Sédation-analgésie en neuroréanimation - Jean-François Payen, Grenoble Jean-François Payen CHU Grenoble - ANARLF
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Sédation-analgésie en neuroréanimation Jean-François Payen, Jean-François Grenoble Payen CHU Grenoble
• Sédation profonde Neurologique HTIC Respiratoire SDRA • Sédation légère Circulatoire polytraumatologie Hépatique sepsis Rénal chirurgie digestive • Pas de sédation
Homme 19 ans, Traumatisme crânien Testez-vous ! Glasgow 8 à la prise en charge SAMU Intoxication alcoolique Midazolam + Fentanyl TDM à l’arrivée : lame d’HSA Admission en réa à H6 A- vous arrêtez la sédation B- vous poursuivez la sédation et mettez en place une PIC C- vous faites un Doppler transcrânien D- vous demandez une 2e TDM cérébrale
Pour le patient de réanimation polyvalente • Assurer le confort et lutter contre la douleur • Assurer la sécurité et faciliter l’adaptation au ventilateur • Améliorer l’oxygénation tissulaire Patient calme, coopérant, ou légèrement endormi Kress, N Engl J Med 2000
Pour le patient cérébro-lésé Interférence sédation - effecteur Evaluer la souffrance Lutter contre l’ischémie cérébrale cérébrale Arrêt transitoire de la Poursuite de la sédation sédation Prévenir les épisodes d’HTIC Optimiser PaCO2 Optimiser oxygénation cérébrale Prévenir convulsions Prévenir CSD
Une fenêtre de sédation : pour quels patients ? • Glasgow initial non interprétable : alcool, convulsions, hypothermie • Discordance entre histoire clinique “grave” et imagerie normale • Après traitement de la cause de l’aggravation neurologique (anévrisme rompu, hématome sous-dural compressif)
13% d’erreur Stocchetti, J Neurotrauma 2004
Evaluation clinique : éveil réponse aux ordres perception de l’environnement fonctions cognitives motricité Le plus tôt possible après la phase d’agression cérébrale En l’absence de signes d’HTIC (DTC, TDM, PIC) Pour une stratégie diagnostique et thérapeutique Ni l’imagerie, ni les paramètres paracliniques ne peuvent remplacer l’évaluation clinique
Skoglund, Neurocrit Care 2009 21 TBI 127 NWT procedures
Rémifentanil pour l’évaluation neurologique ? Patients cérébro-lésés sans HTIC, VM 1-5 j Objectifs : SAS 1-3, score douleur 1-2 84 patients 77 patients Remifentanil Propofol ou midazolam ± propofol ou midazolam + fentanyl ou morphine -30 min Karabinis, Crit Care 2004
Neurosédation pour prévention/traitement HTIC Robertson, Anesthesiology 2001 Sedation and analgesia Traitement à part entière de l’HTIC Impose un monitorage multimodal : DTC, PIC, imagerie, …
Vasoconstriction métabolique Oshima, Acta Anaesthesiol Scand 2002
1- objectifs 2- stratégies 3- médicaments 4- arrêt définitif de la neurosédation
Roberts, Crit Care Med 2011 13 études randomisées 380 patients TC Graves - morphiniques - propofol vs. midazolam - etomidate vs. pentobarbital - propofol vs. morphine - kétamine vs. sufentanil
Midazolam ou propofol, ou les deux ? 67 TC graves PRIS : insuffisance cardiaque aiguë troubles du rythme acidose métabolique rhabdomyolyse Cremer, Lancet 2001 Propofol < 5 mg/kg/h Midazolam < 15 mg /h
Quel morphinique ? 6 patients TC graves crossover Bolus sur 6 min : Sufentanil 1 µg/kg Alfentanil 10 µg/kg Fentanyl 100 µg/kg Albanèse, Crit Care Med 1999
Anesthesiology 2000 30 TBI Cross-over Morphine (0.2 mg/kg) vs. fentanyl (2 µg/kg) Bolus over 1 min Morphine Fentanyl
Engelhard, Acta Anaesthesiol Scand 2004 20 severe TBI Propofol + sufentanil Remifentanil : 0.5 µg/kg, then 0.25 µg/kg/min remifentanil
Kétamine 13 TC graves Sufentanil vs. Kétamine + midazolam En mode AIVOC A 24h, [C] doublée Kétamine 5,7 mg/kg/h Sufentanil 0,4 µg/kg/h Midazolam 0,09 mg/kg/h Bourgoin, Crit Care Med 2005
Bar-Joseph, J Neurosurg 2009 30 severe pediatric TBI Midazolam + morphine Sustained elevated ICP (>18 mmHg) Ketamine bolus (1-1.5 mg/kg) -30% ICP
Hertle, Brain 2012 115 brain-injured patients (TBI, SAH, MHS) with craniotomy Multicentre Drugs with >1000 h ECoG recordings
Curares chez le cérébro-lésé Papazian, N Engl J Med 2010 340 patients SDRA (P/F < 150) 48h cisatracurium Mortalité après ajustement
Curares en neuroréanimation • < 10% des patients en réanimation polyvalente Incidence en neuroréanimation? • Indications: hypothermie (frissons) HTIC avec pathologie respiratoire associée (SDRA) • Cisatracurium, (pancuronium) • Durée la plus courte: 2-5 jours • Monitorage: BIS chez le patient CL ? TOF (1 ou 2 réponses/4) • Neuromyopathie acquise • Succinylcholine à proscrire après 48h en réanimation (rocuronium 1,2 mg/kg)
Barbituriques = EXCEPTION
Le Nesdonal en pratique • jamais en 1ère intention • si HTIC persistante malgré traitement optimal avec hyperhémie DTC (Vd>40 cm/s) sans défaillance hémodynamique • dose-test: 5-7mg/kg bolus i.v. (10 mg/kg sur 30 min) • si réponse + sur la PIC, entretien 2-4 mg/kg/h • surveillance: PtiO2 taux sanguin 20-40 mg/l BIS 5-15 • PAVM, leucopénie
Cottenceau, Anesth Analg 2008 11 TC graves Optimum: 2-5 bursts/min EEG BIS # 6-15
Etomidate chez le cérébro-lésé (composé S) (composé F) 11-deoxycortisol Cortisol ∆ Cortisol (ACTH)
Sepsis Hémorragie Sepsis TC grave Hémorragie Prigent, Crit Care 2004
Intensive Care Med 2008 40 patients, réanimation 11-deoxycortisol pas de sepsis serum cortisol
Lancet 2009 469 patients Etomidate 0,3 mg/kg versus Kétamine 2 mg/kg
Dexmedetomidine chez le cérébro-lésé ? • Agoniste des récepteurs α2-adrénergiques • Effet sédatif et analgésique indépendant du r- GABA • Effet sympatholytique: PA FC • Pas de dépression respiratoire • t1/2= 2 h, non modifiée en cas d’insuffisance rénale • clairance en cas d’insuffisance hépatique • 0,2 à 1,4 µg/kg/heure
MIDEX et PRODEX sédation jusqu’à 14 j Dex vs. Midazolam (501 patients) Dex vs. Propofol (500 patients) analgésie par fentanyl P = 0.03 réveil quotidien + épreuve VS RASS entre -3 et 0 Hypotension 21% vs. 12% Bradycardie 14% vs. 5% P = 0.24 Jakob, JAMA 2012
• Améliore la communication IDE-patient Jakob, JAMA 2012
Neurocrit Care 2008 Enfant de 2 ans, TC grave Œdème cérébral diffus + contusion frontale gauche PIC 25 mmHg Osmothérapie, noradrénaline Rémifentanil -> propofol à J2 -> Dex à J5 Dex 2 µg/kg/h -> 4 µg/kg/h pour contrôler l’agitation HTA (140/70 mmHg), FC 60-70/min Dex et correction des troubles hémodynamiques La Dex n’est pas indiquée si sédation/analgésie profonde (HTIC, SDRA) La Dex doit être associée à un analgésique Les posologies maximales doivent être respectées (
La Dex en quelques lignes • Agoniste sélectif des α2 récepteurs • Maintient le contrôle ventilatoire, accélère le sevrage ventilatoire • A des propriétés analgésiques et anxiolytiques • Entraine moins de confusion • Bradycardie et hypotension • Contre-indications: défaillance cardiaque, troubles de conduction sédation profonde (HTIC, SDRA) • Prix
Halogénés?
Les instruments de mesure: non validés en neuroréanimation 1) Echelles de vigilance (sédation) échelle de Richmond (RASS) Sessler, Am J Respir Crit Care Med 2002
2) Echelles de douleur Indirect ICP/CPP changes during painful procedures heart rate/blood pressure changes Direct Pain scale for severely brain-injured patients? BPS: Payen, Crit Care Med, 2001 Yu, Crit Care Med, 2013 Videopupillometry?
échelle comportementale de douleur (BPS) Critères Aspects Score Expression du visage Détendu 1 Plissement du front 2 Fermeture des yeux 3 Grimace 4 Tonus des membres supérieurs Aucun 1 Flexion partielle 2 Flexion complète 3 Rétraction 4 Adaptation au respirateur Adapté 1 Déclenchement ponctuel 2 Lutte contre ventilateur 3 Non ventilable 4 Payen, Crit Care Med, 2001
1- objectifs 2- stratégies 3- médicaments 4- arrêt définitif de la neurosédation
hypnotiques morphiniques lésions cérébrales lésions pulmonaires vigilance ventilation arrêt de la sédation indissociable du sevrage de la ventilation
Objectifs à l’arrêt de la neurosédation • traiter les douleurs liées aux soins • éviter l’agitation/sd de sevrage • distinguer éveil et perception consciente
Arrêt de la neurosédation : pour quels patients ? Prérequis : pas d’HTIC > 48h pas d’hypoperfusion cérébrale (DTC) pas d’aggravation TDM pas de défaillance cardio-respiratoire arrêt des curares > 24h pas de convulsion sédation réveil H24 VO2 (ml/min) 284 ± 44 390 ± 85 * 355 ± 70 * Dépense énergie (kcal/j) 1833 ± 261 2512 ± 486 * 2304 ± 157 * Bruder, Crit Care Med 1994 Une HTIC au réveil ne doit pas conduire à la reprise systématique de la neurosédation
Le patient comateux Hydrocéphalie, lésion intracérébrale inaperçue Cause organique? Etat de mal non convulsif 26 patients “lents à se réveiller” après midazolam = GCS < 9 après 36h d’arrêt 13 avec MDZ/1-OHMG 13 sans MDZ/1-OHMG 10 réveil complet 10 lésions neurologiques méconnues McKenzie, Crit Care 2005
Le patient agité agitation Jaber, Chest 2005 Auto-extubation Ablation accidentelle de drains, cathéters Durée de VM, durée de séjour
Cause organique? Sepsis, hypoxémie, lésion cérébrale,… Rétention urinaire, fécalome Douleur Syndrome de sevrage? • agitation, insomnie, anxiété douleurs diffuses, nausées, crampes tachycardie, HTA, vomissements, sueurs fièvre, mydriase réactive, polypnée • Possible avec tous les agents de sédation/analgésie (+ Dex) Midazolam > 4 mg/h Fentanyl > 200 mcg/h durée > 7 j Psychotropes, toxicomanie no withdrawal withdrawal Cammarano, Crit Care Med 1998
Clonidine 0,9 mg 30 patients polytraumatisés Propofol-rémifentanil > 24h avec syndrome de sevrage Clonidine 0,9-1,8 mg iv puis 1,8-2,5 mg/24h 25 succès Liatsi, Intensive Care Med 2008
40 patients cérébro-lésés midazolam + fentanyl (ou sufentanil) pendant ≈14j Tranxène 3 mg/kg/j pendant 48-72h. Puis stop (H0) Si besoin, buprénorphine 0,1 mg/10 kg iv, puis 0,1 mg/10 kg/j 30/40 patients avec sevrage aux morphiniques (SdS) Délai médian 7 h H0 SdS SdS+H6 SdS+H12 SdS+H24 FC 83±16 100±21* 92±21 86 ±16 83±14 PAS 147±27 163 ±34* 153±18 150±23 146±20 FR 16 ±3 22±9* 18±6 16±5 17±5 Agit** 1[0-6] 2,5[0-11]* 0[0-5] 0,5[0-4] 1[0-6] Reynaud-Davin, Ann Fr Anesth Réanim 2012
Buprenorphine for the management of opioid withdrawal Gowing L, Cochrane Database Syst Rev 2009 MAIN RESULTS: Twenty-two studies involving 1736 participants were included. The major comparisons were with methadone (5 studies) and clonidine or lofexidine (12 studies). Five studies compared different rates of buprenorphine dose reduction. Severity of withdrawal is similar for withdrawal managed with buprenorphine and withdrawal managed with methadone, but withdrawal symptoms may resolve more quickly with buprenorphine. It appears that completion of withdrawal treatment may be more likely with buprenorphine relative to methadone (RR 1.18; 95% CI 0.93 to 1.49, P = 0.18) but more studies are required to confirm this. Relative to clonidine or lofexidine, buprenorphine is more effective in ameliorating the symptoms of withdrawal, patients treated with buprenorphine stay in treatment for longer (SMD 0.92, 95% CI 0.57 to 1.27, P < 0.001), and are more likely to complete withdrawal treatment (RR 1.64; 95% CI 1.31 to 2.06, P < 0.001). At the same time there is no significant difference in the incidence of adverse effects, but drop-out due to adverse effects may be more likely with clonidine. AUTHORS' CONCLUSIONS: Buprenorphine is more effective than clonidine or lofexidine for the management of opioid withdrawal. Buprenorphine may offer some advantages over methadone, at least in inpatient settings, in terms of quicker resolution of withdrawal symptoms and possibly slightly higher rates of completion of withdrawal.
Awissi, Crit Care Med 2013 Alcool: agitation -> hallucinations -> convulsions -> DT benzodiazépines (diazepam, midazolam, lorazepam) ± phénobarbital, halopéridol, clonidine, propofol dex : trop peu de données Tabac: anxiété, agressivité, insomnie, bradycardie patch : pas de recommandation possible Barr, Crit Care Med 2013
Agitation en l’absence de syndrome de sevrage Morphine et non morphiniques Halopéridol: incisif > sédatif Bolus 2-5 mg, à répéter Surveillance ECG (QT long dans 3% des cas) Eviter amiodarone, érythromycine Autres neuroleptiques: Cyamémazine (Tercian®): incisif = sédatif 25-200 mg/j, per os ou i.v. Loxapine (Loxapac®): sédatif 50-300 mg/j en i.m. Lévomépromazine (Nozinan®): sédatif 25-100 mg/j en s.c. Trachéotomie
Le patient confus, non agité JAMA 2004 275 patients avec VM RASS, CAM-ICU 82% avec confusion mentale en réanimation Doses élevées de lorazepam
Confusion Assessment Method for ICU (CAM-ICU scale) Ely, JAMA 2001 1. Début brutal du trouble ou fluctuation sur 24h (échelle RASS) 2. Inattention : examen de dépistage de l’attention • Lettre A aléatoire : ABRACADABRA • Reconnaissance des images 3. Pensée désorganisée Est-ce qu’une pierre flotte sur l’eau ? Y a t-il des poissons dans la mer ? Un kg pèse-t-il plus que 2 kg ? Pouvez-vous utiliser un marteau pour enfoncer un clou ? 4. Vigilance altérée Confusion = 1 + 2 + (3 ou 4)
Schweickert Lancet 2009 104 patients, médecine, VM >24h sédation intermittente + épreuve VS exercices passifs puis actifs dès J1
Dexmedetomidine 375 patients, médecine et chirurgie sédation ≤ 5 j : Dex vs. Midazolam analgésie par fentanyl RASS entre -2 et +1, réveil quotidien CAM-ICU 54% vs. 77% Riker, JAMA 2009
Reade, JAMA 2016 71 patients agités et confus = pas d’extubation possible Dex 0,5 µg/kg/h vs. placebo ≤7 jours
Neuroleptiques? Girard, Crit Care Med 2010 101 patients VM Halopéridol (5 mg) vs. Ziprasidone (Seldox®) (40 mg) vs. placebo Toutes les 6h, pendant
Autres neuroleptiques atypiques: Risperidone (Risperdal®): 1 mg/j per os idem vs. haloperidol (Han, Psychometrics 2004) Olanzapine (Zyprexia®): 5 mg/j per os idem vs. haloperidol (Skrobik, Intensive Care Med 2004)
Pour la maison • Objectifs spécifiques de la neurosédation : évaluation clinique ou contrôle de la PIC ? • si fenêtre d’arrêt: rémifentanil • si HTIC: propofol (+ midazolam) + morphinique + kétamine • Arrêt définitif indissociable du sevrage ventilatoire
Homme 19 ans, Traumatisme crânien Glasgow 8 à la prise en charge SAMU Intoxication alcoolique Midazolam + Fentanyl TDM à l’arrivée : lame d’HSA Admission en réa à H6 A- vous arrêtez la sédation B- vous poursuivez la sédation et mettez en place une PIC C- vous faites un Doppler transcrânien D- vous demandez une 2e TDM cérébrale
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