AGRICULTURE DE CONSERVATION - ÉTUDE DE CAS - GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN - MEDA

 
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AGRICULTURE DE CONSERVATION - ÉTUDE DE CAS - GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN - MEDA
AGRICULTURE DE
CONSERVATION –
ÉTUDE DE CAS
GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN
PLAN D’APPRENTISSAGE

                 AGRICULTURE DE CONSERVATION
AGRICULTURE DE CONSERVATION - ÉTUDE DE CAS - GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN - MEDA
AGRICULTURE DE CONSERVATION - ÉTUDE DE CAS - GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN - MEDA
PROFIL DE MEDA
Depuis plus de 60 ans, Mennonite Economic Development Associates (MEDA) conçoit
et met en œuvre des programmes efficaces axés sur le marché dans le monde entier,
permettant à des millions de personnes de réaliser leurs aspirations économiques et
sociales. Fondé par un groupe d’hommes et de femmes d’affaires du secteur humanitaire,
MEDA emploie un personnel professionnel et entrepreneurial qui associe des solutions de
marché innovantes à la promotion des femmes, des hommes et des jeunes défavorisés.
Afin de parvenir à une croissance inclusive et durable pour tous, nous formons des
alliances avec des entreprises, des institutions financières et des gestionnaires de fonds
d’investissement, ainsi qu’avec des partenaires du secteur public et de la société civile.

Notre approche commerciale ancrée et centrée sur l’humain nous permet de rechercher
des solutions prospectives et réactives aux défis actuels : impacts du changement
climatique, dégradation de l’environnement, disparité des revenus, inégalité sociale,
conflits et tensions ethniques. MEDA est un innovateur dynamique doté d’une expertise
reconnue dans de multiples domaines : financement mixte, investissement socialement
responsable, fonds d’encouragement, systèmes de marché, chaînes de valeur, croissance
verte y compris l’agriculture intelligente face au climat, services financiers inclusifs, égalité
des sexes, renforcement du pouvoir économique des femmes et développement de la
main-d’œuvre.

REMERCIEMENTS
Rédaction                       Mira Maude Chouinard

Édition et révision             Romanus Baayakuu, Jennifer Denomy et Karen Walsh

Photographie                    L’équipe de Ghana GROW

Conception graphique            Dalilah Jesus

Traduction française            François Couture, tr. a.

Un merci spécial au gouvernement du Canada, qui a financé le projet GROW.

Merci également aux principaux partenaires facilitateurs de GROW — CAPECS, CARD,
ProNet, PRUDA et TUDRIDEP — et aux généreux donateurs privés de MEDA.
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TABLE DES MATIÈRES
I. Résumé......................................................................................................................... 1
II. Contexte...................................................................................................................... 2
      A. Vue d’ensemble du projet GROW ......................................................................... 2
      B. Aperçu socioéconomique et environnemental........................................................ 3
      C. Description du groupe cible .................................................................................. 6

III. Description de la méthodologie ............................................................................. 7
      A. Objet de l’agriculture de conservation dans le projet GROW................................... 7
      B. Résumé des concepts............................................................................................. 9
           L’agriculture de conservation ................................................................................. 9
           L’agriculture de conservation dans le projet GROW............................................... 10
      C. Méthode de mesure des résultats......................................................................... 10
           Données disponibles............................................................................................ 11

IV. Étude de cas – Le modèle...................................................................................... 12
V.    Résultats et explication......................................................................................... 12
      A. L’agriculture de conservation................................................................................ 13
      B. Semis direct ou travail minimal du sol.................................................................. 14
      C. Système défriche-paillis........................................................................................ 16
      D. Rotation des cultures........................................................................................... 17
      E. Lutte antiparasitaire intégrée et utilisation réduite des intrants externes............... 19
           Engrais................................................................................................................. 20
           Herbicides............................................................................................................ 21
           Pesticides (insecticides)......................................................................................... 24
      F. Faible coût de production et rendement élevé...................................................... 25

VI. Défis et leçons apprises......................................................................................... 27
           Travail minimal du sol........................................................................................... 27
           Paillage................................................................................................................ 28
           Rotation des cultures ........................................................................................... 28
           Agriculture de conservation, environnement et changement climatique................ 28

VII. Conclusion.............................................................................................................. 31

Annexe 1 : Formations ................................................................................................. 32
Annexe 2 : Groupes de discussion et entrevues......................................................... 33
Annexe 3 : Glyphosate................................................................................................. 34
Annexe 4 : Références.................................................................................................. 36
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SIGLES
AC          Agriculture de conservation

AMC         Affaires mondiales Canada

APE         Agence ghanéenne de protection de l’environnement

ASS         Afrique subsaharienne

AVEC        Associations villageoises d’épargne et de crédit

CAD         Dollar canadien

CAPECS      Capacity Enhancement and Community Support

CARD        Community Aid for Rural Development

CSIR-SARI   Council for Scientific and Industrial Research—Savanna
            Agricultural Research Institute

EPI         Équipement de protection individuelle

FAO         Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

FIC         Formulaire d’inscription de cliente

FSC         Formulaire de suivi de cliente

GD          Groupe de discussion

GHS         Cédi ghanéen

GM          Génétiquement modifié

GROW        Greater Rural Opportunities for Women
            (ou Meilleures opportunités pour les agricultrices)

HGO         Haut Ghana occidental

LA          Légionnaire d’automne

LAI         Lutte antiparasitaire intégrée

MAA         Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture du Ghana

MEDA        Mennonite Economic Development Associates

PPF         Principal partenaire facilitateur

Pronet      Réseau professionnel, Nord

PRUDA       Partnership for Rural Development Action

TUDRIDEP    Tumu Deanery Rural Integrated Development Program
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I. RÉSUMÉ
                                                 La dégradation et l’érosion des terres dans le nord du Ghana sont endémiques : le Haut
                                                 Ghana occidental (HGO) a des sols très fragiles en raison de l’élimination des déchets
                                                 agricoles et de la végétation naturelle, du surpâturage, du brûlage des buissons et de la
                                                 coupe d’arbres pour le carburant, l’agriculture et la construction. Par conséquent, MEDA
                                                 a fait la promotion des pratiques agricoles de conservation (AC) dans le cadre du projet
                                                 Greater Rural Opportunities for Women (GROW), plus précisément, la perturbation
                                                 minimale de la structure du sol via le semis direct, le système défriche-paillis [slash and
Plus de 80 % des agricultrices                   mulch], la rotation des cultures, la culture intercalaire et la lutte antiparasitaire intégrée.
de GROW ont commencé à                           La présente étude analyse la mise en œuvre de l’AC parmi les petits exploitants agricoles
mettre en œuvre au moins                         qui ont participé à GROW, les défis pour les agricultrices dans la mise en œuvre de l’AC
une pratique agricole de                         dans le HGO et la mesure dans laquelle l’AC favorise la durabilité environnementale
conservation.                                    et atténue le changement climatique. Les résultats indiquent que moins de 30 % des
                                                 agricultrices qui ont participé au projet GROW ont mis en œuvre une combinaison des
                                                 trois pratiques clés de l’agriculture de conservation (semis direct ou travail minimal du sol,
                                                 système défriche-paillis et rotation des cultures), mais que plus de 80 % des agricultrices
                                                 ont commencé à mettre en œuvre au moins une pratique d’agriculture de conservation.
                                                 Les principaux défis de la mise en œuvre de l’AC dans le HGO sont le manque de
                                                 couverture organique du sol, le changement climatique et le statut social qui accompagne
                                                 l’utilisation du tracteur, conjugués à la non-disponibilité de la machinerie spécialisée qui
                                                 pourrait être utilisée pour mettre en œuvre les pratiques d’AC dans la région.

                                                 Ferme de soja

1   Étude de cas sur l’agriculture de conservation
AGRICULTURE DE CONSERVATION - ÉTUDE DE CAS - GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN - MEDA
II. CONTEXTE
A. Vue d’ensemble du projet GROW
Rendu possible grâce au généreux soutien d’Affaires mondiales Canada, le projet Greater
Rural Opportunities for Women (GROW) est mis en œuvre par Mennonite Economic
Development Associates (MEDA) avec un budget total de 20 millions CAD.i Fort du soutien
de cinq principaux partenaires facilitateurs (PPF) — PRONET North, TUDRIDEP, PRUDA,
CARD et CAPECSii —, le projet GROW est mené dans huit districts de la région du Haut
Ghana occidental. Il permet aux agricultrices de trouver de nouveaux débouchés grâce
à la culture, à l’utilisation et à la vente de soja. Le projet leur permet aussi d’accéder aux
services de vulgarisation agricole et aux marchés pour accroître le bien-être économique de
leur ménage.

L’objectif de GROW est d’améliorer la sécurité alimentaire de 20 000 agricultrices et de
leurs familles dans la région du Haut Ghana occidental. Les activités du projet consistent
notamment à aider les femmes à améliorer la disponibilité, l’accessibilité et la
consommation d’aliments appropriés et nutritifs. On renforce pour ce faire la production,
la transformation et les liens avec les marchés.

                                                         Régime
                                     Fonds               foncier
                                     technologique

                                                                        Participation
               Agriculture                                              des hommes
               de conservation
                                 Productivité                                   Sécurité
                               agricole                                         alimentaire
                              accrue                                 Meilleures
         Assurance                                GROW                pratiques    AEF grâce aux
         récolte                           Sécurité alimentaire       de nutrition revenus et à la
                                          accrue pour les petites                  sécurité
                                          productrices agricoles                   alimentaire
            Assistance                       et leurs familles
            technique

                                            Commercialisation
                                            accrue des produits
                                                 agricoles                  Agentes
                                                                            de vente
                         Caisses
                         d’épargne                     Emploi du
                                                       temps et
                                                       travail des
                                                       femmes

i
      À hauteur de 20 millions CAD, le budget de GROW est composé de 18 millions CAD en provenance
du gouvernement du Canada et de 2 millions CAD de MEDA. Le projet a débuté en 2012 et se termine à la
fin 2018.
ii
     Les principaux partenaires facilitateurs de MEDA sont CAPECS (Capacity Enhancement and Community
Support), TUDRIDEP (Tumu Deanery Rural Integrated Development Program), CARD (Community Aid for Rural
Development), ProNet (Professional Network North) et PRUDA (Partnerships for Rural Development Action).

                                                                                                        Étude de cas sur l’agriculture de conservation   2
AGRICULTURE DE CONSERVATION - ÉTUDE DE CAS - GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN - MEDA
On désigne aussi des agricultrices formatrices (AF) qui enseignent les bonnes pratiques
                                                 agronomiques aux femmes de leur collectivité. Ces pratiques permettent de maximiser
                                                 les rendements des cultures et spécialement celle du soja. Certaines agricultrices
                                                 entrepreneures sont formées pour devenir des agentes de vente (AV). Leur rôle est
                                                 d’acheter et regrouper le soja d’autres femmes, puis de le revendre aux transformateurs
                                                 et aux marchés. Ces femmes sont mises en contact avec les services financiers appropriés,
                                                 notamment des Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC), des institutions
                                                 financières et des assureurs. Le plaidoyer en faveur d’un renforcement de l’agentivité des
                                                 femmes, particulièrement en ce qui concerne la prise de décision au sein du ménage et de
                                                 la communauté, est un autre élément clé du projet GROW.

                                                                                    Récolte de 2017

                                                         2500 AGRICULTRICES                   ONT CULTIVÉ 13 643             POUR UN RENDEMENT DE
                                                        ENCADRÉES PAR GROW                    HECTARES DE SOJA              14 632 TONNES MÉTRIQUES

                                                 Pendant la saison des récoltes de 2017, GROW a aidé 21 500 agricultrices à cultiver 13 643
                                                 hectares de soja, avec un rendement de 14 632 tonnes métriques. Les agricultrices de
                                                 GROW ont vendu 11 169 tonnes de ce soja à un prix moyen de 200 cédis ghanéens (GHS)
                                                 par 100 kg, pour un total de plus de 22,3 millions de GHS, soit environ 6,7 millions de
                                                 CAD (chiffres de 2017).iii

                                                 Le Plan d’apprentissage de GROW
                                                 En sept ans de mise en œuvre, le projet GROW a permis d’en apprendre beaucoup sur le
                                                 renforcement du pouvoir économique des femmes et la sécurité alimentaire dans le nord
                                                 du Ghana. L’équipe du projet est heureuse de partager les enseignements tirés du Plan
                                                 d’apprentissage de GROW, un ensemble de documents paru en 2018. Les sujets traités
                                                 incluent l’autonomisation économique des femmes, la nutrition, la sécurité alimentaire,
                                                 l’inclusion financière, la technologie et l’agriculture de conservation.

                                                 B. Aperçu socioéconomique et environnemental
                                                 Malgré une augmentation globale de la richesse et du développement du Ghana ces
                                                 dernières années, le HGO a continué d’enregistrer des taux élevés de pauvreté, d’insécurité
                                                 alimentaire et de malnutrition. Les femmes de cette région ne sont pas considérées
                                                 comme des agricultrices ou des contributrices à leur ménage. Elles ont rarement le droit de
                                                 prendre leurs propres décisions. Par exemple, les femmes ont peu de pouvoir décisionnel
                                                 quant à la manière dont leur travail sera utilisé pendant la saison des semailles. Avant de
                                                 travailler sur son propre champ agricole, la femme doit pourvoir aux besoins du ménage.
                                                 Ses nombreuses tâches vont de la préparation des aliments à l’éducation des enfants en
                                                 passant par le nettoyage et la récupération du bois de chauffage. Les femmes constituent

                                                 iii
                                                       Le taux de change moyen, en 2017, était de 1 GHS (cédi ghanéen) pour 0,30 CAD (dollar canadien).
3   Étude de cas sur l’agriculture de conservation
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la principale source de main-d’œuvre pour toute la production agricole. Elles doivent
souvent travailler sur le champ de leur mari avant de cultiver le leur. Leur incapacité à
s’occuper de leurs propres terres les empêche de bien préparer leurs champs et de réaliser
de bons rendements agricoles.

                      Accès à la terre                       Accès aux
                       et propriété                          intrants et
                         foncière                           fournitures
                                                              agricoles

         Pouvoir                                                           Problèmes
        décisionnel                                                        environne-
                                                                            mentaux
                                         Principaux
                                          obstacles

    Figure 1 : Principaux obstacles rencontrés par les agricultrices dans le HGO

L’accès aux terres pour la production agricole est un enjeu clé. Les agricultrices doivent
avoir un accès stable et sûr à des terres fertiles pendant et après la saison de croissance
afin de permettre une bonne intendance du sol et des autres ressources. Les agricultrices
du nord du Ghana détiennent rarement le titre de propriété officiel de la terre qu’elles
exploitent, et elles dépendent de la communauté et des membres de leur famille pour
accéder à la terre. En 2018, les femmes de GROW cultivaient en moyenne 1,6 acre de
terre. L’incapacité d’accéder à des terres pour la culture pendant une période garantie
représente un obstacle à l’amélioration de la production végétale, à la sécurité alimentaire,
à une meilleure santé, à l’éducation et à l’autonomisation.

Il est également difficile d’avoir accès aux intrants et aux approvisionnements agricoles
pour garantir un rendement adéquat des cultures. En 2017, le gouvernement du
Canada a accordé 125 millions de dollars canadiens au ministère de l’Alimentation et de
l’Agriculture (MAA) du Ghana pour étendre ses services de vulgarisation agricole dans
tout le pays par l’entremise du programme de Modernisation de l’agriculture au Ghana
(MAG). Le Fonds technologique de MEDA a tenté de remédier à l’accès limité des femmes
à l’équipement agricole en permettant aux agricultrices et aux agentes de vente d’acheter
des technologies comme des batteuses, de l’équipement de protection individuelle (EPI),
des planteuses, des rouleaux, des bâches, des meules, des pompes, des tricycles à moteur
et des brouettes.

Les considérations environnementales représentent des défis importants pour la
production agricole. La déforestation et la désertification qui en résulte sont des problèmes
majeurs dans le pays. On estime en effet que 33,7 % de la couverture forestière du
Ghana a été perdue entre 1990 et 2010,1 et que 35 % de ses terres sont menacées

                                                                                             Étude de cas sur l’agriculture de conservation   4
AGRICULTURE DE CONSERVATION - ÉTUDE DE CAS - GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN - MEDA
de désertification, en particulier dans les régions du Nord. En outre, la dégradation et
                                                 l’érosion prolongées des terres et des sols, ainsi que l’épuisement des nutriments, sont
Le Ghana est en péril : un tiers                 des défis environnementaux propres aux communautés agricoles du nord du Ghana.2
du couvert forestier a disparu                   Parmi les causes de la dégradation des terres au Ghana : la surexploitation de l’agriculture
entre 1990 et 2010 et 35 %                       (surpâturage et culture sur brûlis [slash and burn]), les ressources forestières et minérales,
des terres sont menacées de                      la pollution de l’eau, les produits chimiques, l’utilisation d’équipements et de technologies
désertification.                                 inappropriés, les plantations commerciales monospécifiques et les systèmes d’irrigation
                                                 inefficaces. De cette dégradation découle une augmentation de la pauvreté, de la
                                                 migration et de l’insécurité alimentaire. De plus, la déforestation et la perte des sols ont
                                                 entraîné une perte importante de biodiversité.

                                                 Le début de la saison des pluies dans le Haut-Ouest

                                                 Le HGO connaît deux saisons : la saison sèche, caractérisée par le temps fort et brumeux
                                                 de l’harmattan, un vent sec et poussiéreux soufflant du Sahara vers la côte ouest-
                                                 africaine, commence début novembre et se termine fin mars ; quant à la saison des
                                                 pluies, elle commence avec des précipitations au début d’avril et dure jusqu’en octobre.
                                                 La température de la région varie entre 15 °C la nuit pendant la saison de l’harmattan et
                                                 40 °C le jour pendant la saison torride.3 Les effets du changement climatique sont bien
                                                 présents dans le HGO : variabilité des précipitations, vagues de chaleur plus intenses,
                                                 prolifération des mauvaises herbes aquatiques et évaporation accrue.4 On observe aussi
                                                 une sécheresse et une hausse générale des températures pendant la saison sèche.5

5   Étude de cas sur l’agriculture de conservation
C. Description du groupe cible
GROW a ciblé les productrices de soja.
Ces petites productrices pratiquent
l’agriculture pluviale, car elles dépendent des                                             L’agricultrice moyenne
précipitations pour arroser leurs cultures et                                               de GROW a 41 ans.
ont un accès limité aux systèmes d’irrigation.
Au cours de la durée du projet, plus de
21 406 clientes du programme GROWiv
                                                                                            Mariée, elle compte
ont reçu une formation sur les pratiques
                                                                                            cinq enfants.
agricoles de conservation, y compris le
semis direct, la non-combustion des déchets
agricoles, la rotation des cultures, ainsi que                                              Elle cultive un champ
la préparation et l’utilisation du compost et                                               de 1,6 acre.
la culture du moringa.
                                                                                            Elle vend une partie de sa
En 2018,v l’agricultrice typique de GROW
avait 41 ans et un ménage de sept
                                                                           récolte et garde le reste
personnes. Quatre-vingt-sept pour cent
                                                                           pour sa famille.
des agricultrices de GROW étaient mariées,
12 % étaient veuves et 1 % étaient                                         En saison sèche, elle fait
divorcées. La quantité moyenne de terre                                    du petit commerce,
cultivée par les agricultrices était de 1,6                                transforme le karité et
acre. Quatre-vingt-seize pour cent des                                     cultive un jardin de
agricultrices de GROW ont pu consommer                                     saison sèche.
leur soja et 91,7 % ont pu vendre une partie
de leurs récoltes. Quatre-vingt-trois virgule        Figure 2 : L’agricultrice typique de GROW
six pour cent des agricultrices de GROW
ont participé à une activité économique
supplémentaire pendant la saison sèche : 45 % ont fait du petit commerce, 33 % ont
transformé le karité, 18 % ont cultivé des légumes en saison sèche, 12 % ont eu un jardin
en trou de serrure et 13 % ont fait du compostage.6

Chaque femme faisait partie d’une Association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC),
un groupe de 15 à 30 femmes. Les femmes ont reçu une assistance technique et des liens
avec des acteurs du marché, comme les fournisseurs d’intrants et les transformateurs de
soja, qui ont acheté leurs cultures. Les PPF de MEDA ont reçu des formations du MAA et
de l’Agence de protection de l’environnement (APE), deux organismes du gouvernement
ghanéen, et ils ont transmis cette formation aux agricultrices formatrices. Par la suite, les
agricultrices formatrices ont formé les agricultrices de leur groupe, soit en organisant des
réunions spécifiques, soit en partageant leurs nouvelles connaissances lors des réunions de
l’AVEC.

Au cours de la saison de croissance 2017, les agricultrices du GROW ont cultivé du soja sur
un total de 33 793,75 acres.

iv
     Données de la fin de 2017, le cycle de collecte de données le plus récent au moment de la rédaction.
v
     Données du FSC 2018

                                                                                                            Étude de cas sur l’agriculture de conservation   6
III. DESCRIPTION DE LA
                                                 MÉTHODOLOGIE
                                                 A. Objet de l’agriculture de conservation dans le
                                                 projet GROW
                                                 L’un des objectifs de GROW était d’accroître et de diversifier la productivité agricole des
                                                 cultures vivrières pour les familles de petits exploitants agricoles, en particulier les femmes,
                                                 dans la région du HGO. Pour ce faire, MEDA visait à accroître la capacité des partenaires
                                                 locaux à répondre de manière efficace et durable aux besoins des petites exploitantes
                                                 et des productrices agricoles. Elle cherchait aussi à améliorer les compétences des petits
                                                 exploitants, notamment les femmes, dans de nombreux domaines : techniques agricoles
                                                 respectueuses de l’environnement et adaptées aux saisons, techniques post-récolte,
                                                 pratiques de manutention sécuritaires, technologies de mise en valeur et informations sur
                                                 le marché.

                                                     Principales activités en réponse aux besoins des petites productrices

                                                                          Formation                                   Facilitation

                                                          Techniques       Manipulation      Techniques           Accès aux        Accès aux
                                                           agricoles        prudente des     post-récolte       technologies     informations
                                                         convenant à          produits                          créatrices de       sur les
                                                      l’environnement      agrochimiques                           valeur           marchés
                                                         et à la saison

                                                     Figure 3 : Principales activités et compétences pour accroître et diversifier
                                                                  la productivité des petites productrices agricoles

                                                 L’un des principaux problèmes auxquels sont confrontées les petites exploitantes agricoles
                                                 du HGO est le déclin constant de la fertilité des sols. Traditionnellement, les agriculteurs
                                                 reconstituaient la fertilité des sols perdus en pratiquant l’agriculture itinérante et la rotation
                                                 des terres afin de permettre à une parcelle cultivée pendant plusieurs années de rester
                                                 en jachère. C’étaient des pratiques agricoles courantes lorsque la population était faible.
                                                 Cependant, face à la pression démographique, à la demande croissante de produits
                                                 agricoles et à la réduction des possibilités d’expansion, les agriculteurs ont raccourci ou
                                                 abandonné les longues périodes de jachère. La culture continue des terres mène à la
                                                 surexploitation des éléments nutritifs du sol et à la détérioration de la base des ressources
                                                 du sol. Les agricultrices sont particulièrement touchées par l’infertilité des sols, car elles
                                                 sont parfois incapables de payer les engrais et n’ont pas suffisamment de connaissances
                                                 sur les moyens alternatifs et abordables de maintenir la fertilité des sols.

7   Étude de cas sur l’agriculture de conservation
En 2013, MEDA a retenu les services du Council for Scientific and Industrial Research –
Savanna Agricultural Research Institute (CSIR-SARI) pour effectuer une analyse des sols
dans le HGO. L’analyse en laboratoire a porté sur des échantillons de sol provenant de 16
sites de projet. Il a été conclu que les sols de l’UWR avaient « une texture sableuse, une
faible teneur en éléments nutritifs et, par conséquent, une faible capacité de rétention de
l’humidité. »7 Le rapport mentionne :

   •    « Texture sablonneuse, 56 % des sites ayant moins de 6 % d’argile dans l’analyse
        de la taille des particules, rendant les sols sujets à l’érosion et ayant une faible
        capacité de rétention de l’humidité. »

   •    « La fertilité du sol est généralement faible. Les niveaux de matière organique,
        d’azote total et de phosphore disponibles sont généralement très faibles. La faible
        teneur en carbone organique et en azote total peut être attribuée à la faible
        production de biomasse et à un taux élevé de décomposition. »

Dans son rapport, le CSIR-SARI a conclu qu’il y avait un besoin urgent de prévenir l’érosion
et d’améliorer la fertilité des sols dans la région. Il fallait aussi faire un effort conscient
pour accumuler de la matière organique. « La gestion intégrée de la fertilité des sols est
absolument nécessaire. Les agriculteurs des diverses communautés ont besoin d’explorer
des stratégies pour rendre disponibles les matières organiques, car elles sont normalement
rares dans les systèmes agroécologiques de la savane. Ces stratégies comprendront
des pratiques intégrées de gestion de la fertilité des sols, comme l’utilisation combinée
d’engrais organiques et minéraux, l’utilisation de semences de qualité de variétés de
cultures améliorées, des associations de cultures appropriées (cultures intercalaires et
rotations de cultures) et la rétention des déchets agricoles. »8

L’inclusion du soja dans les systèmes de culture a été recommandée pour aider à améliorer
la fertilité du sol et réduire l’incidence de la Striga hermonthica dans les régions où cette
mauvaise herbe est endémique. En fait, « les agriculteurs pauvres en ressources dans les
zones de précipitations marginales et de faible productivité des sols sont les plus touchés
par la striga ».9 L’infestation de la striga est aggravée par la faible fertilité du sol. Ces
herbes parasites peuvent causer des pertes de rendement allant jusqu’à 80 % dans la
production de cultures alimentaires en Afrique, en particulier dans les régions semi-arides
de l’Afrique subsaharienne (ASS). Le soja contient une variété de minéraux nutritifs et fixe
de l’azote qui aide à améliorer la fertilité du sol et à réduire la vulnérabilité à l’infestation
de striga.

Une diminution de la fertilité résulte de l’érosion du sol, qui élimine l’horizon de surface et
réduit la capacité du terreau à retenir l’humidité et les nutriments. La principale cause de la
dégradation des terres cultivées de l’ASS est le travail du sol. En fait, les activités agricoles
mécanisées sur les sols entraînent une dégradation, car elles créent du ruissellement, de
l’érosion et des changements dans les propriétés des sols. Cette recherche a confirmé le
plan de MEDA d’intégrer les techniques d’agriculture de conservation (AC) à la formation
des agricultrices formatrices sur les pratiques de culture du soja comme élément clé
de la stratégie environnementale du projet visant à promouvoir la fertilité du sol et la
conservation de l’eau.

                                                                                                Étude de cas sur l’agriculture de conservation   8
B. Résumé des concepts
                                                 L’agriculture de conservation
                                                 Tout ce que nous mangeons provient du sol. Le sol contient des millions d’organismes
                                                 vivants, et il existe une relation symbiotique entre la vie microbienne et végétale. Lorsque
                                                 les organismes du sol décomposent les plantes et les animaux morts (le processus de
                                                 décomposition), ils libèrent des éléments nutritifs dans l’environnement, ce qui permet le
                                                 cycle des éléments nutritifs.10 À mesure que la qualité du sol s’améliore, la qualité de la
                                                 culture, et en fin de compte la santé humaine, augmente.

                                                 L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) décrit
                                                 l’agriculture de conservation (AC) comme « une approche de la gestion des
                                                 agroécosystèmes pour une productivité améliorée et durable, une augmentation des
                                                 profits et la sécurité alimentaire tout en préservant et en améliorant la base de ressources
                                                 et l’environnement ».11 En d’autres termes, « l’AC est un concept qui tente de concilier
                                                 écologie, économie et rendement agricole. »12

                                                 L’AC est considérée comme un outil de gestion durable des terres, car elle examine
                                                 l’interaction entre les ressources, le climat et les activités humaines pour une productivité
                                                 maximale et une exploitation viable. L’AC vise à réaliser une agriculture durable et rentable
                                                 tout en assurant la durabilité environnementale, et elle « a fait ses preuves dans une
                                                 variété de zones agroécologiques et de systèmes agricoles ». En 2012, « les essais en AC
                                                 [avaient] généré une amélioration des rendements de 20 à 120 % sur les terres des petits
                                                 exploitants ».13

                                                     L’agriculture de conservation se caractérise par les trois principes énumérés
                                                     ci-dessous et à la Figure 4. Elle fonctionne de manière optimale si les principes
                                                     suivants sont appliqués simultanément de manière intégrée :

                                                        •    Perturbation mécanique minimale du sol ;
                                                        •    Couverture organique permanente du sol (déchets agricoles, plantes de
                                                             couverture ou paillis) ;
                                                        •    Diversification des espèces cultivées (rotation des cultures et culture
                                                             intercalaire).

                                                     Ces trois principes combinés permettent une agriculture rentable et durable sur le
                                                     plan environnemental. Ils enrichissent la matière organique des sols (MOS) pour
                                                     « accroître la résilience des sols au changement climatique [,…] constituer une
                                                     couverture de végétation protectrice ou de résidus de culture qui favorise le travail
                                                     biologique de la macrofaune (comme les vers de terre) qui creuse des trous et crée
                                                     des canaux pour l’air et l’eau. » Les trois principes doivent être appliqués afin de
                                                     véritablement pratiquer l’AC, mais leur mise en œuvre est adaptée au contexte
                                                     local, au paysage, à la qualité du sol et aux besoins.

9   Étude de cas sur l’agriculture de conservation
1 PERTURBATION
       MÉCANIQUE                    2 COUVERTURE
                                      ORGANIQUE                    3 DIVERSIFICATION
                                                                     DES ESPÈCES
         MINIMALE                         PERMANENTE                  CULTIVÉES
         Réduit l’érosion et              Protège contre les          Favorise une bonne
         préserve la matière              conditions extrêmes et      structure du sol, entretient
         organique du sol.                préserve l’humidité.        la flore et la faune, nourrit
                                                                      les cultures et déjoue les
                                                                      ravageurs.

        Figure 4 : Les trois grands principes de l’agriculture de conservation
                                     FAO, 2017

L’agriculture de conservation dans le projet GROW
Dans le cadre du projet GROW, l’AC a été définie comme un ensemble de pratiques et
de procédures qui garantissent une productivité et une rentabilité agricoles. Ces objectifs
doivent être atteints tout en améliorant la santé des sols et l’environnement et en
minimisant la perturbation de la structure, de la composition et de la biodiversité naturelle
des sols. Les formations sur l’agriculture de conservation présentées aux PPF et aux
agricultrices formatrices ont mis en évidence les principes et les avantages suivants de
l’AC :

   1.   Préparation du sol :
        a.    Semis direct, agriculture sans labour ou avec labour minimum ou biologique,
        b.    Système défriche-paillis,
        c.    Rotation des cultures et culture intercalaire ;

   2.   Lutte antiparasitaire intégrée (LAI) et utilisation réduite des intrants externes ;

   3.   Faible coût de production.

C. Méthode de mesure des résultats
Le présent rapport étudie les pratiques d’AC dans le cadre du projet GROW, la mesure
dans laquelle ces pratiques ont été utilisées ainsi que les avantages et les inconvénients de
l’AC pour les agricultrices et pour l’environnement.

L’auteure :
    •    a examiné l’étude des sols menée en 2013 et d’autres documents du
         projet, y compris les rapports annuels, les plans de travail et les documents
         supplémentaires ;

                                                                                                      Étude de cas sur l’agriculture de conservation 10
•   a mené une recherche sur les données recueillies tout au long du projet GROW à
                                                          propos des pratiques agricoles ;

                                                      •   a examiné les documents de formation utilisés pour former les formatrices sur les
                                                          pratiques agricoles de conservation, la préparation du compost, la réglementation
                                                          sur les pesticides et la production de soja ;

                                                      •   a visité le projet GROW, animé des groupes de discussion avec trois PPF, des
                                                          agriculteurs des deux sexes de trois communautés et a eu des entrevues avec les
                                                          agricultrices formatrices, le MAA et Antika (un fournisseur d’intrants agricoles).

                                                Pour de plus amples renseignements sur le matériel de formation et les groupes de
                                                discussion, veuillez consulter respectivement les annexes 1 et 2.

                                                Données disponibles
                                                      •   Recherche de base : En 2013, MEDA et les cinq PPF ont mené une recherche de
                                                          base parmi un total de 351 agricultrices de cinq districts différents.

                                                      •   Évaluation à mi-parcours : Dans l’enquête annuelle intérimaire de 2015, 191
                                                          agricultrices ont été interviewées.

                                                      •   FIC 2017 : Dans le formulaire d’inscription des clientes (FIC) de 2017, toutes les
                                                          agricultrices, soit 21 406 au total, ont répondu à des questions sur leurs méthodes
                                                          de préparation des terres et de culture.

                                                      •   FIC 2018 : Dans le Formulaire de suivi des clientes (FSC) de 2018, toutes les
                                                          agricultrices, soit 21 437 au total, ont répondu à des questions sur leurs méthodes
                                                          de récolte et d’utilisation des cultures.

                                                Réunion d’un groupe de discussion dans la communauté de Viehaa, participant à ProNet

11   Étude de cas sur l’agriculture de conservation
IV. ÉTUDE DE CAS – LE MODÈLE
Cette étude de cas fournit une analyse des pratiques agronomiques des agricultrices dans
le cadre du projet GROW et pose les questions suivantes :

   • L’AC a-t-elle été mise en œuvre avec succès dans le cadre du projet GROW ?
     Le document examine comment l’agriculture de conservation et ses principes ont
     été enseignés aux groupes cibles.

   • Quels sont les défis pour les petites exploitantes agricoles dans la mise en œuvre de
     l’AC dans le Haut Ghana occidental ?

   • Dans quelle mesure l’AC favorise-t-elle la durabilité de l’environnement et atténue-t-
     elle les changements climatiques ?

Tout sourire dans la communauté d’Olli, l’une des localités ciblées par CAPECS

V. RÉSULTATS ET EXPLICATION
Au milieu de 2017, MEDA et les cinq PPF avaient formé 903 agricultrices formatrices,
qui ont ensuite formé un total de 20 504 agricultrices sur les pratiques agricoles de
conservation. Le schéma de formation pour les PPF interviewés est illustré à la figure 5.

La présente section porte sur la mise en œuvre de chaque pratique agricole de
conservation et de l’ensemble des pratiques.

                                                                                             Étude de cas sur l’agriculture de conservation 12
ProNet :                          6023
                                                                                        255 agricultrices                 agricultrices
                                                                                          formatrices

                                                                                          CARD : 108
                                                      MEDA, PPF, MAA,                                                         2800
                                                                                          agricultrices
                                                           EPA                                                            agricultrices
                                                                                          formatrices

                                                                                         CAPECS : 152                         2923
                                                                                         agricultrices                    agricultrices
                                                                                          formatrices

                                                      Figure 5 : Organisation de la formation en agriculture de conservation chez les
                                                                          trois PPF interrogés (données de 2018)

                                                A. L’agriculture de conservation
                                                Au cours des groupes de discussion et des entrevues, les PPF et agricultrices de GROW
                                                ont démontré une bonne compréhension des avantages de l’agriculture de conservation.
                                                L’apprentissage expérientiel a été essentiel pour les PPF. Le personnel a signalé que
                                                l’échange d’idées et d’expériences étaient essentiels pour les aider à comprendre les
                                                avantages de l’AC. Ils ont aussi trouvé utile de voir la mise en œuvre de l’agriculture de
                                                conservation au cours d’une visite d’exposition à Kanpuo.

                                                Dans la recherche de base effectuée en 2013, seulement 4,57 % des agricultrices
                                                interrogées ont déclaré pratiquer l’agriculture de conservation. En comparaison, les
                                                données suivantes sur les méthodes de préparation des terres et de récolte ont été
                                                déclarées dans les FIC et FSC de 2017 :

                                                      • 75,4 % des clientes ont déclaré pratiquer la rotation des cultures ;
                                                      • 6,97 % ont indiqué explicitement avoir pratiqué le système défriche-paillis ;
                                                      • 41,6 % ont déclaré pratiquer le semis direct ou travail minimal du sol à l’aide d’une
                                                        houe ou d’une charrue à âne, combinée à l’utilisation d’herbicides ;
                                                         • 13,9 % ont déclaré qu’elles ne travaillaient pas le sol du tout (et utilisaient des
                                                           herbicides) ;
                                                      • 79 % ont déclaré qu’elles coupaient et déchiquetaient les tiges au moment de la
                                                        récolte et qu’elles laissaient les résidus et les racines se décomposer.

                                                En combinant ces données pour évaluer l’adoption de l’AC dans son ensemble, on a
                                                constaté que seulement 2,2 % des clientes pratiquaient le semis direct ou travail minimal
                                                du sol effectué à l’aide d’une houe ou d’une charrue à âne, utilisaient des herbicides,
                                                mettaient une couche de mulch (paillis de résidus végétaux) sans brûler les déchets
                                                agricoles, pratiquaient la rotation des cultures et laissaient les résidus se décomposer.

13   Étude de cas sur l’agriculture de conservation
Figure 6 : Adoption des pratiques d’agriculture de conservation
                  (en pourcentage des répondantes) en 2017 (FIC et FSC)

     8080
        %
     7070
        %
     6060
        %
     5050
        %
     4040
        %
     3030
        %
     2020
        %
     1010
        %
         00
                Rompre les tiges au     Semis          Défriche-         Rotation
                   moment de la        direct ou        paillis         des cultures
                récolte et les laisser  travail
                  se décomposer        minimal
                      sur place         du sol

B. Semis direct ou travail minimal du sol

    Les systèmes de travail minimal du sol laissent des résidus de culture, couvrent la
    surface et perturbent légèrement le sol. Ils réduisent l’érosion et préservent les
    matières organiques. Il a été prouvé que le sol de surface provenant de terres en
    semis direct retient plus d’eau que les terres travaillées,14 et que le travail minimal
    du sol réduit le lessivage des nitrates.

Dans le cadre du programme GROW, MEDA a
enseigné des pratiques de semis direct ou travail
minimal du sol et considéraient le labourage à la
houe ou à la charrue à âne comme des techniques
produisant un minimum de perturbation. On a fait
la promotion de l’ensemencement direct à travers
le paillis ou à l’aide d’une planteuse. L’utilisation de
tracteurs dans le Haut Ghana occidental ne peut être
considérée comme un travail minimal du sol. Bien
que des systèmes mécanisés de travail minimal du sol
(comme des défonceuses) aient été mis au point pour
introduire les semences à travers le couvert végétal, la
région du Haut Ghana occidental n’a pas accès à de
                                                              Préparation des terres dans l’une
telles technologies.                                          des communautés du CARD

                                                                                                  Étude de cas sur l’agriculture de conservation 14
Dans le cadre de la recherche de base menée en 2013, seulement 8 % des agricultrices
                                                interrogées ont déclaré pratiquer le semis direct ou le travail minimal du sol. Dans l’étude
                                                annuelle de 2015, 11,6 % des clientes interrogées au sujet de leurs pratiques agricoles ont
                                                déclaré pratiquer le semis direct ou le travail minimal du sol. En 2017, 41,6 % des clients
                                                ont déclaré effectuer une combinaison d’herbicides et de semis direct ou avec un travail
                                                minimal du sol à l’aide d’une houe ou d’une charrue à âne.

                                                         Figure 7 : Adoption du semis direct et du travail minimal du sol
                                                             (en pourcentage) parmi les agricultrices échelonnée sur
                                                                           la durée du projet GROW
                                                         5050
                                                            %

                                                         4040
                                                            %

                                                         3030
                                                            %

                                                         2020
                                                            %

                                                         1010
                                                            %

                                                              00
                                                                           2013                 2015                 2017

                                                Le labourage au tracteur demeure la méthode de préparation des terres privilégiée par
                                                les agricultrices du HGO : 56,3 % des clientes ont utilisé des tracteurs pour labourer leurs
                                                terres pendant la saison de végétation de 2017, pour un total de 29 311 acres de terres
                                                labourées à l’aide d’un tracteur (86,7 % du total des terres). Six mille quatre cent vingt-six
                                                acres de terres ont été labourées à l’aide d’un taureau, d’un âne ou d’une houe (19 %), et
                                                10 257,45 acres de terres ont été traitées avec des herbicides (30,4 %).

15   Étude de cas sur l’agriculture de conservation
Figure 8 : Méthode de préparation du sol utilisée par les agricultrices
             (en pourcentage) dans le projet GROW en 2017 (FIC 2017)

                 Défriche-paillis
 Défriche-paillis/enfouissement
        (sans brûler les résidus)
                  Charrue à âne

               Binage à la houe

         Labourage au tracteur

  Herbicides sans travail du sol

    Herbicides et travail du sol

                                    0    10%
                                        10        20%
                                                 20         30%
                                                           30         40%
                                                                     40         50%
                                                                               50         60%
                                                                                         60

C. Système défriche-paillis

    Une couche protectrice de paillis ou de résidus de culture aide à maintenir une
    couverture végétale permanente. Cela réduit la croissance des mauvaises herbes,
    la perte d’humidité, l’érosion par l’eau et le vent. L’accumulation de matière
    organique maintient également le sol plus frais et augmente l’activité microbienne
    du sol tout en restaurant le carbone du sol par décomposition.

Avant le projet GROW, la plupart des
agricultrices du HGO pratiquaient
la culture sur brûlis et déracinaient
les plantes au moment de la récolte.
La culture sur brûlis implique le
défrichage d’une partie de la forêt en
coupant la végétation et en brûlant
les débris. Parmi les conséquences de
cette pratique, on compte l’épuisement
de la matière organique du sol, la
dégradation de la fertilité du sol, la
rareté de l’eau et la diminution du
                                             Couche protectrice de paillis
rendement des cultures. GROW a
conseillé de ne pas brûler les déchets agricoles et a plutôt fait la promotion du système
défriche-paillis.

Le système défriche-paillis est un système de production pratiqué par les petits exploitants
agricoles des régions tropicales humides, notamment au Honduras et au Burkina Faso.
Cette méthode implique la coupe et le déchiquetage des plantes au niveau de la tige, en
laissant la biomasse sur le sol pour qu’elle se décompose. On laisse la structure racinaire
dans le sol pour augmenter la teneur organique de la terre végétale. Il a été prouvé que le
système défriche-paillis améliore la disponibilité de l’eau du sol (rétention de l’humidité et

                                                                                                 Étude de cas sur l’agriculture de conservation 16
durée de la disponibilité de l’humidité pour les cultures pendant la saison sèche) et qu’elle
                                                réduisait les pertes de cultures en raison de la sécheresse. Le soja est une bonne culture
                                                de couverture puisqu’il aide à reconstituer les éléments nutritifs du sol.15 Le soja est une
                                                bonne culture de couverture, car il aide à reconstituer les éléments nutritifs du sol.

                                                En 2013, 11,6 % des agricultrices sondées prenaient des mesures de conservation de
                                                l’humidité (qui, aux fins de cette étude, peuvent être présumées comme consistant à
                                                ajouter un certain type de couverture organique du sol). En 2015, 12,1 % des clientes ont
     En 2017, 98 % des
                                                déclaré prendre des mesures de conservation de l’humidité. En 2017, seulement 6,97 %
     agricultrices de GROW
                                                ont indiqué explicitement qu’elles pratiquaient le système défriche-paillis (sans brûler les
     avaient abandonné la
                                                déchets agricoles). Quatre-vingt-dix-huit pour cent des agricultrices de GROW ont cessé de
     culture sur brûlis.
                                                pratiquer la culture sur brûlis à partir de 2017. C’est la plus belle réussite de la formation
                                                en AC. Dans le FSC de 2017, 79 % des agricultrices ont déclaré avoir coupé et rompu la
                                                base des tiges au moment de la récolte et avoir laissé les résidus de tige et les racines se
                                                décomposer.

                                                Couper et déchiqueter les tiges au moment de la récolte et les laisser se décomposer
                                                peut être une forme peu fiable de couverture de sol. En effet le bétail broute souvent les
                                                tiges, les résidus et les herbes avant la prochaine saison de plantation — une pratique
                                                économique pour de nombreux agriculteurs. Cependant, ProNet mentionne que laisser
                                                les racines dans le sol représente un travail minimal pour l’agricultrice et rend plus difficile
                                                pour les animaux de manger les résidus.

                                                Les agricultrices ont acquis une bonne compréhension de la nécessité d’une couverture
                                                végétale et des raisons pour lesquelles la culture sur brûlis a des effets nuisibles. Les
« Les agricultrices                             agricultrices comprennent maintenant que la combustion de matières organiques nuit
apprécient désormais                            à leur environnement et produit du dioxyde de carbone. Les agricultrices interrogées
                                                ont également compris que lorsque la couverture du sol est suffisante, elle peut aider à
l’utilité des déchets                           conserver l’humidité. Elles ont rapporté qu’elles coupaient les tiges des cultures de soja,
agricoles. »                                    de maïs et de millet et les laissaient pourrir dans les champs, comme l’enseignaient les
                                                formations de MEDA. Les employés de CARD ont déclaré qu’ils comprenaient très bien
– Employé de CARD
                                                les avantages du système défriche-paillis, car la couverture du sol aide à maintenir le pH,
                                                l’activité microbienne et l’humidité. Certaines ont également indiqué qu’elles ramenaient
                                                les restes de battage dans le champ comme couverture de sol. De tels résidus pourraient
                                                également être utilisés pour le compost, mais aucune des répondantes n’a déclaré en faire.

                                                D. Rotation des cultures

                                                      La diversification des espèces cultivées est encouragée dans l’agriculture de
                                                      conservation afin de réduire les ravageurs et les maladies. Elle peut être mise en
                                                      œuvre par la rotation des cultures et les cultures intercalaires. La rotation des
                                                      cultures et les cultures intercalaires aident à gérer la fertilité des sols et à prévenir
                                                      ou réduire les maladies transmises par le sol et les insectes qui y vivent. La culture
                                                      d’une variété d’espèces limite également la vulnérabilité aux changements
                                                      climatiques et aux ravageurs. Les légumineuses, comme le soja, sont d’excellentes
                                                      cultures de couverture, car elles aident à reconstituer les éléments nutritifs du sol.

17   Étude de cas sur l’agriculture de conservation
La rotation des cultures est la culture d’espèces différentes sur des champs
    différents au cours de saisons successives, de sorte que les cultures ne sont pas
    cultivées là où des cultures similaires ont poussé l’année précédente. La rotation
    des cultures contraste avec la monoculture continue. La culture intercalaire est la
    culture de différentes espèces sur un même champ, généralement sur des rangs
    différents. Les deux pratiques impliquent deux cultures ou plus.

Bien que le soja soit habituellement produit comme une seule culture (monoculture),
MEDA a fait la promotion de la rotation des cultures dans le cadre de ses principes
d’AC. Dans le cadre du projet GROW, les ménages d’agricultrices ont déclaré qu’elles
pratiquaient la rotation des cultures, la culture intercalaire ou les deux. La prévalence
de la rotation des cultures n’a été évaluée que dans le FIC de 2017, 75,4 % des clients
ayant déclaré pratiquer cette méthode. Les agricultrices ont signalé une amélioration de
la fertilité du sol lorsqu’elles cultivaient le soja en alternance avec du maïs. Elles ont aussi
constaté que le sol avait moins besoin d’engrais. Certaines agricultrices ont également
signalé que la rotation des cultures n’était pas une pratique nouvelle pour elles.

En 2012, au tout début du projet, seulement 16 % des répondantes au sondage
cultivaient le soja. Les espèces cultivées étaient le maïs (84,6 % des répondantes),
l’arachide (62,1 %), le niébé (41 %), le millet (30,2 %), le riz (30,2 %), le pois bambara
(23,6 %) et le sorgho (21,1 %). En 2017, toutes les agricultrices du programme GROW
cultivaient le soja, en plus de l’arachide (80,5 % des agricultrices), du maïs (59,9 %), du
niébé (36,4 %), du pois bambara (30,1 %), du millet (14,5 %), du riz (11,4 %) et du
sorgho (6,7 %).

La prévalence de la culture intercalaire n’a pas été
surveillée tout au long du projet GROW. Bien que
les PPF n’aient pas activement fait la promotion
des cultures intercalaires, le CAPECS et le CARD
ont signalé que certaines femmes pratiquaient
la culture intercalaire ainsi que la rotation des
cultures.

Les agricultrices interrogées ont également
mentionné qu’elles avaient commencé à
semer en rangées à la suite de la formation
et du soutien du programme GROW, alors
qu’auparavant, elles semaient en groupes serrés
aux endroits où le sol leur paraissait fertile.
Les agricultrices ont indiqué que la fertilité du sol
s’était améliorée grâce à la rotation des cultures
et à la culture intercalaire. Le fait d’accumuler
la matière organique en laissant les résidus
végétaux dans le sol améliorait graduellement la
fertilité du sol.
                                                         Pratique de plantation en rangée

                                                                                                   Étude de cas sur l’agriculture de conservation 18
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