Les déterminants de l'efficacité des instruments des politiques publiques pour l'adaptation aux changements climatiques : leçons tirées d'études ...
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1 Les déterminants de l’efficacité des instruments des politiques publiques pour l’adaptation aux changements climatiques : leçons tirées d’études de cas au Québec, au Canada Atlantique et au Massachusetts Six études de cas réalisées entre 2019 et 2021 ont permis d’identifier des facteurs qui motivent les instances publiques à développer des instruments spécifiques ainsi que d’autres qui facilitent leur mise en œuvre et qui favorisent leurs effets positifs. Trois études ont porté sur les mécanismes utilisés par les provinces ou États pour soutenir les municipalités dans leur planification de l’adaptation aux changements climatiques. Elles se sont penchées sur les instruments utilisés en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et au Massachusetts. Une autre étude a porté sur l’évaluation environnementale de projets de stabilisation des berges sur la Côte-Nord, au Québec. Une cinquième étude a porté sur la prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans le schéma d’aménagement et de développement (SAD) de l’agglomération de Montréal. Une sixième étude s’est penchée sur la démarche de planification Climate Ready Boston. Le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse sont des provinces de l’Est du Canada qui partagent des frontières entre elles. Ces trois provinces ont une partie de leurs côtes dans le golfe du Saint- Laurent. Le Nouveau-Brunswick et le Québec partagent la Baie-des-Chaleurs. Le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse ont en commun la Baie de Fundy. Le Massachusetts est un État du nord-est des États-Unis. Il n’a pas de frontière avec le Canada, mais il s’y trouve rapproché géographiquement. Tout comme la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, une partie de ses côtes donne sur le golfe du Maine. Comme toutes les zones côtières du globe, ces régions sont affectées par la hausse graduelle du niveau de la mer. Par contre, le mouvement vertical de l’écorce terrestre, lié au rebond isostatique qui a suivi la fonte des glaciers de la dernière glaciation, entraîne des différences dans la hausse relative du niveau de la mer. En effet, ce rebond entraîne un relèvement de l’écorce terrestre sur la partie des continents qui était couverte par les glaciers, mais un enfoncement sur les bords. Alors qu’au Québec le rebond compense en partie la hausse du niveau de la mer, il l’augmente en Nouvelle-Écosse.
2 Les partenaires du projet Cette fiche résume les principales conclusions du projet "Comprendre les déterminants de l’efficacité des instruments de politiques publiques : Études de cas sur l’adaptation aux changements climatiques au Québec, au Canada atlantique et au Massachusetts". Ce projet est coordonné par l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC), situé à l’Université Laval, et réalisé en collaboration avec Ouranos, l’Université du Massachusetts à Boston, l’Université du Massachusetts à Amherst et CBCL Limited à Halifax. Il est soutenu par Ressources naturelles Canada et par le gouvernement du Québec dans le cadre des Fonds de recherche du Québec ainsi que du Plan pour une économie verte 2030. Cette recherche contribue aux réflexions du groupe de travail sur la gestion côtière de la Plateforme canadienne d’adaptation aux changements climatiques. Le rapport complet du projet détaille les nombreuses personnes qui ont contribué au projet en tant que membres de l’équipe de recherche ou comme participants. La méthodologie Les chercheurs de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC), de CBCL Limited et du Sustainable Solutions Lab (SSL) à l’Université du Massachusetts Boston ont collaboré pour mener les études de cas. Dans leurs juridictions respectives, ils ont examiné les mesures politiques en place, ce qui a motivé leur instauration, ainsi et les facteurs qui ont permis ou limité leur mise en œuvre et leurs résultats. Les objectifs des instruments des politiques publiques étudiés ont d’abord été identifiés à partir de l’examen de la documentation correspondante. Les équipes ont mené des discussions et réalisé des entrevues semi-structurées avec des informateurs clés. Ces informateurs comprennent des membres du personnel des instances provinciales, étatiques ou municipales qui mettent en œuvre les instruments étudiés ainsi que des consultants et des employés d’organismes non gouvernementaux (ONG). Dans certaines études, des ateliers virtuels leur ont permis de recueillir des points de vue supplémentaires. Cette fiche résume les perceptions exprimées lors des entrevues et les objectifs exprimés dans les documents des politiques publiques. Elle les organise en fonction du cadre conceptuel du projet, qui s’appuie sur la théorie de la poursuite raisonnée d’objectifs 1. Ce cadre prend en compte les facteurs facilitants, les barrières, ainsi que les facteurs de motivation à utiliser des instruments de politiques publiques. Les facteurs de motivation comprennent les avantages et les désavantages perçus ainsi que les pressions sociales perçues. Le rapport complet du projet détaille le cadre conceptuel du projet ainsi que son application dans chaque étude de cas. 1 Ajzen, I. & Kruglanski, A. W. (2019). Reasoned action in the service of goal pursuit. Psychological Review, 126(5), 774-786.
3 Facteurs communs Les résultats des études de cas indiquent que bon nombre de facteurs motivants et facilitants reviennent dans toutes les localités et à tous les niveaux de gouvernance. Le tableau 1 résume les principaux facteurs, organisés en fonction du cadre conceptuel du projet. Les facteurs motivants incluent les avantages perçus en termes de réduction des risques et d’amélioration de la qualité de vie. Le fait d’avoir eu des événements catastrophiques récents sur leur territoire ou dans des localités à proximité, tels que l’Ouragan Sandy à New-York, des inondations liées à des tempêtes en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, et des vagues de chaleur à Montréal, renforce la croyance selon laquelle il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures d’adaptation. Par contre, les objectifs liés à la réduction des risques peuvent fluctuer et être moins actifs entre les évènements météorologiques extrêmes. Le fait de fixer des objectifs axés sur la qualité de la vie peut soutenir la motivation des gouvernements à mettre en œuvre des instruments de politiques publiques et peut contribuer à obtenir le soutien du public à leur égard. Plus spécifiquement, des solutions comme le verdissement, les parcs et la conservation des milieux naturels peuvent réduire les risques tout en procurant des occasions de loisirs, d’accès à la nature et de socialisation. Les pressions sociales perçues, qui peuvent résulter d’exigences gouvernementales, des attentes exprimées lors de consultations publiques ou d’engagements antérieurs, peuvent également influencer la motivation des instances. Par exemple, les gouvernements locaux peuvent être réticents à imposer des restrictions au développement dans des zones à risque en raison des pressions exercées par les propriétaires concernés, auxquelles s’ajoutent d’éventuelles pertes de recettes fiscales. Par ailleurs, certaines villes choisissent d’adapter les constructions et de protéger la côte, ce qui pose à son tour des enjeux liés au financement des ouvrages de protection et de leur impact environnemental. Nous notons que les barrières peuvent résulter de lacunes dans certains facteurs facilitants, qui peuvent à leur tour résulter d'un manque de motivation des collaborateurs potentiels ou des acteurs ciblés, ou des barrières que ceux-ci rencontrent. Les instances peuvent mettre en place de nouvelles politiques publiques et de nouveaux instruments pour surmonter ces barrières. Divers instruments politiques peuvent influencer les acteurs ciblés et promouvoir un comportement d’adaptation donné en : • motivant les acteurs, et ce, en : o les informant des avantages du comportement promu ; o rendant le comportement obligatoire pour obtenir une approbation (par exemple, élaborer un plan municipal d’adaptation afin d’accéder à du financement provincial pour les infrastructures, ou utiliser des revêtements de toiture approuvés afin d’obtenir un permis de construction municipal), créant ainsi une pression sociale ; • leur fournissant des ressources (financières, humaines, organisationnelles et informationnelles) pour faciliter l’adoption du comportement.
4 Tableau1 : Résumé des principaux déterminants de l'efficacité des instruments de politiques publiques Facteurs de motivation Facteurs facilitants () ou barrières () Avantages () et Pressions sociales désavantages () perçus perçues, favorables () et défavorables () Des événements Exigences du Ressources humaines motivées et compétentes au catastrophiques favorisent gouvernement sein de l'administration la perception qu’il est Normes Disponibilité d'experts (universitaires, consultants, professionnelles ONG) nécessaire d’intervenir Exigences des Disponibilité d'informations, telles que les projections Les options considérées climatiques, les cartes des zones à risque. bailleurs de fonds contribuent à réduire le Disponibilité des fonds Demandes exprimées risque Implication des parties prenantes/des juridictions lors de consultations Les options considérées publiques membres contribuent à améliorer la Engagements Travail « de frontière », à l'interface entre les qualité de la vie différents acteurs/entités et avec la recherche antérieurs scientifique. Développement de nouvelles politiques et de nouveaux instruments pour surmonter les barrières Peut limiter ce que les Pression des Lacunes dans certains facteurs facilitants mentionnés gens peuvent faire sur leur membres de la ci-dessus propriété circonscription ou de du Certaines options envisagées peuvent nécessiter plus Peut entraîner une secteur immobilier de ressources (financières, humaines, organisationnelles réduction des recettes Les élus peuvent être et informationnelles) que d'autres et ne sont donc pas fiscales réticents à adopter des Certaines mesures de retenues. mesures impopulaires protection du littoral peuvent réduire l'accès à la côte et avoir des impacts environnementaux négatifs.
5 Les facteurs liés à l’utilisation de l’information et des connaissances Dans chacune des études de cas, nous avons constaté comment les gouvernements des différents niveaux administratifs utilisent les résultats de la recherche dans divers processus, notamment dans l’engagement des parties prenantes, la planification, la prise de décision et la gestion des actifs. Ces résultats, qui se trouvent dans des produits d’informations de toutes sortes, sont des facteurs facilitants pour les gouvernements, leur permettant de prendre des décisions et de savoir comment procéder. Les gouvernements les utilisent également pour influencer les acteurs ciblés par leurs politiques publiques, soit pour les motiver à agir, ou encore pour leur faciliter la tâche. Les instruments de politiques publiques tels que des plans d’adaptation, des cartes de zones à risque ou des règlements sont très souvent façonnés par des collaborations entre les scientifiques et les gouvernements et peuvent donc être qualifiés d’ « objets frontières ». Parfois, des consultants font usage de projections pour élaborer des produits d’informations adaptés aux besoins d’un gouvernement particulier, par exemple, des cartes des risques d’inondation qui tiennent compte à la fois de l’élévation du niveau de la mer et des précipitations prévues résultant des efforts de modélisation internationaux. Ces consultants, qui proviennent souvent du milieu académique ou d’ONG, jouent souvent un rôle important dans le développement de plans ou d’options d’adaptation qui s’appuient sur les résultats de la recherche scientifique. Ils jouent eux aussi un rôle d’interface entre le milieu scientifique et les gouvernements. Par ailleurs, le Québec, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et le Massachusetts ont financé le développement de portails d’information par des universités et des centres de recherche pour le bénéfice des municipalités et autres acteurs. .
6 Les facteurs liés à l’engagement des parties prenantes Toutes les études de cas ont souligné l’importance de la participation des parties prenantes, et plusieurs ont mis en évidence certains défis. Un certain nombre de politiques publiques étudiées ont nécessité, ou nécessitent encore, une consultation publique, comme les plans intégrés de durabilité communautaire (Integrated Community Sustainability Plans – ICSP) et les plans d’action municipaux sur les changements climatiques (Municipal Climate Change Action Plans – MCCAP) de la Nouvelle-Écosse ; le programme MVP du Massachusetts ; l’aménagement du territoire et les modifications des règlements en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et au Québec, entre autres. Les participants des études de cas ont exprimé des préoccupations par rapport aux questions liées à la consultation. Par exemple, un participant du Nouveau-Brunswick a mentionné que les autorités sont parfois réticentes à présenter des cartes des risques aux résidents, à moins qu’elles n’aient des stratégies à proposer. Dans ces cas, elles se coupent d’une source d’idées, car les résidents pourraient également participer à la proposition de solutions pertinentes. D’un autre côté, l’étude de cas sur le MPV a mis en évidence les difficultés rencontrées pour engager les populations visées par des critères de justice environnementale ainsi que les personnes non anglophones et les personnes vivant avec un handicap dans les consultations. L’étude dans l’agglomération de Montréal a mis en évidence le fait que des délais serrés avaient réduit le nombre de consultations possibles. Des études ont fait ressortir certains processus dans lesquels les autorités sont allées plus loin que la consultation, afin de faciliter la participation active de nombreuses parties prenantes différentes. Par exemple, au Nouveau-Brunswick, le gouvernement soutient le Collectif sur l’adaptation aux changements climatiques, qui organise des réunions annuelles et autres activités. Les ONG, les commissions de services régionales, les universités, les consultants et d’autres partenaires communautaires sont très engagés dans le soutien aux municipalités dans leur planification de l’adaptation. Cela a créé une dynamique qui influence davantage le gouvernement dans ses décisions de soutenir diverses organisations, afin qu’elles puissent aider les municipalités. Il y a eu un effet boule de neige, dans lequel les parties prenantes ont demandé de meilleurs mécanismes d’engagement. La participation des habitants est également un facteur qui peut contribuer au succès des actions spécifiques d’adaptation. Par exemple, l’étude de cas sur l’agglomération de Montréal a mis en lumière la manière dont les bénévoles ont contribué à l’entretien de certains parcs. Les voisins qui s’impliquent dans leurs ruelles vertes assurent l’entretien de l’espace public verdi et, en même temps, créent des réseaux sociaux qui augmentent la résilience de diverses façons. L’engagement du secteur privé est également très important et a constitué un facteur déterminant dans le soutien de l’initiative Climate Ready Boston.
7 Les facteurs favorisant l’équité et la justice environnementale Une consultation et une participation adéquate des parties prenantes ne suffiront pas à favoriser l’équité et la justice si les personnes les plus vulnérables ne sont pas en mesure de participer. Le programme MVP du Massachusetts exige des municipalités qui reçoivent des subventions qu’elles impliquent, dans les décisions importantes, les populations visées par des critères de justice environnementale. Au Canada, de nombreuses politiques publiques exigent la consultation des communautés autochtones, et les processus d’évaluation environnementale fédéraux et provinciaux imposent de prendre en compte les impacts négatifs des projets sur tout groupe de personnes. Le projet de loi C-230 est présentement à l’étude par le Parlement canadien et, s’il passe, il obligerait le ministre de l'Environnement et du Changement climatique à élaborer une stratégie nationale pour remédier au racisme environnemental dans un délai de deux ans. Une des manières de favoriser l’équité dans l’adaptation aux changements climatiques consiste à prévoir les conséquences indésirables des options considérées et à travailler sur des solutions pour les atténuer. Par exemple, le verdissement des villes et les parcs peuvent contribuer à l’embourgeoisement, en rendant les quartiers plus agréables et en augmentant la valeur des propriétés et des loyers. Le logement social est un moyen de freiner l’embourgeoisement et de favoriser la mixité sociale des quartiers. Une autre des préoccupations en matière d’équité concerne l’accès à la côte, qui est souvent limité par les propriétés privées. Il est possible de combiner la réduction des risques et l’accès à la côte en conservant des milieux naturels, en mettant en place des parcs, et en y planifiant des voies d’accès piétonnes et cyclables.
8 Conclusions L’efficacité des instruments des politiques publiques dépend de la motivation des instances à les mettre en œuvre ainsi que d’une série de facteurs facilitants dont l’absence peut constituer des barrières. Les facteurs motivants incluent des avantages anticipés pour la réduction des risques et aussi pour l’amélioration de la qualité de vie. Des solutions qui permettent de poursuivre ces deux objectifs à la fois, comme le verdissement, les parcs et la conservation des milieux naturels, peuvent motiver les instances à agir et peuvent favoriser l’adhésion des résidents. Les pressions sociales perçues, qui peuvent résulter d’exigences gouvernementales, des attentes exprimées lors de consultations publiques ou d’engagements antérieurs, influencent aussi la motivation. L'efficacité d'une politique publique peut être réduite par un manque de motivation des acteurs ciblés ou par les barrières auxquelles ils sont confrontés. Les gouvernements utilisent les résultats de la recherche scientifique dans les processus de planification, d’engagement des parties prenantes et de prise de décision. Ils les utilisent pour choisir les instruments à mettre en place mais aussi pour motiver et faciliter la tâche de ceux qu’ils cherchent à influencer avec leurs politiques publiques. Dans les cas que nous avons étudiés, les gouvernements ont réussi à faire progresser l’adaptation aux changements climatiques en combinant différents types d’instruments, ainsi qu’en mettant en place de nouvelles mesures pour surmonter les barrières rencontrées et pour aider les acteurs ciblés à surmonter les leurs. Les différents types d'instruments qui visent à influencer les acteurs concernés peuvent avoir un effet sur les variables du cadre conceptuel qui sert d’assise théorique au présent projet : les instruments qui cherchent à informer sur les avantages d'un comportement promu, ceux qui rendent le comportement obligatoire afin d’obtenir une approbation, créant ainsi une pression sociale, et ceux qui ont un effet facilitateur (p. ex. en fournissant des ressources financières, humaines, organisationnelles et informationnelles). Les études de cas ont mis en évidence des défis liés à l’engagement des populations les plus vulnérables, à la coordination entre municipalités adjacentes et la nécessité d’établir des normes sur les restrictions à mettre en place. Nos résultats suggèrent que les outils de planification stratégique en aménagement régional du territoire peuvent favoriser la synergie des différents acteurs autour d’objectifs collectifs à long terme tout en tenant compte des changements climatiques. Les considérations liées à l’équité et la justice environnementale doivent aussi être considérés dans les objectifs et les mesures mises en place.
1 Le soutien de la Nouvelle-Écosse à la planification municipale de l’adaptation aux changements climatiques Les résultats de cette étude de cas indiquent qu’un facteur clé du succès de l’appui de la Nouvelle- Écosse à la planification municipale de l’adaptation a été la réactivité de la province aux barrières identifiées par les municipalités. La Nouvelle-Écosse a réagi en fournissant des informations, des conseils et des fonds, ainsi qu’en imposant de nouvelles exigences. Ce faisant, elle a saisi des occasions de financement offertes par le gouvernement fédéral. En 2010, la province a été la première au Canada à exiger des municipalités qu’elles élaborent des stratégies de lutte contre les changements climatiques afin de pouvoir bénéficier des fonds de la taxe fédérale sur l’essence administrés par la province. Ainsi, à la fin de 2013, les cinquante municipalités de la province disposaient de leur propre plan d’action sur les changements climatiques (MCCAP). La Nouvelle-Écosse possède plus de 7 000 kilomètres de côtes. C’est une presqu’île reliée à l’ouest au Nouveau- Brunswick et au reste du Canada par l’isthme de Chignectou. Elle compte une population de 923 598 habitants au recensement de 2016 2, sur une superficie de 52 942 km2. En tant que province de l’Atlantique, elle est confrontée à une série de risques liés aux changements climatiques. Ils résultent d’une variabilité climatique accrue, de la hausse du niveau de la mer et des impacts qui y sont associés comme l’érosion, les ondes de tempêtes et les inondations. La méthodologie Les chercheurs de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC) et de CBCL Limited ont examiné les mesures politiques de la province, ce qui les a motivées et les facteurs qui ont facilité ou contraint leur mise en œuvre et leurs résultats. Les objectifs provinciaux et les actions prévues pour soutenir les municipalités ont été identifiés à partir de l’examen d’un guide préparé par la province pour aider à l’élaboration des MCCAP. Des entrevues ont été menées avec des fonctionnaires du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation de la Nouvelle-Écosse et des municipalités de Guysborough et de Mahone Bay, ainsi qu’avec une professeure de l’École d’urbanisme de l’Université Dalhousie. Un atelier virtuel nous a permis de recueillir des points de vue supplémentaires. 2 Statistique Canada. (2017). Nouvelle-Écosse [Province] (tableau). Profil du recensement, Recensement de 2016. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/dp-pd/prof/index.cfm?Lang=F .
2 Cette fiche résume les perceptions exprimées lors des entrevues et les objectifs exposés dans les documents des politiques publiques. Elle les organise en fonction du cadre conceptuel du projet, qui s’appuie principalement sur la théorie de la poursuite raisonnée d’objectifs 3. Ce cadre prend en compte les facteurs facilitants, les barrières, ainsi que les facteurs de motivation à utiliser des instruments de politiques publiques. Les facteurs de motivation comprennent les avantages et les désavantages perçus ainsi que les pressions sociales perçues. Le processus de développement des politiques publiques Les chercheurs ont observé une chaîne d’influence liant les juridictions fédérale, provinciale et municipales dans l’élaboration des politiques et des plans. L’accord entre le Canada et la Nouvelle- Écosse sur le Fonds de la taxe sur l’essence fédéral, en vigueur depuis 2005, en a constitué le catalyseur initial. Il a permis au gouvernement fédéral de financer les investissements de la province dans des projets d’infrastructure municipaux admissibles. La Nouvelle-Écosse a administré le Fonds de la taxe sur l’essence et a transféré des montants d’argent aux municipalités, sous réserve de leur progression vers un plan intégré de durabilité communautaire (ICSP). En 2009, le groupe qui gérait le Fonds a choisi d’utiliser le prochain cycle de financement de la taxe sur l’essence comme incitatif pour aborder les préoccupations clés exprimées dans les ICSP. L’examen des ICSP par la province a révélé que des municipalités de toute la Nouvelle-Écosse avaient mentionné les changements climatiques comme un sujet de préoccupation, qu’elles ont souvent associé à l’augmentation des coûts de réparation des infrastructures après les tempêtes. Ces besoins ont à leur tour motivé la province à exiger des plans d’action municipaux sur les changements climatiques. L’analyse des MCCAP produits a ensuite montré que le manque de cartes de lignes de crue à jour entravait l’adaptation des municipalités. En 2018, les fonds fédéraux de gestion des catastrophes ont permis à la province de répondre à ce besoin en instaurant un projet de cartographie des lignes de crue municipales. Le tableau 1 présente les politiques les plus pertinentes pour soutenir l’adaptation aux changements climatiques des municipalités de la Nouvelle-Écosse. 3 Ajzen, I. & Kruglanski, A. W. (2019). Reasoned action in the service of goal pursuit. Psychological Review, 126(5), 774-786.
3 Tableau 1 : Politiques de la Nouvelle-Écosse soutenant l’adaptation des municipalités aux changements climatiques Nom de la Date Comment soutient-elle l’adaptation municipale politique Statement of 1998 L’énoncé d’intérêt provincial concernant les zones à risque d’inondation Provincial vise à protéger la sécurité publique et les propriétés ainsi qu’à réduire les Interest besoins de travaux de contrôle des inondations et de réparation des Regarding Flood dommages causés par les inondations dans les plaines inondables. L’énoncé Risk Areas reconnaît que les plaines inondables constituent une zone de stockage naturelle pour les eaux de crue. Toward a Green 2009 Vers un avenir vert : le plan d’action de la Nouvelle-Écosse sur les Future: Nova changements climatiques comporte une série d’actions pour la réduction Scotia’s Climate des gaz à effet de serre et l’adaptation aux changements climatiques. Change Action L’action 48 consiste à « Modifier les accords de financement avec les Plan municipalités d’ici 2010 pour exiger des stratégies sur les changements climatiques dans les plans municipaux intégrés de durabilité des collectivités ». Entente 2005-2010 Afin de recevoir du financement, les municipalités devaient préparer un administrative plan intégré de durabilité communautaire (Integrated Community entre le Canada Sustainability Plan ou ICSP) et rendre compte des progrès accomplis et la Nouvelle- 2010-2014 Afin de recevoir du financement, les municipalités devaient préparer un Écosse sur le Municipal Climate Change Action Plan (MCCAP) avant la fin de 2013. Fonds sur la taxe Depuis 2015 Le gouvernement fédéral encourage les municipalités de toutes les sur l’essence provinces à gérer les actifs et il exigera des plans de gestion des actifs à fédéral l’avenir. Flood Risk Depuis 2013 Le programme d’investissement pour réduire les risques d’inondation des Infrastructure infrastructures vise à encourager les municipalités à investir dans des Investment infrastructures qui réduisent les risques d’inondation et la vulnérabilité des Program communautés. The Municipal Depuis 2018 Le projet de cartographie des lignes de crue municipales vise à décourager Floodline le développement dans des endroits à risque et à contribuer à la Mapping Project planification de l’adaptation au climat. Il fournira des cartes des crues à jour, tenant compte de la hausse du niveau de la mer et des ondes de tempête. Nouvelles 2018 Les modifications rendent obligatoire une stratégie de planification modifications à la municipale La Loi rend également obligatoire la prise en compte des Loi sur les énoncés d’intérêt provincial dans les documents. administrations municipales Coastal 2019, La Loi sur la protection du littoral et ses règlements visent à empêcher les Protection Act règlements activités et le développement dans des endroits qui seraient exposés à des en inondations ou à l’érosion côtière en raison de la hausse du niveau de la élaboration mer et des ondes de tempête.
4 Les facteurs de motivation pour la province La motivation à introduire l’exigence d’élaborer un MCCAP découle du désir d’encourager les municipalités à réfléchir aux impacts des changements climatiques et à planifier en conséquence. En outre, la province répondait à un certain nombre de pressions, ou de besoins exprimés, notamment • L’émergence des changements climatiques comme un sujet de préoccupation dans les plans de durabilité des municipalités ; • Le plaidoyer des organismes de gestion des urgences aux niveaux municipal et provincial pour une meilleure prévention des risques d’inondation. Certains responsables municipaux ont indiqué leur difficulté à respecter les exigences de l’accord sur la taxe sur l’essence en matière de reddition de comptes. Pour éviter de surcharger les municipalités, la province n’a pas exigé de rapports de suivi à la suite des MCCAP. Les facteurs facilitant le soutien de la province aux municipalités Parmi les facteurs facilitants qui ont permis au gouvernement provincial d’élaborer cette politique, mentionnons son rôle dans le transfert de fonds aux municipalités à partir du Fonds fédéral de la taxe sur l’essence depuis 2005 et la possibilité d’actualiser les exigences pour la période de 2010-2014. Le gouvernement a utilisé ce financement comme incitatif et comme ressource pour les municipalités, afin de les aider à élaborer des plans d’action sur les changements climatiques. La disponibilité de fonds fédéraux pour l’atténuation des catastrophes a également permis de créer le projet de cartographie des lignes de crue municipales. Le facteur déterminant du succès de la Nouvelle-Écosse dans le soutien à l’adaptation municipale a sans doute été la réceptivité de la province aux besoins des municipalités et sa capacité à utiliser les possibilités de financement fédéral pour motiver et soutenir l’adaptation. L’instauration du projet de cartographie des lignes de crue municipales a constitué l’une des réponses aux besoins exprimés par les partenaires municipaux. Par ailleurs, sur la base d’une consultation approfondie, le gouvernement élabore actuellement la réglementation prévue par la Loi sur la protection du littoral qui établira des règles claires pour empêcher le développement et l’activité dans des endroits où ils pourraient endommager l’environnement et mettre en danger les résidences et les bâtiments. Ces règlements permettront aux municipalités de s’adapter. De nouveaux amendements à la Loi sur les municipalités, entre-temps, encouragent une planification stratégique d’ensemble pour les municipalités qui n’ont pas encore développé une stratégie de planification municipale. La province travaille également avec des ingénieurs municipaux à élaborer un cadre de planification de la gestion des actifs qui tiendra compte des impacts des changements climatiques.
5 Les facteurs facilitants et les barrières à l’adaptation des municipalités Sept ans plus tard, des progrès ont été réalisés, comme des modifications des règlements d’urbanisme. Par contre, les municipalités ont toujours du mal à mettre en œuvre leurs plans et à contrôler le développement dans les zones à risque d’inondation et d’érosion côtière. Bon nombre des mesures prévues dans leur MCCAP impliquent la préparation d’autres plans qui n’ont pas encore été élaborés, comme c’est le cas pour la gestion des eaux de ruissellement. Outre la pression résultant de l’exigence du gouvernement provincial, les administrations municipales ont été motivées à élaborer leur MCCAP et à mettre en œuvre des mesures d’adaptation, afin de protéger leurs actifs et leur population. Le fait d’avoir au moins un champion local, une personne défendant la nécessité et les avantages de l’adaptation, a été une autre source de motivation. Cependant, on constate une diminution de l’inquiétude par rapport aux risques côtiers entre les tempêtes causant des inondations. Parfois, il est difficile de percevoir les avantages découlant des catastrophes évitées. La pression exercée par des membres de la circonscription dépend des options envisagées. Les gens sont très attachés au lieu où ils vivent, et les propriétaires fonciers sont réticents à être limités dans ce qu’ils peuvent faire sur leur propriété. Par conséquent, les règlements restrictifs en matière d’utilisation des terres ne sont pas populaires et le déplacement est rarement envisagé. L’élaboration de mesures d’adaptation présentant des avantages concrets en termes de qualité de vie, tels que les loisirs, le transport actif, l’accès public au littoral et la conservation de la nature, sont plus facilement acceptées par le public. Outre le soutien du gouvernement provincial, les facteurs facilitants à utiliser des instruments de politiques publiques pour les municipalités comprennent : • Le soutien du conseil et du personnel municipal; • Une planification stratégique d’ensemble ; • Des sources de revenus supplémentaires, au-delà de la fiscalité ; • La possibilité d’embaucher des experts pour aider à la planification ; • La gestion des actifs et la planification du transport en tant qu’occasion de faire progresser les objectifs d’adaptation. Parmi les barrières auxquelles sont confrontées les municipalités, on peut mentionner : • Les ressources humaines et financières limitées, mises à rude épreuve par de nombreuses priorités, en particulier dans les petites villes ; • Le besoin de fonds supplémentaires pour leurs projets prêts à démarrer ; • Les contributions financières limitées du gouvernement provincial pour les infrastructures;
6 • L’indisponibilité de cartes des Une boîte à outils pour l’adaptation côtière lignes de crue mises à jour et qui Les entrevues ont également mis en évidence une tiennent compte des ressource sous-utilisée - la boîte à outils pour l’adaptation changements climatiques. des communautés côtières (CCAT), disponible sur le Web, Des occasions de réflexion qui présente un énorme potentiel d’utilisation dans la planification de l’adaptation au niveau municipal. La mise en place d’un mécanisme de Élaborée de 2013 à 2015 par les membres de l’Atlantic rétroaction léger sur les réalisations, les Climate Adaptation Solutions Association, la boîte à outils facteurs facilitants et les barrières, qui guide les utilisateurs au moyen d’une série de questions pourrait s’appliquer plus généralement sur les risques côtiers et la capacité d’adaptation. Elle aux questions de planification fournit aussi des exemples documentés des options les stratégique d’ensemble et de gestion des plus appropriées en matière d’aménagement du territoire actifs, pourrait renforcer la capacité de la et d’ingénierie pour gérer l’érosion côtière, les province à répondre aux besoins des inondations ou les deux en même temps. Cette ressource municipalités. pourrait trouver de nouveaux utilisateurs au fur et à Il existe d’autres éléments de recherche mesure que la province énonce de nouvelles exigences en ou de réflexion plus approfondie : matière de planification. • L’évaluation des coûts et des avantages de différentes options d’adaptation dans des circonstances spécifiques ; • L’élaboration de critères pour aider les municipalités à décider quand il est préférable de déplacer les infrastructures plutôt que de continuer à les réparer ou à les adapter ; • La mise sur pied d’une stratégie à long terme pour fournir des options de rechange aux routes côtières menacées par les inondations ; • La création d’une stratégie provinciale globale pour l’adaptation aux changements climatiques. Cette fiche résume les principales conclusions de l’étude de cas intitulée « Le soutien de la Nouvelle-Écosse à la planification municipale de l’adaptation aux changements climatiques ». Cette étude de cas est l’une des six études effectuées dans le cadre du projet « Comprendre les déterminants de l’efficacité des instruments de politiques publiques : Études de cas sur l’adaptation aux changements climatiques au Québec, au Canada atlantique et au Massachusetts ». Ce projet est coordonné par l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC), situé à l’Université Laval, et réalisé en collaboration avec Ouranos, l’Université du Massachusetts à Boston, l’Université du Massachusetts à Amherst et CBCL Limited à Halifax. Ce projet est réalisé grâce au soutien financier du Programme d’adaptation aux changements climatiques de Ressources naturelles Canada et à celui du Gouvernement du Québec, dans le cadre des Fonds de recherche du Québec ainsi que du Plan pour une économie verte 2030. Cette recherche contribue aux réflexions du groupe de travail sur la gestion côtière de la Plateforme canadienne d’adaptation aux changements climatiques.
1 Le soutien du Nouveau-Brunswick à la planification de l’adaptation à l’échelle communautaire Le Nouveau-Brunswick a élaboré son plan d’action de 2016 sur les changements climatiques suite à d’importantes consultations publiques. Comme elle s’est engagée dans son plan, la province soutient la planification de l’adaptation par les collectivités en leur fournissant de l’information, des lignes directrices et en créant un environnement favorable. Elle rend aussi obligatoires la préparation et la mise en œuvre de plans d’adaptation pour les villes et les collectivités côtières qui présentent des demandes de financement provincial visant l’infrastructure. Avec son Fonds en fiducie pour l’environnement, le Nouveau-Brunswick soutient également un réseau très actif d’organismes non gouvernementaux (ONG) et d’organismes communautaires qui, à leur tour, appuient les collectivités dans leur planification de l’adaptation. À la fin de 2020, 35 des 104 municipalités de la province avaient achevé des plans d’adaptation et 17 autres étaient en train de les élaborer. Certaines de ces municipalités ont adopté des règlements d’urbanisme qui imposent des conditions ou des restrictions au développement dans des zones qui risquent d’être inondées par les ondes de tempête en raison de la hausse du niveau de la mer. Certaines commissions de services régionaux ont élaboré une approche régionale de la planification de l’adaptation et / ou ont soutenu les communautés dans la leur. Cependant, l’absence de normes à l’échelle provinciale pourrait ralentir les processus locaux d’adaptation et entraver une réponse d’ensemble aux changements climatiques. Le Nouveau-Brunswick possède 5 500 km de côtes le long de la baie des Chaleurs, du golfe du Saint-Laurent et de la baie de Fundy. Il est par ailleurs bordé au nord-ouest par la région de la Gaspésie au Québec, à l’ouest par l’État américain du Maine et est relié à la Nouvelle-Écosse par l’isthme de Chignectou. En tant que province de l’Atlantique, celle-ci est confrontée à une série de risques liés aux changements climatiques résultant de la variabilité accrue du climat, de la hausse du niveau de la mer et des impacts qui y sont associés tels que l’érosion, les ondes de tempête et les inondations. Elle a également connu ces dernières années de très importantes inondations intérieures le long du fleuve Saint-Jean.
2 Le Nouveau-Brunswick est également beaucoup moins densément peuplé que les autres provinces de l’Atlantique, avec une population de 747 101 habitants au recensement de 2016, sur une superficie de 71 389 km2 4. Environ la moitié de sa population vit en dehors des zones urbaines. Elle compte plusieurs types de collectivités locales, dont 8 villes, 26 agglomérations, 61 villages, huit communautés rurales et une municipalité régionale 5. 89% de la superficie géographique de la province, où vit 32% de la population, n’est pas constituée en secteur incorporé. Cette superficie est divisée en 236 districts de services locaux (DSL). Les DSL sont des territoires non incorporés, régis par le ministère de l’Environnement et des Gouvernements locaux (MEGL). La méthodologie Les chercheurs de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC) et de CBCL Limited ont examiné les mesures politiques de la province, ce qui les a motivées et les facteurs qui ont permis ou limité leur mise en œuvre et leurs résultats. Les objectifs provinciaux et les actions prévues pour soutenir les municipalités ont d’abord été identifiés à partir de l’examen du plan d’action du Nouveau-Brunswick sur les changements climatiques. Nous avons ensuite mené des discussions avec des fonctionnaires du ministère de l’Environnement et des Gouvernements locaux (MEGL) du Nouveau-Brunswick et réalisé des entrevues semi-dirigées avec une consultante, une membre du personnel du Réseau environnemental du Nouveau-Brunswick, un membre du personnel du Groupe de développement durable du Pays de Cocagne, ainsi qu’avec les directeurs de la planification des commissions de services régionaux (CSR) Chaleur et Péninsule acadienne. Un atelier virtuel nous a permis de recueillir des points de vue supplémentaires. Cette fiche résume les perceptions exprimées lors des entrevues et les objectifs exprimés dans les documents des politiques publiques. Elle les organise en fonction du cadre conceptuel du projet, qui s’appuie principalement sur la théorie de la poursuite raisonnée d’objectifs 6. Ce cadre prend en compte les facteurs facilitants, les barrières, ainsi que les facteurs de motivation à utiliser des instruments de politiques publiques. Les facteurs de motivation comprennent les avantages et les désavantages perçus ainsi que les pressions sociales perçues. 4 Statistique Canada. (2017). Nouveau-Brunswick [Province] (tableau). Profil du recensement, Recensement de 2016. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/dp-pd/prof/index.cfm?Lang=F 5 Gouvernement du Nouveau-Brunswick. (2020 a). Statistiques des gouvernements locaux du Nouveau- Brunswick pour l’année 2020. https://www2.gnb.ca/content/dam/gnb/Departments/lg- gl/pdf/MunicipalStatistics-StatistiquesMunicipales/2020.pdf 6 Ajzen, I. & Kruglanski, A. W. (2019). Reasoned action in the service of goal pursuit. Psychological Review, 126(5), 774-786.
3 Le processus d’élaboration des politiques publiques Le premier plan d’action sur les changements climatiques du Nouveau-Brunswick a été élaboré en 2007. Il reconnaissait l’importance de l’adaptation des communautés et s’engageait à collaborer avec elles. La province a utilisé son Fonds en fiducie pour l’environnement, afin de soutenir des projets de recherche-action menés par des universités ainsi que des groupes communautaires et environnementaux. Ces projets ont créé une dynamique dans la province. Le Nouveau-Brunswick subissait une augmentation des inondations et de l’érosion côtière, des phénomènes météorologiques extrêmes soudains, notamment des tempêtes de verglas et des tempêtes de vent, des précipitations importantes, une fonte printanière précoce et soudaine provoquant des inondations et une certaine intrusion d’eau salée dans les eaux souterraines. Le plan d’action sur les changements climatiques du Nouveau-Brunswick a été complètement réélaboré en 2016, après une consultation publique approfondie, afin d’inclure des actions plus concrètes qui lui permettraient d’atteindre ses objectifs. La Loi sur les changements climatiques a ensuite été sanctionnée le 16 mars 2018. Cette loi définit, entre autres, la gestion et les utilisations autorisées du Fonds pour les changements climatiques. Le Plan d’action sur les changements climatiques aspirait à ce que les évaluations de la vulnérabilité aux changements climatiques et les plans d’adaptation soient achevés d’ici 2020 pour toutes les villes et pour les municipalités les plus à risque. La province a choisi un certain nombre de moyens à cette fin, notamment une combinaison d’exigences, de lignes directrices, de normes et de mécanismes de soutien. Les mécanismes de soutien identifiés comprennent la collaboration directe du MEGL, le soutien des commissions de services régionaux, des consultants, des ONG et d’autres partenaires communautaires. Un certain nombre d’autres politiques et d’instruments contribuent à soutenir la planification et la mise en œuvre de l’adaptation communautaire dans la province. Le tableau 1 présente les principales politiques publiques qui soutiennent l’adaptation aux changements climatiques au Nouveau-Brunswick.
4 Tableau 1 : Les politiques publiques d’intérêt pour soutenir l’adaptation aux changements climatiques au Nouveau-Brunswick Nom de la politique Année Comment soutient-elle l’adaptation municipale? Règlement sur les études d’impact sur 1987 Le règlement exige que les projets soient conçus de l’environnement, N-B 87-83 sous la Loi manière à éviter ou à réduire certains impacts sur l’assainissement de environnementaux qui augmentent la vulnérabilité des communautés aux changements climatiques. l’environnement Peut conduire au refus de projets nuisibles. Règlement sur la modification des 1990 Le fait que le gouvernement provincial restreigne cours d’eau et des terres humides, N-B l’aménagement et les autres activités sur les cours 90-80 sous la Loi sur l’assainissement d’eau et les terres humides contribue à protéger les de l’environnement zones sensibles et à réduire les risques liés aux inondations et à l’érosion. De plus, la province peut émettre des arrêtés de désignation de terres humides. Politique de protection des zones 2002, Elle définit un retrait de 30 m le long des plages, des côtières mise à dunes et des marais où seules certaines activités sont jour en autorisées avec un permis WAWA et / ou un certificat 2019 d’évaluation des impacts environnementaux et / ou une approbation. Stratégie de réduction des risques 2014 Cette stratégie conduit à une mise à jour des cartes d’inondation des risques d’inondations. La transition vers une économie à 2016 Un certain nombre d’engagements sont liés au faibles émissions de carbone - Le plan soutien de la planification de l’adaptation à l’échelle d’action sur les changements communautaire. climatiques du Nouveau-Brunswick Loi sur la gouvernance locale 2017 Donne aux conseils l’autorité et un processus pour émettre des règlements. Loi sur l’urbanisme LNB 2017, C19 2017 La loi décrit comment les documents de planification (Remplace une ancienne version, LSNB doivent être adoptés et modifiés : plans ruraux, plans 1973, c C-12.) municipaux, plans régionaux et déclarations d’intérêt provincial. Définit le rôle que les commissions de services régionaux peuvent jouer dans la planification locale. Loi sur les changements climatiques 2018 Cette loi énonce les conditions d’utilisation du Fonds pour les changements climatiques qui pourrait être employé pour soutenir les activités d’adaptation à l’échelle communautaire.
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