56 Journal de l'adc Association pour la danse contemporaine Genève
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Janvier — mars 2012 — adc / association pour la danse contemporaine 56 Journal de l’adc Le Pavillon de la danse se dessine Focus Culture et sport, le coup d’envoi À l’affiche Thomas Lebrun / Daniel Linehan / William Association pour la danse contemporaine Genève Forsythe / Perrine Valli / Pierre Droulers Dossier 1207 Genève P.P. Salle des Eaux-Vives 82 − 84 rue des Eaux-Vives CH −1207 Genève
2 / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 L’adc de janvier à mars 2012 Thomas Lebrun Six order pieces du 11 au 15 janvier 2012 Salle des Eaux-Vives Martin Zimmermann & Dimitri de Perrot Hans was Heiri le 20 janvier 2012 Bus en-cas au Théâtre de Vidy à Lausanne Daniel Linehan Zombie Aporia du 2 au 4 février 2012 Salle des Eaux-Vives En collaboration avec le Festival Antigel William Forsythe / The Forsythe Company Human Writes les 23, 24 et 25 février 2012 ONU – Palais des Nations En collaboration avec le Festival Antigel Perrine Valli Si dans cette chambre un ami attend… du 14 au 25 mars 2012 Salle des Eaux-Vives Akram Khan Company Desh le 16 mars 2012 Bus en-cas à la Maison de la culture MC2 à Grenoble Pierre Droulers de l’air et du vent du 28 au 31 mars 2012 Salle des Eaux-Vives
Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 / 3 Focus Dossier 4 -6 22 - 23 24 - 25 Culture et sport, Sturm und danse Place à prendre le coup d’envoi « Le Pavillon doit être un Petite histoire Un regard sur une nouvelle révélateur », entretien avec de la place Sturm alliance par Dominique Christophe Catsaros par David Ripoll Hartmann A l’affiche Bus, livres, chronique Carnet de bal Edito 10 - 11 26 - 27 28 - 29 Pavillon de la danse : Six order pieces Thomas Lebrun Les bus en-cas de l’adc Que font les danseurs genevois Hissez haut ! A Genève, à ce jour, il n’existe toujours pas de lieu spécifi- et autres nouvelles que pour la danse contemporaine. Pas de scène appropriée Une sélection 12 - 13 de la danse pour cette discipline artistique. Le Pavillon de la danse, des dernières Zombie Aporia aujourd’hui sur la table du Conseil municipal de la Ville de acquisitions Genève, doit changer cela. Daniel Linehan du centre de Histoires de corps Le projet d’un lieu pour la danse s’est formulé en 1997. documentation La commune de Lancy aurait pu l’accueillir. Mais ce projet, 14 - 15 30 porté alors par l’adc et un groupe de travail constitué du de l’adc Human Writes Une danseuse milieu professionnel de la danse, n’a pas abouti. Un réfé- William Forsythe La chronique se raconte en trois rendum communal a enterré en 2006 la Maison de la danse sur le gaz mouvements : et le centre socioculturel qui devait l’abriter. « Nous avons 16 - 17 de Claude Ratzé perdu une bataille longue et passionnante, écrivions-nous Tamara Bacci alors dans le Journal de l’adc. Nous sommes déçus, mais Si dans cette chambre paradoxalement, nous n’avons jamais parlé autant de la un ami attend... danse à Genève. Enterrée une fois, mais pas morte ! » Perrine Valli Mémentos Au lendemain de cet échec, nous avons repris la quête. Nous avons étudié une vingtaine de pistes, pour aboutir 18 - 19 31 aujourd’hui au projet d’un Pavillon sur la place Sturm. Le Lieux choisis en Conseil administratif, convaincu, l’a présenté en mars der- de l’air et du vent nier au Conseil municipal. Celui-ci doit se prononcer dans Pierre Droulers Suisse et France les prochains mois sur l’ouverture d’un crédit destiné au voisine concours et à l’étude de ce projet. Toutes les bonnes fées semblent enfin rassemblées autour du berceau d’un projet réjouissant pour la danse comme pour la ville (voir notre dossier pages 22 à 25). Le Pavillon de la danse pourrait voir le jour en 2016, soit près de vingt ans après sa première esquisse. Alors que de nombreux chorégraphes genevois s’imposent, travaillent et portent haut les couleurs de Genève dans toute l’Europe et au-delà, il serait temps qu’une scène adéquate, spécifique, dédiée leur soit construite. Une scène identifiée comme le lieu d’où émanent des propositions de danse contemporaine per- mettra assurément de travailler en profondeur avec un pu- blic constitué et conséquent, ou à conquérir encore. Bref, il y a qualité et quantité pour provoquer un saut en avant. Pour que la Genève de l’an 2016 danse, il lui faut ce lieu. De la longueur, de la largeur et de la hauteur en suffi- Association pour la danse David Ripoll, Gerald Sigmung, sance. Mais nous le savons, l’occasion a beau être belle, il contemporaine (adc) Cécile Simonet, Bertrand Tappolet Rue des Eaux-Vives 82−84 Graphisme : Silvia Francia, blvdr faut savoir la saisir. De la bravoure et de la volonté seront 1207 Genève Impression : SRO Kundig encore nécessaires pour ne pas voir trembler au dernier tél. +41 22 329 44 00 Tirage : 8’500 exemplaires fax +41 22 329 44 27 Janvier 2012 moment la main du destin qui semble en passe de s’accom- info@adc-geneve.ch Prochaine parution : plir. Sous peine de voir le Pavillon s’évanouir comme une www.adc-geneve.ch avril 2012 Ce journal est réalisé Fata Morgana. Anne Davier Responsable de publication : sur du papier recyclé. Claude Ratzé Rédactrice en chef : Photo de couverture : Anne Davier Human Writes de William Forsythe Comité de rédaction : Photo : Dominik Mentzos Caroline Coutau, Anne Davier, L’ADC bénéficie du soutien de la Ville Thierry Mertenat, Claude Ratzé de Genève, de la République et canton Secrétariat de rédaction : de Genève et de la Loterie Romande. Manon Pulver Ont collaboré à ce numéro : Gregory Batardon, Anne Davier, Philippe Guisgand, Dominique Hartmann, Herrmann, Denis Laurent, Didier Péron, Claude Ratzé,
4 / Focus / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 Focus Culture et sport, le coup d’envoi En Ville de Genève, le sport a désormais rejoint la culture, comme au Canton. Quel est la portée de ce nouveau découpage ? L’éloge du spectaculaire va-t-il gagner la culture ? Confiance et circonspection s’expriment à ce propos, alors que la Ville se veut rassurante et développe des synergies. Et si c’était la faute à la danse ? C omme aucune autre disci- aussi bien mettre les sports aux pline artistique, celle-ci vit affaires étrangères », lance-t-il. La de l’effort physique, de la culture vise « la création de formes transformation des corps, et de sens symbolique », rappelle de la beauté du geste. Comme Sylviane Dupuis, auteure et profes- aucune autre discipline, elle trace seure de littérature à l’Université de donc une voie royale vers le sport Genève. Dans cette optique, le sport et suggère avec lui des accointan- et la culture semblent en effet de ces. Pour Foofwa d’Imobilité, le plus bien lointains parents. Désormais, sportif des danseurs de la place, les ils sont pourtant regroupés au sein deux domaines sont pourtant aux du même (très gros) département antipodes, même si les brillantes à la Ville de Genève. Or, le premier contorsions du chorégraphe Phi- s’adresse surtout à des amateurs, lippe Decouflé, inaugurant les Jeux la seconde essentiellement à des olympiques d’Albertville, ont pu fai- professionnels. Traditionnellement, re rêver le contraire. « Le sport est leurs modes de financement di- le règne du quantitatif et de l’objec- vergent, et les infrastructures de tif : un match peut être qualifié de l’un ne sont pas celles de l’autre. “ beau”, si l’équipe n’a pas marqué, Qu’ont-ils donc à se dire ? elle dégringole au classement », relève le chorégraphe. « Qualitatif Le plein de synergies et subjectif, l’art est au contraire Sami Kanaan, le magistrat en affaire de goût et de perceptions. » charge du département se dit très Auteur de performances sportivo- conscient de ces différences. S’il a chorégraphiques, Foofwa juge inté- tenu à rattacher à la culture le sport ressant de les confronter ponctuel- qu’il dirigeait au Département de lement, mais reste perplexe quant la cohésion sociale, de la jeunesse au regroupement de deux secteurs et des sports de la Ville de Genève, aussi distincts au sein d’un même entre 2007 et 2010, c’est pour deux département. « On pourrait tout raisons : parce que « sport et culture
Focus / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 / 5 font partie des domaines d’autono- d’exploitation des infrastructures. mie de la Ville », où les communes « Quand Antigel a organisé ce spec- jouent un rôle primordial face à tacle au Centre sportif de la Queue l’état ; et parce que bien des sy- d’Arve, il a fallu fermer la halle de nergies s’esquissent entre ceux-ci. badminton plusieurs jours, en rai- Pour Philippe Voirol, chef du ser- son de l’aménagement technique vices des sports, être rattaché à la nécessaire. Allez expliquer cela aux culture après l’avoir été à la cohé- sportifs », nuance Sami Kanaan, qui sion sociale et à la sécurité est un n’envisage que des alliances ponc- défi passionnant — et la preuve que tuelles. Sans compter que la pénu- le sport a plus d’une utilité dans la rie régulièrement rappelée par les société. milieux culturels ne concerne pas Parmi les synergies possibles, simplement les lieux de représen- celle du public. Pas plus que celui tations mais également ceux de qui vient transpirer deux fois par répétitions. Mais c’est surtout sur le semaine à son cours de tchoukball terrain politique qu’Antigel a balisé ou de tennis, le public qui fréquente le terrain en réussissant à échafau- les salles de spectacle n’est obligé der des projets culturels communs de le faire. Ces publics sont non avec douze communes, qui ont mis captifs — contrairement à ceux de à disposition certaines infrastruc- la santé ou des transports. Il s’agit tures, notamment sportives. Sami donc de les séduire et de les fidé- Kanaan entend bien favoriser à son liser. « Surtout que la pratique du tour cette « fluidité » et « inviter les sport s’est beaucoup individualisée, communes à ne pas être trop pro- rappelle Philippe Voirol. Autrefois, tectionnistes ». on adhérait à un club d’athlétisme. Autre convergence citée entre Aujourd’hui, on chausse ses bas- sport et culture, celle qui concerne kets et on va courir tout seul ». Cer- les modes de financement. L’art ly- taines des stratégies élaborées rique compte déjà sur de généreux pour un public pourraient ainsi mécènes, l’art contemporain ne s’appliquer à un autre. Et pour sus- recule pas devant les partenariats citer de nouveaux publics, rien de public-privé, et le sport en est très tel que de mettre un peu de mou- coutumier. Pourtant, le reste de la vement dans la culture. C’est ce que culture est traditionnellement plu- tentera au printemps prochain une tôt éloigné de ce type de finance- exposition consacrée aux glaciers, ment. « Une grande transparence et à laquelle le nouveau département un cadre de fonctionnement strict a adjoint les sports extrêmes pour sont nécessaires, en effet », estime décliner la thématique. Et les férus le magistrat. « Ces deux garde-fous de sport de franchir ainsi la porte du devraient éviter au département de musée — s’ils n’y vont pas déjà. Car glisser par exemple vers une priva- l’heure est aux tâtonnements, re- tisation des infrastructures publi- connaît Jérôme Faas, bras droit du ques. » Parmi les règles de cohé- magistrat. « Il s’agit à la fois de mul- rence, le choix des partenaires et la tiplier les portes d’entrées et d’ac- provenance des fonds. Au départe- quérir une meilleure connaissance ment, une personne a précisément de nos publics. » été chargée de poser un cadre transversal — du sport à la culture — Dans le même bain et de déterminer quels partenariats En février 2011, le tout nouveau sont envisageables. festival de danse et de musique Antigel avait joué sans le savoir les Un souci de cohésion précurseurs en mêlant lieux spor- sociale tifs et culturels pour certains de ses Mais la culture et les sports ne spectacles : que l’on pense à son convergent pas seulement, ils se concert subaquatique, plongé dans distinguent aussi : le département les Bains de Cressy, et à Badminton s’adresse à des professionnels Soundsystem, où les mouvements, pour la première, à des amateurs coups de raquettes et respirations pour la seconde qui soutient la pra- des joueurs fournissaient la ma- tique sportive de loisirs. Court-on tière première d’une composition le risque de mesurer l’une à l’aune sonore effectuée en temps réel. « Si de l’autre ? Sami Kanaan se veut vous organisez des événements rassurant : « Nous sommes très culturels dans un centre de sport, conscients des différences qui une partie des athlètes seront là, existent entre sport et culture, et bien sûr », souligne Philippe Voi- entre les différents domaines cultu- rol. Mais cette alliance a aussi ses rels. Il ne s’agit pas de dénaturer la limites, en tout cas en matière création, qui suppose un travail pro-
6 / Dossier / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 fessionnel et repose souvent sur de symboliques, de textes, de sens Vite, un poste Réunis désormais au sein du même département solides formations. » Et d’évoquer encore une autre alliance possible : ou de visions du monde ». « La Ville va-t-elle penser la politique cultu- Tout comme le sport municipal qui relle comme on pense le sport ? », municipal, la culture et les sports devront peu à peu affiche une volonté de prévention poursuit Myriam Kridi. « C’est un accorder leurs violons. Pour l’heure, il n’y aurait à de la santé — physique, mentale — peu dans l’air du temps, en tout cas, signaler que de la curiosité, un certain enthousiasme une partie de la culture aurait un notamment en France. Et que le même. Celui que peuvent générer des approches très rôle à jouer sur le plan social. « La meilleur gagne… ? » culture a sa propre légitimité et cer- Dominique Hartmann différentes, par exemple sur la façon de communiquer. tains spectacles n’ont pas d’autre « Chacun doit se mettre à niveau et s’intéresser à justification qu’esthétique. Et les l’autre, rappelle Jérôme Faas, adjoint de direction. premiers critères de soutien finan- Chacun, mais peut-être surtout les nouveaux venus. cier resteront la valeur artistique Car la culture reste le poids lourd du département. d’un projet, insiste le magistrat. Sur les 1’500 postes que compte celui-ci, 200 seule- Pourtant, la culture est aussi un for- ment ressortissent au sport. midable levier en matière de cohé- La culture pèse quelque 300 millions au projet de sion sociale. A Genève, cela compte, budget 2012, le sport 48,5 millions environ. Au budget où cet enjeu est si important, par exemple face aux populations mi- 2012 — « rattrapé au vol, rappelle Jérôme Faas, le vrai grantes. J’aimerais amener une par- budget Kanaan, ce sera en 2013 » — pas encore d’aug- tie de la culture à sortir de ses murs, mentation massive en faveur de tels ou tels projets. à quitter ses circuits habituels pour Mais pour administrer tout un nouveau secteur sans aller vers d’autres publics. On peut rogner sur les besoins de l’autre, il faudra des moyens. penser à des expos itinérantes, à Pour l’heure, le rattachement des sports au Départe- des activités culturelles décentrali- ment de la culture n’a pas conduit à étoffer sa direc- sées dans les quartiers et sollicitant tion. «Le magistrat souhaite néanmoins qu’un adjoint les associations. » de direction chargé des sports rejoigne rapidement l’équipe de direction, précise Jérôme Faas. La création Du symbole au football L’heure est donc plutôt aux tâton- de ce poste dépend bien entendu de l’approbation du nements — et aux formulations pru- Conseil municipal. » Affaire à suivre, donc. dentes. A la recherche de publics DH nouveaux ou aux contours plus nets, à la mise en place de modèles financiers, aux synergies à activer. Photos DR / Montage graphique : Silvia Francia Dans le milieu culturel, les person- nes interrogées se disent plutôt confiantes à l’égard du nouveau magistrat — ou un peu fataliste : « Le sport étant devenu la (seule) culture de beaucoup, il fallait bien que ce mariage (politique) eût lieu », observe Sylviane Dupuis, qui note que « peut-être le sport en aura- t-il parfois aidés quelques-uns à s’émanciper et à se trouver eux-mê- mes, comme le fait la culture ». « Ce regroupement rapproche l’organi- sation de la Ville et celui de l’Etat, ce qui pourrait éviter des blocages », juge Myriam Kridi, programmatrice du Théâtre de l’Usine. Mais une cer- taine circonspection pointe aussi. Car une inquiétude plus profonde plane quant à la place de la culture, qui « dépasse largement le nouveau Département de la culture et des sports, précise Sylviane Dupuis : celle de voir tout ce que nous avons appelé culture (art, littérature, théâ- tre, poésie, danse, musique, etc.), tomber bientôt aux oubliettes, les Facultés de communication rem- plaçant peu à peu les Facultés des lettres ou les départements de lit- térature, philosophie ou d’histoire de l’art, et le sport et les jeux en arri- vant à se confondre peu à peu avec la création de formes et d’images
Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 / 7 Danse Elektro Kif Blanca Li / Ma 31 janvier 2012 www.forum-meyrin.ch Image © Laurent Paillier Tél. 022 989 34 34 Place des Cinq-Continents 1 I 1217 Meyrin Service culturel Migros Genève I Stand Info Balexert Migros Nyon-La Combe
8 / Mémento / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 SAISON
Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 / 9 bWYekb[khZ[i`ekhi hi h s.c ur sjo de ur k 4" ule a co w.l `e ww i h Z[ 4#$ ,"!" b[k 4 Yek # (#4 4 4 '4)"#4 e èv 4 bW en " 1G 20 ,) 4 B1 JA !4 " 4 !*4 4 " !4 (4 #!4 ! ! ! # 7.– HF ·C !4'4 2 : 01 " 1-2 ire i 01 r2 4 " ) 4 ive ·h a o 2 N z mm n 4 " u so ergo sier a a B ois 4 ! 4 & " ( + 4,!) ) ! ! o n ! icc s B rd Ch Loui Cha bes an - th co aux Je isabe Des off ten m " 4 4' 4,# El que cal G ie I er " 4 % 4 4 mi n i s a n Pa Mél Iun lois c k ! ! 4 Do e ev Lan ige g r , 4 *4/24 Ste hel obs sch c L r ( ! Mi rie Loe aire 4 4 ! 4, x au / lé off é i Va ndr ric M ghin l G aire e sca M n 4 ! 44 / Pa éric Seig es réd ude A dé en re t mb / F sco rsch let / A 4 e u é r D e o ue é Lo de R Fr eu M Pe ère iniq dr 4 l ) om An anie ! *4 / D er / / D n i thi Jea anc tez on sig tez ard Lob ebe !4 h C rie R ! 4 "! Ma eth alé stin n sab / V ugu ora s R be t Eli is r / glo re / onia A Z ue Re oul e e sie an iè ois hel L Ranc m / S ) 4 B is Mic es aze cq stin 04 4-34") .4 ou u n-L ker / Jacq rre W a R n ea / / J Iunc rret / Pie J e gu iel d Sei tler g zi on eve Pe era B erg Ste Jean Tav u n / i/ ca rie hic Ite ghin / Ma A an ude tet ra S 124 rC ie n r pa élan Me ttle u e / M thie e St D A e S ave Ma érôm ( 4")404 /J m ie T zem rô Q Jé Mar Wa oran !4 4 4 " rre Z Pie onia S ! S ennhauser Creat ive Consul ting """
10 / A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 de janvier à mars les spectacles présentés par l’adc Six order pieces − du 11 au 15 janvier − Philippe Guisgand rencontre pour le Journal de l’adc Thomas Lebrun à Roubaix, Philippe Guisgand : Quelles sont order pieces, c’est plutôt une ma- n’est pas chorégraphié, je vois deux les raisons qui t’ont amené à re- nière d’entrer dans la création ; c’est états de corps différents : il y a un venir à un projet d’interprète ? aussi son combustible. La pièce combat contre l’air, jusqu’à l’épuise- Thomas Lebrun : Il y en a plusieurs. questionne plutôt la notion d’ordre. ment et un moment où je m’écroule En premier lieu, depuis 2006, je mais sans disparaître. Ce sont deux dansais surtout des soli que j’avais L’ordre est un point de départ, états de résistance différents. C’est moi-même chorégraphiés. Et j’avais mais de quel ordre s’agit-il ? L’or- en cela que je vais parler d’état de envie d’être à nouveau l’interprète dre donné ? La mise en ordre ? corps. Ainsi dans le dernier solo, d’autres personnes, d’être nourri par C’est tout cela et plus encore. Cha- je dois repasser par les états des eux. Par ailleurs, la quarantaine ap- que artiste avait la liberté de l’en- autres soli : planant, violent, enfermé prochant (rire), je voulais aussi me tendre comme il le souhaitait. Cer- ou anéanti. Parfois avec une pensée, lancer un défi physique. Plus spéci- tains ont évoqué la guerre : le solo parfois à l’aide d’une sensation. Ces fiquement, j’ai commandé un solo à de Bernard Glandier était inspiré changements sont épuisants mais Michèle Noiret avec qui j’attendais d’un jeu d’enfants dans les camps intéressants. Pour moi, l’écriture est une occasion de rencontre depuis de concentration ; Charlotte, avec un moyen, mais les états de corps dix ans. Je voulais aussi reprendre les trains, suggérait l’idée de dé- constituent le fond. C’est ce qui fait où ils évoquent Six order pieces. un solo de Bernard Glandier, le pre- portation ainsi que Jean-Marc avec danse dans cette pièce. mier chorégraphe avec qui j’ai tra- des faisceaux et des lieux resserrés vaillé, et qui m’avait légué et trans- sur des extraits de Das Berliner Re- Tu parles « d’entre-deux » à pro- mis son solo Pouce ! en 1999, avant quiem. Michèle l’a plutôt entendu pos de Six order pieces : entre de décéder. Un solo que je n’avais comme une alternance entre or- commande et coécriture, entre plus dansé depuis longtemps. Je dre et désordre. Ursula a travaillé écriture et interprétation. Cet es- voulais également collaborer avec sur la violence de l’ordre donné, pace « entre » est le lieu de l’œu- des artistes qui n’étaient pas choré- citant Full Metal Jacket pour gui- vre mais il est aussi celui des graphes. La réalisatrice Ursula Meier der la densité physique de mon demandes et adresses de sept dont les films impliquent toujours la interprétation. Mais pour moi le protagonistes : peux-tu préciser question du mouvement et qui me projet questionnait aussi la mise la nature de ces échanges ? guidait comme on dirige un acteur en ordre de toutes ces proposi- Je ne parlerai pas d’espace mais de sur un plateau de cinéma. La vidéas- tions. Il fallait tenir compte à la fois lien « entre » ; du lien entre la vidéo te Charlotte Rousseau qui m’a pro- de la physicalité de chacune (trois et la danse par exemple. Je préfère posé un film à partir duquel elle m’a rapides et trois plus lentes) mais parler de connexion, de rencontre, dirigé chorégraphiquement. Même aussi du rythme général de la piè- car l’espace dont tu parles est pour principe avec une création lumière ce. Car je ne voulais pas de transi- moi synonyme d’éloignement. Com- de Jean-Marc Serre qui a servi de tions clairement marquées entre ment remplir cet espace dans le point de départ à un choix musical les soli. Je ne voulais pas que des cas de tel projet précis ? Comment commun et à ma proposition dan- spectateurs puissent identifier qui se mettre d’accord ? Avec Scanner sée qu’il a dirigée. Enfin, j’ai donné à a fait quoi. Beaucoup, public com- par exemple, j’ai reçu la musique Scanner, un compositeur londonien, me journalistes, s’y sont d’ailleurs et je l’ai remercié sans autre forme l’ensemble des musiques pour qu’il trompés. d’échange car je n’avais besoin de me propose en retour une synthèse rien d’autre. Pour les autres, il fallait des propositions. En réponse, j’ai A propos de cette pièce, tu par- que la danse soit présente ; j’ai donc conçu le dernier solo comme une les volontiers d’états de corps, poussé ou résisté, comme n’impor- synthèse de tous les vocabulaires trouvant intéressant de saisir ce te quel interprète. Il y a eu de réels précédents. que cette idée sous-entendait dialogues, tous différents, mais tou- pour des artistes qui ne dansent jours sur un registre sensible. Mais l’interprétation est-elle un pas. C’est un mot très usité dans Propos recueillis par Philippe Guisgand sujet central de la pièce ? le monde chorégraphique mais Toute pièce est concernée par son il a tendance à résumer une ex- interprétation, c’est le cas pour La périence plutôt qu’à en rendre Jeune fille et la Mort sur laquelle je compte… Qu’est-ce que cette travaille en ce moment à partir de expression signifie pour toi ? cette œuvre musicale magistrale de Je vais prendre l’exemple du solo Schubert. Mais dans le cas de Six d’Ursula Meier. Dans ce solo qui
A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 / 11 Repères biographiques Né en 1974, Thomas Lebrun est danseur, chorégraphe et pédagogue. Formé au Conservatoire de Lille, interprète de Bernard Glandier, Daniel Larrieu ou encore Christine Bastin, il enseigne un temps avant de fonder en 2000 la Cie Illico. Il prend en janvier 2012 la tête du Centre chorégraphique national de Tours. Parmi ses pièces, Mimesix (2005) cosigné avec Foofwa d’Imobilité, Switch (2007), La Constellation consternée (2008), Itinéraire d’un danseur grassouillet (2009). Six order pieces Un solo de Thomas Lebrun / Compagnie Illico Six pièces courtes créées en collaboration avec six artistes invités. Conception, chorégraphie et interprétation : Thomas Lebrun Collaborations artistiques et chorégraphies : Bernard Glandier (chorégraphe), Ursula Meier (scénariste/réalisatrice), Michèle Noiret (chorégraphe), Charlotte Rousseau (vidéaste), Scanner (compositeur), Jean-Marc Serre (créateur lumière) Assistante : Anne-Emmanuelle Deroo Création lumière : Jean-Marc Serre Costumes : Jeanne Guellaff Régie lumière : Jean-Marc Serre Régie son : Mélodie Souquet Régie vidéo : Charlotte Rousseau Salle des Eaux-Vives Du 11 au 15 janvier à 20h30 Samedi à 19h, dimanche à 18h Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du jeudi 12 janvier Billetterie : www.adc-geneve.ch Tél. adc : 022 320 06 06 Service culturel Migros / Stand Info Balexert / Migros Nyon La Combe. Atelier du regard Animé par Philippe Guisgand le jeudi 12 janvier autour du spectacle de Thomas Lebrun infos et réservations : www.adc-geneve.ch Photos : Frédérik Lovino
Zombie Aporia — du 2 au 4 février — Le chorégraphe américain Daniel Linehan brille dans un nouveau spectacle en forme de laboratoire pour gestes, respirations et chants. 12 / A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 Photos : Luc Tanghe
A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 / 13 Repères biographiques Surgi de la scène avant-gardiste qui cherche une idée pas encore ré- Daniel Linehan a travaillé comme danseur et chorégraphe à Brooklyn. new-yorkaise, le chorégraphe Da- férencée, associant dans le moteur Il collabore avec Michael Helland niel Linehan s’est imposé en à peine de recherche et un moment de folie pour de nombreux duos présentés à trois ans. Son coup de force origi- les mots « morts vivants » et « apo- New York, Philadelphie et Montréal. En 2007-2008, il est artiste en naire, Not About Everything (2008), rie » (ou « contradiction logique »). résidence au Movement Research. empruntait à la fois au registre Sur le plateau nu, le spectacle se Il crée en 2004 Digested Noise, puis The Sun Came et Human Content de la performance et du slam. Le découpe en huit séquences comme Pile. Le public européen le découvre jeune homme faisait la toupie sur huit chansons dans un concert. Les en 2008 aux Rencontres chorégraphiques internationales de lui-même pendant une demi-heure trois danseurs chantent, d’ailleurs, Seine-Saint-Denis avec le solo Not en clamant des phrases sur tout ce ou font des bruits de boîtes à rythme About Everything. Il s’est récemment installé à Bruxelles pour assister au que cette danse n’était pas : pas avec leur bouche et leur thorax. Ils cycle de recherche P.A.R.T.S. une thérapie, pas une protestation ne peuvent s’agripper qu’à la seule Zombie Aporia contre la guerre en Irak, pas un vibration produite par la vitesse de Chorégraphie : Daniel Linehan Interprétation : Daniel Linehan, geste de désespoir... leur corps, en proie au tempo qu’ils Salka Ardal Rosengren, Thibault Lac Pourtant, il parvenait à écrire émettent et que Linehan, pervers, Lumière : Brian Broeders une lettre manuscrite en continuant perturbe par des contraintes diver- Répétiteur voix : Jonas Cole de tourner et de faire tout un tas de ses. Salka beugle ainsi Anarchy in trucs mauvais pour les spectateurs the UK des Sex Pistols tandis que Salle des Eaux-Vives fragiles de l’oreille interne (nausée), Thibault l’étrangle ou la porte, tête L’adc en collaboration avec le Festival Antigel lesquels attendaient en leur for inté- à l’envers, sur son dos. Dans le solo du 2 au 4 février à 20h30 rieur qu’il s’effondrât dans son vomi. Human, un écran montre la vue sub- samedi à 19h jective de Linehan comme s’il portait Billetterie : www.adc-geneve.ch Tél. adc : 022 320 06 06 Tourment Pas du tout. Il s’arrêtait une caméra à la place des yeux. Ce Service culturel Migros / Stand Info et saluait le public, pas même titu- qui ressemble à dix minutes de Balexert / Migros Nyon La Combe. bant. La pièce suivante, Montage crise d’angoisse verbalisée (« Lais- for Three, il ne la dansera pas seul, sez-moi régresser, laissez-moi ré- Ce spectacle remplace Narcisses 0, mais avec la jeune Suédoise Salka gresser... ») est en fait un exercice 1 et 2 de Coraline Lamaison. Ardai Rosengren, qu’on retrouve virtuose de synchronisation avec Narcisse sera présenté aujourd’hui dans ce Zombie Aporia le défilement d’une image préenre- ultérieurement à l’adc. avec un troisième larron, le Fran- gistrée. Pour Music and Dance, les *Ecrits sur la musique çais Thibault Lac. Linehan a choisi, danseurs se calent sur un ordinateur de Theodor Reik. peut-être par mesure de sauve- en mode karaoké chorégraphique, Editions Les Belles Lettres, 1984 garde, de partager l’espace et programmé pour les obliger à chan- d’impliquer d’autres corps, d’autres ger de posture de plus en plus vite. voix dans le tourment qui le tra- verse. Lui, dévore le plateau par sa Intrusion Après coup, on repense seule présence : quelque chose aux pages que le psychanalyste qui ne s’explique pas mais qui est Theodor Reik * a consacrées à la palpable. Son côté enfantin (il a musique, à ce qu’il nomme « mé- 29 ans), la fixité étrange de son re- lodie obstinée », ces refrains qui gard bleu et l’extrême expressi- rentrent dans la tête et dont on ne vité de son visage quand il danse, peut plus se débarrasser. Pour Reik, la violence habitée qu’il semble cette intrusion obsessionnelle vise transmuer en célébrations concep- à combler les conflits irrésolus de tuelles et ludiques fascinent. l’existence. La musique acquiert Dès 2006, Andréa Liu, du New ainsi « tous les pouvoirs » et, dit-il, York Art Magazine, fait preuve d’un « peut nous protéger de dangers flair rare. Il assiste à plusieurs cour- cachés ». A l’heure de l’afflux des tes créations de cet inconnu qui ga- informations, de la pluralité des gne alors sa vie comme serveur et sources possibles de connexions intitule son article « Comment fonder de l’esprit avec une masse indé- un fan club Daniel Linehan » : « C’est terminée de textes et musiques, le le fait d’une minorité de danseurs motif de la mélodie obstinée revient modernes d’avoir quelque chose tarauder plus vivement que jamais en eux — une profondeur, une intel- l’inconscient très conscient de nos ligence, un charisme, une liberté — jeunes gens modernes. Ils bondis- qui est plus important que la somme sent, clament, rampent, perdent de leurs actions physiques et de le contrôle sans jamais se perdre leurs mouvements. » Zombie Aporia, de vue, sauvages et disciplinés. Ils sorte de laboratoire pour gestes, voudraient peut-être créer un corps proférations et idées en vrac, six ans politique mais le mantra final sera plus tard, lui donne raison et montre amer, comme une endurance vain- à quel point Linehan a su garder la cue : « Je n’ai pas rêvé la nuit der- fraîcheur de ces années de vache nière, je n’ai pas eu de pensées dans maigre en dansant comme à tâtons, ma tête. C’était comme si je n’étais mais avec une énergie peu commu- pas éveillé. Comme si j’étais mort. » ne. Qu’est ce que Zombie Aporia ? Dider Péron Avec l’aimable autorisation du journal Libération, Une trouvaille de « Google freak » article paru le 4 novembre 2011.
Human Writes − les 23, 24 et 25 février − William Forsythe investit l’ONU avec une installation-performance. 14 / A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012
A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 /15 Les Nations Unies ouvrent ensemble cette déclaration, et aider à la valoriser, c’est le cœur du pro- Human Writes Performance-installation : William Forsythe et Kendall Thomas leurs portes à William pos de Human Writes. Ce texte est pour le chorégraphe William Forsy- Concept : William Forsythe et Kendall Thomas Forsythe et sa compagnie the et le professeur de droit Kendall Thomas le fondement de leur per- Scénographie, lumières Costumes : William Forsythe Musique : Thom Willems formance-installation, dont le titre Création musicale : Dietrich Krüger, Un événement, car le génial cho- joue avec la paronymie anglaise des Niels Lanz, Thom Willems Maitre de ballet : Thierry Guiderdoni régraphe n’était encore jamais mots Right et Write. Répétiteur : Agnes Noltenius venu à Genève, mais surtout un Directeur technique : Max Schubert Regisseur lumière : Tanja Rühl, exploit. Pour ce projet inédit, il Au pied de la lettre Ulf Naumann aura fallu trois années, les efforts La retranscription de la déclaration Regisseur son : Dietrich Krüger, Mara Brinker conjugués du Festival Antigel et est soumise dans Human Writes à Habileuse : Dorothée Merg de l’adc, la complicité du service une règle prioritaire : l’écriture doit Tour manager : Paul Viebeg culturel de l’ONU et des représen- tout autant rendre compte d’elle- Interprètes de la Forsythe Company : tants de plusieurs missions per- même que de son empêchement. Cyril Baldy, Esther Balfe, Ekaterina Cheraneva, Brigel Gjoka, manentes, sans compter l’enga- Aucun trait ou aucune lettre ne Amancio Gonzalez, Josh Johnson, gement de la Confédération, du peuvent se produire directement. David Kern, Roberta Mosca, Tilman O’Donnell, Jone San Martin, Canton et de la Ville de Genève, Les performeurs sont ainsi obli- Parvaneh Scharafali, Yasutake Shimaji, tout cela sous le patronage du gés de trouver des stratégies de Elizabeth Waterhouse, Riley Watts, Directeur général de l’Office des contournement. Chaque tracé par- Ander Zabala Nations Unies à Genève ! Bref, ticipant à élaborer une lettre devra Avec la participation un défi organisationnel et proto- naître d’une contrainte physique, des danseurs genevois : Ruth Childs, Paolo Dos Santos, Laia Duran, colaire pour aboutir à ce rendez- d’un obstacle ou d’un empêche- Marie Caroline Hominal, Houssine Photos : Dominik Mentzos vous entre Human Writes, méta- ment. On peut donc voir en Human Khald, Maud Liardon, Nans Martin, Yann Marussich, Olivia Ortega, phore puissante de la Déclaration Writes une métaphore de la préca- Susana Panades, Pierre Pontvianne, universelle des droits de l’homme, rité de la condition des droits hu- Raphaele Teicher, Rudi Van der Merwe, Manuel Vignoule avec le lieu exact de son adoption mains dans notre monde inhumain. en 1948. Une représentation de la difficulté qu’il y a, de nos jours, à mettre en va- L’adc et le Festival Antigel Gerald Siegmund, théoricien et leur ces droits. En même temps, cet- ONU – Palais des Nations le 23 février à 20h critique spécialisé en danse et te proposition provoque aussi une les 24 et 25 février à 19h performance, a vu le spectacle action entre tous les participants, Billetterie et informations : Festival Antigel / www.antigel.ch pour l’adc. obligés de se frotter ensemble à la (vente en ligne dès le 9 janvier) formulation et à la promotion de la et billetterie centrale d’Antigel C’est par un martèlement entêtant Déclaration des droits de l’homme. (en vente dès le 23 janvier) que le visiteur appréhende tout On pourrait aussi, du coup, décrire d’abord l’espace, une entrée en ma- Human Writes comme une situation tière acoustique peu habituelle. Sai- chorégraphique de base, ou comme si et attiré par ces sons insistants, le la mise en scène performative de regard effleure alors un océan de ta- la convocation du corps devant un bles métalliques identiques, toutes principe. Dans Human Writes, les tapissées de papier blanc. On s’ap- participants comparaissent avec proche prudemment des tables. Sur leur corps particulier devant le prin- chacune d’entre elles, un interprète cipe censé en protéger l’intégrité et exécute des mouvements étranges : la sécurité. Par leurs actions com- une danseuse debout devant sa ta- munes, ils entrent en négociation ble projette son fusain, qui laisse avec la Déclaration des droits de sur le papier de petits points aigus l’homme. Des positions sont défi- avant de voler en éclats en tombant. nies, qui vont se révéler intenables, En s’approchant davantage, on re- physiquement irréalisables, épui- marque qu’il y a des choses écrites santes, et mèneront vers d’autres sur les tables, des mots, des bribes, stratégies. Human Writes nous per- des phrases entières — tracées au met de trouver un accès joueur et crayon, d’une écriture fine, à peine physique aux droits de l’homme et perceptible, en plusieurs langues. nous force littéralement à prendre Les traits ou jets de fusain visent position. les mots écrits, les manquent, les Gerald Siegmund recouvrent ou les ourlent plutôt que Traduit de l’allemand par Manon Pulver de les souligner. Après un certain temps, les danseurs invitent les spectateurs à les aider dans leur travail d’écriture. Les formulations sont celles de la Déclaration univer- selle des droits de l’homme adoptée en 1948 par les Nations Unies à Ge- nève, après la catastrophe de la Se- conde Guerre mondiale. Transposer
16 / A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 Si dans cette chambre un ami attend… − du 14 au 25 mars − Perrine Valli s’est postée au chevet d’un univers architecturé Bien des états des corps et sen- Si dans cette chambre un ami at- tiers de l’imaginaire conduisent tend… Philosophe dans l’âme, si à la chambre : le sommeil, l’amour, ce n’est le corps, la jeune femme a l’expectative méditative. Traversée choisi un intitulé ayant forme d’inter- du monde et de l’histoire de l’art, la rogation. L’hypothèse ouvre sur l’at- création Si dans cette chambre un tente qui évase l’événement à venir ami attend… décline, du réel à l’ima- au plan de l’infini, tout en consumant ginaire, cet espace-boîte de pando- l’être de l’intérieur. Comment ne pas re distillant ses secrets. La chambre songer à la poétesse Dickinson et à comme écriture du monde, dont son existence sur laquelle l’espace l’encre pas encore sèche emprunte de la chambre se referme ? Cette aux joies et drames intérieurs de la forclusion permet néanmoins tant poétesse anglaise Emily Dickinson hier à l’écrivaine qu’aujourd’hui à la entre l’abstraction onirique et le réel charnel. et à sa relation épistolaire. Une soli- danseuse d’extraire bien des sen- tude existentielle ponctuée de vains teurs mêlant le jus des possibles à appels passionnés. l’âcre jubilation des renoncements. Des gestes quotidiens — boire, zap- Ou comment se retrancher d’un per, remonter un drap sur soi — sont univers où l’on semble ne pas pou- remis sur le métier, ramifiés en al- voir exister. A la fois nid, sanctuaire phabet chorégraphique empli de et tombeau, la chambre est bien le sinuosités spiralées de bras qui ne nœud de toute vie, atlas intérieur et sont pas sans évoquer le kathak du cellule de tout mouvement. Nord de l’Inde. La danse reprend Bertrand Tappolet ses droits par sa fluidité et son dé- placement glissé dans l’espace, ses changements de direction selon un axe fixe. Cet élan spatial sépare le geste initial de l’anecdote. Lieu-dit de soi « La chambre est la métaphore d’un espace identitaire. Est-ce le lieu où la personne, dans un dialogue avec soi, peut se révéler vraiment elle- même ? Il y a l’amour, le rêve, les pleurs, le lit qui sont autant d’em- Photo : Akatre brayeurs de mouvements, retra- vaillés jusqu’à les rendre souvent méconnaissables », dévoile la cho- régraphe et danseuse. Toutes gé- nérations confondues, l’être y naît, vit et meurt, de l’affrontement à la plénitude, de l’introspection à la mélancolie. Il y a la marque d’Edward Hopper. Ses personnages colonisés par la solitude existentielle dont la pièce rapatrie, sous plusieurs angles, le théâtre silencieux travaillé d’une palpable tension. Du sculpteur hyperréaliste Ron Mueck, l’opus retient le jeu sur les échelles de re- présentation de corps humanoïdes reflétant notre image au poil près, tout en nous métamorphosant en créatures de synthèse, étranges et monstrueuses.
A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 / 17 Repères biographiques Perrine Valli a dansé notamment pour la chorégraphe Cindy Van Acker dans Corps 00 : 00, Puits, Kernel et Nixe. Elle obtient une résidence au sein du lieu multidisciplinaire Mains d’Œuvres où elle crée en 2007 sa deuxième pièce, Série. Elle entame une recherche sur l’identité sexuelle dans ses pièces avec Je pense comme une fille enlève sa robe, puis Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt. Sa pièce la plus récente, Deproduction, a été créée en juin 2011 et présentée au Théâtre de l’Usine à Genève, au Centre Culturel Suisse à Paris et au Festival Far à Nyon. Perrine Valli est soutenue par modul-dance. Si dans cette chambre un ami attend… Conception et chorégraphie : Perrine Valli Interprétation : Perrine Valli Création sonore : Eric Linder Création lumière : Laurent Schaer Scénographie et costumes : Thibault Vancraenenbroeck Salle des Eaux-Vives du 14 au 25 mars à 20h30 samedi à 19h, dimanche à 18h relâches lundi et mardi Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du jeudi 15 mars Billetterie : www.adc-geneve.ch Tél. adc : 022 320 06 06 Service culturel Migros / Stand Info Balexert / Migros Nyon La Combe. Atelier d’écriture Animé par Nathalie Chaix le jeudi 22 mars autour du spectacle de Perrine Valli infos et réservations : www.adc-geneve.ch
de l’air et du vent − du 28 au 31 mars − Pierre Droulers réactive l’une de ses œuvres les plus denses et dansées. Qua- torze ans plus tard, cette pièce éminemment sensorielle trouve un nouveau souffle. 18 / A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 Photos : Thibault Grégoire
A l’affiche / Journal de l’adc n° 56 / janvier — mars 2012 / 19 Créé en 1996, de l’air et du vent est intempéries qui tordent et transfor- le spectacle le plus dansé de Pierre ment l’espace. Ils ploient, tanguent, Droulers. Depuis sa reprise en 2010, se gonflent, tourbillonnent, s’envo- de nombreux commentateurs l’ont lent et s’apaisent, l’accalmie après décrit comme un exemple de « dan- la tempête, avant la tempête. Les se pure », de « danse dansée ». Pierre souffles et les sons magnifient le Droulers a d’ailleurs lui-même af- silence, serti de rares fulgurances firmé qu’il l’a réactivé pour répondre musicales. L’invisible est rendu à la raréfaction de la « danse » qu’il palpable. perçoit actuellement dans le paysa- A propos de de l’air et du vent, ge de la danse contemporaine. Un Pierre Droulers a évoqué Emily Dic- rappel des fondamentaux, en quel- kinson : « Nous voyons plus intensé- que sorte plaidoyer pour une post- ment / Par une lumière qui disparaît post-danse. / Que par une mèche qui demeure. Et s’il est vrai que le mouvement / Quelque chose dans l’envol / Cla- traverse de l’air et du vent de part en rifie la vue / Et magnifie les lueurs. » part — un mouvement précisément Le calme et la tempête, le vide et le écrit, ciselé même, dans sa forme plein, la présence et l’absence, peut- autant que dans les relations tem- être aussi la vie et la mort, la fougue porelles et spatiales qu’il inscrit — et la mélancolie : les oppositions qui s’il est vrai aussi que l’engagement traversent l’œuvre du chorégraphe, physique des danseurs appelle de dont on se souvient qu’il a autrefois façon très directe celui du specta- travaillé autour de Joyce et Beckett, teur, on aurait tort de penser que nous font voir plus intensément. Pierre Droulers traite ici la danse Denis Laurent comme une fin en soi. En vérité, et c’est ce qui multiplie la force expres- sive de l’œuvre, il la met en tension. Repères biographiques Après une formation à Mudra et Pierre Droulers est un chorégraphe chez Grotowski, Pierre Droulers qui traite les corps et le mouvement participe aux ateliers de Robert Wilson et découvre le travail de la comme des matières, au même titre Judson Church. Chorégraphe et que les objets scénographiques, les interprète, il crée plusieurs formes mixtes, un diptyque à partir de sons, la lumière, le temps et l’es- Finnegan’s Wake de James Joyce, pace. Non qu’il réifie l’humain, qu’il Mountain/Fountain avec Michel François ou encore de l’air et du l’annule au profit d’une grande vi- vent, en 1996, avec Ann Veronica sion démiurgique, mais plutôt qu’il Janssens. Petites Formes, en 1997, invite quatre interprètes, Stefan l’abstrait, le condense, le densifie. Dreher, Thomas Hauert, Tijen Lawton Loin de tout effet psychologique ou et Celia Hope-Simpson à produire chacun une petite forme dramatique, il construit ses œuvres parallèlement à celle que Pierre selon une logique éminemment Droulers crée pour eux. En 2000, il sensorielle. Elles sont des sculptu- monte MA au Festival d’Automne, une exploration de la flânerie urbaine res, des formes extraordinaires of- dans l’architecture contemporaine fertes aux sens et à la pensée, une des villes. En 2001, il reprend la scène avec Sames, un duo avec artificialisation qui laisse plus pro- Stefan Dreher. En 2004, il crée Inouï. fondément apparaître la vie. Au-delà de l’air et du vent de la justesse et de la vitalité de son Pièce pour 5 danseurs écriture chorégraphique, de l’air et Créé par Pierre Droulers en collaboration avec les danseurs du vent a cette beauté-là. D’après une œuvre originale de 1996 Interprété par : Michel Yang, Katrien Vandergooten, Yoann Boyer, Quelque chose dans l’envol Stefan Dreher, Peter Savel Initié après le spectacle Mountain/ Création musicale : Philippe Cam Musiques Gyorgy Kurtag, Fountain, où Pierre Droulers avait Luciano Berio, Jean-Philippe Rameau travaillé sur l’accumulation (et sa Création lumière : Jim Clayburgh Scénographie et costumes : Thibault critique), de l’air et du vent répon- Vancraenenbroeck dait pour son créateur à un besoin Régie générale : Nixon Fernandes, quasi écologique de faire le vide. Gwenaël Laroche Régie lumière : Gwenaël Laroche De travailler l’absence, l’immatériel : Régie son : Benoît Pelé l’air. L’air que les corps déplacent, Régie plateau : Pierre Garnier Costumes : Anne Masson contre lequel ils luttent, qui les iso- lent et les unit. L’air et le vent, émo- tion toujours en mouvement, de la Salle des Eaux-Vives douceur la plus lumineuse à la bile du 28 au 31 mars à 20h30 Atelier dégustation de thés samedi à 19h la plus noire. Rencontre avec l’équipe artistique Animé par Véronique Gallais Sur scène, le déchirement d’une à l’issue de la représentation de chez Betjman & Barton du 29 mars le jeudi 29 mars avant feuille de papier résonne comme un Billetterie : www.adc-geneve.ch le spectacle de Pierre Droulers coup de tonnerre, l’envol de sachets Tél. adc : 022 320 06 06 infos et réservations : Service culturel Migros / Stand Info www.adc-geneve.ch en plastique devient une course de Balexert / Migros Nyon La Combe. nuages. Les corps traduisent les
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