Colza : Bilan de campagne 2017-2018 Région Centre-Val de Loire - Terres Inovia
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Colza : Bilan de campagne 2017-2018 Région Centre-Val de Loire 07 août 2018 Julien CHARBONNAUD – 270 Avenue de la pomme de pin – 45160 Ardon j.charbonnaud@terresinovia.fr En collaboration avec Véronique Quartier et Jean-Claude Lacotte La fourchette des rendements est très vaste car elle démarre à quelques quintaux pour atteindre 50 q/ha. La moyenne régionale devrait atteindre cependant les 30 q/ha grâce à la surface importante de l’Eure-et-Loir – 1/3 des surfaces – où le rendement moyen devrait y dépasser 37 q/ha. Sur 30 ans, ce rendement de 30 q/ha est parmi les 10 plus mauvaises années ! Comment expliquer une si grande variabilité entre les parcelles quels que soient les départements où les moins de 20 q/ha côtoient les proches de 50 q/ha ? Au cours de ce document, on balaiera l’ensemble des éléments favorables ou défavorables à l’expression du potentiel. Mais l’élément majeur est la capacité des sols à permettre une évacuation rapide des eaux de pluie très présentes lors de l’hiver et le début du printemps. Les sols ont été à la capacité au champ de décembre à début avril avec un impact fort sur le fonctionnement racinaire ainsi que celui du sol. Beaucoup d’éléments explicatifs peuvent s’ajouter cette année : l’impact du gel sur certaines plantes plus ou moins élonguées, l’absence de gestion de certains ravageurs comme les larves d’altises, le charançon de la tige. Mis à part l’excès d’eau, les autres paramètres climatiques étaient souvent proches de la normale. Pour preuve, une parcelle où seul le colza était encore présent sur les drains atteint les 34 q/ha en moyenne. Pour illustrer ce bilan de campagne 2018, une sélection de stations météorologiques et d’illustrations a été réalisée. Vous pouvez retrouver plus d’éléments dans les diaporamas Bilan Colza et Bilan BSV accessibles avec les liens ci-joints : - Bilan de campagne colza 2017-2018 Centre-Val de Loire en illustrations - Bilan BSV campagne colza 2017-2018 Centre-Val de Loire Ce bilan de campagne utilise les données mises à disposition par de nombreux partenaires régionaux, notamment par le groupe DIA colza Centre-Val de Loire ainsi que les observateurs BSV Centre-Val de Loire, que je remercie.
Caractéristiques de la campagne Après une chute importante des surfaces lors de La carte ci-dessous propose une première la campagne 2016-2017 de près de 14 % suite estimation des rendements à l’échelle aux conditions climatiques d’implantation départementale. On remarque des niveaux de difficiles, les surfaces emblavées regagnent plus rendements élevés à très élevés dans tous les de 9 % sans atteindre les surfaces de 2016. départements mais les moyennes sont quant à elles en dessous de 4 à 5 q de la moyenne 350000 décennales sauf pour l’Eure-et-Loir. Surface (ha) 300000 250000 200000 150000 100000 50000 0 Figure 1: Evolution des surfaces en Région Centre-Val de Loire depuis 1979 (Agreste – juillet 2018) Figure 3 : Estimation des rendements moyens et des Si depuis 6 ans maintenant, l’Eure-et-Loir flirte minimums, maximums dans les départements de la région Centre-Val de Loire (Partenaires – août 2018) avec les 90 000 ha – premier département français – les autres départements ont vu leurs ➢ Automne – Hiver 2017 surfaces fortement baisser après la campagne 2012. Depuis 2016, Indre & Cher les deux • Des dates de semis toujours départements leaders de la région au début des présentes sur septembre années 2000 –se retrouvent à présent derrière L’enjeu d’une date de semis précoce pour le Loir-et-Cher qui prend la deuxième place à esquiver les problèmes parasitaires, notamment l’échelle régionale. Le Cher qui avait subi la plus les dégâts d’altises d’hiver adultes de fin forte baisse est à présent le dernier septembre, est désormais bien connu. département de production de la région Centre- Cependant, on observe toujours entre 20 et 30 Val de Loire après une course en tête pendant % de semis réalisés, selon les années, après le plus de 20 ans – 1980-2002. 1er septembre. Cette année au sein des semis du mois d’août, 18 - Cher 28 - Eure-et-Loir 36 - Indre il y a 2 groupes, les semis avant les pluies de la mi-août qui ont été réussis et ceux qui ont 37 - Indre-et-Loire 41 - Loir-et-Cher 45 - Loiret attendu les pluies, donc semés après. Dans ce 100000 dernier cas, les conditions de levées ont été plus 90000 aléatoires notamment dans les sols argileux, ce 80000 qui n’a pas été sans problème pour la suite vis- Surface en ha 70000 à-vis des ravageurs. 60000 100 Année à 50000 élongation 40000 80 Pourcentage des semis réalisés avant le 01/09 30000 20000 60 40 20 Figure 2 : Evolution des surfaces par département pour la Région Centre-Val de Loire (Agreste – juil. 2018) 0 Figure 4 : Parcelles semées avant le 1er septembre depuis 1996 – Réseau DIA Colza Centre-Val de Loire Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 2/13
Par rapport à la campagne passée, les cumuls EURE-ET-LOIR CHER INDRE de pluie (Figure 5) pendant la période INDRE-ET-LOIRE LOIR-ET-CHER LOIRET d’implantation montrent une pluviométrie entre 60 Pluie en 30 et 200 mm à la fois en juillet et août contre 50 mm des valeurs presque nulles lors de l’été 2016. 40 On remarque cependant une forte hétérogénéité pouvant compliquer les levées notamment dans 30 les sols argileux. 20 10 0 D1 D2 D3 D1 D2 D3 D1 D2 D3 juillet août septembre Figure 6 : Pluviométrie 2017 – stations départementales (Source Météo-France) • Des températures normales Le cumul de températures tout au long de l’automne classe cette campagne sur la normale. On observe cependant une première phase avant la mi-octobre, légèrement en dessous de la normale, mais compensée par des températures plus élevées jusqu’à début novembre. Les températures plus chaudes du 20 septembre au 30 octobre, mis à part quelques jours plus froids fin septembre, ont permis une évolution rapide des larves d’altises (cf. partie ravageurs). Aut 2010 mini Aut 2011 maxi Aut 2015 Aut 2016 Aut 2017 Moyenne 1997-2016 Température moyenne °C Base 0 1600 Figure 5 : Cartes des précipitations pendant les phases d’implantation (source Météo France) 1400 1200 1000 Une analyse par décade sur les principaux 800 postes météorologiques de la région met encore 600 plus en évidence les écarts dans notamment la 400 période clé semis-levée. 200 Si les quantités d’eau sont proches lors de la 1ère 0 décade d’août, les écarts se creusent sur la deuxième, les cumuls ne dépassant pas les 10 mm hormis pour le Loiret et l’Eure-et-Loir. La troisième décade d’août fournissant Figure 7 : Cumul des températures pendant la période historiquement les pluies pour permettre les automnale dans l’Indre-et-Loire levées confirme une année de plus la (Tours - Source Météo-France) modification des périodes de pluies. En effet, l’Indre et le Loir-et-Cher sont proches de zéro, le Cher, l’Indre-et-Loire et le Loiret enregistrent autour de 10 mm, seul l’Eure-et-Loir est plus arrosé. Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 3/13
Des biomasses correctes • L’hiver peu rigoureux avant l’épisode de gel Les conditions climatiques automnales ont été intense de fin février n’a pas occasionné de favorables à la croissance jusqu’à fin novembre. perte de feuilles importante (biomasses Comme tous les ans, on observe une variabilité mesurées entre fin janvier et mi-février). des biomasses en lien avec la date de levée, le Moyenne Médiane type de sol et la disponibilité en azote. 2000 1er Quartile 3ème Quartile 18 1500 Biomasse (g/m²) Fréquence des parcelles (%) 16 En Novembre - Décembre 2017 14 Biomasse moyenne sur 390 1000 parcelles : 1440 g/m² 12 10 500 8 6 206 415 195 222 330 371 320 555 387 136 541 567 435 451 153 131 132 296 0 4 Print 2001 Print 2002 Print 2003 Print 2004 Print 2005 Print 2006 Print 2007 Print 2008 Print 2009 Print 2010 Print 2011 Print 2012 Print 2013 Print 2014 Print 2015 Print 2016 Print 2017 Print 2018 2 0 Figure 10 : Biomasse moyenne sortie hiver en région Centre-Val de Loire (Eure et Ile de France avant 2015) Biomasse entrée hiver (g/m²) En moyenne, on observe une perte de Figure 8 : Biomasse entrée hiver en Région Centre-Val de Loire biomasse. Certaines parcelles ont néanmoins profité de l’hiver pour poursuivre leur croissance. Les pluies estivales ont été propices à la minéralisation, ce qui conduit à l’obtention d’une Biomasse Sortie Hiver (g/m²) 4000 biomasse moyenne régionale parmi les plus élevées depuis 2000. 3500 3000 3000 Moyenne Médiane 2500 Biomasse (g/m²) 2500 1er Quartile 2000 3ème Quartile 2000 1500 y = 0,8678x R² = 0,5426 1500 1000 500 1000 0 500 0 1000 2000 3000 4000 92 115 371 313 62 360 631 380 337 248 378 833 255 299 307 275 183 389 0 Biomasse Entrée Hiver (g/m²) Aut 2000 Aut 2001 Aut 2002 Aut 2003 Aut 2004 Aut 2005 Aut 2006 Aut 2007 Aut 2008 Aut 2009 Aut 2010 Aut 2011 Aut 2012 Aut 2013 Aut 2014 Aut 2015 Aut 2016 Aut 2017 Figure 11 : Evolution de la biomasse pendant l’hiver 2017-2018 en région Centre-Val de Loire Figure 9 : Biomasse moyenne entrée hiver en région Centre-Val de Loire (Eure et Ile de France avant 2015) Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 4/13
➢ Printemps 2018 • Mise en place du couvert pour la floraison A floraison, la biomasse mise en place peut être • Températures plutôt chaudes considérée comme limitante dans de Sans atteindre les températures de 2007, la nombreuses situations, peu de parcelles campagne 2018 est régulièrement au-dessus de dépassent une valeur de 5 kg/m². Ceci peut être la normale : dès le mois de janvier, puis à partir un élément illustrateur d’un dysfonctionnement de début avril jusqu’à la récolte. A partir de du couvert lié aux conditions climatiques début mars, la campagne 2018 ressemble excessivement humides malgré des fortement à la campagne 2017. températures plutôt favorables. 2400 Température moyenne °C Base 0 2200 2018 50 2000 2017 1800 Print 2013 mini 40 CA28 Rendement (q/ha) 1600 Print 2007 maxi 1400 Moyenne 1997-2016 1200 30 1000 2008-2016 800 20 2016 600 2017 400 2018 200 10 Parcelles 2018 Berry 0 majoritaires 0 0 2 4 6 8 10 12 Biomasse verte à F1-G1 (kg/m²) Figure 12 : Cumul des températures moyennes pour le Figure 14 : Biomasse F1-G1 et Rendement – Réseau Cher (Bourges - Source Météo-France) Observatoire Centre + Réseau DIA Colza Centre-Val de Loire (4 kg/m² : seuil minimal ; 6 kg/m² : seuil optimal) Le suivi de croissance permet de façon pluriannuelle de caractériser le redémarrage de • Les conditions de mise en place des végétation. La parcelle 2018-2 indique un siliques redémarrage rapide de la croissance à partir de Les fortes températures observées au mois début mars. Elle cumule le retour des d’avril sont défavorables à un bon rapport températures au-dessus de la normale ainsi rayonnement/température (RGi/T), la plante qu’un type de sol limoneux plus favorable à la produisant trop de fleurs par rapport au reprise en sortie d’hiver. Il faudra attendre 2 à rayonnement disponible pour les transformer en 3 semaines pour la deuxième (2018-1) de type siliques. Selon les stations météorologiques, les argilo-calcaire. valeurs sont souvent en dessous des valeurs les plus basses depuis 20 ans et ce jusqu’à début 8 2013 2014 mai. L’indicateur s’améliore ensuite. Les 2015 2016 floraisons tardives peuvent donc être Biomasse fraiche en kg/m² 7 6 2017 2018-1 avantagées, hypothèse que certains résultats en 2018-2 parcelles agricoles semblent confirmer. 5 4 2016 12 000 2017 3 Cumul Rgi / T (J/cm²/°C) 2018 2 10 000 Moyenne 1997-2016 Print 1998 mini 1 Print 2013 maxi 8 000 0 Sem 24 Sem 40 Sem 42 Sem 44 Sem 46 Sem 48 Sem 50 Sem 52 Sem 2 Sem 4 Sem 6 Sem 8 Sem 10 Sem 12 Sem 14 Sem 16 Sem 18 Sem 20 Sem 22 Sem 26 6 000 4 000 n° Semaine 2 000 Figure 13 : Suivi de biomasse dans le temps (Subdray – Cher) 0 Figure 15 : Cumul de l’indice rayonnement/température pendant la période de floraison (Source Météo-France – Chartres - 28) Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 5/13
Tous les autres facteurs limitants déjà présents, La distribution du nombre de siliques confirme parfois depuis l’implantation, ont été fortement des conditions de mise en place plus difficiles amplifiés par ce phénomène. comparées aux 2 dernières années, même si en On observe toutefois des différences entre les colza, un seul élément ne peut préjuger du postes météorologiques étudiés. En effet, le résultat final. déficit a été plus marqué sur Chartres que sur 45 2016 - 83 parcelles Bourges au mois de mai. 40 2017 - 79 parcelles 200 Fréquence des parcelles 35 2018 - 59 parcelles RU 50 mm RU 100 mm RU 150 mm 30 150 Quantité d'eau (mm) 25 20 15 100 10 5 50 0 0 29/11 13/5 1/8 16/8 31/8 15/9 30/9 15/10 30/10 14/11 14/12 29/12 13/1 28/1 12/2 27/2 14/3 29/3 13/4 28/4 28/5 12/6 27/6 Nombre de siliques par m² Figure 18 : Etat de la réserve hydrique - RU 50, 100, 150 Figure 16 : Distribution du nombre de siliques/m² mm (Source Météo-France - Chartres – Eure-et-Loir) Réseau Partenaires DIA Centre-Val de Loire 200 Avec les données disponibles au moment de la RU 50 mm RU 100 mm RU 150 mm rédaction, l’analyse pluriannuelle confirme un 150 Quantité d'eau (mm) nombre de siliques par m² proche de 6000 contre près de 7000 les années passées. 100 Moyenne Mediane 10000 1er Quartile 3eme Quartile 50 Nombre de siliques / m² 9000 0 15/… 30/… 14/… 29/… 14/… 29/… 1/8 16/8 31/8 15/9 30/9 13/1 28/1 12/2 27/2 14/3 29/3 13/4 28/4 13/5 28/5 12/6 27/6 8000 7000 Figure 19 : Etat de la réserve hydrique - RU 50, 100, 150 mm (Source Météo-France - Bourges – Cher) 6000 L’analyse du bilan hydrique vis-à-vis de 5000 Nombre de parcelles l’allongement de la silique (nombre de graines) 4000 37 78 33 49 59 80 77 84 91 73 70 91 90 92 98 104 99 82 92 89 83 79 59 et la mise en place du PMG montre que pour les sols les plus superficiels, le déficit hydrique a pu impacter cette composante. Le retour des pluies parfois un peu tardif a pu aussi limiter le Figure 17 : Distribution du nombre de siliques/m² PMG surtout si la plante cumulait déjà d’autres Réseau Partenaires DIA Centre-Val de Loire facteurs limitants. 700 Un élément majeur d’explication de la 600 campagne se trouve dans les graphiques ci- 500 dessous. Quel que soit le type de sol, on en mm 400 remarque que la réserve utile est pleine jusqu’à 300 début avril. Cet excès d’eau a pour conséquence 200 de détériorer le système racinaire du colza mais Stade G1 100 aussi de limiter fortement la vie du sol, l’eau 0 prenant tout l’espace. Par la suite, une demande climatique très forte Mars Avril Mai Juin Cumul Besoins (K x ETP) a conduit en quelques jours la réserve utile du Cumul disponibilité en eau - RU 50 mm sol à zéro pour les parcelles les plus Cumul disponibilité en eau - RU 100 mm Cumul disponibilité en eau - RU 150 mm superficielles. Ceci s’est accompagné de fortes Dynamique schématique type de croissance de la silique chaleurs, en pleine période de floraison. Dynamique schématique type de croissance la graine Figure 20 : Bilan hydrique 2016 - RU 50, 100, 150 mm (Source Météo-France – Tours - 37) Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 6/13
• Les conditions de remplissage L’analyse des nombres graines confirme le La fourniture d’énergie lumineuse à la silique nombre de siliques faibles non compensé par un n’est pas un facteur limitant cette campagne. nombre de graines par siliques plus important. Les valeurs sont proches, voire au-dessus, de la Enfin, le PMG ne permet pas de compenser ou normale. Au regard des valeurs de PMG qui peu le déficit des autres composantes seront étudiées plus loin, la silique n’a pas pu conduisant à un niveau de rendement plus mettre à profit cette énergie pour compenser les faible. autres composantes. 2014 60 2015 2016 140000 2016 50 2017 2017 2018 Rendement (q/ha) 2018 Tendance 96 - 17 120000 40 Moyenne 1997-2016 Print 2016 mini Rayonnement (J/cm²) 100000 Print 2008 maxi 30 80000 20 60000 10 0 40000 0 20000 40000 60000 80000 100000 120000 20000 Nombre de graines / m² Figure 23 : Relation rendement et nombre de 0 graines/m² - Réseau Partenaires DIA Centre-Val de 1/5 8/5 15/5 22/5 29/5 5/6 12/6 19/6 26/6 Loire Figure 21 : Conditions de rayonnement pour l’Eure-et-Loir (Chartres - Source Météo-France) Le PMG moyen du réseau DIA Colza Centre-Val de Loire est inférieur à la moyenne depuis 2000 Le rayonnement est au-dessus de la normale mais sans être l’année la plus faible. pour l’ensemble de la région. La plante n’a pas compensé les autres composantes déficitaires. Hormis les accidents de cultures et notamment certains ravageurs, le dysfonctionnement du système racinaire est un des premiers éléments explicatifs. Le dessèchement précoce de certaines parcelles en est la preuve. Les études anciennes avaient mis en évidence la relation entre la qualité de l’enracinement et le pourcentage de pieds secs. Si lors de ces études, la longueur du pivot pouvait s’expliquer par les qualités d’implantation, cette campagne le phénomène de pieds secs est plutôt lié à la dégradation du pivot et du système racinaire secondaire suite à l’excès d’eau. 7 Moyenne Médiane 1er Quartile 3ème Quartile 6 5 PMG 9 % 4 Figure 22 : Carte de rayonnement mai-juin 2018 3 par rapport à la normale 2 Nombre de parcelles 1 62 54 72 78 65 75 76 77 82 88 84 85 83 68 78 76 70 68 41 0 Figure 24 : PMG (à 9 %) régional pluri-annuel -Réseau Partenaires DIA Centre-Val de Loire Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 7/13
En lien avec les PMG en retrait, l’analyse des Le dessèchement de certaines parcelles est teneurs en huile sur le réseau variétés de façon l’explication de cette date précoce de moisson pluriannuelle fait apparaitre souvent des valeurs avec bien souvent les rendements les plus inférieures d’environ 0,5 point d’huile. faibles. Dans ces parcelles, si l’humidité des graines était correcte, il n’était pas rare de 46 2013 2014 2015 2016 2017 2018 trouver quelques plantes vertes au sein du Teneur en huile aux normes 45 couvert. Ceci a pu conduire à des récoltes à sous 44 maturité pouvant engendrer des pertes de rendement non négligeables. Pour mémoire, les 43 pertes peuvent atteindre 20 %. Il était courant 42 cette année d’observer des parcelles détourées mais terminées de récolter 15 jours plus tard 41 une fois toutes les plantes sèches. 40 Figure 25 : Teneur en huile du regroupement Centre Les glucosinolates (GLS) peuvent traduire une fin de cycle stressante pour la plante. Les valeurs observées cette campagne sont proches voire supérieures à la campagne passée qui avaient pourtant déjà eu une fin de cycle stressante. 20 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Figure 27 : Parcelle d’apparence mûre mais contenant Teneur en GLS (µmoles/g) 19 entre 5 et 10 % de plantes vertes – début récolte le 6 18 juillet 2018 – récolte terminée le 20 juillet 2018. 17 16 15 Phénomènes rares : 14 Dans quelques situations, des reverdissements 13 de parcelles ont été observés. C’est-à-dire que 12 les plantes ont réémis des tiges à partir de 11 bourgeons axillaires. Le colza étant une plante à 10 développement plutôt indéterminé, si la plante retrouve des capacités de croissance, la végétation repart. Ce type de situation concerne normalement les parcelles où le potentiel de rendement est faible à cause des conditions climatiques. La culture redémarre au retour de Figure 26 : Teneur en glucosinolates facteurs plus favorables. du regroupement Centre Ce type de phénomène a déjà été observé par le passé mais après récolte, dans le cas de cette année, ce redémarrage avant récolte n’a pas été • Conditions de récolte sans poser problème pour la moisson. Les conditions de récolte ont été peu perturbées Ce phénomène est aussi signalé dans d’autres par les pluies cette campagne. régions françaises. Fait exceptionnel, les récoltes ont débuté fin juin pour les plus précoces même dans l’Eure-et-Loir pour se terminer fin juillet aussi dans l’Eure-et- Loir ! Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 8/13
Bilan sanitaire ➢ Maladies du colza • Autres maladies Au printemps, des symptômes de cylindrosporiose ont été observés. Dans • Phoma, en 2017-18 certaines situations combinant variétés Les conditions climatiques plutôt humides de sensibles et contexte favorable, les symptômes l’été ont été favorables à la maturation des pouvaient aller jusqu’à la nanification des périthèces – poches contenant les spores. Le plantes. seuil de 50 % de maturation a été atteint vers la mi-octobre, seuil à partir duquel les spores sont émises dans l’environnement à chaque pluie. Des pluies plus faibles que la normale, souvent à partir de la mi-septembre et jusqu’à début novembre, ont été très défavorables à l’émission des spores et donc à la contamination des plantes. Dans ce contexte, un seul piège dynamique a Figure 28 : Symptômes de cylindrosporiose sur feuille été mis en place et les captures de spores ont été quasi nulles confirmant la faible émission. En En fin de cycle, les maladies sur siliques complément, on peut observer que de (alternaria et mycospharella) étaient présentes nombreuses parcelles n’étaient plus dans la en lien avec les conditions climatiques assez période de risque (> 6 feuilles) même en cas de pluvieuses de fin mai/début juin. On observe contamination tardive. cependant une forte variabilité car la répartition des pluies a été très hétérogène. Attention, les phénomènes de On a pu observer des écarts de présence en lien dessèchement précoce en fin de cycle, avec les dates d’applications fongicides et les communément appelé « pieds secs » ne sont produits utilisés. Mais l’arrivée tardive de ces 2 pas liés forcément au phoma mais bien souvent maladies n’a eu qu’un impact limité sur le à la qualité du système racinaire. remplissage. • Sclérotinia 2018 Si les kits pétales mis en place dans le cadre du réseau BSV Centre-Val de Loire pour connaitre le taux de contamination des pétales au début floraison ont bien confirmé la présence de spores de sclérotinia, les conditions climatiques qui ont suivi ont été défavorables à l’expression Figure 29 : Symptômes alternaria sur silique de la maladie. Il était tout de même possible de voir quelques démarrages sur feuilles dans les parcelles. Dans certains essais fongicides - situations à risques les plus recherchées - les témoins atteignent des taux d’attaques de l’ordre de 30 à 40 %. Figure 30 : Symptômes mycospharella sur silique (gauche) et pédoncule (droite) Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 9/13
Dans quelques rares situations, des symptômes Altise d’hiver de mycospharella très importants sur feuilles L’arrivée des altises d’hiver a été fulgurante ont pu être observés dans l’Indre. Dans le cas cette campagne. Lors du BSV du 26/09, près de de la Figure 31, la stratégie fongicide est en 90 % des cuvettes du réseau signalaient leur cause avec le choix de matières actives non présence. Elles sont donc arrivées entre le adaptées. 19/09 et le 26/09. Si certaines parcelles avaient atteint le stade suffisant pour supporter le prélèvement alimentaire des adultes (≥ 4 feuilles) ce n’était pas le cas pour près de 50 % d’entre elles. La gestion a donc été compliquée pour certaines parcelles. Il est important de rappeler que l’utilisation des pyrèthres seules ne donne pas satisfaction dans le cadre des résistances observées sur le terrain. Le choix des produits est donc limité aux produits contenant du chlorphyriphos-méthyl ou du phosmet. Note Résistances et Stratégies 2018 La meilleure stratégie contre les adultes reste Figure 31 : Symptômes mycospharella sur feuilles l’évitement, par l’obtention d’un colza à le 15/05/2018 - Indre 4 feuilles avant l’arrivée des adultes. ➢ Insectes du colza • A l’automne Les températures influencent fortement l’activité des insectes. Après un automne 2016 plus frais, les températures 2017 sont plus élevées que la normale. On en observe directement l’impact sur la présence des insectes en culture notamment les altises d’hiver mais aussi les charançons du bourgeon terminal via le réseau BSV. 30 Températures en °C 25 20 15 Si le risque adulte peut faire l’objet de stratégie d’évitement, c’est plus compliqué pour les larves 10 même si la biomasse et la présence de couverts 5 associés peuvent être une aide précieuse. En 0 effet selon les années, le développement larvaire plus ou moins rapide a des conséquences importantes sur la viabilité du couvert. Valeur inférieure à la normale Valeur Normal Moyenne 1997-2016 Figure 32 : Impact de la température sur la présence des insectes à l’automne en 2016 (Source Météo-France – Tours – Indre-et-Loire) Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 10/13
Lors de la campagne passée, l’automne plutôt froid avait ralenti l’évolution larvaire et le stade le plus à risque L3 n’avait été atteint qu’en février. Ce n’est pas le cas cette année. Pour une ponte au 25/09, le stade L3, le plus nuisible, est atteint dès le 11/11 ! Figure 35 : A gauche Témoin non traité et à droite modalité insecticide larves altises Puceron vert du pêcher Dans un contexte de disparition des solutions Figure 33 : Simulation d’apparition des différents stades larvaires – (Tours, Indre-et-Loire) insecticides contre les pucerons verts à l’automne et la mise à disposition de variétés avec une résistance partielle aux viroses, il est Ce scénario climatique favorable à l’évolution intéressant de faire un état des lieux de façon larvaire conduit au graphique ci-dessous avec pluriannuelle sur ce ravageur. plus de 30 % des parcelles du réseau BSV Colza 90 Centre-Val de Loire signalant plus de 50 % de 80 2009-2010 2010-2011 plantes touchées. 70 2011-2012 2012-2013 80 2013-2014 2014-2015 2011 - 72 parcelles 2012 - 84 parcelles 60 % de parcelles 70 2015-2016 2016-2017 2013 - 68 parcelles 2014 - 89 parcelles 50 60 2015 - 74 parcelles 2016 - 76 parcelles 2017-2018 40 2017- 75 parcelles 2018 - 68 parcelles % de parcelles 50 30 40 20 10 30 0 20 0 > 0 à 10 > 10 à 20 > 20 à 40 > 40 à 60 > 60 10 % de plantes porteuses de pucerons verts 0 0 1 à 24 25 à 50 51 à 70 71 à 100 Figure 36 : Présence de pucerons verts – BSV Colza Centre-Val de Loire % de plante avec au moins une galerie Figure 34 : Présence de larves d’altises – BSV Colza Centre-Val de Loire Le seuil indicatif de risque est fixé à 20 % de plantes porteuses avant 6 feuilles. Au niveau régional, de façon pluriannuelle, on peut considérer que ce sont 30 % des parcelles qui peuvent être concernées. Si l’observation de la présence de larves d’altises a été réalisée notamment par la méthode Berlèse et que la protection insecticide a été mise en place, le potentiel de la parcelle a été garanti. Dans certaines situations, la double intervention pouvait se poser au vu du nombre très important d’individus présents dans les plantes. On peut observer des écarts de rendement de 30 q/ha entre des modalités traitées et non traitées. Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 11/13
Charançon du bourgeon terminal Au printemps • Comme pour les altises, la présence du Au printemps, il existe des seuils de charançon dans les cuvettes est plus importante températures auxquels les insectes réagissent cette campagne au niveau du territoire. pour déclencher puis favoriser leur activité de Période de piégeage Automne 2009 à 2015 vol vers les cultures. Automne 2016 T° Max T° Min 100 Automne 2017 T° Moyenne Ch Tige Début vol Cuvettes avec présence (%) 36 Ch Tige Méligèthe 80 32 Ch Siliques 28 Températures en ° C 60 24 20 40 16 12 20 8 4 0 0 -4 S36 S35 S37 S38 S39 S40 S41 S42 S43 S44 S45 S46 S47 S48 S49 S50 -8 Semaines -12 27/4 11/6 1/1 10/1 19/1 28/1 6/2 15/2 24/2 4/3 13/3 22/3 31/3 9/4 18/4 6/5 15/5 24/5 2/6 20/6 29/6 Figure 37 : Présence du charançon du bourgeon terminal dans les cuvettes Figure 39 : Impact climatique sur la présence des BSV Colza Centre-Val de Loire insectes au printemps 2018 pour l’Indre-et-Loire (Tours - Source Météo-France) Cependant, les observations de plantes buissonnantes restent inférieures à 50 % de Charançon de la tige du colza plantes touchées. Le nombre de parcelles Malgré des températures au dessus de 9°C en observées est aussi plus faible que d’habitude janvier et février, les premières captures n’ont pouvant traduire une problématique ressentie commencé que vers début mars, pour comme plus faible sur le terrain. s’intensifier jusqu’en avril après une pause vers 70 le 20-25 mars. Le charançon de la tige est 2011 - 16 parcelles l’insecte le plus nuisible historiquement pour la 60 2012 - 33 parcelles culture même s’il y a d’autres ravageurs 2013 - 66 parcelles problématiques comme l’altise. 50 2014 - 58 parcelles 2015 - 51 parcelles On observe cette année des dégâts de piqures % de parcelles 40 2016 - 43 parcelles sur tige. Les conditions climatiques de l’année 30 2017 - 34 parcelles ont compliqué les interventions insecticides 2018 - 18 parcelles 20 dans les sols les plus humides et le stade parfois avancé des cultures a pu laisser croire que le 10 risque était passé. Si l’incidence du ravageur est 0 majeure sur le bas de la tige principale, la 0 1 à 24 25 à 50 51 à 75 76 à 100 nuisibilité peut toujours s’exercer plus haut sur % de plante avec port buissonnant la tige principale mais aussi sur les hampes Figure 38 : Impact du charançon du bourgeon terminal secondaires surtout en cas de stress climatique sur les plantes – BSV Colza Centre-Val de Loire en fin de cycle. Période de piégeage 2010 à 2016 2017 Cuvettes avec présence (%) 100 2018 80 60 40 20 0 S8 S3 S4 S5 S6 S7 S9 S10 S11 S12 S13 S14 S15 S16 S17 Semaines Figure 40 : Présence du charançon de la tige dans les cuvettes – BSV Colza Centre-Val de Loire Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 12/13
Méligèthe Charançon des siliques et Cécidomyie Les méligèthes ont été signalés de façon plus Le nombre de parcelles signalant la présence de importante cette saison. Dans la grande charançons de siliques a été relativement faible majorité, les populations les plus importantes cette campagne. Très peu de dégâts, hormis ont été observées lors de la floraison, ne quelques fois en bordure, ont été observés en nécessitant donc pas de prise en compte. Dans plaine. certaines parcelles, qui avait déjà subi des Période de présence 2010 à 2016 stress climatiques ou de ravageurs, la lutte Printemps 2017 100 contre ce ravageur a du être mise en œuvre Parcelles avec présence (%) Printemps 2018 pour permettre aux plantes de fleurir. 80 Période de présence de 2010 à 2016 Printemps 2017 60 Printemps 2018 Présence dans les parcelles (%) 100 40 80 20 60 0 S13 S14 S15 S16 S17 S18 S19 S20 S21 S22 S23 S24 S25 40 Semaines 20 Figure 42 : Présence du charançon des siliques – 0 BSV Colza Centre-Val de Loire S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12 S13 S14 S15 S16 S17 S18 S19 Semaines Figure 41 : Présence de méligèthes dans les parcelles – BSV Colza Centre-Val de Loire ______________________________________________ Pour compléter, retrouvez toutes les synthèses variétales 2018 sur myVar® myVar® : toutes les infos variétés en quelques clics Disponible gratuitement en ligne ou via l’application smartphone, myVar® permet d’accéder rapidement à toutes les références sur les variétés de colza, tournesol, soja et chanvre, afin d’en optimiser le choix. Découvrez myVar® dès maintenant ! http://www.myvar.fr/ Bilan de campagne Colza – 2017-2018 – Centre-Val de Loire – Terres Inovia 13/13
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