AGRICULTURE DE CONSERVATION - ÉTUDE DE CAS - GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN - MEDA
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
AGRICULTURE DE CONSERVATION – ÉTUDE DE CAS GREATER RURAL OPPORTUNITIES FOR WOMEN PLAN D’APPRENTISSAGE AGRICULTURE DE CONSERVATION
PROFIL DE MEDA Depuis plus de 60 ans, Mennonite Economic Development Associates (MEDA) conçoit et met en œuvre des programmes efficaces axés sur le marché dans le monde entier, permettant à des millions de personnes de réaliser leurs aspirations économiques et sociales. Fondé par un groupe d’hommes et de femmes d’affaires du secteur humanitaire, MEDA emploie un personnel professionnel et entrepreneurial qui associe des solutions de marché innovantes à la promotion des femmes, des hommes et des jeunes défavorisés. Afin de parvenir à une croissance inclusive et durable pour tous, nous formons des alliances avec des entreprises, des institutions financières et des gestionnaires de fonds d’investissement, ainsi qu’avec des partenaires du secteur public et de la société civile. Notre approche commerciale ancrée et centrée sur l’humain nous permet de rechercher des solutions prospectives et réactives aux défis actuels : impacts du changement climatique, dégradation de l’environnement, disparité des revenus, inégalité sociale, conflits et tensions ethniques. MEDA est un innovateur dynamique doté d’une expertise reconnue dans de multiples domaines : financement mixte, investissement socialement responsable, fonds d’encouragement, systèmes de marché, chaînes de valeur, croissance verte y compris l’agriculture intelligente face au climat, services financiers inclusifs, égalité des sexes, renforcement du pouvoir économique des femmes et développement de la main-d’œuvre. REMERCIEMENTS Rédaction Mira Maude Chouinard Édition et révision Romanus Baayakuu, Jennifer Denomy et Karen Walsh Photographie L’équipe de Ghana GROW Conception graphique Dalilah Jesus Traduction française François Couture, tr. a. Un merci spécial au gouvernement du Canada, qui a financé le projet GROW. Merci également aux principaux partenaires facilitateurs de GROW — CAPECS, CARD, ProNet, PRUDA et TUDRIDEP — et aux généreux donateurs privés de MEDA.
TABLE DES MATIÈRES I. Résumé......................................................................................................................... 1 II. Contexte...................................................................................................................... 2 A. Vue d’ensemble du projet GROW ......................................................................... 2 B. Aperçu socioéconomique et environnemental........................................................ 3 C. Description du groupe cible .................................................................................. 6 III. Description de la méthodologie ............................................................................. 7 A. Objet de l’agriculture de conservation dans le projet GROW................................... 7 B. Résumé des concepts............................................................................................. 9 L’agriculture de conservation ................................................................................. 9 L’agriculture de conservation dans le projet GROW............................................... 10 C. Méthode de mesure des résultats......................................................................... 10 Données disponibles............................................................................................ 11 IV. Étude de cas – Le modèle...................................................................................... 12 V. Résultats et explication......................................................................................... 12 A. L’agriculture de conservation................................................................................ 13 B. Semis direct ou travail minimal du sol.................................................................. 14 C. Système défriche-paillis........................................................................................ 16 D. Rotation des cultures........................................................................................... 17 E. Lutte antiparasitaire intégrée et utilisation réduite des intrants externes............... 19 Engrais................................................................................................................. 20 Herbicides............................................................................................................ 21 Pesticides (insecticides)......................................................................................... 24 F. Faible coût de production et rendement élevé...................................................... 25 VI. Défis et leçons apprises......................................................................................... 27 Travail minimal du sol........................................................................................... 27 Paillage................................................................................................................ 28 Rotation des cultures ........................................................................................... 28 Agriculture de conservation, environnement et changement climatique................ 28 VII. Conclusion.............................................................................................................. 31 Annexe 1 : Formations ................................................................................................. 32 Annexe 2 : Groupes de discussion et entrevues......................................................... 33 Annexe 3 : Glyphosate................................................................................................. 34 Annexe 4 : Références.................................................................................................. 36
SIGLES AC Agriculture de conservation AMC Affaires mondiales Canada APE Agence ghanéenne de protection de l’environnement ASS Afrique subsaharienne AVEC Associations villageoises d’épargne et de crédit CAD Dollar canadien CAPECS Capacity Enhancement and Community Support CARD Community Aid for Rural Development CSIR-SARI Council for Scientific and Industrial Research—Savanna Agricultural Research Institute EPI Équipement de protection individuelle FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FIC Formulaire d’inscription de cliente FSC Formulaire de suivi de cliente GD Groupe de discussion GHS Cédi ghanéen GM Génétiquement modifié GROW Greater Rural Opportunities for Women (ou Meilleures opportunités pour les agricultrices) HGO Haut Ghana occidental LA Légionnaire d’automne LAI Lutte antiparasitaire intégrée MAA Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture du Ghana MEDA Mennonite Economic Development Associates PPF Principal partenaire facilitateur Pronet Réseau professionnel, Nord PRUDA Partnership for Rural Development Action TUDRIDEP Tumu Deanery Rural Integrated Development Program
I. RÉSUMÉ La dégradation et l’érosion des terres dans le nord du Ghana sont endémiques : le Haut Ghana occidental (HGO) a des sols très fragiles en raison de l’élimination des déchets agricoles et de la végétation naturelle, du surpâturage, du brûlage des buissons et de la coupe d’arbres pour le carburant, l’agriculture et la construction. Par conséquent, MEDA a fait la promotion des pratiques agricoles de conservation (AC) dans le cadre du projet Greater Rural Opportunities for Women (GROW), plus précisément, la perturbation minimale de la structure du sol via le semis direct, le système défriche-paillis [slash and Plus de 80 % des agricultrices mulch], la rotation des cultures, la culture intercalaire et la lutte antiparasitaire intégrée. de GROW ont commencé à La présente étude analyse la mise en œuvre de l’AC parmi les petits exploitants agricoles mettre en œuvre au moins qui ont participé à GROW, les défis pour les agricultrices dans la mise en œuvre de l’AC une pratique agricole de dans le HGO et la mesure dans laquelle l’AC favorise la durabilité environnementale conservation. et atténue le changement climatique. Les résultats indiquent que moins de 30 % des agricultrices qui ont participé au projet GROW ont mis en œuvre une combinaison des trois pratiques clés de l’agriculture de conservation (semis direct ou travail minimal du sol, système défriche-paillis et rotation des cultures), mais que plus de 80 % des agricultrices ont commencé à mettre en œuvre au moins une pratique d’agriculture de conservation. Les principaux défis de la mise en œuvre de l’AC dans le HGO sont le manque de couverture organique du sol, le changement climatique et le statut social qui accompagne l’utilisation du tracteur, conjugués à la non-disponibilité de la machinerie spécialisée qui pourrait être utilisée pour mettre en œuvre les pratiques d’AC dans la région. Ferme de soja 1 Étude de cas sur l’agriculture de conservation
II. CONTEXTE A. Vue d’ensemble du projet GROW Rendu possible grâce au généreux soutien d’Affaires mondiales Canada, le projet Greater Rural Opportunities for Women (GROW) est mis en œuvre par Mennonite Economic Development Associates (MEDA) avec un budget total de 20 millions CAD.i Fort du soutien de cinq principaux partenaires facilitateurs (PPF) — PRONET North, TUDRIDEP, PRUDA, CARD et CAPECSii —, le projet GROW est mené dans huit districts de la région du Haut Ghana occidental. Il permet aux agricultrices de trouver de nouveaux débouchés grâce à la culture, à l’utilisation et à la vente de soja. Le projet leur permet aussi d’accéder aux services de vulgarisation agricole et aux marchés pour accroître le bien-être économique de leur ménage. L’objectif de GROW est d’améliorer la sécurité alimentaire de 20 000 agricultrices et de leurs familles dans la région du Haut Ghana occidental. Les activités du projet consistent notamment à aider les femmes à améliorer la disponibilité, l’accessibilité et la consommation d’aliments appropriés et nutritifs. On renforce pour ce faire la production, la transformation et les liens avec les marchés. Régime Fonds foncier technologique Participation Agriculture des hommes de conservation Productivité Sécurité agricole alimentaire accrue Meilleures Assurance GROW pratiques AEF grâce aux récolte Sécurité alimentaire de nutrition revenus et à la accrue pour les petites sécurité productrices agricoles alimentaire Assistance et leurs familles technique Commercialisation accrue des produits agricoles Agentes de vente Caisses d’épargne Emploi du temps et travail des femmes i À hauteur de 20 millions CAD, le budget de GROW est composé de 18 millions CAD en provenance du gouvernement du Canada et de 2 millions CAD de MEDA. Le projet a débuté en 2012 et se termine à la fin 2018. ii Les principaux partenaires facilitateurs de MEDA sont CAPECS (Capacity Enhancement and Community Support), TUDRIDEP (Tumu Deanery Rural Integrated Development Program), CARD (Community Aid for Rural Development), ProNet (Professional Network North) et PRUDA (Partnerships for Rural Development Action). Étude de cas sur l’agriculture de conservation 2
On désigne aussi des agricultrices formatrices (AF) qui enseignent les bonnes pratiques agronomiques aux femmes de leur collectivité. Ces pratiques permettent de maximiser les rendements des cultures et spécialement celle du soja. Certaines agricultrices entrepreneures sont formées pour devenir des agentes de vente (AV). Leur rôle est d’acheter et regrouper le soja d’autres femmes, puis de le revendre aux transformateurs et aux marchés. Ces femmes sont mises en contact avec les services financiers appropriés, notamment des Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC), des institutions financières et des assureurs. Le plaidoyer en faveur d’un renforcement de l’agentivité des femmes, particulièrement en ce qui concerne la prise de décision au sein du ménage et de la communauté, est un autre élément clé du projet GROW. Récolte de 2017 2500 AGRICULTRICES ONT CULTIVÉ 13 643 POUR UN RENDEMENT DE ENCADRÉES PAR GROW HECTARES DE SOJA 14 632 TONNES MÉTRIQUES Pendant la saison des récoltes de 2017, GROW a aidé 21 500 agricultrices à cultiver 13 643 hectares de soja, avec un rendement de 14 632 tonnes métriques. Les agricultrices de GROW ont vendu 11 169 tonnes de ce soja à un prix moyen de 200 cédis ghanéens (GHS) par 100 kg, pour un total de plus de 22,3 millions de GHS, soit environ 6,7 millions de CAD (chiffres de 2017).iii Le Plan d’apprentissage de GROW En sept ans de mise en œuvre, le projet GROW a permis d’en apprendre beaucoup sur le renforcement du pouvoir économique des femmes et la sécurité alimentaire dans le nord du Ghana. L’équipe du projet est heureuse de partager les enseignements tirés du Plan d’apprentissage de GROW, un ensemble de documents paru en 2018. Les sujets traités incluent l’autonomisation économique des femmes, la nutrition, la sécurité alimentaire, l’inclusion financière, la technologie et l’agriculture de conservation. B. Aperçu socioéconomique et environnemental Malgré une augmentation globale de la richesse et du développement du Ghana ces dernières années, le HGO a continué d’enregistrer des taux élevés de pauvreté, d’insécurité alimentaire et de malnutrition. Les femmes de cette région ne sont pas considérées comme des agricultrices ou des contributrices à leur ménage. Elles ont rarement le droit de prendre leurs propres décisions. Par exemple, les femmes ont peu de pouvoir décisionnel quant à la manière dont leur travail sera utilisé pendant la saison des semailles. Avant de travailler sur son propre champ agricole, la femme doit pourvoir aux besoins du ménage. Ses nombreuses tâches vont de la préparation des aliments à l’éducation des enfants en passant par le nettoyage et la récupération du bois de chauffage. Les femmes constituent iii Le taux de change moyen, en 2017, était de 1 GHS (cédi ghanéen) pour 0,30 CAD (dollar canadien). 3 Étude de cas sur l’agriculture de conservation
la principale source de main-d’œuvre pour toute la production agricole. Elles doivent souvent travailler sur le champ de leur mari avant de cultiver le leur. Leur incapacité à s’occuper de leurs propres terres les empêche de bien préparer leurs champs et de réaliser de bons rendements agricoles. Accès à la terre Accès aux et propriété intrants et foncière fournitures agricoles Pouvoir Problèmes décisionnel environne- mentaux Principaux obstacles Figure 1 : Principaux obstacles rencontrés par les agricultrices dans le HGO L’accès aux terres pour la production agricole est un enjeu clé. Les agricultrices doivent avoir un accès stable et sûr à des terres fertiles pendant et après la saison de croissance afin de permettre une bonne intendance du sol et des autres ressources. Les agricultrices du nord du Ghana détiennent rarement le titre de propriété officiel de la terre qu’elles exploitent, et elles dépendent de la communauté et des membres de leur famille pour accéder à la terre. En 2018, les femmes de GROW cultivaient en moyenne 1,6 acre de terre. L’incapacité d’accéder à des terres pour la culture pendant une période garantie représente un obstacle à l’amélioration de la production végétale, à la sécurité alimentaire, à une meilleure santé, à l’éducation et à l’autonomisation. Il est également difficile d’avoir accès aux intrants et aux approvisionnements agricoles pour garantir un rendement adéquat des cultures. En 2017, le gouvernement du Canada a accordé 125 millions de dollars canadiens au ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture (MAA) du Ghana pour étendre ses services de vulgarisation agricole dans tout le pays par l’entremise du programme de Modernisation de l’agriculture au Ghana (MAG). Le Fonds technologique de MEDA a tenté de remédier à l’accès limité des femmes à l’équipement agricole en permettant aux agricultrices et aux agentes de vente d’acheter des technologies comme des batteuses, de l’équipement de protection individuelle (EPI), des planteuses, des rouleaux, des bâches, des meules, des pompes, des tricycles à moteur et des brouettes. Les considérations environnementales représentent des défis importants pour la production agricole. La déforestation et la désertification qui en résulte sont des problèmes majeurs dans le pays. On estime en effet que 33,7 % de la couverture forestière du Ghana a été perdue entre 1990 et 2010,1 et que 35 % de ses terres sont menacées Étude de cas sur l’agriculture de conservation 4
de désertification, en particulier dans les régions du Nord. En outre, la dégradation et l’érosion prolongées des terres et des sols, ainsi que l’épuisement des nutriments, sont Le Ghana est en péril : un tiers des défis environnementaux propres aux communautés agricoles du nord du Ghana.2 du couvert forestier a disparu Parmi les causes de la dégradation des terres au Ghana : la surexploitation de l’agriculture entre 1990 et 2010 et 35 % (surpâturage et culture sur brûlis [slash and burn]), les ressources forestières et minérales, des terres sont menacées de la pollution de l’eau, les produits chimiques, l’utilisation d’équipements et de technologies désertification. inappropriés, les plantations commerciales monospécifiques et les systèmes d’irrigation inefficaces. De cette dégradation découle une augmentation de la pauvreté, de la migration et de l’insécurité alimentaire. De plus, la déforestation et la perte des sols ont entraîné une perte importante de biodiversité. Le début de la saison des pluies dans le Haut-Ouest Le HGO connaît deux saisons : la saison sèche, caractérisée par le temps fort et brumeux de l’harmattan, un vent sec et poussiéreux soufflant du Sahara vers la côte ouest- africaine, commence début novembre et se termine fin mars ; quant à la saison des pluies, elle commence avec des précipitations au début d’avril et dure jusqu’en octobre. La température de la région varie entre 15 °C la nuit pendant la saison de l’harmattan et 40 °C le jour pendant la saison torride.3 Les effets du changement climatique sont bien présents dans le HGO : variabilité des précipitations, vagues de chaleur plus intenses, prolifération des mauvaises herbes aquatiques et évaporation accrue.4 On observe aussi une sécheresse et une hausse générale des températures pendant la saison sèche.5 5 Étude de cas sur l’agriculture de conservation
C. Description du groupe cible GROW a ciblé les productrices de soja. Ces petites productrices pratiquent l’agriculture pluviale, car elles dépendent des L’agricultrice moyenne précipitations pour arroser leurs cultures et de GROW a 41 ans. ont un accès limité aux systèmes d’irrigation. Au cours de la durée du projet, plus de 21 406 clientes du programme GROWiv Mariée, elle compte ont reçu une formation sur les pratiques cinq enfants. agricoles de conservation, y compris le semis direct, la non-combustion des déchets agricoles, la rotation des cultures, ainsi que Elle cultive un champ la préparation et l’utilisation du compost et de 1,6 acre. la culture du moringa. Elle vend une partie de sa En 2018,v l’agricultrice typique de GROW avait 41 ans et un ménage de sept récolte et garde le reste personnes. Quatre-vingt-sept pour cent pour sa famille. des agricultrices de GROW étaient mariées, 12 % étaient veuves et 1 % étaient En saison sèche, elle fait divorcées. La quantité moyenne de terre du petit commerce, cultivée par les agricultrices était de 1,6 transforme le karité et acre. Quatre-vingt-seize pour cent des cultive un jardin de agricultrices de GROW ont pu consommer saison sèche. leur soja et 91,7 % ont pu vendre une partie de leurs récoltes. Quatre-vingt-trois virgule Figure 2 : L’agricultrice typique de GROW six pour cent des agricultrices de GROW ont participé à une activité économique supplémentaire pendant la saison sèche : 45 % ont fait du petit commerce, 33 % ont transformé le karité, 18 % ont cultivé des légumes en saison sèche, 12 % ont eu un jardin en trou de serrure et 13 % ont fait du compostage.6 Chaque femme faisait partie d’une Association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC), un groupe de 15 à 30 femmes. Les femmes ont reçu une assistance technique et des liens avec des acteurs du marché, comme les fournisseurs d’intrants et les transformateurs de soja, qui ont acheté leurs cultures. Les PPF de MEDA ont reçu des formations du MAA et de l’Agence de protection de l’environnement (APE), deux organismes du gouvernement ghanéen, et ils ont transmis cette formation aux agricultrices formatrices. Par la suite, les agricultrices formatrices ont formé les agricultrices de leur groupe, soit en organisant des réunions spécifiques, soit en partageant leurs nouvelles connaissances lors des réunions de l’AVEC. Au cours de la saison de croissance 2017, les agricultrices du GROW ont cultivé du soja sur un total de 33 793,75 acres. iv Données de la fin de 2017, le cycle de collecte de données le plus récent au moment de la rédaction. v Données du FSC 2018 Étude de cas sur l’agriculture de conservation 6
III. DESCRIPTION DE LA MÉTHODOLOGIE A. Objet de l’agriculture de conservation dans le projet GROW L’un des objectifs de GROW était d’accroître et de diversifier la productivité agricole des cultures vivrières pour les familles de petits exploitants agricoles, en particulier les femmes, dans la région du HGO. Pour ce faire, MEDA visait à accroître la capacité des partenaires locaux à répondre de manière efficace et durable aux besoins des petites exploitantes et des productrices agricoles. Elle cherchait aussi à améliorer les compétences des petits exploitants, notamment les femmes, dans de nombreux domaines : techniques agricoles respectueuses de l’environnement et adaptées aux saisons, techniques post-récolte, pratiques de manutention sécuritaires, technologies de mise en valeur et informations sur le marché. Principales activités en réponse aux besoins des petites productrices Formation Facilitation Techniques Manipulation Techniques Accès aux Accès aux agricoles prudente des post-récolte technologies informations convenant à produits créatrices de sur les l’environnement agrochimiques valeur marchés et à la saison Figure 3 : Principales activités et compétences pour accroître et diversifier la productivité des petites productrices agricoles L’un des principaux problèmes auxquels sont confrontées les petites exploitantes agricoles du HGO est le déclin constant de la fertilité des sols. Traditionnellement, les agriculteurs reconstituaient la fertilité des sols perdus en pratiquant l’agriculture itinérante et la rotation des terres afin de permettre à une parcelle cultivée pendant plusieurs années de rester en jachère. C’étaient des pratiques agricoles courantes lorsque la population était faible. Cependant, face à la pression démographique, à la demande croissante de produits agricoles et à la réduction des possibilités d’expansion, les agriculteurs ont raccourci ou abandonné les longues périodes de jachère. La culture continue des terres mène à la surexploitation des éléments nutritifs du sol et à la détérioration de la base des ressources du sol. Les agricultrices sont particulièrement touchées par l’infertilité des sols, car elles sont parfois incapables de payer les engrais et n’ont pas suffisamment de connaissances sur les moyens alternatifs et abordables de maintenir la fertilité des sols. 7 Étude de cas sur l’agriculture de conservation
En 2013, MEDA a retenu les services du Council for Scientific and Industrial Research – Savanna Agricultural Research Institute (CSIR-SARI) pour effectuer une analyse des sols dans le HGO. L’analyse en laboratoire a porté sur des échantillons de sol provenant de 16 sites de projet. Il a été conclu que les sols de l’UWR avaient « une texture sableuse, une faible teneur en éléments nutritifs et, par conséquent, une faible capacité de rétention de l’humidité. »7 Le rapport mentionne : • « Texture sablonneuse, 56 % des sites ayant moins de 6 % d’argile dans l’analyse de la taille des particules, rendant les sols sujets à l’érosion et ayant une faible capacité de rétention de l’humidité. » • « La fertilité du sol est généralement faible. Les niveaux de matière organique, d’azote total et de phosphore disponibles sont généralement très faibles. La faible teneur en carbone organique et en azote total peut être attribuée à la faible production de biomasse et à un taux élevé de décomposition. » Dans son rapport, le CSIR-SARI a conclu qu’il y avait un besoin urgent de prévenir l’érosion et d’améliorer la fertilité des sols dans la région. Il fallait aussi faire un effort conscient pour accumuler de la matière organique. « La gestion intégrée de la fertilité des sols est absolument nécessaire. Les agriculteurs des diverses communautés ont besoin d’explorer des stratégies pour rendre disponibles les matières organiques, car elles sont normalement rares dans les systèmes agroécologiques de la savane. Ces stratégies comprendront des pratiques intégrées de gestion de la fertilité des sols, comme l’utilisation combinée d’engrais organiques et minéraux, l’utilisation de semences de qualité de variétés de cultures améliorées, des associations de cultures appropriées (cultures intercalaires et rotations de cultures) et la rétention des déchets agricoles. »8 L’inclusion du soja dans les systèmes de culture a été recommandée pour aider à améliorer la fertilité du sol et réduire l’incidence de la Striga hermonthica dans les régions où cette mauvaise herbe est endémique. En fait, « les agriculteurs pauvres en ressources dans les zones de précipitations marginales et de faible productivité des sols sont les plus touchés par la striga ».9 L’infestation de la striga est aggravée par la faible fertilité du sol. Ces herbes parasites peuvent causer des pertes de rendement allant jusqu’à 80 % dans la production de cultures alimentaires en Afrique, en particulier dans les régions semi-arides de l’Afrique subsaharienne (ASS). Le soja contient une variété de minéraux nutritifs et fixe de l’azote qui aide à améliorer la fertilité du sol et à réduire la vulnérabilité à l’infestation de striga. Une diminution de la fertilité résulte de l’érosion du sol, qui élimine l’horizon de surface et réduit la capacité du terreau à retenir l’humidité et les nutriments. La principale cause de la dégradation des terres cultivées de l’ASS est le travail du sol. En fait, les activités agricoles mécanisées sur les sols entraînent une dégradation, car elles créent du ruissellement, de l’érosion et des changements dans les propriétés des sols. Cette recherche a confirmé le plan de MEDA d’intégrer les techniques d’agriculture de conservation (AC) à la formation des agricultrices formatrices sur les pratiques de culture du soja comme élément clé de la stratégie environnementale du projet visant à promouvoir la fertilité du sol et la conservation de l’eau. Étude de cas sur l’agriculture de conservation 8
B. Résumé des concepts L’agriculture de conservation Tout ce que nous mangeons provient du sol. Le sol contient des millions d’organismes vivants, et il existe une relation symbiotique entre la vie microbienne et végétale. Lorsque les organismes du sol décomposent les plantes et les animaux morts (le processus de décomposition), ils libèrent des éléments nutritifs dans l’environnement, ce qui permet le cycle des éléments nutritifs.10 À mesure que la qualité du sol s’améliore, la qualité de la culture, et en fin de compte la santé humaine, augmente. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) décrit l’agriculture de conservation (AC) comme « une approche de la gestion des agroécosystèmes pour une productivité améliorée et durable, une augmentation des profits et la sécurité alimentaire tout en préservant et en améliorant la base de ressources et l’environnement ».11 En d’autres termes, « l’AC est un concept qui tente de concilier écologie, économie et rendement agricole. »12 L’AC est considérée comme un outil de gestion durable des terres, car elle examine l’interaction entre les ressources, le climat et les activités humaines pour une productivité maximale et une exploitation viable. L’AC vise à réaliser une agriculture durable et rentable tout en assurant la durabilité environnementale, et elle « a fait ses preuves dans une variété de zones agroécologiques et de systèmes agricoles ». En 2012, « les essais en AC [avaient] généré une amélioration des rendements de 20 à 120 % sur les terres des petits exploitants ».13 L’agriculture de conservation se caractérise par les trois principes énumérés ci-dessous et à la Figure 4. Elle fonctionne de manière optimale si les principes suivants sont appliqués simultanément de manière intégrée : • Perturbation mécanique minimale du sol ; • Couverture organique permanente du sol (déchets agricoles, plantes de couverture ou paillis) ; • Diversification des espèces cultivées (rotation des cultures et culture intercalaire). Ces trois principes combinés permettent une agriculture rentable et durable sur le plan environnemental. Ils enrichissent la matière organique des sols (MOS) pour « accroître la résilience des sols au changement climatique [,…] constituer une couverture de végétation protectrice ou de résidus de culture qui favorise le travail biologique de la macrofaune (comme les vers de terre) qui creuse des trous et crée des canaux pour l’air et l’eau. » Les trois principes doivent être appliqués afin de véritablement pratiquer l’AC, mais leur mise en œuvre est adaptée au contexte local, au paysage, à la qualité du sol et aux besoins. 9 Étude de cas sur l’agriculture de conservation
1 PERTURBATION MÉCANIQUE 2 COUVERTURE ORGANIQUE 3 DIVERSIFICATION DES ESPÈCES MINIMALE PERMANENTE CULTIVÉES Réduit l’érosion et Protège contre les Favorise une bonne préserve la matière conditions extrêmes et structure du sol, entretient organique du sol. préserve l’humidité. la flore et la faune, nourrit les cultures et déjoue les ravageurs. Figure 4 : Les trois grands principes de l’agriculture de conservation FAO, 2017 L’agriculture de conservation dans le projet GROW Dans le cadre du projet GROW, l’AC a été définie comme un ensemble de pratiques et de procédures qui garantissent une productivité et une rentabilité agricoles. Ces objectifs doivent être atteints tout en améliorant la santé des sols et l’environnement et en minimisant la perturbation de la structure, de la composition et de la biodiversité naturelle des sols. Les formations sur l’agriculture de conservation présentées aux PPF et aux agricultrices formatrices ont mis en évidence les principes et les avantages suivants de l’AC : 1. Préparation du sol : a. Semis direct, agriculture sans labour ou avec labour minimum ou biologique, b. Système défriche-paillis, c. Rotation des cultures et culture intercalaire ; 2. Lutte antiparasitaire intégrée (LAI) et utilisation réduite des intrants externes ; 3. Faible coût de production. C. Méthode de mesure des résultats Le présent rapport étudie les pratiques d’AC dans le cadre du projet GROW, la mesure dans laquelle ces pratiques ont été utilisées ainsi que les avantages et les inconvénients de l’AC pour les agricultrices et pour l’environnement. L’auteure : • a examiné l’étude des sols menée en 2013 et d’autres documents du projet, y compris les rapports annuels, les plans de travail et les documents supplémentaires ; Étude de cas sur l’agriculture de conservation 10
• a mené une recherche sur les données recueillies tout au long du projet GROW à propos des pratiques agricoles ; • a examiné les documents de formation utilisés pour former les formatrices sur les pratiques agricoles de conservation, la préparation du compost, la réglementation sur les pesticides et la production de soja ; • a visité le projet GROW, animé des groupes de discussion avec trois PPF, des agriculteurs des deux sexes de trois communautés et a eu des entrevues avec les agricultrices formatrices, le MAA et Antika (un fournisseur d’intrants agricoles). Pour de plus amples renseignements sur le matériel de formation et les groupes de discussion, veuillez consulter respectivement les annexes 1 et 2. Données disponibles • Recherche de base : En 2013, MEDA et les cinq PPF ont mené une recherche de base parmi un total de 351 agricultrices de cinq districts différents. • Évaluation à mi-parcours : Dans l’enquête annuelle intérimaire de 2015, 191 agricultrices ont été interviewées. • FIC 2017 : Dans le formulaire d’inscription des clientes (FIC) de 2017, toutes les agricultrices, soit 21 406 au total, ont répondu à des questions sur leurs méthodes de préparation des terres et de culture. • FIC 2018 : Dans le Formulaire de suivi des clientes (FSC) de 2018, toutes les agricultrices, soit 21 437 au total, ont répondu à des questions sur leurs méthodes de récolte et d’utilisation des cultures. Réunion d’un groupe de discussion dans la communauté de Viehaa, participant à ProNet 11 Étude de cas sur l’agriculture de conservation
IV. ÉTUDE DE CAS – LE MODÈLE Cette étude de cas fournit une analyse des pratiques agronomiques des agricultrices dans le cadre du projet GROW et pose les questions suivantes : • L’AC a-t-elle été mise en œuvre avec succès dans le cadre du projet GROW ? Le document examine comment l’agriculture de conservation et ses principes ont été enseignés aux groupes cibles. • Quels sont les défis pour les petites exploitantes agricoles dans la mise en œuvre de l’AC dans le Haut Ghana occidental ? • Dans quelle mesure l’AC favorise-t-elle la durabilité de l’environnement et atténue-t- elle les changements climatiques ? Tout sourire dans la communauté d’Olli, l’une des localités ciblées par CAPECS V. RÉSULTATS ET EXPLICATION Au milieu de 2017, MEDA et les cinq PPF avaient formé 903 agricultrices formatrices, qui ont ensuite formé un total de 20 504 agricultrices sur les pratiques agricoles de conservation. Le schéma de formation pour les PPF interviewés est illustré à la figure 5. La présente section porte sur la mise en œuvre de chaque pratique agricole de conservation et de l’ensemble des pratiques. Étude de cas sur l’agriculture de conservation 12
ProNet : 6023 255 agricultrices agricultrices formatrices CARD : 108 MEDA, PPF, MAA, 2800 agricultrices EPA agricultrices formatrices CAPECS : 152 2923 agricultrices agricultrices formatrices Figure 5 : Organisation de la formation en agriculture de conservation chez les trois PPF interrogés (données de 2018) A. L’agriculture de conservation Au cours des groupes de discussion et des entrevues, les PPF et agricultrices de GROW ont démontré une bonne compréhension des avantages de l’agriculture de conservation. L’apprentissage expérientiel a été essentiel pour les PPF. Le personnel a signalé que l’échange d’idées et d’expériences étaient essentiels pour les aider à comprendre les avantages de l’AC. Ils ont aussi trouvé utile de voir la mise en œuvre de l’agriculture de conservation au cours d’une visite d’exposition à Kanpuo. Dans la recherche de base effectuée en 2013, seulement 4,57 % des agricultrices interrogées ont déclaré pratiquer l’agriculture de conservation. En comparaison, les données suivantes sur les méthodes de préparation des terres et de récolte ont été déclarées dans les FIC et FSC de 2017 : • 75,4 % des clientes ont déclaré pratiquer la rotation des cultures ; • 6,97 % ont indiqué explicitement avoir pratiqué le système défriche-paillis ; • 41,6 % ont déclaré pratiquer le semis direct ou travail minimal du sol à l’aide d’une houe ou d’une charrue à âne, combinée à l’utilisation d’herbicides ; • 13,9 % ont déclaré qu’elles ne travaillaient pas le sol du tout (et utilisaient des herbicides) ; • 79 % ont déclaré qu’elles coupaient et déchiquetaient les tiges au moment de la récolte et qu’elles laissaient les résidus et les racines se décomposer. En combinant ces données pour évaluer l’adoption de l’AC dans son ensemble, on a constaté que seulement 2,2 % des clientes pratiquaient le semis direct ou travail minimal du sol effectué à l’aide d’une houe ou d’une charrue à âne, utilisaient des herbicides, mettaient une couche de mulch (paillis de résidus végétaux) sans brûler les déchets agricoles, pratiquaient la rotation des cultures et laissaient les résidus se décomposer. 13 Étude de cas sur l’agriculture de conservation
Figure 6 : Adoption des pratiques d’agriculture de conservation (en pourcentage des répondantes) en 2017 (FIC et FSC) 8080 % 7070 % 6060 % 5050 % 4040 % 3030 % 2020 % 1010 % 00 Rompre les tiges au Semis Défriche- Rotation moment de la direct ou paillis des cultures récolte et les laisser travail se décomposer minimal sur place du sol B. Semis direct ou travail minimal du sol Les systèmes de travail minimal du sol laissent des résidus de culture, couvrent la surface et perturbent légèrement le sol. Ils réduisent l’érosion et préservent les matières organiques. Il a été prouvé que le sol de surface provenant de terres en semis direct retient plus d’eau que les terres travaillées,14 et que le travail minimal du sol réduit le lessivage des nitrates. Dans le cadre du programme GROW, MEDA a enseigné des pratiques de semis direct ou travail minimal du sol et considéraient le labourage à la houe ou à la charrue à âne comme des techniques produisant un minimum de perturbation. On a fait la promotion de l’ensemencement direct à travers le paillis ou à l’aide d’une planteuse. L’utilisation de tracteurs dans le Haut Ghana occidental ne peut être considérée comme un travail minimal du sol. Bien que des systèmes mécanisés de travail minimal du sol (comme des défonceuses) aient été mis au point pour introduire les semences à travers le couvert végétal, la région du Haut Ghana occidental n’a pas accès à de Préparation des terres dans l’une telles technologies. des communautés du CARD Étude de cas sur l’agriculture de conservation 14
Dans le cadre de la recherche de base menée en 2013, seulement 8 % des agricultrices interrogées ont déclaré pratiquer le semis direct ou le travail minimal du sol. Dans l’étude annuelle de 2015, 11,6 % des clientes interrogées au sujet de leurs pratiques agricoles ont déclaré pratiquer le semis direct ou le travail minimal du sol. En 2017, 41,6 % des clients ont déclaré effectuer une combinaison d’herbicides et de semis direct ou avec un travail minimal du sol à l’aide d’une houe ou d’une charrue à âne. Figure 7 : Adoption du semis direct et du travail minimal du sol (en pourcentage) parmi les agricultrices échelonnée sur la durée du projet GROW 5050 % 4040 % 3030 % 2020 % 1010 % 00 2013 2015 2017 Le labourage au tracteur demeure la méthode de préparation des terres privilégiée par les agricultrices du HGO : 56,3 % des clientes ont utilisé des tracteurs pour labourer leurs terres pendant la saison de végétation de 2017, pour un total de 29 311 acres de terres labourées à l’aide d’un tracteur (86,7 % du total des terres). Six mille quatre cent vingt-six acres de terres ont été labourées à l’aide d’un taureau, d’un âne ou d’une houe (19 %), et 10 257,45 acres de terres ont été traitées avec des herbicides (30,4 %). 15 Étude de cas sur l’agriculture de conservation
Figure 8 : Méthode de préparation du sol utilisée par les agricultrices (en pourcentage) dans le projet GROW en 2017 (FIC 2017) Défriche-paillis Défriche-paillis/enfouissement (sans brûler les résidus) Charrue à âne Binage à la houe Labourage au tracteur Herbicides sans travail du sol Herbicides et travail du sol 0 10% 10 20% 20 30% 30 40% 40 50% 50 60% 60 C. Système défriche-paillis Une couche protectrice de paillis ou de résidus de culture aide à maintenir une couverture végétale permanente. Cela réduit la croissance des mauvaises herbes, la perte d’humidité, l’érosion par l’eau et le vent. L’accumulation de matière organique maintient également le sol plus frais et augmente l’activité microbienne du sol tout en restaurant le carbone du sol par décomposition. Avant le projet GROW, la plupart des agricultrices du HGO pratiquaient la culture sur brûlis et déracinaient les plantes au moment de la récolte. La culture sur brûlis implique le défrichage d’une partie de la forêt en coupant la végétation et en brûlant les débris. Parmi les conséquences de cette pratique, on compte l’épuisement de la matière organique du sol, la dégradation de la fertilité du sol, la rareté de l’eau et la diminution du Couche protectrice de paillis rendement des cultures. GROW a conseillé de ne pas brûler les déchets agricoles et a plutôt fait la promotion du système défriche-paillis. Le système défriche-paillis est un système de production pratiqué par les petits exploitants agricoles des régions tropicales humides, notamment au Honduras et au Burkina Faso. Cette méthode implique la coupe et le déchiquetage des plantes au niveau de la tige, en laissant la biomasse sur le sol pour qu’elle se décompose. On laisse la structure racinaire dans le sol pour augmenter la teneur organique de la terre végétale. Il a été prouvé que le système défriche-paillis améliore la disponibilité de l’eau du sol (rétention de l’humidité et Étude de cas sur l’agriculture de conservation 16
durée de la disponibilité de l’humidité pour les cultures pendant la saison sèche) et qu’elle réduisait les pertes de cultures en raison de la sécheresse. Le soja est une bonne culture de couverture puisqu’il aide à reconstituer les éléments nutritifs du sol.15 Le soja est une bonne culture de couverture, car il aide à reconstituer les éléments nutritifs du sol. En 2013, 11,6 % des agricultrices sondées prenaient des mesures de conservation de l’humidité (qui, aux fins de cette étude, peuvent être présumées comme consistant à ajouter un certain type de couverture organique du sol). En 2015, 12,1 % des clientes ont En 2017, 98 % des déclaré prendre des mesures de conservation de l’humidité. En 2017, seulement 6,97 % agricultrices de GROW ont indiqué explicitement qu’elles pratiquaient le système défriche-paillis (sans brûler les avaient abandonné la déchets agricoles). Quatre-vingt-dix-huit pour cent des agricultrices de GROW ont cessé de culture sur brûlis. pratiquer la culture sur brûlis à partir de 2017. C’est la plus belle réussite de la formation en AC. Dans le FSC de 2017, 79 % des agricultrices ont déclaré avoir coupé et rompu la base des tiges au moment de la récolte et avoir laissé les résidus de tige et les racines se décomposer. Couper et déchiqueter les tiges au moment de la récolte et les laisser se décomposer peut être une forme peu fiable de couverture de sol. En effet le bétail broute souvent les tiges, les résidus et les herbes avant la prochaine saison de plantation — une pratique économique pour de nombreux agriculteurs. Cependant, ProNet mentionne que laisser les racines dans le sol représente un travail minimal pour l’agricultrice et rend plus difficile pour les animaux de manger les résidus. Les agricultrices ont acquis une bonne compréhension de la nécessité d’une couverture végétale et des raisons pour lesquelles la culture sur brûlis a des effets nuisibles. Les « Les agricultrices agricultrices comprennent maintenant que la combustion de matières organiques nuit apprécient désormais à leur environnement et produit du dioxyde de carbone. Les agricultrices interrogées ont également compris que lorsque la couverture du sol est suffisante, elle peut aider à l’utilité des déchets conserver l’humidité. Elles ont rapporté qu’elles coupaient les tiges des cultures de soja, agricoles. » de maïs et de millet et les laissaient pourrir dans les champs, comme l’enseignaient les formations de MEDA. Les employés de CARD ont déclaré qu’ils comprenaient très bien – Employé de CARD les avantages du système défriche-paillis, car la couverture du sol aide à maintenir le pH, l’activité microbienne et l’humidité. Certaines ont également indiqué qu’elles ramenaient les restes de battage dans le champ comme couverture de sol. De tels résidus pourraient également être utilisés pour le compost, mais aucune des répondantes n’a déclaré en faire. D. Rotation des cultures La diversification des espèces cultivées est encouragée dans l’agriculture de conservation afin de réduire les ravageurs et les maladies. Elle peut être mise en œuvre par la rotation des cultures et les cultures intercalaires. La rotation des cultures et les cultures intercalaires aident à gérer la fertilité des sols et à prévenir ou réduire les maladies transmises par le sol et les insectes qui y vivent. La culture d’une variété d’espèces limite également la vulnérabilité aux changements climatiques et aux ravageurs. Les légumineuses, comme le soja, sont d’excellentes cultures de couverture, car elles aident à reconstituer les éléments nutritifs du sol. 17 Étude de cas sur l’agriculture de conservation
La rotation des cultures est la culture d’espèces différentes sur des champs différents au cours de saisons successives, de sorte que les cultures ne sont pas cultivées là où des cultures similaires ont poussé l’année précédente. La rotation des cultures contraste avec la monoculture continue. La culture intercalaire est la culture de différentes espèces sur un même champ, généralement sur des rangs différents. Les deux pratiques impliquent deux cultures ou plus. Bien que le soja soit habituellement produit comme une seule culture (monoculture), MEDA a fait la promotion de la rotation des cultures dans le cadre de ses principes d’AC. Dans le cadre du projet GROW, les ménages d’agricultrices ont déclaré qu’elles pratiquaient la rotation des cultures, la culture intercalaire ou les deux. La prévalence de la rotation des cultures n’a été évaluée que dans le FIC de 2017, 75,4 % des clients ayant déclaré pratiquer cette méthode. Les agricultrices ont signalé une amélioration de la fertilité du sol lorsqu’elles cultivaient le soja en alternance avec du maïs. Elles ont aussi constaté que le sol avait moins besoin d’engrais. Certaines agricultrices ont également signalé que la rotation des cultures n’était pas une pratique nouvelle pour elles. En 2012, au tout début du projet, seulement 16 % des répondantes au sondage cultivaient le soja. Les espèces cultivées étaient le maïs (84,6 % des répondantes), l’arachide (62,1 %), le niébé (41 %), le millet (30,2 %), le riz (30,2 %), le pois bambara (23,6 %) et le sorgho (21,1 %). En 2017, toutes les agricultrices du programme GROW cultivaient le soja, en plus de l’arachide (80,5 % des agricultrices), du maïs (59,9 %), du niébé (36,4 %), du pois bambara (30,1 %), du millet (14,5 %), du riz (11,4 %) et du sorgho (6,7 %). La prévalence de la culture intercalaire n’a pas été surveillée tout au long du projet GROW. Bien que les PPF n’aient pas activement fait la promotion des cultures intercalaires, le CAPECS et le CARD ont signalé que certaines femmes pratiquaient la culture intercalaire ainsi que la rotation des cultures. Les agricultrices interrogées ont également mentionné qu’elles avaient commencé à semer en rangées à la suite de la formation et du soutien du programme GROW, alors qu’auparavant, elles semaient en groupes serrés aux endroits où le sol leur paraissait fertile. Les agricultrices ont indiqué que la fertilité du sol s’était améliorée grâce à la rotation des cultures et à la culture intercalaire. Le fait d’accumuler la matière organique en laissant les résidus végétaux dans le sol améliorait graduellement la fertilité du sol. Pratique de plantation en rangée Étude de cas sur l’agriculture de conservation 18
Vous pouvez aussi lire