ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS-VALLÉE (MAINE-ET-LOIRE) - Cour des comptes
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RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES ET SA RÉPONSE ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS-VALLÉE (MAINE-ET-LOIRE) Exercices 2014 et suivants Le présent document, qui a fait l’objet d’une contradiction avec les destinataires concernés, a été délibéré par la chambre le 12 novembre 2019. 25, rue Paul Bellamy B.P. 14119 – 44041 NANTES Cedex 01 www.ccomptes.fr
ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS VALLÉE TABLE DES MATIÈRES SYNTHÈSE ............................................................................................................................... 5 INTRODUCTION ...................................................................................................................... 8 1 PILOTAGE ET STRATEGIE ............................................................................................... 9 1.1 Un établissement de dimension locale soumis à un cadre de gouvernance hospitalière relativement lourd ....................................................................................... 9 1.1.1 Une volonté marquée de faire vivre les instances décisionnelles et de piloter les travaux internes ................................................................................................................. 9 1.1.2 Un règlement intérieur à réactualiser en parallèle avec le nouveau projet d’établissement ................................................................................................................. 9 1.2 Des outils stratégiques peu opérationnels ....................................................................... 9 1.2.1 Une absence de projet d’établissement pénalisante .......................................................... 9 1.2.2 Une contractualisation avec les autorités sanitaires et les financeurs médico-sociaux de pure forme ........................................................................................ 10 1.3 La nécessité de poursuivre les efforts de coopération .................................................. 13 1.3.1 Des coopérations nombreuses et cohérentes avec les acteurs hospitaliers et médicosociaux ................................................................................................................ 13 1.3.2 Mais une absence notable des partenariats locaux initiés par les autres acteurs ............. 14 2 ACTIVITE ........................................................................................................................... 14 2.1 Des capacités gériatriques essentielles sur le territoire ................................................. 14 2.2 Un établissement potentiellement fragile alors qu’il offre un continuum de prise en charge gériatrique cohérent, entre soins palliatifs, soins à domicile et hébergement .................................................................................................................. 16 2.2.1 Un volume d’activité globalement stable sur la durée, mais un exercice 2018 marqué par une fermeture de services ............................................................................ 16 2.2.2 Des prises en charge gériatriques polypathologiques sur un territoire fragile ................ 18 3 QUALITE DE LA PRISE EN CHARGE ........................................................................... 20 3.1 Une forte mobilisation en faveur de la qualité et de la sécurité des soins .................... 20 3.1.1 Une certification v2014 qui démontre une amélioration continue de la démarche qualité ............................................................................................................................. 20 3.1.2 La mise en œuvre du tout nouveau contrat d’amélioration de la qualité et de l’efficience des soins (CAQES) ...................................................................................... 20 3.2 Une démarche substantielle et transparente d’analyse des événements indésirables ... 21 3.3 Une réelle appropriation de la démarche qualité dans la prise en charge médicosociale ................................................................................................................ 22 3.3.1 Un état des lieux positif sur toute la période .................................................................. 22 3.3.2 Des résultats effectifs en matière de suivi des prises en charge ..................................... 23 4 GESTION DES RESSOURCES HUMAINES ................................................................... 23 4.1 Des effectifs plutôt stables et une répartition revue avec les financeurs ...................... 23 4.1.1 Des effectifs stabilisés en fin de période, légèrement en deçà du niveau initial ............. 23 4.1.2 Un volume d’ETP à la place dans la fourchette basse des structures comparables ........ 24 4.1.3 Un recours élevé aux contractuels .................................................................................. 25 1
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES 4.1.4 Les astreintes et la permanence des soins ....................................................................... 25 4.2 Une organisation du travail marquée par un absentéisme significatif, même si sa comparabilité reste difficile .......................................................................................... 26 4.2.1 Des absences qui retrouvent un niveau global proche des autres établissements en fin de période, après un pic 2015 .................................................................................... 26 4.2.2 Une évolution des absences décalée de celles des structures comparables mais d’analyse complexe eu égard aux effets de l’opération sincérité des comptes ............... 27 5 ENJEUX FISCAUX ............................................................................................................ 28 5.1 Un passage en activité lucrative pour des gains de court terme ................................... 28 5.2 Un processus progressif d’optimisation fiscale critiquable .......................................... 29 5.2.1 Un choix d’assujettissement à la taxe sur la valeur ajoutée insatisfaisant dans son principe même ................................................................................................................ 29 5.2.2 Une soumission à l’impôt sur les sociétés mal éclairée et d’effets mal anticipés ........... 30 5.3 Les effets incertains d’une fiscalisation de l’activité ayant entraîné un basculement dans le champ concurrentiel et lucratif ......................................................................... 34 5.3.1 Une exonération de fiscalité locale sur le fondement de la doctrine administrative, au motif d’une activité à la fois d’assistance et lucrative ............................................... 35 5.3.2 Une charge administrative et financière significative mal mesurée ............................... 35 5.3.3 Les effets mal connus d’une reconnaissance du caractère concurrentiel et lucratif de l’activité combinée aux avantages d’un établissement public ................................... 36 6 GESTION BUDGETAIRE ET COMPTABLE .................................................................. 36 6.1 Un calendrier budgétaire insatisfaisant et des prévisions budgétaires à améliorer ....... 36 6.2 Des comptes financiers hospitaliers conformes aux attendus ....................................... 37 6.3 Un processus budgétaire et financier médicosocial satisfaisant ................................... 37 6.4 Des comptes qui gagneront à être davantage fiabilisés ................................................ 37 6.4.1 Un principe de régularité des comptes mieux respecté en fin de période ....................... 37 6.4.2 Un principe d’indépendance des exercices globalement respecté .................................. 39 6.4.3 Un principe de prudence malmené par des provisions fondées pour l’essentiel sur un objectif de résultat comptable .................................................................................... 39 6.4.4 Un résultat faussé............................................................................................................ 41 7 SITUATION FINANCIERE RETROSPECTIVE .............................................................. 42 7.1 Une situation financière qui s’est globalement améliorée depuis 2014 mais qui reste fragile.................................................................................................................... 42 7.1.1 Une structure d’exploitation qui reste fragile à ce jour, malgré les apparences ............. 42 7.1.2 Un besoin réduit de financement des investissements .................................................... 46 7.1.3 Une amélioration relative de la situation bilancielle qui résulte autant d’un désendettement que d’un faible niveau d’investissement ............................................... 48 7.2 Une projection financière avec peu de marges de manœuvre pour soutenir un nouveau cycle d’investissements majeurs .................................................................... 49 7.2.1 Une performance financière incertaine pour un établissement public ayant opté pour un régime fiscal d’entreprise .................................................................................. 49 7.2.2 Une prospective 2018-2022 résolue mais complexe à tenir ........................................... 49 8 PERSPECTIVES DE RESTRUCTURATION IMMOBILIERE ....................................... 50 8.1 Une restructuration immobilière demandée par les financeurs dès 2005 et un projet actuel en adéquation globale aux besoins du territoire ....................................... 50 2
ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS VALLÉE 8.1.1 Un projet architectural ancien, exigé par la convention tripartite de 2005 ..................... 50 8.1.2 Un programme d’investissement proposé par l’ESBV selon une enveloppe rigoureusement construite ............................................................................................... 52 8.2 Un financement assis d’abord sur une forte capacité d’emprunt .................................. 52 8.3 Une soutenabilité financière complexe mais des estimations crédibles de l’établissement .............................................................................................................. 53 8.3.1 Un projet appelant en principe peu d’économies en ressources humaines ..................... 53 8.3.2 Un impact sur le prix de journée d’hébergement non couvert à ce jour par les tarifs départementaux ............................................................................................................... 53 ANNEXES ............................................................................................................................... 56 3
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES Glossaire AAH : attaché d’administration hospitalière ANAP : agence nationale d’appui à la performance ANESM : agence nationale d’évaluation de la qualité des établissements et service médico-sociaux ARS : Agence régionale de santé ASH : agent des services hospitaliers ATIH : agence de traitement de l’information hospitalière CASF : code de l’action sociale et des familles CESAME : centre de santé mentale CGI :code général des impôts CME : commission médicale d’établissement CMP : code des marchés publics CNAMTS : caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés CNG : centre national de gestion CNSA : caisse nationale de solidarité pour d’autonomie CPOM : contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens CRPA : compte de résultat prévisionnel annexe CRPP : compte de résultat prévisionnel principal CRUQPC : commission des relations avec les usagers et de la qualité de la prise en charge CS : conseil de surveillance CSS : code de la sécurité sociale CSIRMT : commission des soins infirmiers, de rééducation et médicotechniques CSP : code de la santé publique CTE : comité technique d'établissement CTP : convention tripartite établissement/ARS/ département DGOS : direction générale de l’offre de soins DIM : département d’information médicale DMS : durée moyenne de séjour EHAPD : établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes EPRD : état prévisionnel des recettes et des dépenses ETP : équivalent temps plein FPH : fonction publique hospitalière GHT : groupement hospitalier de territoire GIR : groupes iso-ressources GMP : GIR moyen pondéré GCS(MS) : groupement de coopération sanitaire (médico-social) IME(P) : institut médico éducatif HL : hôpital local MCO : médecine chirurgie obstétrique OVALIDE : outil de validation des données établissement PASA : pôles d’activités et de soins adaptés PGFP : plan global de financement pluriannuel PNM : personnels non médicaux PPI : plan pluriannuel d’investissement PMSI : programme de médicalisation des systèmes d'information PUI : pharmacie à usage intérieur RH : ressources humaines SI(H) : système d’information (hospitalier) SNIIRAM : système national d’information inter-régimes de l’Assurance maladie SSIAD : service de soins infirmiers à domicile SSR : soins de suite et de réadaptation TDBESMS : tableau de bord des établissements sociaux et médico-sociaux (ANAP) UPAD : unités pour personnes âgées désorientées USLD : unité de soins de longue durée 4
ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS VALLÉE SYNTHÈSE Un établissement incontournable dans l’offre sanitaire et médicosociale territoriale mais qui reste vulnérable L’établissement de santé de Baugeois-Vallée (ESBV), multi-sites, est né de la fusion des hôpitaux locaux de Beaufort-en-Anjou et de Baugé-en-Anjou en 2001 et des maisons de retraite de La Ménitré et de Mazé-Milon en 2005. « Hôpital de proximité » en application des dispositions de l’article R. 6111-25 du code de la santé publique, il prend essentiellement en charge des personnes âgées polypathologiques. Il compte 548 lits et places pour ses résidents en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD), patients de court et moyen séjour (médecine et Soins de Suite et de Réadaptation, SSR) et bénéficiaires de Services de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD). Ses capacités d’EHPAD de 390 lits en font un des plus gros établissements publics ligériens du secteur. L’ESBV constitue un acteur indispensable au sein d’un territoire fragilisé, à la limite du Maine-et-Loire et de la Sarthe. Or, 2018 a été marqué par une fermeture de plusieurs mois de certains services de courts et moyens séjours en l’absence de personnel médical disponible. L’ESBV lutte désormais régulièrement pour garantir une continuité médicale en son sein. Une forte mobilisation dans la qualité et la sécurité des prises en charge sanitaires et médicosociales, avec des effectifs presque stables À bien des égards, l’ESBV est en pointe dans la région en matière de qualité et de sécurité de la prise en charge au regard des établissements comparables, comme le démontrent tant la certification par la Haute autorité de santé que les évaluations médicosociales. La mobilisation permanente de l’ensemble des acteurs dans cette démarche résulte d’un travail interne important dans l’analyse des processus et les retours d’expérience. Le nombre d’agents au sein de l’ESBV a légèrement augmenté entre 2014 et 2017, pour atteindre 450 ETP moyens rémunérés, avec une affectation budgétaire améliorée depuis 2015. Si le nombre d’ETP à la place en 2017 est dans une fourchette basse des EHPAD publics ligériens de plus de 200 lits, la fragilité des données collectées via les outils nationaux ne permet pas d’apprécier pleinement la performance des organisations de travail. Un équilibre et des déterminants financiers fragiles, obscurcis sous l’effet d’une optimisation fiscale Les règles budgétaires nées de la nouvelle convention tripartite de 2014 ont permis d’améliorer la qualité des remboursements entre budgets mais elles ont aussi mis au jour des fragilités financières pour certains secteurs de prise en charge. D’ailleurs, le contrôle a mis en évidence la difficulté pour l’ESBV de tenir ses échéances budgétaires et comptables. Mis à part quelques anomalies mineures, l’enjeu de fiabilisation des comptes porte surtout sur les provisions, dont le montant varie en fonction de la situation budgétaire de l’établissement et non du risque à couvrir, ce qui a pour conséquence de fausser le résultat. 5
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES À cela s’ajoute le fait que l’ESBV s’est lancé dans des opérations d’optimisation fiscale, pour améliorer une exploitation toute juste équilibrée. Il en a résulté un alourdissement des charges fiscales dans un contexte de déficit continu. La structure des coûts de l’établissement ne s’est en effet ni dégradée ni améliorée. La section soins de l’EHPAD est structurellement déséquilibrée et les éclaircies qu’ont connu les autres secteurs sont soit conjoncturelles, soit illustrent le fait que pour pouvoir présenter un résultat positif, l’ESBV ne remplit pas, avec l’accord du financeur, l’ensemble des places pour lequel il est autorisé. D’ailleurs, la faible contraction de la marge brute entre 2014 et 2017 (- 4 % avant retraitement) n’était que faciale : hors aides, le taux de marge se serait contracté nettement, passant de 8,4 % à 5,6 %, en deçà du taux de référence depuis 2016. Si depuis 2014 la capacité d’autofinancement brute (CAF) a été suffisante pour faire face à l’endettement et aux investissements, c’est parce que ces derniers étaient de faible ampleur, ce qui a permis notamment de rembourser un emprunt risqué en francs suisses. Un établissement public de santé désormais principalement lucratif Le processus de fiscalisation précité s’est déroulé en deux temps. Une première phase, parfois observée dans d’autres établissements publics, a consisté en l’assujettissement à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), sur l’EHPAD, pour réduire la taxe due sur les salaires (et agir sur les charges de titre 1 suivies au plan triennal d’économies). Or, le contrôle a montré que même cette étape initiale était déjà peu éclairée et a entraîné des contreparties lourdes, tant administratives que financières. Après quoi, une nouvelle démarche a été faite au regard de l’impôt sur les sociétés (IS), au motif d’une activité essentiellement lucrative. Surprenante pour un établissement public administratif, elle procède de la volonté de pouvoir prétendre au crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). Or, ce dernier dispositif n’a pas bénéficié à l’établissement comme il l’attendait dès lors qu’un contrôle fiscal conduit concomitamment a conduit à rectifier les impositions dues. L’ESBV, qui est désormais fiscalement une entreprise, a dû régler des dettes fiscales auxquelles il ne s’était pas préparé. Avec le bénéfice désormais acquis du CICE sans reprise tarifaire, la chambre souligne le risque d’une surcompensation au sens des dispositions de l’article 111 de la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé qui dispose que les ressources publiques versées aux acteurs publics ou privés pour la mise en œuvre de services d’intérêt économique général ne doivent pas excéder le coût effectif de ces services. À l’issue de ce processus, l’ESBV réalise d’abord, de fait, une activité essentiellement lucrative et commerciale d’hébergement pour personnes âgées. Il est, par ailleurs, un établissement de soins de courts et moyens séjours. Son chiffre d’affaires est principalement issu de l’activité concurrentielle. L’EHPAD lucratif représente en effet chaque année en moyenne plus des deux tiers de son chiffre d’affaires et les seuls produits des secteurs tarifaires assujettis à la TVA un peu moins de la moitié. Or, la chambre souligne que pour les établissements publics de santé, les dispositions en vigueur prévoient que « leur objet principal n'est ni industriel ni commercial » (art. L. 6141-1 du code de la santé publique). 6
ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS VALLÉE Au regard de ce processus, et dès lors que son EHPAD lucratif est concurrent d’autres établissements privés commerciaux, la chambre alerte sur le risque que certaines subventions, ou autres mécanismes de financement auxquels le CH prétend, portent désormais atteinte à la libre concurrence ou soient qualifiés d’aides d’État au sens du droit européen. Une clarification indispensable des horizons d’investissement L’ESBV se situe dans la fourchette haute des ex hôpitaux locaux (ex HL) les plus vétustes de la région. Si le projet de reconstruction à Mazé, porté depuis maintenant près de quinze ans, n’est pas l’objet de discussion majeure quant à son opportunité face aux besoins du territoire, son horizon de réalisation reste incertain. Or, la question de l’obsolescence des locaux finira tôt ou tard par se poser. L’enveloppe globale d'investissements de l’établissement avoisine 24 M€, dont les trois quarts concernent la reconstruction. Or, une décision claire quant au dimensionnement du projet lui-même est indispensable de la part des autorités de tarification médicosociale, ARS comme département de Maine-et-Loire, y compris en tenant compte des effets de la reconnaissance du caractère lucratif de l’activité. Seule une planification robuste des investissements en question pourra permettre à l’ESBV de conduire de manière sécurisée son prochain haut de cycle en investissement et prévenir toute intervention dans l’urgence de ces mêmes autorités. Or, à l’issue de la contradiction menée pour le présent contrôle, aucune réponse permettant d‘éclaircir cet horizon d’investissement n’a été fournie à la chambre par les deux autorités de tarification. 7
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES INTRODUCTION L’ouverture du contrôle des comptes et de la gestion de l’établissement de santé Baugeois-Vallée (ESBV) depuis 2014 a été notifiée le 16 janvier 2019 au directeur en fonction, Christophe BRUAND et aux directrices précédentes, Anne-Marie LEMESSAGE et Christine PESCE. L’entretien de début de contrôle s’est tenu le 23 janvier 2019 avec le directeur en fonction et l’entretien de fin de contrôle prévu à l’article L. 243-1, al. 1 du code des juridictions financières a été organisé le 29 mars 2019 avec les chefs d’établissement successifs. La chambre a délibéré ses observations provisoires dans sa séance du 11 juin 2019, lesquelles ont été adressées au directeur actuel et aux directrices qui l’ont précédé, de mêmes que des extraits aux tiers en cause. Elle a par la suite délibéré le 12 novembre 2018 les présentes observations définitives. La présente analyse a porté sur huit axes : le pilotage et la stratégie, l’activité, la qualité de la prise en charge, la gestion des ressources humaines, la fiscalité, la gestion budgétaire et comptable, la performance financière et les perspectives de reconstruction. L’ESBV est né de la fusion des hôpitaux locaux de Beaufort-en-Anjou et de Baugé-en-Anjou en 2001 et des maisons de retraite de La Ménitré et de Mazé-Milon en 2005. Désigné « hôpital de proximité » en application des dispositions de l’article R. 6111-25 du code de la santé publique, les personnes âgées polypathologiques constituent son public de référence. Il compte 548 lits et places pour ses résidents en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD), patients de court et moyen séjour (médecine et Soins de Suite et de Réadaptation SSR) et bénéficiaires de Services de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD). 8
ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS VALLÉE 1 PILOTAGE ET STRATEGIE 1.1 Un établissement de dimension locale soumis à un cadre de gouvernance hospitalière relativement lourd 1.1.1 Une volonté marquée de faire vivre les instances décisionnelles et de piloter les travaux internes Même si la fréquence de réunion des instances administratives n’a toujours respecté le minimum réglementaire, cela n’implique pas une déficience de l’organisation générale de l’établissement. Il s’agit plutôt d’une nouvelle illustration d’une complexité administrative décalée au regard de la réalité. L’ESBV, bien qu’étant un hôpital de proximité à la patientèle essentiellement gériatrique doit, en tant qu’établissement public de santé (EPS) de plein droit, tenir des instances à un rythme et dans des formats qui ne correspondent pas à ses besoins. D’ailleurs, la vie de l’établissement est effectivement rythmée par de nombreux groupes de travail et comités chargés de la mise en œuvre, du suivi et de l’actualisation des différents axes d’amélioration de sa politique. Chacun d’entre eux s’appuie sur une liste de professionnels référents, au rôle défini, notamment pour suivre les avancées du groupe en question. L’établissement mobilise pour ce faire très largement l’outil conçu pour la démarche qualité, qui est en fait utilisé pour piloter tous les objectifs internes. 1.1.2 Un règlement intérieur à réactualiser en parallèle avec le nouveau projet d’établissement Si l’ESBV dispose d’un règlement intérieur, conformément aux dispositions de l’article L. 6143-7 du CSP, la version en vigueur date d’octobre 2014. Elle mériterait une actualisation. Ainsi, il n’intègre pas les éléments relatifs au groupement hospitalier de territoire (GHT) de Maine-et-Loire. Il vise encore la loi du 4 mars 2002 relative au système de santé et à la qualité de la prise en charge et celle du 21 juillet 2009 dite Hôpital Patients Santé Territoires (HPST) et les sous-commissions ne sont plus fondées sur les textes applicables1. 1.2 Des outils stratégiques peu opérationnels 1.2.1 Une absence de projet d’établissement pénalisante Le dernier projet d'établissement (PE) date de 2010 et a pris fin en 2014, ce qui place l’ESBV en irrégularité au regard des dispositions du code de la santé publique (art. L. 6143-2) et vis-à-vis de celles du code de l’action sociale et des familles (art. L. 311-8). 1 - la commission des usagers est maintenue sous son ancienne désignation CRUQPC, - d’autres, supprimées dans la loi mais maintenue dans le texte ou alors de base juridique erronée : la Commission du MÉdicament et des VIGilances (COMEVIG), le comité de sécurité transfusionnel et d’hémovigilance (CSTH), l’Équipe Opérationnelle d’Hygiène (EOH, Ex comité de lutte contre les infections nosocomiales CLIN) ; - pour les médecins libéraux, le cadre juridique n’est plus le bon ; - la remontée des événements indésirables (EI) mériterait d’être clarifiée et revue d’autant qu’elle est effective ; - la charte informatique et toutes dispositions documentaires devront être revues au regard des implications du RGPD. 9
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES Ce dernier projet avait été construit avec l’aide d’un cabinet de conseil pour le projet médical et le projet de soins, en s’appuyant sur le bilan du PE précédent, sur le projet régional de santé et le Schéma départemental unique des personnes âgées et personnes handicapées, de même que sur les besoins territoriaux et les résultats de la certification par la Haute Autorité de Santé. Il a fait l'objet d'un bilan en 2015 afin de permettre sa réécriture, laquelle n’a pas été conduite du fait du changement de direction fin 2015 et de l’intérim qui a suivi. Depuis sa prise de fonction, le directeur général actuel a relancé la dynamique de construction d’un nouveau projet et un comité de pilotage a commencé à travailler en mars 2017. L'analyse de l'existant et le bilan du précédent projet ont permis de dégager 13 axes. À ce jour, s’il n’y a pas eu de bouleversement des enjeux territoriaux évoqués dans le projet 2010-2014, certains ont gagné en acuité, et surtout la permanence des soins, comme l’a démontré la fermeture de services en 2018. La chambre comprend le fait que les difficultés de l’ESBV à garantir la permanence de son activité médicale ont rendu le travail d’actualisation de son projet moins prioritaire. Pour autant, l’établissement devra bien s’atteler à cette tâche sans trop attendre, considérant les obligations qui sont les siennes. Face à ces constats, le directeur en fonction a indiqué la reprise du travail sur le projet médical, pour validation aux instances de décembre 2019. La chambre souligne que le contexte de dispositions nouvelles modifiant le code de la santé publique (CSP) sur les hôpitaux de proximité devra être l’occasion de poursuivre cette démarche et de se mettre en conformité avec les obligations susvisées, au-delà du seul projet médical. En effet, l’article 8 de la loi sur le cadre de définition des « hôpitaux de proximité » en associant les professionnels de ville à leur gouvernance, contient des mesures législatives relatives aux hôpitaux de proximité. Alors que le cadre juridique actuel des hôpitaux de proximité offre une définition principalement financière de ceux-ci, les modifications envisagées devraient permettre de mieux définir leurs missions, de redéfinir leurs modalités de financement, d’organisation, de fonctionnement et de gouvernance, dès lors que ces établissements devront fonctionner de manière totalement imbriquée avec les acteurs de la médecine de ville et du médicosocial. 1.2.2 Une contractualisation avec les autorités sanitaires et les financeurs médico-sociaux de pure forme 1.2.2.1 Un CPOM hospitalier et un plan triennal d’économies de faible consistance Le CPOM 2012-2017 a été signé le 7 septembre 2012 avec l’Agence régionale de santé et une série d’avenants est venue le compléter chaque année depuis lors. Ce contrat est articulé autour de huit annexes, elles-mêmes déclinées en objectifs, ces dernières renvoyant a priori à des livrables et à 40 indicateurs. La chambre note qu’aucun des objectifs et annexes précités ne repose en réalité sur des cibles définies. Même en présence d’indicateurs théoriques, les tableaux en question sont vides de tous chiffrages. Au vu des dossiers de suivi, seuls 16 indicateurs disposaient de valeur cible 2017. Un bilan du CPOM 2012-2017 a été conduit par l’ESBV et transmis à l’ARS le 12 juillet 2018, sans retour de l’agence à ce stade. 10
ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS VALLÉE Si un CPOM 2017-2018 a bien été signé le 29 septembre 2017, la chambre note que le caractère substantiel et renouvelé de cette contractualisation n’est que facial. L’article unique du CPOM stipule en effet une reprise à l’identique des éléments du précédent contrat et de ses avenants. Le premier avenant, signé le 24 décembre 2018, stipule, là encore dans un article unique, la prorogation de ce cadre juridique jusqu’au 30 juin 2019. Parallèlement, l’activité de l’établissement s’est inscrit dans le cadre du « plan national pour l’efficience et la performance du système de soins 2015-2017 ». Sa feuille de route s’est appuyée sur un diagnostic partagé avec l’ARS, qui fait écho au plan triennal d’économies de l’Assurance maladie. La chambre relève que cette feuille de route est pauvre en objectifs cibles au regard de l’activité elle-même. Au regard de l’exploitation, la focale est portée sur deux objectifs qui guident le plan triennal : un taux de marge brute à 7,5 %, du fait de charges de titre 1 (personnel) endiguées (+ 1,5 % par an maximum) nonobstant toutes mesures nouvelles au plan national. L’établissement est supposé lancer puis conduire les opérations majeures d’investissement de manière glissante (restauration puis restructuration). Face à cela, l’ESBV a proposé des économies en charges de personnel (suppression de RTT, etc.) et en consommations intermédiaires pour asseoir sa trajectoire d’équilibre budgétaire. L’assujettissement à la TVA est clairement présenté comme un moyen essentiel de réduction du titre 1. Comme pour le CPOM, la chambre ne dispose pas d’outil permettant de vérifier quel suivi et retour sont effectués par l’ARS sur ce plan 2015-2017. 1.2.2.2 Des dispositifs médicosociaux peu satisfaisants 1.2.2.2.1 Des conventions tripartites (CTP) avec le département et l’ARS peu suivies En début de période, la seule convention disponible restait celle conclue le 23 mars 2005, modifiée par avenants le 28 décembre 2007 et le 31 décembre 2009, et qui était arrivée à terme le 23 mars 2010. Le conseil d’administration du CH avait pourtant sollicité par deux fois, le 29 avril 2009 et le 8 février 2013, le renouvellement de cette convention. Un dossier en ce sens a d’ailleurs été déposé le 29 juin 2009 et complété le 19 novembre 2010 et le 12 janvier 2013. Or, la nouvelle convention quinquennale n’a été signée que le 13 mai 2014. L’état des réalisations de la convention de 2005 montre des objectifs fixés presque tous atteints et une restructuration immobilière déjà clairement exposée, avec une fermeture de La Ménitré et une reconstruction à enclencher théoriquement avant 20102. Les objectifs portés à l’annexe 8 de la CTP 2014 apparaissent en lien avec ceux fixés au PE et sont globalement cohérents avec les cadres de conformité HAS. À ce jour, tous les objectifs ont été atteints (cf. annexe 1). 2 Cette convention prévoit en effet, en son article 2 « qualité des espaces » : « Les contraintes de Plan de Prévention des Risques Inondation concernent trois sites sur quatre à des aléas différents de fort à moyen. Elles ont nécessité d’entamer une réflexion plus globale intégrant les aménagements nécessaires sur chacun des sites […]. Le site de La Ménitré sera réuni avec celui de Mazé qui ne répond plus aux évolutions architecturales. […] La direction de l’établissement s’engage, dans un délai de 5 ans à : engager les travaux qui seraient validés dans le cadre de la restructuration architecturale globale de l’établissement. » 11
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES Pour autant, la chambre souligne que cette convention ne fait l’objet d’aucun suivi global formel par les financeurs ni d’aucun bilan, d’étape comme final. Si l’ESBV ne remplit pas les annexes prévues par la CTP pour les deux derniers objectifs (4 qualité, 5 efficience), les données en cause sont bien diffusées aux financeurs via notamment le tableau de bord de la performance dans le secteur médico-social (TDBESMS). Les éléments à caractère médical ou soignant sont communiqués à l’ARS via le rapport annuel d’activité médicale (RAMA) et l’enquête FLASH. La convention tripartite conclue le 13 mai 2014 s’achevait le 14 mai 2019 et l’article VIII prévoyait que dans les six mois précédant le terme quinquennal l’établissement devait engager des négociations avec les financeurs « afin d’arrêter les conditions dans lesquelles la convention pourra être renouvelée ». La chambre ne dispose à ce jour d’aucun élément précisant les calendriers et modalités d’une nouvelle contractualisation. La direction a, dans le cadre de la contradiction, signalé la réalisation récente des coupes PATHOS3 et GIR, à Baugé-en-Anjou et Mazé-Milon, les autres sites étant prévus fin 2019. Ces évaluations seront les bases de négociation du futur CPOM médico-social. 1.2.2.2.2 Des remontées de données lourdes pour des retours inégaux Mis à part les données comptables des structures médicosociales, reconstituées à partir des balances du compte financier, l’établissement remonte chaque année environ 2 000 données (indicateurs simples ou calculés) au travers des quatre vecteurs majeurs d’information suivants : RAMA, enquête FLASH, TDBESMS et cadre normalisé de présentation de l'annexe « activité » prévu au CASF. Cette lourdeur est amplifiée par le fait que chacun d’entre eux suppose une remontée par structure (EHPAD/SSIAD) et par site géographique. Volume de données remontées annuellement dans les outils médicosociaux RAMA FLASH TDBESMS budget + CA (CASF) 896 227 627 229 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Source : CRC d’après les fichiers de données communiquées par l’ESBV aux autorités pour chaque enquête La trame régionale du RAMA n’est ni opposable, ni obligatoire. Pour autant, il paraîtrait irréaliste pour l’ESBV de reconstruire un autre outil. Malgré le peu de retour sur cet outil, les acteurs internes s’en saisissent pour évaluer leurs pratiques. L’enquête FLASH suppose elle de colliger plus de 200 données (avec les quatre sites) pour calcul de nombreux indicateurs et un retour à l’ARS dans les deux mois. 3 PATHOS est un outil conçu pour évaluer les soins médicotechniques requis pour assumer la prise en charge de toutes les pathologies de bénéficiaires âgés, en établissement ou à domicile : sa « coupe » donne la « photographie » d’une population à un moment donné. 12
ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS VALLÉE Le TDBESMS, désormais obligatoire4, se révèle le plus chronophage des outils, étant entendu qu’il couvre tous les domaines de la vie de l’établissement, mais son utilité paraît incertaine. Le département indique ne pas se fonder sur lui pour l’analyse des structures car les données sont insuffisamment fiables pour comparer les déclarants. Il s’appuie donc uniquement sur les données fournies à l’appui du compte administratif. En effet, l’ESBV transmet chaque année son activité par site, conformément aux dispositions de l’article R. 214-219 du CASF. Les données colligées pour le département concernent l’activité d'hébergement (y compris une comparaison pluriannuelle par niveau de GIR ou par département d’origine) et les tarifs, soit plus de 200 items. 1.3 La nécessité de poursuivre les efforts de coopération 1.3.1 Des coopérations nombreuses et cohérentes avec les acteurs hospitaliers et médicosociaux L’ESBV s’inscrit dans une fonction de pivot avec des expertises gériatriques sur son bassin de population. Il entretient de nombreux liens sur son territoire, matérialisés par des conventions (25 à ce jour). Celles-ci concernent d’abord le secteur sanitaire : avec le CHU d’Angers (équipe mobile de gériatrie angevine depuis 2009, télémédecine (visioconférence) depuis 2012, convention de collaboration-coopération en matière d’accompagnement en soins de support et palliatifs depuis 2012, pharmacie), convention de coopération/vacation équipe de secteur pour la géronto-psychiatrie avec le CESAME pour la liaison médico-sociale (depuis 2009) et avec d’autres structures sanitaires (p. ex. Réseaux des urgences du département de Maine et Loire depuis 2011), notamment pour assurer des permanences ou mises à disposition en matière médicotechniques (pharmacie, DIM) : Saumur, Longué et Doué la Fontaine. L’ESBV a également noué de nombreux liens avec les ESMS : IME Champlfleury et EHPAD Anne de Melun Baugé depuis 2012, Convention Plan bleu Canicule GCSMS EPSMS ESPACES ANJOU de Pouancé depuis 2014, EHPAD Les Blouines à Brion depuis 2014 /ESAT La Bréotière St Martin d’Arcé depuis 2013 / IMEP les Sables Beaufort en Vallée depuis 2013). Par ailleurs, l'ESBV a signé des conventions de partenariat avec les résidences autonomie du territoire. De même, avec des structures participant au maintien à domicile (Convention de partenariat SSIAD Longué - Équipes spécialisées Alzheimer au domicile depuis 2010, Convention de complémentarité Soins et accompagnement à domicile Association Santé Loire Vallée de l’Authion – SSIAD depuis 2011, Coopération Dispositif de coordination de l’aval du court séjour hospitalier du Maine-et-Loire Les Capucins, GCSMS Plateforme de répit et d’accompagnement Alzheimer Accord’Ages depuis 2011, convention de partenariat entre l’association CASSPA et les établissements adhérents depuis 2014, convention de partenariat CLIC (centre local d’information et de coordination) Baugeois depuis 2006). 4 À partir de 2019, par l’arrêté du 10 avril 2019 relatif à la généralisation du tableau de bord de la performance dans le secteur médico-social, le remplissage annuel est obligatoire à minimum de 70 %. 13
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES 1.3.2 Mais une absence notable des partenariats locaux initiés par les autres acteurs 1.3.2.1 Une absence de lien avec le pôle de santé de Baugé-en-Anjou Après près deux années de préparation, et un an de travaux, l’ouverture du pôle de Santé de Baugé-en-Anjou s’est faite en septembre 2016. Il comprend 37 professionnels installés sur 2300 m² et a représenté un investissement de 3,9 M€ (subventionné par l’ARS et la région), censé pérenniser le service de santé du territoire. L’ESBV n’entretient aucune relation conventionnelle avec cette Maison de Santé Publique. Pour autant, deux de ses médecins y exercent une activité libérale. Ceci, alors même que la direction de l’ESBV a rencontré les médecins libéraux depuis 2016 pour leur proposer un travail de collaboration. 1.3.2.2 Un établissement en marge du contrat local de santé (CLS) Le CLS, signé par l’ARS, la commune de Baugé-en-Anjou et la communauté de communes du canton de Baugé le 4 juin 2015, a été le premier contrat conclu avec une commune rurale dans la région. Ce contrat, désormais prévu au IV de l’article L. 1434-10 du CSP portant plus généralement sur les territoires et conseils territoriaux de santé depuis la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé, vise à : - agir sur les déterminants de santé en ciblant les inégalités sociales, l’accès à la santé, et l’éducation à la santé ; - améliorer les parcours de santé par une réorganisation et un rééquilibrage de l’offre territoriale des services de soins et d’accompagnement médico-social, ainsi qu’un renforcement des coopérations et coordinations entre les acteurs de premier recours. Si les partenaires non signataires peuvent contribuer au financement des projets du CLS et/ou être porteurs d'actions du contrat, l’ESBV n’a jamais été formellement convié à s’y inscrire, au-delà de l’action 16 « Prise en charge spécialisée en géronto-psychiatrie », qui renvoie à l’établissement et au secteur 6 du CESAME. L’établissement n’est cependant pas resté inactif et participe à la cellule de prévention sur son territoire, au-delà de la mise à disposition de ses locaux pour la réalisation d’examens de santé à la population. La chambre souligne qu’il revient à l’établissement et aux autres acteurs du territoire d’utiliser efficacement les dispositions à venir sur les nouveaux hôpitaux de proximité pour lever les éventuels freins en ce domaine. 2 ACTIVITE 2.1 Des capacités gériatriques essentielles sur le territoire À ce jour, l’ESBV est autorisé pour des activités sanitaires, à hauteur de 8 lits de médecine (contre 13 en 2014), et 60 lits de soins de suite et de réadaptation (contre 55 en 2014). 14
ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ BAUGEOIS VALLÉE Les autorisations de l’EHPAD portent sur 390 lits : 330 lits d’hébergement simple, 30 lits d’hébergement permanent Alzheimer (personnes âgées désorientées), 20 lits d’hébergement permanent pour personnes âgées handicapées, 10 lits d’hébergement temporaire, auxquelles s’ajoutent 14 places de Pôle d’Activité et de Soins Adaptés. Au regard des autorisations du SSIAD, l’ESBV est passé de 71 places en 2014 à 76 depuis 2015. L’ESBV compte parmi les plus importantes structures d’accueil pour personnes âgées dépendantes de la région des Pays de la Loire, étant précisé que tous les EHPAD ligériens de plus de 300 places relèvent du statut FPH, et un seul n’est pas hospitalier. Il dispose de capacités sans équivalent sur son territoire, avec 62 % de l’offre d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (631 places) et le seul SSIAD disponible. Il dispose de capacités qui ont été parfois neutralisées : elles n’ont pas forcément été mobilisées pour accueillir les prises en charge pour lesquelles elles étaient financées, soit parce qu’elles n’étaient pas ouvertes, soit parce qu’elles ont été volontairement laissées inoccupées. Ce constat est indépendant des circonstances 2018, où des difficultés de recrutement médical ont conduit à fermer sur sept mois huit lits de médecine et 32 lits de SSR à Beaufort. Si diverses situations peuvent justifier une neutralisation ponctuelle de capacités (p. ex. épisodes de Bactéries Hautement Résistantes aux antibiotiques émergentes, travaux de changement d'ascenseur), d’autres n’ont résulté que de la volonté de déconnecter à un instant T les produits contreparties d’activités des charges afférentes à leur exercice. Ces ajustements capacitaires ne sont cependant pas la manifestation d’une stratégie masquée de l’établissement d’attraire indûment un quantum de financement, dès lors que les décisions en cause étaient partagées avec les financeurs, et expressément portées aux documents budgétaires. Elles correspondent en revanche à des aides de facto (même si elles ne sont pas libellées ainsi par le financeur) qui devront être retraitées lors de l’analyse financière. Ainsi, en a-t-il été des pôles d'activités et de soins adaptés (PASA) : financées pour 12 mois en 2014 mais ouvertes sur une moitié d’année. En 2017, à compter du mois d'août, six places sur 14 sont occupées « afin d'adapter l'effectif soignant au financement alloué ». Cette même pratique a été mise en œuvre sur les 12 mois de 2018. Il en est de même pour les capacités du SSIAD depuis 2015, qui ont été décorrélées des besoins réels. Si 76 places sont financées et ouvertes depuis cette date, contre 71 en début de période, il a été décidé d’en limiter l’occupation afin de bénéficier d’un financement visant à réduire le déficit structurel cumulé5. 5 Le compte financier 2017 (onglet PF2) précise : « La capacité du SSIAD est de 76 places. Les 5 places supplémentaires sont autorisées mais pas installées. Afin de maintenir l'équilibre budgétaire, le CRPA SSIAD est construit sur un ajustement des dépenses et donc de l'activité. » 15
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