Un guide de poche à l'attention des psychiatres : au coeur de l'ECG - FAGG
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Les autorités belges de santé publique ont assorti la mise sur le marché du médicament Serdolect de certaines conditions. Le plan obligatoire de minimisation des risques en Belgique, dont cette information fait partie, est une mesure prise pour garantir une utilisation sûre et efficace du médicament Serdolect (RMA version 01/2021) SERDOLECT (sertindole) MATERIEL EDUC ATIF P OUR LES PROFESSIONNELS DE L A SANTÉ Un guide de poche à l’attention des psychiatres : au cœur de l’ECG Ce matériel ne contient pas toutes les informations. Pour une information complète, lisez attentivement le RCP avant de prescrire Serdolect. Le texte complet et actualisé de ce RCP est disponible sur le site www.afmps.be, rubrique « NOTICE et RCP d’un médicament ».
Sommaire Sommaire .......................................................................................................................................................................... 2 Introduction .................................................................................................................................................................... 3 Bases de l’analyse d’un ECG ........................................................................................................................ 4 Implications de l’allongement de l’intervalle QT ....................................................................... 7 Quelles sont les causes de l’allongement de l’intervalle QT ..................................... 10 Allongement du QT pendant le traitement de la schizophrénie ............................. 14 Mesures pratiques pour réduire le risque d’allongement du QT avec le traitement antipsychotique .................................................................................................... 16 Références ..................................................................................................................................................................... 19 Notification des effets indésirables ..................................................................................................... 22 Demande d’informations complémentaires ............................................................................... 22 2
Introduction Serdolect est indiqué dans le traitement de La schizophrénie est associée à une la schizophrénie lorsqu’un autre médicament augmentation significative du risque de s’est avéré inefficace. Il contient la substance mortalité de causes naturelles et non active sertindole et appartient à une classe de naturelles1. Une méta-analyse a montré que le médicaments appelés « antispychotiques ». risque de décès toutes causes confondues chez Pour des raisons de tolérance cardiovasculaire, les patients schizophrènes est 1,6 fois plus élevé le sertindole doit uniquement être prescrit chez que la normale, tandis que le risque de décès de les patients ayant présenté une intolérance à au causes non naturelles est 4,3 fois plus élevé et moins un autre médicament antipsychotique. le risque de suicide est 9 fois plus élevé2. Le sertindole ne doit pas être utilisé en traitement d’urgence pour le soulagement Les médecins sont conscients des anomalies à rapide des symptômes chez les patients en l’électrocardiogramme (ECG) et des incidences situation de crise. de mort subite d’origine cardiaque (MSOC) chez les patients schizophrènes recevant des Instauration du traitement médicaments antipsychotiques depuis les Chez tous les patients, le traitement par années 1960, lorsqu’il a été montré que la sertindole doit débuter à la dose de 4 mg par thioridazine allonge l’intervalle QT1,3,4. jour. La dose doit être augmentée par paliers de En général, des modifications de l’ECG sont 4 mg tous les 4 à 5 jours jusqu’à atteindre la anticipées avec presque tous les médicaments dose d’entretien journalière optimale comprise antipsychotiques, et la surveillance par ECG est entre 12 et 20 mg. considérée comme une bonne pratique clinique lors de la prescription de ces médicaments3,5,6. Traitement d’entretien Pour le sertindole, un agent atypique plus En fonction de la réponse individuelle du récent, l’étiquetage du produit impose la patient, la dose peut être augmentée jusqu’à surveillance par ECG de l’intervalle QT à titre 20 mg par jour. Exceptionnellement, une de précaution7. posologie maximale de 24 mg/jour peut être envisagée, bien que les études cliniques Ce livret décrit l’électrophysiologie du cœur et n’aient pas démontré, de manière constante, l’intervalle QT en tant que composante du tracé une plus grande efficacité pour des posologies de l’ECG. Puis les implications d’un allongement supérieures à 20 mg et que l’allongement du de l’intervalle QT et les facteurs qui peuvent QT peut être augmenté aux posologies les plus exacerber le risque d’allongement du QT seront élevées. décrits. Enfin, les risques d’allongement du QT associés aux médicaments antipsychotiques et les méthodes permettant de minimiser ces risques seront présentés. 3
Bases de l’analyse d’un ECG Électrophysiologie cardiaque L’ECG 8,9 élémentaire 3,8,9 L’ECG standard à 12 dérivations enregistre • L a dépolarisation et la repolarisation des l’énergie des impulsions électriques du cœur cellules myocardiques du cœur pendant de 12 directions pendant la systole et la systole et la diastole se manifestent par la diastole. des changements de potentiel de tension de 1 à 20 mV à la surface du corps • L’ECG à 12 dérivations permet d’évaluer des régions spécifiques du cœur : • A u repos, la différence de tension entre - Six dérivations thoraciques (V1 à V6) l’intérieur et l’extérieur de la cellule est enregistrent l’activité du cœur selon un de - 90 mV. Cette différence est due plan horizontal, ce qui permet d’évaluer aux niveaux élevés de K+ intracellulaire les aspects antérieur, latéral et postérieur maintenus par la pompe à sodium/ - Six dérivations vers les membres potassium (I, II, III, aVR, aVL, aVF) placées en triangle • L a dépolarisation des cellules cardiaques permettent l’analyse selon un plan vertical se produit pendant la systole en raison depuis les aspects inférieur et latéral d’une augmentation soudaine de la • Sur le tracé de l’ECG, une impulsion perméabilité de la membrane au Na+, électrique positive s’éloignant de la de sorte que les cellules perdent leur dérivation est convertie en une onde tension négative de repos descendante, tandis qu’une impulsion • L ’équilibre des électrolytes cellulaires positive se dirigeant vers la dérivation est rétabli avec la repolarisation lors de est convertie en une onde ascendante la diastole suivante 4
Composantes du tracé de l’ECG 8,9 Le tracé de l’ECG comprend un certain nombre • L ’évaluation de l’ECG permet de détecter un d’éléments, dont l’onde P (qui représente ensemble d’anomalies du rythme cardiaque, l’activité électrique auriculaire), les ondes QRS y compris les bradyarythmies (bloc (activité électrique ventriculaire) et l’onde T cardiaque, asystolie) et les tachyarythmies (repolarisation ventriculaire) (Figure 1, Tableau 1). (tachycardie supraventriculaire, fibrillation auriculaire, flutter auriculaire, tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire) Figure 1. Tracé schématique de l’ECG1 5
Tableau 1. Composants du tracé de l’ECG et utilisation de ceux-ci pour identifier des anomalies3,8 Onde Représentation Onde P • Signal à basse tension d’environ 1 mV représentant la dépolarisation et la contraction des oreillettes droite et gauche • Une onde P nette avant le complexe QRS représente le rythme sinusal. Les ondes P doivent normalement être verticales dans les dérivations I, II, aVF et V4 à V6 • L’absence d’ondes P peut suggérer une fibrillation auriculaire, un rythme jonctionnel ou un rythme ventriculaire. Les ondes P peuvent être difficiles à observer sur les ECG présentant un rapport signal/bruit élevé (par exemple, en cas de tremblements) Complexe • S uit l’onde P et représente la dépolarisation et la contraction des ventricules QRS droit et gauche • Le complexe QRS constitue la plus grande déviation de tension, d’environ 10-20 mV, et sa taille peut varier en fonction de l’âge, du sexe et de la présence ou de l’absence d’obésité. L’amplitude de la tension peut également fournir des informations sur la présence d’une maladie cardiaque sous-jacente • La durée du complexe QRS indique le temps nécessaire aux ventricules pour se dépolariser et peut fournir des informations sur des problèmes de conduction dans les ventricules tels que le bloc de branche Intervalle QT • Durée entre le début du complexe QRS et la fin de l’onde T • Fournit une estimation du temps écoulé entre la première dépolarisation ventriculaire et la dernière repolarisation ventriculaire • Est considéré comme le reflet de la durée du potentiel d’action dans les myocytes sous-jacents • Peut varier considérablement en fonction des techniques utilisées pour la mesure de l’ECG, de la variabilité intra-individuelle, de certaines affections et de l’utilisation de certains médicaments (voir section « Mécanismes d’allongement du QT ») Onde T • Représente la repolarisation ventriculaire • Les ondes T doivent normalement être verticales dans les dérivations I, II et V3 à V6 • De très grandes ondes T peuvent représenter une ischémie, un infarctus aigu ou une hyperkaliémie sévère 6
Implications de l’allongement de l’intervalle QT • L ’intervalle QT mesure le délai entre le début et la fin de l’activité électrique ventriculaire et il est calculé sur le tracé de l’ECG comme le délai entre le début du complexe QRS et la fin de l’onde T (Figure 2)1,3,8 Figure 2. Intervalle QT mesuré sur un ECG1 7
Facteurs pouvant allonger Allongement de l’intervalle QT l’intervalle QT 1,3,10-13 • L’allongement de l’intervalle QT présente une • L’intervalle QT peut être allongé par un importance clinique car on pense qu’elle est certain nombre de facteurs, notamment associée à un risque d’arythmie ventriculaire (mais pas exclusivement) : connue sous le nom de Torsade de Pointes - Rythme cardiaque (l’intervalle QT s’allonge (TdP) ou « torsion des points ». La TdP peut lorsque le rythme cardiaque diminue) provoquer des palpitations, une présyncope - Âge ou une syncope et se transforme parfois en - Sexe (les intervalles QT des femmes sont plus fibrillation ventriculaire ou en mort subite longs que ceux des hommes ; ~8 à 10 ms) d’origine cardiaque (MSOC)1,3,13,17 - Perturbations des électrolytes • Un intervalle QTc > 500 ms est associé à - Présence d’ondes U un risque accru de TdP1,3,6,13,17-19. Les niveaux - Certains médicaments de seuil reconnus mondialement pour les - Affections telles que l’alcoolisme, l’obésité, variations cliniquement significatives de l’hypertension, l’ischémie cardiaque, le l’intervalle QT / QTc sont présentés ci-après16 diabète, l’insuffisance rénale ou hépatique et le syndrome du QT long congénital • Sur l’ECG, la TdP est caractérisée par des complexes rapides, irréguliers et nets qui • Les autres facteurs pouvant affecter l’intervalle changent continuellement d’une position QT comprennent les suivants : verticale à une position inversée (Figure 3). - Dérivations de l’ECG et méthodologie utilisée Avant et entre les périodes de tachycardie, - Rythme circadien l’ECG affiche un intervalle QT allongé - Activité physique - Facteurs posturaux • Il faut noter qu’un allongement du QT seul ne - Prise d’aliments permet pas de prédire l’apparition d’arythmies et de TdP mettant la vie en danger1. Pour • Plusieurs facteurs de correction ont été induire une TdP, l’hétérogénéité de la durée proposés pour corriger l’effet du rythme du potentiel d’action entre les différents cardiaque sur l’intervalle QT. Aucun d’entre eux types de cellules cardiaques semble être un n’est idéal car ils ont tendance à sur-corriger substrat important. De même, un déclencheur l’intervalle QT lorsque le rythme cardiaque est nécessaire, tel qu’une post-dépolarisation élevé et à le sous-corriger lorsque le rythme précoce (early after-depolarization, EAD) - une cardiaque est faible. La formule de Bazett forme de dépolarisation spontanée qui entraîne (QTcB = QT / RR0,5)14 et la formule de Fridericia une activité rythmique anormale - semble être (QTc = QT / RR0,33)15 sont les plus couramment nécessaire pour faciliter la TdP1,20,21 utilisées 8
En cas d’allongement de l’intervalle QT / QTc16 • D es changements cliniquement significatifs de l’intervalle QT / QTc peuvent être définis en termes d’intervalles QT / QTc absolus ou de variations par rapport à la référence • Un allongement du QTc > 500 ms est un seuil particulièrement préoccupant • Plusieurs analyses utilisant des limites différentes sont utiles pour remédier à cette incertitude : Ci-après des exemples de différents seuils d’allongement de l’intervalle QTc : Intervalle QTc > 450 ms Intervalle QTc > 480 ms Intervalle QTc > 500 ms Variation de l’intervalle QTc par rapport à la référence : • Augmentation de l’intervalle QTc de > 30 ms par rapport à la référence • Augmentation de l’intervalle QTc de > 60 ms par rapport à la référence Figure 3. Tracé d’un ECG montrant une TdP 9
Quelles sont les causes de l’allongement de l’intervalle QT ? • L ’allongement de l’intervalle QT se produit • Une provocation médicamenteuse sous une forme primaire ou secondaire. chez des sujets présentant des formes La forme primaire est congénitale22,23 alors congénitales ou acquises d’allongement que la forme secondaire est acquise13 de l’intervalle QT peut entraîner des symptômes cliniques. La quinidine a été le • L e syndrome du QT long congénital est un premier médicament touchant l’intervalle trouble rare, généralement héréditaire, qui QT identifié, elle a été reconnue comme touche principalement les enfants ou les étant associée à une syncope dans les jeunes adultes23. Les personnes atteintes de années 192013. Depuis, un certain nombre ce syndrome ne présentent généralement d’autres médicaments susceptibles de pas de signes ou de symptômes, mais des provoquer une TdP ont été identifiés ; évanouissements, une arythmie et une les plus courants sont décrits dans le surdité peuvent être observés24,25 Tableau 213 • L es formes acquises d’allongement de l’intervalle QT sont généralement dues à des maladies cardiovasculaires sous-jacentes ou à des troubles métaboliques, endocriniens ou électrolytiques 10
Tableau 2. Médicaments associés à un allongement du QT pouvant provoquer une TdP13,26 Classe de médicaments Exemples Antiangineux bépridil, perhexiline, ranolazine Antiarythmiques amiodarone, dofétilide, sotalol, quinidine Antibiotiques / anti-infectieux amphotéricine, ciprofloxacine, clarithromycine, érythromycine Anticancéreux trioxyde de diarsenic, doxorubicine, tamoxifène, zorubicine Antidépresseurs citalopram, fluoxétine, paroxétine, trazodone, venlaxafine Antihistaminiques astémizole, fexofénadine, loratidine, terfénadine Antipaludiques chloroquine, halofantine, quinine Antimitotiques clotrimazole, luconazole, kétoconazole, myconazole Antipsychotiques chlorpromazine, clozapine, halopéridol, quétiapine, rispéridone, sertindole, thioridazine, ziprasidone Autres atropine, cocaïne, cisapride, fosphénytoïne, lithium, méthadone, sildénafil, spironolactone, tacrolimus, acide valproïque Remarque : Ce tableau donne des exemples de médicaments associés à un allongement du QT, mais n’est en aucun cas exhaustif. Lorsqu’il est envisagé de prescrire un médicament supplémentaire, veuillez faire référence à son Résumé des Caractéristiques du Produit pour déterminer s’il peut exposer votre patient à un risque élevé d’allongement du QT. 11
• U n certain nombre de facteurs de risque clinique supplémentaires ont été associés à un risque accru de TdP d’origine médicamenteuse et sont illustrés dans le Tableau 3. Toutefois, il est généralement considéré que la liste des facteurs de risque associés à une TdP d’origine médicamenteuse est incomplète et n’est pas encore entièrement comprise Tableau 3. Facteurs de risque de TdP d’origine médicamenteuse1,3,13 Sexe féminin Arythmies ou bradycardie (< 50 battements/min) Conversion récente d’une fibrillation auriculaire, en particulier avec un médicament qui allonge le QT Insuffisance cardiaque congestive Thérapie par digitalique Concentrations élevées de médicament (à l’exception de la quinidine) Perfusion intraveineuse d’un médicament allongeant le QT à débit rapide Hypokaliémie Hypomagnésémie Diabète Trouble de la thyroïde Allongement du QT à la référence Syndrome du QT long subclinique Polymorphismes des canaux ioniques 12
Mécanismes d’allongement • Il est important de noter que la concentration dans le plasma des du QT médicaments qui bloquent IKr peut avoir un impact majeur sur les conséquences • L es mécanismes de l’allongement du QT cliniques. Par exemple, des médicaments sont complexes. Des études génétiques ont comme la terfénadine n’ont qu’un faible identifié au moins six mutations distinctes effet sur l’intervalle QT chez les sujets dans les gènes codant pour les canaux normaux, mais un effet nettement plus potassium ou sodium qui peuvent entraîner important lorsque le métabolisme du un syndrome du QT long congénital. L’un médicament est réduit ou bloqué par des des gènes en particulier - le gène humain lié interactions médicamenteuses ou une à l’éther-à-go-go (hERG) - serait impliquée maladie hépatique1,13 dans de nombreux cas de TdP d’origine médicamenteuse1,3,13,27 • L e gène hERG code une protéine du canal potassium qui régule un courant de potassium repolarisant majeur appelé courant potassique à rectification retardée ou IKr13,28,29. La plupart des médicaments associés à l’allongement du QT bloquent IKr, bien que tous les médicaments ayant cette propriété n’aient pas été associés à une TdP, ce qui suggère que d’autres facteurs peuvent également être impliqués13 13
Allongement du QT pendant le traitement de la schizophrénie • D epuis de nombreuses années, des rapports • Les études cliniques ont montré que le ont signalé des risques accrus d’arythmies sertindole provoque un allongement de et de MSOC associés à l’utilisation l’intervalle QT plus important que certains d’antipsychotiques30-33. De nombreux autres antipsychotiques. En conséquence, antipsychotiques ont depuis été associés le sertindole doit uniquement être prescrit à un allongement de l’intervalle QT, ce qui chez les patients ayant présenté une pourrait expliquer ces événements3,34–36 intolérance à au moins un autre médicament antipsychotique7 • L es risques précis d’événements indésirables cardiovasculaires et de MSOC associés aux antipsychotiques restent à déterminer, bien qu’un allongement du QT ait été observé avec les anciens et les nouveaux agents (Figure 4)1,3,6,17,37 Figure 4. Comparaison de la variation moyenne de l’intervalle QTc entre la référence et l’état d’équilibre avec un traitement à dose élevée de différents antipsychotiques atypiques1 Variation moyenne de l’intervalle QT Ziprasidone 160 mg par rapport au niveau de référence Rispéridone 16 mg (ms) avec un IC de 95% Olanzapine 20 mg Quétiapine 750 mg Thioridazine 300 mg Halopéridol 15 mg Sertindole 24 mg Remarque : Les données relatives au sertindole proviennent d’études à court terme distinctes utilisant la dose maximale recommandée (24 mg). 14
• Il n’existe aucune relation nette entre • Une surveillance régulière par ECG est l’allongement de l’intervalle QT d’origine obligatoire chez les patients recevant du médicamenteuse et les risques d’arythmies sertindole7. En général, la surveillance / MSOC1,3,13,38. Par exemple, le médicament régulière par ECG peut être considérée antiarythmique amiodarone entraîne une comme une bonne pratique clinique lors augmentation marquée de l’intervalle QT, de la prescription d’antipsychotiques mais le risque de TdP est reconnu comme étant extrêmement faible39. À l’inverse, on signale souvent que l’administration aiguë d’halopéridol, un médicament reconnu pour ne pas augmenter considérablement l’intervalle QT, entraînerait une TdP dans ces conditions40,41 • L es inquiétudes concernant les risques de TdP et de MSOC qui en découlent ont conduit au retrait du marché de certains médicaments antipsychotiques (par exemple, dropéridol)1. Pour d’autres médicaments antipsychotiques, des directives de prescription restreinte ont été introduites pour répondre aux préoccupations concernant l’allongement du QT (par exemple, thioridazine, ziprasidone, pimozide, sertindole) et, dans certains cas, des réductions des doses journalières maximales recommandées ont été introduites (par exemple, l’halopéridol au Royaume-Uni)1,17 15
Mesures pratiques pour réduire le risque d’allongement du QT avec le traitement antipsychotique Pour réduire les risques d’allongement de - Patients présentant des maladies l’intervalle QT et d’arythmies avec des cardiaques ou des symptômes cardiaques médicaments antipsychotiques, les mesures préexistants suivantes doivent être prises : - Patients âgés (en particulier les femmes) - Patients chez qui la polymédication • U ne surveillance ECG est obligatoire avant est inévitable ou qui reçoivent des et pendant le traitement par sertindole7 médicaments qui allongent l’intervalle QT - Patients pour lesquels sont prévues de • T ous les patients pour lesquels il est envisagé fortes doses de traitement au fil du temps un traitement antipsychotique doivent être - Patients dont l’observance du traitement questionnés sur leurs antécédents familiaux n’est pas fiable de maladie cardiaque (en particulier la - Patients soupçonnés d’abuser d’autres MSOC) et il convient de leur demander s’ils médicaments présentent une affection cardiaque connue, s’ils ont déjà reçu des médicaments pour le • Les patients qui reçoivent déjà des cœur ou l’hypertension ou s’ils se sont déjà antipsychotiques doivent signaler tout évanouis. Un ECG préalable au traitement symptôme tel que des palpitations, une doit être effectué chez les patients qui syncope ou des affections qui peuvent répondent par l’affirmative1,3 provoquer une hypokaliémie (par exemple, gastro-entérite, diarrhée et déshydratation)13 • U ne surveillance de routine par ECG est conseillée chez les patients atteints de • Les traitements suivants doivent être évités3 : troubles métaboliques et endocriniens sous- - Associations de traitements jacents (y compris des troubles thyroïdiens) antipsychotiques - Polymédication avec des médicaments • Les électrolytes dans le plasma doivent être connus pour allonger le QT estimés chez tous les patients afin d’exclure - Utilisation de médicaments connus pour les anomalies susceptibles de prédisposer inhiber les isoenzymes de cytochrome à des arythmies cardiaques3 pertinentes • D ans les cas à haut risque suivants, un ECG de routine doit être envisagé tout au long du traitement et l’accès à un avis d’expert en cardiologie doit être assuré3,13 : - P atients ayant des antécédents familiaux d’allongement du QT ou de MSOC 16
• L ’utilisation d’antipsychotiques retard doit et ce, avant de débuter le traitement par être envisagée avec soin, compte tenu de sertindole. Avant d’initier un traitement leur durée d’action prolongée et de leur par sertindole, l’hypokaliémie ou potentiel de toxicité prolongée s’ils sont l’hypomagnésémie doivent être corrigées. mal tolérés3 Un monitoring du potassium sérique est recommandé en cas de vomissements, de • La kaliémie et la magnésémie doivent diarrhée, de traitement avec un diurétique être mesurées chez les patients à risque non-épargneur de potassium ou d’autres de troubles électrolytiques significatifs perturbations électrolytiques7 Risque d’allongement du QT et d’arythmies avec le sertindole Le sertindole ne doit pas être administré aux patients7 : - Présentant une hypokaliémie / hypomagnésémie non corrigée - Ayant des antécédents de maladie cardiovasculaire cliniquement significative, d’insuffisance cardiaque congestive, d’hypertrophie cardiaque, d’arythmie ou de bradycardie (< 50 battements / minute) - P résentant un syndrome du QT long congénital, ou des antécédents de cette maladie, ou présentant un allongement du QT acquis : • QTc > 450 ms chez les hommes • QTc > 470 ms chez les femmes - Recevant des médicaments connus pour allonger significativement l’intervalle QT : • Antiarythmiques de classe Ia et III (par exemple, quinidine, amiodarone, sotalol, dofétilide) • Certains antipsychotiques (par exemple, thioridazine) • Certains macrolides (par exemple, érythromycine) • Certains antihistaminiques (par exemple, terfénadine, astémizole) • Certains antibiotiques de la classe des quinolones (par exemple, gatifloxacine, moxifloxacine) - Atteints d’une maladie hépatique sévère - P atients âgés (> 65 ans) sans examen cardiovasculaire approfondi 17
Mesures de sécurité exigées pour la surveillance électrocardiographique (ECG)7 - U n ECG doit être pratiqué avant le début du traitement, à l’état d’équilibre soit approximativement après 3 semaines de traitement ou lorsque la posologie de 16 mg par jour est atteinte, puis à nouveau après 3 mois de traitement - A u cours du traitement d’entretien, un ECG doit obligatoirement être pratiqué tous les 3 mois - A u cours du traitement d’entretien, un ECG doit être réalisé avant et après toute augmentation de posologie - U n ECG est recommandé lors de l’initiation ou lors de l’augmentation de la posologie d’un traitement associé susceptible d’augmenter la concentration du sertindole - S i un QTc supérieur à 500 msec est observé au cours du traitement, le traitement par sertindole doit être interrompu3 - S i un patient présente des symptômes à type de palpitations, de convulsions ou de syncope pouvant suggérer la survenue d’une arythmie, un bilan incluant un ECG doit être réalisé en urgence - L ’ECG doit être pratiqué idéalement le matin et il est préférable d’utiliser les formules de Bazett ou de Fridericia pour le calcul du QT corrigé (QTc) 18
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