Y A-T-IL ENCORE UN MÉDECIN DANS LA SALLE ? - La santé à l'heure du numérique une production du DIGITAL SOCIETY FORUM - Orange Healthcare
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Y A-T-IL ENCORE UN MÉDECIN DANS LA SALLE ? La santé à l’heure du numérique Y A-T-IL ENCORE UN MÉDECIN DANS LA SALLE ? La santé à l’heure du numérique DIGITAL SOCIETY FORUM une production du DIGITAL SOCIETY FORUM 01_DSFsanté_Couverture v 19.indd 1 11/05/2018 18:37
ÉDITO Cet ouvrage est une production du Digital Society Forum issue du débat qui s’est tenu le mardi 19 décembre 2017 au Muséum national d’Histoire naturelle. Le fruit de ces échanges croisés a été diffusé via le site web du Digital Society Forum, et la retranscription suivante en offre une version adaptée, augmentée et illustrée. Le thème abordé : la santé à l’heure du numérique avec son impact sur l’accès et la qualité des soins ; son apport pour la prévention et la recherche ; ses conséquences pour les praticiens, les institutions et organismes de santé, interroge plus largement notre rapport au progrès, à la technique et aux données. Le débat s’est ouvert sur une présentation de la cinquième étude de l’Observatoire du Numérique BVA/ Digital Society Forum par Laurent Bigorgne, Directeur de l’Institut Montaigne. Audrey Pulvar, Présidente de la Fondation pour la Nature et l’Homme, a ensuite conduit les échanges entre Martin Hirsch, Directeur général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Thomas London, Président du Healthcare Data Institute, Sophie Boissard, Directrice générale du groupe Korian, Stanislas Niox-Chateau, Fondateur de Doctolib, Guillaume Leroy, Président-directeur général de Sanofi Aventis France, et Stéphane Richard, Président-directeur général d’Orange. Un entretien avec le Dr. Cécile Monteil, médecin et entrepreneur, ouvre la séquence consacrée aux réactions des participants. 3 02a03_DSFsanté_édito v 2.indd 3 26/06/2018 18:34
Y A-T-IL ENCORE UN MÉDECIN DANS LA SALLE ? La santé à l’heure du numérique SOMMAIRE Introduction du Forum par Stéphane Richard 8 Première partie 10 Les Français, la santé et le numérique 5e étude de l’Observatoire du Numérique BVA / Digital Society Forum, présentée par Laurent Bigorgne Deuxième partie 18 Table ronde Santé et numérique : entre promesses et défis Troisième partie 44 L’entretien Cécile Monteil : « Il faut complètement changer le système » Quatrième partie 50 Paroles libres Des freins qui restent à lever 5 04a05_DSFsanté_SOMMAIRE - v 3.indd 5 26/06/2018 18:40
LES INTERVENANTS Audrey Pulvar Stéphane Richard Laurent Bigorgne Sophie Boissard Présidente de la Fondation pour Président-directeur général Directeur de l’Institut Directrice générale du la Nature et l’Homme d’Orange Montaigne groupe Korian Audrey Pulvar commence Stéphane Richard est Laurent Bigorgne dirige Sophie Boissard est directrice sa carrière à Paris en 1992 Président-directeur général l’Institut Montaigne depuis générale du groupe Korian en presse professionnelle, d’Orange et rejoint le groupe 2011. Sous son impulsion, depuis le 26 janvier 2016. tout en achevant sa Orange en septembre 2009 l’Institut a largement Elle a lancé en septembre formation à l’École et a exercé successivement renouvelé les formes de sa dernier la Fondation supérieure de journalisme les fonctions de directeur contribution au débat public Korian pour Le Bien vieillir (ESJ) de Paris, dont elle général adjoint chargé des à travers des opérations afin de contribuer à une sort major de promotion en Opérations France, de inédites : le chiffrage des meilleure connaissance 1994. Journaliste reporter directeur général délégué et programmes des candidats des problématiques liées d’images de 1994 à 1997 de directeur général. Entre lors des deux dernières au vieillissement et à en Martinique, elle devient 1992 et 2003, Stéphane élections présidentielles ; l’allongement de l’espérance rédactrice en chef, puis Richard a été successivement une conférence de citoyens de vie, et favoriser l’inclusion directrice de l’information de adjoint du directeur financier sur notre système de santé à et le développement du la chaîne Antilles Télévision de la Compagnie générale l’automne 2012 ; un testing lien entre les générations de 1997 à 2002. De retour à des eaux (CGE), directeur sur les discriminations à l’échelle des territoires. Paris, Audrey Pulvar collabore général de la Compagnie religieuses à l’embauche ou Sophie Boissard a assuré avec une quinzaine de médias immobilière Phénix (CIP) et encore plusieurs enquêtes sur des fonctions au Conseil nationaux français en radio, président de la Compagnie les banlieues en France. Il a d’État, au ministère du télévision et presse écrite, générale d’immobilier et de enseigné avant de travailler à Travail et des Affaires dont France 3, France 2, services (CGIS) devenue la direction de Sciences Po de sociales, et au ministère de France Inter ou encore le Nexity. Entre 2003 et 2007, il 2000 à 2008. Il est aujourd’hui l’Économie et des Finances. groupe Canal+ et le journal était directeur général adjoint administrateur du lycée En 2008, elle a rejoint le Les Inrockuptibles. Militante de Veolia Environnement international de Londres groupe SNCF et se voit féministe depuis toujours, et directeur général de Winston-Churchill et confier, entre 2012 et 2014, elle est l’auteure de plusieurs Veolia Transport, ainsi président de deux associations la charge de la stratégie et ouvrages dont Libres comme qu’administrateur d’Orange. qui œuvrent dans le champ du développement du groupe elles (La Martinière, 2014) De 2007 à 2009, Stéphane éducatif : Agir pour l’école et SNCF à l’international. et La Femme (Flammarion, Richard était directeur Teach for France. Il est aussi Ancienne élève de l’École 2016). Le 28 juin 2017, de cabinet du ministre de co-auteur, avec Alice Baudry nationale d’administration elle est élue présidente de l’Économie, de l’Industrie et Olivier Duhamel, du livre (ENA), elle est faite chevalier la Fondation pour la Nature et de l’Emploi. Stéphane Macron, et en même temps... de l’ordre national du Mérite et l’Homme, ex-Fondation Richard est diplômé de (Plon, 2017). en novembre 2011 et chevalier Nicolas-Hulot. l’École des hautes études de la Légion d’honneur commerciales (HEC) en avril 2016. et de l’École nationale d’administration (ENA). 6 06A07_DSFsanté_BIOGRAPHIES.indd 6 26/06/2018 18:40
Martin Hirsch Guillaume Leroy Thomas London Stanislas Niox-Chateau Directeur général de l’Assistance Président-directeur général de Président du Healthcare Data Cofondateur et CEO de Doctolib publique-Hôpitaux de Paris Sanofi Aventis France, directeur Institute général Médecine Générale Né en 1987 à Paris, Stanislas Martin Hirsch est directeur France Thomas London est Niox-Chateau a d’abord mené général de l’Assistance président du Healthcare une carrière prometteuse publique-Hôpitaux de Paris Guillaume Leroy assume Data Institute, think tank dans le tennis professionnel : (AP-HP) depuis novembre depuis le 1er octobre dédié au développement des sélectionné et formé par 2013. Entre 1981 et 1986, 2017 la responsabilité de usages de la donnée de santé. la Fédération française de Martin Hirsch a suivi des coordonner l’ensemble Il est par ailleurs responsable tennis, il est six fois vainqueur études de médecine. Il est reçu des activités de Sanofi en des pôles Santé et Secteur des Championnats de Paris. à l’École normale supérieure France et représente à ce public chez McKinsey & Après une grave blessure au (ENS), puis entre à l’École titre l’entreprise auprès des Company France et codirige dos, il est contraint de ranger nationale d’administration autorités françaises et des ses activités en Europe. Il sa raquette pour se concentrer (ENA – promotion Jean organisations professionnelles. travaille auprès d’un large à nouveau sur ses études. Monnet) avant d’intégrer le Guillaume Leroy a acquis éventail d’institutions avec Diplômé de l’École des Conseil d’État. En 1997, il est une expérience de plus de lesquelles il aborde divers hautes études commerciales nommé directeur de cabinet vingt ans dans l’industrie de sujets stratégiques à l’échelle (HEC), il participe au du secrétaire d’État à la Santé la santé où il a occupé des de systèmes de santé : lancement et travaille pour et conseiller au cabinet de la fonctions de direction dans organisation de l’offre de soins, plusieurs plateformes de ministre de l’Emploi et de 5 pays. Guillaume Leroy performance hospitalière, réservation dans différents la Solidarité. En 2007 il est est docteur en pharmacie recherche biomédicale, secteurs. Doctolib est sa nommé, dans le gouvernement (université de Rouen) et e-santé, open data, toute dernière aventure. Il a de François Fillon, Haut- titulaire d’un master en systèmes d’information… cofondé l’entreprise en octobre Commissaire aux solidarités marketing pharmaceutique Il accompagne de nombreux 2013 avec ses associés Ivan actives contre la pauvreté à l’ESCP. Il possède un établissements de santé Schneider et Jessy Bernal. (2007-2010), puis Haut- Executive MBA en Business dans leur transformation En seulement quatre ans, Commissaire à la jeunesse et Finances de la Wharton et conseille par ailleurs des Doctolib est devenu le (2009-2010). Parallèlement, School (Université de industriels de la santé dans leader européen de la prise il s’engage activement dans Pennsylvanie et INSEAD la définition de stratégies de rendez-vous médicaux la lutte contre la pauvreté et à Fontainebleau). Il a été globales. Thomas London fait en ligne, grâce à une équipe la promotion de la solidarité, conseiller du Commerce également partie du groupe de 400 « Doctolibers » et exerce de nombreuses extérieur de la France de veille Santé de l’Institut dévoués à une communauté fonctions bénévoles dont (CCEF) de 2007 à 2011 Montaigne et est co-auteur du de plus de 30 000 médecins celle de président d’Emmaüs et continue de représenter rapport Réanimer le système de en France et en Allemagne. France. Martin Hirsch Sanofi Aventis France au santé (Institut Montaigne, juin L’entreprise est présente dans est également l’auteur de Medef International en tant 2016). Diplômé de l’École plus de 800 établissements nombreux ouvrages, dont le que président du Conseil des centrale Paris, il est titulaire de santé et compte plus de plus récent est L’Hôpital à chefs d’entreprise France- d’un Master of Science 12 millions de patients sur cœur ouvert (Stock, 2017). Philippines et vice-président du MIT et d’un MBA de son site chaque mois. du Conseil des chefs l’INSEAD. d’entreprise France-Argentine. 7 06A07_DSFsanté_BIOGRAPHIES.indd 7 26/06/2018 18:40
Introduction du Forum par Stéphane Richard, Président Directeur Général du groupe Orange Très tôt convaincu que le numérique L’association entre numérique et santé peut pouvait apporter des réponses aux multiples ainsi améliorer la qualité de vie d’une grande défis qui se posent dans le domaine de la partie de la population de par le monde, santé, Orange a investi ce secteur en créant dans les pays développés bien sûr, mais aussi dès 2007 une première entité en charge de et peut-être surtout dans les zones moins l’e-santé. J’ai conforté cet engagement du favorisées comme en Afrique, où Orange Groupe en 2016 par la création d’Orange s’attache au déploiement des services de santé Healthcare qui regroupe toutes nos activités en s’appuyant sur les réseaux mobiles. en partenariat avec les professionnels de santé, les autorités publiques de santé, les hôpitaux Mais l’interaction entre santé et numérique et les laboratoires pharmaceutiques mais aussi se heurte à des difficultés qui tiennent à la les start-up qui participent à l’innovation dans complexité des systèmes de santé eux-mêmes, le secteur. Selon moi, le rapprochement entre mobilisant de multiples acteurs – libéraux et numérique et santé ouvre un champ immense publics – et plusieurs logiques de financement de progrès et d’opportunités associés aux – privés et publics. À cela s’ajoute le fait innovations apportées par la digitalisation et que l’e-santé, comme dans le cadre de toute la connectivité généralisée. transformation liée au numérique, exige un très haut niveau de sécurité pour assurer le respect La santé est une préoccupation première de la confidentialité des données médicales et sa transformation au contact du numérique personnelles, en accord avec l’évolution des intéresse chacune et chacun : vieillissement de cadres réglementaires et juridiques. la population, déserts médicaux, vigilance vis-à- vis de son état de santé, progrès des traitements Ces difficultés et ces exigences peuvent et de l’espérance de vie… À cela s’ajoutent expliquer la relative lenteur de la diffusion des bouleversements moins visibles liés à de l’e-santé. Il revient donc à l’ensemble des l’informatisation généralisée de la médecine de parties prenantes de conjuguer leurs efforts ville et des systèmes hospitaliers. L’information pour inventer les réponses de sorte que la générée rend possible l’analyse de données transformation numérique du secteur de massives (big data), tant pour des finalités de la santé délivre au plus grand nombre les recherche que d’amélioration des soins. promesses attendues. 9 000_DSFsanté_0 Préfaces S. RICHARD v 1.indd 9 26/06/2018 18:36
1 L’ÉTUDE L’impact du numérique dans le domaine de la santé (Observatoire du Numérique BVA / Digital Society Forum) 000_DSFsanté_1e PARTIE_Laurent Bigorgne.indd 11 11 26/06/2018 18:35
LES FRANÇAIS, LA SANTÉ ET LE NUMÉRIQUE NUMÉRIQUE : QUEL IMPACT DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ ? Laurent Bigorgne (directeur de l’Institut Montainge) 2017, il existerait, d’après les statistiques, Nous sommes à un moment très impor- 259 000 applications dédiées à la santé tant des grandes politiques publiques dans le monde. Bien sûr, toutes ne de- qui concernent divers aspects de nos vies viendront pas les entreprises géantes de – qu’il s’agisse de l’éducation, de l’emploi demain, mais certaines d’entre elles vont ou de la santé. Le numérique est venu nécessairement s’imposer comme des bouleverser à la fois nos certitudes et nos game changers dans la vie des praticiens modèles d’autorité. Il y a un « avant » et des patients. et un « après ». Durant la phase de transition, il nous revient d’inventer D’autres évolutions touchent les systèmes des modèles. eux-mêmes. Par exemple, un pays comme le Canada se pose aujourd’hui la question Pour un analyste du système, pour un de l’accompagnement des patients sur des offreur de soins ou pour un industriel, un territoires bien plus vastes et beaucoup certain nombre de paramètres sont à ob- moins denses que la France. Rien que server : le vieillissement de la population, pour l’année dernière, en Ontario, on a l’augmentation des maladies chroniques, ainsi décompté près de 800 000 événe- la soutenabilité financière de l’ensemble, ments impliquant des patients par le biais face à un patient qui s’inquiète qu’on lui de la télémédecine, pour une économie impose une réduction des coûts et veut que l’on estime à environ 50 millions toujours – c’est normal – des soins de d’euros. Cela représente 243 millions de meilleure qualité, en jouant un rôle actif. kilomètres évités à des patients ou des C’est d’ailleurs l’une des grandes révo- professionnels. En Suède, une révolution lutions que nous traversons : il n’y a plus est également en cours à l’hôpital, avec de patient passif. Le sondage le montre une absence de tabou sur l’utilisation des très clairement. données. En Australie, une plateforme permet aux jeunes atteints de patholo- Deux révolutions sont en cours. La pre- gies ou de maladies mentales d’échanger mière est une révolution par le bas. En avec des professionnels, mais également 12 000_DSFsanté_1e PARTIE_Laurent Bigorgne.indd 12 26/06/2018 18:35
entre eux. La France demeure en retard, aujourd’hui, sur ce sujet. Les résultats du sondage permettent de faire le lien entre ce paysage, brossé rapidement, et ce que révèle l’étude BVA. Plus de trois Français sur quatre (76 %), disent consulter fréquemment des sites spécialisés en médecine sur internet. Un sur trois les consulte au moins une fois par mois. Pour 21 % des Français, c’est même le premier réflexe avant d’aller « IL EXISTE AUJOURD’HUI, voir un médecin. Et ils sont nombreux D’APRÈS LES STATISTIQUES, (presque neuf Français sur dix) à considérer ces données comme fiables. ENVIRON 259 000 APPLICATIONS Néanmoins, seuls quatre sur dix sont à DE SANTÉ DANS LE MONDE. » ce stade favorables à la téléconsultation. Laurent Bigorgne On constate également que les Français utilisent le numérique dans des situa- tions de réaction et non pas dans un ré- effectuer des gains économiques et bud- flexe de prévention. C’est l’un des points gétaires dans le système. qui appelle une amélioration. Selon les Français, les outils connectés sont un Enfin, il faut le dire, les Français demeurent moyen de faciliter les relations avec les très « mutualistes » dans l’âme et sont professionnels de santé pour 62 %, avec convaincus que l’on peut continuer à les services administratifs pour 57 % et partager. Ils sont 80 % à se dire prêts avec les hôpitaux pour 53 %. Notons à partager leurs données de santé. De toutefois que seul un tiers a recours à même, 76 % pensent que le numérique cet univers nouveau dans le champ de la va améliorer la recherche, et donc l’effi- prévention et que, sur ce tiers, la moitié cacité du système dans tous les domaines représente des gens pour le moment très – y compris leur santé. bien portants. Il faudra voir à l’avenir comment augmenter le nombre de ceux Ces chiffres permettent dès lors un op- qui se tournent vers le digital comme timisme raisonnable, avec des marges de outil de prévention si l’on veut pouvoir progression très grandes. 13 000_DSFsanté_1e PARTIE_Laurent Bigorgne.indd 13 26/06/2018 18:35
ETUDE DE L’OBSERVATOIRE DU NUMÉRIQUE BVA / DIGITAL SOCIETY FORUM (*) : « 80 % DES FRANÇAIS PRÊTS À PARTAGER LEURS DONNÉES AVEC LES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ » (*) Étude réalisée par l’institut BVA par Internet du 1er au 4 décembre 2017 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population française (méthode des quotas). Le développement du numérique est perçu comme ayant des impacts positifs sur la recherche, la qualité des soins et l’amélioration de la santé des Français, un peu moins sur la réduction des déficits. Pour chacune des propositions suivantes, pouvez-vous nous dire si vous êtes d’accord ou pas d’accord ? Base : à tous Le développement du numérique va permettre à la recherche Sous-total Sous-total médicale de faire beaucoup de progrès dans les années à venir D’accord Pas d’accord 17 % 59 % 19 % 4 % 1 % 76 % 23 % Hommes : 79 % 65 ans et + : 81 % CSP + : 82 % Le développement du numérique va permettre d’améliorer la qualité des soins apportés aux patients (meilleur suivi médical, traitements plus efficaces…) 12 % 56 % 24 % 8% 68 % 32 % Hommes : 71 % 65 ans et + : 73 % CSP + : 72 % Le développement du numérique va permettre d’améliorer la qualité de la santé des Français (accès facilité à l’information médicale sur l’hygiène de vie, analyse des paramètres de santé personnels grâce aux objets connectés…) 9% 54 % 30 % 6 %1 % 63 % 36 % Hommes : 67 % 65 ans et + : 67 % CSP + : 70 % Le développement du numérique va permettre de limiter les déficits de notre système de soins 9% 45 % 34 % 11 % 1 % 54 % 45 % Hommes : 58 % CSP + : 64 % Tout à fait d’accord Plutôt d’accord Plutôt pas d’accord Pas du tout d’accord Ne se prononce pas 14 014a017_DSFsanté_Sondages BVA v 2.indd 14 26/06/2018 18:54
Des outils et services numériques qui apparaissent très utiles dans le domaine de la santé préventive. Aujourd’hui, on insiste de plus en sur l’importance la médecine préventive, c’est-à-dire le fait de faire attention à sa santé dans sa vie de tous les jours (hygiène de vie, diététique, sport, dépistage…) afin d’éviter certaines maladies. Il existe ainsi des outils et services numériques dédiés à cet objectif, comme par exemple le site internet Tabac Info Services pour aider à s’arrêter de fumer, des applications scannant son alimentation pour apprendre à manger plus sainement, des tests salivaires réalisés chez soi pour faire des bilans de santé quotidiens, etc. Selon vous, ces outils et services numériques sont-ils très, plutôt, plutôt pas ou pas du tout utiles pour aider les Français à améliorer leurs comportements dans ce domaine ? Base : à tous 63 % 18 % Utile : 78 % 4% Pas utile : 22 % 18-24 ans : 83 % 65 ans et plus : 30 % Actifs : 80 % Souffre d’une maladie À des enfants de chronique : 28 % moins de 15 ans : 82 % 15 % Très utiles Plutôt utiles Plutôt pas utiles Pas du tout utiles En définitive, le numérique est perçu comme une bonne chose pour les professionnels de santé mais aussi pour les patients. Tout compte fait, diriez-vous que le développement de l’utilisation du numérique dans le domaine la santé est une bonne ou une mauvaise chose pour… ? Base : à tous Les professionnels de la santé Les patients Sous-total Sous-total Sous-total Sous-total Bonne chose : 83 % Mauvaise chose : 16 % Bonne chose : 74 % Mauvaise chose : 25 % 13 % 20 % 3% 1% 5% 64 % 60 % 1% 19 % 14 % Une très bonne chose Plutôt une bonne chose Une très bonne chose Plutôt une bonne chose Plutôt une mauvaise chose Une très mauvaise chose Plutôt une mauvaise chose Une très mauvaise chose Ne se prononce pas Ne se prononce pas 15 014a017_DSFsanté_Sondages BVA v 2.indd 15 26/06/2018 18:54
4 Français sur 10 sont favorables au développement de consultations par internet. Personnellement, êtes-vous favorable ou opposé au développement des consultations médicales par internet ? Base : à tous 34 % 41 % Sous-total Sous-total favorable : 40 % opposé : 60 % Hommes : 48 % Femmes : 66 % CSP+ : 47 % CSP- : 62 % 6% 19 % Tout à fait favorable Plutôt favorable Plutôt opposé Tout à fait opposé 3 Français sur 4 sont favorables au développement du maintien à domicile des patients avec un suivi et un accompagnement à distance. Personnellement, êtes-vous favorable ou opposé au développement du maintien à domicile des patients (après une opération par exemple), en assurant un suivi et un accompagnement à distance ? Base : à tous 51 % 18 % Sous-total 6% Sous-total favorable : 76 % opposé : 24 % Hommes : 79 % 65 ans et + : 80 % 25 % Tout à fait favorable Plutôt favorable Plutôt opposé Tout à fait opposé 16 014a017_DSFsanté_Sondages BVA v 2.indd 16 26/06/2018 18:54
Des outils et services numériques qui facilitent notamment les relations entre les patients et les professionnels de santé. D’après votre expérience ou celle de vos proches, diriez-vous que les outils et services numériques qui existent aujourd’hui dans le domaine de la santé (objets connectés, prise de rendez-vous sur internet, dossier médical numérisé) facilitent les relations entre les patients et … Base : à tous Sous-total Sous-total Les professionnels de la santé (médecins, pharmaciens, laboratoires…) OUI NON 15 % 47 % 29 % 8% 1% 62 % 37 % Agglomérations parisiennes : 79 % Les services administratifs de santé (Assurance maladie, mutuelles…) 15 % 42 % 32 % 10 % 1 % 57 % 42 % Les hôpitaux 11 % 42 % 36 % 10 % 1 % 53 % 46 % Oui, vraiment Oui, plutôt Non, pas vraiment Non, pas du tout Ne se prononce pas Les Français se disent prêts à partager leurs données personnelles avec les professionnels de santé, les hôpitaux et les chercheurs. Le partage avec d’autres acteurs suscite plus de réticences. L’utilisation du numérique dans le domaine de la santé suppose souvent la collecte et le traitement de données personnelles (issues de vos dossiers médicaux, de l’assurance maladie, de vos objets connectés…). Personnellement, seriez-vous prêt à partager vos données de santé (si elles sont sécurisées et anonymisées) avec chacun des acteurs suivants s’il vous explique clairement l’usage qui en sera fait ? Base : à tous Sous-total Sous-total D’accord Pas d’accord Des professionnels de santé 24 % 56 % 11 % 8 % 1 % 80 % 19 % Des hôpitaux 24 % 55 % 13 % 8 % 79 % 21 % Des chercheurs ou des universitaires 17 % 43 % 25 % 15% 60 % 40 % Des laboratoires 11 % 43 % 27 % 18% 1 % 54 % 45 % Des mutuelles 8% 32 % 35 % 25% 40 % 60 % Des fondations 5% 25 % 39 % 31% 30 % 70 % Des entreprises ou start-ups spécialisées 4% 23 % 33 % 36 % 4% 27 % 69 % dans le domaine de la santé Les grandes entreprises du numérique 2 % 11 % 25 % 61 % 1 % 13 % 86 % (Google, Apple, Facebook…) Tout à fait favorable Plutôt favorable Plutôt opposé Tout à fait opposé Ne se prononce pas 17 014a017_DSFsanté_Sondages BVA v 2.indd 17 26/06/2018 18:54
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2 TABLE RONDE Promesses et défis de la santé connectée 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 19 19 27/06/2018 17:42
TABLE RONDE SANTÉ CONNECTÉE : ENTRE PROMESSES ET DÉFIS Audrey Pulvar : secteur privé et du secteur public – (présidente de la Fondation pour la Nature et l’Homme qualité que, paraît-il, une partie du et animatrice du débat) monde nous envie. La France fait En France, on sait s’occuper des partie des pays les plus performants patients. La qualité de soins y est en matière de santé. L’espérance de importante, à la fois de la part du vie atteint les 82 ans en moyenne. Grâce aux dispositifs sociaux et au réseau hospitalier, on peut estimer, à quelques exceptions malheureuses près, que personne n’est laissé sur le carreau. Pourtant, le système semble en permanence à bout de souffle, sur le point d’imploser. Martin Hirsch, je vais commencer par vous : en quoi le numérique et la santé numérique peuvent-ils aider, sur le plan de l’organisation, à gérer au mieux les effectifs, les opérations et à effectuer le bon diagnostic ? Martin Hirsch : (directeur général de l’Assistance AUDREY Publique- Hôpitaux de Paris) PULVAR Les choses sont très simples. La révolution numérique est-elle au- jourd’hui seulement un sujet de col- 20 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 20 27/06/2018 17:42
loques ou est-elle déjà en marche ? informations sont rassemblées dans Sans faire de jeu de mots politique, un entrepôt de données de santé, qui elle est absolument présente. Nous y est l’un des plus grands au monde. sommes déjà embarqués. Nous avons 10 millions de patients, avec l’ensemble des observations Je vais donner plusieurs exemples : cliniques portées, des résultats bio- pour commencer, quand vous arrivez logiques, des images de l’intérieur de aux urgences de Cochin, la première leur corps, des prescriptions qui leur chose que l’on fait est de rentrer ont été faites, etc. C’est un instru- votre numéro, que l’on obtient avec ment considérable pour la recherche. votre nom. D’emblée, on trouve alors Aujourd’hui, nous pouvons croiser un séjour à l’hôpital Henri-Mondor le nombre d’infarctus et de mala- ou à l’hôpital Bichat, qu’importe. dies respiratoires avec les niveaux de Pour la sécurité des soins, c’est un changement majeur. Nous sommes passés des années où l’on mangeait du pain noir à essayer d’unifier les choses, à une période où l’on com- mence à recueillir le pain blanc. La deuxième chose que je voudrais dire, c’est que si ce changement a un intérêt direct pour les patients quand ils sont pris en charge dans un hôpi- tal, cet intérêt est double. Toutes ces « DES QUESTIONS IDÉOLOGIQUES MARTIN VONT TROUVER DES RÉPONSES HIRSCH SCIENTIFIQUES GRÂCE AU NUMÉRIQUE. » Martin Hirsch 21 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 21 27/06/2018 17:42
TABLE RONDE L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) est l’établissement public de santé qui exerce le rôle de centre hospitalier régional pour Paris et l’Île-de-France. Elle regroupe 39 hôpitaux, en lien avec des universités de la région. Elle emploie près de 100 000 personnes, en additionnant personnel médical, personnel soignant, personnel administratif et personnel technique. Martin Hirsch en est le directeur général depuis 2013. pollution à tel ou tel endroit. Des soient utilisées. Environ 250 000 questions qui se posaient de façon ont ouvert le mail et nous avons idéologique vont pouvoir trouver des reçu seulement 600 refus. réponses scientifiques et cliniques. Par ailleurs, maintenant, lorsqu’un patient arrive, nous lui demandons systématiquement s’il est d’accord #HÔPITAL « ZÉRO PAPIER » pour que ses données soient utilisées Ensuite, tout le monde peut consta- dans le cadre de recherches futures. ter que lorsque que l’on téléphone Mais se pose le problème des pa- à l’Assistance publique-Hôpitaux tients des vingt dernières années. de Paris (AP-HP) pour avoir un Nous avons fait un petit test en rendez-vous, il n’y a qu’une chance envoyant 400 000 mails à d’anciens sur cinq pour que quelqu’un ré- patients, afin de savoir s’ils étaient ponde. J’ai pris acte que l’on n’ar- d’accord pour que leurs données rivera jamais à atteindre le cinq sur cinq. Nous avons donc déve- loppé un système de prise de ren- 79 % des Français prêts dez-vous en ligne. Cela veut dire à partager leurs que les 10 000 médecins de l’AP- données santé HP acceptent que l’on connaisse avec les hôpitaux leur agenda. Ça n’a l’air de rien, si elles sont anonymisées. (Source : BVA/DSF) mais c’est révolutionnaire. Tous les hôpitaux seront concernés en 22 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 22 27/06/2018 17:42
2018. Mais, d’ores et déjà, là où Audrey Pulvar : nous l’avons mis en place, 10 % des Commençons par la question des rendez-vous se prennent en ligne. données. Thomas London, on sait à Enfin, dès cette année, les quel point les Français sont attachés préadmissions se feront en ligne. à leur liberté et au respect de la vie Vous donnerez votre numéro de privée. À quel point sont-ils d’accord Sécurité sociale et adieu les forma- pour livrer leurs données, et être ainsi lités et les innombrables courriers. suivis dans la façon dont ils prennent Dès cette année, nous espérons leurs médicaments, par exemple, ou avoir notre premier hôpital « zéro dans la régularité avec laquelle ils papier ». prennent leur traitement ? Mais, au-delà de la vie quotidienne, le numérique permet de faire avan- Thomas London : cer les connaissances. Si notre (président du Healthcare Data Institute) pays, qui a inventé le stéthoscope, Ils y sont prêts dans une large majo- découvert le système HLA (Hu- rité. Selon notre propre baromètre, man Leukocyte Antigen) et tant environ 80 % des patients n’y voient d’autres choses, veut continuer dans son histoire glorieuse, alors nous devons tous foncer entre clini- ciens, chercheurs et industriels. Au xx e siècle, les hôpitaux académiques ont permis de valider et d’évaluer correctement les médicaments. Ce travail, nous devons le poursuivre au xxi e siècle pour les applications. La France doit être capable de mettre sur pied l’un des trois ou quatre THOMAS centres mondiaux d’évaluation des LONDON applications, pour que les patients n’en achètent pas d’inutiles ou de contre-productives par rapport à ce que pense la médecine. Tel est l’enjeu. 23 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 23 27/06/2018 17:42
TABLE RONDE pas d’inconvénient – nous retrouvons Ce qui est encore plus intéressant, un pourcentage déjà évoqué tout à c’est que ce pourcentage atteint 90 % l’heure. Surtout, ils sont 80 % à nous chez les plus de 65 ans, qui sont dire qu’ils veulent bien partager leurs finalement les plus concernés et les données à la condition que celles-ci plus gros consommateurs du système soient utilisées de manière anonyme de santé. et que leur intimité soit protégée. Ils désirent également savoir à quoi ces données serviront, si c’est pour la recherche clinique ou pour l’amélio- #TRAÇAGE DES MÉDICAMENTS ration des prises en charge. Audrey Pulvar : Sophie Boissard, concernant juste- ment les personnes âgées en établis- sement, en EHPAD notamment, que change le numérique dans leur prise en charge et dans l’amélioration de leur quotidien ? Sophie Boissard : (directrice générale du groupe Korian) Dans cette dimension-là, le numé- rique a selon moi trois ou quatre grandes vertus. La première, c’est un saut qualitatif pour les équipes au quotidien. En moyenne, une per- sonne âgée accueillie dans une mai- son médicalisée a 6 ou 7 affections, SOPHIE soit des traitements médicamenteux BOISSARD et une supervision extrêmement régulière. Le numérique permet le Phil Constantinesco traçage dès que le médicament a été administré, dès qu’un acte a été réalisé. Une équipe peut donc savoir © 24 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 24 27/06/2018 17:42
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TABLE RONDE en temps réel ce qui a été appliqué sur la Côte d’Azur, nous accueillons et faire suivre au médecin traitant à des personnes lourdement atteintes l’extérieur. L’organisation et le niveau d’Alzheimer, avec de fortes dé- de qualité des soins dispensés en mences. L’une des caractéristiques sont actuellement bouleversés. de cette maladie, c’est que vous ne dormez plus ou que le cycle de La deuxième application du nu- sommeil est totalement inversé. Les mérique dans ce cadre concerne la personnes sont donc très actives formation des soignants. Grâce au au milieu de la nuit et risquent de numérique, nous avons mis en place tomber et de se blesser. Nous avons une bibliothèque de formation qui mené une étude pour répertorier permet de former entre 75 et 100 % les mouvements de chacune des de nos soignants sur les gestes de personnes afin que le soignant en base, mais aussi sur la prise en charge charge de l’unité puisse être capable des pathologies associées à la mala- de dire : « Tiens, là c’est un mouve- die d’Alzheimer, par exemple. Au- ment anormal. Il se passe quelque chose, jourd’hui, nous pouvons former la j’interviens. Je me branche avec mon totalité d’une équipe beaucoup plus support numérique pour allumer la ca- facilement que lorsque nous devions méra et vérif ier s’il s’est passé quelque le faire en présentiel. chose ou non. » Ensuite, il y a la qualité de vie du Cela nous a aussi amenés à revoir patient. J’ai un exemple très concret : l’organisation des soins et à nous dans l’un de nos établissements situé dire que, pour 6 ou 7 personnes, nous devions proposer une collation et des activités au milieu de la nuit, à un moment qui correspondait à un pic d’agitation. Nous n’aurions pas « ENTRE 30 000 ET 50 000 MORTS été en mesure de procéder à cet ajus- POURRAIENT ÊTRE ÉVITÉES tement sans les données numériques. CHAQUE ANNÉE EN FRANCE, Enfin, le dernier élément porte sur D’APRÈS L’OMS. » Thomas London la partie épidémiologique. Avec l’université de Versailles-Saint- 26 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 26 27/06/2018 17:42
L’épidémiologie est l’étude des pathologies au sein des populations. Elle s’attache à analyser les statistiques, fréquences et répartitions des maladies. Ce champ scientifique se décline en trois catégories : l’épidé- miologie descriptive, qui s’intéresse aux caractéristiques des maladies ; l’épidémiologie analytique, qui recherche les causes de l’apparition de telle ou telle pathologie ; et l’épidémiologie évaluative, qui – comme son nom l’indique – évalue les solutions mises en place pour mesurer leur efficacité. Quentin-en-Yvelines, nous menons enjeux économiques de notre sys- actuellement une étude avec toutes tème de santé, mais beaucoup moins les données saisies par les soignants des enjeux qualitatifs. sur la totalité de nos établissements en France. Cela représente tout de D’après l’Organisation mondiale même 20 000 lits sur dix ans, pour de la santé (OMS), entre 30 000 essayer de modéliser les épidémies et 50 000 morts seraient évitables dans la durée. Cette étude est en chaque année en France – certaines réalité une thèse qui montre que erreurs médicales étant liées à la oui, nous sommes capables, avec une variabilité des pratiques et des prises quasi-certitude, d’identifier le début en charge. Un exemple : un diabé- des épidémies et leur force. Nous tique doit vérifier quatre fonctions sommes dans une logique de préven- vitales tous les ans. Or, moins d’un tion, afin d’interagir par la suite avec diabétique sur deux reçoit en France les laboratoires et les pharmaciens ces quatre tests, contre près de 90 % pour être sûrs d’avoir les bons médi- en Allemagne, aux Pays-Bas et caments disponibles. en Angleterre. Sur ces aspects-là, les exemples donnés par Sophie Thomas London : Boissard montrent bien ce que le Je voudrais rebondir sur cette notion numérique peut apporter en termes de qualité. On parle beaucoup des de prise en charge. 27 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 27 27/06/2018 17:42
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#PATIENT CONNECTÉ de donner le pouvoir aux patients, mais de fournir les meilleurs outils Audrey Pulvar : aux établissements et aux profession- Le numérique, c’est également le nels de santé afin de leur permettre patient connecté. Stanislas Niox- de mieux gérer les patients. Chateau, vous êtes le fondateur de Doctolib. Un patient connecté, Audrey Pulvar : est-ce nécessairement un patient Vous voulez noter les médecins ? formé, responsabilisé, acteur de sa santé ? Ou est-ce avant tout un Stanislas Niox-Chateau : « emmerdeur » qui remet en cause Absolument pas. Pour faire simple, il le diagnostic de son médecin et s’in- y a quatre axes de digitalisation de la vente des maladies ? santé. Le premier regroupe tous les outils permettant de mieux organi- Stanislas Niox-Chateau : (fondateur et CEO de Doctolib) Pour moi, un patient connecté est bien sûr un patient acteur de sa san- té. C’est un patient qui se rapproche des praticiens et des établissements. C’est un patient qui accède plus faci- lement aux soins. Nous avons créé notre concept avec l’objectif de fluidifier l’accès aux soins. Il existe de nombreuses autres start-up d’e-santé qui essaient de faire de même. Aujourd’hui, les délais d’attente sont souvent longs, les parcours opaques, complexes, et l’in- formation des patients relativement Phil Constantinesco STANISLAS faible. L’accès aux soins est difficile et NIOX-CHATEAU la gestion de la santé par les patients est quasi inexistante. Il ne s’agit pas © 29 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 29 27/06/2018 17:42
TABLE RONDE Le terme digitalisation s’inspire de l’anglais digit, qui signifie « chiffre ». En français, son équivalent exact serait numérisation, soit la conversion d’informations – textes, images, sons – en données numériques pouvant être traitées par des outils informatiques. ser les hôpitaux et les cabinets. Le Audrey Pulvar : deuxième concerne le rapprochement Pour le moment, Doctolib marche des patients et des praticiens. Le très bien. Cela signifie-t-il qu’il y troisième, c’est la collaboration des avait un fort besoin pour les pa- praticiens entre eux, pas seulement tients, mais aussi pour les personnels entre la ville et l’hôpital, mais aussi soignants, les organismes de santé, dans la ville. Enfin, le quatrième axe les hôpitaux et les cliniques, d’avoir consiste à faire du patient un acteur cet outil d’optimisation et de lien ? de sa santé. Stanislas Niox-Chateau : Aujourd’hui, sur ces quatre axes Aujourd’hui, clairement, pour fa- se sont développées quantités de ciliter l’accès aux soins, à ses se- start-up. J’ai entendu le nombre crétariats et gérer les rendez-vous de 259 000 applications tout à non honorés, pour acquérir de la l’heure. Mais le seul axe véritable- clientèle, un établissement se doit ment opérationnel est le premier. de disposer des outils du numérique. Les trois autres n’existent pas, et pas Quand les délais d’attente sont trop seulement en France. Notre pari, et longs, quand on ne peut pas prendre celui d’autres start-up d’e-santé, c’est d’essayer de fournir le meilleur outil pour transformer la relation entre le 60 % des Français patient et le médecin, entre les pra- ne sont pas ticiens, et faire du patient un acteur favorables au de sa santé. Nous ne sommes pas développement sur des innovations médicales, mais des consultations médicales par sur des innovations de services pour internet. (Source : BVA/DSF) améliorer l’efficacité du système. 30 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 30 27/06/2018 17:42
un rendez-vous à l’AP-HP, quand il CNRS et Inserm. Nous disposons existe trop peu de liens entre la ville d’un réseau hospitalo-universitaire et l’hôpital, des outils comme le qui fait des envieux dans le monde nôtre permettent véritablement de entier. Nous avons 22 000 pharma- rapprocher les patients des profes- cies qui reçoivent chaque jour plus sionnels. de 3 millions de personnes. Comment Sanofi se positionne par #SANTÉ, BUSINESS rapport à la santé ? Que pouvons- nous apporter rapidement ? 45 % de ET RECHERCHE nos efforts en recherche et dévelop- Audrey Pulvar : pement (R&D) sur le plan mondial Guillaume Leroy, vous êtes pré- se font sur le territoire français, en sident-directeur général de Sanofi partie grâce à cet écosystème. Aventis France. Stéphane Richard parlait en introduction du bien-être de l’humanité que permet le numé- rique, au-delà du « business ». Avec vous, va-t-on rêver également ou avoir peur ? Guillaume Leroy : (Président directeur général de Sanofi Aventis France) Je ne sais pas si l’on va rêver. Mais les exemples que l’on vient d’évoquer montrent bien qu’en France l’écosys- tème de la santé est considérable- ment augmenté dans ses capacités avec l’arrivée du numérique. GUILLAUME LEROY En France, nous avons les plus prestigieux centres de recherche fondamentale du monde. Trois des dix premiers sont français : CEA, 31 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 31 27/06/2018 17:42
TABLE RONDE Thomas Raffoux © 32 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 32 27/06/2018 17:42
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TABLE RONDE Le sigle CEA désigne le Commissariat à l’énergie atomique et aux éner- gies alternatives. Il s’agit d’un organisme de recherche travaillant dans les domaines de l’énergie, de la défense, des sciences de la vie et de la santé. Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) est le plus grand organisme public français de recherche scientifique. Sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, il s’étend à tous les domaines du savoir. Quant à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médi- cale), autre établissement public, il investit particulièrement les champs de la biologie, de la génétique, de la physiologie et de l’épidémiologie. Le numérique va d’abord servir la le temps d’inclusion de ces patients recherche. Je donne un exemple très est aussi très long. Sanofi, avec des concret, à propos des maladies rares. collaborations externes suivant Par définition, elles sont difficiles notre modèle de recherche, trouve à diagnostiquer. Parfois, un patient des moyens avec le numérique d’aller erre pendant cinq, dix, quinze ans beaucoup plus vite dans l’inclusion avant d’avoir enfin le bon diagnostic, des patients – ce qui permet parfois qui va ensuite permettre la mise en de gagner plus de deux ans sur une place d’un protocole thérapeutique, seule étude. et être potentiellement en mesure de participer à la recherche fonda- Après, il y a le bon usage du médi- mentale. Le numérique va nous faire cament. Un médicament n’est pas gagner un temps considérable sur le un produit comme un autre. Ce qui dépistage de ces maladies rares, et le caractérise est son importance donc sur la compréhension de la ma- au moment où il sera utilisé par le ladie et l’amélioration des solutions. patient. Le meilleur médicament du monde pris à la mauvaise heure aura Dans les études cliniques, lorsqu’on un effet négatif, si ce n’est dangereux cherche des éléments très spécifiques pour le patient. Le numérique peut sur des patients très particuliers, apporter cette connexion entre le 34 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 34 27/06/2018 17:42
patient, son médicament et son pro- caractéristiques. Cela revient à passer fessionnel de santé. Il peut permettre de l’industriel au sur-mesure – ce qui d’éviter le gaspillage, garantir le bon est plutôt une bonne nouvelle. Mais, traitement pour le bon patient, et en même temps, c’était tout de même ainsi globalement améliorer la santé sympa de passer un peu de temps en France. avec son médecin qui vous deman- dait des nouvelles de vos parents ou Martin Hirsch : de vos enfants. Là, nous passons à Nous assistons à un combat passion- une relation plus impersonnelle avec nant entre médecine personnalisée un professionnel en face de vous qui et médecin dépersonnalisé. Nous vous dira via un écran : « J’ai regardé allons passer de la fabrication d’un vos data, il faudrait que vous fassiez médicament que l’on va administrer ceci ou cela. » Le rapport humain à des millions ou des dizaines de disparaît. millions de patients – des choses assez standardisées – à des traite- Ce combat est comme la tempête ments ciblés particuliers, prenant en dans le crâne de Jean Valjean. Com- compte le mode de vie du patient, ment utiliser ces technologies ex- son patrimoine génétique et d’autres traordinaires et se débarrasser de tas de choses qui prennent du temps, génèrent de l’incertitude, laissent passer des fautes, tout en gardant une « LE MEILLEUR MÉDICAMENT DU relation humaine forte ? Notre pays MONDE PRIS À LA MAUVAISE a une certaine tradition du colloque singulier de la médecine, mais en a HEURE AURA UN EFFET NÉGATIF. gardé le pire, comme le paiement à LE NUMÉRIQUE PEUT l’acte, qui est un obstacle au travail collectif. Le paiement à l’acte n’est PERMETTRE D’ÉVITER CE pas qu’une question de sous. Tel GASPILLAGE ET GARANTIR qu’il est organisé, il induit surtout des comportements anti-coopéra- LE BON TRAITEMENT. » tifs entre les professionnels. Nous Guillaume Leroy sommes concurrents les uns des autres. Pourra-t-on utiliser ces outils 35 000_DSFsanté_2e PARTIE TABLE RONDE v 5.indd 35 27/06/2018 17:42
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