Gala Verdi Plácido Domingo - Belgian National Orchestra Eugene Kohn Vendredi 18 janvier 2019 - 20h30 - Philharmonie de Paris
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE Gala Verdi Plácido Domingo Belgian National Orchestra Eugene Kohn Vendredi 18 janvier 2019 – 20h30 2018/2019
PROGRAMME Gala Giuseppe Verdi Ouverture d’Un jour de règne « Perfidi !… Pietà, rispetto, amore » – extrait de Macbeth Plácido Domingo, baryton « A te l’estremo addio… Il lacerato spirito » – extrait de Simon Boccanegra Rafał Siwek, basse « Mercè, dilette amiche » – extrait des Vêpres siciliennes Irina Lungu, soprano « Restate!… O signor, di Fiandra arrivo » – extrait de Don Carlos Plácido Domingo, baryton Rafał Siwek, basse « Forse la soglia attinse… Ma se m’è forza perderti » – extrait d’Un bal masqué Arturo Chacón-Cruz, ténor Valse – extraite de Macbeth « Padre, ricevi l’estremo addio » – extrait de Luisa Miller Irina Lungu, soprano Arturo Chacón-Cruz, ténor Plácido Domingo, baryton Rafał Siwek, basse ENTR ACTE
Ouvertures des Vêpres siciliennes « Sogno, o son desto ?… Quando al mio sen » – extrait des Vêpres siciliennes Arturo Chacón-Cruz, ténor Plácido Domingo, baryton « È strano!… Ah, fors’è lui… Sempre libera » – extrait de La traviata Irina Lungu, soprano « Son io, mio Carlo… Per me giunto » – extrait de Don Carlos Arturo Chacón-Cruz, ténor Plácido Domingo, baryton « Oh! fede negar potessi… Quando le sere al placido » – extrait de Luisa Miller Arturo Chacón-Cruz, ténor « Mentre gonfiarsi l’anima… Oltre a quel limite » – extrait d’Attila Rafał Siwek, basse « Udiste… Mira, d’acerbe lagrime » – extrait du Trouvère Irina Lungu, soprano Plácido Domingo, baryton Belgian National Orchestra Eugene Kohn, direction Plácido Domingo, baryton Irina Lungu, soprano Arturo Chacón-Cruz, ténor Rafał Siwek, basse Coproduction Les Grandes Voix, Philharmonie de Paris FIN DU CONCERT VERS 22H45. LIVRET PAGE 22
LES ŒUVRES Giuseppe Verdi (1813-1901) Ouverture d’Un jour de règne Ouverture extraite du melodramma giocoso en deux actes Un giorno di regno [Un jour de règne], composé sur un livret de Felice Romani. Création : le 5 septembre 1840, au Teatro alla Scala, à Milan. Durée : environ 6 minutes. « Perfidi !… Pietà, rispetto, amore » Valse – finale du ballet Récitatif et air de Macbeth (acte IV, scène 5), et finale du ballet extraits de l’opéra en quatre actes Macbeth, composé sur un livret de Francesco Maria Piave d’après Shakespeare. Création : le 14 mars 1847, au Teatro della Pergola, à Florence ; version révisée, le 19 avril 1865, au Théâtre Lyrique, à Paris (en français). Durée : récitatif et air, environ 5 minutes ; Valse, environ 3 minutes. « A te l’estremo addio… Il lacerato spirito » Récitatif et air de Fiesco (prologue, scène 5) extraits de l’opéra en un prologue et trois actes Simon Boccanegra, composé sur un livret de Francesco Maria Piave. Création : première version, le 12 mars 1857, à Venise : version définitive, avec livret complété par Arrigo Boito, le 12 mars 1882, à Milan. Durée : environ 5 minutes. 4
« Mercè, dilette amiche » Ouverture « Sogno, o son desto ?… Quando al mio sen » Air d’Elena (boléro, acte V), ouverture et duo Arrigo-Monforte (acte III, scène 4) extraits de l’opéra en cinq actes I vespri siciliani [Les Vêpres siciliennes], composé sur un livret d’Eugène Scribe et Charles Duveyrier. Création : le 13 juin 1855, à l’Opéra de Paris. Durée : « Mercè, dilette amiche », environ 3 minutes ; ouverture, environ 9 minutes ; « Sogno, o son desto ?… Quando al mio sen », environ 11 minutes. « Restate!… O signor, di Fiandra arrivo » « Son io, mio Carlo… Per me giunto » Duos Filippo-Rodrigo (acte I, seconde partie, scène 6) et Rodrigo-Don Carlo (acte III, seconde partie, scène 1) extraits de l’opéra en cinq actes Don Carlo [Don Carlos], composé sur un livret de Camille du Locle et Jospeh Méry d’après la tragédie de Schiller ; version italienne d’Achille de Lauzières et Angelo Zanardini. Création : le 11 mars 1867, à Paris. Durée : « Restate!… O signor, di Fiandra arrivo », environ 12 minutes ; « Son io, mio Carlo… Per me giunto », environ 5 minutes. « Forse la soglia attinse… Ma se m’è forza perderti » Récitatif et air de Riccardo (acte III, scène 2) extraits du melodramma en trois actes Un ballo in maschera [Un bal masqué], composé sur un livret d’Antonio Somma d’après Eugène Scribe. Création : le 17 février 1859, au Teatro Appolo, à Rome. Durée : environ 7 minutes. 5
« Padre, ricevi l’estremo addio » « Oh! fede negar potessi… Quando le sere al placido » Trio Luisa, Miller et Rodolfo (acte III, scène 4), et récitatif et air de Rodolfo (acte II, scène 7) extraits du melodramma en trois actes Luisa Miller, composé sur un livret de Salvatore Cammarano d’après Kabale und Liebe de Schiller (1783). Création : le 8 décembre 1849, au Teatro San Carlo, à Naples. Durée : « Padre, ricevi l’estremo addio », environ 5 minutes ; « Oh! fede negar potessi… Quando le sere al placido », environ 6 minutes. « È strano!… Ah, fors’è lui… Sempre libera » Récitatif et air de Violetta (acte I, scène 5) extraits de l’opéra en trois actes La traviata, composé sur un livret de Francesco Maria Piave d’après la pièce La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils (1852). Création : le 6 mars 1853, à Venise. Durée : environ 9 minutes. « Mentre gonfiarsi l’anima… Oltre a quel limite » Récitatif et air d’Attila (acte I) extraits de l’opéra en un prologue et trois actes Attila, composé sur un livret de Témistocle Solera d’après la pièce Attila, roi des Huns de Zacharias Werner (1808). Création : le 17 mars 1846, à La Fenice, à Venise. Durée : environ 6 minutes. « Udiste… Mira, d’acerbe lagrime » Duo Leonora-Conte (acte IV, scène 1) extrait de l’opéra en quatre actes Il trovatore [Le Trouvère], composé sur un livret de Salvatore Cammarano, achevé par Emmanuele Bardare, d’après El trovador d’Antonio García Gutiérrez. Création : le 19 janvier 1853, au Teatro Appolo, à Rome. Durée : environ 8 minutes. 6
D’Oberto, conte di Bonifacio (1839) à Falstaff (1893), Verdi a peint l’humanité dans toute sa diversité : humbles et puissants, jeunes et vieux, anges et démons, sorcières et saintes… Il a visité l’Espagne à de multiples reprises (Il trovatore, La forza del destino, Ernani, Don Carlos) mais aussi l’Égypte antique (Aida), la Turquie (Il corsaro) ou l’Écosse (Macbeth), séjourné dans toutes sortes d’auberges, monastères et campements, et scruté l’âme humaine dans ses joies et ses peines, sa grandeur et ses bassesses, avec une inlassable patience. Il s’est mesuré au génie des plus grands, ces Hugo (Ernani, Rigoletto), Schiller (Giovanna d’Arco, I masnadieri, Luisa Miller, Don Carlos), Byron (Il corsaro), Dumas fils (La traviata), Antonio García Gutiérrez (Il trovatore, Simon Boccanegra), et surtout Shakespeare (Macbeth, Otello, Falstaff ), dont il avait fait, dès son jeune âge, son auteur de prédilection. Il a connu toutes les gloires, acclamé comme un prince, vénéré comme une idole. Tous les opéras de Verdi ne lui ont pas survécu : ils ne sont qu’une moitié, sur la trentaine, à s’être indéfectiblement maintenus au répertoire. La plu- part des ouvrages mal-aimés appartiennent à cette première décennie où Verdi, pris dans un tourbillon de succès, compose à la chaîne. Après le succès encourageant d’Oberto, conte di Bonifacio (1839), l’échec subi l’année suivante par Un giorno di regno (Un jour de règne, titre funeste) menace de briser net cette carrière naissante. Il faut toute la conviction de l’impresario de la Scala de Milan pour que Verdi reprenne la plume et connaisse, avec Nabucco (1842), son premier triomphe. Attisant la convoitise des directeurs de théâtre italiens puis étrangers, il compose à un rythme effréné. De 1843 à 1850, il honore treize commandes et en décline bien davantage. Il produit en conséquence des ouvrages aux mérites variables, où il adapte avec un bonheur inégal les recettes qui ont fait le succès de Nabucco. Dans l’élan du Risorgimento, il privilégie les sujets politiques, écrit des chœurs puissants, dessine des person- nages archétypaux, porteurs d’indépendance et de liberté, qu’ils soient les représentants d’une nation ou, comme dans Ernani, I masnadieri ou Il corsaro, les chefs de bandes de hors-la-loi en réaction contre une société inique. Et il applique, sans avoir le temps de le remettre en question, le moule formel hérité de Donizetti, Bellini et Mercadante. 7
L’unité musicale de base est la « scène et aria double », modèle qui s’applique également aux duos, ensembles et finales. Cette structure se décompose en cinq éléments : une introduction orchestrale plus ou moins développée ; la scena, extension beaucoup plus souple et libre du récitatif de l’opera seria ; la première partie de l’aria, ou cantabile, dans un tempo modéré et un caractère lyrique ; le tempo di mezzo, porteur d’une péripétie justifiant le changement de ton du soliste ; et enfin la cabalette, second volet brillant et virtuose de l’aria, le plus souvent construite en couplets et accompagnée du chœur. Opéra à l’énergie juvénile irrésistible, Attila (1846) exalte plus que tout opéra la manière de cette période. Le cauchemar du chef hun, voyant le pape Léon Ier se dresser devant lui devant les portes de Rome, en est un exemple saisissant : le cantabile traduit sa terreur, et la cabalette, après l’intervention de son fidèle Uldino, sa superbe retrouvée. Dans Macbeth (1847), Verdi amorce sa plongée dans l’âme humaine, tournant que la désillusion politique de 1848-1849 viendra précipiter. Sa carrière est assise, et il a désormais le temps de remettre en question les vieux schémas structurels, de donner à chaque ouvrage une couleur particulière (qu’il appelle la tinta). En adaptant son premier ouvrage shakespearien pour Paris, en 1865, Verdi ira plus loin encore dans ses recherches formelles et psychologiques. L’air final du rôle-titre appartient en revanche à une caté- gorie bien répertoriée, celle de ces airs simples (sans cabalette), souvent intitulés « romances », qui viennent depuis les débuts du melodramma romantique rompre le rythme prévisible des airs avec cabalette. Dans cette catégorie des airs simples se range le somptueux air où Fiesco pleure la mort de sa fille dans Simon Boccanegra (1857), si réussi et si riche dans sa palette d’émotions que Verdi le retouchera à peine en remode- lant l’ouvrage en 1881 ; mais aussi les douces romances de Medora dans Il corsaro (1848) et Rodolfo dans Luisa Miller (1849) ; voire, plus tardivement, l’air douloureux de Riccardo (alias Gustave III de Suède) prenant congé de sa bien-aimée Amelia – la scena cite le thème amoureux de son air initial (« La rivedrà nell’estasi »). 8
Les opéras de jeunesse se distinguent également par la puissance de leurs ensembles. Le finale de Luisa Miller est particulièrement prenant : Rodolfo et Luisa expirent dans les bras l’un de l’autre après avoir bu du poison, sous le regard éploré de Miller père ; dans un dernier effort, Rodolfo parviendra à poignarder le fourbe Wurm, par qui tout le malheur est arrivé. La trilogie formée de Rigoletto (1851), Il trovatore et La traviata (1853) forme le sommet de la seconde manière. Le modèle de l’aria double n’a pas totalement disparu, et fait même un retour en force dans Il trovatore, comme en témoigne le duo où Leonora fait mine de se donner au Comte (elle a en fait bu un poison et va mourir) pour que son amant Manrico ait la vie sauve : scena « Udiste? Come albeggi », cantabile « Mira, di acerbe lagrime », tempo di mezzo « Conte… – Né cessi?) et stretta (l’équivalent de la cabalette dans les duos) « Vivrà!... contende il giubilo », où tous deux exultent d’être arrivés à leurs fins. Inspiré par La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, La traviata diffère en revanche avec la première aria double, où le tempo di mezzo (« Follie… follie… »), induisant le revirement de ton entre le cantabile « Ah, fors’è lui » et la cabalette « Sempre libera », s’effectue sans aucune intervention extérieure, épousant seulement les contradictions intérieures de l’héroïne : Violetta est en effet tiraillée entre son amour naissant pour Alfredo et son aspiration à une vie de liberté. C’est un pas de plus vers les grandes scènes sans coutures qui naîtront dans les grands chefs-d’œuvre à venir : La forza del destino (1862), Macbeth révisé (1865), Don Carlos (1867), Aida (1871), puis la trilogie finale formée par le second Simon Boccanegra (1881), Otello (1887) et Falstaff (1893). Dans ce cheminement, Les Vêpres siciliennes (1856) tient une place à part. Après Jérusalem (1847), adaptation d’un ouvrage italien (I Lombardi alla Prima Crociata), c’est le premier ouvrage composé directement pour l’Opéra de Paris. Verdi doit s’y plier au modèle du grand opéra français, incarné par Giacomo Meyerbeer. Pour la première fois, lui qui n’excellait pas dans les ouvertures et préférait introduire ses opéras par de brefs préludes, il compose une ouverture de grande envergure, citant plusieurs thèmes de l’ouvrage. Un véritable morceau de concert, qui ne sera plus égalé que par l’ouverture de La forza del destino. L’un des thèmes prin- cipaux de l’ouverture provient de l’admirable duo où Montfort apprend 9
à Henri qu’il est son père et tente de gagner son affection, alors que le jeune homme a promis à sa bien-aimée Hélène de le tuer pour venger l’assassinat de son frère. L’une des obligations de l’Opéra de Paris étant la présence d’un ballet, Verdi devra en composer un lorsqu’il adaptera Macbeth pour la scène parisienne. Il prend place dans l’antre des sorcières et met en scène l’apparition d’Hécate ; le troisième et dernier mouvement est une valse, bien plus diabolique que viennoise ! Don Carlos résulte lui aussi d’une commande de l’Opéra de Paris, même si on l’entend plus fréquemment dans ses versions remaniées en italien pour la Scala (1884) et Modène (1886). Les duos y ont une force particulière, rompant totalement avec les formes fermées des premières années pour épouser les revirements de psychologies plus complexes. On le perçoit aussi bien dans l’affrontement entre Rodrigue et le roi d’Espagne Philippe II, auprès duquel il plaide la cause de la Flandre, que dans ses adieux à l’infant Carlos – il annonce à son ami, emprisonné pour trahison par son propre père, qu’il a détourné les soupçons sur sa propre tête pour le faire libérer. Cette poignante scène est peuplée de réminiscences : au tout début, le duo d’amour entre Carlos et Élisabeth, au hautbois ; à la fin, lorsque meurt Rodrigue – abattu entre-temps par un sicaire –, le pacte que les deux amis avaient scellé pour sauver la Flandre. Ces deux duos, à n’en point douter, portent déjà la marque du dernier Verdi. Claire Delamarche 10
Plácido Domingo et Verdi : une affinité élective Plácido Domingo est à tous égards un artiste hors norme : par sa longévité (soixante ans de carrière en 2019 !), le choix de continuer à se produire en abordant depuis une dizaine d’années des parties de baryton, le nombre de rôles (cent cinquante à ce jour), la pluri-activité (chanteur mais aussi chef d’orchestre, directeur d’opéras, président du concours Operalia lancé en 1993...), et enfin la popularité (considérablement amplifiée grâce aux films d’opéras et surtout, dès 1990, aux fameux concerts des Trois Ténors avec Luciano Pavarotti et José Carreras). Si, dans son répertoire, l’opéra italien et français du xixe siècle se taille la part du lion, il faut noter des incursions chez Wagner et Tchaïkovski, et même chez Mozart ou Haendel. Une insatiable curiosité l’amène éga- lement à défendre des ouvrages peu montés ou oubliés (L’Africaine de Meyerbeer, Cyrano de Bergerac d’Alfano), mais aussi des créations, du Goya de Menotti en 1986 à Il postino de Daniel Catán (2010). Verdi n’en occupe pas moins dans cet ensemble aussi vaste qu’éclectique une place privilégiée, encore renforcée ces dernières années. C’est avec Verdi que sa carrière prend son premier essor : le Borsa de Rigoletto de ses débuts officiels, au Mexique en 1959, puis Gastone (La traviata) et Cassio (Otello), sont suivis dès 1961 par Alfredo de La traviata, un premier plan déjà. Jusqu’à l’Arrigo de La battaglia di Legnano en 2000, ce ne sont pas moins de vingt et un personnages (dont quatre au disque seul) qui se succéderont non selon un plan de carrière mais au hasard des propositions. Ainsi, le Duc de Mantoue (Rigoletto) arrive-t-il seulement en 1968, alors que l’année précédente ont été abordés en moins de trois semaines les bien plus lourds Radamès, Don Carlo et Riccardo (Un ballo in maschera) – ce dernier appris en... trois jours ! Il n’a que 34 ans quand il chante son premier Otello – une des parties les plus dramatiques de tout le répertoire, qui deviendra rapidement, en dépit des oiseaux de mauvais augure, son rôle fétiche, chanté plus de deux cents fois ! – mais attend 54 ans pour incarner Adorno de Simon Boccanegra. C’est enfin le rôle-titre de ce dernier ouvrage, abordé en 2009 à Berlin, qui ouvrira la série des barytons verdiens : pas moins de onze à ce jour ! De l’écriture verdienne, Domingo possède d’évidence le phrasé, le slancio, le mordant 11
du timbre et du verbe. Après l’ardeur des héros romantiques, dont certains gravés à plusieurs reprises (trois Otello, Manrico et Riccardo, et même quatre Radamès), il peut désormais, à travers les rôles de baryton, explorer l’humanité de personnages plus mûrs. S’il refuse les vrais « méchants » (notamment Iago, par fidélité envers Otello !), il se passionne pour la thématique, essentielle chez Verdi, de la paternité, s’avouant même plus intéressé par Germont père que par Alfredo... Pouvoir chanter Rigoletto ou Posa, en se souvenant des Duc et Carlo qu’on a été, n’est-il pas un privilège fascinant ? Une richesse de points de vue encore accentuée pour les ouvrages que, non content d’y avoir interprété différentes parties – jusqu’à trois dans Rigoletto et Traviata –, l’on pratique aussi comme chef ! L’aventure verdienne continue puisque le ténor espagnol à l’énergie inépuisable envisage à présent Renato du Ballo in maschera, et aussi Monforte d’I vespri siciliani, dont le concert de ce soir – à quelques jours du 78e anniversaire de l’artiste – propose un avant-goût. Thierry Guyenne 12
LE COMPOSITEUR Giuseppe Verdi plus en plus essentiel. Don Carlos Originaire de la région de Parme, (1867) et Aida (1871) témoignent de Verdi domina l’opéra italien durant cette progression couronnée par plus d’un demi-siècle, du triomphe les trois derniers ouvrages, écrits en de son troisième opéra, Nabucco, à collaboration avec le poète Arrigo la Scala de Milan (1842), à celui de Boito : la seconde version de Simon ses deux derniers opéras, d’après Boccanegra (1881), Otello et Falstaff. Shakespeare : Otello (1887) et Falstaff En plus de ses opéras, Verdi laisse (1893). Sa carrière coïncida avec le un Quatuor à cordes et un certain Risorgimento, cause exaltée par plu- nombre de pages vocales et chorales, sieurs opéras de jeunesse comme au nombre desquelles le monumental Nabucco, Les Lombards à la première Requiem et son ultime composition, croisade, Giovanna d’Arco ou Attila. les Quatre Pièces sacrées. En 1847, Macbeth, première rencontre avec Shakespeare, amorce un virage vers des sujets plus intimes, que la désillusion politique de 1848-1849 viendra précipiter. Cette manière culmine dans les trois opéras de 1851- 1853, Rigoletto, Le trouvère et La traviata. À la fin des années 1850, la pression augmentant journelle- ment dans les provinces italiennes, le nom de Verdi devint le symbole de la monarchie désirée par tout un peuple : Viva V.E.R.D.I. (Vive Victor-Emmanuel, roi d’Italie). Verdi fait alors la synthèse entre drame historique à grand spec- tacle et drame intime dans Les Vêpres siciliennes, Simon Boccanegra, Un bal masqué et La Force du destin, tout en repensant profondément la structure des airs et des scènes, et en confiant à l’orchestre un rôle de 13
LES INTERPRÈTES Plácido Domingo ses collègues José Carreras et Luciano Artiste de renommée mondiale aux Pavarotti forment les Trois Ténors ; ils multiples facettes, Plácido Domingo se produisent avec un immense succès est reconnu comme l’un des meilleurs à travers le monde. Plácido Domingo et des plus influents artistes dans l’his- dirige plus de cinq cents représenta- toire de l’opéra. Il est également chef tions d’opéra et des concerts sympho- d’orchestre et figure essentielle en tant niques au Metropolitan Opera, à la qu’administrateur d’opéra à travers son Royal Opera House Covent Garden, à rôle de Eli and Edythe Broad General la Staatsoper de Vienne, à l’Opéra de Director à l’Opéra de Los Angeles. Los Angeles, avec le Philharmonique Son répertoire comprend désormais de Vienne, l’Orchestre Symphonique cent quarante-neuf rôles, et il a plus de Chicago, l’Orchestre Symphonique de trois mille neuf cents représen- de Montréal, le National Symphony tations à son actif. Sa discographie Orchestra, le London Symphony – plus d’une centaine d’enregistre- Orchestra, le Los Angeles Philharmonic ments d’opéras en version complète, et le Philharmonique de Berlin. Au cours des disques de recueils d’airs et de de l’été 2018, il fait ses débuts au duos, et des albums crossover – lui Festival de Bayreuth à la direction de La vaut vingt Grammy Awards, dont trois Walkyrie. En 1993, il fonde le concours Latin Grammys. Il enregistre plus de international de chant Operalia. Il reçoit cinquante vidéos musicales et remporte des doctorats de l’Université d’Oxford deux Emmy Awards. Outre sa participa- et de l’Université de New York pour tion à trois opéras filmés – Carmen, La son engagement et sa contribution à traviata et Otello –, il est la voix de la musique et aux arts. Il fait ses pre- Monte dans Le Chihuaha de Beverly mières apparitions scéniques dans Hills et joue son propre rôle dans Les un rôle principal de baryton en 2009, Simpsons. La diffusion de la produc- interprétant de rôle-titre de Simon tion de Tosca à la télévision depuis les Boccanegra à Berlin. Depuis, il ajoute décors authentiques à Rome est vue de nombreux rôles de baryton ver- par plus d’un milliard de téléspectateurs diens à son répertoire. Ces dernières dans cent dix-sept pays. Il prend par saisons, il connaît également un grand la suite le rôle-titre de Rigoletto lors succès avec les rôles de baryton d’Atha- d’une retransmission en direct depuis naël (Thaïs, Massenet) et dans Gianni Mantoue. En 1990, Plácido Domingo et Schicchi de Puccini. Au cours de la 14
saison 2017-2018, il donne de nom- à Vérone. Irina Lungu est diplômée du breux concerts dans le monde entier, Conservatoire d’État de Voronej dans la dirige Roméo et Juliette de Gounod classe du baryton Mikhail Podkopaev. au Metropolitan Opera de New York Après avoir remporté d’important et chante dans Thaïs à Pékin, Madrid et concours internationaux, elle est choi- Peralada, La traviata à Paris et à Vienne, sie par Riccardo Muti, encore étudiante Macbeth à Berlin et Les Pêcheurs de à l’Académie de la Scala, pour chanter, perles au Festival de Salzbourg. dans la production d’ouverture de la sai- son 2003-2004 de la Scala, le rôle d’Anaï Irina Lungu (Moïse et Pharaon, Rossini). Depuis, elle Parmi les engagements de la soprano chante de nombreux rôles sur cette russe pour la saison 2018-2019, prestigieuse scène : Adina (L’Élixir citons ses débuts dans le rôle d’Elet- d’amour, Donizetti), le rôle-titre de tra (Idoménée, Mozart) et de Norina Maria Stuarda de Donizetti, Marguerite (Don Pasquale, Donizetti) à la Wiener (Faust, Gounod), Nanetta (Falstaff, Staatsoper, Marguerite (Faust, Gounod) Verdi), Oksana (Les Souliers de la reine, au Teatro Real de Madrid et à la Royal Tchaïkovski), le rôle-titre de Sancta Opera House Covent Garden, Violetta Susanna de Hindemith. C’est également (La traviata, Verdi) à la Staatsoper de à la Scala qu’elle a fait ses débuts en Hambourg, Mimì (La Bohème, Puccini) 2007 dans le rôle de Violetta (La tra- à Séoul, le rôle-titre de Lucia di viata) sous la direction de Lorin Maazel Lammermoor de Donizetti à Tenerife dans une production de Liliana Cavani, ainsi que des concerts aux côtés de retrouvant cette production en 2008 Plácido Domingo à Valence et avec puis en 2013 une nouvelle production de Leo Nucci à Pékin. La saison dernière, Dmitri Tcherniakov dirigée par Daniele on a pu l’entendre dans les rôles de Gatti. Irina Lungu chante avec les plus Corinna (Le Voyage à Reims, Rossini) à grands chefs d’orchestre actuels, dont Barcelone, Donna Anna (Don Giovanni, Riccardo Muti, Lorin Maazel, Daniele Mozart) à la Wiener Staatsoper, au Gatti, Michel Plasson, Daniel Oren, Théâtre des États de Prague sous la Gianandrea Nosea, Nicola Luisotti, direction de Plácido Domingo, dans Daniel Harding, Gustavo Dudamel et La traviata au New National Theatre de Stéphane Denève. Elle travaille notam- Tokyo, au Théâtre Bolchoï et à la Wiener ment avec les metteurs en scène Franco Staatsoper, dans la prise du rôle-titre de Zeffirelli, Luca Ronconi, Robert Carsen, Manon de Massenet à Bilbao, dans Gilda Laurent Pelly, Pier Luigi Pizzi, Deborah (Rigoletto, Verdi) à l’Opéra de Sydney et Warner, Claus Guth, Eimuntas Nekrošius le rôle-titre d’Anna Bolena de Donizetti et Liliana Cavani. 15
Arturo Chacón-Cruz un ami et un mentor du jeune artiste, Arturo Chacón-Cruz, né à Sonora et tous les deux partagent la scène à (Mexique), s’impose ces dernières l’opéra et en concert à de nombreuses années comme un ténor de premier reprises. Arturo Chacón-Cruz reçoit la plan avec des débuts prometteurs et bourse Plácido Domingo. Il entretient des apparitions dans les plus célèbres une amitié enrichissante avec Ramón théâtres et salles de concert à travers le Vargas, devenu mentor, professeur et monde. Depuis sa victoire au Concours ami après qu’il a remporté la bourse Operalia de Plácido Domingo en 2005, Vargas Pro Opera en 2005. Ses récents sa carrière connaît un développement débuts dans le rôle de Des Grieux régulier et son répertoire s’étend de (Manon, Massenet) au Teatro del pala- rôles lyriques de Bellini et Donizetti cio de Bellas Artes sont couronnés de à Puccini et Verdi. Certains de ses succès. Au Théâtre de la Monnaie de rôles les plus demandés sont Jacopo Bruxelles, le Rigoletto de Verdi dans Foscari, Gabriele Adorno, Pinkerton, lequel il fait ses débuts dans Le Duc de Rodolfo, Le Duc de Mantoue, Alfredo, Mantoue est joué à guichets fermés. Hoffmann, Werther et Romeo, pour Ces derniers mois, on l’entend en n’en citer que quelques-uns. Arturo Jacopo Foscari dans I due Foscari de Chacón-Cruz reçoit de nombreuses Verdi aux côtés de Plácido Domingo, distinctions et prix pour son travail, sous la direction de James Conlon, en tout récemment la très prestigieuse Duc de Mantoue, dans un Gala Verdi au médaille Alfonso Ortiz Tirado au Festival Cervantino au Mexique, dans Mexique, et il est invité à donner un le rôle-titre des Contes d’Hoffmann concert en soliste avec l’Orquesta d’Offenbach à Tokyo, dans Florencia Filarmonica de Sonora présentant en el Amazonas à Los Angeles et dans des airs d’opéras et des mélodies Rigoletto à Mexico City, Budapest et mexicaines. Son premier disque solo, Vérone, Carmen à Hambourg, Lyon et Arturo Chacón le canta a México, en Israël, dans La Bohème à Macerata, présente certaines des plus belles San Francisco et Hambourg, Gianni musiques mexicaines accompagnées Schicchi à Los Angeles, Werther à par l’Orchestre Philharmonique de Budapest, La traviata à Munich. Il est Sonora (Naxos, 2014). Arturo Chacón- également apparu en concert dans le Cruz partage une longue et importante rôle de Faust (Mefistofele, Boito) avec relation avec deux des plus grands la Collegiate Chorale au Carnegie Hall. ténors actuels, Plácido Domingo et Parmi ses futurs engagements, citons Ramón Vargas. Après l’avoir découvert Tosca à Oviedo, Rigoletto à Hambourg en 2000, Plácido Domingo est resté et Houston, et Luisa Miller à Barcelone. 16
Rafał Siwek La Pucelle d’Orléans de Tchaïkovski La basse polonaise Rafał Siwek se au Concertgebouw d’Amsterdam… distingue comme un interprète de Il travaille également avec Zubin Mehta rôles verdiens, dont Filippo II dans à l’Accadémie Nationale Sainte-Cécile Don Carlo à Tel Aviv avec Zubin Mehta, de Rome. La discographie de Rafał à Turin, Moscou, Tokyo et Varsovie, Siwek comprend deux enregistrements Le Grand Inquisiteur dans Don Carlo du Requiem de Verdi sous la direction à la Scala de Milan, Munich, Berlin de Zubin Mehta (TDK) et avec Lorin et Zurich, Zaccaria dans Nabucco à Maazel (Medici Arts), Edgar de Puccini Vérone, Tel Aviv, Gênes et Varsovie, (Deutsche Grammophon) avec Plácido Fiesco dans Simone Boccanegra à Domingo, Luisa Miller (Unitel), Norma Parme, le rôle-titre d’Attila à Varsovie, (Hardy Classic) et la Symphonie no 9 Ramfis dans Aida à Munich, Berlin, de Beethoven dirigée par Lorin Maazel Zurich, Vérone, Rome, São Paolo et (Kultur). Parmi ses futurs engagements, Rio de Janeiro avec Lorin Maazel et citons Nabucco au Teatro San Carlo de Silva dans Ernani à Catane. Il chante Naples, Rigoletto et Don Giovanni à la récemment les rôles du Roi Henri Bayerische Staatsoper de Munich, Don dans Lohengr in d e Wagner à Carlo à Moscou, La forza del destino l’Opéra Bastille, Fiesco dans Simone et Rigoletto à Paris. Boccanegra au Concer tgebouw d’Amsterdam, le rôle-titre de Boris Eugene Kohn Godounov de Moussorgski à l’Opéra Eugene Kohn est immergé très jeune de Poznań, Zaccaria dans Nabucco dans le monde de l’opéra puisqu’il et Ramfis dans Aida aux Arènes de accompagne les classes vocales de Vérone, Filippo II dans Don Carlo, stars de « l’âge d’or » comme Giovanni Galitski (Le Prince Igor, Borodine) et Martinelli et Maria Jeritza. Il devient Ivan le Terrible (La Jeune Fille de Pskov, le chef favori de Fausto Cleva au Rimski-Korsakov) au Théâtre Bolchoï de Metropolitan Opera de New York. Moscou. Il fait ses débuts à l’Opéra des Dans les années 1970, il commence Pays-Bas en Sparafucile dans Rigoletto à se produire en tant que pianiste et retourne à Varsovie en Sarastro accompagnateur avec certaines des (La Flûte enchantée, Mozart). Rafał plus grandes voix d’opéra : Renata Siwek se produit également beau- Tebaldi, Giuseppe Di Stefano, Franco coup en concert – Requiem de Verdi, Corelli et le jeune Luciano Pavarotti. Symphonie no 9 de Beethoven, Stabat Il travaille pendant de nombreuses Mater de Rossini sous la direction années avec Maria Callas, et accom- d’Alberto Zedda, Thibaut d’Arc dans pagne ses master-classes à la Juilliard 17
School. Ses débuts au Metropolitan Belgian National Orchestra Opera en 1980 (à la direction de Fondé en 1936, le Belgian National La Gioconda de Ponchielli) sont suivis Orchestra, anciennement connu sous le par des productions dans les opéras nom d’Orchestre National de Belgique, de Vienne, Hambourg, Berlin (les deux est le partenaire privilégié du BOZAR. maisons), Barcelone, Rome, Naples, De 2012 à 2017, l’orchestre était placé Buenos Aires… Ayant également sous la direction musicale d’Andrey occupé des postes symphoniques per- Boreyko. Depuis septembre 2017, le manents, Eugene Kohn partage désor- chef d’orchestre américain Hugh Wolff mais son temps entre le symphonique, est aux commandes de l’orchestre. l’opéra et des concerts d’opéras. Il est Le Belgian National Orchestra se pro- très heureux de faire ce soir ses débuts duit aux côtés de solistes renommés tels à la Philharmonie de Paris. Plácido que Vadim Repin, Gidon Kremer, Boris Domingo et Eugene Kohn se sont Berezovsky ou Rolando Villazón, mais rencontrés il y a plus de cinquante ans, aussi avec de jeunes talents. Il s’inté- quand le jeune ténor faisait ses débuts resse également à la jeune génération au Metropolitan Opera sous la direc- d’auditeurs et ne recule pas devant tion du mentor d’Eugene Kohn, Fausto des projets novateurs tels que sa colla- Cleva. Depuis, ils entretiennent une boration avec l’artiste pop rock Ozark étroite relation, et Eugene Kohn dirige Henry ou sa participation au festival quelque cent concerts de Plácido Tomorrowland. Cette saison, l’orchestre Domingo sur les cinq continents. Leur se produit aux côtés de solistes tels que collaboration s’illustre largement en Sergey Khachatryan, Nelson Freire, DVD et au disque, avec notamment la Elisabeth Kulman, Alexander Gavrylyuk toute première édition du Concours et Lorenzo Gatto ainsi que de chefs Operalia, dirigée par Eugene Kohn à d’orchestre invités tels que Kazushi Ōno l’Opéra de Paris en 1993. Il enregistre et Hartmut Haenchen. Sa discographie, pour EMI, Decca et Sony. On peut parue essentiellement sur le label Fuga également le voir en tant qu’acteur Libera, jouit d’une reconnaissance inter- dans le film Callas Forever de Franco nationale et comprend, entre autres, six Zeffirelli (avec Jeremy Irons et Fanny enregistrements réalisés sous la direc- Ardant), où il recrée son véritable rôle tion de son ancien chef Walter Weller. d’accompagnateur de la soprano dans ses jeunes années. 18
Premiers violons solo Sophie Destivelle Alexei Moshkov Katelijne Onsia Solenne Païdassi Peter Pieters Marinella Serban Violons I Silvia Tentori Montalto Sophie Causanschi** Edouard Thise Isabelle Chardon* Sarah Guiguet* Violoncelles Maria Helena Boila Olsi Leka** Nicolas Deharven Tine Muylle* Françoise Gilliquet Lesya Demkovich Philip Handschoewerker Philippe Lefin Akika Hayakawa Uros Nastic Ariane Plumerel Harm Van Rheeden Mireille Kovac Taras Zanchak Serge Stons Dirk Van De Moortel Contrebasses Yolanda Van Puyenbroek Robertino Mihai** Svetoslav Dimitriev* Violons II Sergey Gorlenko* Marie-Danielle Turner* Ludo Joly* Nathalie Lefin* Dan Ishimito Sophie Demoulin Miguel Meulders Isabelle Deschamps Gergana Terziyaska Licences E.S. 1-1083294, 1-1041550, 2-1041546, 3-1041547 – Imprimeur : Impro Hartwich D’haene Pierre Hanquin Flûtes Anouk Lapaire Baudoin Giaux** Isabelle Liagre Denis-Pierre Gustin* Ana Gabriella Paraszka Jérémie Fevre* Jacqueline Preys Ana Spanu Hautbois Dimitri Baeteman** Altos Bram Nolf* Vladimir Babeshko** Marc Sabbah* Clarinettes Mihoko Kusama* Jean-Mich Charlier** Dmitri Ryabinin* Julien Beneteau* 19
Bassons Harpe Filip Neyens* Annie Lavoisier** Bert Helsen* Timbales Cors Guy Delbrouck** Ivo Hadermmann** Anthony De Vriendt * Percussion Jan Van Duffel* Katia Godart* Biennale 11 - 21 janvier Katrien Vintioen* Nico Schoeters Bernard Wasnaire* Koen Maes Trompettes Autres Leo Wouters** Wim Baetens Davy Taccogna* Christian Demoustiez Héloïse Prax-Jacques Trombones Olivier van Cleempu Luc De Vleeschouwer** Matthieu Lescure Guido Leveyns* Hans Waege Arno Tri Pramudia * Soliste Tuba ** Chef de pupitre Jozef Matthessen* V P L A 0 F Z 0 20 Pub
TOUS MÉCÈNES À LA PHILHARMONIE MÉLOMANES, REJOIGNEZ-NOUS ! LES AMIS LA FONDATION Bénéficiez des meilleures places Préparez Réservez en avant-première la Philharmonie de demain Découvrez les coulisses Soutenez nos initiatives éducatives Participez aux répétitions, visites exclusives… Photo : © charles d’Hérouville - Licences ES : 1-1041550, 2-041546, 3-1041547. VOTRE DON OUVRE DROIT À UNE RÉDUCTION D’IMPÔTS. Pour en savoir plus : Les Amis : Anne-Shifra Lévy 01 53 38 38 31 • aslevy@philharmoniedeparis.fr Fondation & Legs : Zoé Macêdo-Roussier 01 44 84 45 71 • zmacedo@philharmoniedeparis.fr Pub mecenat_individuel.indd 1 08/10/2018 10:32
LIVRET Giuseppe Verdi « Perfidi!… Pietà, rispetto, amore » Macbeth, acte IV, scène 5 MACBETH MACBETH Recitativo Récitatif Perfidi! All’anglo contro me v’unite! Perfides ! Vous passez aux anglais contre moi ! Le potenze presaghe han profetato : Les puissants présages ont prophétisé : “Esser puoi sanguinario, feroce; « Tu peux être sanguinaire, féroce, Nessuno nato da donna ti nuoce.” nul être né d’une femme ne te nuira. » No, non temo di voi, nè del fanciullo Non, je ne vous crains pas ni de l’enfant Che vi conduce! Raffermar sul trono qui vous conduit. Cet assaut doit Questo assalto mi debbe, me raffermir sur le trône, ou m’en O sbalzarmi per sempre... Eppur la vita chasser pour jamais… Et pourtant, je sens la vie Sento nelle mie fibre inaridita! se dessécher dans toutes les fibres de mon corps. Aria Air Pietà, rispetto, amore, Pitié, respect, amour, Conforto ai dì cadenti, douceur des jours décadents
Non spargeran d’un fiore ne répandront pas une seule fleur La tua canuta età. sur ta vieillesse. Nè sul tuo regio sasso Et sur ta pierre tombale Sperar soavi accenti : n’espère pas de douces paroles : Sol la bestemmia, ahi lasso! seul le blasphème, hélas !, La nenia tua sarà! sera ton chant funèbre ! « A te l’estremo addio… Il lacerato spirito » Simon Boccanegra, prologue, scène 5 FIESCO FIESCO Recitativo Récitatif A te l’estremo addio, palagio altero, Adieu pour toujours, fier palais ; Freddo sepolcro dell’angiolo rnio!… froid sépulcre de mon petit ange. Né a proteggerti io valsi!… Oh maledetto!… Je n’ai pu te protéger. Maudit homme, vil séducteur ! E tu, Vergin, soffristi Sainte Vierge, pourquoi avoir permis Rapita a lei la verginal corona?… qu’on lui arrache sa couronne virginale ? Ma che dissi!… deliro!… ah mi perdona! Mais que dis-je ? Pardonne-moi. 23
Aria Air Il lacerato spirito La honte et la douleur Del mesto genitore déchirent l’âme Era serbato a strazio du père infortuné. D’infamia e di dolore. Le ciel l’a ceinte Il serto a lei de’ martiri de la couronne des martyrs. Pietoso il cielo diè… Montée au royaume des anges, Resa al fulgor degli angeli, prie pour moi, Prega, Maria, per me. Marie. « Mercè, dilette amiche » Les Vêpres siciliennes, acte V, boléro ELENA HÉLÈNE Aria Air Mercé, dilette amiche, Merci, amies bien-aimées, di quei leggiadri fior; de ces charmantes fleurs ; il caro dono è immagine ce cher don est l’image del vostro bel candor! de votre belle innocence ! Oh! fortunato il vincol Oh ! bienheureux le lien
che mi prepara amore, que l’amour me prépare, se voi recate pronube si vous portez, messagères, voti felici al core! des vœux de bonheur à mon cœur ! Mercé del don, ah, sì! Merci de votre don, oui ! O caro sogno, o dolce ebbrezza! Ô rêve bien-aimé, ô douce ivresse ! D’ignoto amor mi balza il cor! D’un amour inconnu mon cœur palpite ! Celeste un’aura già respiro, Je respire déjà un air céleste che tutti i sensi inebbriò, ecc. qui enivre tous mes sens… « Restate!… O signor, di Fiandra arrivo » Don Carlos, acte I, partie II, scène 6 RODRIGO RODRIGO Signor! Sire ! FILIPPO PHILIPPE Restate! Restez ! Presso della mia persona Auprès de ma personne Perché d’esser ammesso voi non chiedeste ancor? pourquoi n’avoir jamais demandé d’être admis ? Io so ricompensar tutt’i miei difensor; J’aime à récompenser ceux qui sont mes amis. Voi serviste, lo so, fido alla mia corona. Vous avez, je le sais, bien servi ma couronne. 25
RODRIGO RODRIGUE Sperar che mai potrei dal favore del Re? Que pourrais-je envier de la faveur des rois ? Sire, pago son io, la legge è scudo a me! Sire, je vis content, protégé par nos lois. FILIPPO PHILIPPE Amo uno spirto altier. L’audacia perdono... J’aime fort la fierté… Je pardonne à l’audace… Non sempre... Voi lasciaste il mestier della guerra; Quelquefois… vous avez délaissé mes drapeaux, Un uomo come voi, soldato d’alta stirpe, et les gens comme vous, soldats de noble race, Inerte può restar? n’ont jamais aimé le repos… RODRIGO RODRIGUE Ove alla Spagna una spada bisogni, Si mon pays a besoin d’une épée, Una vindice man, un custode all’onor, qu’il lui faille un vengeur, qu’il lui faille un gardien, Ben tosto brillerà la mia di sangue intrisa! la mienne brillera bientôt de sang trempée ! FILIPPO PHILIPPE Ben lo so… ma per voi che far poss’io? Je le sais… mais pour vous que puis-je faire ? RODRIGO RODRIGUE No… nulla per me! ma per altri… Rien ! Non… rien pour moi ! mais d’autres… FILIPPO PHILIPPE Che vuoi dire? Qu’est-ce à dire ? Per altri? D’autres ? RODRIGO RODRIGUE Io parlerò, Sire, Je parlerai, Sire ! Se grave non v’è! Si vous le voulez.
FILIPPO PHILIPPE Favella! Parlez ! RODRIGO RODRIGUE O signor, di Fiandra arrivo, Ô roi ! J’arrive de Flandre, Quel paese un dì sì bel; ce pays jadis si beau ! D’ogni luce or fatto privo Ce n’est plus qu’un dé Spira orror, par muto avel! de cendre, L’orfanel che non ha un loco un lieu d’horreur, un tombeau ! Per le vie piangendo va; Là, l’orphelin qui mendie Tutto struggon ferro e foco, et pleure par les chemins, Bandita è la pietà. tombe, en fuyant l’incendie La riviera che rosseggia sur des ossements humains ! Scorrer sangue al guardo par; Le sang rougit l’eau des fleuves, Della madre il grido echeggia ils roulent, de morts chargés… Pei figliuoli che spirar. L’air est plein des cris des veuves Ah! Sia benedetto iddio, sur les époux égorgés !… Che narrar lascia a me Ah ! La main de Dieu soit bénie, Quest’agonia crudel, qui fait entendre par moi Perché le glas de cette agonie Sia nota al Re. à la justice du roi ! FILIPPO PHILIPPE Col sangue sol potei la pace aver del mondo; J’ai de ce prix sanglant payé la paix du monde ; Il brando mio calcò l’orgoglio ai novator, ma foudre a terrassé l’orgueil des novateurs Che illudono le genti coi sogni mentitor! qui vont, plongeant le peuple en des rêves menteurs… La morte in questa man ha un avvenir fecondo. La mort, entre mes mains, peut devenir féconde. 27
RODRIGO RODRIGUE Che! voi pensate, seminando morte, Quoi ! vous croyez, semant la mort, Piantar per gli anni eterni? semer pour l’avenir ? FILIPPO PHILIPPE Volgi un guardo alle Spagne! Regardez mes Espagnes ! L’artigian cittadin, la plebe alle campagne L’artisan des cités, le peuple des campagnes, A dio fedele e al Re un lamento non ha! il vit, à Dieu fidèle et soumis à son sort ! La pace istessa io dono alle mie Fiandre! J’offre la même paix à mes Flandres… RODRIGO RODRIGUE Orrenda, orrenda pace! La pace è dei sepolcri! Arrière cette paix ! la paix du cimetière ! O Re, non abbia mai Ô roi ! que l’avenir à votre nom ne dise pas : Di voi l’istoria a dir : “Ei fu Neron!” – « Il fut Néron ! » Questa è la pace che voi date al mondo? Est-ce la paix que vous donnez au monde ? Desta tal don terror, orror profondo! Vos présents sont l’effroi, l’horreur profonde ! È un carnefice il prete, un bandito ogni armier! Tout prêtre est un bourreau, tout soldat est un bandit ! Il popol geme, e si spegne tacendo, Le peuple expire, il gémit en silence, È il vostro imper deserto immenso, orrendo, et votre empire est un désert immense S’ode ognun a Filippo maledir! où le nom de Philippe est maudit ! Come un dio redentor, l’orbe inter rinnovate, Répandez, comme un Dieu, le bonheur sur les hommes, V’ergete a vol sublime, sovra d’ogn’altro re! roi, levez-vous sublime entre les autres, Per voi si allieti il mondo! Date la libertà! roi, d’un mot changez la terre, donnez la liberté ! FILIPPO PHILIPPE Oh! strano sognator! Quel singulier rêveur ! Tu muterai pensier, se il cor dell’uomo conoscerai, Vous changerez d’avis quand vous saurez
Qual Filippo, il conosce! le cœur de l’homme à l’égal de Philippe ! Or non più!... Ha nulla inteso il Re!… Plus un mot ! Le roi n’a rien entendu !… Non temer! Ma ti guarda dal grande Inquisitor! Sois sans peur ! mais garde-toi de mon Inquisiteur ! RODRIGO RODRIGUE Che! Sire! Quoi ! Sire ! FILIPPO PHILIPPE Tu resti in mia regal presenza Vous êtes devant moi cependant E nulla ancora hai domandato al re? et j’admire que vous n’ayez encore rien demandé du roi ! Io voglio averti a me daccanto! Je vous attache à ma personne… RODRIGO RODRIGUE Sire! No! Sire ! Non ! Quel ch’io son restar io vo’! Laissez-moi ce que je suis ! FILIPPO PHILIPPE Sei troppo altier! C’est trop d’orgueil !… Osò lo sguardo tuo penetrar il mio soglio… Votre regard hardi s’est levé sur mon trône… Del capo mio, che grava la corona, Mais de ce front où pèse la couronne, L’angoscia apprendi e il duol! sachez les tourments et le deuil ! Guarda dentro alla reggia! Regardez ma maison… L’affanno la circonda, sgraziato genitor! Le trouble l’environne. Sposo più triste ancor! Oui ! Père malheureux, plus malheureux époux ! RODRIGO RODRIGUE Sire, che dite mai? Sire, que dites-vous ? 29
FILIPPO PHILIPPE La Regina…. un sospetto mi tortura… La reine… un soupçon me torture… Mio figlio!… mon fils ! RODRIGO RODRIGUE Fiera ha l’alma insiem e pura! Son âme est noble et pure ! FILIPPO PHILIPPE Nulla val sotto al ciel il ben ch’ei tolse a me! Rien ne vaut sous le ciel le bien qu’il m’a ravi ! Il lor destino affido a te! Soyez leur juge et mon appui !… Scruta quei cor, che un folle amor trascina! Sondez ces cœurs qu’un fol amour entraîne ! Sempre lecito è a te di scontrar la Regina! Vous avez tout pouvoir de parler à la reine ! Tu, che sol sei un uom, in questo stuolo uman, Toi, qui seul es un homme au milieu des humains ! Ripongo il cor nella leal tua man! Je mets mon cœur en tes loyales mains. RODRIGO RODRIGUE Inaspettata aurora in ciel appar! Ah ! quelle aurore au ciel se lève ! S’aprì quel cor, che niuno osò scrutar! Il est ouvert, ce cœur qui ne s’ouvrit jamais ! FILIPPO PHILIPPE Possa cotanto dì la pace a me tornar! Puisse ce jour heureux rendre à mon cœur la paix ! RODRIGO RODRIGUE Inaspettata aurora, ecc. Ah ! Quelle aurore, etc. Oh sogno mio divin! oh gloriosa speme! Ô mon divin espoir ! Ô mon glorieux rêve ! FILIPPO PHILIPPE Tu guarda dal Grande Inquisitor! Garde-toi de mon Inquisiteur !
RODRIGO RODRIGUE Signor! Sire ! « Forse la soglia attinse… Ma se m’è forza perderti » Un bal masqué, acte III, scène 2 RICCARDO RICCARDO Recitativo Récitatif Forse la soglia attinse, Elle doit être rentrée chez elle E posa alfin. L’onore et se reposer enfin. L’honneur Ed il dover nei nostri petti han rotto et le devoir ont creusé un abîme L’abisso. Ah sì, Renato entre nos cœurs. Ah oui, Renato Rivedrà l’Inghilterra – e la sua sposa reverra l’Angleterre – et sa femme Lo seguirà. Senza un addio, l’immenso l’y suivra. Sans un adieu, que l’immense Oceàn ne sepàri – e taccia il core. océan nous sépare – et que mon cœur se taise. Esito ancor? ma, oh ciel, non lo degg’io? J’hésite encore ? N’est-ce pourtant pas mon devoir ? Ah, l’ho segnato il sacrifizio mio! Ah, c’est mon sacrifice que j’ai signé ! Aria Air Ma se m’è forza perderti Mais s’il faut que je te perde Per sempre, o luce mia, pour toujours, ô ma bien-aimée, 31
Vous pouvez aussi lire