Vers plus de durabilité en maraîchage biologique Synthèse du projet
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Vers plus de durabilité en maraîchage biologique Synthèse du projet 2018-2020 PARTIE 1 : Vers plus de durabilité en maraîchage : comparaison de conduites culturales innovantes intégrant l'assistant Toutilo et le robot Oz Date : mars 2021 Rédacteur(s) : Maët LE LAN, Marie CORDONNIER, Maureen GICQUEL Station Expérimentale de Bretagne Sud, route du Bono – 56400, Auray Téléphone: 02 97 46 30 80 – Email : maet.lelan@bretagne.chambagri.fr Confrontée à des limites environnementales et économiques ainsi qu’aux attentes sociétales, la durabilité des systèmes maraîchers est remise en question. Dans sa définition la plus globale, la durabilité est « un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Brundtland et al., 1987). Elle repose sur trois grands piliers : l’économie, l’environnement et la dimension sociale. Ces trois piliers peuvent être déclinés à la production agricole, qui se doit d’être saine et équitable pour les producteurs tout en restant rentable économiquement (Bonny, 1994). Landais ajoute un quatrième pilier aux trois précédents : le lien intergénérationnel, qui se traduit par la transmissibilité de l’exploitation agricole (Landais, 1998). Le développement de technologies innovantes pourrait apporter des éléments de réponse à cette fragilité. L’innovation est définie comme un processus, ou un produit, nouveau ou amélioré qui est accessible au public. Avec l’objectif de proposer des systèmes de culture maraîchers plus durables grâce à des innovations, le projet national « Vers plus de durabilité en maraîchage bio », porté par la station expérimentale d’Auray, développe deux actions. Une première action compare le robot Oz 440, produit par l’entreprise Naïo technologies, et le cobot Toutilo, de l’entreprise Touti’Terre, dans l’optique de réduire la pénibilité des opérations manuelles en maraîchage. C’est ce premier volet qui fait l’objet du bilan présenté dans ce document. La pénibilité du travail est définie comme l’exposition du travailleur à un ou plusieurs facteurs de risques, pendant des durées minimales et au-delà de certains seuils, pouvant laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé » (guide méthodologique de la pénibilité). La pénibilité peut, entre-autre, se traduire par des troubles musculosquelettiques (TMS). Ces derniers touchent les tissus mous à la périphérie des articulations, principalement les nerfs, les tendons et les muscles proches de la colonne vertébrale, du coude, du genou, de la cheville, du poignet et de l’épaule (observatoire des TMS). Ils sont à l’origine de douleurs et gênes dans les mouvements et représentent la première cause de maladies professionnelles pour le régime général et agricole (observatoire des TMS). En effet, le travail agricole fait appel à la force physique et implique plusieurs tâches manuelles comme la manutention de charges lourdes, des temps de travail importants dans les engins agricoles (exposition aux vibrations) ou à des accidents non prévisibles liés à la présence des animaux d’élevage (source). Ces tâches causent des TMS tels que l’arthrose ou le mal de dos, eux même responsables d’arrêts de travail mais aussi d’une potentielle diminution des revenus de l’exploitation (Osborne et al, Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
2012). Entre 2011 et 2015, les TMS des actifs agricoles représentent ainsi 93,4% des maladies professionnelles, dont 84% sont dus à des mouvements ou un travail répétitifs (observatoire des TMS). Ces troubles, cause de maladies professionnelles, peuvent entraver la durabilité de l’emploi agricole et représenter un coût économique pour la Mutuelle Santé Agricole (MSA). Ainsi, la pénibilité du travail rejoint la dimension sociale de la durabilité. 1 Présentation du projet Le projet national, intitulé « Vers plus de durabilité en maraîchage bio », est porté par la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne (CRAB) entre 2018 et 2020. Il bénéficie de différentes sources de financements : France Agri Mer, à hauteur de 70 %, le Conseil Régional de Bretagne à hauteur de 10 % et la CRAB pour les 20 % restants. Une des deux actions du projet est de chercher à réduire la pénibilité des opérations manuelles en cultures de plein champ à l’aide de nouvelles technologies : le cobot Toutilo et le robot autonome Oz 440. Il s’agit de comparer une conduite manuelle témoin à deux autres conduites : l’une assistée du cobot Toutilo, l’autre robotisée grâce au robot autonome Oz. Sur les trois années de projet, les variables d’études sont la pénibilité des tâches et le temps de travail. Cette action s’inscrit principalement dans les piliers économique (coût des technologies) et social (pénibilité et temps de travail) de la durabilité. Des partenariats sont établis avec les deux concepteurs des outils, les entreprises Touti’Terre (Toutilo) et Naïo technologies (Oz). La MSA Portes de Bretagne est également partenaire du projet pour observer et caractériser les gestes et postures lors des opérations culturales. Le projet comprend également une action transversale de communication et de valorisation des deux premières actions et de leurs résultats. L’ensemble des actions est mené par l’équipe de la Station Expérimentale d’Auray (SEHBS), sur site, dans le Morbihan (56). 2 Comparaison de conduites culturales innovantes : objectifs Comparer la pénibilité physique pour les opérateurs au cours des opérations de semis/plantation, désherbage manuel et récolte Evaluer les temps de travaux pour les trois conduites Estimer la consommation énergétique des trois outils (tracteur/Toutilo/Oz) et leur impact environnemental Chiffrer ces résultats économiquement 3 Mise en place de l’expérimentation • Le matériel innovant expérimenté Il s’agissait de comparer trois conduites culturales : la première jouant le rôle de témoin et reflétant la pratique maraîchère locale. Pour celle-ci, les opérations de plantation et récolte s’effectuent comme chez un producteur, manuellement ou motorisée par un tracteur de 68 cv. Pour le binage des allées, une bineuse Monosem est utilisée, mobilisant deux opérateurs. Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
Photographie des outils (tracteur et bineuse Monosem) lors d’un binage allées en conduite témoin La deuxième conduite était assistée du cobot Toutilo de l’entreprise Touti’Terre. Enfin, la troisième conduite était robotisée par Oz 440, de Naïo technologies. Un bref descriptif technique des trois outils est présenté en annexe. Photographie du matériel innovant (Toutilo et Oz440) expérimentés à la station d’Auray Au cours des trois années de projet, le matériel innovant a évolué, notamment le robot Oz440. En 2018, l’équipe de la station soulignait la non fiabilité du robot et la charge mentale engendrée (dommages importants sur la culture en place). En 2020, Naïo technologies a équipé le robot d’une antenne GPS RTK, permettant de guider le robot dans la parcelle par échange GPS. Malgré un coût supplémentaire, cela a permis de rendre Oz autonome lors de certaines opérations, de désherbage notamment. Les trois ans de conduite robotisée sont, en lien avec ces changements, difficilement comparables. • La parcelle Pour comparer les trois conduites, une culture de plein champ par an a été implantée sur une parcelle AB de 1000 m², divisés en trois blocs, eux-mêmes subdivisés en trois parcelles élémentaires randomisées. Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
Plan expérimental de la parcelle pour l’action 2 • Les itinéraires culturaux (ITK) Les trois cultures retenues étaient le poireau (2018), le panais (2019) et l’oignon (2020). Afin de comparer les conduites, chaque année, les variétés et densités de plantation ont été identiques entre les modalités, de même que la préparation du terrain (travail du sol, fertilisation). Les itinéraires culturaux complets pour cette action sont présentés dans le tableau suivant : Tableau : Itinéraires culturaux pour l’action 2 sur les trois ans de projet Avec l’assistant Type d’opération Détail de l’opération Témoin Avec le robot Oz Toutilo Travail du sol Rotavator 29/06/2018 Engrais / compost Arvor compost 10 t/ha soit XX uN Fertilisation Date d’apport 24/06/2018 Date 30/06/2018 Variété Belton (Nunhems) Plantation Densité 70 cm entre rangs et 10 cm sur le rang Poireaux 2018 Outils utilisés Planteuse à poireaux Toutilo Planteuse à poireaux Binage avec robot - - 05/07, 12/07, 17/07 Binage avec bineuse Entretien de la 25/07, 14/08 25/07, 14/08 - Monosem culture Buttage 23/08, 28/08 23/08, 28/08 28/08 Désherbage manuel 04/09, 12/09 Traitements phytosanitaires Musdo 4 (03/10 et 24/10/2018) Gestion de la fin Récoltes A partir du 11/02/2019 de culture Destruction Mars 2019 Canadien 26/04/2019 Panais Herse rotative 10/05/2019 2019 Travail du sol Rotavator 28/05/2019 Vibroculteur 14/06/2019 Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
Engrais / compost Arvor compost 18 t/ha soit XX uN Fertilisation Date d’apport 15/04/2019 Date 18/06/2019 Variété Gladiator (Voltz) Plantation Densité 70 cm entre rangs et 3 cm sur le rang Outils utilisés Semoir Terradonis 1 rang Brûlage 26/06/2019 03/07, 17/07, 24/07, Binage avec robot - - Entretien de la 01/08, 20/08, 29/08 culture Binage avec bineuse 01/08 et 20/08 01/08 et 20/08 - Monosem Désherbage manuel 17/07, 24/07, 29/08 24/07, 13/09 17/07 Traitements phytosanitaires Aucun Gestion de la fin Récoltes Du 08/10/2019 jusqu’en février 2020 de culture Canadien 24/03/2020 Travail du sol Rotavator 25/03/2020 Engrais / compost Humibio 7.5.7 à 0,700 t/ha, soit 49 uN Fertilisation Date d’apport 24/03/2020 Date 26/03/2020 Variété Santero (Vilmorin) en rangs espacés de 70 Plantation Densité 14 mottes / m² avec paillage plastique cm, mottes espacées de 15 cm sur le rang Oignons 2020 Cartographie avec Oz, Outils utilisés Plantation manuelle plantation manuelle Passage de herse étrille - 15/04, 23/04 09/04, 15/04, 23/04, Entretien de la Binage avec robot - - 12/05, 09/06 culture Binage avec bineuse 12/05, 09/06 - Désherbage manuel 05/05, 09/06 12/05/2020 Traitements phytosanitaires Pas de traitements Arrachage Gestion de la fin (bulbes laissés sur Le 30/07/2020 de culture place pour séchage) Récolte Le 12/08/2020 Pour l’implantation, chaque parcelle élémentaire comprenait quatre rangs pour les cultures de poireaux et de panais. La culture d’oignons, en AB, est conduite sur planche paillée plastique pour les modalités témoin, conformément à la pratique de référence du secteur, et assistée. La modalité robotisée a nécessité une adaptation de l’implantation : les oignons sont plantés en rangs avec un écartement de 70 cm entre rang et 50 cm sur le rang, à densité égale à celle d’une planche. Ces rangs permettent le passage du robot lors du binage des entres rang. L’adaptation de la technique de culture (planche versus rang) est conseillée pour une utilisation optimale du robot Oz440, bien qu’elle puisse être conséquente pour les producteurs. Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
Photographie de la culture d’oignons de 2020 pour les trois modalités (06/05/2020) 4 Relevés, mesures et suivis au cours des trois ans de projet Pour comparer ces trois conduites, plusieurs variables sont relevées puis analysées. Leur lien avec la durabilité globale du système est explicité sur la carte mentale ci-dessous. L’attribution des variables à chaque pilier reste subjective, d’autres indicateurs auraient pu être intéressants pour l’étude de la durabilité. Carte mentale des liens entre variables et piliers de la durabilité globale • Rendements par conduite et par culture Les poids récoltés (kg) sont relevés par bloc, chaque année, pour chaque culture. Ces résultats sont, par le calcul, ramenés à la surface, exprimés en t/ha et moyennés. Les rendements moyens des trois conduites sont comparés statistiquement par une ANOVA sur le logiciel R. • Consommations énergétiques Pour comparer les consommations énergétiques des trois conduites, le coût énergétique est calculé. Il confronte la consommation en carburant des trois conduites, liée aux passages du tracteur, auxquelles s’ajoute les consommations électriques des outils Toutilo et Oz. Les outils de préparation du sol (machine à bêcher, cultirateau…), la planteuse à poireaux et la bineuse sont attelés sur un tracteur Massey Ferguson 3330F de 68 chevaux. La consommation en carburant de ce tracteur est estimée à 7 L/h. Il est utilisé pour des opérations communes aux trois conduites Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
(préparation du sol, binage des allées, déroulage des films plastiques, destruction de la culture). Certaines opérations ne sont pas mécanisées : apports d’engrais ou de compost, désherbage des trous de plantation ou des rangs, semis et brûlage pour la culture de panais et arrachage pour la culture d’oignons. Pour calculer ces consommations électriques, des contrôleurs de consommations (230V-50Hz) sont installés entre la prise et le chargeur des deux outils afin de relever la consommation, en kWh, nécessaire à une recharge complète après utilisation sur la parcelle. • Comparaison qualitative de la pénibilité La pénibilité est caractérisée à partir d’analyses vidéos avec l’expertise des agents de la MSA Portes de Bretagne. Une grille de caractérisation des gestes et postures, établie précédemment, est utilisée pour comparer les conduites. Elle repose sur la proportion (%) de temps de cycle passée dans la posture par rapport au temps total du cycle. Un cycle est défini comme la répétition d’une même succession de gestes. Pour la conduite témoin, le cycle identifié correspond au temps entre deux déplacements et/ou accroupissements de l’opérateur. La durée de cycle est d’environ 30 secondes. La position sur le Toutilo étant constante sur une planche, le temps de cycle a été considéré d’une minute. L’analyse des gestes et postures ne concernent pas les manœuvres en entrée et fin de planche. Postures adoptées lors du désherbage manuel des oignons en conduite témoin Ces gestes et postures sont répartis en six postes : les cervicales, les épaules, le dos, les poignets, les genoux et la répétitivité. Pour chaque poste, trois critères (acceptable, non recommandé, à éviter) sont renseignés à l’aide d’un pourcentage et illustrés par un code couleur. Pour chacune des trois conduites, cette grille est remplie en 2020 pour l’activité de désherbage sur culture d’oignon. Les résultats obtenus sont représentés sous forme d’un diagramme en barre attribuant le code couleur pour chacun des six postes. Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
Grille de caractérisation des gestes et postures de travail selon les trois critères • Temps de travaux selon cinq types d’activités Pour chaque opération réalisée, le temps de travail est relevé (min) ainsi que le nombre d’opérateurs. Par multiplication, le temps de travail total, par modalité, peut être calculé. Il est exprimé en h/ha. Pour simplifier l’analyse des résultats, ces temps de travaux sont répartis selon cinq types d’opérations : Tableau : Détails des opérations incluses à chaque type d’activités • Bilan économique Pour évaluer la durabilité économique de ces innovations, les variables sont chiffrées dans un bilan économique. Il s’agit de confronter les produits aux charges. Les produits reposent sur la vente potentielle des productions. Pour l’estimer, les rendements sont rapportés au prix au kilo … Les charges comprennent le coût de la mécanisation (tracteur, bineuse, etc) ou d’achat du matériel innovant et les annuités qui y sont liées. Pour correspondre à la durée du projet, seules trois annuités sont comptabilisées. Les coûts de main d’œuvre sont comptabilisés en rapportant les temps de travaux calculés au coût horaire du SMIC, établi à 10,15 €/h en août 2020. Le coût de consommation énergétique (carburant/électricité) est comptabilisé : le prix du litre de carburant, type Gazole Non Routier, est fixé à 0,77 €/L en janvier 2021 (https://www.fioulreduc.com/prix-gnr/bretagne ), celui du kWh est fixé à 0.1037 € en Tarif bleu option Base (https://gazelec.pro/pages/edf-tarif-bleu ). Pour la culture d’oignons, une différence de coût d’entretien de la culture est attendue du fait du non paillage des rangs dans la conduite robotisée. Pour les autres années, les cultures étant conduites de Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
manière identique, il ne devrait pas y avoir de différence (coûts en semences et plants et fertilisation identiques). La confrontation des produits et charges d’exploitation correspond à la marge brute (€/ha). 5 Résultats • Rendements par conduite et par culture Rendements moyens obtenus pour les trois conduites sur les trois ans de projet Au cours des trois ans de projet, les comparaisons des rendements moyens entre conduite n’ont pas mis en évidence de différence significative. Il semblerait que le type de conduite n’impacte pas significativement le rendement pour les trois cultures choisies. • Comparaison qualitative de la pénibilité L’analyse vidéo des gestes et postures de travail lors de l’opération de désherbage manuel sur oignons, en 2020, a conduit aux diagrammes en barre suivants. Pour la conduite témoin, plusieurs postures figurent en rouge et sont donc à éviter. Lors du désherbage, le dos, les épaules et les genoux sont particulièrement sollicités dans des postures pénibles. En effet, pour désherber les oignons sur la planche, l’opérateur s’accroupit et travaille à genoux. Puis, il oriente ses épaules vers les plants, impliquant une torsion du torse. Seules les cervicales sur le plan sagittal sont préservées, du fait d’un bon alignement avec l’axe du dos. La répétitivité des gestes est importante : codée en orange, cela signifie que 30 actions techniques ou plus (arrachage des adventices) sont réalisées par minute. Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
Proportion du temps de cycle 0% 20% 40% 60% 80% 100% Dos Gestes et postures de travail Cervicales Épaules Poignets Genoux Répétitivité des gestes Acceptable Non recommandé A éviter Proportion de temps de cycle pour chaque poste en conduite témoin manuel Pour la conduite assistée, sur la même opération de désherbage, les postures sont plus acceptables qu’en conduite témoin. Postures adoptées lors du désherbage des oignons en conduite assistée Grâce à la position allongée permise par le siège du Toutilo, le dos et les genoux sont peu sollicités lors de l’opération. Les cervicales sont également préservées par la position allongée, bien qu’elles soient sollicitées 15 % du temps, pour régler la direction avec le joystick de la télécommande. La posture des épaules est non recommandée du fait de l’angle entre le bras et le buste de l’opérateur. Par anticipation, l’opérateur a tendance à tendre son bras vers l’avant pour désherber les trous de plantation. L’observation des poignets souligne que plus de 20 % du cycle sont passés dans une posture non recommandée, voire à éviter. Cette observation est également liée au rythme de travail. Lorsque le Toutilo va trop rapidement, l’opérateur peut chercher à désherber les trous de plantation sous son buste. Pour ce faire, il « casse » son poignet, qui subit une flexion inférieure à -70°. Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
Conclusion : moins de sollicitations du dos, des genoux et des cervicales qu’en conduite témoin mais toujours une posture non recommandée pour les épaules. Proportion du temps de cycle 0% 20% 40% 60% 80% 100% Dos Gestes et postures de travail Cervicales Épaules Poignets Genoux Répétitivité des gestes Acceptable Non recommandé A éviter Proportion de temps de cycle pour chaque poste en conduite assistée du Toutilo Concernant la conduite robotisée, en 2020, l’ajout d’une antenne GPS RTK au robot Oz440 permet de cartographier la parcelle avant la plantation, puis de laisser le robot désherber entre les rangs en autonomie. L’opérateur doit programmer le robot : choix de la parcelle, passage sur ou entre les rangs, nombre de passage et la profondeur de l’outil attelé. Une fois ces réglages effectués en début de parcelle, le robot peut désherber seul alors que l’opérateur poursuit des activités indépendamment. De fait, la grille de pénibilité pour l’opération de désherbage des oignons est entièrement verte car l’opérateur n’intervient pas physiquement au cours de celle-ci. Proportion du temps de cycle 0% 20% 40% 60% 80% 100% Dos Gestes et postures de travail Cervicales Épaules Poignets Genoux Répétitivité des gestes Acceptable Non recommandé A éviter Proportion de temps de cycle pour chaque poste en conduite robotisée (Oz440) Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
• Temps de travaux selon cinq types d’activités Les temps de travaux totaux (h/ha) sont regroupés dans le tableau suivant. Plus en détails, la répartition des temps de travaux par type d’activités est illustrée Figure, en fonction de la culture de chaque année. Tableau : Temps de travaux totaux (h/ha) pour les trois ans de projet et les trois conduites Conduite Témoin Conduite Assistée Conduite robotisée Poireaux 2018 324 397 428 Panais 2019 354 490 535 Oignons 2020 582 546 505 700.0 600.0 Temps de travail (h/ha) 500.0 400.0 300.0 200.0 100.0 0.0 Témoin Assistée Robotisée Témoin Assistée Robotisée Témoin Assistée Robotisée Poireaux 2018 Panais 2019 Oignons 2020 Travail du sol Fertilisation Semis/plantation Desherbage Entretien culture Arrachage Répartition des temps de travaux (h/ha) pour les trois cultures du projet De manière générale, l’opération de désherbage est la plus chronophage pour les trois cultures testées. L’opération de semis/plantation est également demandeuse en temps indépendamment de la culture. A l’échelle de l’année, toutes opérations confondues, la culture d’oignons a demandé plus de temps que les deux autres du fait du temps d’arrachage en fin de culture. Entre 2018 et 2020, la tendance s’inverse. En effet, pour les deux premières années, la conduite témoin requiert moins de temps que la conduite assistée, demandant elle-même moins de temps que la conduite robotisée. En revanche, en 2020, c’est la conduite témoin qui est la plus chronophage alors que la plus économe en temps est la conduite robotisée. Un paramètre peut expliquer cette inversion de tendance. En 2018 et 2019, le robot Oz ne bénéficie pas de guidage GPS. Il doit se faire manuellement par le joystick de la télécommande. Ce guidage est imprécis et très chronophage. En 2020, Naïo technologies a équipé Oz d’un guidage GPS RTK. La Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
précision de ce guidage permet au robot de désherber sur et entre les rangs d’oignons de manière autonome. Le gain de temps est conséquent par rapport aux deux autres conduites. D’autres hypothèses peuvent être avancées pour expliquer cette inversion de tendance : - L’expérience des opérateurs : au début du projet, le Toutilo et le robot Oz arrivent sur la station et sont présentés aux opérateurs. Ces outils innovants doivent être pris en main. Au contraire, la conduite témoin classique est déjà maîtrisée par les opérateurs. Il est possible qu’ils aient donc passés moins de temps sur cette conduite par expérience. Au fur et à mesure des trois ans, les deux outils innovants ont été de mieux en mieux maîtrisés et ont permis de gagner du temps petit à petit. - La conduite en rang des oignons en 2020 n’est pas à négliger. Cette adaptation de l’itinéraire technique, liée au passage du robot, économise le temps de préparation du sol en planche et de déroulage du paillage plastique. 6 Discussions et perspectives Concernant l’analyse des gestes et postures par vidéos, la grille établie pourrait être complétée par une catégorie charge mentale. Celle-ci n’a pas été incluse à l’analyse bien qu’elle soit sous-jacente à chacune des conduites. L’évaluation de cette charge mentale reposerait sur différents critères mais reste difficile à quantifier. La MSA Portes de Bretagne travaille également avec des logiciels d’analyses des postures et des cycles de travail. Il pourrait être intéressant de développer cette utilisation pour faciliter la caractérisation de la pénibilité. D’autres opérations pourrait également être étudiées telles que la plantation ou l’arrachage. Ces opérations, parfois pénibles, mobilisent les articulations et pourraient être sources de TMS. Plus généralement, le progrès technologique rapide conduit à une évolution quasi instantanée des outils en maraîchage. Le développement et la poursuite d’essais visant à tester et comparer ces outils doivent être poursuivis. Des améliorations sont toujours possibles, notamment en termes de réduction de la pénibilité. La conduite robotisée soulève la question du lien à la terre et de l’autonomie de l’outil. En effet, la robotisation de certaines taches réduit le travail physique du producteur, et dans le même temps, son lien à la culture et à la terre. Il est envisageable que cela freine certains producteurs, se sentant « remplacer » par la machine. D’autres producteurs peuvent au contraire être satisfaits de cette autonomie de l’outil. Du temps est libéré pour une autre tâche parallèle et la pénibilité réduite. Le cobot Toutilo, jouant le rôle d’assistant, est moins autonome que le robot Oz car il n’exclut pas l’humain de la tâche. Il peut de fait être mieux accepté par certains producteurs, qui gardent la main sur l’outil. Ce choix d’outil est entièrement dépendant du producteur et de ses motivations. Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
Annexe : Caractéristiques techniques de Toutilo et d’Oz440 Toutilo modèle T120 Oz 440 Caractéristiques (Touti’Terre) (Naïo technologies) Robot de désherbage de Cobot assistant enjambeur de culture en ligne avec un Fonction(s) planche écartement > 65 cm, Plantation, désherbage, récolte assistance à la récolte Source d’énergie Electrique Electrique 1 batterie Lithium-ion Lithium 2x12V Batterie(s) 1890 Wh 40 à 100 A amovible non amovible 3à8h Autonomie de travail Jusqu’à 20 h selon le sol et les outils Temps de charge Télécommande Bluetooth Conduite / guidage Télécommande Bluetooth Antenne GPS RTK Poids à vide (sans outils) 380 kg 110 kg Vitesse De 50 m/h à 2 km/h Jusqu’à 1,5 km/h Socs de binage (x3) Socs Pentadent Butteur Herse étrille Outils attelés Griffe Brosse de buttage Herse étrille Ressort (?) Barre ouvreuse Siège tracté Accessoires Toile d’ombrage Prix indicatif (€) Liens vers la documentation technique des constructeurs : - Catalogue Toutilo : https://www.toutilo.com/wp-content/uploads/2020/04/Catalogue- Toutilo-2020.pdf - Brochure Oz440 : https://www.naio-technologies.com/wp- content/uploads/2019/03/brochure-OZ-octobre-2018.pdf Station Expérimentale de Bretagne Sud – Chambre d’agriculture de Bretagne Ces informations ont été recueillies dans les conditions propres à chaque essai et ne constituent pas une préconisation ou une vulgarisation directe.
Vous pouvez aussi lire