Tebatchimowin Promouvoir la sensibilisation envers l'histoire et l'héritage du régime des pensionnats autochtones - Legacy of Hope Foundation
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Guide d'activités Tebatchimowin Promouvoir la sensibilisation envers l’histoire et l’héritage du régime des pensionnats autochtones
Première édition Remerciements Mars 2014 Le présent guide a été mis au point sous les auspices d’un projet commun de commémoration des ISBN: 978-1-77198-004-3 pensionnats autochtones organisé par le Centre de santé autochtone Wabano et la Fondation autochtone de © Fondation autochtone de l’espoir, 2014 l’espoir (FAE). C’est avec gratitude que la FAE reconnaît l’apport des partenaires et contributeurs suivants sans La reproduction en tout ou en partie de ce document lesquels la réalisation de ce guide d’atelier n’aurait à des fins d’utilisation personnelle et, en particulier, pas été possible : les Aînés et les Survivants qui ont à des fins éducatives est autorisée pourvu que les fourni inspiration et direction; le personnel du centre conditions suivantes soient respectées : distribution Wabano, particulièrement Allison Fisher, directrice non commerciale, respect de l’intégrité du document générale, et Carlie Chase, directrice des initiatives; la (aucun changement ni modification d’aucune sorte) et Fondation autochtone de guérison; Charlene Bearhead, reconnaissance explicite de sa source comme suit : coordonnatrice nationale, Projet du Cœur; Barb Frazer, Source: Fondation autochtone de l’espoir éducatrice autochtone; le ministère de l’Éducation du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest; le ministère La reproduction en tout ou en partie de ce document de l’Éducation du gouvernement du Nunavut; Kate à des fins d’ajout à des banques de données, des Laing, éducatrice muséale; Mindy Willett, éducatrice, qui encyclopédies, des sites Web ou tout autre site de a partagé du matériel de soutien pédagogique relatif à référence est autorisée à condition d’en informer au cet enjeu difficile; et enfin, le personnel de la Fondation préalable la Fondation autochtone de l’espoir. autochtone de l’espoir. Fondation autochtone de l’espoir Cette publication a bénéficié d’une aide financière du 275, rue Slater, bureau 900 ministère des Affaires autochtones et Développement du Ottawa (Ontario) K1P 5H9 Nord Canada par l’entremise du Fonds de la Commission T: 613-237-4806 ou 877-553-7177 de vérité et réconciliation du Canada. www.fondationautochtonedelespoir.ca Tebatchimowin – un mot algonquin enracinée dans teboai, ce qui signifie la vérité. Il s'agit d'un compte rendu complet ou un rapport sur un événement ou un sujet. Couverture: Stock photography
Table des matières 1 Contexte 2 Comment se servir de ce guide 5 Aperçu du régime des pensionnats autochtones 17 Activité 1 Projet du Cœur 9 Glossaire 27 Activité 2 Donner voix à la brique 13 Inviter un Survivant de parler à votre groupe 39 Activité 3 Réexamen des excuses 15 Rubrique des activités 45 Activité 4 Témoignages 49 Activité 5 Remèdes sacrés 53 Activité 6 Nunali : art et identité 1
Présentation des partenaires Ce guide a été mis au point sous les auspices d’un projet commun de commémoration des pensionnats autochtones organisé par le Centre de santé autochtone Wabano et la Fondation autochtone de l’espoir (FAE). Fondation autochtone de l’espoir Centre de santé autochtone Wabano La Fondation autochtone de l’espoir (FAE) est un Établi dans la région de la capitale nationale en 1998, organisme caritatif autochtone national dont les objectifs le centre de santé autochtone Wabano a pour mandat sont d’éduquer la population à l’égard de l’héritage des de prévenir la mauvaise santé, de traiter les maladies et pensionnats, de la sensibiliser et de la renseigner sur les de fournir une programmation de soutien et de suivi enjeux qui en découlent, notamment les effets et les médical. Nos services sont offerts dans le respect de répercussions intergénérationnelles sur les Premières la culture, qui accueille, accepte et représente tous les Nations, les inuits et les métis, tout en appuyant le peuples autochtones. processus de guérison continu des Survivants des pensionnats autochtones. Remplir ce mandat contribue Mission à la réconciliation au sein des générations autochtones Le centre de santé autochtone Wabano est un centre de ainsi qu’entre les Autochtones et les non-Autochtones santé urbain qui : du Canada. • Fournit aux communautés des Premières Nations, inuites et métisses d’Ottawa des services de santé de La FAE remplit son mandat en travaillant en partenariat qualité, holistiques et culturellement pertinents; avec les collectivités et organismes des Premières Nations, • Entreprend des initiatives cliniques, sociales, inuits et métis dans l’ensemble du Canada, et en économiques et culturelles qui font la promotion de entreprenant des activités relatives aux communications, la santé de tous les Autochtones; à la recherche et aux politiques qui appuient la mise sur • Fait la promotion du renforcement des pied et en œuvre de notre programmation éducative. communautés par l’entremise de l’éducation et de la Toutes ces activités sont fondées sur les expériences et défense des droits; les récits des Survivants des pensionnats autochtones, de • Sert de centre d’excellence en matière de santé des leurs familles et de leurs collectivités. Autochtones urbains Des lignes directrices et des principes particuliers orientent notre travail auprès des Survivants et des Énoncé de vision collectivités autochtones. Ces lignes directrices Nous envisageons un monde dans lequel toute personne éthiques sont fondées sur 1) une profonde sollicitude des Premières Nations, inuite et métisse a accès, de et compassion envers les Survivants, leurs familles et façon complète et équitable, à des conditions favorisant leurs collectivités ainsi que sur le désir de les honorer et la santé : la fierté de nos origines, la revendication 2) sur une compréhension claire de la nécessité et de culturelle, la paix, un refuge, l’éducation, l’alimentation, l’importance de la tradition orale chez les Autochtones. un revenu, un environnement stable, des ressources et Nous avons adopté comme principe directeur la justice sociale. Un monde où les compétences et la fondamental que le travail de la FAE doit contribuer à sagesse des Premières Nations, des inuits et des métis la santé, à la sécurité, au bien-être et à la guérison des sont reconnues comme précieuses, uniques et belles. Survivants, de leurs familles et de leurs collectivités, tout en faisant la promotion d’une réconciliation au Canada. 2
Contexte Pendant plus d’un siècle, c’est-à-dire du milieu des années 1800 jusque vers la fin des années 1990, les enfants autochtones du Canada ont été arrachés de leurs familles et de leurs collectivités pour être internés dans des établissements nommés pensionnats autochtones. Ces établissements scolaires étaient administrés par des communautés religieuses en collaboration avec le gouvernement fédéral, et ils accueillaient des enfants dont les plus jeunes avaient tout juste quatre ans. Séparés de leur famille et n’ayant le droit ni de parler leur langue maternelle, ni de pratiquer leur culture, la grande majorité des enfants – plus de 150 000 – qui ont fréquenté ces pensionnats ont été victimes de négligence et de souffrances. Les répercussions des violences sexuelles, psychologiques et physiques, de la honte et des privations endurées dans ces pensionnats continuent toujours de faire souffrir des générations de Survivants, leurs familles et leurs collectivités. On estime que 80 000 Survivants des pensionnats sont encore vivants. Il est remarquable qu’après avoir subi de telles souffrances, beaucoup de Survivants et de leurs descendants aient néanmoins conservé leur langue et leur culture, et qu’ils poursuivent leurs efforts vers la guérison et la réconciliation. Tels que définis par le gouvernement fédéral, les pensionnats se sont limités à 139 établissements et ont été exploités de 1831 à 1996. Cette définition est controversée, car elle exclut les établissements administrés par les provinces ainsi que les foyers et les écoles de jour. Des pensionnats ont été exploités dans presque tous les provinces et territoires, et dans le Nord, ils prenaient aussi la forme de foyers et de campements de tentes. Le Mohawk Institute de Brantford (Ontario) fut le premier pensionnat autochtone à être reconnu comme tel, et c’est aussi celui qui a été en opération le plus longtemps, c’est-à-dire de 1831 à 1962. Administré par le gouvernement fédéral, le dernier pensionnat, Gordon’s School à Punnichy, Saskatchewan, a fermé ses portes en 1996; il a ensuite été démoli, marquant ainsi la fin de l’époque des pensionnats autochtones. Pourquoi est-ce important? Pourquoi cet enjeu est-il important pour tous les Canadiens? Pourquoi cela devrait-il être important pour ceux et celles qui n’ont pas fréquenté les pensionnats? CET ENJEU EST IMPORTANT parce qu’il continue de faire souffrir les familles des Premières Nations et les familles inuites et métisses – des personnes ayant une culture vibrante et qui contribuent de façon importante à la société canadienne. CET ENJEU EST IMPORTANT parce que cela s’est passé ici, dans un pays que nous appelons le nôtre, un pays considéré comme un chef de file mondial de la démocratie et des droits de la personne. CET ENJEU EST IMPORTANT parce que le régime des pensionnats autochtones est l’une des principales causes de la pauvreté, du sans-abrisme, de l’abus d’alcool ou d’autres drogues ainsi que de la violence chez les peuples autochtones – des conditions dévastatrices ressenties par nos voisins, nos amis et les membres de notre collectivité. CET ENJEU EST IMPORTANT parce que les collectivités autochtones souffrent de niveaux de pauvreté, de maladie et d’analphabétisme comparables à ceux des pays en voie de développement – des conditions que l’inaction continue à perpétuer. CET ENJEU EST IMPORTANT parce que nous partageons ce pays. Nous ne sommes peut-être pas responsables de ce qui est arrivé autrefois, mais nous profitons tous et toutes de ce à quoi les Premières Nations, les inuits et les métis ont dû renoncer. Nous sommes responsables des gestes que nous posons aujourd’hui. 1
Comment se servir de ce guide Merci d’avoir choisi d’utiliser ce guide pour votre groupe. permettait la perpétration de violences, de la Nous espérons que les renseignements et les activités séparation des élèves de leurs familles et des que vous y trouverez fourniront tant aux animateurs restrictions les empêchant de développer leurs qu’aux participants les ressources documentaires leur compétences langagières et culturelles. L’un des permettant de se pencher sur l’histoire des pensionnats aspects les plus néfastes de ces pensionnats était et de reconnaître l’incidence qu’ils ont eue, et qu’ils l’impossibilité pour les parents et les élèves d’exercer continuent d’avoir, sur des générations d’Autochtones leurs choix ou de contrôler leurs propres vies. au Canada. Ce matériel d’enseignement contient Certains pensionnats eurent peu d’effets négatifs six activités, chacune d’entre elles portant sur un sur les pensionnaires et leurs parents, alors que aspect de l’histoire ou de l’héritage du régime des certaines écoles de jour, au contraire, causèrent des pensionnats autochtones.1 torts énormes. Choses dont il faut tenir compte 3. On ne peut généraliser les caractéristiques des Les récits, les souvenirs et les conséquences liés au pensionnats autochtones dans leur ensemble. régime des pensionnats sont complexes. Ils comportent Chaque établissement avait ses particularités, selon de nombreux détails, touchent à nombreuses politiques, son emplacement, son administration, et l’évolution représentent diverses perspectives et comprennent des de son histoire. Il est important d’apprendre ces caractéristiques uniques difficiles à comprendre à fond, différences, de les reconnaître et d’en discuter. Cela même après des années d’étude. Pour beaucoup d’entre peut – et devrait – être explicité aux élèves. nous, ces activités représentent un premier pas dans leur exploration. 4. Dans certaines régions du Nord, les pensionnats n’existèrent pas aussi longtemps que dans Voici quelques aspects importants à conserver à l’esprit d’autres régions du Canada. Cela veut dire qu’en quand vous vous préparez à offrir ces activités. certains endroits, moins de générations d’enfants furent envoyées dans les pensionnats autochtones, 1. Personne ne peut savoir tout ce qui s’est passé et que par conséquent, les répercussions générales dans les pensionnats autochtones. Ne vous furent de plus courte durée. Par exemple, un posez pas en « expert ». Même si vous connaissez nombre plus élevé d’élèves inuits parvinrent à bien le contenu, tentez de demeurer ouvert à la retenir leurs capacités langagières malgré leur séjour possibilité que des élèves ou des membres de la dans les pensionnats. collectivité puissent en savoir plus que vous ou avoir davantage d’expérience. 5. Les pensionnats ne sont qu’un des outils, des procédés et des systèmes au sein d’un 2. Les pensionnats n’étaient pas processus de colonisation global et à long fondamentalement « mauvais » tout terme. Comprendre le contexte colonial global et simplement parce qu’ils abritaient des élèves les nombreuses idées qui orientèrent les politiques autochtones. Cependant, ces établissements d’assimilation est une démarche très complexe. leur faisaient du tort en raison des politiques Les animateurs devront déterminer le temps de d’assimilation, du manque de surveillance qui discussion sur ce sujet en se basant sur le niveau de compréhension des élèves. 1Adapté de The Residential School System in Canada: Understanding the Past – Seeking Reconciliation – Building 6. Il est facile d’insister sur les expériences Hope for Tomorrow, 2e édition, gouvernement des Territoires négatives des anciens élèves des pensionnats du Nord-Ouest, gouvernement du Nunavut et la Fondation sans tenir compte de la difficile réalité de la autochtone de l’espoir, © 2013. 2
vie des enseignants et parents concernés. Il est culturelles ainsi que par le suicide. Il peut s’avérer difficile aussi important de souligner que certains élèves ont de parler de ces sujets en présence d’élèves qui risquent vécu des expériences positives. Dans d’autres cas – et d’en être bouleversés. Cependant, parler ouvertement c’est là une autre couche de la complexité de toute de ces choses permet de briser le cycle traumatique et cette histoire – les élèves souffraient d’abus infligés peut aider les élèves, les familles et les collectivités à par d’autres élèves. Les récits et les expériences de comprendre ce qu’ils vivent et les encourager à obtenir du chaque ancien élève sont à ce point différents qu’il soutien à des fins de guérison. nous est impossible de désigner un groupe comme « les victimes » et un autre comme « les coupables » Beaucoup d’anciens élèves ont fait preuve de courage des violences. en révélant ce qui leur est arrivé, de ténacité lors de leur cheminement vers la guérison et de volonté à participer 7. Bon nombre de ces activités abordent des sujets au processus de réconciliation. Ils ont partagé avec nous – difficiles, y compris les violences sexuelles et le tous les Canadiens et Canadiennes – leurs souvenirs et racisme, et ces sujets pourraient déclencher chez leurs récits, ils nous en ont fait don afin que nous soyons les élèves des réactions émotives. Il est essentiel mieux informés aujourd’hui et puissions contribuer à de créer un environnement d’entraide au moment bâtir un avenir meilleur. Bien qu’il soit parfois difficile de d’aborder ces questions – un environnement où les donner un sens à ce qui est arrivé, tout simplement les élèves peuvent exprimer leurs sentiments et leurs écouter est un geste important de respect et de soutien. idées ouvertement. Prendre soin de soi Aborder des sujets pénibles Il est important que les animateurs et animatrices Les discussions sur l’histoire des pensionnats autochtones veillent à leur propre bien-être, parce qu’ils sont à la fois confrontent souvent les élèves à des récits d’expériences responsables de l’enseignement de ce matériel et du traumatisantes, comme la séparation d’avec la famille, soutien des élèves lors des activités. En tant qu’adulte – les mauvais traitements, la négligence, des violences et possiblement que parent – vous pourriez percevoir de toutes sortes et des enfants qui n’y ont pas survécu. l’importance et la difficile réalité de ces récits d’une Ce genre de contenu peut être qualifié de « pénible ». façon différente de celle de vos élèves. Vous pourriez Bien que ce vécu semble provenir d’un passé lointain, vous inquiéter de faire remonter à la surface ces récits les émotions qu’il suscite peuvent entraîner de fortes et répercussions intergénérationnelles, particulièrement réactions et toucher de près les participants. Parfois, de si vos élèves connaissent les personnes concernées ou fortes émotions remontent de façon inattendue ou sans s’ils se sentent eux-mêmes directement concernés. raison apparente. Ces émotions peuvent être liées à des Comme il n’est pas rare d’assister à des réactions expériences vécues par des personnes elles-mêmes, ou se émotives, physiques, comportementales ou spirituelles, manifester sous forme de traumatisme indirect (transfert il est utile d’avoir un « plan » pour prendre soin de votre du traumatisme de la victime ou du Survivant vers le propre bien-être. témoin ou la personne qui entend leur récit). Gardez les démarches suivantes à l’esprit pour prendre Les répercussions des pensionnats autochtones sont soin de vous, même si vous avez déjà enseigné cette toujours présentes et peuvent être constatées dans matière auparavant : certaines familles et collectivités autochtones; elles • Faites régulièrement un retour sur vous-même, seul peuvent se manifester de différentes façons, notamment ou avec un ami en qui vous avez confiance; dites-lui par un manque de compétences parentales, des ce que vous ressentez. violences familiales, l’abus d’alcool ou d’autres drogues, • Prévoyez le moment où vous devrez faire une pause la toxicomanie, la distanciation d’avec la famille, une ou demander du soutien à un membre du personnel, carence langagière ou un manque de compétences le cas échéant. 3
• Écoutez, visionnez et lisez d’avance le matériel Dans un environnement scolaire, considérez les étapes audio, vidéo et écrit afin d’être prêt à contrôler vos suivantes pour assurer un soutien aux élèves en plus des émotions quand vous instruirez les élèves. protocoles ou mesures de soutien aux élèves habituels • Si une réaction quelconque persiste et devient adoptés par l’établissement scolaire : difficile à contrôler, obtenez du soutien auprès des • N’évitez ou ne dissimulez pas la possibilité que des services de santé de votre collectivité (par l’entremise émotions se manifestent pendant ces activités. de Santé Canada ou de l’aide aux employés, par • Commencez en expliquant de quelle façon ce exemple). Les travailleurs en santé communautaire matériel peut être pénible et qu’il peut exiger une sont des personnes ressources locales qui ont reçu considération particulière quant à la manière dont une formation pour offrir du soutien dans le cadre les élèves apprennent ensemble. Rappelez-leur du programme de guérison pour les anciens élèves régulièrement qu’ils doivent se soutenir les uns les des pensionnats autochtones. D’ailleurs, beaucoup autres et écouter respectueusement. de ces personnes ressources sont eux-mêmes • Faites une entente avec vos élèves pour prévoir ce d’anciens élèves des pensionnats. que vous ferez s’ils ont besoin de prendre une pause • Traitez-vous avez douceur et soyez à l’aise de pendant une activité. montrer vos émotions à vos élèves. D’ailleurs, votre • Soyez prêt à écouter vos élèves tant qu’ils auront propre honnêteté émotive aidera peut-être vos besoin de parler, et tentez de faire preuve de élèves à aborder constructivement certaines des souplesse et de répondre à leurs besoins. questions qui seront soulevées. • Assurez-vous que d’autres membres du personnel savent qu’ils devront peut-être fournir leur soutien. Certains animateurs et animatrices pourraient ressentir • N’oubliez pas que d’enseigner comment maîtriser que leur rôle est émotivement difficile ou exigeant. des émotions pénibles fait partie de l’aide que Veuillez garder à l’esprit que ces activités peuvent faire vous apportez aux élèves alors qu’ils apprennent partie d’un important processus d’apprentissage, de la résilience et la force personnelle, un objectif réconciliation et de guérison, et qu’en demandant important de ces activités. de l’aide et du soutien auprès de collègues ou • Assurez-vous que les élèves savent comment se d’autres membres de la collectivité, cette expérience procurer de l’aide si des sentiments pénibles les d’apprentissage peut être sécuritaire et enrichissante submergent quand ils ne sont pas en classe – par pour tous. exemple auprès des services de santé locaux en composant le numéro de la ligne d’aide de Soutien aux élèves Santé Canada (1-866-925-4419). Il est important que les élèves aient l’occasion de • Si vous soupçonnez qu’un élève pourrait se faire parler ouvertement – dans un environnement où ils se du mal, ou faire du mal à quelqu’un d’autre, ne sentent en confiance – de ce qu’ils ressentent pendant le laissez pas seul. Suivez le protocole de votre ces activités. Ces occasions doivent cependant être établissement scolaire ou de votre collectivité prévu équilibrées, en s’efforçant de ne pas mettre les élèves pour gérer de tels cas. sur la sellette avant qu’ils ne soient prêts à s’exprimer. Dans certains cas, comme pendant un cercle de la parole lors duquel les élèves partagent chacun leur tour sans Soutien aux familles Certaines questions et parties de ce matériel être interrompus, une discussion ouverte peut être une pédagogique pourraient fortement émouvoir et troubler expérience d’apprentissage enrichissante pour toute la des membres de la famille des élèves. On peut obtenir classe. Dans d’autres cas, chaque élève pourrait avoir du soutien et des renseignements en composant le besoin d’une attention personnelle. numéro sans frais de la ligne d’aide de Santé Canada : 1-866-925-4419. 4
Aperçu du régime des pensionnats autochtones Pendant plus de 300 ans, les colons européens et le Nicholas Flood Davin Report de 1879 où il est indiqué les peuples autochtones se sont considérés comme que « l’école industrielle est l’élément le plus important des nations distinctes. Les pionniers et les Premières de la politique connue comme celle de la “civilisation à Nations formaient des alliances en temps de guerre, tout prix” ». Cette politique voulait que… et ils profitaient des avantages économiques issus de les Indiens soient, autant que faire se peut, leur coopération dans le commerce. Cependant, vers le rassemblés dans quelques réserves et que des milieu du 19e siècle, l’avidité des colons, qui désiraient maisons individuelles permanentes leur soient acquérir de plus en plus de terres, a créé une grande fournies; que leur relation tribale soit abolie; que expansion et la base économique des colonies est des terres soient attribuées aux individus et non à la passée du commerce des fourrures à l’agriculture. Les communauté; que l’Indien devienne un citoyen aussi alliances forgées pendant les premiers temps de la rapidement que possible [...] et qu’il bénéficie de colonie se sont transformées en concurrence directe pour la protection de la loi et qu’il soit tenu responsable la possession des terres et des ressources. Les colons devant cette loi; et finalement, qu’il était du devoir et le gouvernement ont commencé à considérer les du gouvernement de fournir aux Indiens toute l’aide Autochtones comme un « problème ». raisonnable pour les préparer à devenir citoyens en leur enseignant un métier et les arts de la civilisation. Le soi-disant « problème indien » relevait du simple fait [TRADUCTION] que des Indiens existaient. Les colons les voyaient comme un obstacle à la progression de la « civilisation » – Pur produit de son siècle, Davin a dévoilé dans ce rapport c’est-à-dire l’expansion des intérêts économiques, sociaux les idées de l’époque, à savoir que « la culture indienne » et politiques des Européens, et par la suite, des était un terme contradictoire du fait que les Indiens Canadiens. Duncan Campbell Scott, surintendant adjoint n’étaient pas civilisés; le but de l’éducation devait être des Affaires indiennes de 1913 à 1932, a résumé la de détruire l’Indien chez l’enfant. En 1879, il est revenu position du gouvernement quand il a déclaré en 1920 : de sa tournée des écoles industrielles et pensionnats « Je veux me débarrasser du problème indien. [...] Notre américains pour présenter une recommandation au objectif est de continuer jusqu’à ce qu’il ne reste aucun ministre canadien de l’Intérieur, John A. Macdonald, soit Indien au Canada qui n’ait été assimilé à la société, et de mettre sur pied un réseau d’écoles industrielles ou que disparaissent la question indienne et le ministère des pensionnats au Canada. Affaires indiennes. » [TRADUCTION] En peu de temps, le gouvernement commença à recevoir En 1844, la Commission Bagot a produit un des tout de nombreuses plaintes graves et légitimes de la part de premiers documents officiels recommandant l’éducation parents et chefs autochtones : les enseignants étaient comme moyen d’assimilation de la population indienne. sous-qualifiés et faisaient preuve de zèle religieux, La commission proposait de mettre sur pied un réseau l’enseignement religieux créait des dissensions, et c’était de pensionnats basés sur des fermes lointaines, à l’écart sans compter les allégations de violences physiques et de l’influence parentale — l’idée de la séparation des sexuelles. Toutefois, ces préoccupations n’eurent aucune enfants de leurs parents étant avancée comme le meilleur conséquence juridique parce qu’en raison de la Loi sur moyen permettant d’assurer la continuité des effets les Indiens, tous les Autochtones étaient des pupilles civilisateurs sur eux. Pendant les décennies subséquentes, (orphelins dépendants) de l’État. On avait confié leur ce document a été suivi d’autres proposant des objectifs tutelle aux administrateurs des établissements scolaires, similaires, notamment le Gradual Civilization Act (1857) c’est-à-dire que ces administrateurs avaient sur les élèves [la loi sur la civilisation graduelle de 1857], le Act for the les mêmes pleins droits que les parents. Les plaintes Gradual Enfranchisement of Indians (1869) [la loi sur continuèrent cependant et des administrateurs scolaires, l’émancipation graduelle des Indiens de 1869], ainsi que des enseignants, des agents des Indiens et même certains 5
bureaucrates du gouvernement commencèrent à l’effritement d’une composante essentielle de la culture exprimer leurs propres inquiétudes : ils demandaient Métisse. Les pensionnats ont profondément perturbé tous des réformes majeures au système. les collectivités Métisses, une réalité trop souvent passée sous silence dans le récit de l’histoire des Enfants inuits et métis dans les pensionnats au Canada. pensionnats autochtones Bien que des politiques visant à gérer « les affaires Établissement et fermeture indiennes » aient été formulées à Ottawa en même Le régime des pensionnats avait pour but d’éduquer temps que les traités numérotés étaient conclus dans les Autochtones, de les assimiler et de les intégrer à les années 1870 dans les Prairies, ce n’est qu’en 1924 la société canado-européenne. En réalité, c’était un que les inuits ont été touchés par la Loi sur les Indiens, système conçu pour tuer l’Indien chez l’enfant. et ce n’est qu’au milieu des années 1950 que des pensionnats ont ouvert leurs portes dans le Nord. Pour Le premier pensionnat a été la Mohawk Indian les inuits, le régime des pensionnats n’a été que l’une Residential School qui a ouvert ses portes en 1831 à des facettes d’une transformation culturelle générale Brantford, en Ontario. Par la suite, des pensionnats ont et rapide qui englobait l’avènement du christianisme, été établis dans presque toutes les provinces et tous le déplacement et la réinstallation forcés, l’abattage de les territoires. Dans le Nord, le régime des pensionnats centaines de chiens de traîneau amenant l’élimination autochtones a aussi pris la forme de foyers et de camps du seul moyen de transport pour un grand nombre de tentes. Au plus fort du régime, c’est-à-dire au début d’inuits, la propagation de la tuberculose et de la des années 1930, il existait 80 pensionnats partout au variole et le transport obligatoire des malades vers le Canada, avec plus de 17 000 élèves inscrits. sud; en plus, il y a eu la venue de la GRC partout dans l’Arctique, ainsi que d’autres perturbations du mode de Tel que défini par le gouvernement fédéral, le régime vie séculaire des inuits. des pensionnats comptait 139 établissements qui ont été ouverts partout au Canada entre 1831 et 1996. Avant les années 1800, les enfants métis n’avaient que Cette définition est contestée, car elle n’inclut pas peu de possibilités de faire des études formelles dans les écoles gérées par des provinces, de même que les un cadre scolaire européen. Considérés comme Sangs- foyers et les écoles de jour qui ont été fréquentés par Mêlés, c’est-à-dire non Indiens, ces enfants n’étaient des Survivants. pas visés par les dispositions de traité touchant l’éducation. Ce n’est que dans le cadre de la Northwest En 1920, Duncan Campbell Scott, le bureaucrate Half-breed Claims Royal Commission of 1885 que responsable de l’application de la politique indienne le gouvernement fédéral a abordé la question de gouvernementale, a révisé la Loi sur les Indiens l’éducation des Métis. Dans les années 1800, l’Église afin de rendre obligatoire pour tous les enfants la catholique, déjà bien présente dans la société métisse, fréquentation au pensionnat jusqu’à l’âge de 15 ans. avait commencé à instruire les enfants de la région de Red Deer, au Manitoba. En dépit de tous ces Le régime des pensionnats autochtones a été efforts, beaucoup de parents Métis avaient du mal à abandonné peu à peu en faveur d’une politique trouver des écoles prêtes à accepter leurs enfants, et d’intégration. Dans les années 1940, les élèves ils devaient souvent payer des frais de scolarité pour autochtones ont commencé à fréquenter les leur éducation. écoles publiques. La fréquentation des pensionnats, où l’usage des Le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien langues autochtones était interdit, a entraîné est devenu responsable de la gestion complète du 6
régime des pensionnats à partir du 1er avril 1969. Au eux ont terminé leurs études en étant préparés pour la cours des années 1970, à la demande du National vie – tant sur la réserve qu’à l’extérieur. Indian Brotherhood, le gouvernement fédéral a entrepris un processus dont l’aboutissement remettait aux Selon une étude des Affaires indiennes, jusqu’en 1950, Autochtones la gestion de leur éducation. plus de 40 pour cent du personnel enseignant n’avait aucune formation professionnelle. Cela ne veut pas dire En 1970, la Blue Quills Residential School a été le que toutes les expériences des élèves ont été négatives premier établissement scolaire à être administré par des ni que tous les enseignants étaient incompétents, car Autochtones. Le dernier pensionnat administré par le ce n’est pas le cas. Beaucoup de personnes dévouées fédéral a fermé ses portes en 1996. et bien intentionnées travaillaient dans les pensionnats. En fait, le zèle dont elles ont fait preuve en travaillant de Conditions de vie et longues heures dans un environnement stressant et pour mauvais traitements un salaire de misère était exploité par une administration La fréquentation des pensionnats était obligatoire pour déterminée à réduire les coûts. Non seulement le tous les enfants autochtones du Canada; les parents personnel enseignait-il, mais il supervisait aussi le travail, qui ne se conformaient pas à cette obligation étaient les jeux et les soins personnels des élèves. Leurs heures souvent punis, et même incarcérés. Beaucoup d’enfants de travail étaient longues, le salaire bien en deçà de celui autochtones ont ainsi été arrachés de leur milieu familial, du personnel des autres établissements scolaires, et leurs souvent par la force, et envoyés dans des établissements conditions de travail exaspérantes. situés à de grandes distances, loin de leur famille. Ceux qui fréquentaient un pensionnat à proximité de leur Au début des années 1990, à commencer par collectivité étaient souvent empêchés de voir leur famille, Phil Fontaine (alors grand chef de l’Assemblée des chefs sauf lors de rares visites. du Manitoba), des Survivants ont commencé à dénoncer publiquement les violences subies dans les pensionnats Dès 1897, des fonctionnaires du gouvernement autochtones, dont les suivantes : avaient signalé de nombreux cas de maladie, de • violences sexuelles sous-alimentation et de surpopulation. En 1907, le • agressions physiques médecin-chef des Affaires indiennes, le Dr P. H. Bryce, • punitions pour avoir parlé leur langue autochtone a fait rapport d’un taux de mortalité chez les enfants • contrainte de manger de la nourriture avariée des pensionnats allant de 15 à 24 pour cent et pouvant • privation généralisée de nourriture et d’eau s’élever jusqu’à 42 pour cent dans les foyers autochtones où les enfants malades étaient parfois renvoyés pour y • ligotage et enfermement mourir. Dans certains de ces établissements, comme le • travaux forcés pensionnat Old Sun dans la réserve des Pieds-Noirs, le Dr Bryce a même trouvé des taux de mortalité encore On interdisait aux élèves de parler leur langue et de plus élevés. pratiquer leur culture, et ils étaient souvent punis le cas échéant. Parmi d’autres sources de souffrances Bien que des élèves aient parlé d’expériences positives mentionnées par les Survivants des pensionnats, il vécues dans les pensionnats où ils auraient reçu une y avait la violence psychologique, des punitions très éducation adéquate, la qualité de la formation scolaire sévères, la surpopulation, l’utilisation d’élèves à des était généralement faible comparativement à celle des fins d’expériences médicales, les maladies et dans écoles non autochtones. À titre d’exemple, en 1930, certains cas, la mort. Des générations d’Autochtones se seulement trois sur cent élèves autochtones avaient réussi souviennent aujourd’hui de traumatismes, de négligence, à dépasser la sixième année; seul un petit nombre d’entre de honte et de pauvreté. Ceux et celles qui ont été 7
traumatisés par leur séjour dans les pensionnats ont subi Les Autochtones ont commencé à panser les plaies du une perte généralisée : perte de l’identité, perte de la passé. Le 7 janvier 1998, le gouvernement du Canada famille, perte de la langue et perte de la culture. a émis une Déclaration de réconciliation et dévoilé une nouvelle initiative intitulée Rassembler nos forces, Le plan Répercussions intergénérationnelles d’action du Canada pour les questions autochtones. Les enfants des Premières Nations, inuits, et métis étaient Stratégie visant à entreprendre le processus de souvent séparés de leurs parents pendant de longues réconciliation, Rassembler nos forces comprenait l’annonce périodes, et cet éloignement les empêchait d’acquérir d’un fonds de guérison. La Fondation autochtone de précieuses compétences parentales. Le fait de retirer de guérison (FADG) a été fondée le 31 mars 1998. les enfants de leur foyer entravait aussi la transmission Son mandat : encourager et appuyer, par l’entremise de la langue et de la culture. Résultat : beaucoup d’études et de contributions financières, des initiatives d’Autochtones sont incapables de parler leur langue de guérison administrées par les Autochtones et basées traditionnelle et/ou leur culture ne leur est pas familière. sur les collectivités; ces initiatives abordent l’héritage des violences physiques et sexuelles subies au sein du régime Dans les pensionnats, les enfants ont appris à s’adapter des pensionnats autochtones du Canada, y compris les aux comportements violents, ce qui a causé un répercussions intergénérationnelles. La vision de la FADG, traumatisme intergénérationnel, c’est-à-dire un cycle c’est que les élèves affectés par les violences physiques de violence et de traumatisme qui se transmet au et sexuelles vécues au sein du régime des pensionnats fil des générations. Les recherches entreprises sur la autochtones abordent les effets du traumatisme non résolu transmission intergénérationnelle d’un traumatisme ont de façon concrète; qu’ils brisent le cycle des violences; et démontré que les personnes ayant souffert des effets qu’ils retrouvent leurs capacités comme personnes, familles, d’un stress traumatique le transmettent à leurs proches collectivités et nations afin de soutenir leur bien-être et celui et vulnérabilisent leurs enfants. Ensuite, à leur tour, les des générations à venir. La FADG doit cesser ses activités en enfants font l’expérience de leur propre traumatisme. septembre 2014. Le régime d’assimilation forcée a eu des conséquences En 2000, la Fondation autochtone de guérison a créé la dont souffrent encore aujourd’hui les Autochtones. Fondation autochtone de l’espoir, un organisme caritatif Le besoin de guérison ne touche pas seulement les national dont le mandat est d’éduquer et de sensibiliser Survivants des pensionnats. Les effets du traumatisme la population au sujet des pensionnats, et de continuer intergénérationnel sont réels et répandus, et doivent à appuyer le cheminement de guérison des Survivants. être traités. La Fondation autochtone de l’espoir s’est engagée à une exploration franche de la vraie histoire du Canada. Guérison et réconciliation En faisant la promotion de la sensibilisation envers les Au début des années 1990, des Survivants ont brisé leur répercussions continues des pensionnats autochtones et en silence pour parler des violences physiques et sexuelles s’efforçant de faire en sorte que tous les Canadiens soient dont ils avaient souffert dans les pensionnats. Tout au au courant de cette tranche d’histoire peu connue, la cours des années 1990, ces révélations se sont multipliées Fondation crée les conditions favorables à la guérison et à et d’autres victimes autochtones d’un bout à l’autre du la réconciliation des Autochtones et non-Autochtones. pays ont courageusement révélé ce qu’elles avaient vécu. La Commission royale sur les peuples autochtones (CRPA) Par l’entremise d’initiatives de groupes comme la Fondation a confirmé le lien entre la crise sociale que vivent les autochtone de guérison et la Fondation autochtone de collectivités autochtones, les pensionnats autochtones, et l’espoir, la population canadienne découvre cette tranche l’héritage des traumatismes intergénérationnels. d’histoire et comprend les répercussions qu’elle a eues – et qu’elle continue d’avoir – sur les collectivités autochtones. 8
Glossaire Il se peut que des Survivants soient d’avis que ces terme est souvent utilisé pour décrire les actes posés dans descriptions ne correspondent pas à leur expérience un but de domination culturelle. personnelle étant donné que, pour chacun d’entre eux, l’expérience vécue a été particulière. Émancipation L’émancipation peut être une façon d’obtenir le droit Aîné(e) de vote et est vue par certains comme un droit à la S’emploie généralement pour désigner une personne citoyenneté. En vertu de la Loi sur les Indiens de 1960, reconnue pour la sagesse exceptionnelle ressortant l’émancipation entraînait la perte du statut d’Indien. de ses enseignements spirituels et de ses pratiques Les Indiens étaient contraints d’abandonner leur statut culturelles. En plus d’être reconnue pour sa sagesse, elle d’Indien et, en conséquence, de perdre les droits se caractérise par la stabilité de sa vie, son humeur, et conférés par traité pour devenir émancipés au même sa capacité à discerner ce qui est approprié dans une titre que les citoyens canadiens. Ce ne fut qu’en 1960 situation particulière. La collectivité se tourne vers ces que les Premières Nations reçurent le droit de vote sans personnes en raison de leur jugement judicieux pour avoir à renoncer à leurs droits issus de traités et à leur obtenir de bons conseils. Elles sont compatissantes, statut d’Indien. empathiques, et partagent avec générosité le fruit de leur expérience et de leurs accomplissements avec d’autres Eurocentriste membres de la communauté. Selon une perspective centrée sur l’Europe ou sa population, ses institutions et ses cultures; connote une Assimilation culture « blanche » souvent arrogante et dédaigneuse Le processus selon lequel un groupe culturel est intégré à des autres cultures. une autre culture généralement dominante. Génocide Autochtones Selon l’Article II de la Convention des Nations Unies Conformément à l’Acte constitutionnel de 1982, trois pour la prévention et la répression du crime de génocide peuples sont reconnus en tant qu’Autochtones : les de 1948 : Indiens, les inuits et les Métis. Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis Autres approches de guérison dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, Approches de guérison qui incorporent des stratégies un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comprenant – mais non limitées – à l’homéopathie, comme tel : meurtre de membres du groupe; la naturopathie, l’aromathérapie, la réflexologie, la atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale massothérapie, l’acupuncture, la digitopuncture, le Reiki, de membres du groupe; soumission intentionnelle la programmation neurolinguistique et la bioénergie. du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou Cheminement de guérison partielle; imposition de mesures visant à entraver La participation de Survivants ou de personnes les naissances dans le groupe; et transfert forcé touchées par les répercussions intergénérationnelles des d’enfants du groupe à un autre groupe. pensionnats à toute activité ou pratique de guérison. Guérison traditionnelle Colonisation Un modèle préventif, holistique qui met l’accent sur le La colonisation peut être définie en termes simples bien-être physique, émotif, psychologique et spirituel. comme l’établissement d’une colonie de peuplement Cette approche envers la guérison incorpore, sans dans un territoire étranger, généralement par la force. Ce s’y limiter, des stratégies axées sur la culture, dont les 9
cercles de partage, les cercles de guérison, les cercles Indien visé par un traité de la parole, les sueries, diverses cérémonies, le jeûne, Un Indien inscrit (avec statut) qui appartient à une des festins, des célébrations, des quêtes de vision, des Première Nation ayant conclu un traité avec la Couronne. « médecines » traditionnelles et d’autres pratiques spirituelles. Dans le cadre d’approches traditionnelles Innus entrent aussi des activités culturelles comme la Les Innus sont des Autochtones Naskapi et Montagnais courtepointe, le perlage, la fabrication de tambours, etc. qui vivent principalement au Québec et au Labrador. D’autres encore ont lieu dans la nature, notamment la chasse, la pêche et la cueillette de plantes médicinales. Inuits Au Canada, les inuits sont culturellement distincts des Héritage (séquelles) des pensionnats autres populations autochtones; ils vivent principalement Fait référence aux répercussions directes et indirectes dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, dans des actes de violence commis dans les pensionnats. les régions nordiques du Québec et presque partout Elles sont ressenties par les Survivants, leur famille, leurs au Labrador. descendants et leur collectivité. Par répercussions, on entend la violence familiale, l’abus d’alcool ou d’autres Loi sur les Indiens drogues, les violences physiques et sexuelles, la perte des Loi canadienne, d’abord adoptée en 1876, qui définit les compétences parentales, la perte de la culture et de la obligations du gouvernement fédéral et qui réglemente langue et les comportements autodestructeurs. la gestion des terres de réserve indienne, le capital autochtone et d’autres ressources. Indien D’un point de vue collectif, le terme « Indien » décrit Métis tous les Autochtones du Canada qui ne sont pas inuits Historiquement, les Métis sont les descendants de ou Métis. Il y a trois classes d’Indiens au Canada : les femmes de Premières Nations – appartenant pour la Indiens non inscrits (sans statut), les Indiens inscrits plupart (mais pas exclusivement) aux nations autochtones (Indiens de plein droit) et les Indiens visés par un traité. Cris, Saulteaux, Ojibway, Dénés ou Assiniboines – et de commerçants de fourrure généralement d’origine Indiens inscrits européenne (mais pas exclusivement), dont les Les Indiens inscrits (avec statut) sont des personnes ayant Français, les Écossais et les Anglais. Les Métis ont droit d’avoir leur nom inscrit au Registre des Indiens, fondé des collectivités distinctes sur la base de leur rôle une liste tenue par le gouvernement fédéral. Seuls les économique. Au début du 19e siècle, c’est en raison Indiens inscrits sont reconnus Indiens en vertu de la Loi de leur spécificité qu’ils ont été amenés à créer leurs sur les Indiens et détiennent certains droits et avantages propres institutions et convictions politiques. De nos conformément à cette loi. jours, la nation métisse se compose de descendants des premiers Métis. Indiens non inscrits Les Indiens non inscrits sont des personnes qui se disent Paternalisme autochtones, c’est-à-dire membres d’une Première Un style de gouvernement ou de gestion ou une Nation, mais qui ne sont pas reconnus comme tels par le manière d’aborder les relations interpersonnelles selon gouvernement fédéral en vertu de la Loi sur les Indiens. lequel le désir d’aider, de conseiller et de protéger Les Indiens non inscrits ne sont pas détenteurs des peut nier les choix et libertés individuels ainsi que les mêmes droits que les Indiens inscrits, ni ne profitent des responsabilités personnelles. mêmes avantages. 10
Pensionnats compréhension et une acceptation mutuelles. Il y a Gérées par les Églises et financées par le gouvernement plusieurs façons de parvenir à la réconciliation, mais il est fédéral, ces institutions ont été mises sur pied dans le essentiel d’établir des liens de confiance en partageant cadre de la politique gouvernementale d’assimilation. des récits de souffrances, de reconnaître la « vérité » de Les enfants étaient enlevés de leur famille et placés dans chacun et de partager une vision commune. ces établissements afin qu’ils y perdent leur langue et leur culture et qu’ils deviennent assimilés à la société Répercussions intergénérationnelles canadienne. Le terme « pensionnat » regroupe les Le traumatisme non résolu 1) des Survivants ayant été écoles industrielles, les pensions, les foyers scolaires, les victimes de violence physique ou sexuelle au sein du résidences, le logement par billet (chez des familles), régime des pensionnats autochtones ou 2) de ceux les pensionnats ou internats, les pensionnats ayant et celles qui en ont été témoins; traumatisme qui est une majorité d’élèves externes ou tout établissement transmis au fil des générations par l’entremise de la scolaire qui est une combinaison de ceux ci-dessus. À violence familiale, d’abus d’alcool ou d’autres drogues, la demande des Survivants, cette définition s’est élargie de la violence physique, de la violence sexuelle, de la pour inclure les couvents, les écoles de jour, les écoles de perte de compétences parentales et de comportements missionnaires, les sanatoriums et les campements. Ils ont autodestructeurs. été fréquentés par des élèves de Premières Nations, inuits et métis. Réserve Selon la Loi sur les Indiens de 1876, le terme Pratiques de guérison dites « réserve » signifie toute parcelle de terrain ou toute occidentales étendue de terre mise de côté par traité ou autrement, Des services de santé où le praticien adopte une pour l’usage ou l’avantage d’une bande particulière, approche plus conventionnelle ou clinique en matière de dont le titre juridique appartient à la Couronne, mais guérison comme, mais sans s’y limiter, la psychologie, la dont celle-ci n’a pas reçu abandon, et qui comprend les psychiatrie, l’éducation spécialisée, la médecine générale arbres, le bois, la terre, la pierre, les minéraux, les métaux et le travail social. Beaucoup d’approches occidentales et autres objets de valeur qui se trouvent à la surface ou commencent aussi à embrasser les soins de santé à l’intérieur du sol. 2 holistiques et des modèles de bien-être. Résilience Première(s) Nation(s) La capacité de persévérer malgré l’adversité, de Ce terme remplace « bande » et « Indien », termes qui la surmonter et de prospérer en dépit de troubles sont considérés par certains comme inactuels; signifie les émotionnels ou d’une détresse psychologique toutes premières cultures du Canada. ou physique. Racisme Résistance Préjugé ou animosité contre des personnes appartenant Méfiance ou opposition qui peut se manifester par des à d’autres races. La croyance que des gens de races actes d’hostilité manifestes ou non. L’un des actes de différentes ont des particularités et des capacités résistance les plus fréquemment cités par les élèves des différentes, et que des races sont par nature inférieures pensionnats autochtones était le vol d’un fruit, de pain ou supérieures. et de viande aux cuisines ou dans les garde-manger. L’un Réconciliation 2 Indian Act, 1876 - An Act to amend and consolidate the La réconciliation est un processus selon lequel les laws respecting Indians. Récupéré le 27 janvier 2014 à personnes ou les collectivités tentent d’en arriver à une partir du site : http://epe.lac-bac. gc.ca/100/205/301/ic/cdc/ aboriginaldocs/m-stat.htm 11
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