Brooklyn Secret de Isabel Sandoval - n 2197 - Les Fiches du Cinéma

 
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Brooklyn Secret de Isabel Sandoval - n 2197 - Les Fiches du Cinéma
n°2197

                                     Brooklyn
                                        Secret
                                     de Isabel Sandoval

         N°2197 • 1ER JUILLET 2020
Brooklyn Secret de Isabel Sandoval - n 2197 - Les Fiches du Cinéma
SOMMAIRE
         FILMS DU 1ER JUILLET 2020
Brooklyn Secret				HHH
de Isabel Sandoval
Le Colocataire				HHH
de Marco Berger
Irrésistible					HH
de Jon Stewart
Jumbo					H
de Zoé Wittock
Les Parfums					HH
de Grégory Magne
Brooklyn Secret de Isabel Sandoval - n 2197 - Les Fiches du Cinéma
ÉDITO

                                                                 Cinéma, critiques
                                                                 et féminisme
                                                                 En marge des Chroniques du cinéma confiné que nous avons
                                                                 publiées tout au long des trois mois de fermeture des salles de
LES FICHES DU CINÉMA
26, rue Pradier
                                                                 cinéma, nous avons mené une correspondance avec Iris Brey,
75019 Paris                                                      doctorante en cinéma et ancienne membre du comité de rédaction
Administration & Rédaction :                                     des Fiches au début des années 2010, qui venait de publier son
01.42.36.20.70                                                   second essai, Le Regard féminin, une révolution à l’écran. Nous
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RÉDACTEUR EN CHEF
                                                                 en avons tiré une interview au long cours, qui constitue une sorte
Nicolas Marcadé                                                  le bonus track d’un album qui s’est révélé en quête de sens sur
redaction@fichesducinema.com                                     les modes et les façons de faire du cinéma.
RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT                                        Passée la sidération de constater que tout peut s’arrêter comme
Michael Ghennam
michael@fichesducinema.com
                                                                 si l’on était dans un film diffusé sur une plateforme en ligne et que
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION                                          le spectateur du monde avait appuyé sur pause, nous avions là la
Thomas Fouet                                                     possibilité de voir défiler nos pensées sur un écran désormais blanc.
thomas@fichesducinema.com                                        C’était finalement une chance car les semaines qui ont précédé
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ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO
                                                                 le confinement ont été particulièrement agitées dans le milieu
François Barge-Prieur, Adèle                                     du cinéma et l’écho du bruit social était strident. Nos cerveaux
Bossard-Giannesini, Isabelle Boudet,                             cognaient les parois de nos crânes, enjoints à se positionner
Jef Costello, Clément Deleschaud,                                sur l’affaire Haenel ou sur l’affaire Polanski.
Paul Fabreuil, Florian Fessenmeyer,
Thomas Fouet, Margherita Gera,
                                                                 Et la teneur des débats tendait à polariser les réflexions sur
Michael Ghennam, (Pierre-)Simon                                  un principe d’identification. La lutte féministe est portée par
Gutman, Simon Hoareau, Astrid                                    des femmes. La lutte anti-raciste est portée par des racisés.
Jansen, Amélie Leray, Nicolas                                    La lutte pour la justice sociale est portée par des pauvres. La lutte
Marcadé, Marine Quinchon, Gaël
Reyre, Chloé Rolland, Louis Roux,
                                                                 écologique est portée par des vegan. Etc. Or l’injonction
Gilles Tourman, Marie Toutée,                                    à catégoriser systématiquement ces luttes permet généralement
Nathalie Zimra.                                                  de clore les débats. Avoir un point de vue sur la famille Traoré, sur
Les commentaires des «Fiches»                                    Marion Cotillard ou sur Iris Brey détourne du sujet. En revanche,
reflètent l’avis général du comité
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                                                                 observer ce qui bouge et essayer de comprendre ce qui coince
PRÉSIDENT                                                        permet, par exemple, de réfléchir aux raisons et à l’impact d’un
François Barge-Prieur                                            contrôle systémique des individus racisés sur le territoire français ;
ADMINISTRATION                                                   de questionner nos modes de production, conçus pour maintenir
administration@fichesducinema.com
TRÉSORIER
                                                                 un niveau de consommation débridé ; d’accueillir l’idée que la prise
Guillaume de Lagasnerie                                          en compte du regard féminin dans nos sociétés constitue une
Conception Graphique                                             révolution, que ce soit à l’écran, à la tête de grandes villes ou dans
5h55                                                             la chambre à coucher. Nous pouvons avoir des réserves sur l’essai
www.5h55.net
IMPRESSION
                                                                 d’Iris Brey, nous méfier du principe consistant à poser une grille de
Compédit Beauregard                                              lecture trop précise sur une œuvre d’art, craindre que l’inconscient
61600 La Ferté-Macé                                              d’un artiste soit policé et les pulsions nettoyées… Cependant prendre
Tél : 02.33.37.08.33                                             en compte la sous-représentation de l’expérience féminine dans
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«Les Fiches du Cinéma».
                                                                 le cinéma ne devrait pas constituer un acte clivant. Et d’un point
Tous droits réservés.                                            de vue critique, et cinéphile, cette ouverture vers un regard féminin
Toute reproduction même partielle des                            est un premier pas décisif pour ouvrir le champ des possibles à
textes est soumise à autorisation.                               de nouvelles formes, de récit et de mise en scène. Ne serait-ce que
Photo de couverture :
Abou Leila (UFO Dist.)
                                                                 pour cela, il nous semble important de ne pas balayer le problème.
© UFO Dist.                                                      Voire même de l’élargir à d’autres sphères que le genre.

WWW.FICHESDUCINEMA.COM                                                                                                  CHLOÉ ROLLAND
Brooklyn Secret de Isabel Sandoval - n 2197 - Les Fiches du Cinéma
Conversation
                         avec Iris Brey
                         par Chloé Rolland

Iris Brey est docteure en études cinématographiques de l’université de New York.
      Elle a collaboré aux Fiches du Cinéma à l’aube des années 2010 et écrit
  aujourd’hui pour Médiapart, Les Inrockuptibles et France Culture. Elle a publié
en février 2020 son second essai, Le Regard féminin une révolution à l’écran, tan-
 dis que la grande famille du cinéma implosait à la cérémonie des Césars, climax
     d’une année de tension autour des questions de légitimation / censure de
    Polanski, de parité hommes / femmes et de l’invisibilisation des personnes
racisées et sur fond de révéléation des abus qu’aurait subis, enfant, Adèle Haenel
   de la part du réalisateur Christophe Ruggia. La vague me too atteignait donc
les cotes françaises, quand l’ouvrage d’Iris Brey proposait de définir une nouvelle
   cartographie du cinéma aux territoires plus féminins, en causant des remous
       d’une grande violence dans le milieu critique. Le confinement y a mis
    un terme provisoire et, invitant Iris à participer à nos Chroniques du cinéma
  confiné, nous avons finalement entamé une correspondance qui s’est étendue
                              du 20 avril au 20 juin 2020.

                                                                           © les Fiches du Cinéma 2020
Brooklyn Secret de Isabel Sandoval - n 2197 - Les Fiches du Cinéma
Chloé Rolland : Le confinement a débuté alors que ton livre           la Cinémathèque française.” Je n’ai rien contre Jean Epstein
“Le Regard féminin” venait de sortir et agitait le monde du           et ses films. Ce choix est un exemple parmi tant d’autres.
cinéma déjà bien secoué après ce que l’on appelle l’affaire           Cependant, l’invisibilisation systémique des femmes, de leur
Haenel (victime) et l’affaire Polanski (accusé). Autrement dit        génie, de leurs inventions, me semble être d’une plus grande
dans un climat d’extrême polarité autour de la question du            violence que d’interroger la programmation d’un film d’un
féminisme, mélangeant un peu tous les sujets. zEst-ce que             pédocriminel, non ? Car pour voir ces œuvres de femmes, il
cette période d’arrêt brutal des activités liées au cinéma est        faut faire de la recherche. Il faut lire, chercher sur internet,
l’occasion pour toi de prendre un peu de recul sur la somme           ça demande du travail.
de commentaires tous azimuts qu’ont déclenchés ces affaires,
                                                                      Chloé Rolland : Est-ce que les réticences sur certains points
le climax des César, et la sortie de ton livre ?
                                                                      de la théorie du female gaze peuvent empêcher d’aborder
Iris Brey : Je ne suis pas sûre d’avoir pris beaucoup de recul        avec plus d’adhésion cet aspect des choses, même si on en
car c’est vrai que les réseaux sociaux continuent d’alimenter le      reconnaît la validité historique ?
débat. Je pense que je ne m’attendais pas à autant de violence,
                                                                      Iris Brey : L’invisibilisation des femmes dans tous les
et aussi à autant d’amour, mais cela montre bien comment la
                                                                      domaines artistiques ne peut effectivement pas être nié. Ce
parole des femmes dans l’espace public continue d’être perçue
                                                                      qui est flagrant, c’est que la plupart de ces œuvres oubliées
comme menaçante en France en 2020. À partir du moment où
                                                                      représentent des expériences féminines. Donc il y a un lien, le
des femmes mettent des mots sur des expériences, que leur             féminin est soit perçu comme trop menaçant ou pas intéressant
vécu devient un savoir (pour paraphraser Andrea Dworkin),             donc les œuvres qui le mettent en scène vont être éradiquées
qu’elles utilisent le “pouvoir de nommer”, qui est d’habitude         dans une culture régie par le patriarcat. Évidemment toutes
réservé aux hommes dans notre société patriarcale, des enjeux         les femmes ne prennent pas le “féminin” comme sujet, mais
de domination se réactivent. Ceux et celles qui règnent dans ce       dans les films qui ont disparu de la circulation c’est souvent
régime hétéro-patriarcal se sentent personnellement attaqués          le cas, comme Wanda ou Simone Barbes ou la vertu.
car nous bousculons l’ordre. Ils essayent de nous faire taire,
mais cela ne marche pas.                                              Ma théorie du female gaze est qu’il existe un regard qui filme
                                                                      le désir et produit du plaisir sans passer par l’objectification
Lorsqu’Adèle Haenel quitte la salle, son corps en mouvement           des corps. Je ne comprends donc pas la réticence à ce regard.
est reçu comme violence pour ceux et celles qui tiennent à            Puisque même si c’est un regard minoritaire, il existe.
garder cet ordre. Pourtant elle ne crache pas à la gueule de
quelqu’un, elle n’insulte personne, elle décide juste de se           Chloé Rolland : Concernant le male gaze et le female gaze.
retirer d’un spectacle mortifère, en criant “la honte !”. De          Je m’aperçois que si j’y suis d’abord réticente c’est parce
même quand je dis que je ne veux pas voir le film de Polanski,        que je crains que ce soit binaire. Par exemple, à première
on crie à la censure sans réfléchir à la profonde censure qui est     vue et dis-moi si je me trompe, il y a quelque chose qui me
exercée sur les œuvres de réalisatrices depuis plus de 100 ans.       dérange profondément dans le fait de définir le male gaze
Personne ne s’en offusque. Alors que des centaines d’œuvres           comme négatif et le female gaze comme positif. Or le “gaze”
ont été éradiquées de notre histoire culturelle simplement            est une façon de regarder, adoptée indistinctement par les
parce que la cinéaste était née femme. Ne pas vouloir mettre          hommes et les femmes. Ces hommes et ces femmes auraient
en avant l’œuvre d’un pédocriminel est perçu comme plus               tort d’adopter le male gaze, mais raison d’adopter le female
violent. Personne n’interdit le film de Polanski, la question de      gaze. Dans un cas partager l’expérience masculine revient à
fond reste : quelles œuvres arrivent jusqu’à nous et quelles          adopter les codes de l’oppression machiste. Dans l’autre cas
sont celles qui sont célébrées dans notre culture ? Qui fait          partager l’expérience féminine revient à libérer la femme
ce choix ?                                                            de cette oppression. Je n’arrive pas à adhérer à ces termes,
                                                                      cela fait avant tout écran aux idées qu’ils sous-tendent. Il me
Mon livre démontre ce système de censure exercé sur les               semble que certaines caractéristiques du male gaze chez des
films de femmes. Et pendant ce confinement je continue de             hommes créateurs sont bonnes, mais que le problème réside
découvrir des femmes dont je n’avais jamais entendu parler            dans le fait que les femmes créatrices n’y aient pas accès
ou pas assez. Par exemple, Mabel Normand qui en 1912 (dans            de la même façon. Je ne suis pas insensible, par exemple, à
Tomboy Bessie) brise le quatrième mur pour faire rire le public.      l’objectification des corps, si les deux sexes en ont la liberté.
C’est elle qui forme Charlie Chaplin. Elle devient son mentor         Sciamma n’est pas le versant positif de Kechiche. J’aime la
et réalise le premier film où il tient un rôle. De qui est-ce qu’on   puissance du désir des deux, que les corps soient découpés,
se souvient aujourd’hui ? Le jour où je regarde La Maternelle         sculptés, auscultés, et qu’ils occupent ailleurs dans leur entier
de Marie Epstein, je vois un tweet passer qui annonce que la          l’écran et l’œil, que les personnages soient des sujets. Dans le
Cinémathèque lance sa plateforme “Henri”, qui met en avant            cas de Sciamma, il y a la puissance du sentiment amoureux.
le film La Chute de la maison de Usher de Jean Epstein, le            Dans le cas de Kechiche, il y a la puissance du désir sexuel.
frère de Marie ! Si on regarde sa page wikipedia, on y lit “Sa        Mais les deux coexistent dans l’un et l’autre, il y a juste des
sœur, Marie Epstein, sera toute sa vie sa collaboratrice la plus      dominantes immédiatement visibles. La puissance du cinéma
fidèle, auteur de nombreux scénarios, avant de devenir, après         réside dans la puissance de la mise en scène, qui doit être tout
la mort de son frère, l’une des trois égéries d’Henri Langlois à      sauf polie, bien élevée et paritaire.

                                                                                                                 © les Fiches du Cinéma 2020
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Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciammat

Mektoub my Love : Intermezzo de Abdellatif Kechiche

Iris Brey : Personne n’a dit que le male gaze était négatif et le   tout sauf polie, bien élevée et paritaire”. Je n’ai jamais dit le
female gaze serait positif. Ça serait tomber dans une question      contraire. Il n’est pas question de “policer” la mise en scène.
morale de présenter ces deux regards en ces termes, ce que          Ce qui est triste c’est quand la mise en scène reproduit les
je ne fais jamais.Dans ma définition de ces regards, le male        mêmes gestes de mise en scène. C’est TOUJOURS la même
gaze est produit par des hommes et des femmes, le female            chose, comme s’il n’y avait qu’une seule manière de filmer
gaze aussi. Par contre, on peut réfléchir éthiquement à la          le désir. Dans les films qui s’intéressent à la mise en scène
question qui sous-tend ces deux termes.                             du désir féminin du point de vue de la femme désirante, on
                                                                    découvre un foisonnement créatif dans la mise en scène.
La très grande majorité des films que l’on voit ont recours au
                                                                    Le female gaze n’est en rien pudibond ou moralisateur, au
male gaze pour filmer le corps des femmes. Donc, on passe
                                                                    contraire, on sent que les cinéastes, parce qu’ils ou elles
par l’objectification du corps féminin pour montrer le désir du
                                                                    voulaient raconter quelque chose qui est rarement représenté,
personnage. Est-ce que filmer des femmes comme des objets
                                                                    ont dû inventer. Donc en cela je trouve le female gaze plus
est mal ? Non. Est-ce que le fait que ça soit le cas dans la très
                                                                    riche sur la question de la représentation du désir parce que
grande majorité des films est problématique ? Oui. Parce
                                                                    je suis surprise par ce que je vois.
qu’on pense que ce regard masculin est une manière neutre
de regarder, or ça ne l’est pas. Ce qui est problématique c’est     C’est là où je ne suis pas d’accord avec toi sur le film de
que cette manière de filmer découle d’un inconscient patriarcal     Sciamma, elle filme aussi la puissance du désir sexuel,
(je reprends les termes de Laura Mulvey). Et la plupart des         comme Kechiche. Seulement, nous ne sommes tellement pas
cinéastes, homme et femme, reproduisent ce male gaze en             habitué.e.s à cette mise en scène, qu’on n’arrive pas à le voir
héritage, comme s’il n’y avait pas d’autres manières de filmer      comme cela. Les personnages féminins sont sujets de désir
le désir. Je suis bien d’accord que la “mise en scène doit être     et pas objets de désir mais le film met en scène la naissance

                                                                                                               © les Fiches du Cinéma 2020
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du désir. Et ce n’est évidemment pas “le versant positif de               Iris Brey : Pour mon livre j’ai défini le female gaze comme
Kechiche”. Elle ne s’inscrit pas comme l’anti-kéchiche dans la            concernant les films avec des héroïnes. Je pense effectivement
mesure où elle propose quelque chose d’inédit dans la manière             que ce partage de l’expérience incarnée existe du point de
de raconter et de filmer cette naissance. Les deux films sont             vue du héros masculin. Mais j’ai aussi l’impression qu’on
passionnants parce qu’on est face à des cinéastes qui vont                regarde principalement les héros à distance, et que je ressens
jusqu’au bout de leur geste, ce sont des œuvres totales.                  rarement ce qui se passe dans leur corps ou dans leur tête. J’ai
                                                                          envie de voir plus de ce “cinéma des sensations” à la Claire
Chloé Rolland : Jusqu’alors je n’entendais parler du male
                                                                          Denis, des points de vue incarnés, des films qui s’attardent
gaze que comme d’un mur à abattre, d’une cage à ouvrir,
                                                                          sur les chairs et qui nous font trembler.
dans le cadre de la dénonciation du patriarcat à éradiquer (le
mâle est mal). Mais le female gaze, du fait qu’il apporte une             Chloé Rolland : Est-ce que l’on s’arc-boute à ne pas prêter
dimension supplémentaire, serait donc un enrichissment                    attention à cette théorie pour préserver un monde que l’on
plutôt qu’un remplacement. Un film, par conséquent, peut être             veut “neutre”, celui de l’art, de la création, et par extension
parcouru à la fois de male gaze et de female gaze. Ce qui est             du regard. S’interroger sur son sexe quand on lit un livre ou
le cas, il me semble, par exemple, du film de Rebecca Zlotowski,          regarde un film amenuirait la force de l’œuvre, qui est censée
Une fille facile. Le désir, puisqu’il en était question en prenant        se placer au-dessus de l’être, du corps, du sexe ?
les deux cinéastes emblématiques de l’un et de l’autre,
                                                                          Iris Brey : Une œuvre d’art à mes yeux n’est pas neutre. On
Kechiche et Sciamma, se diffuse donc dans le male gaze et dans
                                                                          a le réflexe de croire que de penser le corps diminuerait la
le female gaze. Et le passage de l’un à l’autre constitue aussi
                                                                          valeur d’une œuvre. C’est pour ça que mon cadre théorique
(l’un, l’autre, l’un et l’autre) le fluide du désir et du plaisir. Est-
                                                                          est la phénoménologie. Il serait peut-être temps de réfléchir
ce que tu peux préciser cette dualité male / machiste ? Et, pour
                                                                          globalement à notre système de valeur ? Qui l’a pensé ? D’où
éclairer ce point de vue, peux-tu indiquer quelques titres de
                                                                          vient-il ? Il faut se plonger dans les textes de celles et ceux qui
films ou de cinéastes male gaze que tu défends, que tu aimes ?
                                                                          ont déjà réfléchi à cette question pour la littérature. Je citerai
Iris Brey : Je ne pense pas que le female gaze soit une                   Woolf : “Les chefs-d’œuvre ne naissent pas isolés et solitaires ;
correction mais comme je le dis dans le livre, et comme tu le             ils sont le fruit de nombreuses années à penser en commun,
reprends, un enrichissement. L’idée n’est pas de “reprendre”              à penser par le corps des gens, de sorte que l’expérience de
le male gaze mais de voir ce qui se déploie en marge de ce                la masse est derrière la voix solitaire.” (Virginia Woolf, Un lieu
regard. Par contre, il me semble qu’un regard qui sexualise               à soi, op. cit., p. 105) et aussi cet article d’Aurore Turbiau sur
les femmes en les objectifiant est un regard machiste puisque             la question : est-ce qu’on peut séparer la femme de l’artiste ?
c’est un regard de la domination masculine. Cependant, je
                                                                          Chloé Rolland : Est-ce que celui qui énonce la théorie fait
pense comme toi, “Ce peut être problématique. Comme ça
                                                                          obstacle à celle-ci ? En l’occurrence, tu es une femme, jeune,
peut ne pas l’être.” Pour moi c’est son omniprésence qui est
                                                                          jolie, bourgeoise, éduquée. Je sais qu’il te sera sans doute
problématique et le fait aussi qu’on ne puisse pas l’interroger,
                                                                          difficile d’analyser toi-même ce point, alors je te soumets sans
et pas le fait qu’il existe.
                                                                          astreinte à y répondre mon interrogation : ne penses-tu pas
Je partage ton avis sur le film de Zlotowski, pour moi il est             que cela t’est reproché à travers certains rejets véhements ?
parcouru des deux regards, j’ai d’ailleurs écrit sur ça au
                                                                          Iris Brey : C’est peut-être à eux qu’il faut poser cette question-
moment de Cannes et après nous avons fait un entretien
                                                                          là, non ? Je sais d’où je parle au moment où j’écris ce livre. Je
ensemble pour L’Obs pour parler de mon livre et de son film.
                                                                          parle en tant que femme féministe. J’ai un Ph.D de NYU, mon
Ce qui me passionne dans ce film c’est la manière dont la
                                                                          approche est aussi liée à mes études et à une approche anglo-
cinéaste déplace les codes. Par exemple, elle filme en gros
                                                                          saxonne qui réfléchit au lien entre cinéma et phénoménologie,
plan le sexe de Zahia dans son maillot de bain mouillé, puis
                                                                          et qui incorpore les questions de genre et de féminisme aux
nu avec un oursin posé dessus, mais cette vision est celle de
                                                                          études de littérature et de cinéma. Je suis privilégiée car
sa cousine qui rêve, nous sommes dans sa psyché. Le choc du
                                                                          écrire un livre prend énormément de temps et cela est très
male et du female gaze dans ces séquences produit le même
                                                                          mal rémunéré. Tout cela je l’énonce dans mon livre à différents
effet qu’un film surréaliste. On dénonce en s’amusant, on fait
                                                                          endroits car je pense que c’est important d’expliquer d’où nous
un pas de côté pour que le male gaze génère un nouveau sens,
                                                                          parlons. Je ne sépare pas la femme de mon livre.
on échappe à une catégorisation.
                                                                          Chloé Rolland : Trois textes sont parus très récemment à
J’ai du mal à m’enthousiasmer pour des “cinéastes male gaze”
                                                                          propos du Regard féminin, parfois avec beaucoup d’agressivité :
je dois le reconnaître. Mais par exemple, je continue d’être
                                                                          par Jean-Philippe Tessé dans Les Cahiers du cinéma, Gautier
émue par À nos amours de Pialat, malgré tous les plans male
                                                                          Roos sur le site de Chaos reigns et Alexandre Moussa pour
gaze de Sandrine Bonnaire. Il y a aussi beaucoup de films de
                                                                          Critikat. J’ai tendance à penser que cela signifie donc que tu
Cukor, de Leo McCarey, de Sirk, le genre du “woman’s film”,
                                                                          occupes un terrain qui était vacant et véhicules une thématique
qui ne sont ni du male gaze, ni du female gaze que j’affectionne
                                                                          qui était nécessaire. Les réactions des critiques de cinéma à
particulièrement.
                                                                          ton livre sont souvent extrêmement virulentes. En as-tu pris
Chloé Rolland : Les théories du male et du female gaze                    connaissance ? Les arguments qu’ils défendent ne sont pas
s’appliquent-elles aux personnages masculins ?                            forcément “machistes” : arrives-tu à saisir leur point de vue ?

                                                                                                                      © les Fiches du Cinéma 2020
Brooklyn Secret de Isabel Sandoval - n 2197 - Les Fiches du Cinéma
Une fille facile de Rebecca Zlotowski

 À nos amours de Maurice Pialat

Il me semble que cela tient beaucoup à la distinction entre             façon. Par ailleurs, je n’ai jamais dit qu’il n’existait que deux
une approche sociologique et historique et une approche                 catégories de films, ceux qui seraient du male gaze et les
critique et esthétique ? Qu’est-ce que cela t’inspire ? Je pense        autres qui seraient du female gaze. Par contre, je pense que
notamment aux propos de Pascale Ferran dans un entretien                certains films essayent de nous faire vivre des expériences
avec Jean-Christophe Ferrari pour Transfuge : les as -tu lus ?          féminines, et leur donner le nom de “films female gaze” est
Iris Brey : La virulence des critiques à l’égard de mon livre           un moyen d’interroger la manière dont le corps des femmes
raconte leur peur d’un monde où le féminin aurait de la valeur.         est filmé. Même Pascale Ferran se réjouit de “cette avancée”
Ils veulent garder des frontières et des divisions dans les             pour le discours critique.
approches, alors qu’il serait temps qu’il y ait un vrai appel d’air
                                                                        J’ai évidemment conscience des limites de certains de mes
dans la critique et notre approche des films. Je propose une
                                                                        arguments. Le “regard féminin” est un concept en mouvement,
lecture qui se base sur le ressenti. Je pense que la virulence
                                                                        rien pour moi n’est figé. D’ailleurs je m’atèle à l’écriture de
des attaques ne vient pas de cette proposition. Cela parle
d’autre chose. De leur désir et de leur plaisir. Et sûrement            l’adaptation du livre en long-métrage documentaire en prenant
du mien.                                                                en compte certaines critiques que j’ai reçues et je suis très
                                                                        heureuse de voir d’autres plumes se frotter à ce que je propose,
J’ai lu l’entretien de Pascale Ferran, je la trouve passionnante.       tout cela ne peut que générer plus de pensée. Cependant, il
Je ne suis pas d’accord avec elle sur tout, notamment sur               faut quand même le dire, je pense que la plupart des propos
l’idée qu’on est moins captif au cinéma que devant une série.
                                                                        acerbes tenus par les critiques sont liés à l’agacement que je
Je pense d’ailleurs le contraire. Je pense que l’art sériel,
                                                                        provoque en tant que jeune femme, au discours féministe que
qui pour moi considère bien plus les spectateur.trices, nous
                                                                        j’incarne et non pas aux arguments que j’avance. Je me réjouis
donne une forme de liberté. Il est bien plus facile de fermer
                                                                        quand même qu’autant de personnes aient pris le temps de
son ordinateur que de partir d’une salle de cinéma. Je pense
que la série s’adresse plus au citoyen en nous que le cinéma,           lire cet essai et de s’exprimer dessus.
c’est un art dont la réception est plus participative et même           L’écriture de ce livre fut une aventure solitaire et d’un coup
performative. Parce que les séries racontent notre monde et             c’est devenu un débat collectif. Alors même si cela peut être
nous demandent d’y participer.                                          douloureux de livrer ses idées, parce que cela nous rend
Quant à la question de Ferrari sur mon livre, elle répond               forcément vulnérable, ce basculement vers le collectif ne
qu’elle ne l’a pas lu. Pour moi la mise en scène n’est pas un           peut être que positif. Pour reprendre les propos de Ferran,
principe neutre, donc on ne voit pas les choses de la même              “c’est vivifiant”.

                                                                                                                   © les Fiches du Cinéma 2020
Brooklyn Secret de Isabel Sandoval - n 2197 - Les Fiches du Cinéma
Brooklyn Secret (Lingua Franca)
de Isabel Sandoval

Immigrante philippine transgenre et sans-papiers,                                                                                   DRAME
                                                                                                                      Adultes / Adolescents
Olivia, aide-soignante auprès d’une vieille Russe
ashkénaze amnésique à Brooklyn, tombe amoureuse                           u GÉNÉRIQUE
du petit-fils de celle-ci. Un film subtil sur l’immigration               Avec : Isabel Sandoval (Olivia), Eamon Farren (Alex), Ivory Aquino
sous l’administration de l’inénarrable Trump.                             (Trixie), P.J. Boudousqué (Andrei), Lev Gorn (Murray), Lynn Cohen
                                                                          (Olga), Megan Channell (Milla), Shiloh Verrico (Maggie), Mark
                                                                          Nelson (Roman), Ari Barkan (Emil), Roman Blat (Viktor), Deema
                                                                          Aitken (Boris), Leif Steinert (Matthew), Andrea Leigh (Daria), Dean
                                                                          Temple (Chad), Jake Soister (Daniel), Matthew James Ballinger
                                                                          (l’homme du bar).
                                                                          Scénario : Isabel Sandoval Images : Isaac Banks, Montage :
                                                                          Isabel Sandoval 1er assistant réal. : Dax Stringer Scripte : Devin
                                                                          Smith Musique : Teresa Barrozo Son : Alber Michael M. Idioma
                                                                          Costumes : Clint Ramos Dir. artistique : Maxwell Nalevansky
                                                                          Maquillage : Lauren Citera Casting : Bess Fier Production :
                                                                          Lingua Franca Producteurs : Jhett Tolentino, Carlo Velayo et
                                                                          Darlene Catly Malimas Producteurs exécutifs : Samuel S.
                                                                          Verzosa, E.A. Rocha et Fernando Ortigas Coproducteurs :
                                                                          Cecilia Mejia et Jeremiah Abraham Producteurs associés : Dax
                                                                          Stringer et Aaron Schillinger Dir. de production : Peter McClellan,
                                                       © Lingua Franca    Distributeur : JHR Films.

   HHH        On connaît la politique d’immigration
discriminatoire de l’Amérique de Trump envers les minorités,
dont la communauté philippine. C’est dans ce contexte
oppressif que s’inscrit le troisième long métrage d’Isabel                         89 minutes. États-Unis - Philippines, 2019
Sandoval (Señorita, 2011 ; Apparition, 2012). Brighton Beach,                            Sortie France : 1er juillet 2020
quartier de New York russophone et juif, en est le décor.
                                                                          u RÉSUMÉ
La réalisatrice et scénariste philippine, qui vit aujourd’hui
                                                                          Philippine sans-papiers, Olivia travaille comme aide-
dans cette Little Odessa filmée avec brio par James Gray,                 soignante auprès d’Olga, une grand-mère russe ashkénaze
apporte au film un accent d’authenticité pour avoir vécu                  qui réside à Brigton Beach, à Brooklyn, et perd la mémoire.
la situation d’Olivia, une femme immigrante philippine                    Elle rencontre Alex, le petit-fils hébergé par la vieille
transsexuelle et sans-papiers qui tente d’obtenir                         babouchka. Embauché à l’essai dans la boucherie en
la nationalité américaine sous l’administration Trump.                    gros de son oncle Murray, il seconde Olivia dans sa tâche.
Si la cinéaste transgenre possède sa “green card” avec                    Celle-ci accompagne une amie compatriote et son fiancé
prénom et sexe féminin, son passeport la renvoie toujours                 américain au bureau de l’immigration en vue de leur futur
                                                                          mariage d’amour. Elle ignore qu’Olivia paie secrètement
à son identité masculine ! Le scénario n’indique pas
                                                                          Matthew pour monter un mariage blanc, lequel finit par
d’emblée le secret d’Olivia mais il fait sourdre une tension              lui annoncer que le projet est annulé. Olivia prépare un
permanente due à sa précarité, portée à son paroxysme par                 colis pour sa mère restée aux Philippines ; amoureux, Alex
l’indiscrétion d’Andreï découvrant son identité. Contrairement            la convoie à la poste. Ils assistent à l’arrestation musclée
aux représentations excessives des transgenres du cinéma                  de Philippins clandestins.
réaliste philippin (Brillante Mendoza, Lav Diaz), Brooklyn                SUITE... Au retour, elle se jette à son cou et ils font l’amour.
Secret s’attache à dépeindre en filigrane l’envers du rêve                Alex loge son ami Andreï pour la nuit, lequel, fouillant dans
américain qui exploite plus qu’il n’intègre les immigrés :                les affaires d’Olivia dont il vole les économies, découvre
l’amnésie de la vieille babouchka n’étant qu’une métaphore de             sur son passeport qu’elle est transgenre. Se sentant
l’Amérique oublieuse de sa propre histoire de l’immigration.              trahi, Alex se venge et invente une histoire d’agent de
Et que dire de la relation amoureuse ambiguë entre Alex,                  l’immigration qui se serait introduit dans la maison. Olivia
                                                                          est terrifiée. Le regrettant aussitôt et pour la distraire, il lui
homme blanc privilégié, et Olivia, immigrée digne mais sans-
                                                                          propose une escapade en bord de mer. Là, il la demande
papiers qui exerce un petit boulot et dont il exploite la peur?           en mariage, rêvant d’avoir des enfants avec elle. Dévastée
Ce film à la force tranquille instille une réelle empathie pour           parce qu’ignorant qu’Alex connaît la vérité, Olivia garde
son héroïne. Un véritable antidote aux comédies romantiques               le silence, ne songeant qu’à récupérer son passeport.
sur le sujet. _M.T.                                                       Elle reprend sa vie d’aide ménagère sans-papiers.

                        Visa d’exploitation: 152390. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 50 copies (vo).

                                                                                                                    © les Fiches du Cinéma 2020
Brooklyn Secret de Isabel Sandoval - n 2197 - Les Fiches du Cinéma
Le Colocataire (Un rubio)
de Marco Berger

En Argentine, Juan a une place vacante dans                                                                                      ROMANCE
                                                                                                                      Adultes / Adolescents
sa colocation suite au départ de son frère. Pour
le remplacer, il propose à son collègue, Gabriel,                         u GÉNÉRIQUE
d’emménager. Une romance vibrante portée par deux                         Avec : Gaston Ré (Gabriel), Alfonso Barón (Juan), Malena Irusta
acteurs talentueux, Gaston Ré et Alfonso Barón.                           (Ornella), Ailín Salas (Julia), Charly Velasco (Leandro), Justo
                                                                          Calabria (Brian), Franco Heiler (Mono), Antonia De Michelis
                                                                          (la mère de Gabriel), Melissa Falter (Natalia), Ishbel Mata (Rosi),
                                                                          Eduardo Mendábal (Ernesto), Uriel Ledezma (Cuyo).
                                                                          Scénario : Marco Berger Images : Nahuel Berger Montage :
                                                                          Marco Berger 1er assistant réal. : Sergei Nikiforov Musique :
                                                                          Pedro Irusta Son : Daniela Castillo Mejia Dir. artistique : Natalia
                                                                          Krieger Production : Universidad del Cine Producteurs : Lucas
                                                                          Papa, Marco Berger et Gaston Ré Distributeur : Optimale.

                                                 © Universidad del Cine

   HHH        Une simple invitation de cohabitation entre
collègues qui tourne à la passion secrète entre les deux
hommes, une romance inattendue, un désir charnel...
Ce désir homosexuel, Marco Berger le filme et l’entretient                                111 minutes. Argentine, 2019
avec réussite depuis de nombreuses années, dans ses                                       Sortie France : 1er juillet 2020
courts métrages aussi bien que dans ses longs, enchaînant
                                                                          u RÉSUMÉ
les festivals les plus prestigieux. Dans Le Colocataire (de
                                                                          Juan et Gabriel sont collègues : le premier propose
son titre original Un rubio, soit “Un blond”), la curiosité               au second de rejoindre sa colocation, ce qu’il accepte.
entre les deux hommes s’installe très rapidement, mettant                 Mais très vite, Juan se montre très insistant et multiplie
en scène deux tempéraments opposés. Juan, très séducteur,                 les contacts physiques. Tout semble les séparer : Juan
n’hésite pas à provoquer Gabriel physiquement. Quant                      est assez macho, fier et plein d’assurance, et a une petite
à ce nouveau colocataire, il se laisse faire mais ne répond               amie, en plus d’enchaîner les plans d’un soir. Gabriel est
pas à ses avances, trop gêné. La façon dont les corps sont                très réservé, taciturne, et est le père éloigné d’une petite
filmés prend alors forme dans le scénario : si leurs échanges             fille. Il ne répond pas aux nombreuses approches de Juan,
                                                                          auxquelles, pourtant, il ne semble pas indifférent. Jusqu’à
sont banals, ancrés dans une routine, le désir physique prend
                                                                          devenir obsédé par son nouveau colocataire, au point de
vie, il est communiqué aux spectateurs par quelques gros                  ne pas pouvoir s’empêcher de le dévorer du regard,
plans sur une hanche, un dos, un torse nu mais surtout,                   entretenant un désir mutuel.
des regards interdits qui font naître une envie commune,
                                                                          SUITE... Juan et Gabriel finissent par s’embrasser
ardente mais toujours hésitante. Deux personnages assez                   puis coucher ensemble à plusieurs reprises, en secret,
complexes : Juan a beaucoup de fierté, il est en couple avec              sans réellement assumer une relation qui a uniquement
une femme, et son comportement est assez macho, il incarne                lieu dans leurs chambres. Juan continue de faire sa vie
ceux qui se cachent de peur d’être jugés pour leur orientation            de son côté, quitte à sortir avec ses amis et ne revenir
sexuelle ; Gabriel quant à lui n’est pas ouvertement                      qu’au petit matin, sans prévenir, ou à coucher avec
homosexuel non plus, il a même une petite fille. Dans                     de nombreuses femmes, dont sa copine, jusqu’à ce que
ces quelques jours de vie, se déroulant presque intégralement             celle-ci annonce qu’elle est enceinte et demande à Gabriel
                                                                          de quitter la colocation, afin de prendre sa place. Juan
entre une chambre et un salon, Marco Berger capte avec
                                                                          tente de rassurer Gabriel et espère le revoir malgré tout,
douceur et sensualité le quotidien de deux hommes                         mais celui-ci développait des sentiments pour lui et s’en va
en évoquant en toute subtilité une problématique essentielle :            le cœur brisé. Il retrouve sa fille et lui annonce que Juan
s’assumer ou entrer dans une case pour répondre                           était son copain, ce qu’elle accepte. Il semble ainsi retrouver
aux attentes de la “normalité”. _F.F.                                     une forme de sérénité.

                             Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                                                                    © les Fiches du Cinéma 2020
Irrésistible (Irresistible)
de Jon Stewart

Le célèbre présentateur américain Jon Stewart                                                                             SATIRE POLITIQUE
                                                                                                                        Adultes / Adolescents
passe derrière la caméra pour une comédie, sur une
course à la mairie qui prend une dimension absurde.                        u GÉNÉRIQUE
Malheureusement, les personnages et le film                                Avec : Steve Carell (Gary Zimmer), Rose Byrne (Faith Brewster),
se retrouvent enterrés par la leçon morale de l’œuvre.                     Chris Cooper (le colonel Jack Hastings), Mackenzie Davis (Diana
                                                                           Hastings), Topher Grace (Kurt), Natasha Lyonne (Tina), Will Sasso
                                                                           (Big Mike), C.J. Wilson (Dave Vanelton), Brent Sexton (le maire
                                                                           Braun), Alan Aisenberg (Evan), Matt Lewis (Pearl), Vince Pisani
                                                                           (Kaplan), Will McLaughlin (le capitaine Ortiz), Bruce Altman (Mr.
                                                                           Peeler), Bill Irwin (Elton Chambers), Eve Gordon (Tonya Vanelton),
                                                                           Blair Sams (Ann), Christian Adams (Michael), Rebecca Ray (Becca),
                                                                           Nickolas Wolf (Phillip), Ian Covell (Dan), Gretchen Koerner (Lizzie),
                                                                           Russell Davis, Matthew Knott, Megan McFarland, Parker Chapin,
                                                                           Steve Barnes, Candy Crowley (elle-même), Trevor Potter (lui-
                                                                           même), Joe Scarborough (lui-même), Mika Brzezinski (elle-
                                                                           même), Charlotte Deleste (elle-même), Eric Franke (lui-même).
                                                                           Scénario : Jon Stewart Images : Bobby Bukowski Montage : Jay
                                                                           Rabinowitz et Mike Selemon 1er assistant réal. : Jonas Spaccarotelli
                                                                           Scripte : Alicia Accardo Musique : Bryce Dessner Son : Matthew
                                                                           Nicolay Décors : Grace Yun Costumes : Alex Bovaird Effets
                                      © Daniel McFadden / Focus Features   visuels : Jake Braver Dir. artistique : Brittany Hites Maquillage :
                                                                           Sarah Mays Casting : Meredith Tucker Production : Busboy
    HH        Il est difficile de situer en France le statut               Productions Pour : Plan B Entertainment Producteurs : Jon
                                                                           Stewart, Dede Gardner, Jeremy Kleiner et Lila Yacoub Producteurs
d’un Jon Stewart. Modèle avoué d’un Yann Barthès qui
                                                                           délégués : Brad Pitt et Christina Oh Dist. : Universal Pictures.
ne lui arriva jamais à la cheville, Stewart travaille dans
ce mélange profondément américain entre entertainer                                        101 minutes. États-Unis, 2020
et journaliste. Un croisement qui fit de lui un analyste                                   Sortie France : 1er juillet 2020
politique respecté, ainsi qu’un comique adulé qui eut
                                                                           u RÉSUMÉ
l’honneur ultime de présenter les Oscars. Cette étrange
                                                                           En voyant la vidéo d’un marine retiré plaidant pour
mixture distingue son long métrage, Irrésistible. Satire                   la tolérance dans une petite ville du Wisconsin, Deerlaken,
du processus politique américain, le film imagine une petite               Gary Zimmer croit voir le futur du parti démocrate. Il se
ville du cœur des États-Unis qui, à la suite d’un concours                 précipite dans le village pour pousser cet homme, Jack
de circonstances, devient le laboratoire de la reconquête                  Hastings, à se présenter à la mairie. Ce qu’il accepte, à
de l’électorat traditionnel. Les conseillers surgissent alors              condition que Gary dirige sa campagne. Celle-ci démarre
et la course à la mairie se retrouve inondée sous les PAC,                 en fanfare, et finit par attirer l’attention du parti républicain,
les stratèges et les millions. Une énergie financière                      qui envoie la rivale - et amante occasionnelle de Gary - Faith.
                                                                           Cette dernière organise immédiatement une contre-attaque
et politique délirante qui se retrouve validée par un twist
                                                                           efficace. Ayant peur d’être distancé financièrement, Gary
intelligent en termes de commentaire sur le système                        présente Jack à des mécènes new-yorkais.
électoral, beaucoup moins sous l’angle dramatique
                                                                           SUITE... Jack leur explique qu’à ses yeux, leur argent
et narratif. Comme trop de films à twist, Irrésistible est
                                                                           constitue le problème majeur de la politique aux États-
victime de son principe, sacrifiant une partie de sa dynamique             Unis, déclaration fort appréciée par des millionnaires qui
à son retournement central. Stewart n’a lui-même                           inondent de cash la campagne. Les premiers PAC (fonds
pas assez de sens spécifique de la mise en scène pour                      de financement se devant légalement d’être indépendants
pallier ce problème, et son film se met à ressembler                       de la campagne) se forment, et la course à la mairie
davantage à une leçon politique, certes pertinente, qu’à                   se met à ressembler à une élection nationale. Le grand
une œuvre personnelle. Le cinéaste avait quelque chose                     soir, les deux candidats sont à égalité. En apercevant
à dire. Il l’a dit, mais les personnages, le rythme,                       l’un des membres de son équipe de Washington avec la fille
                                                                           de Jack, Diana, Gary comprend subitement : c’est Diana
le souffle même de son récit, sont ainsi un peu laissés
                                                                           qui a tout organisé, avec l’accord et la participation du
de côté par un artiste qui respecte sa tâche de                            maire sortant, afin d’attirer dans la ville les millions
trublion politique américain, oubliant justement                           des donateurs politiques, dès lors utilisés pour reconstruire
le côté artistique de sa démarche. La malédiction de Stewart,              Deerlaken. Le complot est un succès, et Gary admet
donc. _S.G.                                                                lui-même la logique morale de la démarche.

                              Visa d’exploitation : 153110. Format : n.c. - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                                                                       © les Fiches du Cinéma 2020
Jumbo
de Zoé Wittock

Une jeune femme introvertie tombe amoureuse                                                                                           CHRONIQUE
                                                                                                                             Adultes / Adolescents
de l’attraction vedette du parc où elle travaille.
Ce premier film appliqué, au postulat étrange,                                     u GÉNÉRIQUE
passe un peu à côté de son sujet et échoue à convaincre,                           Avec : Noémie Merlant (Jeanne Tantois), Emmanuelle Bercot
malgré les efforts louables de ses interprètes.                                    (Margarette), Bastien Bouillon (Marc), Sam Louwyck (Hubert),
                                                                                   William Abello (le technicien), Tracy Dossou (Fati), Jonathan
                                                                                   Bartholme (le maigrichon), Eduard Nemcsenko, Noah Daccriscio,
                                                                                   Idao Daccriscio, Stephen Rhode, Chris Caligo et Jimmy Raphael
                                                                                   (les jeunes).
                                                                                   Scénario : Zoé Wittock Images : Thomas Buelens Montage :
                                                                                   Thomas Fernandez 1ers assistants réal. : Alex Brown et Bruno Du
                                                                                   Bois Scripte : Anouchka Czmil Musique : Thomas Roussel Son :
                                                                                   Pascal Jasme, Grégory Lannoy et Marijn Thijs Décors : William
                                                                                   Abello Costumes : Carine Ceglarski Effets visuels : Ronald Grauer
                                                                                   Dir. artistique : Mathieu Buffler Maquillage : Sophie Garlinskas
                                                                                   Casting : Claire Beugnies, Gwendale Schmitz et Nilton Martins
                                                                                   Production : Insolence Productions Coproduction : Les Films
                                                                                   Fauves et Kwassa Films Productrice : Anaïs Bertrand Productrice
                                                                                   exécutive : Marie-Sophie Volkenner Coproducteurs : Gilles
                                                                                   Chanial et Annabella Nezri Producteurs associés : Pascaline
                             © Insolence Prod. – Les Films Fauves - Kwassa Films   Saillant, Caroline Piras, Camille Gentet et Tanguy Dekeyser
                                                                                   Dir. de production : Bernard de Dessus Les Moustier
                                                                                   Distributeur : Rezo Films.
     H        Une jeune femme développe des sentiments
pour le nouveau manège d’un parc d’attractions : pour
son premier long métrage, la Belge Zoé Wittock joue
la carte de l’étrangeté. Mais elle use d’artifices et de clichés                       93 minutes. France - Luxembourg - Belgique, 2019
qui vont malheureusement trop souvent tenir le spectateur                                        Sortie France : 1er juillet 2020
à distance. Ainsi, Noémie Merlant (la révélation de Portrait
                                                                                   u RÉSUMÉ
de la jeune fille en feu ) doit interpréter une héroïne
                                                                                   Jeanne, jeune femme introvertie vivant avec sa mère
introvertie à l’extrême, “spéciale”, comme la décrit sa                            Margarette, commence à travailler dans un parc d’attraction
mère omniprésente (Emmanuelle Bercot). Si les deux                                 comme gardienne de nuit. Le responsable technique du parc,
actrices se tirent bien de deux rôles parfois ingrats car                          Marc, la surprend par accident dans les vestiaires. Lors de sa
trop archétypaux, on a le sentiment - la direction artistique                      première nuit, Jeanne a la sensation d’être observée. Le matin,
y contribuant beaucoup - d’assister aux premiers pas                               Marc la raccompagne et se fait remarquer par Margarette.
derrière la caméra d’une fidèle émule de Xavier Dolan.                             La nuit, Jeanne est fascinée par une attraction, le Move-It,
Le Québécois n’a évidemment pas le monopole des relations                          qu’elle baptise “Jumbo”. Le lendemain, Jeanne découvre
                                                                                   que Margarette a invité Marc. Elle finit par discuter avec lui.
maternelles tumultueuses, mais Jumbo, jusque dans sa
résolution expéditive, donne trop peu d’éléments frais                             SUITE... Le soir, elle découvre que Jumbo réagit à ses actions.
pour s’éloigner de cette pesante filiation. De même,                               Elle établit une forme de communication avec l’appareil. Dans
                                                                                   le bar où elle travaille, Margarette noue une relation avec
l’objectophilie qui anime Jeanne n’est traitée qu’en surface :
                                                                                   Hubert, un client. Jeanne passe ses nuits auprès de Jumbo et
la réalisatrice ne s’autorise pas suffisamment de fantaisie                        tombe amoureuse. Elle emmène Margarette au parc pour
pour nous faire partager pleinement les sentiments qui                             lui présenter Jumbo : sa mère ne la comprend pas . Elles
animent Jeanne, et lui apportent, petit à petit, une forme                         se disputent. Plus tard, elle a la sensation de faire l’amour
de sérénité. L’amour que porte cette dernière à “Jumbo”                            avec Jumbo. Au terme d’une dispute avec Margarette, sous
est avant tout un paramètre supplémentaire dans la façon                           les yeux d’Hubert, elle est chassée de la maison. Elle se réfugie
dont les autres (sa mère / l’amant de sa mère / son                                au parc et couche avec Marc, qui l’entend s’excuser auprès de
prétendant éconduit / la bande de jeunes qui la persécute)                         Jumbo. Quelques mois plus tard. Lors de la fête de fin de
                                                                                   saison, Jeanne est élue employée de l’année. Marc annonce
la perçoivent. Si Wittock laisse entrevoir d’indéniables qualités
                                                                                   que le Move-It a été vendu : Jeanne s’évanouit. Margarette
(dans sa mise en scène des séquences oniriques ou dans                             se dispute avec Hubert, qui prend parti pour Jeanne et s’en
les “échanges” entre Jeanne et Jumbo), son premier film, à                         va. Lorsque Jeanne s’habille en robe de mariée, Margarette
trop vouloir s’affirmer sans maîtrise, manque d’assurance                          décide de la soutenir. Accompagnée de sa mère et d’Hubert,
et d’originalité. _Mi.G.                                                           Jeanne “épouse” Jumbo.

                               Visa d’exploitation : 141483. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                                                                            © les Fiches du Cinéma 2020
Les Parfums
de Grégory Magne

La rencontre improbable entre un nez acariâtre et                                                                   COMÉDIE DRAMATIQUE
                                                                                                                      Adultes / Adolescents
son nouveau chauffeur dépassé. Fort de son joli duo
d’acteurs, ce second long métrage ne cède jamais à                         u GÉNÉRIQUE
la tentation des éclats dramatiques et des fioritures                      Avec : Emmanuelle Devos (Anne Walberg), Grégory Montel
comiques. Le résultat se révèle étonnamment sensible.                      (Guillaume Favre), Gustave Kervern (Arsène), Sergi López (Patrick
                                                                           Ballester), Zélie Rixhon (Léa).
                                                                           Scénario : Grégory Magne Images : Thomas Rames Montage :
                                                                           Gwénaëlle Mallauran et Béatrice Herminie 1re assistante réal. :
                                                                           Célie Valdenaire Scripte : Anaïs Sergent Musique : Gaëtan Rousse
                                                                           Son : Francis Berrier, Benjamin Rosier et Mathieu Langlet Décors :
                                                                           Jérémie Duchier Costumes : Alice Cambournac Casting : Antoine
                                                                           Carrard Production déléguée : Les Films Velvet Coproduction :
                                                                           France 3 Cinéma Producteur délégué : Frédéric Jouve Producteur
                                                                           exécutif : Pierre-Louis Garnon Productrice associée : Marie Lecoq
                                                                           Distributeur : Pyramide.

                                                      © Les Films Velvet

    HH       Huit ans après son premier film L’Air de rien
- dans lequel Grégory Montel formait déjà un duo inattendu
avec Michel Delpech -, Grégory Magne fait rencontrer deux
personnages que tout semble opposer. D’un côté, Anne                                          100 minutes. France, 2019
est une parfumeuse dont le talent et la gloire ont été mis à                                Sortie France : 1er juillet 2020
mal par un échec. Star déchue, elle devient prisonnière de sa
                                                                           u RÉSUMÉ
propre personnalité hostile et fuyante. De l’autre, Guillaume
                                                                           En instance de divorce, Guillaume n’aura la garde partielle
est un chauffeur aussi pragmatique que dépassé par ses                     de sa fille qu’à la seule condition de trouver un logement
situations professionnelle et familiale. Riche en tensions                 adapté. Chauffeur, il est réprimandé par son patron, à
et en contrastes (quand les effluves de l’herbe coupée                     la suite de plusieurs infractions routières. Une nouvelle
évoquent au chauffeur un tendre souvenir d’enfance,                        mission l’amène à devenir le chauffeur d’Anne Walberg,
le nez va plutôt y déceler l’“odeur d’un carnage” commis                   une célébrité dans le monde du parfum. Mais dès le premier
contre la nature), leur rencontre met pourtant en exergue                  jour, celle-ci se montre froide.
un point commun indéniable : une grande solitude. Non sans                 SUITE... Guillaume n’acceptant pas l’autorité d’Anne, leurs
sensibilité, le réalisateur signe un récit attendu où il est               premiers moments sont conflictuels. Malgré tout, Anne fait
bien entendu question de complémentarité, de découverte(s)                 à nouveau appel à ses services et s’ouvre peu à peu. Elle se confie
et de partage. De là, il ne peut résulter qu’une guérison,                 sur son expérience passée chez Dior. De son côté, Guillaume
                                                                           emmène sa fille à la plage pour son anniversaire. Lors d’une
physique comme émotionnelle, pour ces deux protagonistes.
                                                                           soirée, Anne confie à Guillaume qu’elle avait été renvoyée de
Sans être d’une originalité désarmante, le duo fonctionne                  chez Dior après avoir perdu temporairement son odorat. Depuis,
avant tout grâce à l’investissement de ses interprètes.                    son agent refuse de lui décrocher un autre contrat dans
À commencer par Emmanuelle Devos, particulièrement                         la parfumerie. Un matin, elle perd de nouveau son odorat.
convaincante dans un rôle misanthrope. Face à elle, Grégory                Paniquée, elle fait une overdose médicamenteuse. En
Montel séduit quant à lui par son semblant naturel. Ajoutez                la conduisant à l’hôpital, Guillaume commet un excès de vitesse.
à cela quelques discrètes subtilités (une retenue dans                     Au réveil, Anne reçoit la visite du Dr Ballester, qui va l’aider à
la mise en scène et dans le pathos) ainsi que des surprises                retrouver son odorat. De son côté, Guillaume perd son travail
                                                                           et l’appartement qu’il convoitait. En voie de guérison, Anne vire
(l’apparition de Sergi López), et vous obtenez un résultat
                                                                           son agent, retrouve Guillaume et lui propose de devenir
qui, à défaut de marquer les esprits, évite in extremis les                son partenaire. Avec ce nouveau travail, Guillaume obtient
clichés. Les Parfums a ainsi le mérite de faire exister à l’écran          la garde partagée de sa fille. Plus tard, Anne et lui-même
une amitié en soulignant avant tout ses aspérités comme                    présentent un parfum chez Dior. Guillaume se rend ensuite
ses contingences. _S.H.                                                    dans la classe de sa fille pour présenter son nouveau métier.

                               Visa d’exploitation : 148876. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                                                                     © les Fiches du Cinéma 2020
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Simon Gutman, Simon Hoareau, Marie Toutée.
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général du comité
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