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Virus des gastro-entérites épidémiologie et prévention Pr. Alexis de ROUGEMONT CNR virus des gastro-entérites, CHU de Dijon Journée de prévention du risque infectieux chez le nouveau-né CPias ARA, Lyon-Bron, 18 octobre 2018
Diarrhées infectieuses Les gastro-entérites aiguës, ce sont : - 1,4 milliards d’épisodes et 2,2 millions de décès chaque année pays en voie développement +++ - un des premiers motifs de consultation pédiatrie +++ - étiologies infectieuses variées : bactéries, parasites, virus +++ Pays développés Pays en voie de développement étiologie étiologie inconnue rotavirus inconnue rotavirus parasites ? ? autres bactéries ETEC bactéries norovirus norovirus astrovirus astrovirus adénovirus adénovirus - baisse de la mortalité infantile mais morbidité reste élevée - contextes épidémique (état sanitaire ++) et/ou caractère saisonnier
Les virus responsables de gastro-entérites Les principaux Norovirus Rotavirus A Astrovirus Adénovirus Sapovirus Kobuvirus (GI, GII, GIV) (AdV-40/41) (GI, GII, GIV, GV) (Aichi virus) et d’autres moins fréquents Cosavirus Salivirus Picornavirus Parechovirus Bocavirus Parvovirus Bufavirus / Tusavirus Picobirnavirus Torovirus
Gastro-entérites communautaires/hospitalisées Distribution des virus des gastro-entérites en fonction des tranches d’âge enfants 65 ans Tranches d’âge Rotavirus Norovirus Sapovirus Astrovirus Adénovirus Aichivirus Lorrot et al, 2011
Résumé épidémiologique des virus entériques GÉNOTYPE POPULATIONS FRÉQUENCE DE MÉTHODES DE FAMILLE VIRUS SOUCHES PRÉFÉRENTIELLES DÉTECTION DÉTECTION 3 groupes : A, B, C ICG, ELISA Reoviridae Rotavirus RVA : enfants 50% RVA : G1-4/9/12, P[4]/[8] RT-qPCR GGI et GGII enfants : 12 % ICG, ELISA Norovirus tous âges (+GIV),GII.4+++ tous âges : 85 % RT-qPCR Caliciviridae ELISA Sapovirus GI, GII, (GIV, GV) enfants 1% RT-qPCR sérotypes 40, 41++ ICG, ELISA Adenoviridae Adénovirus enfants
Transmission féco-orale Directe interhumaine Indirecte manuportée +++ environnement surfaces contaminées alimentations ++ aéroportées (vomissures) eaux souillées +
Histoire de l’infection Virus Incubation Excrétion Adénovirus 5-6j 10-14j fixation Ingestion à la salive de particules (HBGA) Astrovirus 3-4j >2 sem [10-100] >3 sem Norovirus 1-2j >2 sem Sapovirus 1-2j >3 sem résistance Entérovirus 3-6j >11 sem à l’acidité gastrique Aichivirus 3-6j >1 sem ? site infectieux Rotavirus 1-3j 1-4 sem duodéno-jéjunum VHA >15 >2 sem Excrétion VHE 15-45j >2 sem 106 à 1012 virions /g de fèces
Les infections à rotavirus Agent infectieux le plus fréquemment responsable de diarrhées aiguës chez l’enfant < 5 ans - environ 200.000 décès par an dans le monde (PVD++) - près de 140.000 consultations et 18.000 hospitalisations en France - 30-65% des diarrhées hospitalisés - pic de fréquence = 4–24 mois Transmission interhumaine - pics d’épidémies hivernales - réservoir humain - stabilité dans l’environnement - transmission animale possible Pic épidémique en mars Distribution temporelle des infections à rotavirus pour la saison 2015-16 comparée aux maximums et minimums des saisons de 2006 à 2016.
Diversité génotypiques Virus ARN db : 11 segments = diversité +++ - 3 Ag dont 2 majeurs VP7 = G (32 types) Ac neutralisants VP4 = P (47 types) VP6 G8P[8] G8P[8] G12 circulation
Scores de Vesikari Analyses par régression logistique (polynômes fractionnaires) Génotype Score de Vesikari P P RVA (CI 95%) (G1 vs G12) (tous G) G1P[8] 10.24 n=113 (6.35-14.14) G2P[4] 10.04 n=46 (7.03-13.05) G3P[8] 10.85 n=59 (8.02-13.68) 0.813 0.604 G4P[8] 10.59 n=4 (8.92-12.25) G9P[8] 10.20 n=42 (7.08-13.31) G12P[8] 10.13 n=18 (7.36-12.90) Total 10.30 n=282 (6.98-13.63) La sévérité de l’infection n’est pas liée au génotype de rotavirus En revanche, il existe un lien statistique entre l’âge et la sévérité de Rougemont et al., 2011 de Rougemont et al., 2016
Les infections à norovirus 1ère cause de diarrhée épidémique tout âge confondu 85-90% des diarrhées virales ≈ 267 millions de cas et 218.000 décès /an 2ème cause de diarrhée sporadique non bactérienne chez
Susceptibilités à l’infection Multifactorielle – immunité individuelle – génétique : polymorphisme combiné aux loci ABO, FUT2 et FUT3 Lindesmith et al., 2003
Présentations cliniques rotavirus vs. norovirus Chez le nourrisson et le nouveau-né – infections modérées à sévères RVA> NoV – convulsions bénignes NoV (8,7%) > RVA (1,3%) – présentations atypiques : - encéphalopathie - entérocolite nécrosante Chez le grand prématuré – distension abdominale +++ – troubles respiratoires = apnée, tachypnée O2 – tableaux de sepsis – sang dans les selles Armbrust et al., 2009 O’Ryan et al., 2010; Stuart et al., 2010; Chan et al., 2011
Prévention standard
PRÉVENTION PRIMAIRE Précautions standard = précautions universelles + barrière de transmission croisée ‒ hygiènes des mains ++ = lavage avant et après tous soins - 3/4 des soignants directs = RVA sur les mains - 20% des soignants indirects = RVA sur les mains - SHA : moins virucide sur les virus nus (GEA dont NoV) norme virucide NFEN 14476+++ (adéno/polio) ‒ port de gants de protection : 1 soin = 1 paire de gants durée - vinyle : tout geste contaminant - latex/nitrile : sang, muqueuses ‒ préventions des projections : masque, lunettes, tenue vestimentaire ‒ entretien des dispositifs médicaux : désinfection, stérilisation ‒ hygiène de l’environnement : décontamination appropriée ‒ préventions de l’exposition au risque biologique chez le personnel emballage étanche des prélèvements, élimination des déchets évacuation du linge, signalétique +++ ‒ isolement du patient
MESURES DE PRÉCAUTIONS ET D’ISOLEMENT
ACTIVITÉ VIRUCIDE ANTISEPTIQUES/DÉSINFECTANTS Activité influencée par : sensibilité ‒ structure du virus, charge virale initiale Virus HIV, HSV VHB ‒ phénomène d’agrégation virale enveloppés adénovirus virus nus entériques rotavirus entérovirus ‒ présence de matières organiques Virus nus VHA ‒ concentration du produit résistance parvovirus ‒ temps de contact, température et pH ‒ formulation des produits finis
Efficacité des antiseptiques et désinfectants Norovirus Eau de Javel Bétadine Asphène 381 Manuclear Belliot et al, Appl Environ Microbiol 2008
Persistance sur les surfaces après désinfection Contamination résiduelle (log10) eau eau Contrôle Savon 250 1000 savon savon Contrôle Savon 250 1000 savon savon liquide ppm +250 +1000 liquide ppm +250 +1000 chlore ppm chlore ppm chlore chlore Contamination résiduelle sur un support inox propre (barres blanches) ou sale (barres noires) après différentes procédures de nettoyage et désinfections Tuladhar et al, Appl Environ Microbiol 2012
Efficacité des SHA Norovirus rôles de l’éthanol et du pH ≥ 70%v/v Shimizu-Onda et al, J Infect Chemother 2012
Efficacité des SHA Norovirus effets adjuvant (composition des gels) Macinga et al, Appl Enviroon Microbiol 2008 Polyquaternium-37 = polymère huileux
Conclusions sur l’efficacité Efficaces : – chlore et dérivés chlorés dont eau de Javel (2600 ppm) – dérivés iodés dont Bétadine – acide peroxyacétique. – glutaraldéhyde – SHA (éthanol ≥ 70%v/v) Inefficaces : – ammoniums quaternaires – gluconate de chlorhexidine – solutions savonneuses bactériostatiques
Prévention spécifique vaccination
Quid de la vaccination contre rotavirus ? Diarrhées infantiles mortalité vs morbidité Afrique Amérique 4.2x106 décès 0.3x106 décès Diarrhées: 19% Diarrhées: 7% Moyen Orient Europe 1.2x106 décès 0.15x106 décès Diarrhées: 18% Diarrhées: 5% Asie du Sud-Est Pacifique Ouest 2.4x106 décès 0.5x106 décès Diarrhées: 14% Diarrhées: 4% Liu et al, 2012
Les vaccins contre les rotavirus Deux approches différentes (vaccin oral) - virus atténué vs. virus recombinant - protection contre les formes sévères de gastro-entérites - n’empêche pas l’infection par rotavirus RotaRix® (GSK) RotaTeq® (Merck- Sanofi Pasteur MSD) Monovalent humain G1P[8] Pentavalent bovin-humain : WC3 x G1/G2/G3/G4 WC3 x P1A[8] RVA bovin (WC3) G6P7[5] RVA humain RVA humain RVA humain RVA humain (WI79) (SC2) (WI78) (BrB) Formulation du RotaTeq® G1 P1A[8] G2 G3 G4 (W179-VP7) (W179-VP4) (SC2-VP7) (W178-VP7) (BrB-VP7)
Couverture vaccinale dans le monde Vaccination rotavirus introduite dans 53 pays (2014) GAVI = Alliance Globale pour les Vaccins et l’Immunisation
Couverture vaccinale en Europe CV élevées = forte diminution des GEA hospitalisés CV faibles/modérées = effets bénéfiques Uhlig et al., 2014; Costantino et al., 2015; Gimenez Sanchez et al., 2016; Atchinson et al., 2016; Sabbe et al., 2016
Efficacité des vaccins rotavirus Royaume-Uni (2009-2018) CV >90% N Réduction des diagnostics de GEA à rotavirus www.gov.uk/government/publications/
Efficacité des vaccins rotavirus USA (2000-2014) CV >70% % Réduction des diagnostics de GEA à rotavirus Dennehy et al., 2015
Bénéfices de la vaccination Efficacité sur les GEA sévères à rotavirus (essais cliniques) : de 90 à 96 % Réduction des GEA à rotavirus (fonction de la CV) : - hospitalisation entre 19 et 96 % - consultation entre 55 et 94 % Réduction des GEA à rotavirus nosocomiales entre 78 et 96 % Diminution des GEA chez les non vaccinés (= immunité de groupe) entre 43 et 85 % Réduction des hospitalisation des GEA toutes causes - hospitalisation entre 30 et 55 % - consultation entre 14 et 48 % Ziamy et al., 2013; Standaert et al., 2016; Hungerford et al., 2016; Forrest et al., 2017 Wilson et al., 2016; Corneau et al,, 2016; Marlow et al., 2015; Bawa et al., 2015; Atchinson et al., 2016; Armstrong et al., 2016
Risques de la vaccination Risque d’invagination intestinale aiguë (IIA) = 1 à 6 cas / 100.000 enfants vaccinés après la 1ère dose (RR = 5 à 6) Rosillon et al., 2015; Dong et al., 2016; Koch et al., 2017; Stowe et al., 2016
Rotavirus et vaccination Les risques à moyen et long terme – émergence de souches « résistantes » • apparition d’un variant G1P[8] échappant à la protection vaccinale • apparition d’un nouveau génotype échappant à la protection vaccinale, notamment si exposition aux souches recombinantes est importante Les insuffisance de la vaccination actuelle – efficacité dans les pays à niveau socio-économique faible • immunité insuffisante dose supplémentaire de rappel ? • rôle de la malnutrition ++ – non couverture des enfants < 4 mois • administration néonatale • vaccin « RotaShield-like » ?
Vaccination contre norovirus Problématique vaccinale – pertinence du développement d’un vaccin meilleur connaissance de l’épidémiologie – populations cibles : enfants, militaires, soignants, … mais – absence de système de culture in vitro approprié pas atténuation de souche, pas tests de neutralisation – modèles animaux limités GI/GII n’infectent que l’homme – connaissances encore insuffisantes de l’infection et de la protection – forte hétérogénéité antigénique au sein des norovirus humains – GII.4 : glissement antigénique dynamique (cycle de 2-3 ans)
Formulation = particules virales de synthèse Avantages des VLP – auto-assemblage de la protéine de capside VP1 caractéristiques similaires au virus, principaux épitopes antigéniques – absence de matériel génétique = non infectieux sécurité d’utilisation (≠ des virus atténués) – technologie éprouvée pour d’autres maladies infectieuses vaccins Cervarix®/Gardasil® pour HPV – préparation des VLP reproductible et robuste Green, 2013
Vaccination et stratégie Debbinck et al., 2014
Vaccins en cours de développement Cortes-Penfield et al., 2017
CONCLUSION GÉNÉRALE Gastro-entérites virales – transmission personne-à-personne, alimentation, eau – norovirus - principal agent des GEA tous âges confondus - nombreux points d’ombre physiopathologie, immunité, réplication – rotavirus - principal agent des GEA chez l’enfant
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