Autour du Nouveau Réalisme & Les dadas des deux Daniel - Document pédagogique Du 2 février au 28 mai 2017

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Autour du Nouveau Réalisme & Les dadas des deux Daniel - Document pédagogique Du 2 février au 28 mai 2017
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    Autour du Nouveau Réalisme

                    &

    Les dadas des deux Daniel

    Du 2 février au 28 mai 2017

    Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées
                                       Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                        Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Autour du Nouveau Réalisme & Les dadas des deux Daniel - Document pédagogique Du 2 février au 28 mai 2017
Le Nouveau Réalisme, de quoi s’agit-il ?

Le mouvement artistique du Nouveau Réalisme a été fondé en octobre 1960 par une déclaration commune dont les signataires sont
Yves Klein, Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Martial Raysse, Pierre Restany, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Jacques de la
Villeglé ; auxquels s’ajoutent César, Mimmo Rotella, puis Niki de Saint Phalle et Gérard Deschamps en 1961.

Ces artistes affirment s’être réunis sur la base de la prise de conscience de leur « singularité collective ». En effet, dans la diversité
de leur langage plastique, ils perçoivent un point commun à leur travail, à savoir une méthode d’appropriation directe du réel,
laquelle équivaut, pour reprendre les termes de Pierre Restany, en un « recyclage poétique du réel urbain, industriel,
publicitaire »1.

L’organisation d’événements et d’expositions collectives s’étend de 1960 à 1963, mais l’histoire du Nouveau Réalisme se poursuit
au moins jusqu’en 1970, année du dixième anniversaire du groupe marquée par l’organisation de grandes manifestations.

Pour autant, si cette prise de conscience d’une « singularité collective » est déterminante, leur regroupement se voit motivé par
l’intervention et l’apport théorique du critique d’art Pierre Restany, lequel, d’abord intéressé par l’art abstrait, se tourne vers
l’élaboration d’une esthétique sociologique après sa rencontre avec Yves Klein en 1958, et assume en grande partie la justification
théorique du groupe.

Le terme de Nouveau Réalisme a été forgé par Pierre Restany à l’occasion d’une première exposition collective en mai 1960. En
reprenant l’appellation de « réalisme », il se réfère au mouvement artistique et littéraire né au 19e siècle qui entendait décrire,
sans la magnifier, une réalité banale et quotidienne. Cependant, ce réalisme est « nouveau », de même qu’il y a un Nouveau Roman
ou une Nouvelle Vague cinématographique : d’une part, il s’attache à une réalité nouvelle issue d’une société urbaine de
consommation, d’autre part, son mode descriptif est lui aussi nouveau car il ne s’identifie plus à une représentation par la création
d’une image adéquate, mais consiste en la présentation d’objets que l’artiste a choisi.

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1
    (60/90. Trente ans de Nouveau Réalisme, édition La Différence, 1990, p. 76).

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                                                                             Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
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C’est aussi à Pierre Restany que l’on doit d’avoir défendu le Nouveau Réalisme sur la scène internationale face à l’émergence d’un
art américain, le Pop Art, soutenu économiquement par un réseau de galeristes et de collectionneurs. Il explique, dans le Manifeste
des Nouveaux Réalistes : « Nous assistons aujourd’hui à l’épuisement et à sclérose de tous les vocabulaires établis, de tous les
langages, de tous les styles. A cette carence – par exhaustion- des moyens traditionnels, s’affrontent des aventures individuelles
encore éparses en Europe et en Amérique, mais qui tendent toutes, quelle que soit l’envergure de leur champ d’investigation, à
définir les bases normatives d’une nouvelle expressivité »2

Les artistes du Nouveau Réalisme, en effet, ne sont plus dans le registre de la représentation. Il ne s’agit pas de peindre ou de
sculpter, et de se référer à un monde extérieur ou intérieur. Il s’agit de proposer des fragments du réel, d’emprunter des choses à
l’environnement quotidien (à un moment, précisément, auquel celui-ci subit de profondes et rapides transformations). Les
techniques utilisées par les artistes sont empruntées au registre du bricolage ou au monde industriel, aux matériaux nouveaux de
la chimie, et aux marchandises de la société de consommation qui se met en place. Ces partis-pris plastiques s’inscrivent dans
l’héritage du Dadaïsme, et entretiennent plus particulièrement un indéniable lien avec les ready-mades de Marcel Duchamp.

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2
    RESTANY Pierre, Manifeste des Nouveaux Réalistes. Milan, 1960

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                                                                     Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
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Le Centre Pompidou

En 1969, le Président de la République Georges Pompidou décide d’affecter le plateau Beaubourg à la construction d’un centre
culturel pluridisciplinaire d’un type entièrement nouveau. Il s’agit d’une nouvelle impulsion donnée à plusieurs projets que le futur
centre culturel est appelé à rassembler : la construction, au centre de Paris, d’une bibliothèque de lecture publique accessible au
plus grand nombre ; la réhabilitation du musée national d’art moderne (MNAM), installé trop à l’étroit dans l’une des ailes du Palais
de Tokyo ; le projet d’un centre de création musicale (IRCAM) porté par le compositeur français Pierre Boulez. Outre la création
d’une nouvelle bibliothèque et le transfert du musée, le projet prévoit également de regrouper les activités du Centre d’art
contemporain, installé rue Berryer et l’équipe qui, autour de François Mathey, avait développé, au sein du musée des Arts
Décoratifs, une politique dynamique d’expositions d’art contemporain.

Un concours d’idées est lancé, auquel sont invités à participer les architectes du monde entier pour la première fois en France :
681 concurrents, originaires de 49 pays différents, présentent un projet. Le projet de trois architectes associés est retenu par le
jury international, présidé par l’architecte-ingénieur Jean Prouvé : deux Italiens, Renzo Piano et Gianfranco Franchini, et un
Anglais, Richard Rogers, alors quasi-inconnus. Renzo Piano et Richard Rogers assurèrent seuls la conduite effective du projet et
firent ensuite carrière séparément : chacun d’eux obtint le prestigieux Prix Pritzker, la plus haute distinction internationale dans le
domaine de l’architecture.

Aujourd’hui considéré comme un des bâtiments emblématiques du 20e siècle, le bâtiment de Renzo Piano et Richard Rogers avait
été comparé par ses détracteurs – au moment de sa construction - à une « raffinerie de pétrole ». Il continua de susciter la
polémique tout au long des années 1970 avant de devenir l’icône qu’il est aujourd’hui.

Le Centre Pompidou est inauguré le 31 janvier 1977. Dès son ouverture au public, le 2 février 1977, il rencontre un immense
succès. Il devient vite l’un des lieux culturels les plus fréquentés au monde et l’un des monuments les plus visités de France. La fin
des années 1970 et les années 1980 voient le Centre Pompidou proposer des expositions qui marquent leur temps et contribuent à
écrire l’histoire de l’art du 20e siècle : la série des « Paris-… » (« Paris-New York », « Paris-Berlin », « Paris-Moscou », « Paris-
Paris »), « Vienne, naissance d’un siècle », « les Immatériaux », « Mémoires du futur », « Cartes et figures de la Terre », « les
Magiciens de la Terre ». Sous l’impulsion de ses directeurs, Pontus Hulten, puis Dominique Bozo, la collection du musée national

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d’art moderne s’est considérablement développée et est désormais l’une des toutes premières au monde dans le domaine de l’art
moderne et contemporain.

A la faveur d’une réforme globale de l’organisation, le Centre Pompidou crée en 1992 le Département du développement culturel,
chargé d’établir une programmation de spectacles vivants, de cinéma et de parole (débats, rencontres et conférences). La fusion du
Musée national d’art moderne et du Centre de création industrielle (Cci) permet la constitution d’une collection d’architecture et de
design, devenue en vingt ans l’une des plus remarquables au monde.

Après vingt ans d’activité et après avoir reçu plus de 150 millions de visiteurs, le Centre Pompidou procède à des travaux de
rénovation, à l’initiative de Jean-Jacques Aillagon, entre octobre 1997 et décembre 1999. L’État alloue les crédits permettant de
créer des espaces supplémentaires nécessaires à la présentation des collections et au développement des activités de spectacle
                           2                                                                                   er
vivant. Ainsi, 100 000 m de surface sont réaménagés. Le Centre Pompidou rouvre ses portes au public le 1 janvier 2000 : le
succès est de nouveau au rendez-vous, avec une moyenne de 16 000 visiteurs par jour en 2000. Actuellement, le Centre Pompidou
accueille, selon les années, entre 3,5 et 3,8 millions de visites.

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40e anniversaire du Centre Pompidou
!

Le Centre Pompidou fête ses 40 ans en 2017. Pour partager cette célébration avec le plus grand nombre, il propose un programme
inédit d’expositions, de prêts exceptionnels, de manifestations et d’événements pendant toute l’année, dans toute la France.
Expositions, spectacles, concerts et rencontres sont présentés dans quarante villes, en partenariat avec des musées, des centres
d’art contemporain, des salles de spectacle, des festivals, et de nombreux acteurs du tissu culturel et artistique.

De la fin 2016 au début de l’année 2018, dans quarante villes, de Grenoble à Lille, en passant par Le François en Martinique, Saint-
Yrieix-la-Perche, Chambord, Cajarc, Nice ou Toulouse, des propositions mêlant expositions, concerts, spectacles de théâtre et de
danse, conférences convient le public à vivre et partager cet anniversaire du Centre Pompidou.

« J’ai souhaité que le 40e anniversaire du Centre Pompidou soit la fête de la création artistique partout en France. Qu’il témoigne
de la vitalité des institutions culturelles qui partagent l’esprit du Centre Pompidou. Qu’il permette de célébrer les liens noués avec
les artistes, les musées, les centres d’art, les scènes de spectacle, les festivals, de développer et d’enrichir une longue histoire de
projets communs au service de l’art et de la création. Qu’il soit l’occasion d’aller à la rencontre de ceux qui aiment le Centre
Pompidou depuis 40 ans comme aux devants de nouveaux publics. L’anniversaire du Centre Pompidou est placé sous le signe du
territoire, à travers des manifestations très variées, pour susciter, accompagner, favoriser, faciliter des projets ». précise Serge
Lasvignes, président du Centre Pompidou.

Les deux expositions présentées aux Abattoirs à l’occasion des 40 ans du Centre Pompidou revêtent un caractère exceptionnel. En
effet, la présence d’œuvres jamais exposées à Toulouse et les prêts consentis par des institutions ou des particuliers vont
permettre à nos élèves de découvrir le mouvement artistique du Nouveau Réalisme aux Abattoirs.

Deux expositions seront abordées dans ce dossier : « Autour du Nouveau Réalisme », et « Les Dadas des deux Daniel ». La
première est présentée au rez-de-chaussée des Abattoirs, tandis que la seconde se déploie dans les salles du sous-sol. Le déroulé
de ce document reprend le découpage thématique des expositions, qui permet d’aborder des notions transversales. Compte-tenu
du nombre important d’œuvres exposées, ce parcours a été conservé pour proposer un document facilement appréhendable et
accessible aux enseignants de toutes disciplines, des premier et second degrés.

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Salle 1 (Nef) : LA RUE

Dans cette grande halle qu’est la nef des Abattoirs, différentes œuvres sont exposées. D’une part, impossible de ne pas remarquer,
en tout premier lieu, l’immense machine de Jean Tinguely : Dernière collaboration avec Yves Klein. Elle se met en mouvement, et
s’illumine, lorsque les spectateurs l’activent. D’autre part, de nombreuses images entourent le visiteur. Le film Pénélope réalisé
par Raymond Hains et Jacques Villeglé, accueille le public avec un kaléidoscope de couleurs mouvantes. Et de nombreux autres
films, qui présentent quant à eux des images d’archives, sont diffusés sur des écrans fixés aux murs. Ils montrent notamment des
images de l’artiste Jean Tinguely au travail. Une atmosphère se met en place, une effervescence, une ambiance sonore et visuelle
foisonnante.

                                                Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
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Jean Tinguely

                                                                          Dernière collaboration avec Yves Klein, 1988

                                                                          Fer, matières synthétiques, mousses, miroirs, roues en bois, moteurs électriques

                                                                          495 x 1101 x 406 cm

                                                                          Musée Tinguely, Bâle

                                                                          Donation Niki de Saint Phalle

Jean Tinguely est né le 22 Mai 1925 à Friburg, et mort le 30 aout 1991 à Berne. C’est un artiste suisse de la seconde moitié du vingtième siècle, rattaché au
mouvement du Nouveau Réalisme. Il a commencé à créer des machines animées (les méta-mecaniques) en 1954. Il s’inscrit dans l’héritage de Marcel
Duchamp et des dadaïstes. Il construit ses machines avec des objets de récupération auxquels il donne vie grâce à des moteurs. Cette introduction du
mouvement dans la sculpture est une idée nouvelle, et c’est ce qui fait la singularité et la puissance de la démarche artistique de Jean Tinguely.

Il raconte que pour fuir l’ambiance familiale autoritaire qui régnait chez lui, il a commencé à construire de petites machines avec des matériaux naturels :
« Alors, j'ai commencé à faire une chose très bizarre : plusieurs samedis et dimanches de suite, j'ai commencé à construire de jolies petites roues en bois,
bricolées comme ça, le long d'un ruisseau […]. Aucune idée d'art […]. Dans la forêt, j'utilisais un ruisseau : il faut dire que c'était une forêt de sapins qui
formaient une sorte de cathédrale, avec les qualités sonores d'une cathédrale […], les sons s'amplifiaient formidablement bien. J'ai fait jusqu'à deux
douzaines de petites roues dont chacune avait sa propre vitesse, et parfois cette vitesse était variable selon la vitesse de l'eau, variable elle aussi. Chaque
roue avait une came […]. Une came, c'est une chose qui assure une irrégularité à la roue - tu vois ! Ça frappait, ça actionnait sur un petit marteau qui tapait
sur différentes boîtes de conserve rouillées ou pas, des sonorités différentes. Ces sons, ces tonalités, à des rythmes différents, étaient répartis tous les cinq à
six mètres, et ces concerts s'allongeaient parfois jusqu'à cent mètres dans la forêt. J'imaginais alors le promeneur solitaire lui aussi dans la forêt, qui entend
d'abord ce concert avant d'entendre les bruits de la forêt. Parfois, ça fonctionnait jusqu'à quinze jours, c'était évidemment fragile mais il y en avait quelques-
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uns qui fonctionnaient pendant des mois »

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3                                                          o
    Alain Jouffroy, « Jean Tinguely », L'Œil, n 136, avril 1966, p. 34.

                                                                          Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                                           Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
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Cette œuvre de grandes dimensions s’intitule Dernière Collaboration avec Yves Klein. Elle a été présentée pour la première fois en
1988 lors de la rétrospective Jean Tinguely au Centre Georges Pompidou. Cet hommage à l’ami et artiste décédé en 1962 reprend
quelques éléments de leur intense collaboration et se réfère nettement aux monochromes d’Yves Klein. Les trois couleurs utilisées
par ce dernier : le bleu, l’or et le rose, sont très présentes. Les miroirs, fixés derrière la sculpture-machine, permettent au
spectateur de se sentir partie prenante de la machine, mais également de découvrir des éléments cachés, qu’il ne pourrait pas voir
autrement, compte-tenu des modalités d’exposition de l’œuvre. Le mouvement et le bruit générés par la mise en marche de la
machine, à intervalles réguliers, lui confèrent une vie propre. L’œuvre s’autonomise, et se libère des normes habituelles pour créer
une frénésie, une surprise, un événement dans la nef des Abattoirs.

Cycle 3 / Arts plastiques

Les fabrications et la relation entre l’objet et l’espace

La pratique bidimensionnelle faisant appel à des techniques mixtes et les fabrications en trois dimensions sont essentielles dans ce cycle. Elles développent
chez les élèves l’attention aux choix, aux relations formelles et aux effets plastiques. Les changements multiples de statut imposés aux matériaux et aux
objets permettent la compréhension des dimensions artistiques, symboliques ou utilitaires qui leurs sont attachées. La pratique du modelage, de
l’assemblage, de la construction et l’approche de l’installation favorisent la sensibilisation à la présence physique de l’œuvre dans l’espace et aux
interactions entre celle-ci et le spectateur.

                                                        Jacques Villeglé et Raymond Hains

                                                        Pénélope, 1950/1980

                                                        Montage commandité par Daniel Abadie et réalisé en 1980 par Jean-Michel Bouhours à partir des éléments tournés entre 1950
                                                        et 1954

                                                        Film 16 mm, Durée : 13'05"

                                                        Centre Georges Pompidou, Paris.

                                                            Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                             Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
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Les images de ce film expérimental ont été tournées avec un hypnagogoscope. Cet appareil permet de filmer les objets au travers
de grands verres cannelés, afin de créer des déformations de la réalité. En s’inspirant des papiers découpés d'Henri Matisse, des
costumes folkloriques bretons et des mosaïques de Ravenne, Jaques Villeglé et Raymond Hains ont réalisé des expériences, ils ont
tourné plusieurs petits films, muets et abstraits.

Le titre fait référence à un personnage de la mythologie grecque, Pénélope, la femme d’Ulysse. Pendant les vingt années que dure
l'absence d'Ulysse, cette dernière doit repousser par toutes sortes de ruses les avances de prétendants, qui affirment qu'Ulysse
est mort, et qui la pressent de choisir un nouvel époux parmi eux. Pour faire attendre les nombreux prétendants qui la courtisent et
pillent la maison, Pénélope leur promet de choisir l'un d'entre eux quand elle aura achevé de tisser le linceul de son beau-père,
Laërte. Afin que la besogne perdure, elle défait la nuit ce qu'elle a tissé le jour.

Ce titre a été choisi en lien avec le caractère inachevé de l’œuvre. En effet, le film a été monté partiellement en 1959 par Pierre
Schaeffer. En 1980, il est enfin monté intégralement pour une exposition au Centre Pompidou.

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Salle 2 / VOITURE

Dans cette salle, les œuvres présentées sont constituées d’objets de récupération. Ces déchets, issus de la toute nouvelle société
de consommation, symbolisent (déjà !) le trop-plein et l’obsolescence. Les artistes les mettent en scène en jouant avec les formes,
les couleurs, les matières, afin de donner une seconde vie à ces objets, qui s’émancipent ainsi du contexte de leur genèse, et de
leur fonction initiale. Avec cette relocalisation des objets, la destruction amène la création.

D’autre part, les œuvres présentées dans cette salle, à deux exceptions près, ont en commun de mettre en avant l’intérêt des
Nouveaux Réalistes pour l’automobile. Dans la France des années 1960, le développement et la démocratisation de ce moyen de
transport est, à lui seul, un symbole absolu de l’accès au confort moderne.

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CÉSAR

                              Compression de voitures

                              1989

                              Compression Carrosseries de voitures compressées

                              193 x 82 x 62 cm

                              Nîmes, Carré d’art, Musée d’art contemporain

Dans la vidéo qui est présentée dans la salle d’exposition, César est au travail. Il se trouve dans une casse automobile : l’atelier de
l’artiste est cette vaste zone chaotique et désordonnée. Avec la complicité des employés du lieu, il pioche ses sujets, puis les place
dans un compresseur qui les compacte, les réduit à un bloc de matière et de couleur. La voiture devient un totem, un objet
artistique vidé de sa fonction, purgé de son sens initial. Dès le début de sa carrière artistique, César se détourne des matériaux
traditionnels de la sculpture (plâtre, marbre, bronze...) autant par nécessité économique que par dégoût. Il explique : « Le marbre
de Carrare était trop cher, la vieille ferraille traînait partout. Je suis devenu sculpteur parce que j’étais pauvre ! »

César compresse les voitures avec une presse hydraulique, c’est une presse utilisée par les casses automobiles où sont
emmenées les voitures qui doivent être détruites. Afin de gagner de la place, les voitures sont écrasées, elles sont transformées
en parallélépipèdes. Au début, en 1960, lorsque César découvre la presse hydraulique il compacte des véhicules dans leur
intégralité. Plus tard, l’artiste se tourne vers des Compressions dirigées, c’est-à-dire qu’il sélectionne avant la compression les
matériaux qu’il veut utiliser et les agence en fonction du résultat escompté. Il prend goût à ce procédé et se met à compresser
toutes sortes de matériaux comme du papier, du tissu, des bijoux. Les compressions de déchets deviennent des œuvres d’art, la
destruction devient un acte de création.

                                                        Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                         Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Cycle 1

Explorer le monde du vivant, des objets et de la matière

Les montages et démontages dans le cadre des jeux de construction et de la réalisation de maquettes, la fabrication d'objets contribuent à une première
découverte du monde technique.

                                                       Arman

                                                       Fagot de clarinettes, 1976

                                                       Clarinettes soudées 43 x 63 x 32,5 cm

                                                       Don de l'artiste 1986

                                                        Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle

Avec ce Fagot de clarinettes, l’objet devient sculpture grâce à une démultiplication du motif. Ces clarinettes ont été collectées et
accumulées par l’artiste, qui les réunit pour créer un bloc, un amas, un amoncellement dont la force réside dans la quantité
d’objets assemblés. C’est par la redondance que l’œuvre se tient, à la fois physiquement et sémantiquement. Arman s’approprie le
réel en proposant des accumulations d’objets. De la sorte, l’objet devient sculpture. Il s’agit d’objets produits en série, facilement
accessibles. L’artiste est l’un des premiers du groupe des Nouveaux Réalistes à utiliser des objets manufacturés comme matière
première de ses œuvres. Les clarinettes assemblées font écho à l’ambiance sonore de la rue : le son des klaxons de voitures et des
sonnettes de vélos, auxquels font référence les autres œuvres de la salle d’exposition.

                                                           Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                            Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Fils d’un antiquaire, Arman a passé son enfance dans l’univers fascinant des objets de brocante. Le principe de l’accumulation
marque, en quelque sorte, l’aboutissement d’une tradition familiale de la collection. Ce procédé démontre également la prise de
conscience de l’artiste face à la production industrielle massive comme réalité nouvelle de son époque. D’autre part, Arman
éprouve un vif intérêt pour les instruments de musique, porteur d’une potentialité sonore, d’un registre tu mais potentiellement
présent. Il produira par la suite des « colères » avec des violons, des pianos, qu’il réduira en pièces, n’hésitera pas à brûler.

Cycle 1

Réaliser des compositions plastiques, planes et en volume
(...)
Le travail en volume permet aux enfants d'appréhender des matériaux très différents (argile, bois, béton cellulaire, carton, papier, etc.) ; une consigne
présentée comme problème à résoudre transforme la représentation habituelle du matériau utilisé. Ce travail favorise la représentation du monde en trois
dimensions, la recherche de l'équilibre et de la verticalité.

                                                         Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                          Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Salle 3 / PEINTURE

Dans cette salle, on constate que les artistes rattachés au mouvement du Nouveau Réalisme n’ont pas complètement tourné le dos
au médium pictural. En effet, avec la peinture au tampon-encreur d’Arman, le combine-painting de Rauschenberg, les dessins et
les tableaux-tirs de Niki de Saint-Phalle : les clins d’œil adressés à l’histoire de l’art sont nombreux et tendent à démontrer les
alliances fructueuses qui se tissent entre les techniques et les époques, sans entrave, sans limite. La spontanéité et l’énergie que
contiennent ces œuvres, mises en valeur par un mur rouge qui vient renforcer le sentiment de palpitation, d’urgence, mettent en
évidence un vocabulaire constitué de gestes picturaux audacieux voire révolutionnaires.

                                                Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                 Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Niki de Saint-Phalle,

                                     L’autel des Innocents, 1962

                                     Tableau-relief : peinture, plâtre et assemblage d’objets divers sur panneau de contreplaqué.

                                     100 X 70 X 15 cm

                                     Galerie Vallois, Paris

Niki de Saint Phalle compte parmi les premières femmes artistes à acquérir de son vivant une reconnaissance internationale. Elle
fut à la fois peintre, sculpteure, graveuse, performeuse et cinéaste expérimentale.

Elle prépare des compositions constituées d'objets divers (des jouets le plus souvent), entièrement recouverts de peinture blanche.
Puis, armée d’une carabine de chasse, elle tire sur cet assemblage, afin que la peinture contenue dans des petites poches cachées
parmi les objets se répande et dégouline dans l’œuvre. C’est ce qu’elle nomme ses « tableaux-tirs ».

L’œuvre fait référence au massacre des innocents, un épisode relaté dans l’Evangile selon Matthieu. Avec ce tableau-relief, Niki de
Saint-Phalle reprend les codes de la peinture religieuse : fond d’or, Christ en croix, statuette de la Vierge. Mais c’est pour se
positionner à rebours des valeurs traditionnelles ! En effet, elle lutte contre le pouvoir patriarcal et religieux, et défend la liberté
des femmes à disposer de leur corps (c’est l’époque de la conquête du droit à l’IVG et à la contraception). Au tout début des années
1960, Niki de Saint Phalle a réalisé de nombreux autels de ce type.

                                                        Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                         Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Martial RAYSSE

                                  Portrait de Madame V. d. K.

                                  1962

                                  Peinture glycérophtalique sur contreplaqué, paillettes, fleur artificielle

                                  182 X 131,5 cm

                                  Collection musée d’art moderne, Paris.

Martial Raysse a participé à l’invention et au développement du Pop Art français. En effet, au même moment qu’Andy Warhol et Roy
Lichtenstein aux Etats-Unis, il est parvenu à imposer une iconographie personnelle, constituée notamment de portraits féminins.
Dans les années 1960, ces images reprennent les stéréotypes diffusés par la publicité et le cinéma.

Martial Raysse utilise des images photographiques et insère dans ses tableaux des objets réels. Le portrait de Madame V.d.K. est
différent des autres portraits réalisés par l’artiste. En effet, loin de l’esthétique colorée habituelle, la présence d’une fleur
artificielle et de paillettes nous met face à une sorte de vanité. Qui est cette mystérieuse dame en noir ? Quel deuil porte-t-elle ?

Un trouble est ressenti par le spectateur. En effet, le réalisme du visage de Madame V.d.K. et le regard qu’elle adresse, sans
pudeur, au visiteur, contraste avec le reste de l’image, plus sombre, voire mélancolique.

                                                        Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                         Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Cycle 2

Expérimenter, produire, créer

Expérimenter les effets des couleurs, des matériaux, des supports... en explorant l’organisation et la composition plastiques.

Agir sur les formes (supports, matériaux, constituants...), sur les couleurs (mélanges, dégradés, contrastes...), sur les matières et les objets : peindre avec
des matières épaisses, fluides, sans dessin préalable; coller, superposer des papiers et des images ; modeler, creuser pour explorer le volume...

Explorer les possibilités d’assemblage ou de modelage (carton, bois, argile...), la rigidité, la souplesse, en tirant parti de gestes connus : modeler, creuser,
pousser, tirer, équilibrer, coller...

                                                            Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
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SALLE 4 / PORTRAITS

Dans cette salle, on découvre l’une des premières œuvres vidéo de l’histoire de l’art, réalisée par Martial Raysse en 1976 (Souriez,
vous êtes Martial Raysse). De plus, différents portraits s’ajoutent à celui du spectateur, capturé par le dispositif vidéo. Portraits
d’artistes, portraits de spectateurs, portraits d’anonymes sont regroupés. Une famille de créatures est constituée dans la salle
d’exposition : du moulage à l’assemblage, de l’image vidéo à la présence réelle.

                                                 Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                  Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Yves Klein

                         PR1, Portrait-relief d'Arman

                         1962 Pigment pur et résine synthétique sur bronze, bois, feuille d'or 175 x 95 x 26 cm

                         Paris, Centre Georges Pompidou, Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle

Cette sculpture est une œuvre emblématique du Nouveau Réalisme. Elle a été réalisée par Yves Klein en 1962, qui a moulé le corps
de son ami Arman, autre artiste du mouvement. Le corps de ce dernier a été moulé jusqu’aux genoux, sa posture est raide, ses
poings sont fermés, tout comme l’expression de son visage. Yves Klein a pris l’empreinte du corps de son ami jusqu’aux genoux.
Puis ces empreintes ont servi de moule, elles ont permis la réalisation d’une sculpture en bronze, extrêmement réaliste. Enfin,
Yves Klein a recouvert le bronze avec sa fameuse peinture : le bleu IKB (International Klein Blue, pour laquelle il a déposé un
brevet en 1960). C’est un bleu outremer très profond, intense, qui absorbe beaucoup la lumière. L’artiste est né à Nice et le bleu de
ciel le fascine, ainsi que la question de l’immatériel. Cet IKB, c’est pour lui un moyen de rendre compte de l’infini.

Yves Klein a moulé les corps de plusieurs de ses amis du groupe des Nouveaux Réalistes. Ce portrait-relief appartient à un
ensemble. Ce n’est pas vraiment une sculpture : c’est un haut-relief. Le fond doré reprend l’une des couleurs-fétiches d’Yves Klein.
Elle confère une aura divine aux personnages représentés, qui accèdent au statut d’icônes ! Avec ce moulage, Yves Klein donne à
voir la réalité physique du corps du modèle, sorte de photographie en trois dimensions. Ce moulage est fixé sur un fond doré, qui
confère au sujet un statut d’idole, qui le glorifie.

                                                            Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                             Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Daniel Spoerri

                                            L'odalisque en morceaux (Faux marché aux puces), 1990

                                             Installation avec de la lumière

                                             Assemblage : Os, caoutchouc, plâtre, bois, papier, métal sur bois, 3 ampoules

                                            121 x 237 x 102 cm

                                             Centre Georges Pompidou, Musée National d’art moderne / Centre de création industrielle

Dans l’histoire de l'Empire ottoman, l’odalisque est une esclave vierge attachée au service des femmes du Sultan (le mot
vient du turc odalik, qui signifie « femme de chambre »). En peinture l’odalisque est un thème très en vogue au 19ème siècle.
Les peintres orientalistes représentent alors des odalisques pour donner un aspect exotique à leur peinture, ils sont
fascinés par ces beautés lointaines.

La femme est ici décomposée, c’est l’accumulation d’objets qui vient former le corps. Celui-ci est suggéré par différents
indices : sa tête (c’est un moulage de la « Noyée de la Seine », dont l’anonymat et le sourire serein sont restés célèbres),
des chapeaux, une cage thoracique, des mains de mannequins en plastique, différents objets de récupération présentés
dans des boîtes. Tout ce bric-à-brac est bien organisé et évoque, par bribes, par juxtaposition, des souvenirs et une
histoire à reconstituer.

Daniel Spoerri a récupéré un squelette humain pour créer la composition de ce tableau en relief. La planche de bois utilisée
comme support de l’œuvre est le plateau d’une table d’orfèvre. Les ondulations de ce morceau de bois peuvent rappeler les
courbes du corps féminin.

                                               Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Niki de Saint-Phalle

                                   Assemblage (figure avec tête-cible), 1962

                                   Grillage, divers objets, plâtre, peinture sur panneau de bois

                                   190 X 80 X 15 cm,

                                   Galerie Vallois, Paris.

Divers objets de récupération (des jouets notamment) ont été rassemblés par l’artiste, et regroupés sur le support afin de donner
forme à un personnage, dont la tête est figurée par une cible. Ce corps en relief, unifié par une couche de plâtre, est présenté sur
un panneau de bois rappelant tout à la fois le contour stylisé d’une maison, et la châsse (le reliquaire chrétien, permettant de
conserver les restes d’un personnage saint). Le pagne et la représentation du personnage, paumes ouvertes et tendues vers le
spectateur, font inéluctablement référence à la figure du Christ. Nous naviguons entre deux univers. Le cœur est ouvert (vide ?), la
présence d’une crâne et de jouets : un aller-retour incessant s’établit entre la vie et la mort, la souffrance et la vertu, le plein et le
vide, le creux et le relief.

Profondément engagée en faveur des droits des femmes (l’artiste a été la victime d’un père incestueux), Niki de Saint-Phalle
invente en 1961 le principe de ses « tableaux-tirs » : elle cache des petits ballons de peinture fraîche dans ses assemblages. Puis
elle tire à la carabine sur son œuvre afin de les faire exploser et mettre en place des dégoulinures de peinture sur la surface
immaculée. Dans cette œuvre, les ballons de peinture, encore présents, n’ont pas été éclatés par les tirs de carabine de l’artiste.
Sous la blancheur de l’ensemble, une couleur potentielle est présente, en latence.

                                                             Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                              Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Classe de Seconde / Arts plastiques (option facultative)

La matérialité

De la matière première à la matérialité de l’œuvre : l’observation de la réalité concrète conduit les élèves à percevoir le rôle de la matérialité dans les effets
sensibles que produit l’œuvre. Par l’expérience, il comprend que l’œuvre est une conséquence de la transformation de la matière et que les pratiques
artistiques mettent en jeu des lieux, des outils, des gestes, des attitudes qui aboutissent à une forme qui fait sens. A travers le traitement de cette question,
on s’attachera plus particulièrement à mettre en évidence la très grande diversité des matières (minérale, organique, sonore, naturelle, artificielle, « noble »,
« triviale », etc.), de leurs origines et des processus de transformation (modelage, collage, assemblage, stratification, empilement, etc.) qui mènent à l’œuvre.

                                                            Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                             Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Salle 5 / LA SALLE A MANGER

A partir de 1959, Daniel Spoerri crée ce qu’il nomme des « tableaux-pièges ». Ces œuvres fixent pour l’éternité un repas, moment
quotidien, rapide, éphémère. Pour le spectateur, la machine à remonter le temps (et le mouvement) se met en route. Dans cette
salle, différentes œuvres d’artistes du Nouveau Réalisme sont regroupées autour du thème du repas, dont plusieurs exemples des
expériences menées par Daniel Spoerri.

                                               Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Daniel Spoerri

                                          Tables bistro de sainte Marthe Milan, 2014

                                          Série de 8 tables pièges

                                          70 X 150 cm

                                          Collection Daniel Spoerri

Qu’est-ce qu’un tableau-piège ?

Au hasard de ses découvertes, Daniel Spoerri effectue une collecte d’objets, qu’il assemble, juxtapose, accumule, met en ordre (ou
en désordre) sur différents supports (sur des tables, dans des tiroirs, etc.). Les objets ainsi fixés et organisés sont en quelque sorte
« piégés » pour l’éternité, stoppés dans leur usage quotidien. Ces « tableaux-pièges » entretiennent un lien particulier avec
l’espace. En effet, c’est par l’opération d’un redressement vertical qu’ils accèdent au statut d’œuvre, alors qu’ils pourraient passer
pour un bric-à-brac s’ils étaient laissés sur un plan horizontal.

Assembler, piéger, explorer, coller, détourner, immortaliser, collectionner : ce sont les mots qui peuvent définir le travail de Daniel
Spoerri. Ces 8 tableaux-pièges œuvres sont constitués des restes de repas pris par des personnes dont nous ignorons l’identité.
L’artiste s’est attaché à rendre compte fidèlement de la table après le passage des convives. Il a minutieusement collé tous les
éléments à leur place, fixant ainsi un instant éphémère.

L’artiste tient des restaurants dans lesquels il organise des repas. Spoerri transforme les tables abandonnées en « tableaux-
pièges ». Ainsi accrochés verticalement, ces tableaux sont des « natures mortes réelles» qui interrogent la fragilité de la frontière
qui sépare l’art de la vie. Daniel Spoerri fixe un instant de vie, il fige les restes de plusieurs repas, dans cette série de 8 tableaux-
pièges. C’est un peu comme s’il voulait arrêter le cours du temps, et prolonger ces moments de convivialité à l’infini.

                                                        Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                         Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Cycle 4 / Arts plastiques

L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur

La présence matérielle de l’œuvre dans l’espace, la présentation de l’œuvre : le rapport d’échelle, l’in situ, les dispositifs de présentation, la dimension
éphémère, l’espace public!; l’exploration des présentations des productions plastiques et des œuvres!; l’architecture.

                                                                  Daniel Spoerri

                                                                  Hommage au jardin d’hiver de la baronne Salomon de Rotschild, 1972

                                                                  Verre, 2 tables de bridge, 4 chaises, bouteilles, assiettes, couteaux, cendriers, photos polaroïd, matériaux
                                                                  organiques : pain, cigarettes, saucisson, restes de déjeuner

                                                                  Surface au sol : 476 X 165 cm

                                                                  Collection Centre National des Arts plastiques, Fonds national d’art contemporain

La même scène semble avoir été jouée 4 fois, sur 4 tables différentes. Nos yeux sont piégés par un dispositif qui joue sur la
symétrie de deux tables au contenu identique mais inversé, et sur le reflet des deux tables dans un grand miroir. Spoerri
immortalise les restes d’un repas en les collant sur les tables, et met en place une sorte de nature morte en 3 dimensions.

L’artiste a figé un moment du quotidien, qui est ainsi théâtralisé. Le spectateur a l’impression d’une mise en scène, mais un repas
a eu bien lieu sur ces tables ! C’est en accompagnant son ami Jean Tinguely chez un marchand de ferraille que Daniel Spoerri

                                                         Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                          Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
conçoit l’idée des tableaux-pièges. Au départ, il commence à fixer des objets épars. Puis il redresse et immortalise des moments
de vie à la verticale, et les accroche au mur. Un tableau est ainsi obtenu, qui piège un instant. Spoerri fixe les objets, dans l’espace
et dans le temps : il entend ainsi réduire l’écart entre l’art et la vie. La poussière qui se dépose sur cette installation depuis sa
création enregistre le temps qui passe.

Cette œuvre est dédiée à Madame de Rotschild, qui léga, au début du 20ème siècle, un hôtel particulier à la création contemporaine
(rue Berryer, à Paris).

Cycle 3 / Arts pastiques

La représentation plastique et les dispositifs de présentation

Les élèves distinguent progressivement ce qui, dans leur désir de reproduire le réel, relève du hasard et ce qui manifeste leurs choix, leur volonté. Afin de
compléter de premières acquisitions techniques, ils sont conduits par le professeur à explorer les possibilités créatives liées à la reproduction ou au travail
en série, ainsi qu’à l’organisation d’images pour sous-tendre un récit ou un témoignage. Poursuivant le travail entrepris en cycle 2, les élèves sont engagés,
chaque fois que possible, à explorer les lieux de présentation de leurs productions plastiques ou d’œuvres, dans l’espace scolaire ou dans des lieux adaptés,
pour saisir l’importance des conditions de présentation dans la réception des productions et des œuvres.

                                                          Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                           Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Salle 6 / LE SUPERMARCHE

Dans les années 1960, c’est la généralisation de la mise en place des supermarchés. De nombreux objets (qui font désormais partie
de notre quotidien) sont accessibles, et une nouvelle société prend son essor : celle de la consommation. C’est une révolution
culturelle qui se met en place, et les artistes du Nouveau Réalisme n’ont de cesse de se pencher sur cette mutation. Ils observent
l’émergence d’un nouveau mode de vie. Ils prennent en compte cette nouvelle réalité et intègrent des objets quotidiens à leurs
œuvres, qui peuvent être envisagées comme de nouvelles natures mortes. On ne se contente plus de représenter des objets, mais
on les présente directement ! Les œuvres exposées dans cette salle sont regroupées car elles travaillent cette question, qui
s’inscrit dans l’héritage direct des ready-mades de Marcel Duchamp, et de l’esprit dadaïste du début du vingtième siècle.

                                                Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                 Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Arman

                                      Le village de grand-mère, 1962

                                      Moulins à café, découpés dans une caisse

                                      140 X 72 X 12 cm

                                      Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice

Arman a connu plusieurs phases artistiques dans sa carrière : le village de grand-Mère fait partie de la série des Coupes. Arman
tranche verticalement les moulins à café et les dispose sur un fond rouge encadré, selon un agencement qui ne doit rien au hasard.
Il s’agit d’un jeu sur le relief qui possède un rythme visuel propre comme une partition musicale avec ses lignes et ses notes. Une
fois encore, c’est l’accumulation qui donne sa force, son impact à l’assemblage. C’est en démultipliant son motif qu’Arman lui
confère sa puissance visuelle.

En 1962, Arman a accumulé 40 anciens moulins à café mécaniques comme ceux que l’on pouvait trouver chez nos grands-mères et
qui n’existent à présent que chez les brocanteurs. A l’époque, il s’agit d’un objet de la vie quotidienne, très répandu, et utilisé pour
moudre le café. L’artiste explique sa démarche : « Je crois que dans le désir d’accumuler, il y a un besoin de sécurité, et dans la
destruction, la coupe, se trouve la volonté d’arrêter le temps. »

                                                         Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                          Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
Cycle 4 / Histoire des arts

Les arts à l’ère de la consommation de masse
(de 1945 à nos jours)

Réalismes et abstractions : les arts face à la réalité contemporaine.

                                                                          Gérard Deschamps

                                                                          Pilot Ink, 1961-1964

                                                                          Tissus publicitaires japonais assemblés sur châssis

                                                                          182 X 2016 cm

                                                                          Collection Musée National d’Art Moderne, Paris

Après une rencontre avec Raymond Hains, Gérard Deschamps expose quelques unes de ses peintures à Paris, en 1955. Puis,
rapidement, il associe des matériaux de la vie quotidienne à la matière picturale : chiffons, dentelles, brosses à ongles, qui viennent
constituer la base d’un vocabulaire expressif varié et coloré. Il évacue peu à peu objets et peinture pour ne conserver que les
chiffons, les bâches, et des plaques de blindages (ces dernières sont utilisées pour faire référence à son expérience lors de la
guerre d’Algérie). En 1961, il rejoint le groupe des Nouveaux Réalistes, et travaille à partir de tissus japonais. Ses œuvres sont
colorées, exubérantes. Dans les années 1960 et 1970, il utilise également des toiles à matelas et des tissus d’ameublement. A

                                                           Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission
                                                            Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées – Janvier 2017
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