APPEL À CONTRIBUTION An English version follows, at the end of the French text - IAE Gustave Eiffel

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APPEL À CONTRIBUTION
An English version follows, at the end of the French text

La présente est un appel à contribuer, en français ou en anglais, à un numéro thématique de la
revue Science et Esprit, portant sur le leadership, et qui paraîtra le 1er janvier 2022, avec date
limite pour remettre les contributions au Comité éditorial le 1er juin 2021. Pour le dire plus
clairement, le numéro de Science et Esprit auquel la présente vous invite à contribuer fait le pari
que nous aurions quelque chose à apprendre sur le leadership en lisant ou relisant des textes
comme Le Politique de Platon, L’Évangile de Jean (10 : 1-18)1, et tous ces autres textes, traditions
orales ou œuvres d’art, anciens ou modernes (et d’ici comme d’ailleurs) qui utilisent la figure du
berger et de sa relation avec son troupeau pour penser le leadership. Cet appel à contribution
vous invite donc à utiliser vos compétences disciplinaires pour penser en commun le leadership à
partir de textes, pratiques, traditions et œuvres d’art qui mobilisent l’esprit ou la lettre de cette
analogie du Bon Berger pour pouvoir parler de leadership.

Voici certains exemples de ce que cette relecture pourrait nous apporter. Nous en mentionnons
plusieurs autres dans l’Annexe 2 de cet appel, tous classés par discipline (ou groupe de disciplines)
afin d’aider des universitaires ou professionnels de tout horizon à bien comprendre comment ils
ou elles pourraient contribuer à ce numéro que nous voulons multidisciplinaire, multiculturel et
œcuménique. Gardez cependant à l’esprit, cependant, que tout ce qui est présenté ici ne sont
que des idées encore très confuses. Nous ne prétendons pas savoir si les perspectives qu’elles
semblent ouvrir sont des sentiers qui ne mènent nulle part ou, pire, des propositions qui auraient
besoin d’être nuancées grandement, voire contredites. Notre seul but en les listant ici est de vous
donner des idées de ce qui pourrait être écrit sur ce sujet.

L’étude du leadership se fait essentiellement par l’entremise de la psychologie et de la sociologie.
Ceci tient au fait que le leadership qui nous intéresse est un phénomène qui a cours entre des
personnes ainsi qu’au sein de collectifs humains. On reconnaît bien une petite place à l’éthologie,
dans nos réflexions sur le leadership, mais l’éthologie du leadership s’est surtout concentrée sur
la présence de leadership au sein d’individus de même espèce. L’analogie du berger nous force à
tourner le regard vers les relations inter-espèces pour penser le leadership, ainsi que vers l’art et
les représentations de cet art et de ses praticiens (les bergers comme leurs troupeaux) au sein de
toutes nos diverses traditions de pensée.

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    Voir extraits de ces deux œuvres dans l’Annexe 1 de cet appel à contribution.

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En plus de nous aider à mieux comprendre certains aspects du leadership qu’on n’aurait peut-être
pas saisi aussi clairement sans ce détour, le passage par le trans-spécifique2 permet aussi un
retour sur certains concepts de base de la psychologie et de la sociologie. Les concepts de groupe
ou d’équipe, par exemple, gagneraient peut-être à être théorisés comme une variété plus
complexe de ce qu’est un troupeau (et vice versa). Quant aux liens et aux processus de création
de liens qui unissent les leaders à leurs followers (et vice versa), ils gagneraient peut-être à
recevoir une théorisation renouvelée en les comparant à des notions comme celles
d’apprivoisement, de capacité à être apprivoisé et de talent d’apprivoiseur (horse-whisperer).

L’intérêt de penser le leadership à l’aune de cette analogie du berger ne s’arrête cependant pas à
ces deux types d’exemples, peu s’en faut.

Les finalités qu’on attribue au leadership, par exemple, sont le plus souvent externes au collectif
que le leadership permet de constituer et de mobiliser. Cette approche est parfaitement
compréhensible, dans la mesure où c’est bien pour pouvoir faire quelque chose avec ce leadership
qu’on s’intéresse à lui, Il ne faut pas oublier par contre que cette forme d’approche des fins du
leadership impose d’entrée de jeu une logique instrumentale à l’étude du leadership. Ce faisant,
elle subordonne le groupe que le leadership constitue (y incluant le leader lui-même ou elle-
même) à des finalités extérieures à ce groupe. L’analogie du berger vient changer notre façon
d’envisager les finalités du leadership. Elle dirige nos regards vers l’aspect purement symbiotique
des relations que peuvent entretenir des individus d’espèces différentes, et donc vers les finalités
purement internes de la relation que le leadership constitue.

On conçoit par ailleurs la formation au leadership comme consistant essentiellement en un
processus d’apprentissage. Il s’agit d’y apprendre de nouvelles techniques, de nouveaux
comportements, de nouveaux styles de comportements. Il s’agit aussi d’y perfectionner des
aptitudes innées mais qui, laissées en friche, ne sauraient porter tous leurs fruits. Il y a certes une
façon de faire usage de l’analogie du berger qui ne fait qu’ajouter d’autres champs
d’apprentissage possible à ceux qu’on enseigne déjà, quand on forme des personnes au
leadership, à savoir : ceux de l’art pastoral et de tout ce qu’il a à nous apprendre sur l’art
d’apprivoiser les personnes, de s’en soucier, de les diriger et de les protéger.

Si on considère cependant l’usage proprement mystagogique et initiatique qui est fait de
l’analogie dans plusieurs des textes où on la rencontre, on réalise que tout autre chose que de
l’apprentissage est visé par cette analogique. Le but symbolique du processus de sortie de
bergerie vers les périphéries, pour aller s’y nourrir sous la direction et la protection du Bon
Pasteur, ne se limite pas à ce qu’elle nous donne à voir. Tout cela est en effet une métaphore dont
la fonction, comme l’étymologie du mot métaphore l’indique, est de nous transporter au-delà de
la simple matérialité de l’image offerte, pour nous aider à comprendre. Toute personne la
moindrement familière avec tout ce dont ne cesse de parler L’Évangile de Jean, comprendra
rapidement, par exemple, que tout cette histoire de brebis quittant leur bergerie sous l’égide du
Bon Pasteur, n’est que l’amorce d’un processus de transsubstantiation qui trouvera son terme
quand les brebis de L’Évangile seront-elles-mêmes devenues des pasteurs, sous l’égide du Bon
Pasteur et la protection de son Paraclet.

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    Que ce soit celui du berger avec ses moutons, des fourmis avec leurs pucerons, etc.

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Les évangiles synoptiques utilisent une autre analogie pour parler de la même chose. Qu’est-ce
en effet que de devenir pêcheurs d’humanité3 (Évangile de Luc, 5 : 1-11) sinon que de devenir
l’équivalent d’un bon pasteur mais avec des poissons plutôt qu’avec des moutons? L’image ici
évoquée n’est pas celle d’un humain invité à aller hameçonner d’autres humains pour les empiler
dans son panier de pêche. C’est plutôt l’image d’un guide qui, dans les profondeurs de l’âme
humaine, s’en va chercher ce qui n’est encore que poisson pour en faire de l’humain. Il me semble
que c’est plus cela qu’être pêcheurs d’êtres humains (la traduction littérale du Grec) veut dire, et
pas d’être un sergent-recruteur pour quelque pseudo-vérité déjà donnée que ce soit!

On pourrait nous objecter qu’il ne s’agit ici que de spécificités propres au Christianisme, sauf que
ce n’est pas le cas du tout. On retrouve les mêmes expressions en hindouisme (les castes
supérieures de l’Inde étant passées au travers d’un processus de deuxième naissance), sans parler
des cultures traditionnelles de tous les continents où des processus de transformation d’animaux
à humains existent aussi. L’originalité du christianisme, à cet égard, tient d’ailleurs peut-être à ce
que la chair transsubstantiée est presque toujours celle dont la vocation de départ était de servir
d’aliment, et dont la transformation en humain vise non pas à devenir prédateur à son tour, mais
à donner sa vie pour que d’autres qui n’étaient que pâture deviennent à leur tour des humains.

Dernier exemple pour comprendre ce que tous ces textes peuvent nous donner à penser en
matière de théorisation du leadership, d’enseignement du leadership et d’accompagnement des
leader (et de leurs followers): Étant donné tout ce que nous venons de dire dans les paragraphes
précédents, la rhétorique4 peut-elle se prétendre encore être l’instrument privilégié d’exercice du
leadership et de formation au leadership? Les anciens lui accordaient certainement une place de
choix, et c’est bien contre son importance que le Socrate de Platon ne cesse d’argumenter,
notamment dans le Gorgias (mais aussi dans La République). Ignace de Loyola pensait pouvoir
réconcilier Platon à Aristote et Cicéron en faisant que la rhétorique ne soit pas seulement utilisée
comme instrument de persuasion asservie à des fins extérieures à elle-même, mais en faisant une
méthode de discernement spirituel –un discernement spirituel entièrement centré sur les
questionnements de conversion et de transsubstantiation auxquels nous appelle le dynamisme
interne propre à chacune de nos vies. Ignace de Loyola ne possède cependant pas un monopole
sur les méthodes et processus initiatiques par lesquels les brebis deviennent pasteurs d’êtres
humains et les pêcheurs font advenir l’humain chez les poissons des profondeurs. Plusieurs autres
textes, traditions, pratiques et œuvres d’art traitent de ces méthodes et processus. Ce n’est donc
pas parce qu’ils ne sont pas utilisés (ou mal utilisés) dans nos pratiques contemporaines
d’accompagnement des leaders et des followers, qu’ils n’existent pas. Dans tous ces cas-là, la
raison pourquoi ces processus initiatiques et mystagogiques ne sont pas des processus
d’apprentissage est qu’ils consistent tous à faire que Cain devienne ce qu’il ne veut pas être au
départ, à savoir : le gardien de son frère. Pour ce qui est finalement de nous, praticiens
contemporains des disciplines tournant autour du leadership, nous n’appelons même plus
rhétorique ce que nous sommes en train de faire, et même si c’est toujours et encore cela que

3 Le mot grec qui est employé dans l’expression est neutre. Il réfère tout autant aux hommes qu’aux femmes, même si on traduit souvent

l’expression comme pêcheurs d’homme. Nous avons préféré parler de pêcheurs d’humanité, ici, étant donné le sens que nous voulons
faire ressortir. Notez par ailleurs que le mot grec employé pour parler de moutons, dans la parabole du Bon Pasteur, est en fait un mot
féminin. Jung dirait peut-être que le fait que Jean parle de brebis plutôt que de moutons, a à voir avec le fait que le Christ parle de
l’anima plutôt que de l’animus. Quoi qu’il en soit, par contre, ce qui reste certain est que c’est le féminin que Jean emploie dans sa
parabole, et pas le masculin.
4 Avec ses trois dimensions (i) d’ethos (l’être, l’apparence projetée et le savoir-être), (ii) de pathos (l’intelligence émotionnelle et la

capacité de comprendre et de communiquer les émotions appropriées) et (ii) de logos (à travers l’art de négocier efficacement et de
savoir construire des discours persuasifs).

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nous faisons. Nous sommes donc à plusieurs égards dans une position pire que celle de nos
prédécesseurs, dans la mesure où nous n’arrivons même plus à savoir que ce que nous faisons est
de la rhétorique, et à relier ce que nous faisons à ce que d’autres avant nous ont pensé et ont fait
dans ce domaine.
A.      CALENDRIER DE TRAVAIL ENVISAGÉ
        (Par ordre chronologique inverse)

             ÉTAPE                                                       DATE

                       PARUTION                                    1er janvier 2022

                   DATE LIMITE
        D’ENVOI EN IMPRESSION
                                                                 1er décembre 2021

                  DATE LIMITE
      D’ENVOI EN COMPOSITION
                                                                 15 novembre 2021

    REMISE DES CONTRIBUTIONS
            FINALES MODIFIÉES
     + FORMULAIRE DE CESSION
                                                                1er novembre 2021
         DES DROITS D’AUTEUR

    DATE LIMITE DE REMISE DES
      RAPPORTS D’ÉVALUATION
                                                                    15 juillet 2021

              DATE LIMITE POUR                                       1er juin 2021
               SOUMETTRE DES          Il va sans dire que certaines contributions entreront plus tôt et seront évaluées
                CONTRIBUTIONS                                              plus tôt

                                              Entre le 1er septembre 2020 et le 1er juin 2021
                                          Pour accommoder les fuseaux horaires de tous les participants anticipés
    CONFÉRENCES ZOOM ENTRE                               (Amérique, Europe, Afrique, Asie, Australie)
            CONTRIBUTEURS                         Les rencontres ZOOM auront lieu à 8 :00 AM à Montréal
                                      Les dates exactes seront déterminées selon les besoins exprimées et les dates de
                                                              disponibilités de tous et chacun

      LANCEMENT DE L’APPEL À
              CONTRIBUTION
                                                                1er septembre 2020

Durant la période entre le 1er septembre 2020 et le 1er juin 2021 :

▪    Le comité éditorial publie l’Appel à contribution, sollicite des contributions spécifiques, reçoit
     des contributions non-sollicitées, élimine les contributions non-pertinentes et recrute les
     différents réviseurs nécessaires à l’évaluation de chacune des contributions jugées
     pertinentes et de niveau suffisant (2 réviseurs par contribution).

                                                                                                                          4
▪  Le comité éditorial organise des téléconférences ZOOM permettant aux contributeurs
   potentiels d’en apprendre plus sur l’appel à contribution, les textes, traditions, œuvres d’art
   et pratiques qui le sous-tendent, particulièrement Platon et St-Jean, et/ou qui qui désireraient
   partager avec d’autres ce sur quoi ils pensent écrire, pour tester leurs idées.
B.     CONDITIONS DE SOUMISSION D’UN MANUSCRIT

Le manuscrit doit être inédit et sa langue principale doit être le français ou l’anglais.

Le manuscrit doit contenir entre 5 000 et 7 000 mots (incluant le texte et les notes).

Le texte de l’article lui-même ne doit pas porter mention du nom de son (ou de ses) auteur(s).

Par contre, le texte de l’article doit commencer par

▪   Le titre de l’article, et

▪   Un sommaire d’une dizaine de lignes maximum, rédigé en français ou en anglais (idéalement
    dans les deux langues, sinon nous traduirons nous-mêmes).

Une page frontispice précédera le texte de l’article, et contiendra quant à elle les informations
suivantes :

▪   Le titre de l’article tel qu’il figure au début du manuscrit;

▪   Le nombre de mots, incluant le texte et les notes;

▪   Le nom de l’auteur (ou des auteurs)

▪   La ou les adresses postale et électronique afférentes à chacun des auteurs.

Le manuscrit et la page frontispice seront envoyés dans un seul fichier, en format WORD ou RTF
(Rich Text Format)

L’adresse électronique où faire parvenir le texte par courrier électronique est
jean-francois.garneau@teluq.ca

Si le texte contient des mots dans un autre alphabet que l’alphabet latin (ex. : hébreu, grec, arabe,
chinois, japonais, hindi), il sera aussi envoyé en format PDF.

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C.           ÉVALUATION DU MANUSCRIT

Le manuscrit sera soumis à deux arbitres pour une évaluation à l’aveugle.

Un de ces deux arbitres proviendra du champ disciplinaire au sein duquel la contribution s’inscrit

Les arbitres seront invités à remettre leur rapport d’évaluation le plus rapidement possible
(maximum : six semaines après la réception du manuscrit).

Dans le cas d’une acceptation conditionnelle ou d’un refus de publication, les rapports des
arbitres seront acheminés à l’auteur.

Une fois l’article accepté pour publication, chaque auteur devra remplir un formulaire de cession
de droits, qui est disponible sur le site web de la revue, à l’hyperlien suivant :

                  http://www.dominicanu.ca/rse/

Chaque auteur devra faire parvenir le formulaire de cession de droit rempli à

                   jean-francois.garneau@teluq.ca

D.           COMITÉ ÉDITORIAL DU NUMÉRO SPÉCIAL :

Personnes à contacter pour toute question concernant ce numéro spécial.

Jean-François Garneau, professeur de management, Université du Québec (ESA-TELUQ) 5
jean-francois.garneau@teluq.ca qui est aussi la personne à qui il faudra faire parvenir les
manuscrits, si vous désirez soumettre une contribution.

Maxime Allard, professeur de philosophie, Collège universitaire dominicain d’Ottawa6
maxime.allard@dominicanu.ca

E.           AU SUJET DE LA REVUE SCIENCE ET ESPRIT

Les textes de Science et Esprit sont répertoriés dans ATLA Religion Database et ils sont disponibles
en version électronique un an après leur parution dans ATLA Serials Collection, productions de
l’American Theological Library Association (Chicago); adresse électronique : atla@atla.com; site
Web: http://www.atla.com. La revue est également diffusée sur la plateforme Érudit avec une
barrière mobile de douze mois selon la politique du libre accès du CRSH.

5   https://www.teluq.ca/siteweb/univ/jgarneau.html
6
    http://www.udominicaine.ca/affaires-scolaires/professeurs/maxime-allard-op

                                                                                                  6
Les textes sont également répertoriés dans Religious Index One : Periodicals (RIO) et dans Index
to Book Reviews in Religion (IBRR) de l’American Theological Library Association (Chicago).

 COMITÉ DE RÉDACTION                                      COMITÉ SCIENTIFIQUE

 Directeur          Michel Gourgues, o.p.

 Articles en
                                                     ▪   Yves Bouchard (Sherbrooke)
 philosophie
                    Mark Nyvlt                       ▪   Gabor Csepregi (Saint-Boniface)
                                                     ▪   Thomas De Koninck (Québec)
                                                     ▪   Odile Flichy (Paris)
 Articles en                                         ▪   Pierre Gisel (Lausanne)
 théologie
                    Hervé Tremblay, o.p.
                                                     ▪   Jean Grondin (Montréal)
                                                     ▪   John Kloppenborg (Toronto)
 Recensions en                                       ▪   Hervé Legrand, o.p. (Paris)
                    Iva Apostolova
 philosophie                                         ▪   Georges Leroux (Montréal)
                                                     ▪   Daniel Marguerat (Lausanne)
                                                     ▪   Élisabeth Parmentier (Genève)
 Recensions en
 théologie
                    Jean Doutre, o.p.                ▪   Anne Pasquier (Québec)
                                                     ▪   Peter C. Phan (Washington, D.C.)
                                                     ▪   Claude Piché (Montréal)
 Conseiller                                          ▪   Eleonore Stump (St. Louis, MI)
 (Philosophie)
                    Graeme Hunter
                                                     ▪   William Sweet (Antigonish)
                                                     ▪   Walter Vogels, m.afr. (Anvers)
 Conseillère
 (Théologie)
                    Marie-Pierre Bussières

                                                                                              7
ANNEXE 1
                  CITATIONS CLÉ DU POLITIQUE DE PLATON ET DE L’ÉVANGILE DE JEAN

PLATON :
« En introduisant cette fable nous n’avons pas seulement voulu montrer que notre conception du
leadership s’oppose à toutes les autres représentations par lesquelles on peut se représenter l’art
de diriger, mais avons aussi voulu définir plus clairement la figure de celui qui, à l’exemple des
bergers et des bouviers, veille d’abord au bien-être de ceux qu’il dirige, et est le seul à mériter, de
ce fait, le titre de dirigeant7. »

ÉVANGILE DE JEAN (10 : 1-18) :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n'entre pas dans l'enclos des brebis par la porte, mais
qui escalade par un autre côté pour y entrer, celui-là est un voleur et un brigand. Mais celui qui
entre par la porte c’est lui le berger des brebis. Celui qui garde la porte de l’enclos la lui ouvre, et
les brebis écoutent sa voix. Elles écoutent sa voix parce qu’elles lui appartiennent, qu’il les appelle
chacune par leur nom et qu’il les mène au-dehors pour les faire paître. Et lorsqu'il les a toutes fait
sortir, il marche à leur tête, et elles le suivent parce qu'elles reconnaissent toutes sa voix très bien.
Jamais elles ne suivraient un étranger. Elles le fuiraient, au contraire, parce qu'elles ne
reconnaissent pas la voix des étrangers. »

Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas la portée de ce qu'il disait. Jésus reprit
donc.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi
sont des voleurs et des brigands, mais les brebis ne les ont pas écoutés. Je suis la porte : si
quelqu'un entre par moi, il sera sauvé, il ira, viendra et trouvera bien de quoi se nourrir. Le voleur,
quant à lui, ne se présente que pour voler, pour tuer et pour perdre; moi, je suis venu pour que
les hommes aient la vie et qu'ils l'aient en abondance. »

« Je suis le bon pasteur : le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, lui, il n'est
pas vraiment un berger et les brebis ne lui appartiennent pas. Voit-il venir le loup, il abandonne
les brebis et prend la fuite ; et le loup s'en empare et les disperse. C'est parce qu'il est mercenaire
que peu lui importent les brebis. Moi, je suis le bon berger, je reconnais mes brebis et mes brebis
me reconnaissent, de la même façon que le Père me connaît et que je connais mon Père, et que
je me dessaisis de ma vie pour les brebis. »

« J'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos-ci et celles-là aussi, il faut que je les mène
paître. Elles écouteront ma voix et il n’y aura qu’un seul troupeau et qu’un seul berger. »

« Le Père m'aime parce que je me dessaisis de ma vie pour la reprendre ensuite. Personne ne me
l'enlève, cette vie, mais je m'en dessaisis de moi-même. J'ai le pouvoir de m'en dessaisir et le
pouvoir de la reprendre. Tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père. »

7 And the myth was introduced in order to show, not only that all others are rivals of true shepherd who is the object of our search, but
in order that we might have a clearer view of him who is alone worthy to receive this appellation, because, he alone of shepherds and
herdsmen, according to the image which we have employed, has the care of human beings” Jowett translation.
URL: http://classics.mit.edu/Plato/stateman.1b.txt

                                                                                                                                       8
ANNEXE 2
                            TYPES DE CONTRIBUTIONS RECHERCHÉES

Comme nous l'avons dit dans notre introduction, ce numéro thématique de Science et Esprit
s'intéresse à examiner à nouveau, et de façon multidisciplinaire, œcuménique et interculturelle,
la richesse conceptuelle, et donc la pertinence contemporaine, de l'analogie avec la figure du
berger et du pasteur, pour parler de leaders, et du troupeau, voire du troupeau de moutons, pour
parler des followers, dans notre compréhension, notre enseignement ou notre accompagnement
en matière de leadership.

Les deux textes clés sur lesquels nous avons voulons attirer l’attention, pour qu’on prenne cette
analogie au sérieux, sont LE POLITIQUE de Platon et L’Évangile de Jean (10: 1-18). Nous n'avons
cependant pas l'intention de limiter les contributions à ces deux seuls textes. Nous voudrions
seulement qu'ils servent de points de référence à partir desquels toutes les autres explorations
peuvent procéder.

Nous avons parlé dans l'introduction de l'importance de rendre les contributions éclairantes, tant
pour l'étude du leadership que pour l'enseignement de celui-ci et l’accompagnement des leaders.
Nous aimerions aussi que les contributions soient utiles pour la compréhension des textes,
traditions, œuvres d’art et pratiques qui font la comparaison qui est au cœur de ce numéro
thématique. Sans nécessairement rendre ces liens explicites, les meilleures contributions auront
quelque chose à dire sur les termes opposés utilisés dans la comparaison.

La façon dont cela peut être fait est laissée à la discrétion de chacun. Vous pouvez

▪   Produire des travaux de pure érudition sur des textes, traditions, œuvres d’art et pratiques
    qui parlent du Bon Pasteur et de ses brebis, sans faire de liens explicites avec le leadership,
    mais que toute personne intelligente saura bien déchiffrer pour elle-même;

▪   Produire des contributions qui se situent carrément dans les paradigmes dominants par
    lesquels on parle de leadership aujourd’hui, mais qui jettent quand même (même si cela n’est
    jamais dit explicitement) une lumière intéressante et parfois surprenante sur la
    compréhension des textes, traditions, œuvres d’art et pratiques que d’autres étudieront;

▪   Produire des travaux qui rendent les comparaisons explicites entre les textes, pratiques,
    œuvres d’art et traditions au sein desquels l’analogie du bon berger est centrale et les théories
    et les pratiques contemporaines; et

▪   Produire des textes sur les méthodes spirituelles et œuvres d’art mystagogiques qui
    prétendent guider le processus de transsubstantiation par lequel les fils de Caïn deviennent
    des fils de Dieu (pour employer ici le langage de la Bible).

Ceci dit, voici une liste de façons possibles d’approcher le thème de notre numéro thématique.
Cette liste n’a pas pour but de limiter l’imagination du contributeur potentiel, mais de l’inspirer à
identifier le type de contribution qu’il ou elle pourrait le mieux faire. Nous avons regroupé les
types de contribution par discipline, mais encourageons les contributeurs qui le désirent à briser
ces catégories si nécessaires pour produire des contributions multidisciplinaires, s’ils le désirent.

                                                                                                   9
A. Du point de vue de l’anthropologie culturelle, de l’ethnologie ou de
   l’ethnographie, ou des différentes disciplines qui analysent le langage
   et sa sémiotique

En quoi consiste le métier de berger, comment le devient-on, comment enseigne-t-on ce métier,
quelles différences observe-t-on, entre les cultures, au sujet de ce métier, et comment des
communautés pastorales réagissent-elles à l’idée que leur métier puisse servir d’image à la
théorisation, la pratique et l’accompagnement du leadership?

Analyse des différentes familles de sens et étymologies associées aux mots clés de l’analogie du
berger (berger, troupeau, pasteur, pastorale, etc.) dans différents univers linguistiques, avec
implication pour la compréhension du leadership.

B. Du point de vue des sciences de la gestion, ainsi que de la
   psychologie, de la sociologie ou de la théorie politique :

Dans un sens similaire du mot image que celui qu’emploie Gareth Morgan pour parler « d’images
de l’organisation8 », quelles sont les images qui sont employés pour parler de leadership,
aujourd’hui, est quelle serait la place de l’image du berger au sein de ces images;

En quoi les notions de berger, d’art pastoral et d’apprivoisement développées dans les textes
anciens ainsi que dans les cultures traditionnelles ont-elles (ou n’ont-elles plus) quoi que ce soit à
nous dire sur la nature ou la pratique du leadership;

Que penser aujourd’hui de cette question mi-ironique et mi-sérieuse de Platon, et qui l’a mis sur
la piste de l’image du berger, à savoir : Pourquoi les meneurs d’hommes et de femmes prennent-
ils si souvent moins bien soin de leurs peuples que des bergers et bergères de leurs troupeaux?
La question est-elle vraiment seulement anecdotique, où ne cache-t-elle pas une question
beaucoup plus profonde que la simple boutade par laquelle elle s’exprime?

Qu’est-ce que veut dire « être un pasteur » et en quoi est-ce semblable ou différent que d’être
un gestionnaire, un dirigeant, un président, un recteur, un général, un prêtre, un évêque, un
leader, etc.?

Qu’est-ce qu’être le troupeau d’un pasteur, et en quoi est-ce semblable et différent que d’être
une foule, une entreprise, une société, un collège, etc. ?

Qu’est-ce qu’être membre d’un troupeau ou d’une troupe, plutôt que d’être un « follower »
(comme on dit en leadership), un subalterne, un subordonné, un sujet, un concitoyen, un collègue,
etc. ?

Jusqu’à quel point le concept de leadership serviteur recoupe, ou ne recoupe-t-il pas, le concept
de bon berger?

8
    Gareth Morgan, Images de l’organisation (Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1999).

                                                                                                   10
Jusqu’à quel point la notion de bon pasteur peut-elle ou non se prêter au leadership partagé?
Pourquoi? Et qu’est-ce que cela nous enseigne sur l’originalité ou la similarité de ce qu’on
définissait alors comme leadership versus ce qu’on entend aujourd’hui par leadership?

Quelles sont les limites du leadership et à quoi les situations de leadership s’opposent-elles? Y a-
t-il moyen de produire un équivalent pour le leadership du petit livre de Kenneth Arrow sur les
limites de l’organisation? Et en quoi se faire comparer à des moutons ou des berge a-t-il une
utilité, et quand est-ce que cela n’en a pas (ou n’en a plus)?

Etc.

C. Du point de vue de la philosophie :

On pourrait par, exemple, partir de certains textes de philosophie ancienne et, à partir d’un
commentaire philosophique, en tirer explicitement ou implicitement des leçons pour l’étude ou
la pratique du leadership;

▪      Qu’est-ce, par exemple, que LE POLITIQUE de Platon et/ou Jean 10: 1-18 ont à nous dire sur
       le leadership?

▪      Quelles sont les contradictions à l’usage de ces textes et traditions, particulièrement étant
       donné ce que l’on sait aujourd’hui du leadership et de la façon de le pratiquer?

On pourrait aussi partir des analogies elles-mêmes (la figure du berger, la pratique de l’art
pastoral, ce que les bergers ont en commun avec les gardiens de toute sorte, et qui les rend tous
des « gardiens », etc.), et examiner comment l’une, l’autre ou toutes ces figures ont été utilisées
dans le contexte d'un corpus d’œuvres philosophiques, religieuses, littéraires, picturales plus
large, et comment ces analogies ont varié dans l'espace ou ont évolué dans le temps au sein de
ce plus vaste corpus – ce qui permettrait alors d’appliquer les conclusions de l’étude à l’étude ou
à la pratique du leadership de façon explicite ou implicite;

Si on prend par exemple le corpus des œuvres de Platon :

▪      Comment une compréhension plus profonde du Politique de Platon peut-elle nous aider à
       mieux comprendre le rôle des gardiens, dans son traité sur La République?

▪      Cet enrichissement de la notion de gardiens, que permet la lecture du Politique de Platon
       pour comprendre son traité sur La République, nous dit-il quelque chose de nouveau sur la
       division tripartite de l’âme, chez ce même Platon et, en particulier, sur ce que Platon entend
       par cœur et thumos, dans cette division tripartite?

▪      Et comment notre compréhension de la vertu des gardiens, dans la République de Platon (qui
       était non seulement considérée comme du courage, mais du courage physique), change-t-
       elle, une fois que nous réalisons que ces gardiens doivent être compris non seulement en
       termes militaires, mais en termes pastoraux? Les gardiens de la Kallipolis ne ressemblent en
       effet plus aux Jedis de Star Wars, une fois qu’on a lu Le Politique.

                                                                                                  11
▪   En utilisant l'analogie du berger, Platon place le leadership dans le cadre d’une relation où
    l’une des parties peut parler (le berger) tandis que l'autre ne le peut pas (les moutons). N'est-
    ce pas là un moyen pour Platon de poser la question du leadership en des termes qui ne
    laissent aucune place aux arguments de Callicles (dans Le Gorgias) ou de Thrasymaque (dans
    La République)? Parce que s'ils ne peuvent pas se parler, alors toute la discussion qui essaie
    de lier le leadership à la pratique de la rhétorique s'effondre.

▪   Les théories politiques et sociales qui parlent de ce qui se trouve au cœur des différentes
    fromes de régimes politiques distinguent généralement entre l'oikonomia (construite autour
    de la parenté, comme dans les familles, les tribus, les clans et les nations unies par une lignée
    de consanguinité ou, à tout le moins, de parentalité adoptive) et la vraie polis (construite
    autour de ce que les philosophes anciens appelaient l'amitié, les révolutionnaires français la
    fraternité et les différents courants du socialisme la camaraderie). Max Weber fait une
    distinction différente entre les régimes politiques construits autour de la domination
    traditionnelle (semblable à l'oikonomia), ceux qui sont construits autour du leadership
    charismatique et ceux qui sont construits autour de la domination rationnelle-légale. Quel
    type de régime politique l’analogie de Platon avec le berger conduisant son troupeau
    introduit-elle? Cela ne semble être rien de ce qui précède car il unit deux éléments qui sont si
    étrangers l'un à l'autre que le lien symbiotique ne saurait être pensé en termes d'amitié, de
    familiarité, de légalité rationnelle ou de leadership charismatique. Comment est-ce que le
    mythe du contrat social et de la volonté générale peuvent-ils par ailleurs nous aider, quand
    c'est de symbiose dont on parle, et de symbiose où l'une des parties non seulement ne sait
    pas parler, lire et écrire, mais ne peut pas le faire? Le problème se pose d’ailleurs avec plus
    d’intensité encore, si on a en tête l’image des fourmis prenant soin de leur troupeau de
    pucerons pour réfléchir à ce type original de régime politique sur lequel Platon nous force à
    réfléchir.

▪   Et apprivoiser dans tout ça? Car Le Politique de Platon distingue les types d’animaux qui
    peuvent être « rassemblés » de ceux qui ne le peuvent pas, et qui ne peuvent donc pas être
    « gardés ». Cela at-il quelque chose à nous apprendre sur le leadership?

▪   En quoi la figure du berger est-elle similaire ou différente de celle du père, du roi et de toute
    autre figure de ce genre que nous pouvons trouver dans le corpus de Platon?

Et si on quitte Platon pour Aristote et d’autres philosophes antiques ou médiévaux :

▪   Pourquoi la figure du berger n’est-elle guère reprise par Aristote?

▪   La figure du berger trouve-t-elle une place au sein de la descendance platonicienne (y incluant
    les différentes académies, Cicéron, Philon d’Alexandrie, les autres écoles philosophiques
    hellénistiques, Plotin et Platon) et, si oui, laquelle?

▪   Est-ce que Thomas d’Aquin ou d’autres philosophes scolastiques ont recourt à la figure du
    berger pour discuter de leadership social, politique ou ecclésial (que ce soit dans leurs
    ouvrages théologiques, philosophiques ou exégétiques)?

                                                                                                  12
Pour les modernes (Machiavel, Hobbes, Locke, Spinoza, etc.)

▪      Lors du renouvellement de la philosophie politique à l’orée de la modernité, la figure du
       berger a-t-elle été convoquée, utilisée ou critiquée pour comprendre la nature du leadership?

Pour Kant, Hegel, Marx ou Nietzsche :

▪      La figure du berger joue-t-elle un rôle dans la compréhension du leader social ou politique?

Pour les phénoménologistes (y incluant les différentes variétés d’existentialistes et de
phénoménologistes) :

▪      La figure du berger trouve-t-elle une place chez ces auteurs et, si oui, laquelle?

▪      Est-ce que ce dit Heidegger sur le Dasein en tant que berger de l’être (dans sa Lettre sur
       l’humanisme) a quoi que ce soit à voir avec ce que dit Platon, quand il parle des gardiens de
       la cité comme des bergers, dans son Politique. Après tout, la Kallipolis, chez Platon, n’est
       qu’une façon pour lui de parler de l’âme humaine. Il le dit d’ailleurs explicitement dans La
       République.

Pour les postmodernes (sic), Derrida, Nancy, Rancière, Foucault, Balibar, etc; pour les courants
féministes en philosophie politique (Butler, Fraser, etc.)

▪      La figure du berger trouve-t-elle une place chez ces auteurs et, si oui, laquelle?

▪      Qu’est-ce que Foucault et Agamben disent sur notre sujet et que pourrait-on tirer pour nos
       fins propres de ce qu’ils disent sur d’autres sujets dans leurs écrits?

▪      Qu’est-ce que veut dire le fait que les moutons de l’évangile de Jean sont tous des brebis? Où
       sont les mâles et que veut dire le fait qu’ils soient tous consacrés et sacrifiés dès leur
       naissance, et ne laissant que les agnelles pour devenir brebis puis gardiens d’humanité?

Etc.

D. Du point de vue de la théologie :

Le même genre de questions, mais par rapport à la figure du berger dans Jean 10 : 1-18 et / ou
dans tout autre texte de la bible, du Coran, de l’hindouisme, etc.

Pour ne parler que du Christianisme

▪      Quand est-ce que la figure du berger est employée pour parler de leadership et quand ne
       l’est-elle pas (et pourquoi)?

                                                                                                  13
▪   Pourquoi la figure du Christ, qui est nettement une figure de leader au travers de tous les
    évangiles, nous est-elle présentée tantôt comme un berger, fils de ce roi-berger par
    excellence qu’est le roi David, et tantôt comme un agneau, l’agneau de Dieu? Qu’est-ce que
    ça veut dire que le Christ nous soit présenté comme leader (berger), parce que follower
    (agneau) et follower sacrifié (pour devenir leader, et ainsi libérer l’esprit qui permettra à
    d’autres de se transformer ainsi)? Est-ce que ça a rapport avec le fait que le Christ est aussi
    présenté tantôt comme l’alpha et tantôt l’omega? Et si oui, comment et pourquoi?

▪   Comment cette image du berger a-t-elle évolué dans le corpus biblique et en quoi est-elle
    différente d'un livre biblique à l'autre?

▪   Comment ces figures du berger de l'agneau sont-elles utilisées en patristique, scolastique ou
    théologie moderne ou contemporaine?

▪   Ne considérez pas seulement la théologie et la patristique occidentale, mais aussi celle de
    l'Asie (Damas, Bagdad, Arménie, etc.) et de l'Afrique (Ethiopie).

▪   Comment se fait-il que la théologie pastorale ait non seulement été détrônée par la théologie
    dogmatique ou morale, mais qu’elle ait été réduite au statut d'un simple édulcorant
    (counseling, casuistique, vulgarisation, apologétique) pour rendre les messages des autres
    moins difficile à accepter par le vulgum pecus.

▪   Plus généralement, comment se fait-il que les trois notions d'église, de pastorale et de liturgie,
    si clairement associées à la politique démocratique, dans le monde antique, se soient diluées
    dans ce qu'elles représentent aujourd'hui?

▪   Quelle place occupe la figure du berger dans la querelle conciliaire médiévale et dans la
    construction des figures modernes de l'évêque et / ou du pape ainsi que dans la spiritualité
    sacerdotale?

▪   Étant donné les liens que l'idée de garder les troupeaux a avec la notion de cœur chez Platon,
    quelles conclusions peut-on en tirer pour comprendre la dévotion au cœur sacré de Jésus (ou
    au cœur immaculé de Marie), d'une manière plutôt différente ?

▪   Qu'est-ce que la mystagogie chrétienne si nous la prenons vraiment au sérieux, et pas
    seulement dans le cadre de la catéchisation des adultes? Quelle est la façon dont Jésus dit
    qu'il est « la Voie », si cette voie est comprise comme le processus mystagogique de la vie
    nous conduisant à la vérité?

Du point de vue de l’hindouisme, il pourrait facilement y avoir plusieurs autres façons d’aborder
la question, quelques-unes qui pourraient être intéressantes seraient, par exemple:

▪   En quoi est-ce que ce que Platon a à dire sur les gardiens, que ce soit dans Le Politique autant
    que dans La République, ressemble-t-il ou diffère-t-il de ce que l'hindouisme a à dire sur les
    Kshatryas;

                                                                                                   14
▪   Et dans la mesure où les trois castes supérieures de l'hindouisme (Brahmanes, Kshatryas et
    Vaishyas) sont trois castes ayant réussi à naître à nouveau, en quoi le concept d'une seconde
    naissance, dans l'hindouisme, est-il similaire ou différent de la conception de la seconde
    naissance dans le christianisme ou de celle de la métanoïa chez Platon;

▪   Et surtout, pour ne pas perdre de vue l'objet ultime de nos investigations : Comment tout cela
    nous permet-il d'approfondir notre compréhension du leadership, notre enseignement du
    leadership et notre accompagnement (coaching) des leaders et futurs leaders?

▪   Les trois suggestions précédentes ne doivent pas être comprises comme étant
    nécessairement les contributions les plus intéressantes ou les plus importantes qui pourraient
    être apportées à notre numéro thématique du point de vue de l'hindouisme. Car ces
    suggestions réduisent l'hindouisme à une simple extension du platonisme (quand c'est
    probablement l'inverse qui est vrai). Il pourrait y avoir d'autres choses, encore plus
    intéressantes, à dire sur la façon dont la figure du berger peut être liée au leadership, et il va
    sans dire qu'une exploration de ces autres thèmes serait également de mise pour ce numéro
    thématique de Science et Esprit.

Des questions du même genre s'appliquent évidemment aux autres religions.

▪   Nous pensons en particulier à l'islam (sunnite, chiite, soufi, ismaélien, etc.), aux différentes
    formes de bouddhisme, de zoroastrisme, de confucianisme, etc.

▪   Nous pensons également aux formes de pensée moins formelles présentes dans les religions
    plus animistes (Premières nations canadiennes, traditions inuites et autres cultures vivantes
    ou disparues pour lesquelles la philosophie et la théologie se présentent de façon plus orale
    qu’écrite et par le moyen des images plus que par celui du raisonnement).

▪   Notre approche, dans ce numéro spécial, vise en effet à être de nature œcuménique et
    multiculturelle, et pas seulement multidisciplinaire. Cela signifie que si une contribution
    souhaite ne pas partir d'une religion mais d'une approche comparative de la religion et / ou
    de la culture, cela peut également être très bienvenu.

E. Du point de vue de l’histoire de l’art, des idées ou de la littérature :

Même type de questions que celles proposées pour les disciplines précédentes, mais en
élargissant le contexte, cette fois, à des corpus de textes littéraires et d'œuvres d'art visuel ou
musical autres que religieux ou philosophiques.

▪   Une question qui pourrait être particulièrement intéressante est la suivante: Comment la
    figure du berger et du berger en général est-elle devenue si édulcorée et si kitsch à mesure
    que la modernité progressait?

▪   Le kitsch et l'édulcoration sont-ils même les mots appropriés?

                                                                                                   15
▪   Nous ne pensons pas seulement ici à l'usage qui est fait de la «pastorale» dans l'art, la
    musique et la littérature des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, nous pensons également à cette
    image du Bon Pasteur du XIXe siècle qui n'éloigne plus les brebis de la bergerie mais les garder
    sous clé afin de les protéger du grand mauvais monde?

▪   Comment en est-on arrivé à cela dans la peinture, la musique et la littérature, étant donné
    l'origine de cette image et de cette idée?

▪   La figure du berger a-t-elle un rôle à jouer dans les différents volets de la pensée ésotérique
    (alchimie, tarot, franc-maçonnerie, etc.) et, dans l'affirmative, dans ce qu'elle peut nous
    apprendre sur le leadership, sur le processus initiatique mystagogique, et / ou sur l'utilisation
    de Platon ', de John et d'autres personnes de la figure du berger?

▪   Etc.

F. Conclusion

Il est clair que les sujets parmi lesquels choisir ne manquent pas.

Nous espérons en avoir assez dit pour vous donner quelques suggestions et / ou idées sur la
manière de contribuer.

Il va sans dire que vous pourriez proposer encore d’autres d’idées qui n’ont rien à voir avec ce
dont nous avons discuté ici. Si c’est le cas, n'hésitez pas à les tester avec nous, en nous écrivant :

▪   Soit à Jean-François Garneau, professeur de gestion à l'ESA-TELUQ de l'Université du Québec
    jean-francois.garneau@teluq.ca

▪   Soit à Maxime Allard, O.P., professeur de philosophie au Collège universitaire dominicain
    d'Ottawa
    maxime.allard@dominicanu.ca

                                                                                                   16
CALL FOR PAPER

This is a call to contribute, in French or in English, to a thematic issue on leadership of the Science
et Esprit journal. The issue will appear on January 1, 2022, with deadline for submitting
contributions to the Editorial Committee of June 1st 2021. To put it more clearly, the issue of
Science and Spirit to which this letter invites you to contribute takes the risk of assuming that one
would have something to learn about leadership by reading or rereading texts like Plato’s The
Statesman, the Gospel according to John (10: 1-18)9, and all these other texts, oral traditions or
works of art, ancient or modern (and from all corners of the world) which make use of the figure
of the shepherd (and of his relationship with his flock) to think about leadership. This call for
contributions therefore invites you to use your disciplinary skills to jointly think about leadership
from texts, practices, works of art and traditions that mobilize the spirit or the letter of this
analogy of the Good Shepherd to be able to speak about leadership.

Here are some examples of what this rereading might help us uncover. We mention several others
in Appendix 2 of this call, all classified by discipline (or group of disciplines) in order to help
academics or professionals of all disciplinary horizons to understand how they can contribute to
this issue, which we desire to be multidisciplinary, multicultural and ecumenical. Please
remember, however, that these are only half-baked thought. We do not pretend to know if these
are paths that lead nowhere or ideas that need to be challenged or contradicted. Our only goals
in writing them down is to give an idea of what we would be interested in.

The study of leadership is done primarily through psychology and sociology. This is due to the fact
that the sort of leadership that interests us most is a phenomenon that occurs between people
as well as within human collectives. A small place is carved for ethology in our discussion about
leadership, but the ethology of leadership, within the animal kingdom, has focused mostly on the
presence of leadership within individuals of the same species. The shepherd's analogy forces us
to look at inter-species relationships to think about leadership10, as well as to the art and
representations of the art of shepherding and its practitioners (the shepherds as well as the
members of their flocks) within all of our various traditions of thought.

In addition to helping us better understand aspects of leadership that might not have been
grasped as clearly, without this detour, going through the trans-specific also allows us in return to
enrich our thinking about basic concepts of psychology and sociology. The concepts of group and
of team, for example, might benefit from being theorized as a more complex variety of what a

9   See addendum 1 to this call for papers for excerpts of these two works.
10
     Whether it be the relationship of the shepherd to his sheep, or even that of ants to aphids, in the natural world.

                                                                                                                          17
herd is (and vice versa). As for the shepherding relationship and the processes through which this
relationship can end up uniting leaders to followers (and vice versa), these might benefit from
receiving a renewed theorization by comparing them to concepts such as taming, the capacity to
be tamed and the talent to tame (such as the horse-whisperer talent and know-how).

The interest of apprehending leadership in terms of this shepherd analogy does not stop at these
two types of examples, however.

Tale the ends that we attribute to leadership, for example. The ones that are most often provided
in textbooks are external to the collective that leadership helps to constitute and to mobilize. This
approach is perfectly understandable, insofar as it is indeed to be able to do something with
leadership that most researchers study it. It should not be forgotten, however, that this form of
approach to the ends of leadership requires an instrumentalized vision of leadership. In doing so,
it subordinates the group that the leadership constitutes (including the leader himself, or herself)
to purposes external to the group. The shepherd’s analogy changes the way we see the ends of
leadership. It directs our gazes first and foremost to the purely symbiotic aspect of the
relationship between leaders and followers, and therefore to the purely internal purposes of the
relationship that leadership constitutes.

Another example is leadership training, a discipline which is almost always understood as a
learning process, nowadays. It's about learning new techniques, new behaviors, new styles of
behavior. It is also about perfecting innate skills which, left fallow, cannot bear all their fruit. There
is certainly a way to make use of the shepherd's analogy to merely add other possible fields of
learning to those which we already teach, namely: those of the art of being a shepherd, and all it
has to teach us about the art of taming people, leading them, caring for them and protecting
them.

If we consider, however, the properly mystagogical and initiatory journey use which is made of
the analogy, in several of the texts in which it is encountered, we realize that something radically
different from learning is set in motion by this analogy. The symbolic meaning of this process of
leading sheep away from their sheepfold towards the peripheries, and to go and feed them there
under the direction and protection of the Good Shepherd, is not limited to the materiality of what
it shows us. For the Good Shepherd stories are indeed metaphors whose function, as the
etymology of the word metaphor indicates, is to transport us beyond the materiality of the image
offered. And anyone who is the least familiar with everything that The Gospel of John keeps
talking about, will quickly understand, for example, that this whole story of sheep leaving their
sheepfold under the aegis of the Good Shepherd, is just the beginning of ''a process of
transubstantiation which will end when the sheep of the parable have themselves become
shepherds, under the aegis of the Good Shepherd and the protection of his Paraclete.

The synoptic gospels use another analogy to speak of the same thing. For what is it to be called
to be fishers of humanity (Gospel of Luke, 5: 1-11)11, if not to become the equivalent of a good
shepherd but with fish rather than with sheep? The image, here, is not that of a human being
invited to go and fish other humans in order to stack them all in one’s fishing basket. Rather, it is

11The Greek word used designate male and female here, even though it is too often translated as fishers of men. The Greek word used
in the Good Shepherd analogy, on the other hand, uses the feminine rather than the masculine. Jung would say that the ewes of the
parable probably have something more to do with the anima than with the animus, yet whatever he’d had to say about it rests on the
fact that John uses the female word for sheep while the Synoptics use the neutral word for men.

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