UD FO 37 - Force Ouvrière

 
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UD FO 37

Déconfinement, "la grande majorité des entreprises sont prêtes à accueillir les
salariés". Lundi 11 mai 2020 Medef TV
Sur TF1, Geoffroy Roux de Bézieux a souligné dimanche soir que "tout le monde va faire des
efforts" à partir de lundi. Il a évoqué également la question du temps de travail.
"La grande majorité des entreprises sont prêtes" à accueillir les salariés à compter du 11 mai, a
déclaré Geoffroy Roux de Bézieux. "Les entreprises ont travaillé d’arrache-pied (…) Elles ont dû
acheter des masques, des gels, des visières, des plexiglas, elles ont refait les bureaux", a-t-il ajouté.
Geoffroy Roux de Bézieux en est persuadé : "dans les entreprises, la confiance sera là demain",
ajoutant qu’"on ne peut pas faire une reprise contre les salariés".
Interrogé sur le temps de travail, Geoffroy Roux de Bézieux a déclaré que certes "il va falloir faire des
efforts, mais pour le moment le sujet numéro 1 c’est la reprise".
Pour lui, tout le monde va ensuite devoir faire des efforts, "les entreprises ont fait des efforts en
achetant tous ces matériels, il faut que les clients fassent des efforts aussi, que les Français passent
leurs vacances en France, que les maires redémarrent les chantiers qui sont arrêtés, et dans certains
cas – mais ça va dépendre des entreprises – il faudra peut-être travailler plus, mais aujourd’hui c’est
trop tôt pour le dire".

Chômage partiel : "Pas de raisons" que l'État continue de payer l'intégralité
des salaires du privé, selon Muriel Pénicaud. Lundi 11 mai 2020 Media services
Après le 1er juin, les entreprises vont devoir progressivement reprendre en charge les salaires
de leurs employés. La prise en charge du chômage partiel dans le secteur privé par l'État va
être progressivement réduit, dans le sillage du déconfinement, a prévenu lundi 11 mai la
ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
"Aujourd'hui, il y a 12,2 millions de salariés qui sont couverts par le chômage partiel", soit "six emplois
sur dix du secteur privé", a déclaré Mme Pénicaud sur LCI, en assurant que ce dispositif avait permis
d'éviter une vague de licenciements massifs. Mais "aujourd'hui, les conditions de la reprise sont là.
Donc il n'y a pas tellement de raison que ce soit l'Etat qui continue à payer l'intégralité des salaires de
12 millions de salariés en France", a poursuivi la ministre sur LCI.
"C'est pour ça qu'on va définir je pense dans la semaine quelle est la part de salaire que paiera
l'entreprise", a-t-elle précisé, en indiquant que ce montant n'était "pas encore décidé". "Ce sera
modeste dans un premier temps mais progressif", a-t-elle néanmoins promis.

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Les salariés du privé mis au chômage partiel par leur entreprise bénéficient actuellement d'une
garantie de 84% du salaire net (100% au niveau du Smic), que l'Etat et l'assurance chômage
remboursent intégralement aux employeurs dans la limite de 4,5 Smic. En raison du déconfinement, le
gouvernement a toutefois prévu que les entreprises contribuent dans des "proportions raisonnables"
aux salaires des employés maintenus au chômage partiel, après le 1er juin -l'objectif étant d'inciter à
la reprise d'activité. Le chômage partiel restera néanmoins pris en charge "à taux plein" dans certains
secteurs comme l'hôtellerie et la restauration, qui ne sont pas autorisés à reprendre leur activité.
Interrogée par l'hebdomadaire "Entreprise et carrières" sur la nécessité d'augmenter le temps de
travail comme l'a préconisé l'institut Montaigne, la ministre a répété que "le droit du travail comprend
déjà suffisamment de dispositions comme l'annualisation du temps de travail ou le recours aux heures
supplémentaires".
"Je serai contente le jour où la question de la durée du travail se posera vraiment... Dans une crise, il
faut se focaliser sur les sujets prioritaires", a-t-elle ajouté.
"Un monde nouveau"
De son côté, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire a appelé les Français à "se sentir
personnellement concernés" pour permettre à l'économie de repartir, tout en maintenant des
conditions sanitaires suffisantes dans le pays. "Nous rentrons dans un monde qui est nouveau, dans
lequel il faut que nous apprenions à conjuguer activité économique, travail et circulation du virus, et le
succès de ce défi que nous avons à relever, il dépendra de chacun d'entre nous", a affirmé le ministre
sur BFM Business.
Bruno Lemaire
Nous espérons une reprise importante du travail, que le plus grand nombre de salariés puissent
retrouver leur entreprise et remettre la France en état de marche, dans des conditions de sécurité
sanitaire maximale.
"Ce n'est pas uniquement les chefs d'entreprise, ce n'est pas uniquement les responsables
politiques, c'est chaque citoyen qui doit se sentir personnellement concerné", a-t-il insisté, tout en
souhaitant "une reprise importante du travail". Ce retour au travail et le redémarrage de nombreuses
entreprises doit permettre de "remettre la France en état de marche", mais "dans des conditions de
sécurité sanitaire qui doivent être maximales", a encore précisé M. Le Maire.

Une "nouvelle culture du travail" doit "se mettre en place partout dans l'économie française", a précisé
le ministre plus tard dans la matinée au micro de BFM TV, lors de la visite d'un chantier à Saint-
Germain-en-Laye (Yvelines). "Ici, sur ce chantier, tout est nouveau et demande d'avoir une nouvelle
culture du risque", a-t-il dit. Dans tous les secteurs, "il y aura une phase d'adaptation": la reprise de
l'activité économique représente "un défi qui est considérable, personne n'a de vérité révélée dès le
premier jour, il faut regarder ce qui marche, regarder ce qui ne marche pas et corriger au fur et à
mesure", a détaillé Bruno Le Maire.

Il a appelé à la poursuite du respect des gestes barrières dans les entreprises et les usines. "C'est
comme cela que nous réussirons le déconfinement, et c'est comme ça que nous retrouverons un
volume de production, une capacité productive au niveau de ce que doit être l'économie française",
a-t-il indiqué

Télétravail : une révolution à encadrer.            13 mai 2020 Les échos

La crise du coronavirus a fait exploser nos résistances, techniques et mentales, au télétravail. Dans ce
moment inédit où l'exception pourrait devenir la norme, il est urgent de poser quelques garde-fous
                                           Cet article a été écrit en télétravail, avec sans doute plus de
                                           concentration que s'il l'avait été au bureau. Le journalisme a
                                           beau être un métier à part, l'idée que le travail à distance est
                                           plus productif fait désormais consensus, ou presque. Moins
                                           de déplacements, pause-café et réunions font que les
                                           salariés travaillent généralement plus de chez eux, et mieux.
                                           Longtemps décrié, le travail à distance a ainsi conquis des
                                           territoires que l'on pensait inviolables : les salles de marché,
.                                          les écoles, les tribunaux

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Avec la fougue des nouveaux convertis, les chefs d'entreprise sont convaincus qu'ils tiennent là une
des grandes réponses à la crise - sanitaire mais surtout économique. Ce travers si français qu'est le
présentéisme semble à jamais condamné, et c'est tant mieux. La logique est aussi financière : elle
permet de dégager des surfaces de bureaux immenses, et donc de faire des économies
substantielles. Après PSA la semaine dernière, c'est au tour de Twitter d'avoir fait sensation, mardi, en
autorisant tous ses salariés à travailler indéfiniment de chez eux.

CFDT, CFTC et Unsa plaident pour une alternance entre télétravail et présentiel
14 mai 2020 AFP les échos
Alors que le Medef vient d'accepter d'ouvrir des discussions sur le télétravail, la CFDT, la CFTC
et l'Unsa publient des propositions communes. FO va faire bientôt de même.
L'Union des cadres CGT avait tiré la première, avant même que le Medef n'accepte d'ouvrir des
discussions sur le télétravail. S'appuyant sur une large enquête auprès des salariés sur le travail
pendant la crise du coronavirus , la branche de l'encadrement de la centrale de Philippe Martinez avait
présenté le 3 mai dernier un ensemble de propositions sur le sujet. Ce jeudi, la CFDT, la CFTC et
l'Unsa ont à leur tour rendu publiques un certain nombre de « préconisations » dans un communiqué
commun.
La crise a montré que le nombre de postes qui peuvent donner lieu à du télétravail est bien plus
important qu'on ne le pensait et cet aspect doit désormais être intégré dans la définition des postes,
constatent les trois syndicats. Elles y voient une raison supplémentaire pour que l'organisation du
télétravail passe par le dialogue social.
Double volontariat
Mais il est un point sur lequel elles excluent de revenir : ce n'est pas parce que le champ du télétravail
s'agrandit qu'il faut supprimer son conditionnement au double volontariat de l'entreprise et celle du
salarié. Et ce, qu'il soit régulier ou occasionnel. L'obligation doit demeurer une exception liée à la
menace d'épidémie ou cas de force majeure.
Le télétravail à 100 % n'est en outre pas une bonne solution, alertent les trois organisations. Travailler
hors du collectif comporte des risques psychosociaux « d'isolement et de perte de lien social »,
soulignés également par Force ouvrière qui devrait bientôt présenter, elle aussi, ses propositions.
Pour la CFDT, la CFTC et l'Unsa, « l'alternance télétravail/travail en présentiel doit être privilégié ».
Sachant que la partie télétravail ne doit pas forcément se dérouler au domicile mais peut aussi se
dérouler dans des « lieux tiers ». En outre, même en alternance, le travail à distance « n'est pas
adapté à tous », rappellent les syndicats
Pratiques managériales
Ils soulignent également qu'il faut que l'employeur mette à la disposition de son salarié en
télétravail « les outils (matériels, logiciels, accès sécurisé aux bases de données de
l'entreprise/administration…) et l'information sur les limites et les règles inhérentes à leur utilisation ».
Et que les pratiques managériales suivent.
« La confiance est un élément essentiel et incontournable pour réussir le déploiement du télétravail »,
notent la CFDT, la CFTC et l'Unsa. Cela implique notamment que le management veille à
une « régulation de la charge de travail », « mettre en place une gestion des horaires et le cadre du
droit à la déconnexion » et« à ne pas augmenter la charge mentale ».
Alors que certains employeurs voient dans le développement du télétravail l'opportunité de faire des
économies sur les locaux de l'entreprise, les trois organisations de salariés rappellent que de telles
réorganisations doivent se faire en concertation avec les représentants des salariés pour à la
fois « aborde [r] les conditions de travail dans les espaces de travail reconfigurés » et « des conditions
améliorées d'exercice du télétravail ».

Livret A : pendant le confinement, les Français ont massivement épargné. Le
Parisien avec AFP Le 14 mai 2020
La collecte du livret A, épargne privilégiée par les Français, a atteint un niveau historique au
mois d’avril.

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C'est un autre effet de la crise sanitaire, du confinement qui a suivi, et des moindres dépenses qui en
découlent. La collecte du livret A a atteint un niveau « historique » au mois d'avril, en pleine crise du
Covid-19.
En avril, le taux de collecte devrait être compris « entre 5 et 10 milliards » d'euros, a déclaré jeudi Éric
Lombard, Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, interrogé sur BFM Business. Un
montant qu'il qualifie de logique : les Français n'ont pas pu « consommer normalement puisque les
magasins étaient fermés ».
Éric Lombard a néanmoins jugé ce taux d'épargne « excessif », appelant à ce que « des incitations
soient données pour que cette épargne ressorte des comptes bancaires et du livret A pour
consommer plus ».
Déjà une collecte record en mars
Le directeur de la Caisse des dépôts rejoint ainsi les propos tenus à la mi-avril par le ministre de
l'Économie Bruno Le Maire, qui souhaitait de l'investissement et non de l'épargne pour relancer
l'économie.
En mars, le livret A avait déjà enregistré largement plus de dépôts des épargnants que de retraits,
portant la collecte mensuelle à 2,71 milliards d'euros, son niveau le plus élevé depuis 2009, avait
indiqué la Caisse des dépôts le 17 avril. Les chiffres officiels d'avril sont attendus mercredi prochain.
En France, les mesures sanitaires mises en place pour lutter contre le Covid-19 ont entraîné la
fermeture pendant plusieurs semaines des commerces non-essentiels. De nombreux secteurs en
grande difficulté espèrent un rebond de la consommation.

Ghana : le confinement a un peu plus affamé les enfants des rues 12 mai 2020 Reuters
Après trois semaines de confinement et une économie à l’arrêt, de nombreux enfants des rues
se sont retrouvés sans moyen de subsistance.
Des dizaines d’enfants attendent à l’ombre des arbres le long de la Giffard Road, une route située non
loin de l’aéroport international d’Accra. En ce début d’après-midi, la circulation est dense, le soleil est
haut. Dès que les feux passent au rouge, ils se faufilent entre les voitures, motos et autres « trotros »
(minibus privés) pour faire la manche, tendant les mains à travers les vitres ouvertes.
                           La scène se répète à de nombreux croisements de la capitale ghanéenne.
                           Selon les données officielles de la municipalité d’Accra, quelque 90 000
                           mineurs vivent à la rue dans la région. « De nombreux enfants gagnent de
                           l’argent grâce à l’économie informelle, notamment sur les marchés,
                           mais durant le confinement, certains se sont retrouvés sans aucun
                           moyen de subsistance », avance Selasie Gbeglo, une travailleuse sociale
                           investie depuis plus de vingt ans dans la défense des enfants.
C’est notamment le cas d’Akwasi. Le jeune garçon de 14 ans vit et travaille à Agbogbloshie, l’une des
plus grandes décharges de déchets électroniques au monde. Poussé par ses parents, des paysans
pauvres originaires du nord du pays, Akwasi habite depuis trois ans dans le bidonville. Frêle, vêtu de
haillons déchirés en de nombreux endroits, le jeune garçon gagne sa vie en brûlant des déchets
électroniques en plastique pour en récupérer le cuivre. Une activité qui lui rapportait quelques cedis
par jour, lui permettant tout juste de s’acheter à manger. « Durant le confinement, tout s’est arrêté. Je
ne pouvais plus sortir et aller vendre du cuivre », souligne-t-il, précisant avoir « eu faim tous les
jours ».
« Situation catastrophique »
Pour limiter la propagation du coronavirus, les autorités ont décidé dès le 27 mars – le pays comptait
alors 147 cas – d’instaurer un confinement à Accra, Kumasi et Tema, les trois plus grandes villes. Les
restrictions ont été levées le 21 avril par le président. En temps normal, Jasper aide les femmes sur
les marchés en transportant leurs cargaisons. Mais durant le confinement et la fermeture ordonnée de
tous les lieux de rassemblement, le garçon de 16 ans, originaire de Tamale, dans le nord du pays, n’a
pas pu travailler. En trois semaines, il n’a pas « gagné un cedi ». « Et malgré la levée des restrictions,
les affaires sont toujours lentes et de nombreuses personnes ne se rendent plus sur les marchés de
peur d’attraper la maladie », avance-t-il.

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Une situation qui ne se limite pas à la capitale. Kumasi, la deuxième ville du pays, située à 250
kilomètres au nord d’Accra, est aussi touchée. Selon les associations, plus de 20 000 enfants vivent
dans la rue. « Certains n’ont pas pris de douche pendant plusieurs semaines car ils n’en avaient plus
les moyens, et d’autres ne pouvaient même plus se rendre dans les toilettes publiques », se désole
sœur Olivia Umoh, présidente de Street Children Project, une ONG dépendante de l’archevêché de
Kumasi qui aide les enfants des rues.
L’association a distribué davantage de nourriture durant le confinement. « Pendant cette période, j’ai
vu des enfants affamés », poursuit sœur Olivia, un voile bleu posé sur sa tête. Ayisha est l’aînée d’une
fratrie de 8 enfants, originaire de Kpatinga, une localité située dans le nord du pays, à une centaine de
kilomètres à l’ouest du Togo. La jeune fille de 13 ans, qui n’est jamais allée à l’école, est arrivée à
Kumasi en février, poussée par sa grand-mère qui ne pouvait plus subvenir à ses besoins. Elle gagne
quelques cedis chaque jour en tant que « kayayei », comme on appelle ces femmes qui vendent des
produits tels que de l’eau ou des chips au plantain en les portant sur leur tête. « Je vis dans un petit
abri de fortune en bois et, pendant le confinement, je n’ai même pas été capable de payer le loyer de
5 cedis par semaine (moins de 1 euro), car sinon il ne me restait rien pour manger », raconte-t-elle en
dagbane, la langue la plus parlée dans le nord du pays.
Durant le confinement, toutes les associations se sont retrouvées bien seules face à la forte hausse
du nombre d’enfants qui se rendent aux distributions alimentaires. « Nous voyons de nombreux
enfants qui ont faim et qui n’ont pas non plus les moyens de s’acheter un masque de protection », se
désole sœur Olivia, appelant les pouvoirs publics à « prendre leurs responsabilités face à cette
situation catastrophique. »

Inde : des États suspendent le droit du travail et allongent le temps de travail. 14 mai
2020 IndustriALL Global Union
En Inde, certains États utilisent le coronavirus comme prétexte pour s’attaquer aux conditions
de travail. Beaucoup ont porté la journée de travail à 12 heures, tandis que d’autres ont
suspendu le droit du travail ou y ont apporté des dérogations.
Les gouvernements de certains États, dont le Gujarat, l’Uttar Pradesh, le Madhya Pradesh et
l’Himachal Pradesh, ont fait passer la limite du temps de travail à 12 heures par jour et à 72 heures
par semaine. Lors d’une réunion du cabinet tenue le 6 mai, le gouvernement de l’Uttar Pradesh a
suspendu 35 des 38 lois régissant les syndicats, les conflits du travail et le travail en sous-traitance.
Tous les établissements implantés dans cet l’État sont exemptés de l’application de l’ensemble de ces
lois relatives au travail pendant une période de trois ans.
Les gouvernements des États qui ont procédé à ces changements radicaux sont dirigés par le parti de
droite Bharatiya Janata (BJP), qui est également le parti au pouvoir au sein du gouvernement central.
Ces changements agressifs au droit du travail ont été
apportés par le biais de décrets alors que les
assemblées législatives ou les parlements ne
siégeaient pas. Ces changements sapent les
principes et les droits fondamentaux au travail,
annulant les acquis en matière de travail décent
obtenus grâce à des décennies de lutte syndicale. Le
gouvernement du Gujarat a exempté les nouvelles
unités industrielles des lois et normes du travail
pendant 1.200 jours.
Seules trois instruments législatifs, la loi sur les salaires minima, le règlement de sécurité industrielle
et la loi sur l’indemnisation des employés leur seront appliqués.
Le Madhya Pradesh prévoit des exemptions aux obligations légales découlant de diverses lois sur le
travail, notamment celles sur les usines, sur les relations sociales, sur les conflits sociaux et sur le
travail en sous-traitance. Il a l’intention d’ajouter des exemptions par le biais d’amendements par
décret exécutif pour une période de 1.000 jours.
Onze secteurs industriels comprenant le textile, le cuir, le ciment, le fer et l’acier, l’appareillage
électrique, l’électricité, les transports publics motorisés et l’ingénierie (y compris le secteur automobile)
seront exemptés de la loi sur les relations sociales du Madhya Pradesh pour une durée indéterminée.
Il n’y aura pas d’inspection dans les entreprises employant moins de 50 travailleurs et aucune
inspection surprise n’aura lieu.

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L’Himachal Pradesh, le Rajasthan, le Tripura et le Pendjab ont également allongé le temps de travail
et exempté les établissements du respect du droit du travail.
Lors d’une réunion avec le Ministre du travail, le 1er mai, les représentants des centrales syndicales
ont formulé un certain nombre de revendications auprès du gouvernement :
    •    Pas d’augmentation du temps de travail
    •    Maintien de l’application stricte du droit du travail
    •    Assistance financière pour soutenir les travailleurs qui ont perdu leur emploi durant le
         confinement
    •    Soutien aux travailleurs migrants.
Le gouvernement n’a donné suite à aucune de ces revendications syndicales.
Le 6 mai, le Ministre du travail a rencontré les employeurs, dont les revendications portent notamment
sur l’assouplissement de la loi sur les conflits sociaux afin de traiter le confinement comme un
licenciement, la suspension de la législation du travail pour les deux ou trois prochaines années, à
l’exception de dispositions telles que le salaire minimum, les primes et les cotisations statutaires, et
l’allongement du temps de travail à douze heures par jour.
Valter Sanches, Secrétaire général d’IndustriALL Global Union a déclaré :
“Nous condamnons fermement la tentative en Inde des gouvernements des États d’allonger le temps
de travail et de suspendre le droit du travail. N’oublions pas que les travailleurs sont en première ligne
dans la lutte contre la Covid-19.
Le gouvernement central ne devrait pas autoriser de modifications draconiennes du droit du travail qui
sont contraires aux droits de l’homme et aux normes du travail établies au niveau international. Les
gouvernements des États doivent immédiatement retirer les modifications du droit du travail qui sont
anti-ouvrières. IndustriALL Global Union est solidaire du mouvement syndical indien s’agissant de
défendre les droits des travailleurs.”
La plate-forme commune des centrales, fédérations et associations syndicales a dénoncé avec
véhémence les altérations du droit du travail. Les syndicats prévoient de prendre prochainement des
mesures à l’échelle nationale.

Italie : l’inquiétante prolifération de maisons de retraite illégales. CORRIERE DELLA SERA - MILAN
15/05/2020
La Péninsule, qui compte une importante population âgée, a vu apparaître un phénomène inquiétant,
dénonce le Corriere Della Sera. De simples structures se présentent abusivement comme des maisons de
retraite médicalisées, et des hospices totalement illégaux sont créés dans des appartements privés, dans
des conditions souvent déplorables.
Dans un pays où 22,6 % de la population a plus de 64 ans (soit le pourcentage le plus élevé de l’Union
européenne), l’assistance aux personnes âgées est forcément une question sensible. Toutes les familles
italiennes ne pouvant pas prendre soin elles-mêmes de leurs seniors, elles font souvent appel à des
établissements spécialisés.
Or, selon le Corriere Della Sera, ces dernières années, l’augmentation de la demande a donné lieu à de
nombreux abus. “En Italie, le manque de places dans les maisons de retraite et leur coût élevé ont favorisé la
naissance de structures clandestines. Des ‘hospices’ illégaux ont ainsi proliféré dans tout le pays”, dénonce le
quotidien de référence, qui a mené une enquête sur ce phénomène aussi méconnu qu’inquiétant.
Du fait de l’insuffisance structurelle de services, les familles italiennes (surtout celles qui ont des moyens limités)
sont tentées de faire appel à des établissements illégaux, explique le Corriere della Sera. Le journal détaille les
rouages de ce système au travers du témoignage du général des carabiniers Adelmo Lusi :
Il s’agit d’établissements qui ne sont autorisés à fournir que des prestations d’assistance, mais qui
promettent également des soins de santé, alors que très souvent ils ne disposent pas de personnel
spécialisé. Cela peut avoir des conséquences sur des seniors qui présentent des pathologies telles
que la maladie d’Alzheimer, la démence sénile, les handicaps moteurs ou l’instabilité psychique.”
Des hospices “faits maison” improvisés dans des appartements
Pour schématiser, on peut parler de maisons de retraite transformées illégalement en maisons de
soins, ou Ehpad. Un phénomène qui prend des proportions énormes, puisque, selon les statistiques

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des services de police relayées par le quotidien milanais, “en Italie, au moins 30 % des maisons de
retraite transformées en maisons médicalisées sont irrégulières”.
Mais il ne s’agit pas que de ça. Dans certains cas, l’irrégularité ne se limite pas à faire passer un type
d’établissement pour un autre, mais consiste à mettre sur pied de véritables “hospices improvisés”
dans des appartements privés, et où le séjour est payé en noir. Ainsi, le Corriere della Sera présente
une sélection des cas les plus extrêmes qui ont émergé dans la presse italienne ces derniers temps :
À Pistoia, en Toscane, le propriétaire d’un immeuble avait improvisé un hospice ‘fait maison’ en
accueillant sept femmes dépendantes âgées de 78 à 79 ans, en les confiant à deux aides à domicile
étrangères. À Ferrare, en Émilie-Romagne, un couple de seniors s’était fait convaincre d’en accueillir
dix autres à son domicile. […] Enfin, à Palerme, en Sicile, un octogénaire a été retrouvé errant dans la
rue. Il vivait dans un hospice totalement illégal, qui avait été créé par l’abattement d’un mur et qui
abritait onze vieillards.”
Régulariser les aides à domicile étrangères pour résoudre le problème ?
Il s’agit souvent, en outre, d’endroits insalubres, dénonce le journal italien, et qui, en plus de ne
respecter aucun standard de sécurité sanitaire, baignent dans des conditions d’hygiène
déplorables. “Certaines structures ont même des fenêtres condamnées, comme s’il s’agissait de
maisons inhabitées”, s’indigne le quotidien milanais.
Il ne sera pas facile de résoudre ce problème structurel, qui retire toute dignité à une partie
conséquente des aînés italiens, prévient le Corriere della Sera. Lequel avance tout de même
une proposition :
Dans une situation comme celle-ci, où l’État éprouve les plus grandes difficultés devant le nombre
croissant de personnes âgées dépendantes (on en compte 3 millions actuellement mais ce chiffre
pourrait doubler durant la prochaine décennie), ne faudrait-il pas régulariser ces aides à domicile
étrangères qui vivent dans la clandestinité ? Aujourd’hui, elles assistent déjà un million d’Italiens. Des
seniors qui, s’ils n’étaient pas aidés par ces personnes, pèseraient encore davantage sur nos
structures d’accueil.”

Coronavirus : « L’inégalité devant le numérique devient un facteur majeur
d’exclusion » Paul Hermelin PDG de Capgemini
L’épidémie de Covid-19 a amplifié la fracture numérique, constate Paul Hermelin, PDG de Capgemini,
dans une tribune au « Monde ». Il estime urgent que la réponse à cette inégalité majeure entre les
citoyens devienne une priorité politique.
L’épidémie du Covid-19, au-delà de ses effets dramatiques, et son corollaire, le confinement, révèlent
à quel point la révolution numérique que nous connaissons transforme nos vies. Qui aurait imaginé un
basculement aussi subit et aussi général ? Il est certain par exemple que le télétravail ne rentrera pas
dans sa boîte.
Chez Capgemini, plus de 95 % des collaborateurs télétravaillent en étant tout aussi efficaces. Et de
nombreuses entreprises ont réussi le même basculement. Mais si, selon une note publiée par Terra
Nova, le 6 avril, près des deux tiers des télétravailleurs considèrent qu’ils ont plutôt eu de la facilité à
travailler à distance et que cette expérience a renforcé les liens de confiance avec leur manager, elle
est aussi à l’origine d’une nouvelle forme de discrimination puisqu’elle est loin de concerner tous les
emplois.
Cette révolution numérique, qui concerne-t-elle alors ? En fait, on n’imagine pas le nombre de
populations qui restent au bord de la route, et qui ne sont pas prêtes de la rejoindre si nous n’agissons
pas. Le Covid-19 met en lumière les inégalités qu’entraîne ce basculement. Le baromètre du
numérique indiquait en décembre 2019 que 12 % des Français n’ont pas Internet. Ce chiffre prend
aujourd’hui une dimension particulière.
L’absence d’Internet accélère l’exclusion sociale
Trois populations sont particulièrement concernées, les jeunes – pour des raisons financières – les
personnes âgées – par manque d’intérêt, disent-ils –, et le monde rural – ce qui s’explique en partie
par des questions de qualité du réseau et d’équipement, un Français sur deux vivant hors des
grandes villes n’estimant pas sa connexion satisfaisante.

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UD FO 37 - Force Ouvrière
Ce constat est valable en France comme à l’étranger.
Selon une enquête et des sondages menés, par nos équipes, en France, en Allemagne, en Suède,
aux Etats Unis, en Angleterre mais aussi en Inde, le manque d’accès aux outils numériques catalyse
aujourd’hui l’exclusion sociale en limitant l’accès aux services publics, ou à la mobilité professionnelle.
Les personnes âgées n’en sont pas les seules victimes ! 56 % des non-connectés à Internet depuis
plus d’un an dans la tranche d’âge 22 à 36 ans déclarent que le coût de l’équipement ou de
l’abonnement est la raison principale pour laquelle ils ont décroché des réseaux. Et ils ne sont pas
nécessairement sans emploi, puisqu’un tiers des personnes non connectées sont employées à temps
plein !

« Le Visio-machin, je n’y connais rien » : la fracture numérique en France
aggravée par le confinement
A l’heure où certains ne peuvent pas envisager le confinement sans écran, des millions de Français
doivent composer avec un manque d’équipement informatique ou des difficultés d’usage, renforçant
leur sentiment d’exclusion.
Gwenaelle a dû se débrouiller pour récupérer ses attestations de déplacement dérogatoire dans les
pages de La Nouvelle République et auprès de sa voisine. Frédéric, lui, s’est rendu au Super U, et
Stella à la blanchisserie où elle travaille. D’autres ont pu compter sur les distributions du centre social
de leur quartier pour leur en déposer dans la boîte aux lettres. Du village de Villentrois-Faverolles-en-
Berry (Indre) aux quartiers populaires de Trélazé (Maine-et-Loire) et Strasbourg (Bas-Rhin), tous
racontent cette même « galère » pour savoir comment obtenir et renseigner le précieux sésame,
devenu nécessaire pour justifier ses trajets pendant le confinement. Plus compliqué encore quand on
n’a ni ordinateur ni imprimante, ou qu’on est peu à l’aise avec l’écrit.
L’obtention de ce « bout de papier » est révélatrice à elle seule de l’exclusion numérique que
subissent des millions de Français, soudain aggravée par le confinement. Et la possibilité d’avoir,
depuis le 6 avril, l’attestation sur smartphone n’améliore que peu leur situation.
« Ici plein de gens ne savent même pas envoyer un e-mail, alors vous imaginez télécharger et
imprimer une, puis deux attestations ? Certains préfèrent sortir sans, au risque de prendre une
amende. Mais jamais ils ne vous diront : je suis bloqué, je n’y arrive pas, je n’ai pas d’ordinateur »,
lâche Amina*. Cette habitante d’un quartier populaire de Chambéry (Savoie) vit seule avec son fils de
12 ans. A 500 km de là, Gwenaelle, 59 ans, en invalidité, ne dit pas autre chose : « J’ai besoin d’être
accompagnée, c’est compliqué pour moi d’aller sur un site. » Difficile aussi d’envoyer des e-mails
seule.
« Alors que communiquer via Internet paraît quasi incontournable dans le monde
professionnel et personnel, un peu plus de 21 % de la population [de plus de 15 ans] ne
dispose pas de cette capacité », relevait une enquête de l’Insee en fin 2019.
17 % des plus de 15 ans se situent même dans une situation d’« illectronisme », c’est-à-dire
d’illettrisme numérique : ils n’ont aucune compétence numérique de base ou ne peuvent se servir
d’Internet, notamment parce qu’ils ne disposent d’aucun équipement adapté (connexion Internet,
ordinateur, smartphone…). Parmi les plus touchés : les retraités et les précaires.
« L’accès au matériel et à la connexion pour accéder à ses droits, aux soins à distance, ou alerter en
cas d’urgence apparaît comme une nécessité vitale, d’autant plus en ce moment », souligne Marie
Cohen-Skalli, directrice de l’association Emmaüs Connect, qui aide les plus fragiles à s’équiper et à se
former au numérique.
Sortie de crise : faudra-t-il travailler plus ? La bataille idéologique est lancée
AFP |La Tribune 14/05/2020,
Introduite par le Medef, la question du temps de travail s'est immiscée dans le débat public,
provoquant des réactions contrastées, entre le soutien de l'Institut Montaigne favorable à une
augmentation du temps de travail et la forte désapprobation de certains syndicats, dont la
CFDT, qui juge la proposition indécente.
Travailler plus ? Travailler moins ? Modifier les règles des plans sociaux ?
Face à la crise de l'emploi à venir en France, la boîte à idées se remplit chaque jour, avec une vive
bataille idéologique en perspective.

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Sur le temps de travail, le Medef a tiré le premier il y a un mois par la voix de son président,
Geoffroy Roux de Bézieux, qui a estimé qu'il faudrait "poser la question du temps de travail, des jours
fériés et des congés payés" pour accompagner la reprise.
Devant le tollé - "indécent" s'est insurgé le numéro un de la CFDT Laurent Berger - il a vite remballé
sa proposition, aussi promue par l'Institut Montaigne.
Sauf que depuis, des mauvais chiffres des demandeurs d'emplois sont arrivés, les prévisions de
croissance plongent (-6 points de PIB pour les deux mois de confinement) et la crise de l'emploi se
profile.
Les idées ressortent. Vers une destruction massive d'emplois ?
Si la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, martèle depuis deux mois que l'exécutif fait tout pour
éviter les licenciements, elle a discrètement lâché cette semaine qu'elle ne pouvait "pas affirmer
qu'il n'y aurait pas de licenciements dans les entreprises en difficulté".
Vieux routier des relations sociales en France, et ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy,
Raymond Soubie s'est même étonné de ne voir "personne anticiper" les plans sociaux, et la
situation des entreprises qui seront face à des "marchés durablement réduits".
Lui pronostique la disparition de "dizaines de milliers, et probablement des centaines de milliers
d'emplois". Si bien qu'il préconise de revoir "d'urgence" les règles des plans sociaux pour les
entreprises les plus en difficultés, et pour les autres de passer des accords prévoyant des efforts
des entreprises sur l'emploi en échange d'efforts des salariés sur le temps de travail.
C'est le monde d'après avec les recettes d'avant-hier!", a persiflé auprès de l'AFP un cadre de FO,
qui craint de son côté les licenciements au compte-goutte dans des petites entreprises.
Les accords de "performance collective" (ex-accords de maintien de l'emploi, préservation de
l'emploi, mobilité), dénommés ainsi depuis les ordonnances travail de 2017, peuvent déjà porter sur
la durée du travail et la rémunération.

"Confinement des esprits"
La ministre du Travail, pour qui la durée légale du travail "n'est pas un problème", rappelait
récemment que ce "dispositif s'inscrit dans le paysage" avec 13 accords en avril et 356 depuis le
début de l'année.
Dans un entretien au Monde, le président du Medef a d'ailleurs expliqué mercredi qu'il faut voir la
situation par secteur.
"Dans certains secteurs, la demande peut être soutenue, mais les contraintes sanitaires font que la
productivité baisse: ce sont dans ces secteurs-là que la question du 'travailler plus' peut se poser,
mais elle ne peut l'être qu'avec les salariés et entreprise par entreprise".
À droite, les propositions se multiplient. Christian Jacob, le président de LR, plaide pour "sortir du
carcan des 35 heures", et son parti planche sur un plan de relance, avec notamment les
contributions de l'ex-ministre du Budget Éric Woerth.
Mais l'allongement de la durée du travail n'est pas du goût de Laurent Berger, qui parle
de "confinement des esprits" et de "vieilles lunes". Pour lui aussi, on "tarde trop" à se préoccuper de
l'emploi alors que "le risque de faillites en cascade et son lot de drames sociaux et territoriaux se
confirme".
Si on pense que l'on va s'en sortir positivement en promettant de la sueur et des larmes, on est
chez les fous", estime-t-il dans l'hebdomadaire La Vie.
Plutôt que de vouloir allonger la durée du temps de travail, "nous devons apprendre à travailler
autrement et à travailler mieux", argumente-t-il, particulièrement inquiet de la situation des jeunes.
Il promeut les propositions du "pacte pour le pouvoir de vivre", aux côtés d'une cinquantaine
d'organisations, comme celle de favoriser les emplois dans la rénovation thermique des logements.
Fidèle à sa position sur la semaine de 32 heures, la CGT milite pour travailler moins. "Comment va-
t-on faire croire aux gens que si ceux qui ont du travail travaillent plus, ça va libérer de la place pour
ceux qui n'en ont pas ?", cingle Philippe Martinez, son numéro un.

Prorogation de l’état d’urgence sanitaire Communiqué FO en annexe. 11 mai

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SANTE-SECURITE
Coronavirus : les hôpitaux français ne font pas moins bien que les allemands le
11 mai 2020 Les échos
Contrairement aux perceptions communes, l'hôpital public français a été aussi efficace que
l'hôpital allemand. Cela ne doit pas cacher qu'il est sur la fin d'un cycle, estime le médecin
hospitalier Mehdi Mejdoubi.
Le monde affronte une crise sanitaire de grande ampleur. Si quelques pays ont eu de meilleurs
résultats que la France, la comparaison avec l’Allemagne dans le débat public est mal posée.
D'abord, l’épidémie a pris plus tôt en France qu’en Allemagne. Cela s’explique très aisément par
l’afflux touristique externe. Les cinq pays les plus touristiques étant dans l’ordre la France, l'Espagne,
les Etats-Unis, la Chine et l'Italie. L’Allemagne n’est qu’en huitième position (et encore moins bien
classée l’hiver).
Ensuite, il faut comprendre que cette épidémie est analogue à un départ d’incendie. Un incendie se
propage le long de voies (végétation, relief, vent) et peut être atténué par un coupe-feu. De même,
l’épidémie de coronavirus Covid-19 se propage le long des voies de transport de personnes et peut
être atténuée par l’interruption de ces voies (dont fermeture des frontières, confinement général ou
sélectif, distanciation quotidienne,…).
Or l’Allemagne a quasi-confiné en même temps que la France, alors même qu’elle était touchée plus
tardivement. Par conséquent, le nombre de décès y est forcément et mécaniquement beaucoup plus
réduit. Faire des classements en fonction du nombre de décès par habitant n’a aucun sens car, dans
ce cas, c’est l’Inde qui aurait le meilleur système de santé.
L’hôpital a rempli ses missions
L’hôpital public en France a réussi un redéploiement extraordinaire, en multipliant par deux le
nombre de ses lits de réanimation en une semaine. A part dans l’Est, ses capacités de réanimation
n’ont pas été saturées et il n’y a jamais eu de tri entre les patients à l’entrée de l’hôpital (ce qui serait
arrivé sans le confinement). Les patients les plus graves que l’on peut raisonnablement sauver ont
donc été hospitalisés.
Et là, la performance globale des hôpitaux (services de réanimation et autres services médicaux) avec
environ 24 % de décès parmi les hospitalisés, est superposable à celle observée dans les hôpitaux
allemands. Ainsi, pour les personnes « hospitalisables », l’hôpital en France a déjà sauvé près de
50.000 vies, dans la même proportion (si ce n’est le même chiffre) qu’en Allemagne.
Malheureusement, pour les décès dans les Ehpad, l’hôpital n’aurait probablement pas pu grand-chose
car ce sont souvent des patients trop âgés pour supporter une intubation-ventilation.
La politique de dépistage ne dépend pas des hôpitaux
Rappelons que le coronavirus Covid-19 est une pathologie bénigne dans 85 % des cas et que ceux-ci
ne doivent pas arriver à l’hôpital à ce stade. Or les médecins généralistes de ville, en première ligne,
n’ont pas eu à disposition les tests à réaliser en ambulatoire (donc à l’extérieur de l’hôpital). On sait
par ailleurs que le nombre d’infections dans un pays est peu fiable car il y a beaucoup de patients
asymptomatiques et qu’il dépend du nombre de tests réalisés.
Seule l’Islande a réalisé un dépistage systématique significatif de sa population. L’Islande nous
renseigne ainsi sur le taux de mortalité qui doit être, avec un système de santé moderne de
l’hémisphère nord et une pyramide des âges européenne, autour de 0,4 % (chiffre corroboré par
l’étude dans la ville allemande de Gangelt). Ainsi, le nombre de 26.300 décès en France (certes
encore sous-évalué), indique juste que le nombre de personnes d’infectées est donc supérieur à 6
millions et non de 139.000 malades officiellement enregistrés. Et avec 7.400 morts, l’Allemagne a
donc au minimum 1,9 million de personnes infectées, bien loin des 160.000 officiels. Cela relativise
donc les affirmations sur l’ampleur du dépistage en Allemagne.
L’échec du système de santé Français est relatif
Les manques et les erreurs stratégiques observés au début de cette crise ne sont évidemment pas
dus aux établissements de santé. La production de dispositifs de protection, de médicaments, ou de
kits de dépistage ne dépend pas des hôpitaux, lesquels ont observé avec effroi que leurs fournisseurs
ne répondaient plus.
Cela renvoie plutôt à deux échecs. Celui du concept de «Chine, usine du monde» qui vient d’être
terrassé par un virus, et celui de la compétitivité de l’industrie française . Mais il se trouve que les

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soignants allemands ont subi les mêmes pénuries que les hôpitaux Français (des médecins
allemands ont d’ailleurs fait une campagne de communication dénudée pour sensibiliser à leur sort).
Et si on compare, les résultats de la France avec ceux du Royaume-Uni ou des Etats-Unis (où
l’épidémie a pris plus tardivement), alors la sensation d’échec est un peu atténuée.
Dans le débat actuel sur la gestion de cette crise, il faut d’abord rendre hommage à l’hôpital
public français qui a formidablement relevé, grâce à ses valeurs, ce défi hors du commun. Mais
cela ne saurait cacher qu’il est en fin d’un cycle. Au décours de cette crise, son paradigme doit
absolument changer car l’hôpital a mis la dernière énergie qui lui restait dans cette lutte.
Mehdi Mejdoubi est chef de pôle au centre hospitalier de Valenciennes (Nord).

Covid-19 : cinq minutes pour comprendre la polémique autour du vaccin de
Sanofi. Le 14 mai 2020 AFP
Le PDG du groupe pharmaceutique a mis le feu aux poudres en déclarant que les Etats-Unis
auraient la priorité en cas de découverte d’un vaccin par Sanofi.
Lancé comme d'autres groupes pharmaceutiques dans la course au vaccin contre le Covid-19, le
groupe français Sanofi accorderait la primeur du fruit de ses recherches… aux Américains. Selon son
directeur général, Paul Hudson, ils « obtiendront les vaccins en premier », car ils « ont investi pour
essayer de protéger leur population », a-t-il déclaré mercredi à Bloomberg.
Face au tollé suscité par ces propos en France, le président de Sanofi France, Olivier Bogillot, a
affirmé mercredi sur LCI que « les propos prêtés à Paul Hudson dans cet article ont été un peu
déformés par rapport au contenu ». « L'objectif, c'est que le vaccin soit disponible à la fois aux Etats-
Unis, en France et en Europe de la même manière », a-t-il également assuré sur BFMTV.
Pourquoi Sanofi donnerait-il la priorité aux Etats-Unis ?
Selon Paul Hudson, le gouvernement américain « a le droit aux plus grosses pré-commandes » et à
une avance de quelques jours, voire quelques semaines, sur le reste du monde parce qu'il « partage
le risque » des recherches menées par Sanofi à travers un partenariat. « Le gouvernement américain
s'est fortement mobilisé, très tôt », a insisté Olivier Bogillot.
Sanofi a noué au mois de février un accord de coopération avec la Barda (Biomedical Advanced
Research and Development Authority), une autorité dépendant du ministère américain de la Santé.
Elle aurait déjà versé une trentaine de millions de dollars au groupe dans le cadre de l'un des deux
projets de vaccin menés par Sanofi, allié pour l'occasion avec le britannique GlaxoSmithKline (GSK). Il
consiste à utiliser une technologie de recombinaison de l'ADN déjà existante pour « accélérer la mise
au point d'un vaccin potentiel contre le Covid-19 ».
Sanofi cherche-t-il à mettre la pression sur l'Europe ?
En plus des centaines de millions d'euros que les Etats-Unis devraient mettre au final sur la table,
Washington est aussi plus prompt à faciliter les démarches réglementaires pour permettre les
recherches, justifie Sanofi. À en croire le laboratoire, il revient à l'Europe de faire la même chose. « Il
faut que l'Union européenne soit aussi efficace en nous aidant à mettre à disposition très vite ce
vaccin », a affirmé Olivier Bogillot.
Dans un entretien avec une journaliste du Financial Times lors d'une conférence organisée par le
quotidien jeudi, Paul Hudson a appelé les Européens a « partager les risques » comme le font les
Américains. « C'est un modèle rodé (aux Etats-Unis), mais (qui) n'existe pas en Europe. Maintenant, il
y a une énorme volonté en Europe (...) la prochaine étape sera (d'élaborer) l'instrument pour garantir
que nous soyons capables d'assurer la production en Europe et dans le reste du monde. »
Ce n'est pas la première fois que la direction du groupe pharmaceutique déplore la lenteur de
Bruxelles. Comme le rappelle L'Usine nouvelle, Paul Hudson affirmait déjà fin avril au cours d'une
conférence téléphonique que les Américains pourraient se retrouver prioritaires. « Il déplorait alors le
manque de coopération européenne, en particulier d'engagement de la Commission », résume le
média spécialisé.
La Commission européenne a d'ailleurs réagi aux propos du patron de Sanofi jeudi. « Le vaccin
contre le Covid-19 doit être un bien d'utilité publique et son accès doit être équitable et universel », a
déclaré Stefan de Keersmaecker, un porte-parole de la Commission. « Pour nous, il est très important,
dans la mesure où le virus est un virus mondial, de travailler (sur cette question) mondialement. »
Comment ont réagi les politiques en France ?

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