Aide belge à l'enseignement de base: préparer l'avenir - Huib Huyse, HIVA-KU Leuven - Educaid
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Colophon Remerciements Rédaction: Huib Huyse Cette étude a pu voir le jour grâce au soutien de nombreux membres du secteur de l’édu- Traduction: CT Belgium cation belge et internationale. Nous sommes redevables à tous ceux qui ont répondu à Rédaction f nale: Manuela Varrasso nos questions, nous ont signalé des ressources intéressantes ou nous ont fait part de Mise en page: Brigid Sullivan leur réf exion. Nous remercions aussi les membres de la plate-forme EDUCAID qui ont Photo de couverture: © Plan / Niels Busch bien voulu lire les versions préliminaires du présent document. Enf n, nous remercions Impression: Albe De Coker le personnel de Plan Belgique, en particulier par Hans De Greve et Sandra Galbusera, Coordination: Hans De Greve & qui ont rendu cette étude possible et en ont facilité le déroulement avec eff cacité et Sophie Deren professionnalisme. Bruxelles, 2013 Les opinions exprimées dans ce document sont celles de l’auteur et ne ref ètent pas néces- la n Plan o:: Pla Pla sairement celles de Plan Belgique et/ou de la Coopération belge au développement (DGD). Ph P oto: © Photo: oto: oto to hot
Avant- Table des matières propos Sigles et acronymes Résumé 4 5 Après des années d’un silence relatif, l’en- 1. SITUATION ACTUELLE _______________________________________ 7 seignement de base revient depuis peu à l’ordre du jour des discussions sur le déve- 2. ENSEIGNEMENT DE BASE & DÉVELOPPEMENT ____________________ 9 loppement. Malheureusement, les budgets 2.1. L’enseignement de base au sens du présent rapport 9 ne suivent pas. En effet, les signaux, positifs 2.2. L’éducation mène-t-elle au développement? 9 en apparence, au niveau de l’accès à l’ensei- 2.3. Domaines prioritaires 11 gnement de base dans le Sud et l’émergence de nouveaux thèmes de développement 3. TENDANCES DANS LE FINANCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT __________ 15 avaient relégué le sujet de l’enseignement à 3.1. Récentes évolutions dans le monde de l’APD 15 l’arrière-plan. La mise en place d’initiatives 3.2. Évolution de la conception du rôle des donateurs concernant internationales en faveur de l’enseignement, l’enseignement de base 19 comme Le Partenariat mondial pour l’édu- 3.3. Reconnaître ce qui fonctionne dans les différents contextes 22 cation et l’initiative mondiale “L’éducation avant tout” (Education First) de Ban Ki-moon 4. LES ACTIVITÉS DE LA BELGIQUE DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION ___ 27 permet d’espérer un retour de l’enseignement 4.1. Quatre périodes d’aide belge à l’éducation 27 au centre des débats. Avec le lancement de 4.2. Faits et chiffres 29 la plate-forme Educaid.be, nous assistons 4.3. L’aide belge à l’enseignement de base 36 depuis peu, en Belgique aussi, au retour de l’enseignement dans le peloton de tête des 5. AIDE BELGE À L’ENSEIGNEMENT DE BASE – RECOMMANDATIONS _____ 39 préoccupations. 5.1. L’enseignement de base doit-il être prioritaire? 39 5.2. Recommandations générales 39 Modestie mise à part, Plan Belgique a relégué 5.3. Trois scénarios pour l’avenir de l’aide à l’enseignement de base 40 au “revival” de l’enseignement dans le secteur du développement belge. Depuis 2010, nous menons une campagne intensive af n d’accor- 6. ANNEXES ________________________________________________ 45 6.1. Personnes interrogées et événements suivis 45 der plus d’attention à un enseignement de base 6.2. Références 45 de qualité dans le Sud. L’année dernière, la campagne de Plan Belgique a connu un point culminant, lorsque la lauréate du prix Nobel de la paix, Leymah Gbowee, s’est adressée aux parlementaires belges à l’invitation de Plan Belgique, pour les sensibiliser à l’importance de l’enseignement pour les f lles dans le Sud. Cette année, les efforts de Plan Belgique concer- nant l’enseignement de base débouchent sur la conférence internationale “Basic Education for Change”. Grâce à cette conférence, nous souhaitons stimuler de façon constructive la discussion sur l’avenir de la coopération belge au développement de l’enseignement de base. Ce rapport vise à amorcer la discussion. Il se fonde sur une analyse scientif que de la gestion des dons effectués par des bailleurs de fonds belges et internationaux. Après la conférence, et en vue d’une nouvelle législation politique, ce rapport insuff era l’inspiration nécessaire à la stratégie de développement belge au niveau de l’enseignement de base. Convaincu que nous pouvons contribuer à mieux mettre en place le droit à l’enseigne- ment pour les enfants du Sud, je vous sou- haite une lecture agréable de cette étude. Dirk Van Maele Directeur National Plan Belgique Plan Belgique | Avant-propos & Table des matières | HIVA - KU Leuven 3
Sigles et acronymes APD Aide publique au EPT Éducation pour tous ONU Organisation des nations développement ETFP Enseignement technique et unies APE Association parents- formation professionnelle OSC Organisation de la société enseignants GAVI Alliance mondiale pour les civile APEFE Association pour la promotion vaccins et l’immunisation PME Partenariat mondial de l’enseignement et de la GCE Campagne globale pour pour l’éducation (Global formation à l’étranger l’éducation (Global Campaign Partnership for Education) BM Banque mondiale for Education) PNB Produit national brut BRICS Brésil, Russie, Inde, GMR Rapport mondial de suivi RSE Responsabilité sociale des Chine et Afrique du Sud sur l’EPT (Global Monitoring entreprises CIUF-CUD Conseil interuniversitaire de Report) RTE Right to Education Act (Inde) la Communauté française IFA Initiative de f nancement SNPC Système de notif cation des - Commission universitaire accéléré (Fast Track Initiative) pays créanciers (OCDE-CAD) pour le développement IOB Service de l’évaluation UNESCO Organisation des nations CTB Agence Belge de des politiques et activités, unies pour l’éducation, la développement ministère néerlandais des science et la culture DFID Department for International affaires étrangères VLIR-UOS Conseil f amand Development (Royaume-Uni) OCDE-CAD Comité d’aide au interuniversitaire - © Photo: Young Health Program / Paolo Black DGD Direction générale développement de Coopération universitaire Coopération au l’Organisation de coopération institutionnelle développement et Aide et de développement VVOB Association f amande humanitaire (Belgique) économique de coopération au EB Enseignement de base OMD Objectifs du millénaire pour le développement et ESE Enseignement secondaire développement d’assistance technique ESU Enseignement supérieur ONG Organisation non WBI Wallonie-Bruxelles EPPE Éducation et protection de la gouvernementale international petite enfance
Résumé Ce rapport, commandité par Plan Belgique, environ 8 % de l’APD totale allant à l’en- profondissement du dialogue avec les pays sera présenté lors de la conférence internatio- seignement, contre 10,3 % à la santé et partenaires. Le pays a par ailleurs soutenu nale Basic Education for Change, organisée le 9 % à l’agriculture et à la gestion fores- la création de la plate-forme EDUCAID, 14 mai 2013 à Bruxelles par Plan Belgique en tière (DGD, 2010). Toutefois, depuis 2009, qui regroupe les principaux acteurs belges collaboration avec HIVA-KU Leuven, UNICEF l’aide à l’enseignement est en baisse. de l’aide à l’enseignement. Bien qu’ayant Belgique et VVOB. Il examine les grandes • Si le paysage institutionnel belge de l’aide réduit son aide globale à l’enseignement tendances de l’aide apportée par la Belgique à l’enseignement est relativement com- de base, la Belgique accroît son soutien au secteur de l’éducation des pays en déve- plexe, cinq acteurs ont absorbé plus des au Partenariat mondial pour l’éducation loppement ces 25 dernières années, ainsi que 4/5 du budget total de 2011: les conseils depuis 2009. les activités belges de soutien à un sous-sec- universitaires VLIR-UOS & CIUF-CUD teur important: l’enseignement de base. Cette (56 %)2, la CTB (18 %), et enf n le VVOB Principales recommandations: analyse présente les perspectives d’avenir et & l’APEFE (8 %). débouche sur des recommandations quant • Le budget total destiné aux ONG ne • La Belgique peut jouer un rôle plus im- aux principes et modalités des interventions représente que 8 % de l’APD destinée à portant et plus stratégique au service de futures, ainsi que sur trois scénarios possibles l’éducation. Les ONG belges actives dans l’enseignement de base, en transformant pour l’aide belge à l’enseignement de base. le secteur de l’éducation sont peu nom- des intentions politiques déclarées en Elle se veut une contribution constructive breuses, et la majorité des montants qui politiques effectives. La qualité de l’ensei- au dialogue belge post-2015, en stimulant leur sont versés à ce titre3 vont à l’ETFP et gnement et l’équité pourraient être deux le débat et en contribuant à concentrer les aux formations informelles. thèmes centraux adaptés à l’identité (petit efforts collectifs des acteurs belges de l’aide • Notons qu’en Belgique, le large consensus donateur) et à l’expertise de la Belgique. à l’éducation. politique sur l’Éducation pour tous (EPT) et • Concernant les principes devant régir les OMD depuis l’an 2000 n’a pas débou- l’aide future à l’enseignement de base, le Les recherches effectuées dans le cadre de ché sur une augmentation de la proportion rapport recommande une démarche de ce rapport ont exploité les éléments suivants: de l’APD affectée à l’enseignement, ni sur long terme, plus intégrée et aux objectifs une brève revue de la littérature; une analyse une augmentation de la proportion de clairs, reposant sur des théories du chan- critique des documents stratégiques, rap- l’aide affectée à l’enseignement de base gement améliorées. ports et autres données en provenance de (14 % en 2003, contre 11 % en 2011). • S’agissant des modalités d’intervention, le divers acteurs du développement et grands • L’aide belge à l’enseignement va principa- rapport recommande une spécialisation organismes internationaux; une analyse ap- lement à l’enseignement supérieur (près accrue; l’harmonisation des interventions profondie de la base de données APD initiale de 70 % en 2011), qui est constitué à son sur le terrain plutôt qu’en Belgique; l’aug- de la Direction générale Coopération au déve- tour pour 50 % de bourses d’études. Dans mentation des ressources et capacités au loppement et Aide humanitaire (DGD); et des leur grande majorité, les programmes niveau du ministère; l’ouverture d’un dé- entretiens avec divers praticiens et experts du d’aide à l’enseignement supérieur ne bat sur les éléments devant ou ne devant monde de l’éducation. Les conclusions et re- visent pas le secteur de l’éducation des pas relever du secteur de l’éducation; et commandations sont à aborder en gardant à pays en développement en tant que tel. enf n une évaluation d’une partie des pro- l’esprit la situation actuelle: intensif cation des • La politique déf nie par le gouvernement grammes de bourses en appui à l’ensei- débats relatifs au cadre post-2015, attention fédéral (notamment la note de politique gnement de base. accrue à la qualité et à l’équité dans l’ensei- sectorielle de 2002) se concentre princi- gnement, sans oublier la crise f nancière qui a palement sur l’aide bilatérale à l’enseigne- Pour lancer le débat sur l’aide belge à l’ensei- donné lieu à des coupes claires dans les bud- ment de base, n’accordant que peu d’at- gnement de base post-2015, le rapport pro- gets de l’APD. tention à d’autres domaines bien f nancés pose trois scénarios, avec pour chacun une tels que les bourses d’études et l’ETFP. analyse de la démarche, ses implications et Principales conclusions: • Depuis la f n des années 1990, la Belgique une analyse SWOT: renouvelle régulièrement les mécanismes • La Belgique1 a investi avec régularité dans d’aide bilatérale à l’enseignement de base: • Scénario 1: Intégration totale au futur cadre le secteur de l’enseignement au cours des appui budgétaire sectoriel, concentration post-2015 (avec le Partenariat mondial trois décennies écoulées, avec en moyenne thématique et géographique accrue, ap- pour l’éducation) • Scénario 2: Spécialisation sur certains cré- neaux, chaînons manquants du programme 1 Il s’agit de l’aide belge globale apportée au secteur de l’éducation via des circuits bilatéraux et multilatéraux, et par post-2015 divers acteurs indirects (conseils universitaires, ONG, VVOB/APEFE, etc.) • Scénario 3: Spécialisation thématique pous- 2 Ce chiffre comprend les coûts supplémentaires inscrits au budget de l’APD au titre des bourses d’étude. 3 D’autres ONG, telles que Plan Belgique, sont également actives dans le domaine de l’enseignement de base, mais leur sée et indépendante du programme post- f nancement provient dans une large mesure de sources différentes (APD informelle). 2015 Plan Belgique | Résumé | HIVA - KU Leuven 5
1. Situation actuelle Ce rapport examine les moyens adoptés par la Belgique en tant que donateur OCDE-CAD pour soutenir l’enseignement dans les pays en développement, et présente par ailleurs différents scénarios d’avenir. Elle vise à stimuler le débat entre les acteurs belges de l’aide au développement liée à l’enseignement de base, et à proposer des pistes en vue d’une conférence internationale sur la question en mai 2013 (encadré 1). Nous commençons par un bref coup d’œil au mais à brosser un tableau général du paysage internationaux, à commencer par la Belgique, cadre général: que savons-nous de l’enseigne- contrasté de l’aide belge à l’enseignement. nous avons étudié de manière systématique ment de base et de son rôle dans le dévelop- Nous espérons contribuer ainsi à raviver la une large littérature secondaire composée de pement? D’après la littérature, qu’est-ce qui mémoire collective sur cet important do- documents destinés au public ou qui nous ont fonctionne et dans quels contextes? Quelles maine de l’aide au développement. été remis à notre demande par les organismes sont les tendances observables parmi les par- concernés: documents d’orientation, descrip- tenaires de l’aide à l’enseignement de base? La réalisation de cette étude s’est faite par tifs de programmes, rapports d’évaluation, Enf n, et c’est l’élément central de ce rapport, différentes étapes méthodologiques. L’étude dont certains relevaient d’études existantes nous examinons l’aide belge à l’enseignement comprend une revue de la littérature clé et d’autres de bases de données accessibles de base, en analysant les facteurs clés de consacrée à l’enseignement de base et au dé- en ligne (p. ex. concernant les initiatives “qua- son évolution passée et en réf échissant aux veloppement, principalement issue d’instituts trième pilier”). Pour l’analyse des f ux f nan- scénarios pour l’avenir. Autres aspects abor- de recherche et d’organismes internationaux ciers, nous avons largement utilisé la base de dés: la cartographie des f ux f nanciers ainsi de premier plan. Nous devions nous doter données en ligne du Système de Notif cations que les principaux acteurs et leurs activités. d’une perspective générale sur la question. des Pays Créanciers (SNPC) de l’OCDE-CAD, Il ne s’agit pas ici d’une évaluation off cielle Nous avons donc cherché des études pré- ainsi que de la base de données sur l’aide des politiques belges d’aide à l’enseignement sentant un large tableau de l’enseignement publique au développement, gérée par la de base, ni d’une étude d’impact des activi- de base, mais aussi de l’enseignement secon- Direction générale Coopération au dévelop- tés sur le terrain. Nous ne cherchons pas à daire, de l’ETFP et de l’enseignement supé- pement et Aide humanitaire (DGD, Belgique, être exhaustifs, ni à entrer dans le détail4, rieur. Concernant les pratiques des donateurs février 2013). Nous avons également inter- rogé des responsables d’organismes interna- 4 Par exemple, pour des raisons de temps, nous n’avons pu accorder qu’une attention réduite aux tendances en matière tionaux, ainsi que des universitaires et des de f nancements et de politiques intérieures ou aux politiques au niveau multilatéral. praticiens. Encadré 1: Notre étude et la conférence internationale Basic Education for Change, Bruxelles, 14 mai 2013 Plan Belgique organise une conférence sur le thème de l’aide belge à l’enseignement de base dans les pays en développement. Outre la présente étude, cette manifestation fait l’objet d’une série de contributions de la part d’experts, de chercheurs et de décideurs politiques internationaux, l’objectif étant de mettre sur pied une plate-forme permanente d’échange et de réf exion critique sur la question du soutien que des donateurs modestes, à commencer par la Belgique, peuvent apporter à l’enseignement de base. Les séances de l’après-midi portent sur des études de cas approfondies quant aux aspects clés d’un enseignement de base de qualité. Plan Belgique | Situation actuelle | HIVA - KU Leuven 7
Préface - Quelques faits et chiffres • En 2009, la moyenne de la dépense • Dans certains pays, la scolarisation des élèves de deuxième année ne sa- publique annuelle consacrée à l’ensei- primaire a augmenté de manière spec- vaient lire dans aucune des quatre lan- gnement était de 22 USD dans les pays taculaire (en Éthiopie, par ex., elle est gues nationales (GMR, 2012, p. 130) à faible revenu et de 1792 USD dans les passée de 3 millions d’élèves en 1995 à • Actuellement en cours, une enquête pays à revenu élevé 15,5 millions en 2009) mondiale visant à déterminer les ob- • La réduction du nombre d’enfants non • Par ailleurs, la qualité de l’enseigne- jectifs prioritaires de développement © Photo: Plan / Alf Berg scolarisés stagne depuis 2008 ment demeure problématique dans pour l’avenir (post-2015) indique que de nombreux pays en développement. la priorité numéro un est l’enseigne- Ainsi, au Mali en 2010, plus de 80 % ment (My World, février 2013)
2. Enseignement de base et développement 2.1. L’enseignement de base 2.2. L’éducation trouve une assise solide dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, il au sens du présent mène-t-elle au s’est vu renforcé plus récemment par les tra- rapport développement? vaux d’auteurs tels qu’Amartya Sen (1985). Mais compte tenu des immenses diff cultés Ce rapport part de la constatation que la no- qui tenaillent les pays en développement et tion d’enseignement de base fait l’objet d’in- En bref du peu de ressources permettant d’y faire terprétations très diverses, sans convergence face, les débats sur les priorités et domaines vers une acception commune (UNESCO, • Les études conf rment l’utilité de d’intervention peuvent devenir littéralement 2007). En ligne avec le Partenariat mondial l’enseignement du point de vue des questions de vie et de mort. Combien un pour l’éducation et d’autres acteurs, nous gouvernement doit-il investir dans l’éducation du développement, tout en insis- par rapport à des secteurs tels que la santé, préférons le terme d’enseignement de base tant sur l’importance du contexte l’agriculture, etc.? De quels niveaux de sco- à celui d’enseignement primaire, car il prend en compte toute la gamme des activités et de facteurs extérieurs au sys- larisation faut-il s’occuper en priorité? Enf n, éducatives (y inclus l’éducation secondaire tème éducatif. faut-il privilégier l’accès ou la qualité dans un inférieure et l’éducation extrascolaire) sous- • Un enseignement de qualité est premier temps? Ces raisonnements poussent tendant la mise en place des compétences à aborder la question de l’éducation sous une condition nécessaire mais non l’angle de son apport au développement. de base nécessaires à tout enfant et à tout suff sante du développement. adulte. Notre examen des f ux f nanciers re- pose sur les codes OCDE-CAD (versements • L’incidence de l’éducation sur les Au f l des ans, de nombreuses études ont exa- SNPC), en usage chez tous les donateurs personnes (socioéconomique), sur miné cet apport. Réalisée dans le cadre d’une OCDE-CAD, y compris la Belgique. Quant à la croissance économique, sur la évaluation globale de l’aide néerlandaise à l’enseignement de base pour le compte du notre calcul des totaux par sous-secteur, il se santé et le bien-être est très nette. Service de l’évaluation des politiques et acti- fonde sur la combinaison des codes de sous- • Les résultats des études sont vités du ministère néerlandais des Affaires secteur, selon les formules de l’UNESCO. Une exception: nous regroupons les budgets de moins tranchés en matière de ré- étrangères (IOB, 2011), une étude récente a l’enseignement secondaire de premier cycle duction des inégalités sociales, permis de réunir une importante documen- d’amélioration des attitudes tation sur la question. Cette littérature s’arti- (50 % des montants liés au code “enseigne- cule autour des différents types d’apports ment secondaire”) et ceux de l’enseignement démocratiques, de consolidation de l’enseignement. D’une manière générale, de base5. Pour plus de détail sur ces calculs, de la paix et de la réconciliation, l’étude de l’IOB montre que l’apport de voir la section 3.1 (niveaux d’investissement). de promotion de comportements l’enseignement est particulièrement sensible Ce rapport aborde enf n les différents types écologiquement responsables. au niveau micro-économique ainsi que du Le manque de données décisives point de vue de la croissance macro-éco- de compétences devant être acquises à dif- nomique et de la santé. Les avis sont moins férents âges, selon le type d’enseignement. dans ces domaines est aussi lié au tranchés concernant les effets redistributifs, Nous nous en tenons à la distinction établie fait qu’il est diff cile d’isoler les l’incidence sur la démocratie et la paix, et par l’UNESCO (GMR, 2012) entre compé- effets de l’enseignement d’autres les comportements écologiquement respon- tences de base (enseignement de base), compétences transférables (enseignement facteurs. sables. La section suivante résume les résul- tats de l’étude IOB6 et présente, quand elles secondaire) et compétences techniques/pro- sont disponibles, les conclusions relatives à fessionnelles (enseignement secondaire). Avis toujours partagés? l’enseignement de base. Pour qui n’appartient pas à la communauté de l’éducation, le débat portant sur l’intérêt hu- Types d’apports de l’éducation main et économique d’un investissement dans (selon étude IOB, 2011) l’éducation peut sembler étrange de prime abord. Dans nos sociétés, personne ne remet a. Apport micro-économique: en cause le droit à l’instruction. L’instruction, indications décisives droit de la personne humaine, est un argu- ment de moins en moins contesté en faveur L’éducation est bénéf que économiquement des investissements dans l’enseignement. S’il car elle accroît les revenus, l’employabilité et la productivité de la personne. Ce fait 5 Tout écart par rapport à ces formules est signalé et expliqué. est étayé par une multitude d’études. Les 6 Synthèse d’une somme de recherches vaste (mais inévitablement incomplète), il est probable que cette section ne effets de l’enseignement sont fonction de traduise pas toutes les nuances des études en question ni les recherches que l’étude IOB ne prend pas en compte. sa qualité plutôt que du nombre d’années > Plan Belgique | Enseignement de base et développement | HIVA - KU Leuven 9
> d’études, mais aussi des compétences spéci- des compétences acquises, deux conditions une absence d’effets positifs qu’une absence f ques recherchées sur le marché du travail. souvent absentes. de consensus à leur égard. Une discrimination patente sur le marché du travail de nombreux pays en développement Concernant le niveau de scolarisation cible, Effets redistributifs de l’éducation fait que l’instruction prof te davantage aux Hanushek et Woessmann (2009) ont réalisé hommes qu’aux femmes. Par ailleurs, les des simulations visant à déterminer le do- Par effets redistributifs, on entend la mesure effets bénéf ques de l’enseignement pri- maine dans lequel des investissements accrus dans laquelle l’éducation contribue à réduire maire y restent sensibles mais s’amenuisent auraient le plus d’impact sur la croissance éco- les inégalités sociales, et donc à améliorer par rapport aux décennies précédentes. nomique: enseignement de base pour tous la situation socio-économique des groupes Cela s’explique par le nombre croissant de ou enseignement supérieur pour les meilleurs défavorisés (genre, revenus, handicap ou ori- personnes détenant un diplôme d’ensei- élèves? L’étude signale une incidence supé- gine ethnique). Nombre d’études concluent gnement primaire, par la faible qualité de rieure de l’accès (au mérite) à l’enseignement qu’un “meilleur accès à l’instruction est en soi l’enseignement primaire et par l’évolution supérieur, mais ses auteurs soulignent que insuff sant pour vaincre une série de facteurs des exigences du marché du travail (IOB, la deuxième démarche est d’application plus contextuels d’exclusion (…) qui pérennisent 2011). Des recherches faites en Inde et dans diff cile et qu’une économie a, en tout état de les inégalités” (IOB, 2011, p. 28). En d’autres d’autres pays (Beatty et al., 2012) conf rment cause, besoin d’une main-d’œuvre suff sam- termes, loin de les combattre, un système que la généralisation de l’école gratuite a ment formée pour mettre en œuvre des stra- éducatif médiocre tend à reproduire les iné- parfois coïncidé avec une baisse de qua- tégies d’imitation et d’innovation. Privilégier galités. Des facteurs extérieurs au système lité de l’enseignement primaire. Renforcer un seul niveau de scolarisation n’est donc pas éducatif peuvent aussi limiter les apports de la qualité de cet enseignement en accroîtrait la solution dans la plupart des cas. l’éducation. Ainsi, dans les pays en dévelop- donc l’eff cacité. Les recherches montrent pement, ses effets économiques pourraient par ailleurs que l’apport de l’enseignement c. Santé et bien-être: indications être plus grands pour les femmes que pour post-secondaire dépend lui-même dans une décisives les hommes, mais les premières restent per- large mesure de la qualité de l’enseignement dantes sur le marché du travail du fait d’un primaire, puisque ce dernier est le socle sur Troisième domaine où l’instruction donne des niveau de rémunération inférieur. Les études lequel sera bâti tout le reste. résultats spectaculaires: celui de la santé et du montrent que la situation est encore plus dif- bien-être. On l’a observé dans tous les pays, f cile pour les minorités ethniques, y compris b. Croissance macro-économique: développés ou non: une meilleure éducation dans les pays développés. indications suff santes améliore la santé et diminue l’incidence de la mortalité. Depuis de nombreuses décennies, Démocratie, paix et environnement Si le rapport de cause à effet entre enseigne- toutes les recherches montrent qu’une meil- ment et croissance économique est contesté leure éducation des mères diminue la morta- Enf n, attardons-nous sur deux autres do- par certains auteurs (par ex. Pritchett, 2001), lité infantile et maternelle tout en améliorant maines d’incidence de l’éducation: la démo- des études plus récentes réalisées entre la santé des enfants. L’éducation des jeunes cratie et la paix d’une part, l’environnement autres par Hanushek et Woessmann (2009) f lles inf ue positivement sur la santé repro- d’autre part. Des recherches ont mis en lu- indiquent qu’un enseignement de qualité ductive et la maîtrise de la fertilité, grâce à mière une série de relations de cause à effet produisant compétences de base et compé- un recours accru à la contraception qui limite bénéf ques entre égalité d’accès à l’éducation tences de plus haut niveau renforce la crois- la taille des familles, protège du VIH-SIDA et (niveaux supérieurs) et intégration des prin- sance économique”. (IOB, 2011, p. 24) diminue l’exposition à la violence ainsi qu’aux cipes démocratiques, observées par exemple abus sexuels. au niveau du comportement des électeurs et L’IOB note aussi que certains décideurs poli- de l’intensité de la participation aux activités tiques se montrent déçus du peu d’incidence d. Autres effets de l’éducation: de la collectivité. Mais ces relations sont com- des investissements consentis dans le sec- résultats mitigés plexes et subissent les effets de divers para- teur de l’éducation sur la croissance écono- mètres extérieurs au système éducatif. Enf n, mique ou la réduction de la pauvreté. Le fait Dans d’autres domaines, les apports de l’édu- peu d’études portent sur la contribution de que toute politique éducative ne produit de cation sont moins faciles à cerner. Certains l’instruction à la paix, à la réconciliation entre résultats qu’au bout de plusieurs décennies résultats sont contradictoires, et l’évaluation les peuples et à des comportements écolo- explique en partie ce constat. Par ailleurs, les des apports présente parfois des diff cultés giquement responsables, et leurs résultats effets macro-économiques dépendent de la d’ordre méthodologique. Bien entendu, la restent fragmentaires à en juger par la revue qualité de l’enseignement et de la pertinence non-convergence des résultats signale moins de la littérature de l’IOB. Encadré 2: Ce que les immigrants américains nous apprennent sur l’impact de l’éducation sur la croissance économique Intrigués par des allégations selon lesquelles qualité de l’enseignement et croissance économique progresseraient de concert, la contribution de l’éducation à la croissance étant négligeable, Hansushek et al. (2009) se sont livrés à une intéressante expérience. Ils ont comparé des immigrants américains qui étaient allés à l’école dans leur pays d’origine avec des immigrants formés aux USA, parvenant à mettre en lumière les effets de l’éducation sur la croissance économique. La conclusion est sans appel: la qualité de l’éducation est un puissant facteur de croissance. 10 Plan Belgique | Enseignement de base et développement | HIVA - KU Leuven
2.3. Domaines prioritaires seule éducation pour améliorer la mobilité sociale. Les objectifs internationaux de l’EPT n’est pas une simple question d’accès à l’école primaire, mais qu’il y a au moins sept zones et les OMD existants ont été critiqués pour potentielles d’exclusion dans le système édu- En bref ne pas prendre suff samment en compte la catif (Lewin, 2007), allant d’un préscolaire question de l’équité au-delà de la simple éga- mal étoffé à un secondaire médiocre. Le pas- • Une attention plus soutenue aux lité d’accès. Des mesures ciblées sont néces- sage d’un niveau scolaire à un autre est sou- saires pour garantir que l’éducation donne vent un goulot d’étranglement critique. questions d’équité et aux diffé- toutes ses chances à chaque élève. L’équité rents niveaux du système éducatif est donc l’un des grands thèmes de débat du Pour aborder la question de l’équité, il faut est indispensable pour favoriser programme post-2015 (voir aussi la section au minimum participer à la conception et au réellement la mobilité sociale. 3.1), tout particulièrement par rapport à la fonctionnement du système éducatif, attribu- • Le chômage croissant des jeunes manière dont l’instruction peut réduire l’ac- tion des ressources comprise (OCDE, 2007): croissement des inégalités au niveau mondial. limiter la différenciation précoce par niveau dans les pays en développement D’autres aspects, tels que le problème de la d’intelligence dans l’enseignement secon- a suscité un regain d’intérêt pour “reproduction” de la pauvreté par l’éduca- daire, gérer les choix d’école, rendre possibles le lien entre enseignement et tion, l’absence de formation des adultes et la les deuxièmes chances, assurer un soutien monde du travail. non-scolarisation des jeunes, sont moins pris ciblé au niveau de l’école et du foyer, et affec- • L’enseignement peut contribuer en compte. La f gure 1 montre que l’équité ter des ressources aux élèves défavorisés. > fortement à la normalisation des sociétés touchées par la guerre, mais cet aspect de l’action huma- Figure 1: Zones d’exclusion dans l’accès à l’éducation nitaire n’est pas une priorité chez (d’après DFID, 2010, ainsi que les travaux de Keith Lewin, CREATE, 2007) les donateurs. 100 Parmi la multitude de facteurs qui inf uencent l’eff cacité individuelle et sociale de l’éduca- Jamais inscrit tion, nous avons déjà mis en exergue l’accès 80 et la qualité. Cette section décrit brièvement trois domaines prioritaires pour la commu- nauté du développement: l’équité, le monde % de participation Pas de préscolaire du travail et les situations d’urgence. Abandon en primaire 60 Équité L’équité et l’inégalité sont les deux faces 40 Pas de transition d’une même médaille, en lien étroit avec le Présence et réussite limitées vers le secondaire pouvoir redistributif de l’éducation, comme + trop âgé Abandon en on l’a décrit dans la section précédente. En secondaire matière d’équité, on s’attache à déterminer la 20 mesure dans laquelle des groupes vulnérables Inscription, présence tels que les enfants handicapés, les f lles ou et réussite assurées encore les enfants de milieux sociaux défavo- risés, de minorités ethniques ou religieuses 0 ont non seulement accès à l’instruction, 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 mais peuvent ainsi améliorer leur situation. Cycle primaire Cycle secondaire inférieur C’est en substance une question d’impartia- lité et d’inclusion dans l’éducation (OCDE, ■ Pas d’accès 2007). L’analyse de la littérature (section ■ Risque 2.2) montre qu’on ne peut compter sur la ■ Accès Encadré 3: Ciblage réussi de minorités ethno-régionales au Nigeria Le Nigeria est de longue date un foyer de tensions et de conf its graves liés à la prédominance de certains groupes ethno-régionaux dans la fonction publique. Un programme du gouvernement visant à améliorer l’accès à l’enseignement supérieur des autres groupes ethno-régionaux a permis de former le personnel devant occuper les postes en question, tout en évitant les violences (Ukiwo, 2007). Plan Belgique | Enseignement de base et développement | HIVA - KU Leuven 11
© Photo: Plan > L’enseignement et le monde du Par exemple, dans l’édition 2012 du très tences de base, dont la lecture, l’écriture et le travail inf uent Rapport mondial de suivi (Global calcul. Il insiste sur la nécessité d’efforts plus Monitoring Report ou GMR) de l’UNESCO, le soutenus de renforcement des compétences Du fait d’un chômage extrêmement élevé thème central est le développement des com- de base, à l’école comme à l’extérieur, ce der- chez les jeunes des pays développés et en pétences. Le GMR souligne tant l’imprécision nier aspect restant pratiquement inexploré. développement au cours des décennies du troisième objectif EPT (“Répondre aux be- Dans le cadre des préparatifs post-2015 (voir écoulées, la relation critique enseignement soins éducatifs de tous les jeunes et de tous les aussi section 3.1), l’UNESCO et la Brookings – monde du travail suscite un intérêt crois- adultes en assurant un accès équitable à des Institution ont réuni la Learning Metrics Task sant (GMR, 2012; Mc Grath, 2012). Outre le programmes adéquats ayant pour objet l’ac- Force dans l’espoir de susciter un consensus lien entre cette question et l’enseignement quisition de connaissances ainsi que de com- sur les domaines d’apprentissage que doit de base, les grands organismes internatio- pétences nécessaires dans la vie courante”) aborder tout enfant. À ce stade (février 2013), naux ont remis l’enseignement technique que la négligence dont il fait l’objet. Il appelle à on s’accorde de plus en plus sur la nécessité de et professionnel (ETFP) à l’ordre du jour une large sensibilisation à la question du déve- prendre en compte divers domaines en plus dans les pays développés et en développe- loppement des compétences, par-delà l’ETFP de la lecture, de l’écriture et du calcul: bien- ment après de nombreuses années d’oubli. de type scolaire. Le rapport met l’accent sur être physique, aspects sociaux et émotionnels, C’est le cas de l’OCDE (2012) et de la Asian plusieurs problèmes au niveau de l’enseigne- arts et culture, communication, démarches Development Bank (Maclean et al., 2013), ment de base, montrant que nombre de jeunes d’apprentissage et cognition, mathématiques, mais aussi du G20. quittant l’école ne maîtrisent pas les compé- sciences et technologie. 12 Plan Belgique | Enseignement de base et développement | HIVA - KU Leuven
Situations d’urgence seignement tourne toujours autour de 2 % et structure, et contribuent à renouer le lien du total de l’APD humanitaire (GMR, 2012). social. Si l’éducation peut faciliter la transition Qui pense aide humanitaire associe cette Simultanément, des études (Bensalah et al., entre la période post-conf it et la reconstruc- notion à la nutrition et à la santé plutôt 2002) ont montré l’importance d’un prompt tion, elle est souvent perdante en matière de qu’à l’éducation. Garder l’aide humanitaire à rétablissement des activités scolaires lors f nancement (voir encadré 4). Rien d’éton- l’ordre du jour des politiques internationales d’un conf it ou peu après. Outre le droit fon- nant donc à ce qu’on enregistre aussi peu de est un combat de tous les instants, de sorte damental à l’éducation des enfants des zones progrès par rapport aux objectifs EPT dans que la part des f nancements affectée à l’en- en guerre, ces activités apportent stabilité les pays touchés par la guerre. Encadré 4: Laissés-pour-compte “ Les pays touchés par la guerre sont les plus en retard sur le programme EPT. Nombre d’entre eux passent entre les mailles du f let de l’aide internationale, leurs systèmes éducatifs ne bénéf ciant ni d’une aide au développement à long terme, ni d’une aide humanitaire à court terme.” (Rapport mondial de suivi sur l’EPT, 2012, p.151) Plan Belgique | Enseignement de base et développement | HIVA - KU Leuven 13
© Photo: Wouter Van Vaerenbergh
3. Tendances dans le f nancement de l’enseignement 3.1. Récentes évolutions L’enseignement, en milieu scolaire ou non, fait de longue date l’objet d’une attention soute- au début des années 1990, ont été éclipsées par l’attention accordée aux Objectifs du mil- dans le monde de l’APD nue de la part des donateurs OCDE-CAD, qui lénaire pour le développement (OMD). La y voient à juste titre un pilier du développe- première évaluation des objectifs EPT (2000) En bref ment durable. Si ce point de vue emporte une a coïncidé avec la montée en puissance des large adhésion, nous allons voir que parmi les OMD. Les deux processus se sont inf uencés nouveaux poids lourds de la scène internatio- mutuellement, ce qui a débouché sur la mise • Les objectifs de l’EPT et les OMD nale du développement – bailleurs de fonds et en place de six objectifs EPT et de deux OMD sont un succès partiel, et ont don- grandes fondations –, certains se préoccupent pour l’éducation. Toutefois, il y a d’impor- né particulièrement bons résul- bien peu d’éducation. Nous signalerons aussi tantes différences. Ainsi, l’OMD 2 n’intègre tats du point de vue des inscrip- d’autres divergences dans le cadre du débat pas la condition d’un enseignement primaire tions et de la parité des sexes. actuel sur l’éducation et le développement. gratuit, obligatoire et de qualité (contraire- • Concernant l’agenda post-2015, ment à l’objectif EPT 2). Cette section présente brièvement les struc- les milieux de l’aide à l’enseigne- tures dominantes de ladite scène, ainsi que À moins de trois ans de la date butoir (2015), ment sont largement d’avis que les débats liés au programme post-2015. les résultats sont mitigés. Les plus grands les questions de qualité de l’édu- Nous nous arrêterons aussi sur quelques ten- succès concernent les objectifs EPT de sco- cation et de l’équité doivent être dances lourdes du f nancement international larisation primaire universelle et les objectifs prises en compte sérieusement, de l’éducation. de parité sexuelle (à tous les niveaux). Seuls outre l’élimination des dernières 29 pays sur 212 menacent actuellement de inégalités d’accès. Dans d’autres Préparatifs post-2015 ne pas atteindre la scolarisation primaire uni- verselle (GMR, 2012, p. 59). Toutefois, les domaines, on est loin du consen- • Éducation pour tous & Objectifs du chiffres récents (GMR, 2012) montrent que la sus. millénaire pour le développement scolarisation piétine. • Autre préoccupation commune aux milieux de l’aide à l’enseigne- L’éducation est un élément incontournable Une série de diff cultés méthodologiques ment: le risque que cette dernière de l’ordre du jour de l’Aide publique au entravent l’évaluation des travaux liés aux développement depuis une cinquantaine quatre autres objectifs EPT, mais les données soit le parent pauvre du pro- signalent des progrès du point de vue des d’années, mais son importance a changé au gramme post-2015. f l du temps. La communauté internationale transferts internationaux de ressources des- • Après de nombreuses années tente vainement de prendre la mesure des tinées à l’enseignement (jusqu’à 2010, avec de croissance, les f nancements immenses diff cultés des pays en dévelop- quelques reculs depuis), ainsi que des f nan- externes de l’enseignement de pement dans le domaine de l’enseignement. cements domestiques de l’enseignement. base ont stagné en 2010 et baissé Une solution adoptée face à la complexité Pour trois objectifs, les choses sont au point du problème consiste à f xer des objectifs. mort: soins et éducation de la petite enfance, légèrement en 2011. On s’attend Remontant aux années 1960, les premières alphabétisation des jeunes et des adultes, et à d’autres réductions. tentatives de f xation d’objectifs pour le sec- enf n compétences et qualité. Le tableau 1 • Le Partenariat mondial pour teur de l’enseignement furent un échec, et les présente une série de points forts et faibles l’éducation est la plus vaste ini- suivantes, dont Éducation pour tous (EPT), du cadre international actuel. > tiative multilatérale au service des objectifs EPT. Il a fait l’objet d’engagements de f nancement Tableau 1: Points forts et points faibles du cadre international de l’aide à supplémentaires f n 2011, mais le l’enseignement (EPT & OMD) déf cit de l’aide à l’enseignement de base reste important: près de Points forts Points faibles 12 milliards USD. • Des objectifs EPT bien déf nis • Dans certains pays, la priorité donnée à l’accès à l’éduca- • Les ressources nationales des ont apporté précision et coordi- tion a nui à la qualité de l’enseignement nation aux efforts internationaux • L’exigence d’objectifs mesurables n’était pas très com- pays en développement affectées • Les objectifs EPT et les OMD patible avec une vue d’ensemble des problèmes à régler à l’éducation sont en hausse, mais sont de bons outils de communi- (recrutement d’enseignants non qualif és, etc.) dans certains pays, une aide au cation auprès du grand public et • Les objectifs f xés ne prenaient pas en compte le contexte secteur de l’enseignement reste des décideurs politiques local (par ex., la situation de départ au Niger et au Mali n’avait rien à voir avec celle du Ghana) nécessaire à moyen terme. 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> • Programme post-2015 Tableau 2: Différents aspects éducatifs à intégrer au cadre post-2015 (d’après Burnett & Felsman, 2012) Le débat quant au choix des futurs objectifs de développement s’intensif e depuis plus d’un an. Élément Objet Promoteurs Jusqu’à présent, les divergences étaient parti- post-2015 (par ordre d’intérêt) culièrement sensibles dans certains secteurs 1. Accès / qualité et niveau de scolarisation visé de la communauté de l’APD ainsi que dans certains instituts de recherche, mais avec l’en- De l’augmen- • La qualité de l’enseignement de base laisse nette- Consensus global trée en lice de décideurs politiques de premier tation de l’accès ment à désirer • Donateurs à l’amélioration • Nécessité de déf nir des résultats d’apprentissage • ONG Nord plan7, le débat s’élargit peu à peu. La diversité de la qualité spécif ques par le biais d’un objectif d’apprentissage • Ministres Sud de des idées et propositions est frappante. Un (fondée sur • Question du recours aux tests internationaux l’éducation inventaire réalisé par l’Overseas Development les résultats (PISA, etc.) Institute (ODI) a été publié en mars 2013. Il d’apprentissage) • Question des aspects à mesurer: uniquement comporte une liste de plus de 160 propositions calcul, écriture et lecture? Autres éléments? émanant des différentes parties prenantes. Extension au • Inscriptions dans le secondaire encore faibles dans Principalement Quelques domaines de divergence: mesure secondaire préoccupations du Sud de nombreux pays dans laquelle relier explicitement les OMD au • Demande croissante pour le secondaire du fait de • Ministres Sud de changement climatique (objectifs de dévelop- l’augmentation de l’accès au primaire. l’éducation (cités le pement durable), teneur et orientation exactes • Question du coût et de l’eff cacité du secondaire plus souvent) des objectifs, établissement des programmes, • Négligés par donateurs gouvernance des Objectifs de développement Rôle de • Absent des discussions, mais bénéf cie d’une APD Débat public limité durable (ODI, 2013), etc. Au moment de la l’enseignement importante • Très peu de rédaction du présent rapport, une douzaine sur supérieur promoteurs publics, les 160 propositions d’objectifs de l’APD visait quelques ministres de l’éducation ou le développement des compé- l’éducation tences (Bergh, 2013). 2. Objectif et teneur de l’enseignement Les milieux de l’enseignement se préoccupent Égalité 3 dimensions: Intérêt partiel de savoir si l’éducation f gure en bonne place (1) Enseignement comme réponse à l’accroissement • Donateurs et ministres sur l’agenda des décideurs politiques. Les mondial des inégalités se sont uniquement (2) Risque d’une reproduction de la pauvreté par l’en- intéressés au point (1) observateurs craignent que l’éducation perde seignement, et manque de formation des adultes son statut prioritaire du fait du succès rela- (3) Prise en charge des jeunes déscolarisés tif des deux OMD actuels en matière d’édu- cation. Par ailleurs, on déplore l’orientation Compétences et • Question du chômage des jeunes Principalement actuelle du modèle de développement, qui entrée dans la • Employeurs critiques quant aux compétences dis- préoccupations du Sud vie active pensées par l’enseignement secondaire • Ministres éducation Sud semble favoriser croissance et emploi au • Pas de consensus sur les compétences nécessaires • Au travers du GMR détriment de l’enseignement et de la santé. • L’UNESCO souligne l’importance des compé- 2012 L’éducation reste toutefois une préoccupa- tences transférables (conf ance en soi, communi- • Intérêt limité des tion mondiale, comme l’illustrent les premiers cation, etc.) et des compétences techniques donateurs résultats de l’enquête mondiale MY World • Regain d’intérêt présumé pour l’ETFP (ONU, février 2013) dans laquelle l’éducation • Besoin de déf nir le concept d’éducation par-delà arrive jusqu’à présent en tête. Les milieux de la salle de classe l’enseignement sont largement en faveur des 3. Financement et suivi de l’enseignement nouveaux objectifs, mais l’objet et les modali- tés des interventions restent à déf nir. Burnett L’enseignement • Craintes que l’éducation ne soit plus une priorité Priorité donateurs et Felsman (2012) ont dressé une synthèse comme priorité dans le cadre post-2015 • Donateurs • Nombreuses indications montrant la nécessité des objectifs post-2015 proposés pour mieux d’une meilleure communication sur les nombreuses comprendre les positions des politiques. Ils évidences démontrant l’importance de l’éducation ont par ailleurs interrogé les ministres de • Nécessité d’une démarche intégrée (en rapport l’éducation de 21 pays en développement et avec les emplois, la santé, etc.), qui dépasse donc comparé leurs priorités avec celles des dona- les “silos” sectoriels teurs. Le tableau 2 résume les grandes lignes Financement de • Faire en sorte que les dépenses liées à l’éducation Très peu de promoteurs du débat et indique les forces en présence. l’enseignement restent une priorité au niveau du pays, de la région • Aucun promoteur et des foyers (plus important qu’une expansion de • RMS 2012 signale la À l’époque où Burnett et Felsman réalisaient l’APD) faible participation des leur étude, le lobby Éducation et protec- • Nécessité d’une action d’autonomisation accrue des nouveaux donateurs tion de la petite enfance (EPPE) était pré- OSC pour assurer une redevabilité descendante sent, mais en retrait par rapport aux autres • Besoin de mobiliser des fonds chez les nouveaux thèmes présentés au tableau 2. En particulier, donateurs (fondations privées, pays BRIC) le Global Compact on Learning (Brookings Meilleure • Besoin d’indicateurs prenant en compte les ques- Priorité donateurs Center for Universal Education) veille à ce exploitation tions de contexte, d’équité, de niveau de départ • Donateurs que cet aspect f gure à l’ordre du jour. Plus des données & d’un pays, éventuellement en prenant “la per- statistiques sonne” comme unité d’analyse 7 Dont le premier ministre britannique, David Cameron, • Besoin de données moins agrégées: par sexe, âge, qui a pris en avril 2012 la présidence du comité de statut migratoire, situation rurale ou urbaine, etc. l’ONU chargé de l’élaboration des nouveaux objectifs (y compris indicateurs qualitatifs) de développement. 16 Plan Belgique | Tendances dans le f nancement de l’enseignement | HIVA - KU Leuven
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