UN-Water publie son rapport de synthèse 2018 sur l'ODD 6 relatif à l'eau et à l'assainissement - Coalition Eau
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23 JUILLET 2018 Rapport UN Water 2018 UN-Water publie son rapport de synthèse 2018 sur l’ODD 6 relatif à l’eau et à l’assainissement Afin d’éclairer les discussions des États Membres lors du Forum politique de haut niveau sur le développement durable qui a eu lieu du 9 au 18 juillet 2018, et à l’occasion duquel l’ODD 6 sur l’eau et l’assainissement était passé en revue, UN-Water a produit son premier rapport de synthèse sur l’ODD 6 (disponible ici). Celui-ci présente les données de référence sur la situation mondiale de référence au regard de l’ODD 6, expose la situation actuelle et les grandes tendances mondiales et régionales, et décrit ce qu’il reste à parcourir pour atteindre cet objectif d’ici à 2030. Le rapport s’appuie sur les données les plus récentes disponibles pour les 11 indicateurs mondiaux relatifs à l’ODD 6 (données provenant des derniers rapports JMP, GEMI et GLAAS) pour suivre les progrès accomplis au regard des 8 cibles mondiales[1]. Le rapport explore également les liens entre les cibles de l’ODD 6 et les liens entre l’ODD 6 et les autres cibles et indicateurs (au travers d’une approche intégrée : eau et société, eau et environnement, eau et économie). UN NOUVEL ENSEMBLE D’INDICATEURS QUI POSE DE NOMBREUX DEFIS DE REPORTING Pour mesurer les progrès vers la réalisation des 8 cibles de l’ODD 6 sur l’eau et l’assainissement, les Nations Unies ont défini 11 indicateurs de mesure :
Cet ensemble d’indicateurs pose un certain nombre de défis en matière de mesure et de collecte de données comparables au niveau mondial, notamment car les données relatives aux cibles associées à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène sont recueillies depuis 2000, au titre des Objectifs du Millénaire pour le Développement, alors que le processus est beaucoup plus récent pour la plupart des autres cibles. A ce jour, moins de la moitié des États Membres dis- posent de données comparables sur les progrès qu’ils ont accomplis au titre de chacune des cibles mondiales associées à l’ODD 6. Près de 60 % des pays ne disposent d’aucune donnée au titre de plus de quatre des indicateurs mondiaux associés à l’ODD 6, et seuls 6 % d’entre eux ont communiqué des informations sur plus de huit indicateurs mondiaux, ce qui constitue une carence majeure pour établir des estimations solides. Retrouvez le « Guide pour le suivi intégré de l’ODD 6 : Cibles et indicateurs mondiaux » ici LES CHIFFRES À RETENIR Etant donné ces lacunes de reporting, les estimations mondiales de UN-Water sont à prendre avec précaution. Voici les principaux résultats à retenir par cibles de l’ODD 6 :
Cible 6.1 : Assurer l’accès à l’eau potable, à un coût abordable (estimations basées sur les données de 96 pays) ≥ En 2015, 2,1 milliards de personnes n’avaient toujours pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable (eau potable gérée en toute sécurité[2]). ≥ 844 millions de personnes ne bénéficiaient même pas d’un service élémentaire d’approvisionnement en eau potable[3]. ≥ La part de la population mondiale ayant accès au minimum à des services élémentaires d’approvisionnement en eau potable est passée de 81 % à 89 % entre 2000 et 2015. ≥ Seuls 20 % des pays affichant une couverture inférieure à 95 % (pour un service élémentaire d’approvisionnement en eau potable) sont sur la bonne voie pour assurer l’accès de tous leurs citoyens à des services élémentaires d’ici à 2030. Cible 6.2 : Assurer l’accès à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats et mettre fin à la défécation en plein air (estimations basées sur les données de 84 pays pour 6.2.1a et 70 pays pour 6.2.1b) ≥ En 2015, 4,5 milliards d’êtres humains ne disposaient pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité[4], permettant l’élimination des matières fécales in situ ou leur traitement hors site. ≥ Près de 892 millions d’êtres humains dans le monde pratiquaient toujours la défécation en plein air (contre un peu plus de 1,2 milliard en 2000). 90% de ces personnes résident dans des zones rurales et la majorité d’entre elles vivent en Asie centrale et méridionale (558 millions) et en Afrique subsaharienne (220 millions). ≥ En outre, seuls 10 % des pays au taux de couverture inférieur à 95 % (pour un assainissement élémentaire[5]) sont en bonne voie pour parvenir à un accès universel d’ici à 2030. ≥ ≥ Le manque de données sur les dispositifs de lavage des mains avec savon empêche la production d’estimations mondiales. Néanmoins, dans les 70 pays pour lesquels des données sont disponibles, l’accès à l’eau et au savon pour le lavage des mains oscille entre 15% en Afrique subsaharienne et 76% en Asie occidentale et en Afrique du Nord. Cible 6.3 : Améliorer la qualité de l’eau, le traitement et la réutilisation sans danger des eaux usées (estimations basées sur les données de 79 pays pour 6.3.1 ; pour 6.3.2 : données de 30 pays sur les plans d’eau, 35 sur les rivières, 25 sur les eaux souterraines et 22 sur les trois) ≥ 59 % des eaux usées produites par les ménages font l’objet d’un traitement adéquat. ≥ 76 % des eaux usées domestiques des ménages raccordés aux égouts sont traitées de manière sûre, contre 18 % pour ceux dont les eaux font l’objet d’un traitement in situ. Cible 6.4 : Augmenter l’utilisation rationnelle des ressources en eau et garantir l’approvisionnement en eau douce (estimations basées sur les données de 168 pays pour 6.4.1 et 171 pays pour 6.4.2) ≥ La moyenne mondiale de l’efficacité de l’utilisation des ressources en eau s’établit à 15 dollars/m3 (variation de 2 dollars/m3 dans les pays dont les économies sont tributaires de l’agriculture à 1 000 dollars/m3 dans les économies fortement industrialisées). ≥ La moyenne mondiale du stress hydrique (prélèvements d’eau douce en proportion des réserves en eau douce disponibles) s’établit à 11 %. ≥ Dans 31 pays, cette valeur se situe entre 25% et 70%.
≥ Dans 22 pays, elle est supérieure à 70 % (existence d’un stress hydrique particulièrement prononcé). C’est en Afrique du Nord et en Asie occidentale, centrale et méridionale que sont enregistrées les valeurs les plus élevées. Cible 6.5 : Mettre en œuvre une gestion intégrée des ressources en eau (estimations basées sur les données de 157 pays pour 6.5.1 et 107 pays sur 153 partageant des eaux frontalières pour 6.5.2) ≥ Le degré de mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources en eau est de 48 % sur le plan mondial (atteinte du niveau « moyen-faible » de mise en œuvre). ≥ Seuls 25 % des pays figurant dans les trois groupes inférieurs de l’Indice de développement humain (IDH) atteignent le niveau moyen-faible de la GIRE. ≥ Au sein des différentes composantes de la GIRE, les domaines de la coordination transsectorielle et la participation du public à l’échelon national enregistrent le plus de progrès (alors que le financement et l’égalité des sexes restent source de préoccupation). ≥ Des progrès modestes sont relevés, mais au rythme actuel, la plupart des pays n’atteindront pas la cible d’ici à 2030. ≥ 59 % des bassins transfrontaliers en moyenne sont assortis d’un dispositif opéra- tionnel de coopération sur les ressources en eau partagées données 2017/2018 provenant de 61 des 153 pays partageant des eaux transfrontalières). Cible 6.6 : Protéger et restaurer les écosystèmes aquatiques (estimations basées sur les données de 38 pays pour 6.6.1) Selon UN-Water, cet indicateur mondial reste très général et les données obtenues sont insuf- fisantes pour mesurer les progrès accomplis. Des données plus détaillées seront nécessaires pour parvenir à une perception fine des écosystèmes aquatiques et de leurs bénéfices. Cible 6.a : Développer la coopération internationale et le renforcement des capacités (estimations basées sur les données de 140 pays pour 6.a.1) ≥ Le montant total de l’aide consacrée au secteur de l’eau est passé de 7,2 milliards de dollars en 2011 à 8,8 milliards en 2016) ≥ Cependant, le pourcentage de l’aide publique au développement affectée à l’eau est resté stable, à environ 5 % de l’aide internationale tous secteurs confondus. ≥ Les données actuelles ne permettent pas de déterminer dans quelle mesure l’aide publique au développement est inclue dans les programmes de dépenses au niveau national. Cible 6.b : Appuyer la participation des parties prenantes (estimations basées sur les données de 110 pays pour 6.b.1) ≥ Plus de 75 % des pays ont indiqué qu’ils étaient dotés de politiques et de procédures claires visant à permettre la participation des utilisateurs des services et de la population aux programmes de planification de l’approvisionnement en eau potable (zones urbaines : 79 %, zones rurales : 85 %) et de l’assainissement (zones urbaines : 79 %, zones rurales : 81 %). ≥ 83 % des pays sont dotés de politiques et de procédures pour la planification et la gestion des ressources en eau. ≥ Il sera nécessaire de mesurer la participation d’un point de vue qualitatif, grâce à des in- dicateurs plus clairs tenant compte de la nature de la participation, de son efficacité et de sa valeur.
CONCLUSION D’une manière générale, si l’on se base sur les données présentées dans ce rapport, le monde n’est pas sur une bonne trajectoire pour atteindre les ODD d’ici 2030 : les financements consacrés à l’eau et à l’assainissement sont insuffisants, les structures de gouvernance sont fragmentaires et les capacités institutionnelles et humaines dans l’ensemble du secteur de l’eau sont également insuffisantes, notamment dans les pays les moins avancés. A titre d’exemple, sur la base des progrès actuels et selon une étude menée par WaterAid[6], l’ensemble de la population togolaise n’aura pas accès à un approvisionnement élémentaire en eau potable avant 2047. En termes d’accès pour tous à des services élémentaires d’assainissement, le Togo n’atteindra la cible qu’en 3155, le Vanuatu en 3469 alors que le Ghana devra attendre 2468. La population sénégalaise dans son ensemble ne bénéficiera de services d’hygiène élémentaires qu’en 5080. POUR ALLER PLUS LOIN ≥ Le rapport de synthèse de UN-Water sur l’ODD 6 ici ≥ Le résumé ici ≥ Les points essentiels ici INFORMATION COMPLÉMENTAIRE UN-Water a réalisé une consultation publique sur ce rapport d’avancement sur la mise en œuvre de l’ODD 6 (de mai à septembre 2018). La Coalition Eau a contribué à la première phase de la consultation (en mai). Une deuxième phase de consultation a au lieu pour la préparation du FPHN (du 25 juin au 9 juillet). Une dernière phase sera organisée sur ses suites (du 31 août au 14 septembre). Plus d’informations : ici [1] Approvisionnement en eau potable (cible 6.1) et services d’assainissement et d’hygiène (6.2), traitement et réutilisation des eaux usées et qualité de l’eau (6.3), utilisation rationnelle et pénurie d’eau (6.4), gestion intégrée des ressources en eau notamment grâce à la coopération transfrontière (6.5), protection et restauration des écosystèmes aquatiques (6.6), coopération internationale et renforcement des capacités (6.a) et participation de la population locale à la gestion de l’eau et de l’assainissement (6.b). [2] « L’eau potable provenant d’une source améliorée située sur place et disponible en cas de besoin, exempte de contamination de matières fécales (et des produits chimiques d’intérêt prioritaire) », échelle JMP [3] « L’eau potable provenant d’une source améliorée avec un temps de collecte de 30 minutes ou moins aller-retour, incluant la file d’attente », échelle JMP [4] « L’utilisation des installations d’assainissement améliorés qui ne sont pas partagées par plusieurs familles et dans lesquelles les excréta sont stockés et traités sur place ou acheminés et traités hors
site. », échelle JMP [5] « L’utilisation des installations d’assainissement améliorées qui ne sont pas partagées par plusieurs familles », échelle JMP [6] Données et méthodologies disponibles sur washwatch.org/en/ Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)
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