www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers

La page est créée Lea Moreau
 
CONTINUER À LIRE
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
«À propos»
le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894

                     Philippe Geluck - Le chat au journal
                         avril 2021 - Champs Elysées

                         www.sjpp.fr
                    mai 2021numéro 70 5€
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
Syndicat des Journalistes
                                                                      de la Presse Périodique

                                                                                  Bureau du Sjpp
                                                                            Marie Danielle BAHISSON
                                                                   Présidente, chargée du site du SJPP

                                                                                         Jean PIGEON
Siège social :                                         Vice-Président, chargé des questions juridiques
13 place Masséna, 06000 Nice
                                                                                      Pierre PONTHUS
Ccp du Syndicat : 1293-15R PARIS                               Vice- Président, chargé des partenariats
Cotisation annuelle incluant
l’abonnement au bulletin : 50 euros                                                      Nadine ADAM
Droits d’admission : 50 euros                          Secrétaire Générale, chargée des manifestations

Dépot légal 2e trimestre 2021                                                   Jean Louis STERNBACH
ISSN 0752-3076                                              Trésorier, chargé des candidatures au SJPP
COMMISSION PARITAIRE 0410 S 07288

REPRODUCTION INTERDITE
DE TOUT ARTICLE SAUF ACCORD
AVEC LA PRESIDENCE

V otre      attention svp !
Toute la correspondance doit être adressée
à la présidente,
MARIE-DANIELLE BAHISSON
13 place Masséna 06000 Nice

« À propos »
Revue trimestrielle éditée
par le Syndicat des
Journalistes de                                                      Conseil syndical du Sjpp
la Presse Périodique                                                                      Nadine ADAM
                                                                             Marie-Danielle BAHISSON
                                                                                   Jacques BENHAMOU
Comite de rédaction                                                                         Paul DUNEZ
                                                                              Pierre Marie JACQUEMIN
Marie-Danielle BAHISSON :
                                                                           Fabienne LELOUP DENARIÉ
Directrice de la publication
                                                                                          Sara MESNEL
Pierre PONTHUS :                                                                           Jean PIGEON
Rédacteur en chef                                                                      Pierre PONTHUS
Nadine ADAM
Jacques BENHAMOU
                                      Règlements                                Jean Louis STERNBACH

Raymond BEYELER                        Tous les règlements
Fabienne LELOUP-DENARIÉ
                                       par chèque à l’ordre
                                       du SJPP doivent être
Conception graphique et réalisation
                                       envoyés au Trésorier,
ad.com / Pierre Duplan
                                       Jean-Louis Sternbach
Impression
K / Le Perreux-sur-Marne
                                       138 bd Berthier
                                       75017 Paris.
                                                                                          Censeur :
                                                                                  Claude BOUCHARDY
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
Syndicat des journalistes de la presse périodique_3

              Actus

La vie du Syndicat / Infos pratiques
                                 à adresser par chèque à              Les dossiers incomplets ne
Le Bulletin « À propos »         l’ordre du SJPP avant le 30         sont pas recevables. Merci
 Textes : ne pas dépasser       novembre 2021 à l’attention         de veiller à respecter toutes
4 000 signes, espaces            du Trésorier du SJPP : M.           les conditions exigées. Sel-
compris et citer clairement      Jean-Louis STERNBACH, 138           on nos statuts, les dossiers
les emprunts.                    bld. Berthier, 75017 Paris.         sont d’abord examinés par le
 Photos : Format Jpg             En cas de perte de votre          bureau et ensuite soumis à
en pièces jointes en 300 dpi ;   Carte au cours de l’année           l’approbation du conseil
indépendants des fichiers        2021, la demande doit être
word ou documents papiers ;      faite auprès du Trésorier du
fournir les légendes ;           SJPP, en joignant un chèque
s’assurer que les photos         de 10 € à l’ordre du SJPP.
                                                                     Calendrier SJPP 2021 :
sont libres de droits, ne pas                                         Conseil Syndical & Assemblée
oublier le ©.                    Adhésion                            Générale du SJPP : en présentiel,
                                                                     à une date à préciser en septem-
                                  Les informations sur le
Le Site                          formulaire de Demande
                                                                     bre/octobre 2021.
 Il informe des publications                                        Remise de carte du SJPP 2021
                                 d’adhésion à remplir et les         par le Trésorier pour tout reçu de
et actualités de la vie des      conditions de recevabilité des
adhérents. Il publie des arti-                                       la cotisation de l’année 2021.
                                 dossiers figurent sur le Site de
cles séparément de la paru-      notre Syndicat,
tion du Bulletin À PROPOS.       www.sjpp.fr à la rubrique Le
Ceux-ci sont à adresser au       Syndicat puis Adhérer.
« Webmaster »à :
                                  Les demandes d’admission
Sara MESNEL
                                 au Syndicat sont à envoyer à
saramesnel@gmail.com
                                 la Secrétaire Générale : Nadine
Cotisation                       ADAM, 42 rue Laborde, 75008
 Cotisations 2021 : Pour        Paris, lemaildenadine@yahoo.fr;
l’année 2021, les cotisations,   Tél. : 06 63 76 05 02
d’un montant de 50 €, sont
                                                                                         www.sjpp.fr
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
4_Syndicat des journalistes de la presse périodique

                   Le mot du rédacteur en Chef...
                   Pierre Ponthus

Ce numéro 70 nous permet de faire un        Nous devons cependant poursuivre             Continuons à partager notre enthou-
point en milieu d’année, en attendant       ce long chemin fait d’espérances et          siasme, faisons éclater notre joie de
la venue de notre prochain numéro           d’échanges au travers d’un monde             vivre et restons fidèle à notre Syndicat
qui sera consacré à notre prochaine         devenu complexe mais où nous pou-            SJPP qui, malgré sa grande ancienneté,
Assemblée Générale, qui n’a pas pu se       vons encore rêver et traduire par nos        sait garder une prompte jeunesse.
tenir au début 2021 pour les raisons        plumes des impressions à l’aide de mots      Cette joie doit continuer à briller à tra-
sanitaires que vous connaissez.             et d’images formalisant notre vécue et       vers nos différents numéros A PROPOS.
                                            projetant notre avenir.                      La flamme doit toujours nous animer en
Ce numéro nous permettra, je l’espère,      Au cours de ces échanges entre nous,         portant haut et fort nos valeurs huma-
le maintien de nos liens. Il constitue      il convient de partager nos ressentis et     nistes à travers nos propos.
une étape tout au long de cette période     de projeter nos espoirs en souhaitant        Retrouvons nos plumes et préparons-
interminable d’isolement, rompue fort       d’avantage de nouveaux échanges et de        nous avec la nouvelle équipe qui sera
heureusement par ces quelques liens         déplacements dans un monde qui nous          élue à la prochaine Assemblée Générale
digitaux que nous découvrons avec joie      semble d’autant plus captivant qu’il         de la rentrée, à un avenir joyeux de nos

‘‘
du fait de leur grande facilité d’emploi.   nous parait très éloigné.                    échanges. n
                                            Pour l’instant, restons à l’écoute des uns
                                            et des autres et traduisons avec les yeux
      Partager nos ressentis                de notre cœur cette beauté si cachée de
                                            la vie, ainsi que nous le suggérait Saint-
et projeter nos espoirs.”                   Exupéry.
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
Syndicat des journalistes de la presse périodique_5

                   Le mot de la présidente...
                   Marie-Danielle Bahisson

Chers Amis, Chers collègues,                Nous attendrons donc la rentrée pour

                                                                                         @
                                            renouer avec nos traditions et nous re-
C’est avec beaucoup de plaisir et une
certaine dose d’optimisme que je vous
                                            trouver pour enfin pouvoir tenir digne-
                                            ment notre Assemblée Générale.
                                                                                            Votre bulletin par courriel
adresse ces quelques lignes. Les nou-       Durant ces derniers mois l’activité du          Si vous souhaitez recevoir
velles mesures gouvernementales nous        SJPP n’a pas failli. Tout d’abord grâce à
laissent espérer en un avenir meilleur      notre rédacteur en chef, Pierre Ponthus         ce bulletin par mail, au
au niveau des libertés de se réunir.        qui à travers la diffusion de notre revue       format pdf, merci d’adres-
Malgré tout , et après consultation des     « A propos » nous a permis de garder un         ser un courriel à Ad.com
membres du bureau, il ne nous a pas         lien entre nous. Je voudrais aussi souli-
semblé possible de tenir notre Assem-       gner les efforts de Jean Pigeon notre Vice      à l’adresse suivante :
blée Générale sérieusement avant le         Président, de Jean Louis Sternbach notre        a.duplan@free.fr
mois de septembre/ octobre. En effet        trésorier, de Nadine Adam notre secré-
ce n’est qu’à partir du premier juillet     taire Générale et de Sara Mesnel notre
que nous aurions pu nous réunir, le cas     webmaster qui nous ont permis de faire
échéant, sans restriction ni contrainte.    vivre notre syndicat et de continuer acti-
De plus, nous le savons très bien, dans     vement notre politique de recrutement
ce contexte particulier où nous espé-       notamment vers les jeunes.

                                                                                         ‘‘
rons tous que l’été nous permettra de
nous échapper, très peu d’entre nous        Merci à vous tous pour vos messages
auraient pu répondre présents.              de soutien et vos contributions à notre
Nous avions également envisagé de te-       revue.
nir virtuellement notre AG, mais un cer-    Prenez soin de vous et de vos proches,             Profitez au maximum
tain nombre d’entre nous, ne sont pas       profitez au maximum les uns des autres       les uns des autres et passez
équipés ou formés pour que nous puis-       et passez un merveilleux été !
sions retenir cette alternative.            Avec ma très fidèle amitié. n                un merveilleux été !”

Des nouvelles de nos adhérents : Admission
          Jean Luc Favre Raymond écrivain, critique, journaliste, membre du Conseil National d’Education Européenne (AEDE-
          France), Secrétaire général du Collège d’Histoire et d’Analyse de la Radiodiffusion, collaborateur de Cabinet auprès du
          président (Département de la Savoie) a été admis en date du 6 avril de l’an 2021, au Centre d’Etudes Supérieures de la
          Littérature (Unité de Recherche Indépendante -Tours/France) en qualité de chercheur associé.

                                                                                                                www.sjpp.fr
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
6_Syndicat des journalistes de la presse périodique

                      Plaisir de lire...
                     Jean-Luc Favre Reymond

De Gaulle, un homme dans l’histoire
Aura-t-il fallu attendre un triple anniver-     en patience, ce qui n’empêche nullement         ticulièrement agréable à sa lecture, en
saire et moults commémorations étalées          d’ailleurs en dépit de notre impuissance        contournant volontairement les faux pré-
sur toute l’année 2020, pour que Charles        à conjuguer la raison, de s’interroger sur      jugés et les faits délibérément tronqués.
de Gaulle, le fondateur de la France            le devenir de la « maison France ». Et c’est
Libre, et de la Vème République, suscite        certainement dans cette prospective,            Charles de Gaulle, un homme
un regain d’intérêt auprès des français,        soluble ou insoluble, et qui ne semble          dans son histoire !
et plus encore, certainement, parmi les         nullement agir comme une parenthèse
spécialistes en tout genre, épris depuis        de l’imagination que le bilan du général,       « Cent trente ans après sa naissance,
des lustres par la cause gaullienne et par      nous interroge, lui, qui au fait du martyr      quatre-vingt ans après l’appel du 18 juin,
le personnage lui-même. On peut en effet        de l’histoire, certes sur une courte période    un demi-siècle après sa mort, rédiger la
se poser la question, même si la mémoire        historique reconnaissons-le, s’est tou-         biographie de l’homme en insistant sur
du général n’a jamais tout-à-fait disparu       jours proclamé et auto-proclamé de et           ses épreuves, ses forces et ses faiblesses,
des débats et des commentaires, depuis          à travers l’espoir d’une nation, face aux       son bilan relève presque du devoir -com-
son avènement, si l’on en juge par les          pires tremblements civilisationnels, sans       ment ne pas être frappé en effet de regret
dizaines d’ouvrages parus sur le person-        déroger à une ligne de conduite, qui parait     qui frappe le pays à la seule évocation
nage, depuis au moins quatre décennies.         aujourd’hui visionnaire et dont les résul-      du nom du général de Gaulle ? Car si la
Affaire de nostalgie d’un temps révolu, me      tats probants, conjurent le mauvais sort.       Constitution, de la Vè République, mais
direz-vous ? Pas sûr justement ! Bien que       Et de ce point de vue, les sept présidents      aussi son héritage militaire (force de
là encore il faille se méfier des breloques     de la République qui lui ont dignement          frappe nucléaire) économique (grands
de l’histoire et des espoirs fantomatiques      succédé, n’ont finalement jamais renié          groupes industriels) et social (sécurité
qui dressent parfois des barrières quasi        l’emprise de l’homme sur leur propre            sociale et participation) ont su résister au
insurmontables face à une réalité, qui          destin sans pour autant faire mieux. Il         temps, le gaullisme comme manière de
se veut-elle, plus coriace dans son mode        n’en fallait pas moins pour que l’historien     faire et d’agir a quant à lui totalement dis-
d’emploi. Il n’empêche qu’aujourd’hui           Philippe Valode, fondateur de la revue Ac-      paru. La France depuis, bien des années,
toutes les suppositions semblent per-           tualités de l’histoire, auteur d’une bonne      a perdu un personnage clé pour son ave-
mises pour que le feu général, fasse l’objet    soixantaine d’ouvrages, dont notamment          nir : celui de chef d’Etat responsable, af-
d’une unanime réconciliation nationale.         « La Shoah Française, les responsables          frontant les épreuves et fixant les grandes
Il faut dire aussi que la période n’est guère   impunis » ( Acropole, 2016,), « La Vè Répu-     priorités du futur ». On peut effective-
fameuse, avec une crise sanitaire qui dure      blique, une Histoire », (Editions de l’Archi-   ment en creusant ces lignes s’interroger
depuis plusieurs mois, et qui non seu-          pel 2014), ou bien encore « Le livre noir de    sur les traces politiques laissées par le gé-
lement de plomber une économie déjà             la collaboration » (Editions de l’Archipel      néral de Gaulle, dont le mode d’action sur
fragile, elle affecte littéralement le moral    2013), parmi ses livres les plus connus,        plusieurs décennies, aura été de trouver
des français, qui ne savent plus vraiment       apporte à son tour sa pierre à l’édifice        une cohérence subtile, entre les besoins
à quel saint se vouer, via un confinement       avec la récente publication d’une impo-         d’une Nation et ses profondes aspirations,
plus ou moins souple, mais qui de fait, at-     sante biographie intitulée, « De Gaulle,        face à un monde en plein bouleversement
tente à nos libertés les plus élémentaires,     un homme dans l’histoire », et dont le ton      économique, mais également politique,
sans ignorer les crises internationales         énergique et convaincant laisse supposer        dont la décolonisation aura été l’un des
successives qui elles continuent de ron-        le gigantesque travail de l’auteur sur ce       effets les plus flagrants pour le devenir de
ger la planète sans se soucier de l’avenir      sujet pendant plusieurs mois. Une biogra-       la France. On songe aussi à une Europe en
de l’indestructible virus qui bientôt finira    phie, qui d’emblée ne se pose pas comme         pleine ébullition et reconstruction vers un
par se transformer en complot planétaire        un insondable réquisitoire, affublé de          avenir meilleur. Et si Philippe Valode, parle
orchestré par les grandes puissances bel-       sourdes révélations, mais qui au contraire      ici de devoir, c’est certainement plus pour
ligérantes. En attendant il faut bien conti-    surprend par son contenu objectif et            confirmer un manque, plutôt que d’affir-
nuer à vivre » masqué » et prendre son mal      dépassionné- ce qui rend l’ouvrage par-         mer hypothétiquement un vide abyssal,
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
Syndicat des journalistes de la presse périodique_7

pour ne pas dire béant. Or si l’on peut af-     sens inné de la répartie. Grand orateur           gnons de la libération (seulement mille
firmer à tort ou à raison que le gaullisme a    passant d’un style à l’autre, du populaire        trente- huit personnes) il est fidèle aux
presque disparu de notre vision nationale,      au solennel, de la gouaille, parfois au pro-      hommes politiques qu’il a choisis pour
il est également à parier qu’il peut dans       pos fondateur, du professoral au doctrinal        l’entourer, et dont il apprécie tant le dé-
certaines circonstances revenir « au grand      (pensons au rôle dominant du pouvoir              vouement que la compétence. De Gaulle
galop, » et fermement s’imposer dans de         exécutif en démocratie) il sait répéter pour      peut éprouver des périodes d’intense
futures décisions à prendre. Car la France      convaincre. Son souffle exceptionnel fait         excitation, comme de découragement
d’aujourd’hui, ne sera pas forcément celle      le reste. Il incarne bien souvent l’Histoire,     quasi dépressif, mais il parvient toujours
de demain quitte à revoir le sens même          un récit qui se construit en avançant ».          à se reprendre et à retrouver le chemin
des responsabilités étatiques. L’auteur         Autant de grandes qualités de dirigeant,          de l’objectif à atteindre ». Ainsi tout le
l’écrit d’ailleurs lui-même. « Sa vision géo-   que de défauts qui lui seront régulière-          mérite de cet ouvrage tient-il principale-
politique retrouve aujourd’hui beaucoup         ment reprochés. L’homme dès le début              ment à la manière dont Philippe Valode,
d’actualité : Europe des Etats, atout décisif   sait ce qu’il veut, il le fait savoir, l’impose   a su enrichir la personnalité complexe
de l’arme nucléaire, dans le concert mon-       parfois en prenant la température à bon           et aventureuse du Général de Gaulle, en
dial, remous violents du monde transat-         escient. Il ne se soucie guère des critiques      évitant les écueils d’une subjectivité trop
lantique (Brexit et guerre commerciale          qui lui sont adressées, même si son écoute        marquée de la mémoire enfouie ou refou-
avec les Etats-Unis), volonté de soutenir       reste avisée et bien souvent respectueuse.        lée tout en restant prudent des suites à
la vocation Européenne de la Russie… La         Il n’empêche que la France n’a pas de             donner à une politique vertigineuse de la
perception internationale du Général, est       temps à perdre, elle doit avancer dans le         raison, pour ne pas dire verticale, comme
celle dominée par des Etats et non par les      concert des nations, mais pour cela elle a        le laisse supposer certains détails du livre.
idéologies, ce qui constitue bien la réalité    besoin d’une forte poigne ! « Car ses suc-        Gageons cependant que les présentes
d’aujourd’hui ». Et dans ce sens Philippe       cès sont immenses, de l’honneur sauvé en          pages, seront l’occasion de redécouvrir le
Valode ne s’y est guère trompé. La pen-         1940 à la guerre civile évitée en 1944, de la     grand homme sur un versant plus actuel,
sée gaulliste ou gaullienne en effet, s’est     position mondiale acquise en 1945 (si-            et vraisemblablement humanisant. « Avec
toujours défiée des « idéologismes », de        gnature de la capitulation allemande, par-        une dimension messianique qui ne saurait
toutes sortes, en tentant de les contourner     ticipation au Conseil de sécurité de l’Onu        être négligée ». n
en vertu d’une réalité plus probante, s’op-     à la décolonisation assumée et achevée
posant de fait au sectarisme, et aux pires      en 1962, de l’élection du président de            De Gaulle, un homme dans l’histoire,
démagogies. Il en paiera assurément de sa       la République au suffrage universel. La           656 pages, 25 euros, Editions de l’Archipel
personne ! « Cet homme d’action et de ré-       modernisation du pays par une planifica-
flexion, si différent de tous, voit son corps   tion souple de la constitution, d’une force
soumis à de violentes et nombreuses             nucléaire - qui évite le nanisme politique
atteintes – blessures et maladies – tout        – au lancement de grands programmes
en supportant une suite ininterrompue           industriels qui y sont souvent associés ».
d’agressions psychologiques, tant dans          Autant de réformes et de projets ambi-
sa vie privée que dans son temps public.        tieux que le général aura réalisé d’une
Comment imaginer qu’il n’en eut pas été         main de maître en moins d’un quart de
profondément affecté ? «                        siècle, avec une volonté sans faille afin
                                                que la France, « puisse rester ce qu’elle
Charles le mal aimé ?                           est », même privée de son Empire. Et Phi-
                                                lippe Valode de rappeler que « l’homme
« Grand patriote nationaliste, homme de         est dur, parfois même sans pitié (les épi-
droite avéré, héros solitaire, militaire par    sodes de la vie algérienne en témoignent)
toutes ses fibres, artiste de la politique et   mais il manifeste également des émotions
de la mise en scène, homme de commu-            souvent ignorées – à l’exception, bien sûr,
nication publique étonnant, de Gaulle           de son attachement sans limite pour sa
semble finalement assez peu doué pour           petite Anne. Très sensible à la fraternité
la relation individuelle. Une faiblesse due     dans le combat, comme le démontre la
à sa trop brillante intelligence et à son       création de l’ordre sacré des Compa-

                                                                                                                           www.sjpp.fr
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
8_Syndicat des journalistes de la presse périodique

                     Chronique historique...
                     Nadine Gannat

Un cadeau diplomatique à quatre pattes
En 1827, une girafe va traverser la              il lui fait fabriquer un manteau imper-
France de Marseille à Paris suscitant            méable et une capuche pour la protéger
une véritable « Girafomania ».                   des intempéries. Sa mission lui semble
Méhémet-Ali, pacha d’Egypte, voulant             une aubaine pour assoir ses théories,
mettre un terme au joug ottoman pré-             son collègue, Georges Cuvier défend
voyait de resserrer les liens avec les pays      l’idée que les animaux n’évoluent pas.
européens et en particulier la France.           Geoffroy de St Hilaire est, quant à lui,
Il prend conseil auprès de Bernardino            persuadé que les espèces se modifient
Droveti, ancien soldat de Napoléon Bo-           en fonction du climat, du temps.
naparte lors de la campagne d’Egypte.            Le 20 mai 1827, le convoi se met en
Il est consul général du roi de France           route, il pleut, l’occasion pour la girafe
Charles X. Droveti sait que le roi rêve          d’étrenner son ciré. Des gendarmes
d’agrandir sa ménagerie. Ainsi va naître         escortent le cortège. De chaque ville où
l’idée d’envoyer une girafe. Des soldats         ils s’arrêteront pour la nuit, Geoffroy de
égyptiens en poste au Soudan viennent            Saint Hilaire enverra une dépêche au
d’abattre une girafe, ses deux girafons se       préfet de la ville suivante pour organi-
retrouvent orphelins. Ils sont envoyés           ser et sécuriser leur arrivée. Le soir ils
au Caire, soignés par Atir, esclave souda-       seront à Aix où les curieux vont s’agglu-
nais. La girafe, offerte à la France, va être    tiner partout, aux fenêtres, sur les toits,
embarquée au Caire sur un brigantin              ils applaudissent, ils pleurent de joie,
sarde « Les Deux Frères », le pont a été         ils trépignent. Partout ce sera le même
ouvert pour que le girafon puisse sortir         accueil. Le 30 juin elle arrive à desti-
sa tête, à son cou pend un médaillon             nation : « Enfin, la girafe est arrivée à 5   Berry, et les enfants de France, accom-
contenant les versets du Coran, signe            heures et demie du soir par la barrière       pagnés et suivis de toute la cour, se sont
de son appartenance à l’Orient. Mise             de Fontainebleau ! Elle a été conduite        rendus à l’Orangerie, et M. Geoffroy
en quarantaine dès son débarquement              au jardin des plantes en suivant le bou-      Saint-Hilaire a eu l’honneur de présen-
à Marseille, elle sera « chouchoutée »           levard de l’hôpital. » Elle aura parcouru     ter au Roi le cadeau du pacha d’Egypte
par Atir et Hassan, ses cornacs. Elle n’est      880kms en 42 jours dont 7 de repos.           et une brochure sur la Giraffe qu’il a
pas seule, trois vaches ( pour son régime        Le 9 juillet elle sera présentée au roi :     rédigée et dans laquelle l’histoire de cet
lacté, elle boit entre 20 et 25 litres de lait   « Pour la première fois, elle a voyagé        animal est décrite avec soin et exacti-
par jour ), deux antilopes et un mouflon         sans les trois vaches égyptiennes, ses        tude. S.M. a voulu voir marcher et courir
l’entourent.                                     compagnes et ses nourrices ; couronnée        ce singulier quadrupède ; toute la cour
A peine arrivée cette « ambassadrice »           d’une guirlande de fleurs, les amulettes      était présente, et ses allures, surtout à
va devenir la coqueluche de Marseille.           de la Mecque suspendues à son cou, elle       la course, ont paru tout à fait extraordi-
Tous viennent l’admirer, participent à           marchait comme en triomphe sous la            naires… »
ses promenades, à ses repas, à son le-           conduite de ses gardiens et sous la pro-      Le 12 janvier 1845, la girafe meurt. Le
ver : c’est un spectacle à ne pas rater.         tection d’un détachement de gendar-           laboratoire d’anatomie du Museum
Le naturaliste Geoffroy Saint Hilaire,           merie. Plusieurs savants et des person-       d’histoire naturelle note : « Morte des
professeur au Muséum d’Histoire Na-              nages de distinction la précédaient et la     suites d’une phtysie tuberculeuse des
turelle et membre de l’Académie des              suivaient à cheval et en équipage… »          deux poumons… ». Elle avait 21 ans, un
Sciences, arrive à Marseille le 4 mai            Le Moniteur Universel avait dépêché un        âge canonique pour cet animal. Natu-
1827, il doit organiser le transfert à Paris.    journaliste pour couvrir l’événement :        ralisée, nous pouvons encore l’admirer
Il prend le temps de faire connaissance          « A midi, le Roi, M. le Dauphin, Mme          aujourd’hui au Muséum d’Histoire Na-
avec l’animal, s’inquiète de sa santé,           la Dauphine, Madame la Duchesse de            turelle de la Rochelle. n
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
Syndicat des journalistes de la presse périodique_9

                   Chronique Gastronomique...
                   Jean-Paul Branlard*
  Sous la direction de Benjamin Joinau& Simon Kim
  Editions L'Atelier des Cahiers
  Coll. La Corée cent façons

La Corée : manger & boire cent façons
Le Guide Michelin Séoul 2021 révèle                                                          de goûts - du terroir, de l'origine, du pays
que la capitale de la Corée du Sud pour-                                                     natal -, auxquels l’harmonie des cou-
suit son ascension gastronomique. 178                                                        leurs et des formes n’est pas étrangère.
promus, dont 2 restaurants***, 7 de                                                          Delà, un relevé d’appellations contrôlées
2**, 23 de 1* ; 86 décrochent l’Assiette                                                     coréennes à une époque aussi ancienne
Michelin. Nombre proposent des plats                                                         qu’inattendue, et d’autres spécialités
traditionnels, typiques selon une inter-                                                     contribuant autant à la diversité cultu-
prétation unique, préparés avec des                                                          relle de la Corée qu’à la composition de
produits locaux. Haricots et bœuf de la                                                      son identité. Parcourant le pays à leur dé-
montagne de Sobaeksan, porc de l'île                                                         couverte, on s’émerveille et on s’éveille à
de Jeju, poissons pêchés au large de                                                         la gastronomie.
l'île d'Ikki, etc. Ils s’échinent à promou-
voir des produits tels le riz du village de                                                  « Boire cent façons » (309 p., 17€) fait
Bongha, la pâte et la sauce de soja tra-                                                     suite et aborde la culture de la boisson
ditionnelles de Geochang, etc. J'ignorais                                                    partagée, autre marqueur identitaire
cela. Pour bien connaître un pays, il faut                                                   culturel fort de la Corée. Le thé, boisson
franchir la porte de ses cuisines. Deux                                                      de tranquillité, le café, boisson de l’écri-
recueils abordent le boire et le manger à                                                    vain nocturne, mais aussi l’alcool (sul en
travers des textes, anciens et modernes,                                                     coréen) occupent une place primordiale
traduits du coréen (poèmes, nouvelles,                                                       dans la sociabilité. Sait-on que la liqueur
essais, extraits de romans, fables).                                                         la plus consommée au monde est un
                                                                                             alcool coréen : le soju. Une recette ances-
« Manger cent façons » (304 p., 15€) est                                                     trale s’en trouve déjà dans le Sangayorok,
la clef pour accéder à une carte gour-                                                       le plus ancien livre de cuisine coréen
mande, d’hier et d’aujourd’hui, du Pays                                                      (1450) écrit par le pharmacien royal Jeon
du matin calme. On apprend que les                                                           Sun-ui. C’est dire si la culture de l’alcool
Coréens, mangeurs d’ail, n’en pincent                                                        y est développée ! Une source inépuisable
pas que pour le kimchi. Au gré des pages,                                                    de plaisirs et de convivialité, mais aussi
illustrées par Keum Suk Gendry-Kim, on                                                       de déboires. Autour des verres les langues
découvre une cuisine du partage, de re-                                                      se délient, certaines vérités sont dites,
pas simples : « Un bol d’orge » assaisonné                                                   livrant ainsi « cent façons de la Corée »,
de pousses fraîches, source du bonheur.                                                      illustrées par Élodie Dornand de Rouville.
On savoure la « Soupe aux étoiles », si                                                      On y apprend l’essentiel sur l’alcool dans
maigre qu’on peut en prendre la lune                                                         la culture coréenne et sur la culture de l'al-
dans sa cuillère qui, en Corée, importe          bougie d’ail éclaire un ventre vide, tout   cool, et jusqu’au culte de l'alcool, boisson
autant, sinon plus, que les baguettes.           comme les raviolis d’un crève-la-faim       « religieusement » célébrée comme art
Quant à la soupe, accompagnatrice de             exilé dans le Jian-dao du Nord dans         de vivre. Jusqu’à l’éloge de l’ivresse qui, si
quasiment tous les repas, elle se pare de        l’espoir d’une survie meilleure. On goute   elle réjouit le cœur des coréens-hommes
toutes les vertus et, accessoirement, sert       la cuisine nostalgique qui cultive la mé-   - c'est ancré dans les mentalités -, attriste
d’invite au mariage ! On s’émeut devant          moire. De l’enfance reste la goûteuse       celui des femmes. Comme celle d'un gros
la cuisine des restrictions, de périodes         cuisine-de-la-mère, depuis toujours en      buveur dont « l’homme boit, l’alcool boit,
de famines, d’occupation et de guerre.           Corée dans les mains des femmes ca-         l’alcool boit l’homme » ! n
A quel point il était, hier, difficile d’obte-   pables de mitonner les yeux fermés. Tous    * Ass. prof. des chroniqueurs et informa-
nir une cuillère de riz et comment une           ces mets composent une bibliothèque         teurs de la gastronomie et du vin

                                                                                                                       www.sjpp.fr
www.sjpp.fr - le Journal du plus ancien Syndicat de la Presse périodique-1894 - mai 2021 numéro 70 5€ - Atelier des Cahiers
10_Syndicat des journalistes de la presse périodique

                   Découverte...
                   Patrick Rubise

Maurice Empi, peintre coloriste de Montmartre
C’était il y a une vingtaine d’années,                                                                         Maurice Empi est également un grand
déjà. A cette époque je cherchais un                                                                           sportif : judo, canoë, voile, ski, vélo, ran-
guide pour un projet de livre sur Mont-                                                                        données, autant d’expériences qu’il a su
martre et ses habitants.                                                                                       faire partager à ses trois enfants ainsi
Je connaissais Dominique, la fille du                                                                          qu’à sa fidèle et dévouée épouse Hélène,
peintre.                                                                                                       sa muse de toujours, qui ne pouvait pas
C’est ainsi que j’ai pu rencontrer Mau-                                                                        être en reste et a été championne de
rice EMPI. Tout de suite, il a accepté de                                                                      France de tir à l’arc en 1986. La pratique
me faire découvrir ses bonnes adresses,                                                                        intense de diverses disciplines spor-
fruits de ses nombreux vagabondages                                                                            tives lui a apporté une rigueur et une
sur la Butte.                                                                                                  connaissance des sujets traités qui le
Rendez-vous a été donné dans son                                                                               servent beaucoup dans son travail.
atelier de la rue Armand Gauthier, une                                                                         Dans cette famille, le sport, comme la
courte rue en fer à cheval se terminant                                                                        peinture, est omniprésent. C’est une
sur un escalier, bordée d’immeubles                                                                            nécessité à Montmartre où monter et
haussmanniens portant tous, à l’excep-                                                                         descendre les escaliers est un entretien
tion du numéro 1, la signature de l’ar-                                                                        quotidien.
chitecte A. Gauthier.                                                                                          … La matinée avait commencé non
                                             Photo D. Koslowski

Nous sommes ici dans le quartier des                                                                           loin de chez lui, rue Damrémont, par
Grandes Carrières où les rues fleurent                                                                         la découverte d’une entrée d’immeuble
bon les peintres : place Nattier, rue Eu-                                                                      décorée de nombreuses mosaïques de
gène Carrière ou encore rue Félix Ziem.                                                                        poulbots. Si Maurice Empi est né à Saint
Dans cet atelier, je découvre des huiles                                                                       Etienne, ne serait-il pas un enfant de
sur toile, des gouaches, des pastels et                           Maurice Empi dans son atelier                Poulbot ?
des dessins des sujets chers à l’artiste :                                                                     Arrivé très tôt à Paris, il a fréquenté des
les chevaux, au pesage, à l’entrée du                             peintre coloriste n’est-il pas réducteur ?   « temples scolaires de Montmartre » tels
champ de courses, au passage d’obs-                               Bien sûr, Montmartre reste toujours          que l’Ecole du Sacré Cœur, puis le lycée
tacles…                                                           présent avec le Lapin agile, la place du     Chaptal où il collectionne les heures de
Outre les chevaux, Maurice Empi, lui-                             Tertre, les restaurants et bistros. Et, en   colle. Très tôt, fasciné par la musique
même violoniste de talent, a une pré-                             s’éloignant un peu, les Champs Elysées       qui le suivra partout, il suit dès ses six
dilection pour les orchestres. Dans ses                           tout proches.                                ans des cours particuliers de violon
toiles majestueuses et mouvantes, la                              Ici, Maurice Empi est chez lui. Il connait   et peut même prétendre à intégrer le
musique s’entend.                                                 chaque bistrot, chaque galerie et il y est   Conservatoire mais son père ne veut
On a bien compris que Maurice Empi                                connu et reconnu. Aussi faut-il marcher      pas d’un artiste dans la famille tournée
aime le mouvement qu’il traque et                                 assez vite pour ne pas s’embarquer dans      vers l’industrie !!! L’Histoire lui donnera
couche d’abord sur de nombreux ca-                                un autre voyage avec un de ses habitants     cependant tort en permettant au jeune
hiers de dessins. Plus tard, il y viendra                         avide de rencontre.                          homme de découvrir la peinture et de
puiser un détail pour compléter une                               Maurice Empi sait aussi sortir de chez       s’y faire un nom.
toile.                                                            lui et partir à la découverte de nouveaux    Mais, déjà Maurice nous entraîne vers
En sus, il est passé maître dans l’art de                         horizons : Venise et son Grand Canal         des escaliers qui ouvrent sur de véri-
la couleur. Toiles, gouaches, aquarelles,                         mais aussi Burano et ses maisons colo-       tables jardins enchâssant de magni-
lithographies font éclater les bleus, les                         rées, les Alpes et ses sommets enneigés,     fiques hôtels particuliers. Il faut avoir
rouges, les verts, les jaunes, ne pouvant                         la Bretagne avec ses régates très ventées    longtemps bourlingué dans ce quartier
que séduire l’amateur amoureux de                                 et ses petites chapelles nichées non loin    pour savoir qu’en s’éloignant des beaux
couleurs. Définir Maurice Empi comme                              de l’océan.                                  hôtels particuliers de l’avenue Junot
Syndicat des journalistes de la presse périodique_11

                                                                  Témoignage...
                                                                  Christophe Pilaire

                                               Marc Meneau, l’empreinte d’un Chef
et en poussant une porte, en remon-            Le 9 décembre dernier nous a quittés un
tant un couloir étroit, on découvre une        Chef de cuisine exceptionnel, viscérale-
autre ruelle, un jardin oublié, bref le        ment ancré dans son Relais et Châteaux et
vrai Montmartre totalement inacces-            son terroir au pied de la colline éternelle
sible aux touristes. Des lieux secrets qui     de Vézelay, dans un tout petit village d'où
ne sont pas sans rappeler les traboules        il aura su faire rayonner internationale-
lyonnaises.                                    ment pendant plusieurs décennies une
Dans les rues étroites comme la rue des        cuisine éblouissante.
Trois Frères ou encore la villa Léandre,       Trois étoiles au Guide Michelin l'ont           Marc Meneau et son épouse Françoise.
où le bruit de la capitale est absent, ou      récompensé de 1983 à 1999, puis, tour
encore sur la minuscule place Dalida           de force notable car le retour au sommet        Kohl...Serge Gainsbourg et Mitslav Ros-
on est dans la campagne. Certains ha-          est plus difficile encore à obtenir que la      tropovitch deviendront les intimes du
bitants ont annexé les ruelles en y ins-       consécration elle-même, de 2004 à 2007.         couple Meneau.
tallant des tables pour déjeuner, tandis       Sa formation initiale en école hôtelière        J'ai eu le privilège et le plaisir de travail-
que d’autres jouent au ping-pong. Pas          à Strasbourg ne sera pas suivie des pas-        ler aux côtés de cet homme exceptionnel
de voitures ou de motos : un vrai bon-         sages dans ces grandes maisons qui              entre 2004 et 2009 en qualité de Respon-
heur de calme retrouvé… pourtant en            anoblissent les CV de ses homologues :          sable des Relations Publiques de sa mai-
plein Paris avec un guide inépuisable          il revient chez lui, continue à apprendre       son, voyageant en son nom dans le monde
qui n’oubliera pas les célèbres rue Lepic      son métier dans les livres qui toujours         entier en réalisant que partout de Tokyo à
et rue des Abbesses, adresses mythiques        seront sa seconde passion après la cui-         New-York, la génération montante des
où les petits commerces d’autrefois ont        sine, et se perfectionne auprès de maîtres      grands chefs semblait toujours un peu lui
disparu.                                       tels qu'Alex Humbert qui a fait la gloire de    devoir quelque chose....les clients les plus
Mais, revenons au peintre…                     Maxim's de 1955 à 1975.                         blasés, de David Rockefeller à Nadine de
Si nombre de ses tableaux respirent l’ac-      Soutenu en tous points par son épouse           Rothschild, avaient toujours une faiblesse
tion, d’autres invitent à la rêverie et à la   Françoise, née Plaisir, fille de restaura-      pour son talent.
méditation. Il faut prendre le temps de        teurs de la région et qui sera l'hôtesse        Le cinéma, avec des collaborations re-
les découvrir un à un….et d’en adopter         attentionnée du lieu d'exception que            marquées à "Vatel" et au "Marie-Antoi-
certains.                                      deviendra l'Espérance, Marc Meneau va           nette" de Sofia Coppola, l'écriture avec la
Maurice Empi est, depuis de nom-               asseoir sur ces bases solides une cuisine       publication de six livres aussi artistiques
breuses décennies, un des hôtes per-           de poète, de vigneron et d'érudit.              que gourmands, et la viticulture locale à
manents de la Butte Montmartre, qui,           Il crée librement, sans les entraves d'une      Vézelay émailleront son parcours.
en ouvrant son Petit Musée, bien docu-         tradition familiale qui coupe parfois           Après une triste fermeture en 2015, dans
menté sur la vie de la Butte, à une de ses     les ailes au plus talentueux des "fils de       une conjoncture devenue plus difficile,
toiles, lui rend un hommage mérité.            Chefs"...sa mère Marguerite lui a laissé        et sans que son fils Pierre ne puisse re-
Il y rejoint d’autres Montmartrois qu’il       un simple café-épicerie, qui deviendra          prendre le flambeau dans les lieux il se
aurait pu connaître, notamment Su-             vite trop étroit pour accueillir la clientèle   retire avec Françoise dans sa belle maison
zanne Valadon, Maurice Utrillo, Bernard        internationale venue déguster les Cro-          qui jouxte la Basilique Sainte Marie-Ma-
Buffet ou encore Gen Paul chez lequel il       mesquis de Foie Gras, les Huîtres en gelée      deleine.
a fait son apprentissage.                      d'eau de mer et le Quasi de veau au cara-       Qu'il repose maintenant en paix dans
On a envie de dire : Bravo Maurice !           mel amer servi avec une tatin d'endives.        cette terre qui lui a tant apporté, et à la-
Que de chemin parcouru depuis votre            Le monde entier se laissera tenter par          quelle il a indéniablement tant apporté en
première exposition en 1953, rue du            la rusticité raffinée de l'Espérance, de la     retour...quand on a connu le génie culi-
Faubourg Saint-Honoré ! n                      famille Royale d'Angleterre aux Princes de      naire de Marc Meneau, on ne fréquente
Pour mieux connaître Maurice Empi :            Monaco, de François Mitterrand à Berna-         plus jamais vraiment une "Grande Table"
www.mauriceempi.com                            dette Chirac, de Richard Nixon à Helmut         de la même façon. n

                                                                                                                         www.sjpp.fr
12_Syndicat des journalistes de la presse périodique

                    Chronique littéraire...
                    Fabienne Leloup-Denarié

Les âmes guéries de Tamara Magaram,
le retour du roman édifiant ?
                           La figure de la     Une jeune femme, Hélène, double de
                           mère est récur-     l’auteure, fait une thèse en sciences
                           rente dans la       sociales sur les relations toxiques. Elle
                           littérature. Elle   rencontre Nina, victime d’une mère nar-
                           hante la pro-       cissique et alcoolique, la monstrueuse
                           duction roma-
                           nesque actuelle
                                               Teresa, « génie de beauté ». En l’occur-
                                               rence, mauvais génie.
                                                                                             La machine à ecrire
                           des écrivaines
                           trentenaires.
                                               Cette rencontre donne lieu à une en-
                                               quête romanesque sur la complexité des
                                                                                             retrouvée de Raymond Beyeler
                           Citons        par   histoires familiales :                        À VUE, dernier recueil de poèmes en
                           exemple le der-     « Je m’interroge : peut-on guérir d’une       prose de Raymond Beyeler, poursuit
                           nier roman de       enfance brisée ? Peut-on seulement es-        dans l’esprit la voie du poète Valery Lar-
                           Julia Kerninon,     pérer vivre convenablement lorsque nos        baud (1881-1957), grand voyageur lui-
Liv Maria, aux éditions L’Iconoclaste.         parents, un ami, un frère ou une sœur,        même cité d’ailleurs en exergue.
Serait-ce le retour du refoulé ? L’angoisse    un prêtre a commis l’irréparable sur          Bicéphale, l’ouvrage rend en effet hom-
de la toute- puissance maternelle ?            notre chair, dans notre âme ? »               mage aux Villes, représentations d’une
Le second roman de Tamara Magaram,             La structure romanesque ici est mar-          modernité décrite (Baltimore) ou re-
Les âmes guéries, renoue avec la tra-          quée par le genre cinématographique           créée (Parme). Le souci de délicatesse
dition du « roman à thèse », immorta-          et par une démarche intellectuelle que        explique peut-être le choix de la prose
lisé par Victor Hugo et George Sand au         l’on pourrait qualifier de re-moralisa-       pour rendre plus expressive la matière
XIXème siècle, puis réinterprété par le        trice. L’écriture réaliste est très proche    de ces cités, ou de leurs œuvres.
mystique Huysmans, avant d’être réin-          de l’essai, ponctuées de réflexions où        Derrière les Masques singuliers affleure
venté par Albert Camus et les existentia-      Tamara Magaram s’implique. On sent            l’inquiétude d’une perte de l’écrit, cette
listes au XXème siècle.                        que l’auteure condamne les Emma               substance qui fait des gestes, et apprend
La thèse de Tamara est la suivante : « Il      Bovary actuelles, celles qui cherchent à      à penser. À cet égard, j’estime particu-
existe des femmes qui ne parviennent           rivaliser avec leurs filles. Allusion à une   lièrement le poème Der verlorene Bu-
pas à vivre seules par elles-mêmes. Elles      publicité connue d’une marque de vête-        chstabe (La Machine à écrire perdue).
vouent un culte démesuré à la liberté          ments parisiens faisant poser la mère         Beaucoup plus que l’éloge de l’outil,
sans savoir ce que c’est, alors elles fuient   et la fille. On sent aussi que l’auteure      l’auteur fait le constat de notre époque
grâce à leurs passions, elles nourrissent      regrette la perte de repères/ remères.        où le verbe n’imprime plus, et la ponc-
des chimères imaginaires, les aventures        L’originalité vient moins du style que de     tuation s’annule.
amoureuses deviennent pour elles des           la démonstration visant à prouver qu’il       Au-delà du récit et des œuvres, Raymond
totems de leur liberté non acquise. Elles      n’y a pas d’instinct maternel.                Beyeler atteste de la pertinence du par-
sont comme tenues par une laisse invi-         Il s’agit donc bien d’un roman à thèse,       cours, celle du calligraphe qui tente
sible qui les lierait à leur propriétaire.»    s’inscrivant bien dans l’actualité immé-      de perpétuer l’amour des signes. Mais
Teresa, la mauvaise mère, la mère « poi-       diate d’une histoire des femmes repen-        l’action centrale de ces témoignages
son » est le personnage central de ce          sée, ce qui tranche avec la littérature       réside dans une exploration intérieure,
roman sociologico-sentimental, au              d’évasion ou l’autofiction à la Christine     quand la VUE se convertit en pensées et
confluent de la fiction et de l’écrit in-      Angot. n                                      en traces. Quand le poète rétablit l’équi-
time. Très belle, trop belle… sa beauté                                                      libre entre les sens et la méditation, la
devient une malédiction pour elle et son       Paris, éditions Ramsay, juin 2020,            force des images et la célébration de la
entourage.                                     251 p, 19 €.                                  Beauté. n
Syndicat des journalistes de la presse périodique_13

                    Chronique spectacle...
                    Laïla Chakir

Dave Chappelle : « Pourquoi avez-vous besoin de moi ? »
                                                                                              Mais voilà que des années plus tard, les
                                                                                              vautours surfent sur son succès mondial
                                                                                              et diffusent l’émission dont ils n’avaient
                                                                                              pas voulu à l’époque. Alors, c’est à
                                                                                              son tour de leur retourner la question
                                                                                              « pourquoi avez-vous besoin de moi ? ».
                                                                                              Malgré la défection soudaine de Chap-
                                                                                              pelle, la chaîne avait continué à diffuser
                                                                                              l’émission comme le leur permettait le
                                                                                              « très bon accord » signé avec l’humo-
                                                                                              riste, dont ils possèdent jusqu’au patro-
                                                                                              nyme. Le tout sans lui verser un centime.
                                                                                              Dans un parallèle périlleux avec MeToo,
                                                                                              il explique qu’il dénonce non pas des
                                                                                              abus sexuels mais des abus tout court.
                                                                                              Selon lui, cette industrie est un monstre
                                                                                              qui dévore ses victimes de diverses
La fâcheuse habitude de fumer (beau-           visionnaire introduit le jeune homme de        manières. Lorsqu’il quitte le Chap-
coup) et pas seulement des cigarettes,         15 ans pour la première fois sur scène en      pelle’s Show, beaucoup lui conseillent de
voile parfois ses pupilles mais ne parvient    précisant aux spectateurs qu’ils assistent     reprendre son émission chez un autre
pas à altérer la douceur de son regard.        peut-être à la naissance d’une star. Dave      diffuseur mais, en agissant de la sorte, il
Son sourire enfantin est irrésistible. Des     Chappelle est bon dès le premier jour. Au-     aurait eu le sentiment d’être un esclave
enfants, il a la réaction indignée devant      tour de lui, les autres comédiens, d’un âge    qui quitte une plantation pour une autre
les injustices maintes fois dénoncées par      parfois mûr, sont stupéfaits par l’étendue     en espérant simplement que le Maître
beaucoup d’autres avant lui. Il porte un       de son talent eu égard à son jeune âge.        des lieux sera plus « gentil ».
regard caustique et faussement désinvolte      Il grandit brutalement quand d’autres          Ils paieront ce qu’ils lui doivent. Malgré
sur le monde, la vie et l’humain, le tout      lui « empruntent » ses textes ou lorsqu’à      les réticences de son agent, Dave Cha-
non sans une certaine tendresse.               18 ans, déambulant à Greenwich Vil-            pelle décide de s’adresser à son seul vrai
Dave Chappelle est un humoriste amé-           lage, il se fait plumer par des joueurs de     patron : le public. Qu’il prie instamment
ricain. Star du stand-up, il a suscité des     bonneteau. Même 10 ans plus tard, c’est        de le boycotter, de ne plus regarder le
vocations chez bon nombre de jeunes,           toujours avec cette naïveté qu’il signe un     Chappelle’s Show jusqu’à ce que les
y compris français, pour monter sur            contrat avec une grande chaîne améri-          chaînes lui paient son dû. Le message
scène, seul, sans décor, debout, avec          caine. Aux abois, courant le cachet, son       relayé sur les réseaux sociaux du monde
pour unique accessoire un micro et le          premier enfant à naître, il fait confiance     entier connaît un tel retentissement que
but de faire rire. Dans la droite lignée de    à cette tablée de « Blancs » sérieux qui       les grands networks, affolés, reviennent
ses prestigieux aînés, Lenny Bruce ou          lui assurent qu’il vient de signer un « très   sur leur position et le rémunèrent dé-
Richard Pryor, il s’adresse directement        bon accord ». Avec le recul, il les compa-     sormais à hauteur de son travail.
au public dans une fausse improvisa-           rera aux joueurs de bonneteau.                 Ces tribulations financières sont anec-
tion. En réalité, les textes sont peaufinés,   En 2020, à l’apogée de son succès, les         dotiques au regard de l’immense talent
ciselés, aiguisés, grattés jusqu’à l’os pour   quelques couleuvres toujours pas digé-         de ce comédien dont les spectacles
faire rire mais aussi dénoncer. Le ton         rées font remonter à la surface les refus      sont disponibles, entre autres, sur une
bien qu’incisif est souvent léger, le fond     et humiliations du passé. Lorsqu’il cher-      célèbre plateforme rouge et noire. Le
l’est moins.                                   chait du travail, HBO avait refusé son         choix sera difficile entre ses différents
Dans Unforgiven, il revient sur ses débuts     « Chappelle’s Show » en ajoutant, cruels :     « specials » mais les découvrir devrait
il y plus de trente ans. Un présentateur       « pourquoi aurions-nous besoin de toi ».       être un bon moment. n

                                                                                                                      www.sjpp.fr
14_Syndicat des journalistes de la presse périodique

                     Chronique animale...
                     Nelly Brun

Amitiés félines
Vous avez dit « chat « ?                        sujet de méfiance. Petit à petit il a per-     de contraintes sanitaires, suscitent
Il semblerait que ce petit félin ait            du son pouvoir divin et est devenu une         curiosité et amusement chez des pro-
conquis le cœur des Français.                   créature maléfique dans l’imagination          meneurs . Cette exposition permettra à
N’est- il pas en train de ravir au chien        populaire. Le chat noir fut associé à la       Geluk de boucler le financement de son
le titre convoité de meilleur ami de            sorcellerie et lors de certaines cérémo-       projet de musée du chat et du dessin
l’homme puisqu’ on estime à 14 mil-             nies sataniques on offrait un chat noir        d’humour dont l’ouverture est annon-
lions le nombre de chats dans les foyers        en sacrifice au diable.                        cée en 2024 à Bruxelles. Preuve que chez
français et 8 millions pour les chiens. On      Le chat noir dans plusieurs cultures est       nos amis belges, le chat a aussi la côte.
parle déjà de « catmania ». Pourquoi,           vu comme un présage de mort. Edgar             Mais pourquoi avoir écrit ces quelques
cette attirance pour les chats : parce que      Poe a d’ailleurs écrit une nouvelle fan-       lignes sur les chats. Je l’avoue, c’est
s’occuper d’un chat est moins accapa-           tastique »le chat noir » où l’animal y est     un prétexte pour vous parler de mon
rant que de s’occuper d’un chien, qu’il         symbole de perversité et de folie. Qu’en       aventure avec une petite chatte pleine
est mieux toléré par le voisinage et coûte      est- il aujourd’hui ? Si sa réhabilitation     d’énergie répondant au nom d’ « Açaï  »
moins cher notamment en frais de vété-          fut longue pour qu’il pénètre dans les         comme ce fruit brésilien très riche en
rinaire. Mais bien sûr outre ces consi-         foyers français aujourd’hui certaines          vitamines. J’apprécie la visite presque
dérations très matérielles, n’est- il pas       races de chat à robe noire comme le            quotidienne de cette chasseuse depuis
celui qui viendra consoler vos peines ou        Bombay sont très prisées par leur forte        le confinement du mois d’octobre.Je la
vos moments de tristesse en se blotis-          ressemblance avec une panthère. Tou-           vois tel un petit tigre guetté ses éven-
sant contre vous avec de doux ronron-           tefois il semblerait que dans les refuges      tuelles proies, des oiseaux ,venus pico-
nements.                                        , le chat noir doive attendre un peu plus      rer sur une pelouse devant ma fenêtre.
Le chat fait aussi miroir à l’humain dans       longtemps que les autres canidés pour          Amitié féline qui s’est construite au fil
la société actuelle, il est individualiste et   être adoptés.                                  du temps. Ce fut d’abord du repérage
supporte peu les contraintes.                   Revenons à l’enthousiasme pour nos             des lieux et marquage de son territoire
Mais il n’a pas toujours eu autant de           amis félins. Sur la dernière décennie,         , des demandes de visites par de longs
succès, notamment les chats noirs. Déi-         on a vu se créer des établissements « les      miaulements devant ma porte-fenêtre,
fié chez les Egyptiens voyons le culte à la     bars à chats »ou les clients consomment        puis des pauses gourmandes, et depuis
déesse « Bastêt », le chat noir était déjà      en leur compagnie , le plus célèbre à          quelques semaines, des pauses siestes
                                                Paris « le Café des Chats » dans le quar-      sur mes genoux que je ne peux lui refu-
                                                tier Bastille » , salon de thé où vivent une   ser tant ses miaulements sont plein de
                                                douzaine de chats en liberté qui pro-          suppliques ou d’énervement si je ne
                                                curent la joie d’habitants de petits ap-       réponds pas assez vite à sa demande.
                                                partements n’ayant pas la possibilité de       L’interrompre dans ces moments qu’elle
                                                les accueillir chez eux . Pour plaire aux      aimerait fort longs me valent quelques
                                                chats, qui apprécient le calme, les clients    feulements compensés très vite par des
                                                se plient à certaines règles, ne pas parler    roulades sur mes pieds en signe de ré-
                                                trop fort et ne faire aucun geste brusque,     conciliation.
                                                seules les douces caresses sont acceptée       Oui ce petit félin est un séducteur, qui
                                                et surtout très appréciées.                    sait arriver à ses fins comme dans « Le
                                                Le dessinateur belge Philippe Geluk a          Maitre Chat » ou « Le Chat Botté » ce hé-
                                                bien compris cet intérêt pour nos amis         ros du conte d’origine italienne, repris
                                                félins en exposant sur les Champs Ely-         par Charles Perrault dans « les Contes
                                                sées ses 20 statues monumentales de            de ma Mère Loye », qui par sa ruse et
                                                chats qui outre le fait de proposer une        son savoir-faire saura rendre riche et
                                                exposition itinérante en plein air , la        heureux son pauvre maitre le marquis
                                                seule accessible au public en ces temps        de Carabas. n
Philippe Geluck - Le Parleur
avril 2021 - Champs Elysées
Vous pouvez aussi lire