Après la mise à niveau, PIVERT met le cap sur l'éco-performance et la durabilité
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Les Cahiers nouveaux N° 84 61 Décembre 2012 Günther Pauls 61-63 Société wallonne du logement Attaché Après la mise à niveau, PIVERT met le cap sur l’éco-performance et la durabilité La performance énergétique des bâtiments doit aller de pair avec un encouragement des habitants à un comportement moins énergivore. Photo © Véronique Vercheval Complément écologique du Programme excep- février 2003, les communes soumettent un inven- tionnel d’investissements (PEI) – un plan quin- taire des besoins en la matière qui sera évalué par la quennal d’un milliard d’euros consacré à la SWL avec le concours de 39 experts indépendants. rénovation du parc locatif public – le Plan d’inves- Quand le Gouvernement wallon lance le PEI, il tissements verts tente, à son tour, de rattraper vise la remise à un niveau décent des logements un retard encouru au fil des années en matière publics par des travaux de sécurisation, de stabi- d’économie d’énergie. Pendant longtemps, (en lité, d’étanchéité et d’équipement des logements. fait jusqu’aux chocs pétroliers), nul ne s’est guère Ces quatre rubriques, définies en 2002 et 2003, soucié de l’efficacité énergétique des bâtiments – répondaient aux besoins déterminés à l’époque résidentiels ou non, publics ou privés. Depuis le par l’analyse de l’état du bâti social et rencon- début des années 2000, le secteur du logement traient la volonté régionale d’assurer la sécurité public a progressivement intégré l’éco-perfor- d’occupation et la salubrité des logements. mance dans ses objectifs techniques et sociaux, Le programme a ciblé 34.000 logements sur les notamment pour réduire les frais de charges en 100.000 du parc locatif social. Le programme de consommation d’énergie des locataires. mise à niveau en termes d’habitabilité, de sécurité En 2002, avec le PEI, la prise de conscience se tra- et de salubrité ne comportait pas, à l’origine, de duit par des critères environnementaux d’éligibilité rubrique dédicacée aux investissements éco- pour les travaux de « pérennisation du patrimoine nomiseurs d’énergie des logements. Même si, locatif des sociétés de logements publics ». En audacieusement, la SWL ajoute que « la limite des
62 déperditions énergétiques doit être envisagée 01 à lancer « un Plan pluriannuel d’économies d’éner- Le but de la performance lorsque l’opportunité d’y répondre se présente : énergétique des bâtiments gie et de construction durable… » et à « renforcer isolation thermique des toitures lors des remplace- (PEB), telle que préconisée l’attractivité des investissements durables (ou ments de couvertures, par exemple, choix de vitrage par la Directive européenne éco-investissements) dans le domaine de l’habitat ». et la réglementation isolant en cas de remplacement des menuiseries wallonne, est de réduire À ces fins, la Région est prête à investir 600 mil- extérieures, isolation des plafonds et des murs… ». la consommation lions d’euros en financement alternatif. d’énergie primaire des Au cours de la mise en œuvre du PEI, ces sugges- bâtiments. Toutefois, tions sont devenues des évidences. La préoccupa- cet objectif ne doit pas Les objectifs se faire au détriment du tion énergétique s’est progressivement faite jour. confort des occupants. Au cours de sa réalisation, le PEI a pris en considé- Cette réglementation Le programme global PIVERT, dont les modalités ration l’efficacité énergétique en l’intégrant, dans PEB comporte plusieurs ont été approuvées par le Gouvernement wallon prescrits fixant des la mesure du possible, aux travaux programmés. exigences de performances le 15 décembre 2010, propose, au cours des deux Deux programmes complémentaires ont été élabo- applicables depuis mai 2010 prochaines années, d’améliorer l’isolation et l’effi- (notamment la certification rés en 2008 et en 2009 visant le remplacement des des bâtiments) qui cience du parc locatif afin de diminuer les charges chauffages électriques et des chaudières collec- impliquent la mise à niveau parfois extraordinairement élevées des loca- tives vétustes par des systèmes performants. des logements existants. taires sociaux. Le but opérationnel : maximaliser Cette évolution fondamentale s’est concrétisée l’économie énergétique au regard de l’investisse- davantage encore à partir de 2010 pour la partie ment consenti. Les performances visées sont des non encore exécutée du programme, notamment performances énergétiques supérieures à celles grâce aux exigences de notre bailleur de fonds, prévues en rénovation dans le dispositif PEB01. la Banque européenne d’investissement (BEI). La Concrètement, c’est le niveau K45 qui est dans plupart des dossiers en cours ou restant à réali- la ligne de mire, alors que la réglementation ser ont été réorientés pour intégrer des travaux régionale actuelle n’impose pas de coefficient K à économiseurs d’énergie. Les opérations les plus atteindre. L’isolation de toiture (48% du parc exis- importantes ont fait l’objet d’audits énergétiques. tant), la pose de vitrages isolants (30% du parc Nombre de projets initiaux ont été remaniés pour concerné), l’installation du chauffage central (et optimaliser leur impact énergétique, parfois au l’éradication du chauffage électrique) ou encore prix de dépassements importants. le remplacement des menuiseries et la ventilation Aujourd’hui, les performances d’une partie du des habitations figurent au cœur des travaux. parc locatif sont, grâce au PEI, bien supérieures à Actuellement, le PIVERT prévoit la réhabilitation celles du reste du secteur résidentiel. de quelque 10.000 logements les plus énergivores en y affectant 400 millions d’euros, dont 300 pro- Le programme PIVERT viennent du plan Marshall 2.Vert et les 100 autres d’un emprunt contracté auprès de la Banque de Le programme PIVERT est, quant à lui, fondamen- développement du Conseil de l’Europe (BCE). talement axé sur la rénovation énergétique des lo- Le premier volet du programme portant sur la gements. Il cible les logements les plus énergivores rénovation de 3.860 logements pour un montant et vise à atteindre le maximum d’efficacité éner- de 97,5 millions d’euros fut adopté le 8 mars 2012. gétique des logements afin de diminuer la charge Les tranches suivantes seront approuvées en énergétique locative supportée par le locataire et 2013 et 2014. de réduire, globalement, les émissions de gaz à effet de serre. Les investissements autres qu’éner- gétiques sont limités aux travaux de salubrité et de sécurité qu’il est judicieux d’entreprendre à l’occasion des travaux énergétiques. Compte tenu Critères d’éligibilité pour le PIVERT de l’ampleur de son parc locatif, le secteur du loge- ment public peut devenir un acteur majeur de toute — Le montant des travaux par logement doit politique de développement durable. être compris entre 10.000 et 50.000 euros. — Les travaux économiseurs d’énergie Le contexte politique régional doivent atteindre au moins 60% de l’inves- tissement. Les autres travaux portant sur la Les priorités du Gouvernement wallon exposées salubrité et la sécurité sont limités à 40% de dans la Déclaration de politique régionale wal- l’investissement. lonne 2009-2014 (DPR) prévoient d’améliorer la performance énergétique des logements. Il s’agit, Les investissements énergétiques porteront notamment, de « renforcer l’efficacité énergétique en priorité sur : et de lancer un plan d’investissements ambitieux — les déperditions au travers des parois : dans les bâtiments et les logements ». Ainsi, pour isolation des combles et rampants, murs les constructions neuves, c’est la norme « très extérieurs, planchers de sol, menuiseries basse énergie » qu’on veut atteindre à partir de extérieures, ponts thermiques ; 2014 et la norme « passive » en 2017 ; pour les ré- — les besoins et pertes en chauffage et eau novations lourdes, la norme « très basse énergie » chaude sanitaire : dimensionnement des est prévue pour 2015. Pour les bâtiments publics, installations une fois l’isolation réalisée et on ambitionne même de devancer l’application de performances des systèmes, éradication du la norme très basse énergie à 2012. chauffage électrique, priorité impérative au Le PIVERT s’inscrit dans le Plan Marshall 2.Vert. chauffage collectif ; Celui–ci prône une stratégie d’avenir qui consiste — la ventilation et l’étanchéité des habitations.
63 De haut en bas : Montrer l’exemple en continu avec les locataires afin de ne pas rompre matière de sobriété la relation d’accompagnement, en particulier énergétique constitue un critère essentiel de lorsqu’un locataire est confronté à une difficulté. durabilité. Comme c’était déjà le cas (mais trop peu) pour le Photo © Véronique PEI, le PIVERT insiste sur l’approche participative Vercheval de cette stratégie. Ainsi, des séances d’infor- La qualité énergétique mations seront, idéalement, organisées dans du logement a un impact considérable sur le budget un esprit de réflexion collective plutôt que des des ménages. exposés ex cathedra. Elles portent d’abord sur Photo © Véronique Vercheval le changement pour le locataire dans ses gestes quotidiens. Arrêt sur images Les sociétés de logement qui ont bénéficié de montants importants du PEI auraient préféré une ampleur similaire pour la mise à niveau « verte ». Et même si, pour certains, les volumes d’inves- tissement sont décevants, nombreux sont les dossiers en préparation. Dans le Brabant wallon, par exemple, la société des Habitations sociales du Roman Païs a introduit des projets pour sept sites représentant 153 logements. Établie à Nivelles, la société qui gère à l’heure actuelle 3.152 habitations dans sept communes de la province, est prête à investir 3.505.895 d’euros pour plafonner la consom- mation d’énergie de son parc. Certains de ses logements datent des années 1920. Sept sites et 153 logements verront donc leur empreinte écologique diminuer : le chemin Vas-y-Vir, deux rues du Vert Chemin et la Maillebotte à Nivelles, la cité Floréal et la cité Germinal à Quenast et le Stierbecq à Tubize. Les façades en bardage ambitionnent d’allier performance énergétique et esthétique offrant un coup de fraîcheur à l’envi- ronnement. Autre exemple d’initiative PIVERT, présentée par le Foyer marcinellois : la rénovation de 80 apparte- ments au 14, avenue du Chili à Marcinelle. Outre le double vitrage, l’isolation y sera également renforcée avec la pose d’un crépi sur isolant sur les murs extérieurs de ce bâtiment construit en mai 1984. Le Foyer marcinellois investira environ 1,5 millions dans ce projet phare de la réhabilita- Lever les freins liés au comportement tion écologique. des usagers Horizon 2022 Des freins, il en existe d’autres que financiers, ils peuvent être comportementaux… Pour sensibili- Les sociétés de logements sont en train de mettre ser les résidents à l’utilisation des nouveaux équi- au point le montage technique, administratif et pements, des actions d’information et de soutien financier des projets PIVERT. Le début des chan- aux habitants avant, pendant et après la réalisa- tiers est programmé pour la mi-mai 2013. tion des travaux sont indispensables. Celles-ci Le Gouvernement wallon a affirmé qu’il poursuivra, varieront en fonction du type de travaux envisagés à long terme, sur la lancée du Plan Marshall 2.Vert. et peuvent aller de l’information simple (collec- Améliorer la qualité énergétique des bâtiments tive et individuelle) à la concertation (quand il privés et publics est également un axe spécifique s’agit de recueillir l’avis ou l’aval des bénéficiaires du plan de relance « Horizon 2022 » présenté des travaux) et au suivi individualisé ou collectif par le Gouvernement en septembre 2012. Pour (quand les mesures prises sont identiques à un l’essentiel, il s’agit de renforcer, au cours des dix immeuble, groupe d’immeubles ou quartier). prochaines années, des politiques déjà existantes Une communication réussie passe évidemment pour limiter la consommation ou favoriser les par des conseils utiles sur les économies finan- énergies renouvelables. L’amélioration de la qualité cières à réaliser plutôt qu’à une étude scientifique énergétique des logements et des bâtiments pu- ou un rapport technique. Les outils proposés sont blics y est présentée comme un levier important du multiples : guides, fiches, flyers, numéro vert… développement socio-économique. Le PIVERT 2.0 Ce dernier permet de maintenir un contact en ne sera donc qu’une question de temps…
Vous pouvez aussi lire