TUMEURS UROTHELIALES - Urofrance
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TUMEURS UROTHELIALES Jacques IRANI, Stéphane BERNARDINI, Jean-Louis BONNAL, Patrick COLOBY, Marc COLOMBEL, Jean-Louis DAVIN, Guy LAURENT, Thierry LEBRET, Marc MAIDENBERG, Catherine MAZEROLLES, Jean-Louis PARIENTE, Christian PFISTER, Catherine ROY, Fabien SAINT, Christine THEODORE 957
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Progrès en Urologie (2004), 14, 957-996 Introduction En France, le cancer de la vessie fait partie des cancers fré- Lors du diagnostic initial, 70% des tumeurs urothéliales sont quents : il occupe la 5ème place et est responsable de 3% des superficielles, 25 % des tumeurs sont invasives et 5 % des décès par cancer, dont 75% chez l’homme. C’est le 2ème tumeurs sont métastatiques. Parmi les tumeurs superficielles, cancer urologique après celui de la prostate. La plupart des 60 à 70 % vont récidiver et 10 à 20 % vont progresser vers tumeurs urothéliales apparaissent après l’âge de 60 ans. des tumeurs qui envahissent le muscle en devenant potentiel- lement métastatiques. Cette évolution défavorable des Son incidence est en augmentation d’environ 1% par an alors tumeurs primitivement superficielles doit être détectée au que sa mortalité diminue chez l’homme mais reste stable plus tôt. En amont, la prévention par la lutte contre le taba- chez la femme. Cette évolution de l’incidence est liée à une gisme et les facteurs de risque professionnels est essentielle. migration du stade mais aussi à l’amélioration des techniques diagnostiques. Des mesures préventives liées aux facteurs de risque et les progrès dans la prise en charge ont probablement contribué à l’évolution favorable de la mortalité spécifique. I. CLASSIFICATION TNM 2002 Il n’y a pas de modification dans la classification TNM par N Ganglions lymphatiques régionaux rapport à la version de 1997. Nx Ganglions non évaluables Cette classification ne concerne que les carcinomes urothé- N0 Absence de métastase ganglionnaire régionale liaux. N1 Métastase ganglionnaire unique ≤ 2 cm N2 Métastase ganglionnaire unique > 2 cm et ≤ 5 cm Tumeurs de vessie ou métastases ganglionnaires multiples ≤ 5 cm N3 Métastase(s) ganglionnaire(s) > 5 cm T Tumeur primitive M Métastases à distance Tx Tumeur primitive non évaluable Mx Métastases non évaluable T0 Tumeur primitive non retrouvée M0 Absence de métastase à distance Ta Carcinome papillaire non invasif M1 Métastase(s) à distance Tis Carcinome in situ « plan » T1 Tumeur envahissant le chorion T2 Tumeur envahissant la musculeuse Tumeurs des voies excrétrices supérieures pT2a Tumeur envahissant le muscle superficiel (bassinet et uretère) (moitié interne) pT2b Tumeur envahissant le muscle profond T Tumeur primitive (moitié externe) Tx Tumeur primitive non évaluable T3 Tumeur envahissant le tissu péri-vésical T0 Tumeur primitive non retrouvée pT3a Envahissement microscopique Ta Carcinome papillaire non invasif pT3b Envahissement extra-vésical macroscopique Tis Carcinome in situ T4 Tumeur envahissant une structure péri-vésicale T1 Tumeur envahissant le chorion T4a Prostate, vagin ou utérus T2 Tumeur envahissant la musculeuse T4b Paroi pelvienne ou abdominale 959
T3 Bassinet et calices : tumeur dépassant la musculeuse envahissant la graisse péri-pyélique ou le parenchyme rénal Uretère : tumeur dépassant la musculeuse et envahissant la graisse péri-urétérale T4 Tumeur envahissant les organes de voisinage ou la graisse péri-rénale à travers le rein N Ganglions lymphatiques régionaux Nx Ganglions non évaluables N0 Absence de métastase ganglionnaire régionale N1 Métastase ganglionnaire unique ≤ 2 cm N2 Métastase ganglionnaire unique > 2 cm et ≤ 5 cm ou métastases ganglionnaires multiples ≤ 5 cm N3 Métastase(s) ganglionnaire(s) > 5 cm M Métastases à distance Mx Métastases non évaluable M0 Absence de métastase à distance M1 Métastase(s) à distance 960
II. DIAGNOSTIC ET BILAN D’EXTENSION DES TUMEURS UROTHELIALES I. TUMEURS DE VESSIE b) Examen clinique (Niveau de preuve IV-2) Il doit rester systématique et complet (palpation sus pubien- Examens recommandés : ne et touchers pelviens) même si l’examen physique est le • Examen physique avec touchers pelviens (Niveau de plus souvent normal pour une tumeur de vessie superficielle. preuve IV-2) A l’opposé, les touchers pelviens permettent d’apprécier le blindage pelvien lorsqu’il existe une infiltration évoluée du • Cytologie urinaire (niveau de preuve III-2) muscle vésical (37,25). • Urographie intraveineuse ou uro-TDM de réalisa- c) Indication du dépistage individuel (Niveau de preuve tion technique satisfaisante (niveau de preuve III-2) III-2) • Cystoscopie avec description de la tumeur associée à L’hématurie peut être microscopique, décelée au microscope une résection endoscopique précédée d’un examen par un comptage des globules rouges dans l’urine ou plus cyto-bactériologique urinaire (Niveau de preuve IV-2) simplement par la recherche à la bandelette urinaire d’une En cas de tumeur de vessie de stade T2 minimum: hémoglobinurie (Hémastix®). Le dépistage de masse, parmi • Scanner thoraco-abdomino-pelvien (Niveau de une population non sélectionnée, ne doit pas être recomman- preuve IV-2) dé en raison de la faible incidence des tumeurs vésicales asymptomatiques (64,60,30). Par contre, un dépistage indivi- Autres examens : duel peut-être envisagé lorsqu’il existe des facteurs de risque • marqueurs urinaires (voir tableaux des marqueurs) reconnus comme une intoxication tabagique ou une exposi- sans modification du suivi cystoscopique (Niveau de tion professionnelle avec des carcinogènes chimiques preuve III-1) (98,90,14,44). • En cas de tumeur de vessie superficielle à haut risque: d) Place des marqueurs tumoraux (Niveau de preuve III- scanner thoraco-abdomino-pelvien (Niveau de preuve 1) IV-2) De nombreux tests urinaires à visée diagnostique sont aujour- • Examens complémentaires dans le cadre du bilan d’hui décrits dans la littérature. Il convient de différencier les d’extension en cas de point d’appel (scintigraphie tests commercialisés (BTA Trak, NMP 22, Accu-Dx, uCyt +, osseuse, scanner cérébral, IRM, échographie hépa- Urovision), des marqueurs urinaires qui restent du domaine de tique) (Niveau de preuve IV-2) la recherche (Télomérase, CYFRA 21, acide hyaluronique, analyse de microsatellites, Quanticyt, HA-Haase). L’objectif • Pas d’indication de l’imagerie par TEP(Niveau de de ces nouveaux marqueurs tumoraux est double : dépister une preuve IV-2) lésion urothéliale asymptomatique dans une population à risque d’une part, simplifier les modalités de surveillance des tumeurs vésicales déjà connues et traitées d’autre part 1. Diagnostic précoce et symptômes (31,57,51,81). Les données actuelles sont encourageantes et a) Signes cliniques révélateurs (Niveau de preuve IV-2) suggèrent l’intérêt d’associer la classique cytologie urinaire à certains de ces tests afin d’en améliorer la sensibili- La reconnaissance des symptômes précoces d’une tumeur de té(20,72,87). Ces marqueurs ne sont pas disponibles pour la vessie est nécessaire pour améliorer le pronostic de cette pratique quotidienne en France au 1er Novembre 2004. maladie(24,59). L’hématurie macroscopique, classiquement décrite comme terminale, constitue le signe clinique le plus 2. Cytologie Urinaire fréquent. Son importance est indépendante du stade tumoral La cytologie urinaire est un outil simple, rapide et peu et du grade cellulaire (37). Des signes d’irritation vésicale coûteux qui permet de détecter la présence de cellules tumo- associée (pollakiurie, miction impérieuse, brûlure urinaire) rales de haut grade dans les urines avec une très grande sen- sont observés dans 20% des cas. En l’absence d’infection uri- sibilité. Cet examen doit être réalisé par des cytologistes naire concomitante ou d’épine irritative lithiasique ou tumo- expérimentés capables d’en déjouer les piéges : atypies réac- rale évidente, la persistance de symptômes irritatifs, avec ou tionnelles, viroses, atypies post thérapeutiques…(77). sans hématurie, doit faire suspecter l’existence d’un carcino- Lorsque ce test est positif et montre une cytologie en faveur me in situ vésical (25,99,92). d’une tumeur de haut grade, sa spécificité est telle qu’elle 961
impose à elle seule la multiplication des explorations de la d’une volumineuse tumeur T1G3, avec un doute sur une totalité de l’arbre urinaire (du calice à l’urètre) à la recherche sous-stadification. Une TDM thoraco-abdomino pelvien- du foyer tumoral (11,55) (niveau de preuve III-2). ne peut alors être envisagée. La cytologie seule souffre d’un défaut de sensibilité pour le • les indications de l’UPR sont ponctuelles, parfois justi- dépistage des tumeurs de faible grade. C’est la raison pour fiées par des examens du haut appareil de qualité médio- laquelle ont été proposées des techniques additionnelles : cre. marquage des cellules avec des anticorps, recherche de pro- 2-TUMEUR INFILTRANTE (NIVEAU DE PREUVE IV-1) teines ou d’enzyme dans les urines, techniques de biologie moléculaire. Ces techniques augmentent de façon significa- La TDM thoraco-abdominale est l’examen recommandé tive le taux de dépistage des tumeurs de bas grade (88,73,63) pour le bilan d’extension des tumeurs infiltrantes. Elle pré- mais par le biais d’une augmentation considérable de la tech- sente des limitations pour le bilan d’extension local dans les nicité de l’examen, de sa durée et de son coût. Elle sont par- organes de voisinage malgré les reconstructions orthogona- fois responsables d’une diminution de la spécificité de l’exa- les de base avec une fiabilité globale qui varie de 50 à 92 % men (35) et pourraient induire des explorations abusives. tous stades confondus. Le risque de surestimation ou de Pour cette raison, la cytologie, malgré ses imperfections sous-estimation est voisin de 15 % (65,70). Par ailleurs, elle reste un outil de référence pour le dépistage et la surveillan- évalue le fonctionnement rénal. Elle est informative même ce des tumeurs vésicales (20) (niveau de preuve IV-2). en cas d’obstruction urétérale contrairement à l’UIV (niveau de preuve III-1). 3. Examens d’imagerie IRM : Les performances sont supérieures à celles de la TDM a) Diagnostic de tumeur vésicale pour préciser les stades >T3 et l’exploration de la cavité pel- 1-ECHOGRAPHIE (NIVEAU DE PREUVE III-1) vienne. Elle peut intervenir en complément lors d’une hési- tation diagnostique sur le parenchyme hépatique avant le La sensibilité de l’échographie urinaire par voie sus-pubien- recours à la ponction-biopsie échoguidée. ne associant l’examen du rein et de la vessie varie de 61 % • Localisations ganglionnaires: Le critère diagnostique en à 84 % pour les tumeurs de type polypoïde > à 5 mm. Le TDM hélicoïdale et en IRM est basé uniquement sur la diagnostic différentiel se pose parfois avec des caillots. Une taille du ganglion suspect. Les valeurs seuils de 12 ou 15 échographie négative ne permet pas d’éviter la cystoscopie. Si le patient est adressé avec une échographie évoquant for- mm ont été rapportées dans les publications pour identi- tement une tumeur vésicale, l’étape de la cystoscopie dia- fier les adénopathies métastatiques pelviennes. Une étude gnostique avant la résection endoscopique sous anesthésie plus récente (91) propose dans le plan axial médian une est optionnelle (niveau de preuve IV-2). dimension moyenne de 8 mm de grand axe avec 3 mm de petit axe. Cette valeur varie en fonction du site anato- 2-UIV (NIVEAU DE PREUVE III-1) mique, les ganglions iliaques communs étant les plus lar- L’UIV peut faire la preuve de l’origine d’une hématurie mais ges, avec une limite supérieure de plus petit axe de 9 à 10 la sensibilité de cet examen est faible pour la détection d’une mm, suivi par les ganglions iliaques externes avec 8 mm tumeur de vessie (41). Elle reste cependant l’examen de réfé- puis iliaques internes de 7 mm. Une revue de la littératu- rence pour la détection d’une tumeur du haut appareil. re entre 1980 et 1994 (93) ainsi que d’autres travaux ne montrent pas de différence significative entre la TDM et 3-TDM (NIVEAU DE PREUVE IV-2) l’IRM avec une sensibilité globale de 36 % et une spéci- La TDM hélicoïdale multibarrettes avec une technique parti- ficité entre 80 et 97 %. La TDM hélicoïdale convention- culière pour les voies urinaires comprenant plusieurs phases nelle reste la méthode la plus couramment utilisée et la d’acquisitions et des reconstructions volumiques multipla- plus facilement accessible pour détecter une adénoméga- naires permet d’étudier la vessie et le haut appareil urinaire. lie. L’impact de ces imageries est donc limité pour la déci- Elle a des résultats comparables à ceux de l’UIV pour l’ana- sion thérapeutique en raison de leur faible sensibilité et de lyse de la voie excrétrice et supérieurs pour l’étude du paren- la spécificité imparfaite (22). chyme rénal et de la vessie chez les patients présentant une • Métastases osseuses : L’examen de 1ère intention est la hématurie (80). scintigraphie osseuse, indiquée en cas de symptômes évo- b) Bilan d’extension cateurs. Les foyers suspectés seront contrôlés par radiolo- 1-TUMEUR SUPERFICIELLE (NIVEAU DE PREUVE IV-2) gie conventionnelle et éventuellement par tomodensito- métrie en fenêtre osseuse ou IRM. Un complément par • l’UIV pour rechercher une autre localisation sur l’appareil ponction biopsie sous TDM est à envisager en dernier urinaire (26,46,82,83). recours si le doute persiste. • la TDM hélicoïdale conventionnelle en première intention • PET FDG– CT : Il n’y a pas de données suffisantes ou pour exclure certains diagnostics différentiels évoqués actuellement pour le recommander dans le bilan des à l’UIV. Elle est d’autant plus intéressante qu’il s’agit tumeurs urothéliales 962
4. Endoscopie La résection d’une tumeur dans un diverticule est délicate et dangereuse et l’exérèse complète est en principe non réalisa- Le diagnostic de la tumeur de vessie dépend principalement ble. de l’examen endoscopique et de l’examen histologique de la totalité de la lésion réséquée. Si la lésion intéresse un orifice urétéral, il est conseillé d’é- • Endoscopie diagnostique (niveau de preuve IV-2) viter le courant de coagulation et de laisser en place une sonde urétérale pour quelques jours si nécessaire. La cystoscopie diagnostique est réalisée habituellement par fibroscopie sous anesthésie locale par gel intra-urethral de 5. Diagnostic anatomo-pathologique lidocaïne chez l’homme et sans anesthésie chez la femme Le diagnostic de la tumeur superficielle impose l’examen de (32,38,76). la totalité des copeaux de résection (17,58) (niveau de preu- Cet examen n’est pas nécessaire pour asseoir le diagnostic et ve IV-2). Le grade et le stade tumoral restent les deux critè- programmer la résection trans-uréthrale si le diagnostic de res fondamentaux dans la prise en charge ultérieure. tumeur de vessie est suspecté sur l’imagerie ou la cytologie En ce qui concerne l’évaluation du grade, de nouvelles pro- urinaire. positions de classification ont été faites en 98 et 99 (34). Ces La fibroscopie précise le nombre, la taille, la topographie, nouvelles classifications ont été sources de controverses l’aspect de la tumeur et de la muqueuse vésicale. parmi les pathologistes français (16). Cette année est parue • Résection vésicale (niveau de preuve IV-2) une nouvelle classification OMS 2004 (5) qui reprend les critères de la classification OMS/ISUP 1998 déjà largement Cette intervention chirurgicale, à mener de façon rigoureuse, utilisée et en cours de validation en Europe et dans les pays constitue le premier temps du traitement de la tumeur. anglo-saxons (79,66,36,95). Cette classification doit être uti- Elle est menée sous anesthésie générale ou loco-régionale lisée progressivement par les pathologistes français comme après vérification de la stérilité des urines. cela est recommandé par l’UICC même si pendant un certain temps la classification OMS 73 doit être également fournie Une palpation vésicale bi-manuelle peut être effectuée dans aux cliniciens (58). Le problème de cette nouvelle classifi- un premier temps, à vessie vide, pour évaluer une éventuel- cation est qu’il n’existe pas de consensus dans la conversion le fixation de la tumeur à la paroi. entre OMS 73 et OMS 2004, chaque pathologiste, en fonc- Le premier temps est exploratoire et consiste en la réalisation tion de son interprétation de la classification OMS 73 doit d’une cartographie qui précise le nombre de tumeurs, leur adapter sa réponse à la nouvelle classification (cf tableau). topographie en particulier par rapport à l’urèthre prostatique C’est ainsi que les pathologistes qui ont un fort pourcentage et aux orifices urétéraux, leur taille, leur aspect et celui de la de tumeur G1 OMS 73 auront plus de facilités à les scinder muqueuse vésicale (71,75). en un groupe de tumeurs de faible potentiel de malignité et L’objectif de l’intervention est la résection de la ou des un groupe de carcinome de bas grade qu’un pathologiste qui tumeurs dans leur totalité, surtout si l’aspect est celui d’une a un très faible pourcentage de G1 qui aura plus tendance à tumeur à priori superficielle. Si l’aspect est celui d’une les reclasser tous en tumeur de faible potentiel de malignité. tumeur manifestement infiltrante, la résection doit être éga- lement la plus complète possible si une cystectomie n’est pas OMS 1973 papillome carcinome carcinome carcinome envisagée. G1 G2 G3 Dans tous les cas, la résection doit atteindre la musculeuse OMS 2004 papillome LMP ou Carcinome bas Carcinome vésicale. Si le prélèvement n’en comporte pas, une résection carcinome grade ou haut grade itérative est à programmer en dehors des tumeurs TaG1. bas grade carcinome haut grade S’il s’agit d’une résection de réévaluation, l’intervention obéit aux mêmes principes de résection complète et profon- En ce qui concerne le stade, le matériel de résection ne per- de. met pas de statuer sur la profondeur de l’infiltration du mus- cle et ne permet pas d’aller au-delà du stade « T2 au Des biopsies randomisées de la muqueuse ne sont pas à réali- moins ». En effet, la présence d’ilôts de tissu adipeux ne ser en routine. Elles sont indiquées sur les zones anormales signifie pas que la séreuse soit intéressée car du tissu adipeux évoquant un carcinome in situ et au niveau de l’urèthre pro- est présent au sein de la musculeuse et du chorion (58,34) statique chez l’homme si l’aspect endoscopique évoque une (niveau de preuve IV-2). tumeur infiltrante et qu’une cystectomie avec remplacement vésical peut être envisagée. Elles peuvent être réalisées à Il est souhaitable, lorsque c’est possible, de sous-stadifier l’anse de résection ou mieux à la pince froide avec coagula- l’infiltration du chorion en T1a (chorion superficiel ) et T1b tion d’un éventuel saignement (76,97). (chorion profond) (3,48) (niveau de preuve III-2). 963
II. TUMEURS DES VOIES EXCRÉTRICES 1. Examens recommandés SUPÉRIEURES • La cytologie urinaire est très évocatrice si la cystoscopie est normale. Examens recommandés • L’uro-scanner est plus spécifique que l’UIV. Il permet • UIV également un bilan loco-régional. Il peut cependant être • Urétéropyélographie rétrograde lorsque les cavités ou mis en défaut, en particulier dans les petites tumeurs la cause de la dilatation ne sont pas visibles à l’UIV (19,63). Bien qu’il n’y ait pas de grandes séries décrivant les résultats de la tomodensitométrie dans les tumeurs de • Cystoscopie pour éliminer une tumeur vésicale asso- la voie excrétrice, il est probable que cet examen va rem- ciée placer l’UIV graduellement dans cette indication. • Cytologie urinaire très évocatrice si la cystoscopie • L’UIV peut montrer une lacune, une amputation de tout est normale ou partie d’un système collecteur ou une dilatation des • Uro-scanner plus spécifique que l’UIV, permettant cavités pyélo-calicielles (12). Les diagnostics différentiels également un bilan loco-régional mais pouvant sont nombreux cependant (essentiellement les calculs cependant être mis en défaut, en particulier dans les radio-transparents, les caillots, les nécroses papillaires). petites tumeurs • L’urétéropyélographie rétrogade est nécessaire lorsque les Autres méthodes diagnostiques : cavités ou la cause de la dilatation ne sont pas visibles à l’UIV. • Brossage biopsique : peut-être fait lors d’une urété- roscopie ou sous radioscopie • La cystoscopie vérifie l’absence de tumeur vésicale asso- ciée. • Urétéroscopie : utile en cas de doute diagnostique ou si traitement conservateur envisagé 2. Autres méthodes diagnostiques • Bilan d’extension (tumeur T1 haut-grade ou plus) • Le brossage biopsique : peut-être fait lors d’une urétéros- identique à celui des tumeurs de vessie copie ou sous radioscopie. La sensibilité rapportée dans la littérature est bonne à excellente (78% à 100%) (40,96). Les tumeurs des voies excrétrices sont découvertes, soit devant des signes cliniques, soit dans le cadre du bilan d’une • L’urétéroscopie : Utile en cas de doute diagnostique, en tumeur de vessie (39). 2 à 4 % des patients ayant une tumeur particulier lorsque la cytologie reste normale ou si un trai- de vessie développent une tumeur des voies excrétrices supé- tement conservateur est envisagé. Elle permet un brossa- rieures de façon synchrone ou métachrone mais certaines ge et/ou des prélèvements biopsiques à la pince froide études font état de pourcentages plus importants allant jus- sous contrôle de la vue (53,43). Il n’y a pas d’arguments qu’à 20 %. Cela justifie une surveillance du haut appareil actuellement en faveur de la possibilité d’un essaimage urinaire par urographie intra-veineuse dans le suivi des due à l’hyperpression ou au traumatisme mécanique de tumeurs de vessie traitées, soit en fonction de la cytologie, l’urétéroscopie (45). Les complications de l’urétéroscopie soit lors de chaque récidive, soit de façon systématique tous diagnostique (perforation, sténose urétérale) sont rares les 2 ans dans les tumeurs de haut grade. (0,5%-4,6%) et vont en diminuant avec la miniaturisation des appareils (42). Les recommandations diagnostiques proposées reposent essentiellement sur des séries de patients consécutifs • Le bilan d’extension (tumeur T1 haut-grade ou plus) est (Niveau de preuve III-3). identique à celui des tumeurs de vessie. 964
III. TRAITEMENT DES TUMEURS DE VESSIE TIS/Ta/T1 (N0, M0) Classification des tumeurs de vessie n’envahissant pas le Les options thérapeutiques visant à préserver la vessie (trai- détrusor en fonction du pronostic : tement conservateur) comprennent : la résection trans-urétra- le (RTUV), la cystectomie partielle, les instillations endo- • faible risque : Ta unique, grade 1 (LMP ou bas-grade) vésicales, la radiothérapie et la chimiothérapie systémique. inférieur à 3 cm non récidivé Les instillations endo-vésicales sont de deux types : la chi- • risque intermédiaire : Ta grade 1-2 multifocal et/ou miothérapie (Mitomycine C [MMC]) et l’immunothérapie récidivante, T1 grade 1 -2 (LMP ou bas-grade) (Bacille de Calmette et Guérin [BCG]). • haut risque : Ta grade 3 (haut-grade), T1 récidivante, Le traitement des tumeurs superficielles de vessie (TSV) doit T1 grade 3 (haut-grade), CIS prendre en compte un certain nombre de facteurs de risque de récidive et de progression. Ces facteurs pronostiques de réci- dive sont par ordre décroissant : le nombre de tumeurs, Traitements recommandés : l’existence d’une récidive à trois mois après la résection • Prévenir le patient de l’intérêt de l’arrêt du tabagisme et initiale, la fréquence des récidives, la taille de la tumeur, le des expositions à des carcinogènes (niveau de preuve grade. Le risque de progression est lié au grade et au stade IV-1) tumoral. Selon ces facteurs, les TSV se présentent clinique- • Résection endoscopique complète suivie en l’absen- ment en trois groupes à risque : ce de contre-indication d’une instillation post-opé- • Faible risque (FR) : Ta unique, grade 1, tumeur inférieu- ratoire précoce (moins de 24h) de chimiothérapie re à 3 cm, absence de récidive à 3 mois. intra-vésicale (Niveau de preuve I) • Risque intermédiaire (RI): Ta G1-2 multifocale et/ou Puis en fonction du risque attribué à la tumeur récidivante, T1G1-2. • Tumeur à faible risque : surveillance simple. • Haut risque (HR) : TaG3, T1G3, T1 récidivant, Cis. (Niveau de preuve IV-1) • Tumeur à risque intermédiaire : instillations intra- vésicales : immunothérapie ou chimiothérapie. I. LES TRAITEMENTS CONSERVATEURS (Niveau de preuve I) 1. RTUV : • Tumeur à haut risque : La résection transurétrale de vessie est effectuée sous anes- - Résection endoscopique complète suivie à 3 ou 4 thésie loco régionale ou générale. semaines d’un traitement adjuvant par instillations Cette résection doit être profonde comportant un plan mus- endo-vésicales (Niveau de preuve I) : immunothé- culaire. Des biopsies randomisées sur zones optiquement sai- rapie par BCG intra-vésical de préférence à la chi- nes ne sont pas indiquées de façon systématique (20) (Niveau miothérapie par mitomycine (Niveau de de preuve II). Celles çi doivent par contre être effectuées en preuve III) cas de zones suspectes évoquant un carcinome in situ associé - Cystectomie en cas de récidive précoce sur le mode ou en cas de cytologie positive sans tumeur solide. Des biop- d’une tumeur à haut risque après instillations intra- sies de l’urètre prostatique sont indiquées lorsque l’on vésicales adjuvantes de BCG (Niveau de preuve suspecte un carcinome in situ ou un envahissement de l’urè- IV-1) tre prostatique, ou afin d’évaluer l’extension avant cysto- Autres traitements: prostatectomie. La détection des tumeurs vésicales par fluo- rescence est en cours d’évaluation. La relecture anatomo- • Une réévaluation endoscopique est souhaitable en cas pathologique des lames est souhaitable et ce d’autant plus de tumeur T1 volumineuse et/ou multifocale. Cette que la tumeur est agressive (T1 G3) pouvant permettre de réévaluation est effectuée au moyen de biopsies avec ou reclasser la tumeur dans un stade supérieur dans environ 10% sans résection complémentaire environ un mois après la des cas, et ainsi modifier le projet thérapeutique initial (45) résection initiale, avant la mise en route du BCG. (Niveau de preuve II). De la même façon, une réévaluation (Niveau de preuve IV-1) endoscopique est fortement recommandée en cas de • Le traitement d’entretien par BCG est souhaitable dans tumeur de stade T1, de grade élevé, volumineuse et/ou mul- les tumeurs à haut risque (Niveau de preuve III) tifocale. En effet plusieurs études ont mis en évidence une sous évaluation des résultats des prélèvements initiaux cons- 965
tatée lors de la deuxième résection dans près de 20 à 30 % - ECBU avant chaque instillation des cas (8,16) (Niveau de preuve III). Cette sous évaluation - 40 mg de MMC dans 40 ml de solvant est d’autant plus fréquente que la biopsie initiale ne contient pas de muscle (16) (Niveau de preuve III). Cette réévalua- - Réduction de la diurèse (0.62 ml/min) 8 heures avant et tion est effectuée dans les 15 jours à 1 mois après la résec- pendant l’instillation tion endoscopique initiale. - Alcalinisation des urines : NaHCO3 1.3 g la veille, le matin et 30 min avant 2. Les instillations endovesicales : - Vérification de l’absence de résidu post-mictionnel avant a) Mitomycine C l’instillation • LES MODALITÉS DU TRAITEMENT - Durée d’instillation de 2 heures La plupart des drogues testées ont un effet sur la récidive. La Comme pour les IPOP, les conditions dans lesquelles sont Mitomycine C est la chimiothérapie la plus utilisée en Fran- réalisées les instillations sont essentielles car la Mitomycine ce. Une instillation précoce post opératoire a été proposée C peut-être facilement inactivée ou trop diluée. Le contrôle pour prévenir l’implantation tumorale au cours de la résec- du pH urinaire, la restriction hydrique, la durée d’adminis- tion. L’instillation post-opératoire précoce (IPOP) vise à tration sont impératifs. réduire le risque de récidive précoce (Niveau de preuve I) liée à la greffe de cellules tumorales libérées lors de la résec- L’efficacité de la MMC dépend fondamentalement des tion ou résiduelle (Niveau de preuve IV-1). Cette instillation conditions de son administration, ceci reste un point est réalisée dans les 24 heures qui suivent la résection important dans l’évaluation des résultats et de la crédibilité de leur analyse. (Niveau de preuve II), en l’absence d’hématurie macrosco- pique ou d’une brèche vésicale (Niveau de preuve III-2). Les données actuelles sont non concordantes sur l’intérêt et les modalités d’un traitement de maintenance (Niveau L’importance de réaliser cette instillation dans les 24 de preuve II). En associant à une IPOP une série de 4 instilla- heures semble confirmée par rapport aux instillations plus tions trimestrielles de 40mg de MMC Tolley (43) démontre tardives avec une diminution significative du risque de réci- une réduction de 34 à 50% du nombre de récidives mais ceci dive passant de 60% à 40% si l’instillation à lieu après les 24 reste statistiquement non significatif. Bouffioux (7), estime, premières heures post opératoire (18) (Niveau de preuve II). dans l’analyse des études 30831 et 30832 de l’EORTC sur Aucun effet sur la progression tumorale n’a été rapportée des tumeurs de risque intermédiaire, qu’une instillation pré- Les données de la littérature confirment un faible passage coce de 30 mg de MMC, ou de 50 mg de Doxorubicine systémique de la Mitomycine et une bonne tolérance. Les durant au moins une heure, réduit la nécessité d’un traite- effets indésirables principalement rapportés sont des effets ment d’entretien . L’étude montre qu’en l’absence d’instilla- locaux à type de cystite chimique ainsi que des allergies tion dans les 24 heures suivant la RTUV, un traitement pro- cutanées. Ces réactions surviennent en général après la 5ème longé s’avère par contre nécessaire. Dans ce cadre, il n’y a instillation pouvant aboutir à l’arrêt du traitement dans 30% pas d’évidence pour poursuivre un traitement d’entretien par des cas (2) Niveau de preuve III). Une étude randomisée a chimiothérapie intra vésicale plus de 6 mois (pas de modifi- souligné l’importance de la méthodologie dans l’efficaci- cation du taux de récidives). Les résultats de ces études sont té de la Mitomycine C avec une réduction significative du à prendre cependant avec précaution compte tenu du fait que risque de récidive dans la bras de traitement optimisé rece- le schéma d’instillation complémentaire dans celles ci n’est vant 40 mg de Mitomycine C associée à une réduction de la pas celui actuellement recommandé. diurèse 8 heures avant, une alcalinisation des urines la veille, le matin et 30 minutes avant le traitement ainsi qu’une durée b) BCG d’instillation de 2 heures (42) (Niveau de preuve II). 1. INDICATION DE LA DEUXIEME RESECTION AVANT BCG THERAPIE Dans la littérature plusieurs protocoles ont été utilisés. Il n’y a pas de schéma d’instillations hebdomadaires réellement Toute immunothérapie par le BCG doit être précédée d’une optimum démontré mais le traitement actuellement clas- RTUV complète. Une réévaluation endoscopique (RTUV de sique est de 6 à 8 instillations hebdomadaires de 40 mg 2ème look) est parfois souhaitable et peut être effectuée un dans 40 cc suivi ou non d’instillations mensuelles (Niveau mois après la résection initiale, et avant la mise en place du de preuve IV-2). Les modalités recommandées par l’AMM traitement par BCG. En effet, avant d’engager un patient pour le traitement curatif des TSV à risque intermédiaire vers un traitement conservateur, dont l’efficacité est directe- après résection transuréthrale (RTUV) est le suivant : ment liée au caractère superficiel de la tumeur initiale et au fait que la résection ait été complète, il est nécessaire d’éli- Une instillation de 40 mg de Mitomycine C par semaine pen- miner dans certains cas le risque de sous stadification tumo- dant 8 semaines. rale et de procéder à la résection complémentaire d’une Les modalités de ces instillations sont les suivantes éventuelle maladie résiduelle. Certains auteurs ont ainsi rap- 966
porté près de 30% de tumeurs initialement classées pT1 sur guée, d’un ECBU. Chaque instillation effectuée au cours la résection comme étant de stade tumoral supérieur ou égal d’un cycle d’entretien sera précédée d’un examen clinique et à pT2 sur la pièce de cystectomie (10) (Niveau IV-1). Dans d’un ECBU (9) (Niveau de preuve IV-2). d’autres séries, la fréquence de la maladie résiduelle superfi- cielle après RTUTV est proche de 75% et dans 29% des cas Recommandations : avant de débuter un traitement est de type infiltrant (16) (Niveau de preuve IV-1). Dans le de base ou d’entretien par BCG même esprit Brauers ont rapporté une modification du stade • Eliminer les contre indications pathologique superficiel au stade infiltrant impliquant un changement de stratégie consécutif à la deuxième résection • Examen clinique pour 29% des malades (8) (Niveau de preuve IV-1). • ECBU moins de 4 jours Mais quels sont actuellement les indications de deuxième • NFS, ionogramme sanguin, urée et créatinine plas- résection avant BCG ? matique Une deuxième RTUTV semble conseillée avant d’engager • ASAT, ALAT, Bilirubine libre plus conjuguée, les patients vers un traitement conservateur par BCG pour γGT, Phosphatases alcalines les patients présentant des résections incomplètes, des tumeurs multifocales, du Cis associé, une tumeur du dôme • PSA chez l’homme ou de la face antérieure de la vessie (10) (Niveau de preuve • Radiographie de Thorax de Face IV-1). Cette deuxième résection doit décrire la présence de • IDR 10 unités de tuberculine (optionnel) muscle. En effet 14% des pT1 avec muscle sont en fait des pT2 sur la pièce de cystectomie contre 49 à 64% lorsque le Recommandations : avant toute instillation muscle n’est pas décrit (12,16) (Niveau de preuve IV-1). (traitement de base ou d’entretien) Recommandations : Deuxième RTUTV avant BCG • Examen clinique et évaluation des effets secondai- res de l’instillation précédente • Résection incomplète • ECBU de moins de 4 jours • Muscle non vu • Tumeurs multifocales 3. LE SCHEMA THERAPEUTIQUE OPTIMAL • Tumeurs papillaires et Cis associé Le schéma thérapeutique optimum de traitement par le BCG • Tumeurs du dôme ou de la face antérieure demeure à définir. En effet de nombreux protocoles ont été proposés (6 instillations, 8 instillations, 6+6, et enfin l’utili- sation du traitement d’entretien). Il existe de plus des varia- 2. LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES AVANT TRAITEMENT tions liées à des voies d’administration additionnelles (intra- PAR BCG dermique) ou liées aux différentes souches de BCG utilisées. Dans tous les cas, le BCG ne sera débuté qu’au moins 3 Les études initiales cherchant à valider l’intérêt du traitement semaines après le dernier acte endoscopique en l’absence de d’entretien n’ont pas mis en évidence de différence signifi- toute hématurie macroscopique et d’infection urinaire. La cative (3) (Niveau de preuve I). Elles étaient composées de première instillation sera précédée d’un examen clinique et faibles effectifs ou présentaient un délai de suivi faible. Les d’examens biologiques complémentaires minimums, afin résultats rapportés par D.L Lamm, ont relancé le débat de d’éliminer les principales contre-indications et de pouvoir l’intérêt du traitement d’entretien et confirment que le traite- avoir un examen de référence en cas de complication propre ment par six instillations hebdomadaires n’est pas le schéma à la BCG thérapie. optimum. L’utilisation d’un traitement d’entretien par trois Lors de l’initiation du traitement de base par six instillations instillations hebdomadaires complémentaires à 3, 6, 12, 18, hebdomadaires, les examens précédant le traitement sont : 24, 30 et 36 mois pourrait améliorer les résultats en terme de un examen clinique, une NFS, un ionogramme sanguin, un survie sans récidive (25) (Niveau de preuve I). Cet effet étant dosage de l’urée et de la créatinine plasmatique, un dosage essentiellement visible sur les délais moyens de récidive (36 des ASAT, ALAT, γGT, bilirubine libre et conjuguée, un mois sans traitement d’entretien et 77 mois avec traitement ECBU, une radiographie de thorax +/- associée à une IDR à d’entretien) (22) (Niveau de preuve I). La dose standard la tuberculine, et un dosage du PSA chez l’homme. Puis, recommandée par la société Aventis Pasteur® est de 81 mg chaque instillation sera précédée d’un nouvel examen cli- (ImmuCyst®). En pratique après le traitement d’attaque et nique et d’un ECBU effectué moins de quatre jours avant bien souvent dès les 3 premières instillations de rappel la l’instillation (9) (Niveau de preuve IV-2). Chaque cycle tolérance devient médiocre et il est nécessaire de différer ou d’entretien sera précédé d’une NFS, d’un ionogramme san- de diminuer les doses, voire de stopper le traitement (33) guin, d’un dosage de l’urée et de la créatinine plasmatique, (Niveau de preuve III-1). Dans une étude rapportée par D.L. d’un dosage des ASAT, ALAT, γGT, bilirubine libre et conju- Lamm, seulement 16% des malades ont pu recevoir le trai- 967
tement complet (22). Pour limiter les effets indésirables Afin de rationaliser les modalités de prise en charge de ces associés au traitement d’entretien plusieurs auteurs ont traité effets indésirables, certains auteurs ont développé un systè- leurs patients en diminuant les doses et en conservant une me de mesure et d’évaluation de ces effets, système qui peut efficacité similaire (24,25,31) (Niveau de preuve IV-1). être utilisé à l’échelle individuelle (33) (Niveau de preuve Cependant pour le traitement des tumeurs à haut risque (Cis, III-1). Cette classification tient compte du type d’effet indé- pT1G3, tumeurs multifocales) l’utilisation de faibles doses sirable associé à l’instillation, de sa sévérité et de sa durée. doit être déconseillée au vu d’autres résultats qui rapportent Elle définit ainsi quatre groupes (I,II,III,IV) et deux sous 25% de progression pour des patients traités à 1/2 dose pour groupes en fonction du caractère général (A) ou loco-régio- des tumeurs pTaG3 (23) (Niveau de preuve IV-1). La pleine nal (B) de l’effet indésirable observé. Les effets loco-régio- dose comparée à l’utilisation de 1/3 de dose semble de plus, naux (B) étant les effets indésirables associés aux instilla- dans une autre étude, plus efficace pour le traitement des tions, les plus fréquents. A chaque classe d’effet indésirable tumeurs multiples (25) (Niveau de preuve I). Cette notion de est associé une attitude thérapeutique (9) (Niveau de preuve diminuer les doses de BCG sans risque tumoral a depuis été IV-2). confirmé pour les tumeurs de risque intermédiaire (26,31) Le praticien peut alors définir un traitement individuel basé (Niveau de preuve IV-1). Cependant pour les tumeurs à haut sur cette échelle de tolérance et allonger par exemple l’inter- risque (Tumeurs de haut grade et/ou multifocales) le traite- valle entre deux instillations (traitement différé) ou encore ment doit être réalisé à pleine dose et modulé en fonction de réduire les doses (Tableau 1 et 2) (33) (Niveau de preuve III- la tolérance. 1). Recommandations : Schéma thérapeutique Les effets indésirables (EI) de classe I (EI minimes et modé- • Dose 81 mg par instillation lors du traitement d’at- rés n’évoluant pas plus de 48 heures) et de classe II (mini- taque mes ou modérés évoluant entre 48 heures et 7 jours) ne nécessitent pas la plupart du temps de traitement. Rarement • Minimum 6+3 instillations on pourra prescrire des antalgiques de type paracétamol, des • Schéma d’entretien à 6, 12, 18, 24,30, et 36 mois à anticholinergiques ou encore des antispasmodiques. Ces discuter en fonction de la réponse et de la toléran- effets indésirables ne nécessitent pas d’hospitalisation. ce (adaptations de dose et report d’instillation à Les effets indésirables de classe III (EI sévères ou modérés discuter) évoluant depuis plus de 7 jours ou complications infectieu- ses locorégionales sévères) doivent faire discuter l’hospitali- 4. PRISE EN CHARGE DES EFFETS INDESIRABLES DU BCG sation, un traitement de type AINS et Oflocet®, et en cas d’i- nefficacité une bithérapie antituberculeuse (trithérapie pour Les patients bénéficiant de six instillations endo-vésicales de les infections du rein) plus ou moins associée à un traitement BCG présentent fréquemment des effets indésirables par corticoïdes. mineurs ou modérés, essentiellement de type cystite aigue ou sub-aigue. De nombreuses publications, après avoir montré Les effets indésirables de classe IV (Effet indésirables gra- l’intérêt du traitement d’entretien pour prévenir la récidive ves) doivent conduire à l’hospitalisation en urgence et à un tumorale, ont montré une recrudescence de ces effets indési- traitement par trithérapie antituberculeuse et corticoïdes rables. La prescription du BCG nécessite donc une parfaite intra-veineux. connaissance des effets indésirables qui lui sont associés et surtout une parfaite connaissance de leur prise en charge thé- rapeutique pour ne pas exposer les patients à des complica- tions parfois gravissimes voire mortelles. Mais si la tolérance semble diminuer avec l’emploi de sché- mas intensifs d’instillations, les réactions sévères peuvent aussi intervenir dès la première instillation (46) (Niveau de preuve II). L’utilisation de l’isoniazide pour prévenir ces manifestations a été proposée, mais aucune différence signi- ficative, notamment en terme d’effets indésirables systé- miques n’a été notée dans une étude randomisée conduite par l’EORTC (46) (Niveau de preuve II). 968
Tableau 1 969
Tableau 2 970
Recommandations : Traitement des effets (Niveau de preuve I) indésirables du BCG • TSV à risque intermédiaire : RTUV complète suivie Effets indésirables de classes I et II : d’une IPOP puis d’une série de Mitomycine à raison de 6 à 8 instillations hebdomadaires de 40 mg. 6 mois • Pas d’hospitalisation traitement symptomatique d’instillations mensuelles peuvent être discutées Les Effets indésirables de classe IIIA (Signes généraux instillations de BCG peuvent être discutées dans le traite- persistants plus de 7 jours): ment de ce groupe de tumeur (29) (Niveau de preuve IV- 2). Cependant, pour les tumeurs de risque intermédiaire le • Hospitalisation puis AINS + Oflocet® pdt 7 Jours BCG n’a pas montré de supériorité par rapport à la Mito- • Si échec = (Isoniazide + Rifampicine + Corticoïdes) mycine (5,35) (Niveau de preuve I). ou (Oflocet®+ Corticoïdes) jusqu’à résolution des signes • TSV à haut risque : résection endoscopique complète • Discuter concessions temporelles, réduction des suivie à 3 ou 4 semaines d’un traitement adjuvant par doses, arrêt du BCG instillation endovésicale de BCG de préférence à la chimiothérapie intravésicale par Mitomycine (Niveau Effets indésirables de classe IIIB (« Cystite » persis- de preuve III). Le traitement d’entretien s’il est bien sup- tante plus de 7 jours): porté est souhaitable (Niveau de preuve III). En effet, la • Pas d’hospitalisation et AINS + Oflocet® pdt 7 Jours différence entre les deux molécules semble d’autant plus en faveur du BCG que les tumeurs appartiennent au grou- • Si échec = (Isoniazide + Rifampicine + Corticoïdes) pe à haut risque et que l’on utilise le traitement d’entretien ou (Oflocet® + Corticoïdes) jusqu’à résolution des du BCG. Même si la supériorité de la BCG thérapie sur la signes MMC pour la prévention de la progression tumorale à • Discuter concessions temporelles, réduction des longtemps été discutée, celle-ci semblerait exister doses, arrêt du BCG (OR=0.77 ; 95% CI 0.57 à 1.03 ; p=0.081) (5) (Niveau de preuve I), surtout lorsque l’on utilise le traitement d’en- Effets indésirables de classe IIIB (Infections des tretien (OR=0.66 ; 95% CI 0.47 à 0.94 ; p=0.02). Une OGE et pyélonéphrite): autre méta analyse publiée par Sylvester confirme cette • Hospitalisation différence en faveur du BCG (OR=0.78 ; 95% CI 0.60 à • Arrêt définitif du BCG 0.89 ; p=0.001) avec une réduction de 27% de la progres- sion tumorale. Cet effet du BCG étant encore plus net • Isoniazide + Rifampicine pdt 3 mois (+ Ethambutol si dans les études avec traitement d’entretien (réduction de pyélonéphrite) 37% de la progression tumorale) (OR=0.63 ; 95% CI 0.51 Effets indésirables de classe IV: à 0.79 ; p=0.0004) (40) (Niveau de preuve I). Cette diffé- rence de progression dans la méta analyse de Böhle • Hospitalisation demeure cependant minime avec 7.67% de progression • Arrêt définitif du BCG dans le groupe BCG et 9.44% dans le groupe MMC (4) (Niveau de preuve I). De nombreux biais statistiques liés • Isoniazide + Rifampicine + Ethambutol + Corticoïdes au niveau de risque tumoral, à la durée de suivi, au type de BCG et aux schémas thérapeutiques peuvent participer II. LES INDICATIONS à ces différences (50) (Niveau de preuve II). 1. Traitement conservateur 2. Traitement radical : tumeurs refractaires au BCG : Résection endoscopique complète puis, en l’absence de quand definir l’echec therapeutique ? contre-indication , une IPOP de MMC aux tumeurs d’al- Le traitement conservateur ne doit pas faire perdre de vue la lure superficielle en évitant les tumeurs dont le diamètre nécessité de réaliser une cystectomie lorsque la récidive est excède 3 centimètres (2,6,19,44,47,48,49) (Niveau de preu- précoce et que le risque de progression tumorale comme de ve II-1). L’IPOP va augmenter l’intervalle libre sans récidi- mortalité spécifique devient très important. Toute la question ve (38,41,43) (Niveau de preuve I). Sans cette instillation le est quand poser l’indication du traitement radical ? risque de progression à 5 ans reste de 7.1% et de décès par tumeur à 10 ans de 4.3%. Si la discussion est minime devant une progression au sein de la musculeuse et une tumeur de stade supérieur ou égal au Puis en fonction du risque attribué à la tumeur : stade pT2, il est loin d’en être de même pour les récidives • TSV à faible risque : surveillance simple. En effet, pour superficielles post BCG thérapie. La définition même de des tumeurs de moins de 3 cm unique Ta G1, une IPOP tumeur réfractaire au BCG n’est pas clairement énoncée. unique de MMC est le seul traitement adjuvant de la Une telle définition pourrait cependant limiter les traitements résection à envisager dans la prévention des récidives additionnels et leurs effets indésirables, mais aussi participer 971
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