Une recherche de qualité, moins d'expériences sur les animaux - Replace Reduce
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Au service de la science et des animaux On ne peut pas se passer entièrement de l’expérimentation animale. Bien que de grands efforts aient été mis en œuvre, cer- taines expériences sur animaux sont aujourd’hui encore indis- pensables. Il y a des questions de recherche qui ne peuvent pas être résolues autrement. Certaines expériences sur animaux sont prescrites par la loi, par exemple pour contrôler l’innocuité de produits chimiques. C’est là que la Fondation Recherches 3R intervient: elle s’ef- force, partout où cela est possible, de remplacer les expérien- ces sur les animaux par d’autres méthodes (replace), de réduire le nombre d’expériences sur les animaux (reduce), et de dimi- nuer les contraintes pour les animaux de laboratoire dans le ca- dre de la détention et des expériences (refine). Ensemble, ces 3R ont une grande valeur pour la protection des animaux. Mais ils permettent aussi d’améliorer les résultats de la recherche. La Fondation poursuit les objectifs des 3R en apportant à la recher- che un soutien financier en ce sens. Depuis sa création il y a 20 ans, la Fondation démontre combien on peut mettre en mouvement en rassemblant autour d’une table des personnes que tout semble opposer pour qu’el- les poursuivent des objectifs communs à l’aide de projets concrets: en effet, la Fondation rassemble de manière unique des représentants de l’industrie, des autorités, de la science et de la défense des animaux. Son bilan est impressionnant: au cours des 20 dernières an- nées, la Fondation a investi plus de 14 millions de francs pour soutenir plus de 100 projets de recherche. De nombreuses pu- blications en ont découlé et témoignent de la créativité des cher- cheurs quand il s’agit d’améliorer la situation au niveau des ex- périences sur les animaux. Grâce à Internet, elles sont acces- sibles dans le monde entier. Cependant, il reste encore fort à faire. C’est ce que montre par exemple le fait que le nombre d’expériences sur les animaux est à nouveau en augmentation alors qu’il avait diminué réguliè- rement pendant 20 ans. La Fondation Recherches 3R va donc continuer à encourager des travaux de recherche visant à rem- placer les expériences sur les animaux et à réduire leur nombre ainsi que les contraintes pour les animaux. Au service de la pro- tection des animaux et du progrès de la science. Christine Egerszegi-Obrist, conseillère nationale, vice-présidente de la Fondation Recherches 3R 2
Introduction Traitement de la douleur 4 Perspectives et défis 18 Moins de douleur, expériences plus parlantes Ethique Animaux génétiquement modifiés 6 Un véritable dilemme 20 Etudes sur le vivant Protection des animaux Expériences sur les primates 7 Il reste fort à faire 22 Une controverse éthique Tour d’horizon des 3R Méthodes informatiques 8 Points forts de 20 ans de promotion de la recherche 24 Plutôt la souris de l’ordinateur Replace Méthodes non invasives 12 Limites des méthodes sans animaux 25 «Beaucoup moins d’animaux» Reduce L’idée des 3R dans la pratique 14 Aussi peu que possible, autant qu’il le faut 26 La mise en œuvre est décisive Refine Formation professionnelle et perfectionnement 16 Diminuer les contraintes pour les animaux 28 Un personnel bien formé fait de meilleures expériences animales Réseau international 30 La mondialisation des 3R 20 ans de Fondation Recherches 3R 32 Un idéal et ses succès Plate-forme de dialogue 3R 34 Les autorités, les associations de défense des animaux, l’industrie et la science prennent la parole Cette brochure a été réalisée à l’occasion du 20 e Photos: © RDS/Wellcome Trust Photographic Library, Editeur: anniversaire de la Fondation Recherches 3R iStock International, Corbis Corporation, Fondation Recherches 3R Christoph Gmuender, Photos pages 9 à 11, 20: prêt Case postale 1372 Equipe de rédaction: CH-3110 Münsingen Ernst Diener, Franz Paul Gruber, Adrian Heuss, Les citations sont extraites de la Loi sur la protection Tél. ++41 31 722 08 30 Peter Maier, Ursula Moser, Heinz K. Müller des animaux du 16 décembre 2005 (LPA; FF 2006 327, Fax ++41 31 721 70 80 RS 455), qui n‘était pas encore en vigueur à la date de E-mail: secretary.3r@bluewin.ch Maquette: Continue AG, Bâle. Conception: advocacy AG mise sous presse. www.forschung3r.ch
Introduction Perspectives et défis Au cours des dernières décennies, le nombre d’animaux de laboratoire a diminué en Suisse de 80%. Le principe 3R (replace, reduce, refine) a largement contribué à ce succès. Cependant, il n’y a pas de raison de se contenter de ce résultat. Pour la plupart des gens, l’expérimenta- de se contenter de ce résultat. En effet, nées. «Il est par conséquent aujourd’hui tion animale comporte un dilemme: d’un depuis 2001, le nombre d’animaux de la- plus difficile que jamais de réaliser l’ideal côté, de nombreuses personnes souhai- boratoire est à nouveau légèrement à la d’un monde sans expérimentation anima- tent que l’on effectue de la recherche fon- hausse en Suisse et en Europe. Cette ten- le ou tout au moins l’ideal d’expériences damentale, que l’on élabore des médica- dance est probablement due à l’augmen- qui ne fassent pas souffrir les animaux», ments efficaces et que l’on assure l’inno- tation des activités de recherche biomédi- explique Hugo Wick, président de la Fon- cuité des produits chimiques. De l’autre cale dans les universités et dans l’industrie dation Recherches 3R. «Raison de plus côté, personne ne veut pour autant que pharmaceutique, mais aussi à la plus d’ancrer plus fortement l’idée des 3R des animaux aient peur, souffrent de grande sévérité des exigences de sécurité dans la recherche fondamentale.» stress ou de douleur. Des questions se vis-à-vis des médicaments et des produits posent donc: a-t-on vraiment besoin de chimiques. Expérimentation animale: que dit la loi? tous ces animaux? Est-il possible de réali- ser les expériences de manière à ce que Un idéal difficile à mettre en œuvre Est considérée comme expérience sur les les animaux ne soient pas stressés et ne Les experts estiment qu’il est encore pos- animaux toute intervention au cours de souffrent pas? Peut-on éventuellement se sible de réduire le nombre d’animaux de laquelle des animaux vivants sont utilisés pour: passer complètement d’animaux? Telles laboratoire et surtout les contraintes pour (1) vérifier une hypothèse scientifique, (2) vé- rifier les effets d’une mesure déterminée sur sont justement les trois questions dont dé- les animaux dans les expériences, mais l’animal, (3) tester une substance (à certaines coule le principe 3R. La présente brochure que cela est plus difficile que par le passé, exception près), (4) prélever ou examiner des expose ce principe et son application. car les solutions 3R les plus évidentes ont cellules, des organes ou des liquides organi- déjà été mises en œuvre. Un exemple: ques, (5) obtenir ou reproduire des organis- Entre 1983 et 2000, le nombre d’animaux dans le secteur des contrôles de toxicité – mes étrangers à l’espèce, (6) l’enseignement, de laboratoire est passé en Suisse d’envi- tests destinés à vérifier si un produit est la formation ou la formation continue (art. 3, let. c, LPA). Toute personne qui entend effec- ron 2 millions à un demi-million. Il s’agit nocif ou non –, divers procédés permet- tuer des expériences sur les animaux doit être d’une diminution de presque 80%. Le tant de renoncer aux expériences sur les titulaire d’une autorisation de l’autorité canto- principe 3R a largement contribué à ce animaux ont été élaborés et mis en œuvre nale compétente (art. 18, al. 1, LPA). succès. Cependant, il n’y a pas de raison en Europe au cours des dernières an- Statistiques des expériences Expériences sur les animaux en Suisse (nombre d’animaux de 1983 à 2005) sur les animaux 2 000 000 En 2005, plus de 500 000 animaux ont été utilisés en Suisse pour des expériences. La majeure partie de ces expériences est en rapport avec 1 500 000 la santé humaine, d’abord dans la recherche fondamentale (33% des ani- maux de laboratoire), puis dans la recherche sur les médicaments (52%). 1000 000 Avant qu’un nouveau produit ou médicament soit autorisé à la consomma- tion, des contrôles de sécurité et de qualité sont prescrits par la loi (10%). Neuf animaux sur dix de laboratoire sont des rongeurs (souris et rats). 500 000 Environ 4% sont soumis lors des expériences à des contraintes sévères (degré de gravité 3). 0 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 Expériences sur les animaux soumises à autorisation www.bvet.admin.ch/tv-statistik 4
Les pionniers du principe des 3R: William Russell et Rex Burch Le principe des 3R Ce que les chercheurs britanniques William Rus- sell et Rex Burch disaient en 1959 des expérien- ces sur les animaux nous semble aujourd’hui élémentaire. Mais à l’époque, ils faisaient figure de pionniers. Ils souhaitaient un rapport sans cruauté entre l’homme et l’animal. «Une science sans cruauté est une bonne science et le meilleur moyen d’atteindre ce but est l’application rigou- reuse des 3R», disait Rex Burch. C’est sur cette base que Russell et Burch développèrent le concept des 3R (replace, reduce, refine). Ce concept décrit de manière brève et précise ce qu’il convient de prendre en compte lors de la pla- nification d’une expérience sur des animaux. Le principe «replace» (remplacement) exige des chercheurs et des autorités qui délivrent l’autori- sation de réfléchir à l’utilité de l’expérience. Ils doi- vent démontrer que l’expérience est vraiment né- cessaire et ne peut pas être remplacée par une autre méthode n’utilisant pas d’animaux. Si l’expérience est nécessaire et indispensable au sens de la loi sur la protection des animaux, le deuxième principe «reduce» (réduction) exige d’uti- liser aussi peu d’animaux que possible. Enfin, le troisième principe, «refine» (raffinement, réforme) exige de soumettre les animaux utilisés pour l’ex- périence à aussi peu de contraintes que possible. Un certain temps s’est écoulé avant que le prin- cipe des 3R soit appliqué largement. Les mentali- tés ont évolué vers la fin des années 70, entre Il est encore possible de réduire le nombre d’animaux de laboratoire, mais cela est plus difficile autres sous la pression des associations de pro- que par le passé. Raison de plus d’ancrer l’idée des 3R dans la recherche fondamentale. tection des animaux. Aujourd’hui encore, l’idée des 3R ne va pas de soi dans tous les pays déve- loppés, mais elle est largement répandue. 5
Ethique Un véritable dilemme Au fond, tout le monde est contre l’expérimentation animale. Mais en même temps, chacun souhaite des médicaments fiables et des produits chimiques inoffensifs – impossible sans expérimentation animale. Comment gérer ce dilemme? Vis-à-vis de l’expérimentation animale, on soumis est grande et que le nombre d’ani- au devoir de ne le faire qu’après avoir peut prendre une position catégorique ou maux nécessaires à une expérience est soupesé le pour et le contre et dans des pragmatique. Les défenseurs radicaux des important. En Suisse, il n’y a donc par cas individuels justifiés. animaux refusent catégoriquement les ex- exemple pas d’expérimentation animale périences sur les animaux, parce qu’ils en rapport avec les produits cosmétiques. Ces principes éthiques ne sont pas vala- considèrent ceux-ci comme des créatures En effet, les rouges à lèvres et autres pro- bles dans tous les pays du monde. En ayant les mêmes droits que les humains. duits de beauté sont des produits de luxe effet, la conception que l’homme a de Le point de vue pragmatique en revanche dont l’utilisation n’apporte pas de béné- l’animal est influencée par la culture, la met le bien-être de l’homme au-dessus de fice essentiel. L’évaluation est plus difficile religion et l’éducation. la souffrance animale, de sorte que les ex- dans le domaine de la recherche fonda- périences sur les animaux peuvent être lé- mentale, car la nature de celle-ci est telle Garde-fous éthiques gitimes. Cette deuxième approche est que les chercheurs ne peuvent pas ga- Certaines organisations, hautes écoles et aujourd’hui ancrée dans la loi. Une per- rantir à l’avance un bénéfice en termes de entreprises de l’industrie pharmaceutique sonne qui dirige des expériences sur les connaissances. Mais le progrès médical soumettent leurs collaborateurs à des direc- animaux est cependant toujours tenue de dépend encore aujourd’hui bien souvent tives d’éthique pour l’exécution d’expériences peser les intérêts avant chaque expérience d’expériences sur les animaux – même s’il sur animaux. Des directives d’éthique ont en mettant en balance la souffrance des y a eu de grands progrès dans la recher- entre autres été élaborées par les Académies animaux et les bénéfices escomptés en che sur les méthodes de substitution. Par suisses des sciences. Celles-ci mentionnent termes de connaissances. Si cette per- conséquent, l’objectif doit être de limiter explicitement le principe des 3R. En outre, di- verses commissions se penchent sur ce sujet, sonne aboutit dans cette analyse à la autant que possible les souffrances de par exemple la Commission fédérale d’éthique conclusion que le bénéfice l’emporte, elle chaque animal utilisé dans une expérience pour la biotechnologie dans le domaine non peut alors justifier l’expérience. Le bénéfi- et de réduire autant que possible le nom- humain (CENH). ce escompté doit être d’autant plus grand bre d’animaux utilisés. Le droit que s’ac- que la contrainte à laquelle l’animal est corde l’homme d’utiliser les animaux est lié www.samw.ch Un cas d’ambivalence éthique L’expérimentation animale nous oblige à nous demander quel est Aujourd’hui encore, un chercheur qui réalise des expériences notre rapport en tant qu’êtres humains vis-à-vis des animaux. Dès sur les animaux est confronté à cette contradiction. Mais il n’est l’Antiquité, les philosophes n’étaient pas unanimes sur le statut de pas livré à lui-même lorsqu’il s’agit de déterminer si une expé- l’animal: certains soulignaient l’intelligence des animaux, tandis rience sur animaux est éthiquement défendable ou non: le cadre que d’autres, tels que Sénèque croyaient que l’homme était uni- légal suisse est l’un des plus sévères au monde et se base sur que en son genre et donc supérieur à l’animal. Plus tard, certains la philosophie des 3R. Cette philosophie est nécessaire. Mais il philosophes considéraient les animaux comme de simples machi- ne faut pas s’abandonner à l’illusion que l’expérimentation ani- nes, ce qui agrandit le fossé, entre l’homme et l’animal. male sera un jour superflue grâce aux 3R. En effet, même la science ne pourra jamais éliminer l’ambivalence éthique inhéren- te à l’expérimentation animale. «Il ne faut pas s’abandonner à l’illusion que la réduction des Alexandre Mauron, Université de Genève expériences sur les animaux les rendent un jour superflues.» 6
Protection des animaux Il reste fort à faire Au cours des dernières décennies, il y a eu des progrès dans la protection des animaux. Cepen- dant, il reste fort à faire. En particulier au niveau de la détention et de la mise en œuvre pratique des méthodes 3R, un potentiel d’amélioration subsiste. De nombreuses organisations de protec- l’expérience proprement dite. Si la déten- exige de la part des responsables une tion des animaux reconnaissent qu’en tion est inappropriée, le comportement connaissance exacte des besoins de l’es- Suisse, la situation des animaux de labo- de l’animal peut s’en trouver perturbé et pèce animale en question et une grande ratoire s’est améliorée au cours des son système immunitaire peut se modifier. sensibilité. Pour les espèces sociales par 20 dernières années. Mais elles sont éga- exemple, il est important de veiller à une lement convaincues que ce n’est pas suf- Détention axée sur les besoins détention en groupe et de vérifier réguliè- fisant. Dans de nombreux domaines, par des animaux rement si le groupe fonctionne bien. Pour exemple la détention des animaux, des Les associations suisses de protection les grands animaux, il faut de l’espace et améliorations sont encore possibles et des animaux revendiquent par consé- des possibilités de mouvement. Il faut nécessaires: le type de détention est dans quent une détention des animaux de la- aussi veiller à ce que le climat ambiant la plupart des cas une contrainte plus im- boratoire axée autant que possible sur soit bon: éclairage, température, humidité portante pour l’animal de laboratoire que les besoins naturels des animaux ce qui de l’air, bruit. Méthodes de substitution à l’expérimentation animale: où en sommes-nous? Au bout de 20 ans de Fondation Recherches 3R, il est temps permettent pas de créer des modèles de maladie humaine vala- de faire le bilan: plus de la moitié des projets soutenus pendant bles, parce que les gènes de l’homme et de la souris ne contien- cette période étaient de nature à réduire le nombre d’animaux nent pas forcément les mêmes informations. Et parce qu’il s’agit utilisés. A quelques exceptions près, ces projets étaient du do- là d’une réduction inacceptable au contexte génétique, qui négli- ge l’effet des facteurs psychiques, de l’environnement et de l’ali- mentation. «Fort heureusement, des approches expérimentales novatrices, de nature Fort heureusement, des approches expérimentales novatrices, à remplacer à long terme les expé- de nature à remplacer à long terme les expériences sur les ani- riences sur les animaux, ont souvent maux, ont souvent été encouragées. Mais bien souvent, la mise été encouragées.» en œuvre n’est pas parfaite. La Fondation a par exemple soutenu activement les connaissances sur la production d’anticorps re- combinants sans utilisation d’animaux. Ce problème est résolu maine de la recherche fondamentale. Pourtant, le nombre du point de vue scientifique. Mais dans les laboratoires, on conti- d’animaux utilisés dans la recherche fondamentale augmente. nue à immuniser des lapins, la méthode n’est pas appliquée. La Fondation fait-elle fausse route? Ou le nombre d’animaux aurait-il augmenté encore bien davantage sans les projets de Franz Gruber, Université de Constance/revue ALTEX la Fondation Recherches 3R? Nous ne pouvons que faire des suppositions. Faut-il encourager de manière ciblée des projets dans les secteurs qui sont responsables de l’augmentation du nombre d’animaux de laboratoire? Ou la Fondation doit-elle surtout encourager la réflexion? Par exemple la réflexion sur le fait que toutes les souris génétiquement modifiées du monde ne 7
Tour d’horizon des 3R Points forts de 20 ans de promotion de la recherche Depuis sa création en 1987, la Fondation sont engagés dans ce but, quelques- Des informations détaillées sur ces projets Recherches 3R a soutenu plus de uns d’entre eux sont présentés en bas et sur tous les autres projets soutenus 100 projets de recherche. Ces projets de cette page. Sur les pages suivantes, par la Fondation sont disponibles sous avaient pour but d’élaborer des méthodes neuf projets soutenus par la Fondation www.forschung3R.ch (Liste des projets). permettant d’utiliser moins d’animaux Recherches 3R et couronnés de succès de laboratoire ou de s’en passer complè- sont présentés. Les projets vont de la tement et d’améliorer la détention des recherche de gènes de la douleur à l’éla- animaux de laboratoire. De nombreux boration de membranes permettant de projets ont été couronnés de succès. De nourrir des tiques au lieu de placer celles- nombreux chercheurs et chercheuses se ci sur des animaux hôtes. A partir de gauche: Felix Wolf, Cornell Univer- sity (Etats-Unis), Paolo Cinelli, Université de Zurich, Paul Flecknell, Newcastle University (Royaume-Uni), Hanno Würbel, Université Justus Liebig de Giessen (Allemagne) A partir de gauche: Eva Waiblinger, Protection suisse des animaux, Bâle, Andrew Hemphill, Université de Berne, Peter Brügger, Novartis Pharma SA, Bâle, Paul Honegger, Université de Lausanne A partir de gauche: R. Geoff Richards, Fonda- tion AO Davos, Marianne Geiser Kamber, Université de Berne, Nicolau Beckmann, Université de Bâle/Novartis Pharma SA, Thomas Kröber, Université de Neuchâtel 8
Amélioration du box. Si le box contient autre chose que de la litière, les animaux sont mieux occupés et développent moins de com- portements stéréotypés. 1 3 Reconnaître la douleur. Chez certains animaux, il est difficile de savoir s’ils souf- frent: les lapins par exemple dissimulent volontairement leur douleur (photo de gau- che). Chez les chats, un pe- lage sale peut indiquer qu’ils souffrent (photo en haut). 2 3 Recherche de gènes de la douleur. A l’aide de puces géniques, les chercheurs ont étudié 130 gènes liés à la douleur et à la peur (photo de puces à ADN). 1 Petites modifications, 2 Recherche des gènes 3 Reconnaître la douleur impact important de la douleur chez l’animal De petites améliorations des conditions Les chercheurs partent du principe que Le bien-être de l’animal de laboratoire est de détention des animaux peuvent dimi- certains gènes augmentent ou réduisent un but essentiel. Il est donc important de nuer ou même empêcher l’apparition de leur activité dès qu’un organisme éprouve détecter rapidement la souffrance et la comportements stéréotypés, tels que le une douleur. Ils recherchent donc ces douleur. Seules des personnes bien for- fait de ronger la grille. Il s’agit par exemple gènes dans le patrimoine héréditaire. La mées et expérimentées en sont capables. de «l’enrichissement» des cages par des découverte et la description de tels gènes Hélas, la formation des personnes qui possibilités pour les animaux de s’occu- pourraient faciliter la reconnaissance et le vont diriger des expériences se heurte per et de se cacher, mais aussi de la traitement de la douleur chez les animaux souvent au manque de bon matériel prise en compte du comportement social de laboratoire: on pourrait administrer aux photographique. Un programme d’ap- des animaux. Chez les gerbilles de Mon- animaux des analgésiques au bon mo- prentissage accessible sur Internet a golie par exemple, il ne faut pas séparer ment et à la bonne dose. donc été élaboré. Ce programme permet trop tôt les petits de leur famille. Les d’apprendre quels comportements chez auteurs de l’étude se sont aperçu qu’il ne www.forschung3r.ch les animaux sont des indices de douleur Liste des projets: 96-05 faut pas séparer les petits de leur famille ou de stress. avant que la mère ait donné naissance à la prochaine génération. www.ahwla.org.uk http://3r-training.tierversuch.ch www.forschung3r.ch Liste des projets: 58-97 www.forschung3r.ch Liste des projets: 88-03, 71-00 9
Utilisation de cellules intestinales. Etude d’agents pathogènes d’épizooties sur la cellule plutôt que chez l’hôte intermédiaire chien ou chat (les parasites sont marqués en rouge) (4). Technique au lieu de rongeurs. Lorsque les chercheurs travaillent avec des souris ou des rats, ils doivent d’abord tester si ceux-ci ne sont pas infectés par des virus. Autrefois, on réalisait bien souvent ces tests avec des souris. Aujourd’hui, on utilise un test appelé PCR (5). 4 5 6 Soulager les moutons. Les greffons sont testés, non sur le mouton vivant, mais sur des os provenant d’abattoirs. 4 Cellules plutôt que chiens 5 La biologie moléculaire 6 Contrôle des greffons et chats remplace les rongeurs sur des cultures osseuses Les parasites Neospora caninum (dont Lorsque les chercheurs travaillent sur des Les greffons utilisés par exemple suite à l’hôte intermédiaire est le chien) et Toxo- rongeurs, il est important que ceux-ci une fracture sont généralement testés plasma gondii (dont l’hôte intermédiaire soient sains. Pour étudier à l’aide de tech- sur le mouton. Mais il existe une méthode est le chat) causent des maladies chez niques classiques si les souches de ron- de substitution: à l’aide de cultures de l’homme et l’animal. Il faut étudier ces pa- geurs étaient infectées par des virus, on rondelles d’os vivantes, on peut obtenir rasites pour élaborer des médicaments et employait de nombreux rongeurs. Des du matériel osseux qui fonctionne pres- des vaccins adéquats. Ces deux parasi- chercheurs de Zurich et de New York ont que comme dans l’organisme intact. Ceci tes ont un cycle de vie comportant trois élaboré une méthode de remplacement se fait en soumettant le matériel osseux phases. Des projets de recherche per- pour ce test de production d’anticorps. à une pression périodique pendant la cul- mettent de cultiver ces phases en partie Aujourd’hui, on peut réaliser ce test par ture. Ce matériel osseux permet de mieux sur des cultures cellulaires intestinales. des méthodes de biologie moléculaire étudier les processus qui ont lieu dans Pour ces études, on peut ainsi largement (PCR) – sans animaux. Le test réduit non l’os. Par conséquent, une partie des ex- éviter d’utiliser des chiens ou des chats seulement l’utilisation d’animaux, mais est périences destinées à contrôler les gref- en tant qu’hôtes intermédiaires. En outre, aussi moins onéreux, plus rapide et plus fons n’a plus besoin d’être réalisée sur le les chercheurs peuvent effectuer des fiable. mouton. Le matériel utilisé provient soit tests préliminaires des médicaments d’animaux tués en abattoirs, soit d’os contre ces maladies dans des cultures www.forschung3r.ch humains superflus suite à une opération Liste des projets: 74-00 cellulaires. de la hanche. www.forschung3r.ch www.forschung3r.ch Liste des projets: 85-03, 72-00 Liste des projets: 86-03, 78-01 10
Apport sanguin insuffisant. A l’aide de cultures de cellules cérébrales, les chercheurs peuvent étudier l’apparition et le déroulement des ischémies. 8 7 9 Des particules mal connues. L’effet de particules sur le poumon Une tique transperce une membrane à l’aide de sa peut être étudié sur des cellules. trompe (photo de gauche). Tiques gonflées, ayant déjà bu (photo de droite). 7 Etudier les particules dans des 8 Etudier les lésions 9 Nourrir les tiques par un cellules et non dans le poumon cérébrales sur la cellule système synthétique On sait depuis longtemps que la plupart Un apport sanguin insuffisant, appelé Pour élaborer des produits contre les des maladies des voies respiratoires sont ischémie, conduit rapidement dans le tiques, on a besoin d’expériences sur ani- dues à l’inhalation de particules. Le com- cerveau à des lésions des cellules ner- maux. En effet, on a besoin d’animaux portement des nanoparticules en particu- veuses. Actuellement, une grande partie hôtes sur lesquels les tiques se nourrissent lier est encore mal connu. Les études sur de la recherche sur l’ischémie cérébrale de sang. Les chercheurs ont inventé une leurs effets négatifs sur l’animal sont pé- se fait sur l’animal, ce qui peut représen- manière de nourrir les tiques dans laquelle nibles pour celui-ci, mais aussi onéreuses ter une forte contrainte pour les animaux. une membrane en silicone remplace la et longues. Les chercheurs ont donc éla- Les chercheurs ont donc élaboré une peau de l’animal hôte. Le produit servant à boré un modèle de culture cellulaire tridi- culture cellulaire tridimensionnelle à partir nourrir les tiques (sang) se trouve sous la mensionnel pour étudier l’interaction entre de cellules cérébrales, laquelle reproduit membrane et peut être additionné de pro- les particules et le poumon. Les types de un grand nombre de caractéristiques du duits à tester. Les tiques femelles prennent cellules directement touchés (p. ex. cel- cerveau. Ainsi, il est aujourd’hui possible un repas complet de sang, puis elles pro- lules épithéliales) sont exposés aux parti- d’étudier in vitro divers aspects de l’isché- duisent des œufs d’où sortent des larves. cules dans une chambre spéciale. mie – sans animaux. En raison de sa Ce système peut être automatisé et utilisé Ensuite, on mesure l’effet des particules pertinence, cette méthode est également par exemple pour tester de nouveaux pro- sur les cellules. Ce procédé permet de évaluée dans le cadre du projet européen duits contre les tiques. Il présente plusieurs remplacer les expériences sur animaux ACuteTox en tant que modèle d’identifica- avantages par rapport aux méthodes clas- qui nécessitent une inhalation pour tion de substances neurotoxiques. siques, et il permet d’économiser un grand détecter d’éventuelles lésions pulmona- nombre d’animaux hôtes. ires causées par certaines substances. www.forschung3r.ch Liste des projets: 64-97 www.forschung3r.ch www.forschung3r.ch Liste des projets: 79-01 Liste des projets: 89-03 11
Replace Culture cellulaire dans la boîte de Pétri. Parfois, on peut renoncer à l’expérimentation animale en utilisant des cultures cellulaires. Replace: limites des méthodes sans animaux Remplacer une expérience sur les animaux par une méthode sans animaux est la meilleure solu- tion, mais ce n’est pas toujours possible. On a déjà fait de bonnes expériences avec des cellules, mais ce système a lui aussi des limites. «Replace» signifie que l’on remplace l’ex- aujourd’hui possible de construire à l’aide périmentation animale. Ce n’est pas de couches cellulaires une sorte de peau Replace: que dit la loi? toujours facile, car une méthode 3R peut artificielle sur laquelle on peut tester si des En raison du devoir de se limiter «à l’indispen- rarement remplacer directement une ex- substances sont nocives. Cet aspect est sable», une expérience sur les animaux ne périence sur animaux. Mais il se peut intéressant par exemple pour l’industrie peut pas être autorisée si le but visé peut être qu’une ou plusieurs méthodes 3R combi- des cosmétiques. Mais les expériences atteint par d’autres méthodes qui sont fiables nées fournissent assez d’informations sur les cellules, les tissus et les organes d’après l’état actuel des connaissances. Une pour pouvoir se passer d’une expérience isolés ont des limites, car elles ne permet- expérience sur les animaux est en particulier illicite si les douleurs, les maux, les domma- sur animaux. tent pas d’étudier les phénomènes com- ges ou l’état d’anxiété causés à l’animal sont plexes qui ont lieu dans le corps intact. disproportionnés par rapport au bénéfice On a déjà fait à cet égard de bonnes ex- Ou pour parler de manière simplifiée: les escompté en termes de connaissances. périences avec des cellules. Ainsi, il est cellules ne connaissent ni la peur ni la diarrhée. Art. 17, LPA: art. 19, al. 4, LPA 12
Pas d’expérimentation animale pour les cosmétiques en Suisse années, l’industrie cosmétique a investi 500 millions d’euros dans la De nombreuses personnes en Suisse croient que les produits cosmé- recherche sur les méthodes de substitution. Neuf méthodes ont jusqu’à tiques sont encore testés sur les animaux avant d’être mis sur le marché. présent été validées par l’ECVAM. Or, tel n’est plus le cas en Suisse depuis déjà plusieurs années. L’UE a également réagi: depuis septembre 2004, il est interdit de tester des La prochaine grande étape sera le 11 mars 2009: à partir de là, tous les produits cosmétiques finis sur les animaux sur le territoire de l’UE. En tests sur les animaux d’ingrédients de cosmétiques seront interdits sur le Allemagne, en Autriche, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, de telles territoire de l’UE, même si une méthode de substitution n’est pas encore expériences sur les animaux sont déjà interdites par des lois nationales disponible. A quelques exceptions près, il sera à partir de cette date depuis la fin des années 90. Les tests sont aujourd’hui le plus souvent également interdit de vendre des produits ayant été testés sur des ani- réalisés sur des cellules et non sur des animaux. Au cours des dernières maux. 2000 entreprises sont concernées en Europe par cette directive. Des cellules sanguines Le test de Draize bientôt 10 000 rats épargnés sauvent 500 000 lapins par an remplacé complètement Le 21 mars 2006 a été une date impor- Le test de Draize, introduit dans les an- Depuis le milieu des années 80, Novartis tante pour de nombreux lapins de labora- nées 1940, consiste à contrôler sur le lapin produit le principe actif calcitonine. La cal- toire: un comité scientifique (ECVAM si un produit chimique, un cosmétique ou citonine permet de renforcer les os des Scientific Advisory Committee) a recom- un médicament irrite les yeux. A cet effet, patients souffrant de maladies telles que mandé à la Commission européenne cinq on applique la substance sur l’œil de l’ani- l’ostéoporose, et elle soulage souvent la méthodes de substitution pour le test py- mal et on évalue l’irritation. Aujourd’hui, on douleur. Cependant, avant qu’un nouveau rogène. Le test pyrogène sert au contrôle identifie les substances tout d’abord par lot du médicament ne soit mis sur le mar- de qualité, pour détecter les impuretés des méthodes in vitro. Les substances ché, il faut vérifier si la calcitonine conte- dans les produits médicaux. Maintenant, fortement irritantes sont écartées. Celles nue dans une certaine formule est sûre ce test peut être effectué à l’aide de cellu- qui restent sont fortement diluées avant et efficace. Jusque tout récemment, ces les. On n’a plus besoin de lapins. Selon d’être instillées dans l’œil. tests étaient effectués sur des rats. les estimations d’experts, ces nouvelles méthodes sauvent la vie de 200 000 la- Mais on ne veut pas en rester là: la re- Le groupe d’analyse biologique de Novar- pins par an dans l’UE et d’un demi-million cherche de méthodes de remplacement tis cherchait depuis la fin des années 90 de par le monde. continue. Une approche qui semble pro- une méthode permettant d’utiliser des metteuse consiste à construire en labora- cellules plutôt que des animaux de labo- Les pyrogènes sont des substances qui toire une cornée humaine synthétique à ratoire vivants. Finalement, une telle mé- peuvent déclencher chez l’homme de la l’aide de cellules correspondantes. De thode a été élaborée en collaboration fièvre ou des états de choc mortels. telles cornées cultivées sont déjà disponi- avec l’Université de Heidelberg et perfec- Avant qu’un médicament soit mis sur le bles sur le marché. Les chercheurs se tionnée par des chercheurs de Novartis. Il marché, il doit donc être soumis à un test concentrent sur la cornée, car elle est la s’agit de cultiver des cellules, puis de les pour détecter la présence éventuelle de première couche avec laquelle un produit mettre en contact avec la calcitonine. ces substances indésirables. Pendant chimique entre en contact lorsqu’il pénè- L’hormone calcitonine se fixe à la surface plus de 50 ans, on a recherché les pyro- tre dans l’œil. des cellules et déclenche ainsi une ré- gènes sur le lapin: on injectait au lapin la ponse à l’intérieur de la cellule: en fonc- substance à tester et on surveillait sa Une autre méthode de remplacement de tion de la quantité de calcitonine, les cel- température. Une augmentation de la ces tests consiste à utiliser les yeux de lules sécrètent un messager chimique température permet de conclure à la pré- bœufs ou de poulets tués en abattoirs. Là (cAMP). Celui-ci peut être mis clairement sence de pyrogènes. encore, des progrès ont pu être accom- en évidence et permet donc de mesurer plis au cours des dernières années. On l’activité de la calcitonine. Les cinq méthodes de substitution re- peut donc espérer que ces tests rempla- commandées en 2006 peuvent rempla- ceront bientôt complètement en Europe Grâce à cette méthode validée par No- cer complètement les expériences sur les le test de Draize et que le passage de vartis et reconnue par l’autorité sanitaire lapins. Elles présentent plusieurs avanta- «reduce» à «replace» sera ainsi définitive- américaine FDA, l’entreprise Novartis à ges: elles sont plus rapides, moins oné- ment réalisé. elle seule fait l’économie de 10 000 rats reuses et plus sensibles. Tous les systè- par an pour le principe actif calcitonine. mes utilisent des cultures de cellules sanguines humaines. www.forschung3r.ch Liste des projets: 52-96 13
Les chercheurs placent Reduce une souris sous anes- thésie dans un appareil d’IRM. L’IRM permet dans certains cas de ré- duire de 90% le nombre d’animaux utilisés dans une expérience. Reduce: aussi peu que possible, autant qu’il le faut Le deuxième principe des 3R est: réduction. Nombre d’expériences sur les animaux peuvent aujourd’hui être réalisées avec infiniment moins d’animaux qu’à l’origine. De nouvelles technolo- gies, telles que l’IRM ou la conception de médicaments assistée par ordinateur en sont la clé. La réduction du nombre d’animaux de parallèle et n’utilisant pas d’animaux, est la meilleure. La réduction de la laboratoire au strict minimum est une de sorte que l’on peut réduire l’ampleur contrainte pour chaque animal est plus obligation éthique et économique. Ce- de l’expérience sur l’animal. importante que la réduction du nombre pendant, les chercheurs ne doivent pas d’animaux utilisés. oublier qu’il ne faut pas réduire le nombre 3R n’est pas toujours une unité d’animaux au point que les données 3R est presque toujours décrit comme n’aient plus de pertinence statistique. En une unité. Dans la pratique, il peut en Reduce: que dit la loi? effet, les résultats seraient alors sans réalité y avoir des conflits entre les R, valeur et il faudrait recommencer l’expé- comme le montre l’exemple suivant: dans Les expériences qui peuvent causer aux rience. le cadre d’un test, dix rats doivent souffrir. animaux des douleurs, des maux ou des Un autre test a besoin de 20 rats, mais dommages, les mettre dans un état d’anxiété, Le principe «reduce» consiste essentielle- ceux-ci ne souffriront pas ou peu. Quelle perturber notablement leur état général ou ment à déterminer le nombre optimal décision le chercheur doit-il prendre? porter atteinte à leur dignité d’une autre ma- nière doivent être limitées à l’indispensable. d’animaux pour une expérience. A cet ef- Une telle décision doit être prise au cas fet, on peut obtenir autant d’informations par cas. En principe, les experts s’accor- Art. 17, LPA que possible par des études réalisées en dent à penser que la deuxième solution 14
Plus d’informations Le test DL50 L’ordinateur d’abord, avec moins d’animaux n’existe plus l’animal vivant ensuite Il existe des méthodes permettant d’exa- L’OCDE a décidé en novembre 2000 de Aujourd’hui, des processus informatiques miner les animaux sans intervention supprimer la ligne directrice 401. Celle-ci contribuent eux aussi à faire diminuer chirurgicale. Des exemples en sont l’ima- visait le test appelé «DL50». Ce test ser- l’expérimentation animale. Dans l’élabora- gerie par résonance magnétique (IRM), vait à déterminer quelle quantité d’un pro- tion des médicaments par exemple, on la tomographie par émission de positons duit est nécessaire pour causer la mort identifie tout d’abord des points d’attaque (TEP) ou la tomodensitométrie (scanner). de 50% des animaux testés en l’espace (la cible) pour le futur médicament. Une Les progrès rapides que ces processus de deux semaines (dose létale). Ce test fois que l’on dispose de suffisamment d’imagerie ont connu au cours des renseignait sur la toxicité aiguë d’une d’informations – p. ex. du récepteur dans dernières années bénéficient aujourd’hui substance, permettant d’en déterminer la cellule –, on peut concevoir sur ordina- aussi aux animaux de laboratoire. Par la dangerosité immédiate. Il était surtout teur des substances correspondant à ce exemple, dans l’industrie pharmaceutique, utilisé pour caractériser les produits récepteur. On appelle ce processus la les chercheurs observent le déroulement chimiques. modélisation. A partir de dizaines de mil- de l’effet d’un principe actif sur l’animal en liers de substances, on en sélectionne examinant plusieurs fois le même animal Grâce aux nouveaux processus autorisés alors quelques-unes qui présentent in par IRM au lieu de tuer les animaux à dif- par l’OCDE, le test de toxicité aiguë n’a vitro (en général sur des cultures cellulai- férentes phases pour les examiner (voir in- pas pu être remplacé complètement, res) l’effet voulu. On s’aide pour cette sé- terview en page 25). mais on n’utilise plus que 8,5 animaux en lection de l’ordinateur (processus in silico) moyenne au lieu de 150 comme dans les et de tests automatisés (criblage à haut Nicolau Beckmann, de l’institut de re- années 70. Ce résultat est rendu possible débit). Seules ces quelques substances cherche de Novartis NIBR, s’est penché par une augmentation progressive de la seront ensuite testées sur l’animal. en 2006 sur les possibilités de l’IRM pour dose jusqu’à apparition de symptômes étudier la pneumonie chez le rat. «Grâce chez les animaux. Si tel est le cas, les ani- Cependant, il ne suffit pas qu’un médica- à l’IRM, nous avons pu diminuer nette- maux sont tués. ment soit efficace, il doit aussi être sûr. ment le nombre d’animaux. En fonction Une première prédiction sur les éventuels de l’application, le nombre était de 80 à La prochaine étape devrait consister à effets secondaires d’une substance dans 90% inférieur au nombre utilisé avec une remplacer également les procédés autori- l’organisme peut être obtenue par le pro- méthode classique», explique Nicolau sés par l’OCDE en novembre 2000, de cédé appelé QSAR (relation structure-ac- Beckmann. D’autres avantages de l’IRM sorte qu’on n’aura plus besoin d’animaux. tivité quantitative). Il se base sur le fait sont la légèreté de la contrainte pour l’ani- Ceci est également important du point de que des substances chimiquement simi- mal et la possibilité de standardiser les vue de REACH, le règlement d’enregistre- laires ont un effet nocif similaire. Une tests. Cependant, il reste certaines limi- ment, évaluation et autorisation des subs- autre méthode, qui va dans une direction tes: pour le moment, il n’y a pas beau- tances chimiques de l’UE. A partir de apparentée, est présentée à la page 24. coup de dispositifs d’IRM adaptés à l’exa- 2008, 30 000 substances chimiques vont men des rongeurs. être testées au sein de l’UE (voir page 30). Depuis des années, l’idée de remplacer On estime que malgré les méthodes de complètement les tests des principes www.forschung3r.ch substitution disponibles aujourd’hui, actifs par des procédés in silico existe, Liste des projets: 82-02 plusieurs millions d’animaux supplémen- c’est-à-dire de simuler sur ordinateur taires seront tout de même nécessaires. l’effet des substances. Cependant, ceci ne sera pas possible à court terme, car www.acutetox.org le corps humain est trop complexe. 15
Ensemble. Il ne faut pas isoler les chiens. Il existe Refine aujourd’hui des systèmes permettant de détenir les chiens en groupes sans porter atteinte aux résultats de l’expérience. Refine: diminuer les contraintes pour les animaux Le «refinement» se compose de toute une gamme de possibilités visant à diminuer la contrainte pour les animaux. Il est important par exemple de détenir les animaux sociaux en groupes et d’enrichir les cages, par exemple par un abri et de petites branches. On entend par «refinement» toutes les effet, l’expérience n’est pas la seule boratoire qui diffuse les méthodes de «re- mesures destinées à réduire la contrainte, contrainte qui s’exerce sur l’animal, le finement». De nombreux vétérinaires sont la douleur et la souffrance des animaux type de détention joue aussi un rôle. Ain- membres de cette société. avant, pendant et après une expérience. si, la contrainte est forte pour un animal Le «refinement» se justifie non seulement sauvage utilisé pour une expérience. On www.sgv.unizh.ch pour la protection des animaux, mais utilise donc aujourd’hui presque unique- aussi pour des raisons scientifiques, car ment des animaux d’élevage. Mais si on la contrainte qui s’exerce sur l’animal peut ne se préoccupe pas des animaux, si les Refine: que dit la loi? fausser les résultats de l’expérience. cages sont nues et s’ils sont isolés, ceci représente aussi une contrainte. Or, il est Des douleurs, des maux, des dommages ou Le «refinement» comprend l’utilisation de aujourd’hui possible de prévenir ces un état d’anxiété ne peuvent être imposés méthodes chirurgicales stériles, d’analgé- contraintes. à un animal que si le but de l’expérience ne peut être atteint d’une autre manière. siques, et d’un déroulement de l’expé- rience aussi peu stressant que possible En Suisse, c’est en particulier la Société Art. 20, al. 1, LPA pour l’animal. Mais ce n’est pas tout: en suisse pour la science des animaux de la- 16
Enrichissement: quand le box Comportement social: les Point limite: contient plus que de la litière rongeurs vivent en groupes éviter les souffrances Les souris et les rats de laboratoire pas- Les rongeurs, animaux le plus fréquem- Le point limite est le moment le plus pré- sent leur vie en cage. Diverses études ment utilisés dans l’expérimentation ani- coce où l’on peut stopper une expérience démontrent que les rongeurs vivant male, vivent en groupes – à l’exception du avant que l’animal ne soit soumis à une dans des cages peu stimulantes sont hamster. Pour les souris et les rats, il est trop forte contrainte. Il est défini comme perturbés au niveau du développement donc important de les détenir en groupes le moment où l’on peut interrompre une cérébral, présentent des anomalies du et de ne les isoler qu’exceptionnellement. expérience, parce que les connaissances comportement et sont anxieux. En Les rats en particulier sont des animaux nécessaires ont été obtenues et que les enrichissant les cages par des abris, du très sociaux, qui se nettoient mutuelle- animaux n’ont pas encore été soumis à papier, de petites branches et des dispo- ment la fourrure et communiquent entre des souffrances graves. Avant le début sitifs permettant de grimper, on peut eux par des messagers chimiques et des de l’expérience, il faut définir dans quelle réduire l’apparition de ces troubles. C’est sons. situation et comment on veut empêcher ce que les experts appellent l’enrichisse- ou mettre fin aux souffrances pour cha- ment de l’environnement. En effet, les Au sein d’un groupe, les rats et les souris que animal. Ces situations sont détermi- souris et les rats veulent découvrir leur ont une hiérarchie stable, mais unique- nées à l’aide de scores (p. ex. perte de environnement, construire des nids et se ment à condition que les individus du poids rapide, respiration difficile, fourrure cacher en cas de danger. «Diverses étu- groupe ne soient pas trop nombreux. Des ébouriffée ou paralysie). des ont montré que les rongeurs utilisent études ont montré que la taille idéale du ces structures et sont de ce fait moins groupe est de quatre à huit souris et de La règle générale est que les animaux anxieux et ont moins de troubles du com- trois à quatre rats. Si les animaux sont ressentent la douleur de manière similaire portement», explique Hanno Würbel, pro- plus nombreux, il y a plus de luttes de do- à l’homme. Mais il ne suffit pas de le sa- fesseur à l’Université de Giessen. minance. Pour éviter les bagarres, il voir. Un personnel formé doit être capable convient de former des groupes d’ani- de détecter les situations douloureuses On craignait que l’enrichissement porte maux jeunes et de ne plus les modifier pour les animaux en cours d’expérience. atteinte à la précision des données four- par la suite. Si on est obligé de tuer les animaux pen- nies par l’expérimentation animale. Hanno dant ou après l’expérience, il faut le faire Würbel a réfuté cette réserve dans le ca- Il ne faut pas non plus isoler les chiens. Il dans la mesure du possible sans douleur, dre d’une étude réalisée en 2004. «Notre existe des systèmes éprouvés pour la dé- selon des méthodes reconnues et défi- étude a montré que l’enrichissement ne tention de chiens permettant une vie en nies par la loi (voir en p. 18). nuit en rien à la pertinence des expérien- groupe tout en garantissant que les don- ces», dit Hanno Würbel. nées nécessaires à l’expérience pourront être relevées pour chaque chien séparé- www.forschung3r.ch ment (p. ex. nourriture absorbée). Liste des projets: 77-01, 66-99 17
Vous pouvez aussi lire