVG ?
   – dobutamine/adrénaline/nordrénaline versus
     remplissage et bétabloquants (Migliore et al, Eur J H Fail 2010)
   – Rôle du Levosimendan ? (Padayachee et al, Heart Lung Circ 2007)
   – Si besoin CPIA voire assistance monoVG ou biV
PEC secondaire = PEC classique d’une
             dysfonction VG
                                   – IEC et BB, +/- diurétiques
                                     (éplérenone?)
                                   – Durée: classiquement jusqu’à
                                     normalisation de la fonction VG et
                                     de l’ECG ≈ 3mois
                                   – Intérêt d’une anti-aggrégation
                                     jusqu’à l’IRM même si coronaires lisses
                                      afin de ne pas méconnaitre un mécanisme
                                      embolique ou de rupture de plaque passé
                                      inaperçu.
Regnant et al, Am J Cardiol 2009
Evolution à court terme
• Récupération ad-integrum classique (quelques jours à semaines)

• Risque de complications en phase aigue:
   – TDR supra-ventriculaires (5-25%) / TDR ventriculaires (TV, FV, TDP)
     (2-4%)
   – OAP (15-45%)
   – Insuffisance cardiaque droite (8-15%)
   – Choc cardiogénique (5-7%)
   – Rupture de paroi libre
   – IM de haut grade

– Mortalité intra-hospitalière 1 à 2% (40% cardiaque et 60% liés aux
  comorbidités)

                                                          Delmas et al, revue 2012
Evolution à long terme

                              • Récidive à distance (5 à 10%):
                              2.9%/an les 4 1ères années puis
                              1.3%/an.
Elesber et al, JACC 2010         • Pas de rôle préventif des B- ou
                                 IEC? (Parodi et al, CHEST 2011/ Elseber et al,
                                   JACC 2007)

                              • Persistance troubles ECG,
                              troubles ETT et/ou IRM
                                – Erreur diagnostique???
 Burgrdorf et al, EJHF 2008
                              • Mortalité = pop générale
                              • Incidence néoplasie+++
Suivi Empirique

Nécessité d’un suivi clinique, ECG et ETT

   Délai fonction du tableau initial/complications associées
   ≈ 1 à 3 mois
       • Evolution/Récupération
       • Arrêt des IEC (normalisation FEVG)
       • Arrêt des BB (normalisation ECG)

   Classiquement suivi à 1 an pour s’assurer de la bonne
    évolution (+PEC des FDRCV associés)
Key Takeaways
• Pathologie pas si rare= savoir l’évoquer
   – SCA coronaires saines
   – Troubles cinétique segmentaire non systématisé
• Attention aux diagnostics différentiels= bilan minimal à
  réaliser
   – IRM
   – Dosage catécholamines et TSH
• PEC thérapeutique initiale comme un SCA jusqu’à
  confirmation du diagnostic
• PEC empirique par la suite: BB et IEC
• Suivi systématique à 3 mois et 1 an
Vous pouvez aussi lire