Bilan de campagne colza 2017-2018 : Auvergne- Rho ne-Alpes - Terres Inovia
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Bilan de campagne colza 2017-2018 : Auvergne- Rhone-Alpes Augmentation des surfaces report sur la campagne 2017-2018 d’une partie des intentions de semis non concrétisées sur certains de colza sur la région. secteurs pour la campagne 2016-2017, en raison L’Allier, l’Ain et l’Isère en de conditions d’implantations difficiles. tête. Rendements légèrement en Pour la deuxième année consécutive, les surfaces retrait en 2018 de colzas affichent une progression notable en Les premiers chantiers de récoltes ont pu démarrer région Auvergne-Rhône-Alpes. Avec 45 000 ha en à partir du 20 juin à la faveur de températures 2018, la sole colza enregistre une augmentation de élevées en fin de cycle qui ont accéléré la maturité. 12% par rapport à 2017 (5 000 ha supplémentaire), et de 23% par rapport à la moyenne des 3 Les rendements 2018 sont en retrait par rapport à dernières années : 2015 à 2017. ceux connus au cours des deux dernières campagnes, et notamment à ceux de 2017 qui se Comme l’an passé, l’évolution des surfaces la plus situaient à environ 36 q/ha de moyenne (données marquée se situe en Rhône-Alpes avec 16% Agreste). Toutefois, ces rendements sont à un d’augmentation, contre 7,5% d’augmentation en niveau moyen pour la région, si l’on regarde un Auvergne par rapport à la campagne précédente. peu plus loin en arrière. Parmi les 3 principaux départements producteurs Une grande partie des parcelles se situent entre de colza, on retrouve l’Allier avec 14 500 ha, ainsi 28 et 35 q/ha que l’Ain et l’Isère à 9 400 ha. Le graphique (figure Les secteurs auvergnats et rhônalpins affichent des 1) représente l’évolution des surfaces de colzas niveaux de rendements proches, estimés en pour chaque département, au cours des 11 moyenne à 29 q/ha en Auvergne et légèrement dernières années. supérieurs en Rhône-Alpes avec 32 q/ha Les parcelles les plus impactés par les aléas climatiques Cette hausse des surfaces est à mettre en lien avec caractérisées par des excès d’eau en hiver, se le niveau très élevé des rendements colzas obtenus situent dans l’ensemble autour des 20 voire 25 au cours des deux dernières années. Par ailleurs, q/ha. Les parcelles à fort potentiel, comme les on peut également attribuer cette hausse à un terres noires de Limagne peuvent atteindre 45 q/ha. Figure 1 : Evolution sur 11 ans des surfaces départementales de colza en Auvergne-Rhône-Alpes. Arnaud Micheneau - Terres Inovia SUD - Bilan de campagne colza 2017-2018 - Auvergne-Rhône-Alpes – p1/8
Phase automnale Adultes de grosse altise : Les premières captures significatives de grosses altises adultes ont été Les graphiques météorologiques complets pour enregistrées autour du 22/09, suite à une chute Ambérieu (01), Etoile/Rhône (26), Clermont- des températures au 05/09, suivi d’une remontée Ferrand (63) et Vichy (03) sont présentés en annexe des températures maximales au-dessus de 20°C, le p 7 et 8. 21/09 (figure 2). Des conditions de semis favorables Globalement à l’échelle régionale, les semis ont éré réalisés dans de bonnes conditions. Si certains secteurs ont bénéficié de pluies efficaces dès le 17/08, c’est bien l’épisode pluvieux survenu autour du 30/08 qui a permis de faire lever la majorité des parcelles. Les situations semées après cette pluie ont connu des levées plus tardives comme dans le nord du Puy-de-Dôme, exposant le colza aux Figure 2 : Evolution des températures, déclenchant le vol de attaques de la grosse altise adulte. Dans d’autres grosses altises. situations, très peu arrosées comme la moitié sud de la Drôme, les conditions très sèches malgré une A cette date, les stades de développement des seconde pluie au 10/09 ont rendu les semis colzas sont très hétérogènes selon les parcelles, et compliqués avec plusieurs cas d’échecs. Sur ce vont du stade cotylédon à 7 feuilles. secteur, de nombreuses préparations de sol ont Si les parcelles les plus développées ont alors pu été trop tardives, contribuant à assécher éviter un traitement insecticide, les autres ont davantage les sols. généralement été protégés et les dégâts sont restés limités. Malgré un mois d’octobre très sec, la croissance de Les attaques les plus fortes ont été enregistrées sur colzas issus des semis de fin août et tout début les parcelles les plus tardives qui ont subi les septembre, a été régulière jusqu’à l’entrée hiver. attaques du ravageur du stade cotylédon à 4 Les colzas issus des semis plus tardifs ont bénéficié feuilles. Dans plusieurs parcelles du nord 63 et sud quant à eux, de températures clémentes jusqu’en 03, les colzas exposés à ces attaques ont dû faire décembre pour combler une partie de leur retard, l’objet de plusieurs interventions insecticides. dès lors que les plantes n’ont pas été trop Certaines interventions, à base de pyréthrinoïdes touchées par les attaques d’altises adultes. conduisant à des échecs, ont alors fait suspecter un Bilan ravageurs risque de résistance (les résultats des analyses réalisées sur larves sont présentés dans la suite du Limaces : quelques attaques de limaces sont document). Ces parcelles accusaient alors un signalées sur la moitié nord Rhône-Alpes, retard lors de l’entrée dans l’hiver, et une plus globalement plus arrosée en août et septembre forte sensibilité aux larves de grosses altises et CBT que le reste de la région. Ces attaques faibles à (Charançon du Bourgeon Terminal). modérées sont surtout signalées avec le retour des pluies de la mi-septembre. Les colzas commencent Larve de grosse altise : la pression de larves de alors à sortir de la phase de sensibilité, et, à grosses altises, évaluée en entrée hiver, faisait état l’exception de quelques cas, on ne note pas de d’un niveau très faible en Rhône-Alpes. Sur ce véritable nuisibilité. Ailleurs, on enregistre très peu secteur, on dénombre alors 25% de parcelles avec de signalement, avec des niveaux d’attaque très présence de larves, et ce, sur seulement 1 à 5% des faibles. plantes. En Auvergne, la situation est plus contrastée. Si Petite altise : concernant la petite altise, là encore 80% des parcelles signalent des larves, moins de 33 quelques signalements, mais un niveau de pression % d’entre elles atteignent le seuil de risque, c’est- n’entrainant pas de risques pour la culture. à-dire plus de 80% de plantes touchées. Or, ces Arnaud Micheneau - Terres Inovia SUD - Bilan de campagne colza 2017-2018 - Auvergne-Rhône-Alpes – p2/8
parcelles les plus touchées, présentent de faibles Pucerons verts : les pucerons verts ont été peu biomasses, et donc un risque important de dégâts. observés jusqu’à 6 feuilles du colza, période durant laquelle la plante est la plus sujette aux transmissions de virose TuYV. On note cependant plus tardivement, autour de la mi-octobre, des infestations importantes sur certaines parcelles allant jusqu’à 80% de plantes porteuses. Les analyses réalisées ensuite au printemps sur les essais variétés du réseau post-inscription de Terres Inovia et ses partenaires, indiquent un taux élevé de plantes contaminées par le TuYV, soit plus de 80% de plantes avec virose dans 3 situations sur 4, Figure 3 : Relation entre la biomasse du colza entrée hiver et le avec des charges virales importantes. pourcentage de plantes avec galeries de larves de grosses altises Un hiver les pieds dans l’eau Charançon du bourgeon terminal : très peu Les cumuls de pluies enregistrés dans les présent en Rhône-Alpes (figure 4), le charançon du principaux bassins producteurs de colzas, sont bourgeon terminal, a été davantage observé en supérieurs aux normales, de l’ordre de 30%. Par Auvergne avec un vol s’étalant sur 4 semaines conséquent, dans de nombreuses parcelles connaissant un pic autour du 15 octobre (figure 5). principalement hydromorphes, les sols engorgés n’ont pas été en capacité de drainer les pluies. Les colzas se sont alors retrouvés en situation d’asphyxie racinaire (figure 6). Ce phénomène s’étalant sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, a provoqué le pourrissement des racines, pénalisant fortement l’alimentation des plantes durant la phase printanière. Dans les cas les plus graves, les plantes ont disparu. Figure 4 : Dynamique pluriannuelle de piégeage du charançon du bourgeon terminal dans le réseau BSV Colza Rhône-Alpes / cuvette (avec valeurs nulles) Figure 6 Disparition de pied de colza par asphyxie racinaire à Saint-Pourçain sur Sioule (03) Les températures sont quant à elles, supérieures aux normales sur les mois de décembre et janvier. Figure 5 : Dynamique pluriannuelle de piégeage du charançon Par conséquent l’arrêt de végétation n’est pas du bourgeon terminal dans le réseau BSV Colza Auvergne / cuvette (avec valeurs nulles) clairement marqué et rares sont les pertes de biomasse liées au gel des feuilles. On peut en revanche constater quelques cas de rupture d’alimentation azotée. Arnaud Micheneau - Terres Inovia SUD - Bilan de campagne colza 2017-2018 - Auvergne-Rhône-Alpes – p3/8
Une reprise difficile d’atteindre le cœur de la plante et de le détruire. Habituellement à cette époque le colza est en Après un premier froid marqué début février, les phase de montaison rendant alors le bourgeon parcelles entrent en reprise de végétation, et terminal inaccessible aux larves. débutent la montaison pour les variétés les plus Par ailleurs, cet épisode de gel a conduit à la perte précoces à la reprise. Cette reprise de végétation de feuilles qui n’avaient pas gelé plus tôt dans est alors stoppée fin février par un fort épisode de l’hiver, privant ainsi le colza de ses réserves d’azote gel. pour reprendre la montaison début mars et se Suite de cet épisode de froid, des destructions du défendre face aux ravageurs. bourgeon terminal par des larves d’altises mais Les plantes touchées repartent alors par les aussi de CBT (figure 7) sont signalées pour une bourgeons axillaires, donnant des plantes à port majorité de parcelles du Puy de Dôme, du sud buissonnant, bien moins productives. Allier et localement de l’Isère. Dans la majorité des cas, les dégâts concernent Pyréthrinoïdes en échec sur adultes et larves de moins de 30% des plantes, soit un impact pas ou grosse altise : 3 sites auvergnats analysés peu préjudiciable dès lors que le système racinaire Face à plusieurs cas d’échecs des traitements est correctement développé. Certaines parcelles, insecticides à base de pyréthrinoïdes sur les alises plus touchées n’ont pas pu compenser, et affichent adultes, mentionnés précédemment, et également un rendement final à 20-25 q/ha soit une perte de sur les larves d’altises, des analyses de résistance rendement de 15 q/ha par ont été réalisés sur 3 sites auvergnats (figure 8). rapport aux rendements Résultats : Les analyses réalisées mettent en habituels sur ces parcelles. évidence une proportion importante, soit 85% des Dans quelques situations individus sur chaque échantillon, résistants extrêmes c’est l’ensemble homozygotes Résistant-Résistant (RR) aux de la parcelle qui est pyréthrinoïdes. Les individus hétérozygotes concernée et le Résistant-Sensible (RS) qui représentent environ retournement est à 10% de chaque échantillon, sont sensibles aux envisager. pyréthrinoïdes (allèle sensible dominant), mais Figure 7 : Destruction du bourgeon terminal par les larves de peuvent transmettre le gène de résistance (R) à grosses altises (photo Terres Inovia) leur descendance. Le principal mécanisme en jeu sur ces analyses, appelé kdr, correspond à une Les dégâts observés ne sont pas uniquement liés à résistance d’un niveau moyen par détoxification. la présence de larves, mais également aux La résistance par mutation de cible, dite super-kdr, conditions climatiques de toute la phase est quant à elle mise en évidence chez un individu hivernale. issu d’un échantillon prélevé à Dallet (63). Le En effet, en l’absence de véritable gel en décembre mécanisme de résistance par mutation de cible et février, les larves ont progressé des pétioles vers confère un niveau de résistance supérieur à celui les cœurs, mais sans causer de dégâts du fait de la obtenu par détoxification. bonne croissance des plantes à l’automne. Les galeries creusées par les larves ont par la suite grandement fragilisé les plantes au gel. L’arrêt de végétation très tardif, a permis aux larves Figure 8 : Résultats d'analyse de résistance des larves de grosses altises aux pyréthrinoïdes. Arnaud Micheneau - Terres Inovia SUD - Bilan de campagne colza 2017-2018 - Auvergne-Rhône-Alpes – p4/8
Phase printanière A la suite d’une sortie d’hiver compliquée pour une part importante des parcelles, le printemps offre au colza des conditions globalement favorables pour exprimer ses capacités de compensation là où des dégâts ont eu lieu. Néanmoins, les colzas n’ont pas été en mesure de compenser les pertes déjà irréversibles, dans les situations marquées par un enracinement limitant : suite à un défaut à l’implantation ou à une asphyxie racinaire. La floraison a été plutôt rapide du fait des températures élevées au mois d’avril, qui conditionnent la cinétique d’émission des fleurs. Figure 9 : Comparaison entre le quotient photo-thermique durant la phase de floraison 2018 et celui de la moyenne pluri- Plus la température est élevée, plus le nombre de annuelle, exprimée en %. fleurs émises augmente, et une concurrence se crée entre les fleurs pour accéder aux assimilats qui permettront la transformation des fleurs en siliques. Ces assimilats sont produits par photosynthèse et donc directement liés au rayonnement sur la parcelle. Le quotient photo- thermique permet alors d’exprimer ce rapport entre le rayonnement (production d’assimilats) par rapport à la température (production de fleurs). Un rayonnement limitant à la floraison. Au cours de la floraison de la campagne 2018, la hausse des températures n’a pas été accompagnée par une augmentation du rayonnement, ce qui a alors occasionné des avortements. Sur l’ensemble de la floraison, le quotient photo-thermique est inférieur à la moyenne pluri-annuelle de l’ordre de Figure 10 : Comparaison entre le quotient photo-thermique -5% (nord Allier) jusqu’’à -20% pour les principaux durant les 15 premiers jours de floraison 2018 et celui de la bassins producteurs de de colza (figure 9). moyenne pluri-annuelle, exprimée en %. Sur les 15 premiers jours de la floraison, le manque de rayonnement par rapport aux températures est encore plus marqué (figure 10). En effet, le quotient est inférieur à la moyenne pluri annuelle de l’ordre de -20% à -25% sur l’ensemble des bassins de production. Températures très élevées en juin Après un mois de mai très arrosé, les températures se sont montrées particulièrement élevées en juin. La fin du remplissage des grains a alors pu se retrouver pénalisé. Arnaud Micheneau - Terres Inovia SUD - Bilan de campagne colza 2017-2018 - Auvergne-Rhône-Alpes – p5/8
Bilan ravageurs Bilan maladies Charançon de la tige du colza - Le vol de Sclérotinia – Avéré sur l’ensemble des bassins charançon de la tige du colza a débuté autour du producteurs de colza de la région, le risque sclérotinia 10 mars et les interventions insecticides ont pu a été bien maîtrisé. L’application d’un fongicide à la être correctement positionnées. chute des premiers pétales a permis d’éviter On ne constate pas de dégâts sur les parcelles, l’expression de la maladie, malgré des conditions malgré quelques confusions sur le terrain entre des humides favorables. Cette protection a également symptômes de déformation des tiges lié à l’insecte, permis d’éviter les attaques d’oïdium, bien que et aux déformations passagères liées à la quelques symptômes soit apparus en toute fin de croissance rapide de la plante. cycle. Méligèthe : La pression méligèthes est restée On note l’apparition en fin de cycle d’un certain discrète cette année encore. Cet insecte a été nombre de maladies sur cycle dont l’alternaria ou observé sur l’ensemble des parcelles sans pour encore mycosphaerella. autant représenter un risque. Faible pression également du puceron cendré et du charançon des siliques. On constate quelques siliques avec présence de larves de cécidomyies mais sans impact sur le rendement. Arnaud Micheneau - Terres Inovia SUD - Bilan de campagne colza 2017-2018 - Auvergne-Rhône-Alpes – p6/8
Annexe : Bilan meteorologique Arnaud Micheneau - Terres Inovia SUD - Bilan de campagne colza 2017-2018 - Auvergne-Rhône-Alpes – p7/8
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