Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et

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Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et
Aspects scanographiques
                     de la grippe A H1N1 :
                    présentations usuelles et
                         formes graves
A.OLIVER (1), A.FAIRISE (1), H.ROPION (1), C. PROUST (1), B.OSEMONT (1),
V.LAURENT (1), L.LETRANCHANT (2), S. BOURRY (2), D.REGENT (1)
(1) Service de Radiologie Adultes. Vandoeuvre-lès-Nancy - France
(2) Service de Maladies Infectieuses. Vandoeuvre-lès-Nancy - France
JFR octobre 2010                                   CHU NANCY
Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et
Préface

Les objectifs de cet exposé sont multiples :

-Savoir évoquer le diagnostic en cas de présentation clinique évocatrice.

-Connaître les différentes présentations scanographiques de la grippe
H1N1.

- Etre capable de sélectionner les patients infectés candidats au scanner.

- Reconnaître les signes de gravité TDM de la maladie.

Plusieurs dossiers récents seront ensuite proposés pour étayer la
discussion.
Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et
PLAN
™ Introduction

™ Virologie

™ Historique de la grippe A H1N1

™ Présentations cliniques

™ Présentations scanographiques : données de la littérature

™ Présentations scanographiques : cas cliniques issus de notre service

™ Tableaux graves

™ Synthèse et conclusion
Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et
Introduction

- Au-delà de sa surmédiatisation, la grippe    - La grippe A (H1N1) peut revêtir plusieurs
A (H1N1) a été la pathologie infectieuse la    présentations TDM non spécifiques :
plus répandue de l’année 2009 (4M de           9 opacités en verre dépoli ou foyers de
Français environ).                             consolidation le plus souvent,
                                               9 atteinte bronchiolitique diffuse,
- Des formes graves de la maladie peuvent      9 dilatations bronchiques et
survenir chez des patients jeunes.             pneumatocèles plus exceptionnellement.

- Le diagnostic est le plus souvent suspecté   - En cas de facteurs de risque de gravité,
cliniquement puis confirmé par le test de      l’imagerie TDM précoce est un outil
diagnostic rapide (PCR).                       pronostique incontestable.
Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et
Virologie de la grippe A (H1N1)
                                                       Principales protéines de l’enveloppe du
                                                       virus:
                                                       neuraminidase et hémagglutinines
GENERALITES (1)

•   3 types de virus influenza : A, B et C.
•   Type A (H1N1) mis en évidence en 2009: infection
    par un virus qui résulte de phénomènes de
    recombinaisons à partir de 2 souches porcines
    H1N1/09 (famille des orthomyxoviridae), d’une
    souche humaine et d’une souche aviaire.
•   Transmission interhumaine mais également
    zoonotique (transmission de l’animal à l’homme).
•   Virus différent du virus H1N1 de grippe
    saisonnière, virus d’origine humaine qui circule
    habituellement.
•   Grande instabilité du virus.

                                                         www.proteopedia.com
Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et
Virologie de la grippe A (H1N1)
Grande contagiosité (dès 24H avant début symptômes,
   persistant 7 jrs après début symptômes) par les gouttelettes
   aériennes et objets contaminés par les malades.

Incubation: 5 jours

Différence avec la grippe saisonnière :
- appariement possible avec les récepteurs A2,3 en plus du
    A2,6 (récepteurs de l’hémagglutine respectivement des
    souches aviaires et humaines), rendant l’appareil
    respiratoire   inférieur   (notamment     les    alvéoles)
    particulièrement vulnérables et expliquant une partie des
    formes les plus sévères (Syndrome de Détresse
    Respiratoire Aiguë ou SDRA) (2).
- déclenchement, dans les cellules des alvéoles pulmonaires,
    de la production de molécules HLA-G, connues pour
    inhiber les réactions immunitaires. Les cellules infectées
    par H1N1, non reconnues par le système immunitaire, ne
    sont pas détruites, permettant au virus de proliférer dans
    l'organisme (3).
Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et
Historique de la grippe A (H1N1)…
       génèse d’une psychose

•   Au début du 15ième siècle: introduction du terme “Influenza” (en Italie)…
    en raison de l’influence des étoiles…
•   18ième siècle: dénomination Française: “L’grippe”
•   1918-1919: grande pandémie mondiale de grippe espagnole H1N1 (20
    millions de morts)
•   1930: découverte du virus spécifique responsable… appelé alors influenza.
•   mars/ avril 2009 : découverte d’épidémie de grippe locale dans la région du     - Chic mon poster a été accepté
    Mexique                                                                         pour les JFR
•   28 Avril 2009 : on identifie la nouvelle souche de grippe A (H1N1)              - T’es au courant que l’OMS a
    (émergence d’une nouvelle souche favorisée par le transfert de porcs vivants    déclaré la fin de l’épidémie de
    entre l’Eurasie et l’Amérique du Nord)                                          grippe A?
•   2 mai 2009 : 2 premiers cas en France de grippe A
•   15 mai 2009 : Fabrication des premiers vaccins pour la nouvelle souche de
    grippe A
•   11 juin 2009 : niveau 6 d’alerte mondiale pour la grippe A (OMS)
•   15 juin 2009 : premiers cas groupés en France de grippe A
•   6 novembre 2009: ouverture en France des centres de vaccinations pour la
    population générale (5,7 M de vaccinés)
•   10 août 2010 : fin de la pandémie de grippe A (déclaration OMS)
                                                                    (4,5,6,7,8,9)
Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et
Présentations cliniques de la grippe A
               (H1N1)
      FACTEURS PROTECTEURS
 SUJETS AGES (protection résiduelle d’une
       souche virale des années 1950)                 FACTEURS DE RISQUE
                                                       FEMMES ENCEINTES
                                                           OBÉSITÉ
           FORME CLASSIQUE
 Symptomatologie superposable à la grippe
    saisonnière:
 - fièvre de 38 à 40°C
 - asthénie +++                                          FORME SEVERE
 - douleurs musculaires et articulaires     SDRA voire décès (3 à 13 patients/100 000,
 - frissons                                 soit 50 à 60% des SDRA),
 - toux sèche                               favorisé par une insuffisance d’efficacité du
 - céphalées                                système immunitaire (authentique
 - perte d’appétit                          immunodépression ou simples particularités du
                                            système immunitaire)
 - vomissements
 - Diarrhée                                                                       (10,11,12)
Aspects scanographiques de la grippe A H1N1 : présentations usuelles et
Présentations scanographiques: données                                            Bronchiolite :
                                                                                  Infiltrat cellulaire et œdème
                                                                                  péribronchovasculaire +
            de la littérature                                                     comblement luminal par un oedème
                                                                                  muqueux et des desquamations
                                                                                  épithéliales
 Par ordre de fréquence, +/- associés :

 1/ Verre dépoli focal (souvent périphérique) ou diffus
 2/ Foyers de condensation alvéolaires systématisés
     (pneumopathies) ou non (bronchopneumopathies) +/-
     épanchement pleural
 3/ Bronchiolite
 4/ Parfois imagerie normale (imagerie précoce et traitement
     antiviral donné dès les premiers signes)

 NB: à distance de la grippe, il peut persister un aspect de
    bronchiolite ou pneumopathie organisée *

                                                                     Fontes CAP. Aspects on high resolution
                                                                     findings in post acute lung disease of
                                                                     swine-origin Influenza A (H1N1) virus.
                                                                     Poster ECR 2010.

                                                         * Munduteguy MS. H1N1 in
                                                         Argentina: Co-infection and
                                                         pregnancy - CT findings. Poster
                                                         ECR 2010.
Formes classiques décrites
        dans la littérature
Opacités en verre dépoli à          Opacités en verre dépoli à prédominance
prédominance sous-pleurale (+       sous-pleurale , certaines excavées. Atteinte
emphysème). Atteinte diffuse.       plus focale

Spina JC. Influenza A H1N1 : HRCT
spectrum of lung compromise              Fontes CAP. Aspects on high resolution
presentation. Poster ECR 2010.           findings in post acute lung disease of
                                         swine-origin Influenza A (H1N1) virus.
                                         Poster ECR 2010.
Formes classiques décrites
         dans la littérature
                                            Foyers de condensation
Foyers de condensation à
                                            systématisés LID (et opacités
prédominance sous-pleurale
                                            verre dépoli éparses)

Fontes CAP. Aspects on high resolution
findings in post acute lung disease of   Rogondino J. Our experience in the
swine-origin Influenza A (H1N1) virus.   radiological study of H1N1 influenza.
Poster ECR 2010.                         Poster ECR 2010.
Présentations scanographiques:
cas cliniques du CHU de Nancy

   Lors de l’épidémie de grippe A de l’hiver 2009:
   - 107 patients hospitalisés pour grippe A.
   - 6 d’entre eux ont bénéficié d’un scanner*, à la phase
   initiale, à la phase d’état ou au décours de la maladie

   *Les examens ont été réalisés sur un imageur Light
   Speed 64 canaux (GE), selon des protocoles fonction
   des hypothèses diagnostiques initiales.
Indications du scanner

4 types de patients :

- Diagnostic méconnu (recherche de foyer infectieux par
exemple)

- Recherche d’une complication surajoutée
(surinfection, embolie pulmonaire le plus souvent)

- Diagnostic d’une forme grave : recherche de SDRA

- Eventuellement, bilan lésionnel à distance
N°   Diagnostic         Sexe et    Comorbidités     Présentations        Aspect TDM                     Motif demande
                        âge                         cliniques

1    Grippe A connue.   H 38       Tabagisme,       Dyspnée ++, toux     Plages de verre dépoli         Hypoxémie
     TTT débuté à J1    ans        asthme                                postéro-basales bilatérales    persistante à J7

2    Grippe A et        H 43 ans   Maladie de       Fièvre, toux,        Plages verre dépoli diffuses   Bilan de
     pneumopathie à                Crohn sous       myalgies, douleur    + foyer de condensation        pneumopathie
     pneumocoque                   cortico-         thoracique           systématisé
                                   thérapie                              A 2 mois, bandes
                                                                         d’atélectasie séquellaires
3    Grippe A puis EP   H 62 ans   LMC greffée.     Fièvre, toux,        Fibrose pulmonaire             Bilan infectieux.
                                   GVH. Fibrose     douleur thoracique   ancienne + apparition          Forme sévère.
                                   pulmonaire                            d’opacités en verre dépoli
                                                                         périphériques.
                                                                         Dans les suites, EP et
                                                                         régression verre dépoli
4    Grippe A           H 40 ans   0                Fièvre, toux,        Foyer de condensation de       Suspicion d’EP
                                                    expectorations       la base gauche

5    Grippe A           F 47 ans   VIH non traité   Fièvre, toux         Foyer de condensation          Recherche
                                                                         LSD                            pathologie
                                                                                                        opportuniste
6    Grippe A           H 63 ans   0                Fièvre, toux         Bronchiolite diffuse           Détresse
                                                                                                        respiratoire
Sémiologie scanographique des cas cliniques
       rencontrés au CHU de Nancy
Dossier 1   Patient 38 ans. Diagnostic grippe A posé à l’entrée. TTT
            débuté 24H après début symptômes.
            ATCD: tabagisme, asthme
            Bilan d’hypoxémie persistante à 7 jrs;
            CRP à 84 mg/L
Rares plages de verre dépoli postéro-basales, isolées
(absence d’EP mise en évidence sur l’angio-TDM)
Patient 43 ans. Diagnostic de pneumopathie à pneumocoque avec hémocultures
Dossier 2   positives à l’entrée. Test H1N1 +. TTT débuté 24 H après début symptômes.
            ATCD: maladie de Crohn sous corticothérapie, emphysème.
            Bilan de pneumopathie
            CRP à 354 mg/L
Plages de verre dépoli diffuses, à prédominance péri-hilaire,
associées à un foyer de condensation postéro-basal du LID.
Emphysème centro-lobulaire.
Contrôle à 2 mois: troubles ventilatoires en bande résiduels
Dossier 3   Patient 62 ans. Diagnostic de péricardite… vraisemblablement d’origine infectieuse (sd infectieux
            persistant) .
            Découverte d’une grippe H1N1.
            ATCD: LMC en 1998, en rémission; fibrose pulmonaire connue de longue date.
            Recherche de foyer infectieux profond (grippe A non connue au moment de l’examen).
            CRP à 132 mg/L
Pneumopathie interstitielle fibrosante diffuse, connue,
essentiellement péribronchovasculaire, avec bronchectasies de
traction.
Apparition d’opacités en verre dépoli sous pleurales.
Quelques jours plus tard. Majoration de la dyspnée:
découverte d’une EP segmentaire droite et sous
segmentaire droite et gauche
En 2 mois

Contrôle à 2 mois: régression complète des
images en verre dépoli périphériques mais
stabilité de la fibrose.
Dossier 4   Patient 40 ans. Diagnostic grippe A posé à l’entrée. TTT débuté
            24 H après début symptômes.
            ATCD: 0
            Suspicion d’EP.
            CRP à 244mg/L
Foyer de condensation de la base médio et postéro-basal gauche
(absence d’EP)
Dossier 5   Patiente 47ans.
            ATCD: VIH. Refus de ttt.; cirrhose.
            Syndrome infectieux et ictère. Pathologie opportuniste?
            CRP à 6 mg/L
Plage de verre dépoli et condensation lobaire supérieure
droite
Dossier 6   Patient 63 ans.
            ATCD: 0
            Syndrome infectieux et toux. Suspicion H1N1
Micronodules centro-lobulaires disséminés. Aspects de tree in
buds prédominant dans le champ droit : bronchiolite
Imagerie des formes graves

SDRA:
opacités multifocales
(condensation > verre dépoli),
extensives à prédominance
déclive +/- facteurs aggravants
(épanchement pleural ou
pneumothorax)

NB: condensation = consolidation
alvéolaire + troubles ventilatoires +
œdème pulmonaire
Conclusion

Présentations TDM classiques : foyers de verre dépoli diffus (fréquemment topographie
sous-pleurale), foyers de condensation +/- systématisés (présentation TDM déterminée
par la défense immunitaire du patient).

Foyers de condensation fréquemment, mais non nécessairement, en rapport avec une
surinfection bactérienne.

Se méfier des formes pièges : bronchiolite +++

Savoir évoquer le diagnostic de grippe A (éventuellement surinfectée) en période
d’épidémie , devant l’une de ces anomalies, en cas de contexte clinique évocateur.

Connaître l’aspect usuel d’une forme grave : aspect proche du SDRA
Bibliographie
1. Le virus de la nouvelle grippe A (H1N1) et ses modes de transmission, site gouvernemental.

2. Lyn T. E. (2009). New virus "very unstable", more changes seen-expert. Reuters.

3. LeBouder F., Khoufache K., et al. (2009). "Immunosuppressive HLA-G molecule is upregulated in alveolar
epithelial cells after influenza A virus infection." Hum Immunol 70(12): 1016-9.

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