ATTACHEMENT DES NOROVIRUS AUX SURFACES INERTES ET ÉVALUATION DE LEUR SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS DOMESTIQUES
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MARYLINE GIRARD ATTACHEMENT DES NOROVIRUS AUX SURFACES INERTES ET ÉVALUATION DE LEUR SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS DOMESTIQUES Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en Sciences et technologie des aliments pour l'obtention du grade de Maître es Sciences (M. Se.) DEPARTEMENT DES SCIENCES DES ALIMENTS ET DE NUTRITION FACULTÉ DES SCIENCES DE L'AGRICULTURE ET DE L'ALIMENTATION UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2009 © Maryline Girard, 2009
11 Résumé Les norovirus sont maintenant reconnus mondialement comme étant la cause majeure de maladies d'origine alimentaire. Deux causes majeures expliqueraient la recrudescence des cas d'empoisonnements alimentaires d'origine virale: leur très grande stabilité dans l'environnement facilitant ainsi leur transfert et leur résistance à la majorité des approches de lutte contre les microorganismes pathogènes tels que la désinfection chimique. L'objectif général de ce projet était d'étudier et de caractériser le phénomène d'attachement des norovirus humain et murin aux surfaces inertes en fonction des différents paramètres physico-chimiques (pH et humidité relative) et d'évaluer l'impact de ce phénomène sur la sensibilité des norovirus aux désinfectants chimiques domestiques. Les résultats obtenus ont démontré un meilleur attachement à pH acide ou neutre peu importe l'humidité relative. On a d'ailleurs observé un attachement moindre lorsque le norovirus murin était sous des conditions de pH 9 et de faible humidité relative comparativement au norovirus humain où aucune différence n'a été observée selon les différentes conditions. Pour les deux virus, un attachement maximal a été observé après un temps de contact de 10 minutes. L'évaluation de la sensibilité des norovirus aux différents désinfectants chimiques a montré une plus grande sensibilité aux composés chlorés avec une réduction virale supérieure à 3 log comparativement aux alcools ou aux ammoniums quaternaires qui n'ont permis qu'une faible réduction généralement inférieure à 1 log. On a également noté que le norovirus murin est généralement plus sensible que le norovirus humain.
Ul Abstract Norovimses are now recognized as the major cause of food-borne illnesses worldwide. Two major causes would explain the increase of viral food-borne illnesses: their great stability in the environment making their transfer and resistance to the majority chemical disinfectants. The principal aim of this study was to characterize the attachment of both murine and human norovimses to inert surfaces as a function of various physic- chemicals factors (pH and relative humidity) and to evaluate the impact of this phenomenon in norovims sensitivity to household chemical disinfectants. Our results demonstrated a better attachment at acid or neutral pH regardless to relative humidity. A lesser attachment was observed when murine norovims was below conditions like pH 9 and low relative humidity compared to human norovims which any difference was noted for the different conditions. For both vimses, a maximal attachment was observed after 10 minutes of contact time. In term of sensitivity to disinfectants, norovimses were shown to be more sensitive to chlorine with a viral reduction higher than 3 logs compared to reduction observed with alcohols or quaternary ammonium compounds (< 1 log). It was also shown that murine norovims was in general more sensitive to disinfectants than human norovims.
IV Avant-Propos J'aimerais premièrement remercier ma directrice, Julie Jean, qui m'a tout d'abord fait confiance en m'acceptant dans son équipe afin d'y faire une maîtrise. Je suis très reconnaissante envers elle pour tout ce qu'elle m'a appris, pour toute son aide, ses conseils et sa patience envers moi. Elle a toujours su m'orienter dans la bonne direction et me fournir les bons éléments pour m'aider à aller toujours plus loin. Je remercie également ma co-directrice, Kirsten Mattison, pour m'avoir accueillie si gentiment dans son équipe et avoir fait en sorte que mon intégration dans un environnement anglophone se fasse si aisément. Elle m'a permis de vivre une belle et enrichissante expérience de travail au sein de son laboratoire à Santé Canada, Ottawa, ON. Je remercie aussi Solange Ngazoa, chercheure post-doctorale au laboratoire de virologie alimentaire de l'Université Laval, pour son expertise, son temps, ses judicieux conseils et pour toutes les discussions que nous avons eu ensemble. Je remercie aussi tout le personnel administratif et professionnel qui m'ont grandement facilité la vie et qui sont toujours prêts à me rendre service. Bien sûr, je ne peux oublier mes collègues étudiants. Je n'aurais pas pu passer aussi bien à travers ces années sans leur support, leur écoute. Ils étaient présents aussi bien dans les bons moments que dans les moments plus difficiles. Je ne peux pas oublier Mélanie, mon amie, qui malgré la distance, reste toujours disponible pour m'écouter, m'épauler et me rassurer. Je la remercie pour ses conseils et sa confiance en moi. Finalement, je remercie mon amoureux, Valier, pour tout l'amour qu'il me porte. Il a toujours été fier de moi, m'a encouragé et m'a supporté pendant mes études. Puis, ma famille qui a dû accepter l'éloignement pour la réalisation de mes études, mais surtout pour leur intérêt envers mes recherches et leur soutien moral. Merci à ma sœur, qui n'a jamais hésité à me démontrer sa fierté et à s'intéresser à ce que je fais. Je la remercie également d'avoir mis au monde ma filleule, Madeleine, qui, par son sourire, fait fondre tous mes soucis et envoler tous mes tracas.
V Table des matières Résumé ii Abstract iii Avant-Propos iv Table des matières v Liste des tableaux vii Liste des figures viii Liste des abréviations ix Introduction 10 1. CHAPITRE 1 11 REVUE DE LITTÉRATURE 11 1.1 Maladies d'origine alimentaire 11 1.1.1 Vims entériques 11 1.2 Norovims 12 1.2.1 Classification 14 1.2.2 Structure 16 1.2.3 Tableau clinique 20 1.2.4 Prévention 21 1.2.5 Epidemiologic 22 1.2.6 Méthodes de détection 23 1.3 Modes de transmission des norovims 37 1.3.1 Manipulateurs infectés et contact direct 37 1.3.2 Eau ou aliments contaminés 38 1.3.3 Aérosols 39 1.4 Attachement des vims aux surfaces 39 1.4.1 Types de surfaces 39 1.4.2 Types de micro-organismes 40 1.4.3 Types d'interactions 44 1.5 Persistance 45 1.6 Inactivation des norovims 47 1.7 Désinfection chimique des surfaces 48
VI 1.7.1 Types de désinfectants et modes d'action 50 1.7.2 Mécanismes de résistance des micro-organismes 59 1.8 Hypothèse et objectifs 63 2. CHAPITRE 2 64 ATTACHEMENT DES NOROVIRUS À L'ACIER INOXYDABLE ET LEUR INACTIVATION PAR DES DÉSINFECTANTS DOMESTIQUES 64 ATTACHMENT OF NOROVIRUSES TO STAINLESS STEEL AND THEIR INACTIVATION USING HOUSEHOLD DISINFECTANTS 64 2.1 Résumé 65 2.2 Abstract 66 2.3 Introduction 67 2.4 Materials and methods 68 2.4.1 Norovimses.. 68 2.4.2 Plaque assay 68 2.4.3 RNA extraction for RT-PCR assay 68 2.4.4 Amplification of NoV RNA by real-time RT-PCR 68 2.4.5 NoV attachment to stainless steel ; 69 2.4.6 Chemical inactivation of NoV attached to stainless steel 69 2.4.7 Statistical analysis 69 2.5 Results and discussion 71 2.5.1 Detection of NoV by real-time assay 71 2.5.2 Attachment of NoV to stainless steel 71 2.5.3 Chemical inactivation of NoV attached to stainless steel 72 2.6 Acknowledgements 73 2.7 Figure legends 75 Conclusion générale 80 Bibliographie 82
Vil Liste des tableaux CHAPITRE 2 Tableau 2.1 : Disinfectants and neutralizers used in this study 74
vin Liste des figures CHAPITRE 1 Figure 1.1 : Microscopie électronique des NoV montrant les dépressions en forme de coupes autour de la capside 13 Figure 1.2: Analyse phylogénétique des Caliciviridae 15 Figure 1.3: Organisation génomique des norovims humain (NoV) et murin (MNV-1) 17 Figure 1.4: Structure de la capside des NoV tel que déterminée par microscopie cryo- électronique et par cristallographie à rayons X 19 Figure 1.5 : Principe de la détection par la méthode RT-PCR 28 Figure 1.6 : Principe de la détection par la méthode NASBA 30 Figure 1.7: Schéma représentant le système de révélation des amplicons en temps réel par le marqueur SyBr Green 32 Figure 1.8: Schéma représentant le système de révélation des amplicons en temps réel par la sonde TaqMan 34 Figure 1.9: Schéma représentant le système de révélation des amplicons en temps réel par les balises moléculaires 36 Figure 1.10: Structure générale d'un composé d'ammonium quaternaire (QAC) 52 Figure 1.11: Résistance des différents microorganismes aux antiseptiques et aux désinfectants 60 CHAPITRE 2 Figure 2.1 : Attachment of MNV to stainless steel at pH 4, 7 and 9 and 25% (a) or 80% (b) relative humidity 76 Figure 2.2 : Attachment of human NoV to stainless steel at pH 4, 7 and 9 and 25% (a) or 80% (b) relative humidity 77 Figure 2.3 : Inactivation of MNV on stainless steel by exposure to chemical disinfectants 78 Figure 2.4 : Inactivation of human NoV on stainless steel by exposure to chemical disinfectants 79
IX Liste des abréviations ADN: acide désoxyribonucléique .ADNc: ADN complémentaire AdV: adénovims AgRN: acide ribonucléique CaCV: calicivims canin (canine calicivims) EBSS: Earle's Balanced Salt Solution ELISA: Enzyme linked immunosorbent assay FBS: sémm de bovin fétal FCV: calicivims félin (feline calicivims) FDA: Food and Drug Administration G: génogroupe HAstV: astrovims humains (human astrovirus) HAV: vims de l'hépatite A (Hepatitis A vims) HEV: vims de l'hépatite E (Hepatitis E vims) IR-FIFA: infrared fluorescent immunofocus assay kb: kilobase logie,: logarithme dans la base 10 mg: milligramme ml: millilitre MNV-1 : norovims murin (murine norovims) NASBA: nucleic acid sequence-based amplification ng: nanogramme nm: nanometre NoV: norovims ORF: cadres de lecture ouverts (open reading frames) PE: polyethylene pi: point isoélectrique PV: poliovims QAC: Composé d'ammonium quaternaire RFLP: polymorphisme de taille des fragments de restriction RIA: radioimmuno assay RT-LAMP: reverse transcription-loop-mediated isothermal amplification assay RT-PCR: reverse transcriptase polymerase chain reaction RV: rotavims SaV: sapovims Ti02: dioxyde de titanium UFP: unité formatrice de plages (PFU, plaque forming units) UV: ultraviolet VLP: particules virales ressemblant aux vims (vims-like particle) uni: micron
10 Introduction Les aliments font partie intégrante de notre vie quotidienne. Nous mangeons au moins trois fois par jour et chaque personne se préoccupe de ce qu'elle mange, de sa santé ainsi que des risques qui peuvent survenir à la suite de l'ingestion de ces aliments. L'innocuité alimentaire est une préoccupation croissante de la santé publique. La morbidité associée aux maladies d'origine alimentaire et les conséquences économiques reliées aux coûts médicaux et à la perte de productivité expliquent la préoccupation croissante des individus pour leur santé. Les vims entériques et notamment les norovims, sont responsables de la majorité des maladies d'origine alimentaire dans le monde. Leur transmission est de type oro-fécale principalement via les contacts interhumains, avec comme principaux vecteurs de contamination les eaux souillées, les aliments manipulés par des individus malades et les surfaces de travail. La recmdescence des cas d'empoisonnements alimentaires causés par des vims s'expliquent par deux causes majeures soit leur très grande stabilité dans l'environnement et leur résistance à la majorité des approches utilisées pour la lutte contre les microorganismes pathogènes telle que la désinfection par des agents chimiques. Bien que souvent très utiles contre les bactéries, l'efficacité des désinfectants chimiques contre les vims entériques demeure limitée. C'est donc pour cette raison qu'il est grandement nécessaire de trouver un moyen efficace afin d'inactiver ces vims. L'objectif général de ce projet de maîtrise était d'étudier et de caractériser le phénomène d'attachement des norovims aux surfaces inertes et d'évaluer l'implication de ce phénomène dans la sensibilité des norovims aux désinfectants chimiques domestiques. Deux types de vims entériques ont été utilisés dans cette étude à savoir le norovims murin, qui a servi de modèle et un norovims humain. La détection de ces vims a été effectuée par culture cellulaire et par RT-PCR pour le norovims murin, alors que pour le norovims humain, seule la RT-PCR en temps réel a été utilisée. L'effet de certains paramètres tels que le pH et l'humidité relative, sur l'attachement des norovims à une surface inerte a également été évalué. Par la suite, différents désinfectants commerciaux ont été évalués pour leur efficacité à inactiver les norovims.
11 1. CHAPITRE 1 REVUE DE LITTÉRATURE 1.1 Maladies d'origine alimentaire Selon une étude réalisée en 1999 par Mead et coll. (123), il a été estimé que les maladies d'origine alimentaire causent environ 76 millions de cas, 325 000 hospitalisations et 5000 morts chaque année aux États-Unis. Parmi les cas rapportés, 30% sont causées par les bactéries, 3% par des parasites et 67% par des vims (123). Les infections virales d'origine alimentaire les plus fréquemment rapportées sont la gastroentérite virale aiguë et l'hépatite A. Ces infections affectent tous les groupes d'âges et ce, à travers le monde entier (32, 37). 1.1.1 Virus entériques Un vims est un agent infectieux ayant une organisation acellulaire simple constituée d'une capside protéique et d'un acide nucléique. Dépourvus de métabolisme indépendant, les vims se multiplient uniquement dans des cellules hôtes vivantes, ils ne peuvent donc pas se répliquer dans les aliments ou dans l'environnement (97), toutefois ils peuvent y persister (119). Les vims d'origine alimentaire peuvent être introduits dans la chaîne alimentaire à n'importe quel moment (32). De plus, ces vims sont stables à l'extérieur de l'hôte et ils sont acido-résistants (97). Ils peuvent alors être ingérés avec les aliments et traverser le système digestif sans problème pour atteindre l'intestin afin de se répliquer. Les vims causant des gastroentérites sont plus particulièrement appelés des vims entériques et comportent une grande variété de familles. Parmi ceux-ci, se trouvent principalement les adénovims humains (AdV), les astrovirus (HAstV), les calicivims (plus particulièrement les norovims (NoV)) et les rotavims (RV). Pour leur part, les vims des hépatites A (HAV) et E (HEV) affectent principalement le foie causant un ictère (32). Aux
12 États-Unis, les maladies virales d'origine alimentaire sont estimées à 66.6% par les norovims, à 0.3% par les rotavims et à 0.3% par les astrovirus (123). 1.2 Norovirus Les NoV (anciennement appelé « Norwalk-like vims») sont appams pour la première fois lors d'une épidémie de gastroentérite aiguë (appelé «winter vomiting disease») en 1968 chez des étudiants et des professeurs d'une école à Norwalk en Ohio (3) aux États-Unis. Les NoV font partie de la famille des Caliciviridae. Le nom calicivims est dérivé du latin calyx, signifiant coupe ou goblet et réfère aux dépressions en forme de coupes visibles par la microscopie électronique (Fig.l.1 (27j).
13 Figure 1.1 : Microscopie électronique des NoV montrant les dépressions en forme de coupes autour de la capside (27).
14 1.2.1 Classification Les calicivims humains sont classés en deux groupes : les genres norovims (NoV) et sapovims (SaV) (32, 97) tandis que la majorité des vims présents chez les animaux sont classés dans les genres vesivims et lagovims (72). À ce jour, une seule étude a été rapportée dans la littérature portant sur la culture in vitro d'un norovims humain (157). Plusieurs laboratoires ont tenté de reproduire les mêmes résultats mais toujours sans succès (communication personnelle). Les NoV ont été classifies en 5 génogroupes (Gl à GV) selon la séquence complète du gène de la capside (Fig. 1.2 (177)). Une méthode standardisée utilisant les séquences d'acides aminés de la protéine majeure de la capside a été proposée par Zheng et al. (180). Les souches humaines de NoV se trouvent dans les génogroupes Gl, II et IV (58, 72, 168). Les souches du GUI ont été détectées chez les bovins (7, 127, 165), et les souches du GV se retrouvent chez les souris (82, 92). Les NoV porcins se classent dans le GII (158) et le NoV du lion se classe dans le GIV, basé sur un séquençage partiel (116). Les SaV ont seulement été trouvé chez les humains et sont le plus souvent associés avec des gastroentérites aiguës chez les jeunes enfants (24). Lors d'une étude épidémiologique réalisée aux États-Unis entre les mois de juillet 2000 et juin 2004, 81% des épidémies étaient dues aux calicivims. Parmi ces dernières, le génogroupe II des NoV était le plus abondant (79%) suivi du génogroupe I (19%) puis par les SaV (2%) (24). Une étude similiaire à été réalisée, entre 2004-2005, sur des échantillons cliniques de NoV au Canada et une prédominance du GII (95.7%) a été observée (99).
15 GCV - Marine nnravlrat - 1 • -< i v HnNnV - M pnairua Nantiras Hn>o\ H...M ..I GGII - IVsaV - SW«|I HuVoY . Hnwnii tloNoV • MT u.Ill BoNoV ■ < Il I > - BoNoV- J e t » - HoVoV - Ytusckcstrr CCI ■• U HnNoV ■ CMko IluN .A l.asrovirsrv KBHSV-CD RHDV-FRG - F C V . Irbassa VMvIras - P O • Panl - Kstvbil vrùvirav - PoSa\ - 1 ovvoVa Snpavlrsa - HnSaV HnSaV - l l o w l o n 8a HnSaV - lloavion W l'u ornaviridae PosWvtnttl l ( % Sesnanee Divrntracc Figure 1.2: Analyse phylogénétique des Caliciviridae (177).
16 1.2.2 Structure Ces vims non-enveloppés ont un diamètre de 27 à 40 nm et contiennent un ARN simple brin positif polyadénylé d'environ 7.6 kb. Les NoV possèdent 3 cadres de lecture ouverts ou ORFs («open reading frames») (Fig. 1.3 (177)). L'ORF 1 code pour une polyprotéine qui est clivée par une protease virale de type 3C en au moins 6 protéines non- structurales, incluant l'ARN polymerase-ARN dépendante. ORF2 code pour la protéine majeure de la capside (VP1), laquelle est responsable de l'auto-assemblage et de la formation de la capside, la reconnaissance du récepteur, la spécificité de l'hôte, la diversité entre les souches et l'immunogénicité. Pour sa part, ORF3 code pour la protéine mineure de la capside (VP2), qui est impliquée dans l'expression et la stabilité de la protéine de capside VP1.
17 GTGAATG. GTGAATG ORFI ORF3 NY
18 Chez les NoV humains, la capside est composée de 180 copies d'une seule protéine majeure organisées en 90 dimères et son architecture est basée sur une symétrie icosaédrale T=3 correspondant à l'arrangement répété de 3 sous-unités (Fig. 1.4 (151)). Sa surface montre 32 dépressions en forme de coupe et des arches saillantes (133).
19 Monomer P2-domain P1-domain S-domain N terminal arm Figure 1.4: Structure de la capside des NoV tel que déterminée par microscopie cryo- électronique et par cristallographie à rayons X. (A) Représentation de la surface; (B) coupe transversale; (C) dimère de la protéine de la capside. 90 dimères forment l'entière protéine de la capside; (D) chaque monomère de la protéine de la capside est organisé en domaines et sous-domaines. La partie N-terminale (vert) fait face à l'intérieur de la particule virale, un domaine coquille (domaine S, jaune) forme la surface continue de la particule virale et le domaine saillant (domaine P) constitue l'arche à la surface de la particule virale. Le domaine P est divisé plus loin en sous-domaines Pl (rouge) et P2 (bleu). Le dernier est impliqué dans les interactions vims-hôte (151).
20 1.23 Tableau clinique Depuis plusieurs années, les NoV sont la majeure cause commune de gastroentérites chez tous les groupes d'âges (97). L'incidence est plus élevée chez les jeunes enfants, mais la maladie survient régulièrement chez les adultes. Ce sont les vims diarrhéiques causant le plus d'absentéisme au travail et à l'école (32). Dans l'hémisphère nord, les gastroentérites causées par les NoV surviennent principalement en hiver et au début du printemps. D'ailleurs, c'est pour cette raison qu'elles sont parfois connues sous le nom de «winter-vomiting disease» (115). Par contre, dans l'hémisphère sud, les épidémies sont plus fréquentes au printemps et à l'été (115). Ces périodes correspondent, pour chaque hémisphère, aux mois présentant les températures les plus froides. Une première infection résulte de l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés par des matières fécales (56). Par la suite, l'infection secondaire survient via un contact personne à personne, des aérosols de vomissures, des surfaces, ou des manipulateurs d'aliments infectés (58). De plus, le vims étant hautement contagieux, il en résulte donc un haut taux de transmission par contact (97), car aussi peu que 10-100 virions sont suffisants pour causer l'infection (19, 150). La période d'incubation moyenne du vims est de 12-48 heures (11, 103) et les vims sont relâchés via les excréments et les vomissures. Au sommet d'une infection de vims entériques, plus de 10 n virions par gramme peuvent être excrétés dans les fèces (2, 16,145,170). Le développement des symptômes de la gastroentérite peut se faire graduellement ou de façon abmpte. Les symptômes tels que de la diarrhée, des vomissements et des nausées apparaissent de 1 à 3 jours après exposition (14). Les personnes infectées demeurent contagieuses après le rétablissement, puisque le relâchement viral asymptomatique continue pour plus de 3 semaines (140, 160). Les adultes démontrent généralement de la diarrhée comme caractéristique prédominante de la maladie, tandis que les enfants présentent des nausées et des vomissements plutôt que de la diarrhée. Les symptômes accompagnant fréquemment l'infection sont le mal de tête, la fièvre, des frissons et des myalgies survenant dans 25%-50% des personnes infectées (37, 69, 103, 161).
21 1.2.4 Prévention L'interruption de la transmission est la première stratégie pour la prévention, spécialement dans les hôpitaux et les centres d'hébergement déjeunes enfants (160, 175). Il est donc important, avant et pendant une épidémie de NoV, de renforcer les mesures d'hygiène, comme un bon nettoyage des mains, mais également de nettoyer toutes les surfaces avec des désinfectants appropriés dans le but de prévenir la transmission de ces vims (175). Plusieurs patients sont résistants à une réinfection pour une courte durée de 4-6 mois. Cependant, il n'y a pas de développement à long terme de T immunité (32, 175) et présentement, aucun vaccin ou traitement antiviral n'est disponible afin de prévenir une infection aux NoV chez les humains (56, 160). Le développement de vaccins contre les pathogènes entériques représentent un défi de taille dû au grand nombre de souches et à la nécessité d'induire une immunité qui est efficace au niveau de l'intestin (49). Idéalement, un vaccin contre les vims entériques devrait être administré par voie mucosale. Toutefois, cette technique, faisant partie des plus récentes voies d'administration des vaccins, nécessite un système de vectorisation (par exemple, des particules virales ressemblant aux vims («vims-like parades» ou VLP)), par voie orale ou rectale. Cette méthode permet d'augmenter l'attachement, l'assimilation et la demi-vie des antigènes tout en permettant au vaccin d'avoir un ciblage optimal des muqueuses intestinales (47, 68). Cette voie d'administration permet d'induire une réponse immunitaire protectrice à la fois mucosale et systémique et de s'opposer ainsi au franchissement des muqueuses (47). Ces dernières sont la porte d'entrée de la plupart des agents pathogènes bactériens et viraux.
22 1.2.5 Épidémiologie De nombreuses épidémies sont survenues partout dans le monde au fil des ans (25, 78, 174) et il serait fastidieux de toutes les énumérer. De plus, il est très difficile de trouver des données concernant des épidémies de norovims appames au Québec. On sait toutefois que selon le Laboratoire de Santé Publique du Québec, 678 cas de norovims sont survenus au Québec de juillet 2008 à août 2009 (9). Rien n'indique toutefois si ces cas sont principalement dus aux aliments, aux manipulateurs infectés ou à un autre mode de contamination. Par conséquent, seules les épidémies les plus fréquemment relatées dans la littérature vont être citées à titre d'exemple. La première épidémie aux NoV est appame en 1982, au Minnesota, suite à la consommation de gâteaux. Par la suite, entre 1981-1998, 41% des gastroentérites alimentaires au Minnesota étaient causées par les NoV dû à une consommation d'aliments contenant des fruits et légumes frais préparés par des employés malades (46). Puis, en mars 1998, une épidémie de gastroentérite est survenue auprès de 125 étudiants d'une université au Texas après avoir consommés des sandwichs au jambon préparés par un employé malade de la cafétéria (42). Des données plus récentes portant sur des épidémies d'origine alimentaire survenues entre 1996 et 2005 ont révélées que sur les 8 épidémies reliées au Canada, 3 d'entrés elles étaient causées par l'ingestion de fruits de mer, 2 par des fruits et légumes et 3 autres par des aliments composés de plusieurs ingrédients comme des sandwiches et des salades (74). Les lieux les plus communément rapportés lors d'épidémies de NoV sont les restaurants ou les événements impliquant des mets de traiteur (39%), suivies des résidences pour personnes âgées et des hôpitaux (25%). Les épidémies sont également rapportées dans les écoles, les garderies, les centres de soins, les camps (13%) et dans les destinations vacances, incluant les bateaux de croisière (10%) ainsi que d'autres endroits (prisons, communautés, base militaire, bureaux, bureau de médecin, caserne de pompiers et centre médical) (24, 58, 59, 84, 108, 171). Selon une étude épidémiologique concernant 233 épidémies survenues entre juillet 1997 et juin 2000, la nourriture contaminée, par exemple les huîtres, était le véhicule d'infection le plus fréquemment rapporté (57%), alors qu'une
23 infection par contact interpersonnel (16%) et de l'eau contaminée (3%) étaient les moins communes. Aucun mode de transmission n'a pu être déterminé dans 24% des cas (58). 1.2.6 Méthodes de détection Plusieurs techniques de détection (immunologiques, moléculaires, culture cellulaire, etc.) ont été développées et utilisées au fil du temps afin de vérifier la présence ou non de NoV humains dans les matières fécales le plus rapidement possible. 1.2.6.1 Méthodes microscopiques La microscopie électronique fait partie des méthodes microscopiques les plus récentes. Toutefois cette méthode requiert une concentration minimale de IO6 particules virales par ml de matières fécales (11). Les méthodes de microscopie électronique sont grandement utilisées lors de l'analyse d'échantillons fécaux dans les laboratoires de santé publique de plusieurs pays afin de détecter et de confirmer la présence de vims entériques (H). 1.2.6.2 Méthodes immunologiques Les méthodes immunologiques sont basées sur l'utilisation d'anticorps spécifiques. Ces méthodes sont simples, spécifiques et peu sensibles aux inhibiteurs. Elles sont principalement utilisées dans les laboratoires cliniques et ne sont pas assez sensibles pour détecter les très faibles doses (< 100) de vims présents dans les aliments (11, 53, 135). Ces méthodes sont principalement utilisées sur les échantillons provenant de patients infectés. Les NoV étant antigéniquement variables, cela rend l'utilisation des méthodes immunologiques difficiles. Toutefois, certaines techniques immunologiques ont été développées pour l'identification des NoV. Ces techniques incluent les essais ELISA (enzyme linked immunosorbent assay), RIA (radioimmunoassay), «blocking RIA» et «immune adherence hemagglutination assays» (89).
24 1.2.6.3 Méthodes de culture La méthode de titration est basée sur la replication virale. Brièvement, le titrage est réalisé en ensemençant le vims sur un feuillet établi de cellules. Le vims s'attache à la cellule hôte, pour ensuite pénétrer dans la cellule afin d'y introduire son matériel génétique (ARN). Il y a lors replication de l'ARN viral et synthèse des protéines structurales à l'aide de la machinerie de la cellule hôte. Suite à l'assemblage des protéines de la capside, les ARN viraux produits sont inclus à l'intérieur afin de former de nouvelles particules virales. Celles-ci sont ensuite relâchées à l'extérieur de la cellule provoquant la lyse cellulaire. Cette méthode offre l'avantage de ne détecter que les vims infectieux générant un effet cytopathique. Les plages de lyse ainsi obtenues sur le feuillet cellulaire correspondent soit à une particule virale individuelle ou à un agrégat seul (contenant plusieurs particules virales individuelles) (101). Le titre viral est alors exprimé en UFP (PFU en anglais) pour .unité formatrice de plages. L'infection aux NoV est présumée survenir dans le petit intestin, mais aucune étude n'a identifié les NoV animaux dans les entérocytes. La replication des NoV humains ne serait donc pas restreinte qu'à ce type de cellules. L'intestin est un habitat très complexe. Il contient une multitude de types cellulaires différents, chacun ayant un contenu enzymatique et une composition en protéines de surfaces différentes. Ces caractéristiques font de l'intestin un environnement cellulaire très difficile à reproduire en culture (32). Toutefois, Straub et al. (157), ont réussi à fabriquer le premier essai in vitro de culture cellulaire des NoV. Ce modèle en trois dimensions de l'épithélium humain du petit intestin serait constitué de multiples lignées cellulaires différentes (entérocytes, cellules en goblets, et marqueurs de cellule de type M). Ce phénomène de multicellularité serait un facteur requis pour l'infectivité des NoV. Finalement, une caractérisation de ce système 3-D aurait montré que certains antigènes de surface (exemple, antigène A de Lewis) seraient très importants dans l'attachement des NoV aux cellules. À ce jour, aucune autre étude reproduisant et utilisant ce système de culture n'a été rapporté dans la littérature. Différents modèles ont alors été utilisés afin de mieux les étudier. Parmi ces modèles viraux ont note que le poliovims (PV), le vims de l'hépatite A (HAV) ainsi que les
25 calicivims canin (CaCV) et félin (FCV) ont par le passé été utilisé en tant que modèle des NoV afin d'étudier leur survie et leur inactivation sous différentes conditions. Ces vims ont un génome composé d'ARN simple brin d'approximativement 7 kb et sont non-enveloppés. Ils ont une taille d'environ 30 nm et ils possèdent tous une capside de structure icosaédrique (97). Plusieurs recherches (13, 21, 38, 41, 50, 76, 112, 159) ont utilisé le calicivims félin (FCV) comme modèle pour les NoV humains. Le FCV, est un vims respiratoire. Cultivable et faisant partie de la même famille que les NoV, il possède également des propriétés physicochimiques similaires aux NoV (159). Cependant, le FCV n'est pas adapté au tractus gastrointestinal. De ce fait, le FCV est plus fragile que les NoV (43) aux différentes conditions gastriques. En effet, le FCV est inactivé à des pH relativement bas, affectant ainsi sa capacité à être un bon modèle pour les études de stabilité environnementale et d'inactivation des NoV humains (31, 52). Des études d'inactivation ont d'ailleurs démontré que le FCV était moins stable que le HAV (97). Certaines études ont été effectuées avec le phage MS2. Ce dernier fait partie du groupe I des coliphages à ARN de la famille des Leviviridae. Escherichia coli est la bactérie hôte et il est retrouvé le plus fréquemment dans les égouts et les fèces animales. Comme les NoV, MS2 est adapté au tractus intestinal, il a un ARN simple brin positif avec une symétrie icosaédrique et est environ de la même taille avec 26 nm de diamètre. Les bacteriophages ont été précédemment utilisés afin d'étudier la sensibilité aux désinfectants dans un but d'extrapoler ces propriétés chez les pathogènes humains (43). Dans l'étude de Redman et al. (138), il a été suggéré que les particules virales de MS2 diffèrent de façon significative pour leurs propriétés électrostatiques de celles des particules recombinantes de Norwalk sans ARN servant de modèle pour le virion infectieux. Il a donc été conclu que le MS2 ne serait pas un bon modèle pour les NoV (149). Le premier norovims pathogène des souris a été décrit en 2003 (92). Ce norovims murin (MNV-1) mesure entre 28 et 35 nm de diamètre et son génome est d'environ 7.6 kb. C'est un vims icosaédrique et il possède également 3 cadres de lectures ouverts (177). Le MNV-1 a démontré une habileté à infecter le tractus intestinal de la souris suivant une inoculation orale (176) tout comme le mécanisme chez l'humain. Le MNV-1 cause une
26 infection létale chez la souris qui se présente comme une hépatite, pneumonie, ou une inflammation du système nerveux et est donc très différent de la présentation clinique des NoV humains. Cependant, le MNV-1 est relâché dans les fèces de souris et est communément transmis par la voie oro-fécale (92). Le MNV-1 est le seul NoV qui se réplique en culture cellulaire et se multiplie dans un petit animal. De plus, les souris de laboratoire sont versatiles et représentent un modèle relativement peu cher pour l'analyse de pathogenèse virale. Le modèle MNV procure la première opportunité pour comprendre la relation entre les mécanismes de base de la replication des NoV en culture tissulaire et la pathogenèse dans un hôte naturel (177). Le modèle MNV s'est révélé avoir un tropisme pour les cellules de la lignée hématopoïétique, spécifiquement les macrophages et les cellules dendritiques. Présentement, le système de culture cellulaire pour le MNV-1 utilise comme cellules-hôte, des macrophages RAW 264.7 (176). Certains travaux (12, 55, 70) ont également été réalisés en utilisant des VLP («virus- like particle»), correspondant à des particules virales identiques au vims d'intérêt mais sans acide nucléique, donc qui n'est pas infectieux. Ces VLP ont principalement été utilisés dans les études visant la découverte d'un vaccin contre les NoV ou celles visant à comprendre le processus d'attachement des NoV. Bae et al. (13), ont comparés différents vims afin d'identifier le meilleur modèle pour les NoV humains. Les résultats ont indiqués que MNV-1, MS2 et PV ont tous le potentiel d'être des modèles utiles pour les NoV humains. Toutefois, le FCV est questionnable sur son application en tant que modèle adéquat des NoV compte tenu de la grande réduction de son infectivité virale qui a été observée à 25°C comparativement aux autres vims. 1.2.6.4 Méthodes moléculaires Les méthodes moléculaires, pour leur part, sont basées sur la mise en évidence des séquences spécifiques du matériel génétique viral. Ces méthodes offrent les caractéristiques
27 de sensibilité et de spécificité requises pour la détection des vims entériques dans les aliments. Parmi les méthodes développées, on trouve la RT-LAMP (reverse transcription- loop-mediated isothermal amplification assay) (64), le RFLP (restriction fragment length polymorphism) (136), le microarray (85) ainsi que le IR-FIFA (infrared fluorescent immunofocus assay) (40). Les méthodes les plus efficaces restent jusqu'à maintenant la RT-PCR et la NASBA toutes deux en temps réel. 1.2.6.4.1 RT-PCR et NASBA La méthode de détection basée sur la RT-PCR («Reverse Transcription-Polymerase Chain Reaction») est une procédure très utile, puisque son temps de détection est significativement réduit et qu'elle procure une meilleure sensibilité que la méthode de culture cellulaire. Cette meilleure sensibilité, cependant, est due surtout à l'habileté de l'essai à détecter des séquences intactes d'acides nucléiques de vims en dépit de leur infectivité. De ce fait, il n'existe pas toujours une corrélation entre les méthodes moléculaires et les méthodes de culture. En fait, considérant les résultats de la titration du FCV non traité, la culture cellulaire apparaît être plus appropriée pour la détection de vims infectieux que la RT-PCR (autant conventionnelle que les essais en temps réel) (132). Dans la technique de RT-PCR (Fig. 1.5 (139)), l'acide nucléique (ARN) viral cible est premièrement converti en un ADN complémentaire (ADNc) double brin dans une étape de transcription inverse, suivi d'une amplification par PCR (86). Dans le but de détecter le plus de variantes possibles des NoV par des essais de RT-PCR, la température d'hybridation doit être assez basse et les amorces dégénérées peuvent être utilisées afin d'induire l'amplification de matrices non spécifiques. Cependant, quand des produits alimentaires suspectés nécessitent d'être testés dans une routine de laboratoire, il n'est pas préférable d'inclure plusieurs systèmes RT-PCR. Il est fortement suggérer d'inclure un contrôle interne d'ARN pour vérifier l'inhibition de l'essai RT-PCR utilisé (14).
28 ARNm 5 AAA-3' 3'- 5' I" Amorce Transcriptase invars* ARNm 5'« • AAA-3' 3'« •5' ADN Amorça 2 4 u a. Taq Polymârasa U 5'. 3 3 5 Amorça 1 tc o JJ 3' 5 o Amorça 2 I Produit amplifia Figure 1.5 : Principe de la détection par la méthode RT-PCR (139).
29 La RT-PCR a prouvé être une méthode extrêmement sensible pour détecter les NoV. Cependant, cette méthode a quelques limites, entre autres : la sensibilité à la présence d'inhibiteurs d'amplification dans les échantillons de fèces ou alimentaires et la nécessité de confirmer les produits d'amplification pour prévenir les résultats faux-positifs (73). La NASBA («Nucleic Acid Sequence-Based Amplification») (Fig. 1.6 (172)) est spécifiquement désignée pour amplifier l'ARN et emploie trois enzymes : une transcriptase inverse, une RNase H et une ARN polymerase T7, qui agissent de concert pour amplifier les séquences à partir d'un ARN simple brin original comme matrice. La réaction est réalisée à une seule température, normalement 41°C. À cette température, l'ADN génomique du microorganisme cible reste double brin et ne devient pas un substrat pour l'amplification. Ce qui élimine la nécessité d'un traitement à la DNase, lequel est requis quand on utilise la RT-PCR pour la détection de l'ARN. La détection de l'ARN messager a été proposée comme un indicateur de viabilité bactérienne se définissant comme la capacité d'une division cellulaire, métabolisme ou transcription des gènes. L'ARN messager peut avoir une courte demi-vie à l'intérieur des cellules viables, et est rapidement dégradé par des enzymes spécifiques (RNases) lesquelles sont très stables même dans les environnements à l'extérieur de la cellule (39). Différents systèmes NASBA ont été développés pour la détection des vims tels que le HAV, le rotavims et les NoV des génogroupes Gl et GII (86-88).
30 T7RNA polymerase ,. primer P1 Figure 1.6 : Principe de la détection par la méthode NASBA (172).
31 1.2.6.4.2 Systèmes de révélation des amplicons en temps réel Le développement récent de la RT-PCR et de la NASBA en temps réel simplifie la détection des amplicons tout en réduisant le risque de contamination en laboratoire (51). Le principe de la RT-PCR en temps réel consiste à suivre, à chaque cycle, la fluorescence émise pendant la réaction d'amplification. Ce principe est différent de la PCR qualitative conventionnelle puisque dans cette dernière, les amplicons ne sont détectés qu'à la toute fin du processus. En temps réel, l'augmentation du signal fluorescent est directement proportionnelle à la quantité d'amplicons générés durant la réaction de PCR permettant une quantification (131). Différentes chimies de fluorescence ont été développées pour les réactions d'amplification moléculaire en temps réel. Il existe essentiellement deux principes généraux pour la détection quantitative des amplicons : les agents se liant à l'ADN double brin (ex. SYBR Green I) et les sondes fluorescentes. Pour cette dernière catégorie, l'hydrolyse de sondes (Taqman assay) et les balises moléculaires (Molecular Beacons) sont les plus utilisées. Le SYBR Green I (Fig. 1.5 (131)) est un agent intercalant de l'ADN. Il est économique, facile à utiliser et respecte les deux exigences d'un bon agent soit d'augmenter en fluorescence lorsque lié à l'ADN double brin et de ne pas inhiber la réaction de PCR (131). Les amorces sont un élément important de la technologie basée sur le SYBR Green I puisque la spécificité de la détection repose sur eux. De plus, aucune sonde fluorescente n'est nécessaire dans cette technique (29).
32 3' 1111II11 I I I II I i ■ * « ■ BS"*W^ a\""W^r P JF^^^^^ 4 ^ : fluorochrome stimulé amplicon amorce % : fluorochrome non stimulé libre : AON double brin cible Figure 1.7: Schéma représentant le système de révélation des amplicons en temps réel par le marqueur SyBr Green (131).
33 Le système de révélation des amplicons en temps réel par la sonde TaqMan (Fig. 1.6 (131)) utilise l'activité 5'-exonucléasique de la Taq polymerase. La sonde Taqman est constituée d'un fluorochrome émetteur (reporter) (ex. FAM : 6-carboxy-fluorocein) fixé à l'extrémité 5' et d'un second fluorochrome suppresseur (quencher) présent à l'extrémité 3' (ex. TAMRA : 6-carboxy-tetramethyl-rhodamine). Le fluorochrome suppresseur inhibe l'émission de l'émetteur en raison de leur proximité. Au cours de l'étape d'hybridation/extension de la PCR, la sonde hybridée à sa séquence cible sur l'amplicon est hydrolysée. Le fluorochrome alors libéré de son suppresseur peut alors émettre de la fluorescence qui est mesurée et analysée.
34 llllllllllllll ; * r> > ? 1' iiiiniiiiiiii JJ-L _i b " : sonde TaqMan 2j : sonde hydrolysée avec suppresseur . : ADN double brin cible sonde hydrolysée avec fluorochrome stimulé «—■• : ampicon : amorce * Figure 1.8: Schéma représentant le système de révélation des amplicons en temps réel par la sonde TaqMan (131).
35 En NASBA en temps réel, les sondes nucléotidiques, de type balise moléculaire, sont essentiellement utilisée (Fig. 1.7 (125) et 1.8 (Biomérieux)). Une balise moléculaire consiste en une séquence de sonde flanquée de deux courtes séquences formant les bras qui sont complémentaires l'un à l'autre. Le bras séquence à l'extrémité 5' porte une molécule fluorochrome émetteur ou fluorophore (reporter) tandis que le bras séquence à l'extrémité 3' est lié de façon covalente à une molécule fluorochrome suppresseur (quencher). Sous des conditions normales de réaction NASBA, la complémentarité des bras séquences hybrides redonne à la balise moléculaire sa structure typique d'épingle à cheveux dans laquelle le fluorophore est gardé à proximité du suppresseur. Une séquence de balise moléculaire peut adopter de multiples structures secondaires. La structure préférée serait la conformation en épingle à cheveux avec de minimes, voire aucune structure secondaire supplémentaire dans la région de la boucle.
36 stem Figure 1.9: Schéma représentant le système de révélation des amplicons en temps réel par les balises moléculaires (BioMérieux).
.37 1.3 Modes de transmission des norovirus Tout comme les autres pathogènes entériques, les NoV sont transmis via la voie oro- fécale. L'origine de la contamination peut survenir à différents points dans la chaîne de la ferme à la fourchette. La transmission virale est dépendante de l'interaction avec l'hôte aussi bien que de l'interaction avec l'environnement. De plus, une augmentation du taux de transmission d'origine alimentaire a été remarqué au fil des ans (24, 58, 59). Des 51 épidémies (entre janvier 1996 et juin 1997 aux États-Unis) pour lesquelles le mode de transmission a été rapporté, la propagation d'origine alimentaire est la plus commune (37%), suivie du contact personne-à-personne (20%), de l'ingestion d'huîtres contaminées (10%), et la consommation d'eau contaminée (6%). Pour plusieurs épidémies, le mode de transmission spécifique était recherché mais n'a pas pu être déterminé (27%). À noter, le contact interpersonnel est souvent un diagnostic d'exclusion quand les autres modes ne peuvent pas être clairement identifiés (59). Les surfaces, vaisselles de service ou contenants, ustensiles ayant été manipulés par des personnes malades et ne pratiquant pas une hygiène personnelle adéquate avant la préparation des aliments, peuvent aussi contribuer à la maladie (31). 1.3.1 Manipulateurs infectés et contact direct Les manipulateurs d'aliments peuvent contaminer les aliments à n'importe quel moment, de la récolte jusqu'au service s'ils sont infectés (32). Les manipulateurs infectés peuvent être, ou non, symptomatiques au moment de la contamination. Un lavage des mains ou une hygiène personnelle inadéquats ont été impliqués dans des épidémies autant de NoV que de HAV (22). Un cas a d'ailleurs été rapporté lors d'une réception de mariage où un assistant cuisinier a été malade pendant son quart de travail et a vomi dans l'évier destiné à la préparation des légumes. Bien que l'évier ait été nettoyé avec un produit à base de chlore, des NoV étaient encore présents et environ 50% des gens présents ont été malades (130). Ainsi, les NoV se disséminent par plusieurs routes, incluant les aérosols, et peuvent persister dans l'environnement même après le nettoyage (45, 57, 114, 126, 173).
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