Hépatite delta : état des connaissances et nouvelles perspectives thérapeutiques
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Hépatite delta : état des connaissances et nouvelles perspectives thérapeutiques Tarik ASSELAH INSERM UMR 1149, Hôpital Beaujon, service d’hépatologie 100 Boulevard du General Leclerc, Clichy 92110, France tarik.asselah@aphp.fr Épidémiologie Prévalence de l’hépatite HÉPATOLOGIE OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES delta en France — C onnaître l’épidémiologie en Le virus de l’hépatite delta (VHD) a France été identifié en 1977 par Maurizio Rizetto (1). Il s’agit d’un virus à ARN En France, une analyse réalisée par — Savoir dépister une infection delta le centre national de référence hépa- défectif dont la réplication nécessite — Connaître les conséquences d’une tite Delta a montré une prévalence la présence de l’antigène de surface co-infection delta modérée de l’infection VHD, avec un HBs (AgHBs) de l’hépatite B. Il est — Connaître le traitement de l’hépa- estimé qu’environ 257 millions de portage des anticorps anti-VHD chez tite delta personnes vivent avec une infection 4 % des patients VHB positifs (5). Ces par le VHB dans le monde (positi- patients sont originaires principale- LIENS D’INTÉRÊTS vité pour l'AgHBs) (3) dont environ ment de pays de forte endémie. Avec 15 à 25 millions de personnes sont l’immigration croissante en prove- Orateur et consultant pour : MYR nance de l’Europe de l’Est et des États infectées par le VHD, soit environ Pharmaceuticals, Eiger, Janssen, de l’ex-Union soviétique, on observe 5 % des sujets porteurs chroniques Gilead, Roche depuis plusieurs années, une recrudes- du virus de l’hépatite B (VHB) (2). Ces chiffres sont cependant contro- cence de l’hépatite chronique delta, MOTS-CLÉS versés et il est probable que la préva- surtout en Europe du Nord et Centrale. hépatite delta ; histoire naturelle ; lence de l’infection par le VHD dans L’étude de cohorte multicentrique traitements. le monde soit sous-estimée, en raison française Deltavir por tant sur de l’absence de dépistage systéma- 1 112 patients atteints d’hépatite ABRÉVIATIONS tique, et de la faible disponibilité chronique delta a permis de préciser des tests diagnostiques. Une récente Antigène delta (AgHD) les caractéristiques démographiques revue et méta-analyse, en analysant Antigène de surface HBs (AgHBs) et l’histoire naturelle de la maladie (5). 182 études provenant de 61 pays, a Autorisation de mise sur le marché L’infection concernait une majorité montré une prévalence de 0,98 %, (AMM) d’hommes (68,4 %) et 86 % des cas avec une prévalence du VHD chez les Autorisation temporaire d'utilisation étaient importés, avec des patients porteurs du VHB de l’ordre de 10,6 % (ATU) originaires d’Afrique Sub-Saharienne (soit deux fois plus que les estima- Carcinome hépatocellulaire (CHC) (52,5 %), d’Europe du Sud et de l’Est tions précédentes) (4). Haute autorité de santé (HAS) (21,3 %), d’Afrique du Nord et du Interféron (IFN) Selon l’Organisation Mondiale de la Moyen Orient (6,2 %), d’Asie (5,9 %) Interféron-pégylé (IFN-PEG) Santé (OMS), les zones de forte préva- et d’Amérique du Sud (0,3 %). À noter NTCP (Na / taurocholate cotrans- lence de l’infection par le VHD sont que 150 patients (13,8 %) étaient porter polypeptide = polypeptide l’Afrique (centrale et de l’Ouest), l’Asie natifs de France (6) (Figure 2A et 2B). cotransporteur du taurocholate de (Asie centrale et du Nord, Viet Nam, Les principaux facteurs associés à la sodium) Mongolie, Pakistan, Japon, Taiwan, sévérité de la maladie hépatique et Organisation Mondiale de la Santé Chine), les îles du Pacifique (Kiribati, de la réponse au traitement étaient le (OMS) Protéoglycanes héparane Naur u), tout le Moyen-Orient, lieu de naissance, certains génotypes sulfate (HSPGs) l’Europe de l’Est, l’Europe orientale du VHD et une virémie persistante. Les Réponse virologique prolongée (régions méditerranéennes orientales, facteurs indépendamment associés à (RVP) Ribonucléoprotéine (RNP) Turquie), l’Amérique du Sud (bassin la survenue de cirrhose étaient : (i) un Virus de l'hépatite B (VHB) de l’Amazone) et le Groenland (Figure âge avancé, une virémie persistante, Virus de l'hépatite delta (VHD) 1A et 1B). une origine européenne (comparé à 97
Figure 1A : Prévalence du VHB et VHD dans le monde Figure 1B : Répartition des génotypes du VHD dans le monde Figure 1 World map illustrating the estimated prevalence of hepatitis D virus infection with genotypic distribution. Gilman C et al. WJG 2019 une origine d’Afrique sub-saharienne), de l’infection Delta en France, ainsi un génotype 5 et une non réponse au que les caractéristiques virologiques. Le virus de l’hépatite D traitement par l’interféron (IFN). Les Elles indiquent la nécessité absolue (VHD) facteurs associés à une réponse à l’IFN d’effectuer le dépistage des anti- (ARN Delta indétectable 24 semaines corps anti-VHD chez tous les patients Le VHD est un petit virus enveloppé après l’arrêt du traitement) étaient infectés par le VHB, ainsi que la quan- à ARN (7-8). La particule virale une origine d’Afrique sub-saharienne tification de la charge virale du VHD mesure approximativement 36 nm et une charge virale initiale basse. chez les patients positifs à l’aide de de diamètre et renferme le génome Toutes ces études apportent des techniques diagnostiques prenant en à ARN monocaténaire et circulaire données épidémiologiques, démo- compte la grande diversité génétique de polarité négative (Figure 3). Le graphiques, cliniques et biologiques du VHD. VHD présente une grande variabilité 98
Figure 2A : VHD en France, étude DeltaVir n = 35 centres participants n = 18 centres APHP Figure 2B : VHD en France, étude DeltaVir HÉPATOLOGIE génétique en 8 génotypes et avec au moins 2 à 4 sous-génotypes au sein des différents génotypes. Le génome est associé aux deux formes de l’antigène delta (S-AgHD et L-AgHD) formant ainsi la ribonucléoprotéine virale (RNP). Le VHD est un virus défectif qui est dépendant du VHB pour sa structure et son assem- blage. En effet, le VHD ne code pas ses propres protéines d’enveloppe et dépend de l’expression de l’AgHBs. En effet le VHD utilise les mêmes méca- nismes pour infecter les hépatocytes humains, et les AgHBs sont néces- saires pour procéder à l’assemblage de nouveaux virus synthétisés et ainsi compléter son cycle de réplication. L’entrée du VHD dans l’hépatocyte comporte plusieurs étapes dont l’at- tachement de la particule virale à la surface de la cellule hépatique, qui se fait par interaction avec les protéogly- canes héparane sulfate (HSPGs). Figure 3 : Comparaison des structures virales des virus de l’hépatite B (VHB) et Delta (VHD) S-AgHBs Virus de l’hépatite B Virus de l’hépatite M-AgHBs Delta L-AgHBs Protéines d’enveloppe du virus de l’hépatite B Nucleocapside ADN relâché circulaire ARN simple brin de partiellement double brins polarité négative Polymerase S-AgHD virale L-AgHD 42-47 nm 36 nm 99
Le NTCP (Na / taurocholate cotrans- teurs de l’AgHBs, seuls 121 avaient CHC, ce qui aboutit à une amélioration porter polypeptide = polypeptide été testés pour les anticorps VHD, soit de la survie. L’objectif idéal pour l’éra- cotransporteur du taurocholate de uniquement 12 % (14). Il faut savoir dication du VHD dans le long terme sodium) a été identifié comme récep- aussi renouveler ce dépistage du VHD est la négativation de l’AgHBs, mais teur du VHB (9). Le NTCP, transpor- chez des patients porteurs du VHB, en cet événement est très rare. teur des acides biliaires, est présent cas de facteurs de risque. Par ailleurs, uniquement à la surface des hépa- il faut suspecter une infection par le Le traitement est indiqué chez tout tocytes. L’AgHBs se lie alors spécifi- VHD dans les situations suivantes : en patient ayant un ARN du VHD détec- quement avec le NTCP. Ainsi, bloquer présence d’une hépatite chronique B table. l’entrée du VHB c’est en même temps active avec ADN VHB faible ou indé- Évaluation de l’efficacité bloquer l’entrée du VHD (10). Ces tectable, d’une exacerbation d’une des traitements molécules constituent des cibles hépatite chronique B, d’une hépa- thérapeutiques. tite B aiguë sévère ou fulminante. Il n’existe pas de recommandations formelles sur la surveillance des trai- L’infection par le VHD doit être tements. Un dosage des transami- confirmée par la détection de l’ARN nases et une charge virale delta (et viral dans le sérum (PCR ARN VHD). VHB) doivent être réalisées idéale- Histoire naturelle Dans tous les cas, il faut dépister une ment à 12 semaines, 24 semaines puis de l’hépatite delta co-infection VIH et VHC. tous les 24 semaines après le début Il est nécessaire d’évaluer au mieux du traitement. Pour les patients ayant Deux cas d’infections sont à distin- le stade de la maladie. L’évaluation une fibrose avancée, la surveillance guer : (a) la co-infection VHB-VHD, au de la fibrose peut être effectuée par clinique et de la fonction hépatique cours de laquelle les deux virus sont des tests indirects (tests sanguins est impérative en raison du risque de transmis conjointement ; (b) la surin- et/ou élastométrie) ou par la biopsie décompensation. fection, lorsqu’un porteur du VHB est hépatique. En première intention, surinfecté par le VHD (8). Dans les les marqueurs non invasifs sont deux cas, l’hépatite aiguë peut évoluer utiles. Cependant, les marqueurs non de manière sévère, voire fulminante. invasifs classiques ont une moins Traitement par interféron Si l’élimination spontanée des deux bonne performance dans l’hépatite pégylé (IFN-PEG) virus est habituelle chez l’adulte delta que dans les hépatites C ou B avec co-infection VHB-VHD (>90 %), (15-16). la surinfection VHD évolue en infec- L’IFN classique a été proposé pour le tion chronique dans plus de 80 % des Dans certains cas, lorsque les tests traitement de l’hépatite chronique D cas. Habituellement, la réplication du non invasifs ne sont pas concluants, dès 1994 (17). Ce traitement s’accom- VHD est forte et inhibe la réplication une biopsie hépatique est utile afin pagne d’un bénéfice histologique avec du VHB, mais il existe des différences d’évaluer le stade de la fibrose et le une régression de la fibrose observée selon les cas, et il est donc nécessaire degré d’activité nécro-inflammatoire. chez des patients avec fibrose avancée d’évaluer chaque patient. Elle ne devra être réalisée que si son (18). Par la suite, l’interféron-pégylé résultat modifie la prise en charge (IFN-PEG) a été utilisé et recommandé L’hépatite chronique D est marquée médicale du patient. par les sociétés savantes pour le trai- par une progression fréquente et plus Enfin, le dépistage du CHC repose sur tement de l’hépatite chronique D rapide de la fibrose vers la cirrhose de dosage sérique de l’alphafoeto- (19-22). Son efficacité est modeste (de et un risque accru de développement protéine et l’échographie abdominale l’ordre de 20 à 25 %) et de nombreux de carcinome hépatocellulaire (CHC) semestriels. L’indication du dépistage effets secondaires limitent sa tolé- avec un odds ratio estimé à 2,77 par relève des mêmes recommandations rance. rapport aux patients mono infectés et augmentant à 7,13 en cas d’associa- que pour l’hépatite virale B. (28) L’objectif de ce traitement à durée tion avec le VIH (11-13). Il existe néan- limitée (habituellement 48 semaines), moins des patients dont l’évolution est d’obtenir une virémie VHD indé- est plus favorable et il faut rappeler tectable par PCR 24 semaines après l’importance d’une évaluation de la Traitements la fin du traitement. Ce résultat est fibrose au cas par cas. de l’hépatite delta obtenu dans environ 20 à 25 % des cas. Comme pour l’hépatite C, on a défini cette réponse comme une RVP Objectifs et indication (réponse virologique prolongée). Diagnostic du traitement Cependant, ce terme est inapproprié dans l’hépatite chronique D, car de de l’hépatite delta Il faut rappeler que le meilleur traite- nombreuses rechutes ont été obser- ment de l’hépatite delta est préventif : c’est la vaccination contre le VHB. vées tardivement. La surveillance à Tout patient ayant un portage chro- long terme est donc nécessaire après nique de l’Ag HBs doit avoir un dé- L’objectif principal du traitement est la fin du traitement, même en cas de pistage de l’hépatite delta par une de diminuer la réplication du VHD afin réponse initiale favorable. Il n’existe sérologie. Malheureusement, ce dé- de réduire l’activité de l’hépatite chro- pas de marqueurs virologiques pistage est insuffisamment réalisé. nique D et ainsi de prévenir la progres- associés à une élimination virale D, et Une étude menée aux États-Unis a sion de la fibrose vers la cirrhose et la recherche de nouveaux marqueurs montré que sur 1 007 patients por- ses complications, en particulier le est essentielle (23). 100
L’IFN-PEG pourrait permettre d’obtenir des conséquences graves (tentative Le bulevirtide une RVP après la fin du traitement, de suicide). Des décompensations grâce à ses 2 mécanismes d’action : un de psychose préexistante peuvent Le bulevirtide est un fragment acétylé effet antiviral et un effet immunomo- survenir. Il peut survenir une dysthy- de 47 acides aminés dérivé de la dulateur. Si l’effet antiviral est suffi- roïdie (hypo ou hyperthyroïdie). La région pre-S1 de l’AgHBs. Il a pour sant (charge virale indétectable) et grossesse est contre-indiquée pendant but d’agir sur la toute première étape s’il est prolongé et accompagné d’une un traitement par IFN et le praticien du cycle viral en bloquant l’entrée réponse immunitaire efficace avec doit préconiser une contraception du VHB et du VHD dans les hépa- clairance des hépatocytes infectés, efficace si nécessaire. tocytes en entrant en compétition une séroconversion HBs peut survenir avec l’AgHBs pour le récepteur NTCP (avec négativation de l’AgHBs et appa- bloquant ainsi l’interaction AgHBs- rition des anticorps anti-HBs) ; l’acti- NTCP (Figure 4). Dans un essai théra- vité de l’hépatite chronique disparaît Analogues nucléotidiques peutique (étude MYR203) présentée ainsi que le risque de réactivation. à l’EASL en 2019, 60 patients ont été et nucléotidiques anti VHB randomisés en 4 bras (15 par bras) Les effets secondaires de l’IFN sont et traités pendant 48 semaines soit fréquents, nombreux, mais générale- Les antiviraux ayant comme but l’inhi par IFN-PEG en monothérapie, soit ment peu graves et réversibles à l’arrêt bition de la synthèse de l’ADN du VHB, par bulevirtide en monothérapie, soit du traitement. Le plus fréquent est tels que les analogues nucléos(t) par IFN-PEG associé au bulevirtide à le syndrome pseudo-grippal (fièvre, idiques couramment utilisés (enté- 2 mg/j ou 5 mg/j (25). arthralgies, céphalées, frissons), il cavir et ténofovir) n’ont pas d’effet est habituellement modéré et bien sur le VHD(28). Les meilleurs résultats étaient contrôlé par le paracétamol. Les autres HÉPATOLOGIE observés avec la thérapie combinée effets secondaires possibles sont une IFN-PEG et bulevirtide 2 mg/j avec une asthénie, un amaigrissement, une diminution de l’ARN VHD de 4,81 log perte de cheveux, des troubles du en fin de traitement et de 4,04 log sommeil, des troubles de l’humeur Les nouveaux traitements 24 semaines après son arrêt, associé avec une irritabilité qui peut avoir des à une indétectabilité de l’ARN VHD répercussions dans la vie quotidienne, De nombreux traitements sont en et une normalisation des ALAT dans des difficultés de concentration et développement pour le traitement 50 et 47 % des cas respectivement et une sécheresse cutanée. Certains de l’hépatite delta (24). Nous nous une diminution de l’Ag HBs quanti- effets secondaires rares sont parfois concentrerons sur les molécules ayant tatif d’au moins un log chez 40 % des graves et doivent être anticipés. Ainsi, récemment obtenu l’autorisation de patients (25). La tolérance du bule- parmi les troubles psychiatriques, mise sur le marché (AMM) et/ou à virtide est bonne. Une augmentation une dépression peut survenir dans celles en cours d’enregistrement, soit des acides biliaires est observée, non environ 10 % des cas ; elle doit être le bulevirtide et le lonafarnib et l’in- accompagnée de signes cliniques, dépistée et traitée car elle peut avoir terféron lambda (IFN lambda). expliquée par le fait que le récep- Figure 4 : cycle viral du VHB et VHD VHB PSVs BHD VHB VHD HSPGs NTCP 11 cytoplasme 1 Inhibiteur noyeau 2 d’entrée (Bulevirtide) RNP VHD Integration Golgi ADNrc AgHBs L-AgHD ADNccc 9 F F F F F F F Inhibiteur F F S-AgHD ARN genomic ARN genomic RNP VHD 10 du VHD du VHD de la 3 AgHBs 5 Re prenylation AAA S-HDAg mRNA (Lonafarnib) 7 AgHD AAA AD 4 UAG AR ACC L-HDAg mRNA AAA ARN Antigenomic 1 ARNm S-AgHD S-AgHD du VHD 6b 6a 8 AAA UIG ARNm L-AgHD L-AgHD Edited HDV Antigenomic RNA hepatocyte 101
teur ciblé par cette molécule est un diennes peuvent éventuellement être ment ou de 2 log à 24 semaines), la transporteur hépatocytaire des sels réalisées par le patient au domicile, décision d’une augmentation de la biliaires. Une surveillance du taux mais nécessite un apprentissage, posologie du bulévirtide à 10 mg/j d’acides biliaires est préconisée au le produit devant être reconstitué à (en 2 injections) pourra être discutée cours du traitement. domicile et conservé au réfrigérateur. en réunion de concertation pluridisci Au traitement par bulévirtide (2 mg plinaire et faire l’objet d’une demande Le bulevirtide a été utilisé dans le par jour), il est souhaitable d’associer d’autorisation temporaire d’utilisation cadre du protocole thérapeutique l’IFN-PEG afin d’améliorer l’efficacité nominative. MYR 203 et dans le cadre d’une thérapeutique tout en respectant les autorisation temporaire d’utilisation Enfin, il faut envisager l’interruption contre-indications représentées majo- (ATU) dès septembre 2019. L’ATU du traitement en cas de séroconver- ritairement par une intolérance à un s’adressait à des patients ayant une sion HBs prolongée (6 mois) ou en cas traitement précédent par IFN, une hépatite chronique D et présentant d'absence de réponse virologique et cirrhose décompensée (le traitement soit une cirrhose compensée ou une biochimique. est indiquée pour les patients avec fibrose hépatique sévère (fibrose de cirrhose compensée (Child Pugh A grade 3 évaluée par biopsie hépa- Le lonafarnib uniquement). tique ou FibroscanR), soit une fibrose hépatique de grade 2 (évaluée par Le lonafarnib est une molécule empê- En cas de contre-indication ou d’into biopsie hépatique ou FibroscanR) avec chant la prénylation de l’AgHD-L lérance à l’IFN, un traitement associant cytolyse hépatique persistante (ALAT (Figure 4). Un essai thérapeutique bulevirtibe et un analogue nucléot(s) ≥ 2N depuis au moins 6 mois), à la a inclus 55 patients (étude LOWR idique est préconisé. La durée opti- dose de 2 mg, une fois par jour par HDV-2), traités par des doses diffé- male du traitement n’est pas connue. injection sous-cutanée. L’AMM euro- rentes de lonafarnib en bithérapie Tant que le traitement est associé à péenne a été obtenue en septembre (ritonavir) ou en trithérapie (ritonavir un bénéfice clinique, il doit être conti- 2020. Une étude européenne (MYR et IFN-PEG) (26). L’efficacité optimale nué. 204) est en cours. était observée avec une bithérapie de Il faut surveiller l’efficacité du traite- 6 mois associant lonafarnib 50 mg En France, le médicament est dispo- et ritonavir 100 mg, 2 fois par jour ; ment comme précédemment décrit et nible depuis le 14 septembre 2020 celle-ci permettait d’obtenir une sa tolérance car il existe une élévation et a obtenu une autorisation de diminution de l’ARN VHD chez près des sels biliaires, réactions cutanées mise sur le marché conditionnelle de 90 % des patients et une normali- au site d’administration du bulévirtide et centralisée, la dispensation est sation des transaminases chez 100 % (administration sous-cutanée). donc hospitalière. Selon l’AMM, le des patients, cependant sans impact bulévirtide à la dose de 2 mg quoti- En l’absence d’efficacité virologique sur le dosage quantitatif de l’Ag HBs dienne par voie sous cutanée est (diminution de l’ARN VHD de moins (9). Une étude internationale de indiqué dans le traitement de l’in- d’un log à la 12e semaine de traite- phase III est en cours. fection chronique par le VHD chez les patients adultes présentant une maladie hépatique compensée ayant un ARN du VHD positif. Dans l’attente Figure 5 : Algorithme de prise en charge d’un prix définitif, le remboursement reste à ce jour (janvier 2021) limités aux patients répondant aux indi- To u t pat ie n t VHB ( A gHB s po s it if ) cations de l’ATU. La Haute autorité Dé pis t age de l’infection VHD de santé (HAS) préconise son asso- ciation systématique à un analogue nucléot(s)idique en raison du risque AC anti-VHD totaux de réactivation du VHB et sa prescrip- tion par des médecins connaissant les Négatifs Positifs maladies virales hépatiques lors de réunions de concertations pluridisci- plinaires (https://www.has-sante.fr/ VHD Négatif Charge virale jcms/p_3224940/fr/hepcludex). ARN VHD Ce traitement est actuellement Positive envisagé comme traitement virosup- Négative 174,884 presseur administré au long cours associé à un analogue nucléot(s) Surveillance clinique Biopsie Répétition et Biologie idique, ou comme traitement d’éradi- surveillance Cirrhose : Fibroscopie cation en combinaison avec l’IFN-PEG. Echographie Dépistage Avant de débuter le traitement, il est CHC important de rappeler le rôle essen- tiel de l’éducation thérapeutique du Traitement par IFN-PEG patient. Il faut expliquer la maladie et bulevirtide et le traitement afin d’obtenir l’adhé- (et/ou nouveaux traitements sion du patient à la prise en charge. en dévelopement) Les injections sous cutanées quoti- 102
Interféron lambda 9. Yan H, Zhong G, Xu G, et al. Sodium 20. Wedemeyer H, Yurdaydin C, Dalekos GN, taurocholate cotransporting Erhardt A, Cakaloglu Y, Degertekin H, et (IFN lambda) polypeptide is a functional receptor al. Peginterferon plus adefovir versus Une étude de phase II a étudié l’effica- for human hepatitis B and D virus. eLife. either drug alone for hepatitis delta. N cité et la tolérance de l’IFN lambda aux 2012;1:e00049. Engl J Med 2011;364:322–331. doses de 120 et 180 microg/semaine, 10. Tu T, Urban S. Virus entry and its inhibition 21. Wedemeyer H, Yurdaydin C, Hardtke S, chez 14 patients pour une durée d’une to prevent and treat hepatitis B and et al. Peginterferon alfa-2a plus tenofovir année (27). La charge virale D dimi- hepatitis D virus infections. Curr Opin disoproxil fumarate for hepatitis D Virol. 2018; 30:68-79. (HIDIT-II): a randomised, placebo nuait de 2,3 log avec 6 mois plus tard, controlled, phase 2 trial. 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5 Les cinq points forts ● Chez tout patient infecté par le VHB, il faut dépister le VHD. ● L’hépatite delta augmente le risque de cirrhose et de carcinome hépatocellulaire. ● Le traitement par IFN-PEG a toujours sa place. Le bulevirtide est un nouveau traitement ayant récemment obtenu son AMM pour tout patient VHD avec réplication virale (sauf en cas de cirrhose décompensée), par injection sous-cutanée quotidienne. ● Il faut dépister le CHC chez tout patient infecté par le VHD selon les mêmes recommandations que celles du VHB. ● La vaccination contre le VHB reste le meilleur traitement préventif de l’hépatite Delta. 104
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