DOSSIER PÉDAGOGIQUE L'EXPOSITION IMMERSIVE - Réalisation Annabelle Mauger & Julien Baron
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Avant-propos L’exposition est adaptée à la visite de groupes d’enfants dès 3 ans. Ce livret est conçu pour les enseignants et les personnels encadrants des structures socioculturelles. Il constitue un guide d’accompagnement destiné à vous aider à la préparation de votre visite et propose des prolongements pédagogiques. 1
SOMMAIRE 1. L’événement IMAGINE PICASSO – L’exposition immersive …. p.3 Le concept de l’exposition immersive ……………………………… p.4 La technologie au service de l’art …………………………………… p.5 Le lieu : la Sucrière à Lyon ….………………………………………… p.7 L’équipe…………………………………………………………………. p.8 Le propos général de l’exposition……………………………………. p.10 2. Présentation de l’exposition et de son parcours ……………….. p.12 Le parcours pédagogique …………………………………………… p.13 L’exposition immersive ………………………………………………. p.14 La scénographie ………………………………………………………. p.15 Plan de la visite ………………………………………………………. p.16 3. La vie et l’œuvre de Picasso ……………………………………….. p.17 Biographie …………………………………………………………….. p.18 Morceaux choisis ……………………………………………………… p.23 4. Poursuivre après la visite …………………………………………… p.24 Voir des Picasso ……………………………………………………..... p.25 Pistes pédagogiques …..……..………………………………………. p.26 Bibliographie et filmographie ……………………………………….. p.32 5. Informations pratiques ……………………………………………… p.33 Dates et horaires d’ouverture ………………………………………. p.34 Durée et outils de visite ……………………………………………… p.34 Tarifs et réservations………………………………………………….. p.34 Réserver un atelier ……………………………………………………. p.35 Lieu et accès …………………………………………………………… p.36 Visite de découverte pour les enseignants ………………………… p.36 2
LE CONCEPT DE L’EXPOSITION IMMERSIVE Une exposition didactique sur le fond et émouvante sur la forme, à contempler avec des yeux neufs. L'œuvre, disait Picasso, est destinée à faire naître des émotions dans l'âme de celui qui la regarde. Ouvrir l'espace de l'émotion, du rêve et de la contemplation à tous les publics, y compris les plus jeunes, telle est l'ambition de l'exposition immersive « Imagine Picasso ». Cette exposition d’un nouveau genre présente une rétrospective exceptionnelle de la vie et de l’œuvre de Pablo Picasso grâce au multimédia : après une première partie « pédagogique » où le visiteur pourra appréhender et comprendre le parcours de l’artiste, ses thèmes de prédilection et les grands courants auxquels son œuvre s’est rattachée, il pénétrera ensuite dans un immense espace de projection pour admirer les images en grand dans un environnement sonore subtile. L’accent ainsi mis sur des détails significatifs de l’œuvre de Picasso révèlera toute la beauté de ses œuvres. Ainsi sortie de son cadre, le travail de Picasso gagne l’espace et devient une image projetée sur le volume « hors norme » de l’architecte qui offre une autre vision de l’artiste. « Imagine Picasso » est une exposition d’art immersive, accessible à toute personne quel que soit son âge, sa langue, sa culture. Grâce à la vidéo-projection multiple utilisée sur des support immenses, l’image ainsi élargie permet au visiteur d’avoir une réelle proximité avec les œuvres, ce qui facilite la découverte du peintre, la rend plus accessible et décuple les émotions que l’on peut ressentir devant les toiles du peintre. Dans un cadre inhabituel, totalement différent de celui de l'espace silencieux et sacralisé du musée, l’exposition en « image totale » invite le spectateur à sortir de ses repères habituels pour devenir acteur de son propre parcours. Imagine Picasso peut se découvrir en famille ou en classe, dans une exposition sensorielle mais aussi didactique et pédagogique construite comme une aire de jeux. Les sens et l’imagination en éveil, les enfants découvriront Picasso autrement et vivront des émotions dans une symphonie de lumière, de sons et de couleurs. 4
LA TECHNOLOGIE AU SERVICE DE L’ART Pour décupler l’émotion, les technologies les plus performantes se mettent au service de l’art et animent les œuvres sur des modules de près de 4 m de hauteur. Des techniques de pointe « Imagine Picasso » utilise les techniques avancées de la multiprojection et de l’audio immersif afin de plonger le visiteur au cœur des œuvres. Environ 80 vidéo-projecteurs HD illuminent majestueusement l’architecture de la Sucrière. Les spectateurs peuvent donc déambuler librement au milieu des images et découvrir autrement les œuvres du peintre. L’ambiance sonore qui renforce l’impression d’immersion et décuple les sensations, permet au visiteur de faire partie intégrante de cet environnement spectaculaire. Des moyens exceptionnels Pour une installation de cette envergure, la totalité combinée des surfaces de projection est énorme. La Sucrière a permis de mettre en place une scénographie taillée sur mesure comprenant plus de 2 000 m2 de projection. Les serveurs multimédia bénéficient des dernières technologies en terme de processeur, disques durs et évidemment cartes graphiques. Techniquement, il faut assurer la synchronisation de la musique multicanale avec 80 vidéo-projecteurs gérant du contenu HD. Une autre complexité vient de la taille d’une salle comme Sucrière. Afin de pouvoir transporter les signaux vidéo et audio, le recours à un réseau fibre optique complet est nécéssaire. Et des défis à relever ! Une fois la technologie choisie sur le papier, il reste deux défis techniques qui nécessitent à la fois un savoir-faire que les réalisateurs maîtrisent et du matériel de pointe. Pour les réalisateurs, il faut garder en tête la scénographie et imaginer comment chaque passage se concrétisera dans les lieux. Ensuite, lors de l’installation, il y a des réglages très fins à opérer. Afin d’avoir des surfaces projetées continues et homogènes illuminées par plusieurs projecteurs, il faut non seulement placer les appareils à des positions précises mais il est également nécessaire d’opérer des réglages logiciels pour contrôler l’influence de chaque projecteur sur les autres. C’est un long processus… 5
LE LIEU : LA SUCRIERE A LYON Les expositions immersives trouvent tout leur sens dans des lieux d’exception. Après Imagine Van Gogh dans la Grande Halle de la Villette, l’opportunité de présenter Imagine Picasso en 2019 en commençant par le public lyonnais grâce à un lieu unique comme La Sucrière, fut une réponse parfaite. Tous les éléments nécessaires à la création d’une telle exposition sont réunis : la hauteur, l’espace, l’obscurité qui feront naître la lumière sur cette peinture si précieuse ! La Sucrière est le lieu emblématique des Docks au cœur du quartier Lyon Confluence. Construit dans les années 1930, cet ancien entrepôt connaît une deuxième vie culturelle entamée en 2003 avec l’arrivée de la Biennale d’Art Contemporain de Lyon, une des plus importantes d’Europe. Entièrement rénové en 2011, ce lieu chargé d’histoire démontre qu’il est possible de conserver un patrimoine industriel et de lui donner une nouvelle vocation culturelle. Le site accueille chaque année une cinquantaine de manifestations et, tout au long de l’année, au deuxième étage du bâtiment, des expositions artistiques et culturelles de renommée nationale et internationale. Après la Sucrière à Lyon, première implantation d’Imagine Picasso, l’exposition entamera une tournée dans d’autres grandes villes de France et du monde. 7
L’ÉQUIPE Pour réussir cette prouesse, le producteur Pascal Bernardin met tout en œuvre avec enthousiasme et réunit les énergies de personnes passionnées : la réalisatrice Annabelle Mauger, âme et initiatrice du projet ; Julien Baron, son co-réalisateur depuis toujours, qui apporte sa sensibilité artistique et son indispensable savoir-faire technique ; Rudy Ricciotti, l'architecte de renommée mondiale, qui crée un décor en relief sur-mesure dans lequel seront projetées les œuvres ; ainsi qu’Androula Michael, historienne de l'art spécialiste de Picasso, qui envisage l'œuvre de l'artiste de façon neuve et plurielle. Annabelle MAUGER – Lililillilil – Conception et réalisation de l’exposition En 2000, Annabelle Mauger découvre CATHEDRALE D’IMAGES aux Baux-de-Provence grâce à son compagnon, Timothée Polad, petits-fils du fondateur Albert Plécy, et ensemble ils en reprennent très rapidement la gérance. Premier lieu historique de création audiovisuelle en « image totale » reconnu dans le monde entier, il proposait chaque année de nouveaux spectacles immersifs. Depuis 2011, avec son co-réalisateur Julien Baron, Annabelle a répliqué le concept et a voyagé avec ses expositions de Singapour à Las Vegas sans jamais cesser de chercher des lieux pour recréer une nouvelle Cathédrale d’Images. En 2018, Imagine Van Gogh a pris place dans la Grande Halle de Villette et a rencontré un vif succès. En 2019 ce sera à Lyon et en collaboration avec l’architecte Rudy Ricciotti, qu’elle nous offre de découvrir sous un nouvel angle l’œuvre de Picasso. Julien BARON - Lililillilil – Conception et réalisation de l’exposition Passionné d’audiovisuel depuis toujours et après avoir étudié les techniques du cinéma, Julien a réalisé plusieurs courts-métrages animés, clips, vidéos, avant de rejoindre lui aussi l’équipe de CATHEDRALE D’IMAGES. Pendant 3 ans, il participe à la conception des spectacles audiovisuels immersifs sur Venise, Cézanne, Picasso puis Leonard de Vinci. Avec Annabelle Mauger en 2011, ils adaptent Van Gogh dans le prestigieux Art Science Museum de Singapour. De la scénarisation d’ Imagine Van Gogh et Imagine Picasso à sa réalisation, le respect de l’œuvre peinte est présent dans tout le travail d’Annabelle et Julien. Les années passent, la technologie évolue et veille à ce que restitue l’œuvre immobile plus que tout. 8
Pascal BERNARDIN – Encore Production SAS Après avoir présenté les plus grands artistes anglo-saxons (Bob Marley, The Police, Michael Jackson, The Rolling Stones, Madonna, Supertramp, Sting…), Pascal Bernardin créé en 1987 Encore Productions pour se diversifier dans les spectacles familiaux (Disney sur Glace, Mamma Mia!, la Marche des dinosaures…). Depuis plus de 10 ans, Encore Productions présente en France et en Europe les plus belles expositions itinérantes internationales comme Titanic, Toutankhamon, Jurassic World ou encore Harry Potter et Art of the Bricks (Lego)… Le succès de ces expositions tient autant des sujets, des artistes, des partenaires et de la qualité de la réalisation, pour apporter aux visiteurs une expérience unique et une émotion mémorable. Rudy RICCIOTTI – Architecte et scénographe Grand Prix National d’Architecture, médaille d’Or de la Fondation de l’Académie d’Architecture, Rudy Ricciotti est un des plus grands architectes contemporains à qui l’on doit notamment le MUCEM à Marseille et le Département des Arts de l’Islam du Louvre. Imagine Picasso est le 3ème projet pensé en collaboration entre Rudy Ricciotti et Annabelle Mauger. Cette collaboration n’est pas due au hasard. L’architecte combine mieux que quiconque et avec audace la brutalité des formes à la sensualité des matériaux. C’est avec cet esprit qu’il créa déjà en collaboration avec Annabelle Mauger le projet de CATHEDRALE D’IMAGES Saint-Priest, puis quelques années plus tard, le projet de rénovation de la Chaufferie de l’Antiquaille. Androula MICHAEL – Commissaire de l’exposition Androula Michael est historienne de l’Art, professeur, auteur et commissaire d’expositions. Grande spécialiste de Picasso, elle a entre autre coédité avec Marie- Laure Bernadac le livre intitulé Picasso. Propos sur l’art (Gallimard, 1998), publié Picasso poète (ENSBA, 2008) et codirigé avec Laurence Bertrand-Dorléac, Picasso : L’objet du mythe (ENSBA, 2005). En collaboration avec Laurent Wolf, elle a publié le volume sur Picasso des Cahiers de l’Herne (2014) avant de mener des recherches sur la réception critique comparative des travaux de Pablo Picasso et de Marcel Duchamp. 9
LE PROPOS GÉNÉRAL DE L’EXPOSITION Quand j'étais enfant, ma mère me disait : "Si tu deviens soldat, tu seras général. Si tu deviens moine, tu finiras "pape." Je voulus être peintre, et je suis devenu Picasso ! Mais quel est donc cet artiste dont l'œuvre est reconnaissable parmi tant d'autres et qui a provoqué à la fois admiration et rejet ? Au-delà de ses grandes œuvres iconiques, telles que les Demoiselles d'Avignon (1907) ou Guernica (1937), qui connaît Picasso à sa juste mesure en dehors d'une image toute faite et souvent déformée de sa vie privée et de son œuvre ? « Il y a peu de gens qui comprennent, disait-il, et quand tout le monde vous admire, il y en a encore si peu qui comprennent... presque aussi peu qu’auparavant ». L'artiste rebondit là où on ne s'y attend pas, capable aussi bien de faire des œuvres réalistes d'une infinie beauté que d'autres plus déconcertantes. Picasso est l'artiste qui a scruté profondément l'être humain et son environnement, les choses les plus essentielles tels que l'amour, la vie, la mort, mais aussi les plus humbles et les plus quotidiennes : "Les tableaux, disait-il, on les fait toujours comme les princes font leurs enfants : avec des bergères. On ne fait jamais le portrait du Parthénon ; on ne peint jamais un fauteuil Louis XV. On fait des tableaux avec une bicoque du Midi, avec un paquet de tabac, avec une vieille chaise". Cet artiste méconnu malgré son immense notoriété, il est grand temps de le découvrir. 10
nbb 11 Pablo Picasso dans son Studio © Herbert List
2. Présentation de l’EXPOSITION et de son parcours 12
Pour appréhender l’œuvre de Picasso, l’exposition s’articule en 2 parties : LE PARCOURS PÉDAGOGIQUE En préambule de l’exposition, un espace didactique et pédagogique fournira aux visiteurs toutes les informations nécessaires sur la vie de Picasso, ainsi que des clés de lecture pour une meilleure compréhension de son œuvre, avant d’entrer dans la seconde partie immersive et sensorielle. Dans une scénographie soignée, les grandes orientations de l'exposition seront clairement présentées suivant deux parcours : l'un destiné aux adultes et l'autre aux enfants. En visitant cette exposition, le spectateur connaîtra mieux l'œuvre de l'artiste mais il aura également une meilleure représentation des mouvements les plus révolutionnaires du XXème siècle que Picasso avait inventés ou avec lesquels il avait dialogué. Ce parcours se décompose en 2 sections : Section 1 : La vie et l ‘œuvre de Picasso La première section retracera la vie de Picasso et les principaux éléments de sa biographie de son enfance en Espagne à la fin de sa vie dans le sud de la France. Elle présentera également les différentes grandes périodes de l’œuvre de Picasso, en commençant par ses périodes de jeunesse bleues et roses, puis la rupture que représente Les Demoiselles d’Avignon, le cubisme, la période dite néo-classique, le surréalisme, l’avant-guerre et les années sordides de la guerre, l’après-guerre ainsi que la période tardive. Section 2 : L’image totale en héritage et l’architecture de Rudy Ricciotti Cette 2ème section rappellera l’héritage de CATHEDRALE D’IMAGES et des expositions en image totale imaginées par Albert Plécy aux Baux-de-Provence. Cette section se penchera aussi sur le travail de l’architecte Rudy Ricciotti. Cette mise en perspective illustrée de son travail qui renvoie à une architecture puisant autant dans la matérialité que dans le lyrisme, dans la technicité que dans la plasticité, dans le brutalisme que dans la sophistication, permet de comprendre l’apport de l’architecte dans l’impression et la grande émotion qui se dégagent de la partie immersive suivante, que le visiteur s’apprête à découvrir. 13
L’EXPOSITION IMMERSIVE Suite à cela, un programme d’une durée d’environ 30 minutes propose une immersion dans les images de l’œuvre prolifique de Picasso. Cette exposition en « image totale » est diffusée en boucle en continu de façon à ce que les visiteurs puissent entrer à tout moment, la prendre en cours, la visionner plusieurs fois sous différents angles en déambulant librement. Épousant 1400m2 de la Sucrière, cette nouvelle création visuelle et sonore, faite in situ et sur mesure pour être parfaitement adaptée au lieu, vous immerge tout entier dans l’univers de l’artiste. Elle vous éblouit avec une sélection de 300 œuvres projetées de Picasso qui a perpétuellement cherché à inventer de nouvelles façons de créer. Le parcours de l'exposition immersive embrassera toutes les périodes de l'œuvre de Picasso, avec à chaque fois un focus sur les œuvres majeures et incontournables, telles que Les Demoiselles d'Avignon (1907), œuvre emblématique de l'art moderne, ou Guernica, devenue un symbole politique de résistance contre la barbarie. Parallèlement, certains sujets qui reviennent comme des leitmotivs dans son œuvre seront traités indépendamment de la chronologie : la colombe de la paix devenue mythique mais aussi les caricatures, les dessins en un seul trait, le jeu avec les lignes, les calligraphies, les cocottes en papier et les pliages et les jouets qu'il fabriquait pour ses enfants. On découvrira alors dans la jeunesse et la genèse de son œuvre un Picasso pluriel et protéiforme qui n'a jamais cessé de nous étonner. La bande-son qui accompagne les projections nous offre des musiques signées Erik Satie (compositeur du ballet Parade (1917) dont Picasso a réalisé les décors, les costumes et le rideau de scène), Igor Stravinsky ou Maurice Ravel ainsi que d’Isaac Albeniz qui évoque si bien les origines espagnoles du peintre qui, bien qu’établi en France et pas retourné en Espagne après 1934, est toujours resté attaché à son pays d’origine. Elle s’accompagne aussi de certains sons évocateurs (le bruit du vent, de l’eau…) renforçant l’émotion suscitée par la contemplation des toiles. En image et en musique, l’exposition immersive propose de se laisser porter et de découvrir l’artiste aux multiples facettes sous un tout nouvel angle. 14
LA SCÉNOGRAPHIE Rudy Ricciotti a imaginé une scénographie dans laquelle les modules et les supports de projection ne sont plus des surfaces planes mais en volume, en parfaite adéquation avec les œuvres de Picasso. Les images sont ainsi comme sculptées sur les modules. L’espace créé prend l’allure d’une aire de jeux dans une volonté d’ajouter à l’émotion qui se dégage de ce spectacle immersif une expérience ludique très adaptée au jeune public faisant aussi ressortir l’âme d’enfant des visiteurs. Ainsi, les visiteurs observeront les tableaux offerts sous leurs yeux en déambulant debout, marchant sur des reliefs ou en mouvement sur une balançoire ou un tourniquet. Le travail du scénographe a été réalisé en deux étapes : parti d’abord d’une utopie, le décor idéal que lui inspirent les œuvres de Picasso, a ensuite été adapté à l’architecture et l’espace de la Sucrière. 15
Projet scénographique © Agence Rudy Ricciotti PLAN DE LA VISITE 16
, 3. La vie et l’œuvre de PICASSO 17
BIOGRAPHIE « L'œuvre que l'on fait est une manière de tenir son journal » a dit Picasso. Picasso est né en 1881 à Malaga, où il reste jusqu'à l'âge de huit ans, moment où toute la famille déménage à la Coruña en 1889 et où son père est nommé professeur de dessin à l’Instituto da Guarda. Picasso y suivra des cours de dessin. Les débuts de Picasso Picasso a commencé très tôt à dessiner, peut-être grâce à son père. Il dessinait des sujets comme Hercule et sa massue ou Le petit Picador, peints à l'âge de huit ans. Il disait avec regret qu'il n'avait pas vraiment fait des dessins d'enfants et qu'il avait par contre mis toute une vie pour apprendre à dessiner comme eux, c'est-à-dire libre de contraintes imposées. Entré avec une extrême facilité dans les écoles d'art, d'abord à la Coruña et ensuite à Barcelone où la famille s'installe en 1895, Picasso suit les cours à la Lonja, mais il n'y restera que très peu de temps. Très tôt, quand il avait encore 15 ans, il participe à l’Exposition des Beaux-Arts et de l’Industrie à Barcelone avec son œuvre La première communion. en 1897, son œuvre Science et Charité reçoit une mention d’honneur à l’Exposition générale des Beaux-Arts de Madrid puis une médaille d’or à l’Exposition provinciale à Malaga. La même année, il fait un court séjour à Madrid pour un bref passage à l’Académie San Fernando. À Barcelone, où il séjourne à partir de 1895, Picasso se lie d'amitié avec les poètes, artistes et intellectuels du cercle du cabaret Els 4 gats, lieu devenu mythique, où il rencontre Carlos Casagemas et Jaime Sabartés. Picasso y expose les portraits qu'il fait de ce cercle d'amis. Il est désormais un homme en possession de tous les moyens plastiques qui lui permettront de dépasser les techniques académiques. Du bleu au rose, au Bateau-lavoir Il effectue depuis Barcelone de courts séjours à Paris, le premier étant en 1900 où il expose à l’Exposition Universelle de Paris son œuvre Les Derniers Moments (qui sera recouverte en 1903 par le tableau La Vie). Il s'installe définitivement à Paris à partir de 1904 au Bateau-Lavoir, 13 rue Ravignan sur la butte Montmartre, et partage sa vie de bohème avec Fernande Olivier. Il découvre le cirque Medrano et y devient un spectateur habitué. Picasso est en décalage avec les sujets traités par les peintres de son époque. Pour ses périodes bleue et rose, il plonge son regard sur la destinée humaine, sur ceux 18
qui sont en marge de la société, femmes seules, vieillards ou aveugles. L'univers du cirque, les paysages de Gosol apportent des tonalités roses plus claires. Le traitement des visages et de l'espace préparent déjà le grand moment qui se produira avec Les Demoiselles d'Avignon (1907). Il s'agit d'un moment inaugural, celui de la création d'un espace moderne entièrement nouveau. Cette œuvre phare conduit vers le cubisme. Le cubisme Le cubisme (cézannien, analytique, hermétique et synthétique) est une vraie révolution du regard et des règles de l'art héritées de la Renaissance. Il opère cette révolution avec Georges Braque, que lui a présenté Guillaume Apollinaire en 1907. Picasso a un peu plus de trente ans quand il réalise le premier collage dans l'art du XXème siècle, avec la Nature morte à la chaise cannée (1912), invention majeure dont les répercussions sont encore visibles aujourd'hui dans plusieurs arts depuis la littérature jusqu'au cinéma. Les ballets russes et la période dite « néoclassique » Du milieu des années dix jusqu'au milieu des années vingt, Picasso ne cesse de combiner cubisme et réalisme, allant même jusqu'à revenir à un certain classicisme. Sa collaboration avec les ballets russes avant-gardistes de Serge de Diaghilev le conduit en Italie, l’un des rares pays où il a voyagé. Dans le ballet Parade (1917), œuvre phare de cette collaboration avec la troupe la plus célèbre du moment, Picasso mélange tous les styles qui lui tiennent à cœur sans se soucier des classifications. Son art peut alors gagner l'espace pour devenir décor, costumes, rideau de scène. C'est là où il rencontre une ballerine de la troupe, Olga Kohklova, qu'il épousera et dont il fera de nombreux portraits emprunts d'un réalisme très éloigné du cubisme qu'il continue par ailleurs à explorer sur d'autres tableaux. De même, il fera de superbes portraits de son premier fils Paulo en Arlequin, en Pierrot, ou sur un âne. Il s'installe rue de la Boétie dans un appartement bourgeois, non loin de son galeriste Rosenberg, heureux de voir que le grand Picasso réalise aussi des œuvres bien plus lisibles dans leur réalisme et qui plaisent davantage aux acheteurs. L'image d'un artiste important et d'une situation confortable est désormais consolidée. En 1932 a lieu sa première grande rétrospective à Zurich, que Picasso organise personnellement. Il fait le choix des œuvres et décide de leur accrochage. Surréalisme Il flirte parallèlement avec le surréalisme sans jamais y adhérer. André Breton, son fondateur, dira que « dans le château surréaliste Picasso chasse dans les environs ». Les sujets de prédilection de l'artiste font écho à ceux des poètes et artistes 19
surréalistes, comme par exemple la figure du Minotaure. Picasso fait la couverture pour la revue éponyme en 1933. Figures au bord de la plage, nouvelles anatomies pour le corps, constellations et arabesques peuplent son univers. Malgré un certain démembrement des corps, une déstructuration des formes, Picasso reste toujours attaché au réel, aux choses de son quotidien le plus immédiat. Certaines de ses œuvres, qui d'habitude sont rangées dans le sillage des surréalistes, pourraient avoir bien d'autres sources. Des nouvelles recherches montrent en effet l'intérêt très vif de Picasso pour l'antiquité et la préhistoire. Picasso poète Au milieu des années 1935, Picasso commence une activité poétique intense qui se poursuivra avec quelques interruptions jusqu'en 1959. Il écrit plus de 350 poèmes en divers états et variantes, ainsi que trois pièces de théâtre. Picasso affirmait en s'amusant qu'il était « un poète qui a mal tourné ». Il déploie les multiples brouillons de son écriture en calligraphies et arabesques où le plus noble côtoie le plus trivial : les torchons de la cuisine avec l'amour, la guerre et son épouvante exprimée par des aliments immangeables, les animaux, les plantes, les horloges, la corrida, les odeurs. C'est le moment où il traverse une réorientation dans son travail et une crise familiale qui le conduira à la séparation d’avec sa femme Olga. Il entretient parallèlement une liaison secrète avec la jeune femme Marie-Thérèse Walter qui lui donnera une petite fille, Maya. Les deux figures féminines entrent naturellement dans son œuvre. La sculpture Pendant cette période, Picasso redonne à son désir de faire de la sculpture un nouveau souffle. Dans la grande demeure-atelier qu'il acquiert à Boisgeloup, près de Gisors en Normandie, il peut enfin s'adonner sans contrainte à la sculpture que magnifie Brassaï avec ses photographies. Guernica et la Guerre La guerre civile et le drame de Guernica, les années sordides de la Guerre, provoquent chez Picasso un mélange de mélancolie et de rage : ses couleurs s'assombrissent, les chats dévorent les oiseaux, les crânes de taureau combinés aux bougies et aux livres font appel à une méditation sur la mort. Dora Maar, avec qui il entretient également une relation de complicité amoureuse, a laissé une série de photos précieuses de Guernica en cours d'élaboration. 20
Picasso trouve souvent des ressources pour conjurer le mal et peut ainsi faire un détour par l'humour. Il écrit en pleine occupation une pièce de théâtre, Le désir attrapé par la queue (1941), où sont convoqués la faim, le froid, l'amour et la vie. La lecture de cette pièce chez ses amis Zette et Michel Leiris, en 1944, réunit comme metteurs en scène et acteurs, Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Raymond Queneau, Dora Maar… L’après-guerre Juste après la Deuxième Guerre mondiale, Picasso adhère au parti communiste et se laisse aller au jeu de l'utilisation de son image par le parti auquel il ne cède rien de son indépendance d'artiste. Picasso dit dans une déclaration qu'il avait trouvé là ses amis et une famille. Faudrait-il rappeler que l'État français - pendant l'occupation certes - refuse à cet immense artiste la nationalité française sous prétexte d'une sympathie anarchiste, le considérant même comme dangereux du point de vue national ? Picasso ne l'oubliera jamais, mais ne le révèle pas pour autant. On l'apprendra il y a à peine deux décennies, à l'apparition en Russie d'archives de la police française. Picasso incarne l'artiste engagé contre la guerre et la barbarie mais toujours à sa façon. Après la guerre, sa colombe de la paix devient un symbole. Les dernières années Picasso retrouve dans le Midi de la France, près de la mer Méditerranée, la joie de vivre. Il s'installe à Vallauris, villa La Galloise, avec sa nouvelle compagne rencontrée en 1943, Françoise Gilot, artiste elle-même et mère de ses deux enfants, Claude et Paloma. Dans cette petite ville célèbre pour sa terre argileuse et sa céramique, Picasso alors âgé de 65 ans se passionne pour cette technique ancestrale. Grâce au couple Suzanne et Georges Ramié qui mettent à sa disposition leur atelier de céramique, qu'ils appelaient Madoura, Picasso expérimentera la céramique et la sculpture et produira plus de 3500 œuvres céramiques originales. Picasso devient aussi populaire que les stars de cinéma. Les grands photographes viennent le photographier en famille, le surprendre dans son bain, photographient ses ateliers et diffusent largement son image. L'artiste fait la couverture des magazines people Life aux États-Unis, Paris-Match en France. Une fois Françoise partie avec les enfants, Picasso déménagera à Cannes, villa La Californie, en 1955, avec sa nouvelle compagne Jacqueline Roque, qu'il avait connue chez Madoura. Elle deviendra la deuxième femme qu'il épouse en 1961, ce qui était devenu possible après la mort de sa première femme Olga (en 1955). C’est durant cette période qu’il tourne avec Henri-Georges Clouzot le film Le Mystère Picasso. 21
En 1958, il déménage dans une nouvelle maison, un nouvel atelier, le château de Vauvenargues, au pied de la montagne Sainte Victoire, lieu emblématique de Cézanne. En 1961, il déménage de nouveau avec Jacqueline à Notre-Dame-de-Vie, à Mougins. Âgé de 80 ans, Picasso déborde d'énergie créatrice et produit gravures, dessins et peintures qui choqueront à leur époque par la liberté totale de son vocabulaire. En 1963, le Museu Picasso est inauguré à Barcelone, dans lequel on trouve toutes les œuvres de jeunesse restées en Espagne, offertes au musée par Picasso en 1970. Rappelons que Picasso, depuis 1934, n'est plus jamais retourné en Espagne, jurant qu'il ne rentrerait pas tant que son pays était sous la dictature de Franco. Il en était de même pour Guernica, dont il avait fait cadeau à l’Espagne, avec tous les dessins préparatoires. Le tableau, laissé en dépôt depuis 1939 au Museum of Modern art de New York, devait retourner dans son pays qu’une fois la démocratie rétablie, en 1981, conformément à la volonté de l’artiste. Ce que l’on a coutume d’appeler la « dernière période » de l'œuvre de Picasso est empreinte d’un sentiment d’urgence. Il sait qu’il a de moins en moins de temps et cependant de plus en plus de choses à dire. En 1970, une exposition au Palais des Papes à Avignon montre les dernières œuvres de Picasso peuplées par les mousquetaires, les matadors, la Famille, les Maternités, les étreintes. Picasso meurt à l'âge de 92 ans dans sa dernière demeure, la villa Notre Dame de Vie. Il laisse derrière lui un nombre impressionnant d’œuvres, que les experts mettront plusieurs années à cataloguer avant qu'elles soient partagées entre les héritiers et l’État. Grâce à une nouvelle loi, la « dation », ses héritiers pouvaient payer en œuvres les droits de succession. C'est ainsi que naît la collection du Musée Picasso à Paris, qui peut s'enorgueillir d'avoir comme fonds inaugural la collection personnelle de Picasso, c’est-à-dire les œuvres qu'il n'a jamais vendues et qui l'ont accompagné tout au long de sa vie. 22
MORCEAUX CHOISIS § « Quand j'étais enfant, ma mère me disait : "Si tu deviens soldat, tu seras général. Si tu deviens moine, tu finiras pape. Je voulus être peintre, et je suis devenu Picasso! » § « Pour moi, un tableau n'est jamais une fin, ni un aboutissement, mais plutôt un heureux hasard et une expérience1. » § « Quel triste sort pour un peintre qui aime les blondes, mais qui s'interdit de les mettre dans son tableau, parce qu'elles ne s'accordent pas avec la corbeille de fruits! Quelle misère pour un peintre qui déteste les pommes, d'être obligé de s'en servir tout le temps, parce qu'elles s'accordent avec le tapis !2 Je mets dans mes tableaux tout ce que j'aime. Tant pis pour les choses, elles n'ont qu'à s'arranger entre elles. » § « Le public ne comprend pas toujours l'art moderne, c'est un fait, mais c'est parce qu'on ne lui a rien appris en ce qui concerne la peinture. On lui apprend à lire et à écrire, à dessiner ou à chanter, mais on n'a jamais pensé à lui apprendre à regarder un tableau…3. » § « Les idées ne sont que de simples points de départ ... C'est rare que je puisse les fixer telles qu'elles viennent à mon esprit. Aussitôt que je me mets à travailler, d'autres surgissent sous ma plume... Pour savoir ce qu'on veut dessiner, il faut commencer à le faire ... S'il surgit un homme, je fais un homme ... S'il surgit une femme, je fais une femme... 4 » § « Comprendre ! Il s'agit bien de comprendre !.. Depuis quand un tableau est-il une démonstration mathématique ? Il est destiné non pas à expliquer (à expliquer quoi, je me le demande) mais à faire naître des émotions dans l'âme de celui qui regarde.5 » § Picasso a quelqu’un qui disait : Ma petite fille de huit ans pourrait peindre ça… » répondait « Oui, mais à 60 ans ? »6 § En peinture, on peut tout essayer. On a le droit, même. A condition de ne jamais recommencer7. § Les tableaux, on les fait toujours comme les princes font leurs enfants : avec des bergères. On ne fait jamais le portrait du Parthénon ; on ne peint jamais un fauteuil Louis XV. On fait des tableaux avec une bicoque du Midi, avec un paquet de tabac, avec une vieille chaise". 1 Picasso, "Lettre sur l'art", in Ogoniok, Moscou, n° 20, 16 mai 1926. Version française in Formes, n° 2, février 1930, traduit du Russe par C. Motchoulsky. 2 Zervos, Christian, "Conversation avec Picasso", in Cahiers d'Art, n° spécial, 1935, p. 173-178. 3 Jakovski, Anatole, "Midis avec Picasso", in Arts de France, n° 6 1946, 4 Brassaï, Conversations avec Picasso, éd. Gallimard, 1964, p.70-71. 5 Laporte, Geneviève, Si tard le soir, Paris, éd. Plon, 1973, p. 98. 6 Dora Maar, Notes et souvenirs sur Picasso, Vente Dora Maar 1998, Paris 7 Parmelin, Hélène, Picasso dit..., éd. Gonthier, Paris, 1966, p. 140 23
, 4. Poursuivre après LA VISITE 24
VOIR DES PICASSO Cette exposition peut constituer une première approche de Picasso pour certains ou, pour ceux qui ont déjà une certaine connaissance de l’artiste, une exposition « idéale » réunissant des chef d’œuvres qu’il serait impossible de réunir physiquement. Son objectif sous-jacent est donc bien l’envie qu’elle suscite de se rendre au plus vite confronter son œil à la réalité des toiles de Picasso que l’on peut admirer dans de nombreux musées. En France, vous pouvez découvrir les “vrais” tableaux et sculptures de Picasso principalement dans les 3 musées Picasso (il y en a 9 en tout dans le monde !) : le musée national Picasso à Paris, celui d’Antibes, et celui de Vallauris qui concentre essentiellement son travail de céramique. A Lyon, le musée des Beaux-Arts possède en sa collection plusieurs œuvres de Picasso. Les enfants peuvent ainsi aller voir le tableau Picasso Femme assise sur la plage, exposé au musée des Beaux-Arts de Lyon (20 Place des Terreaux, 69001 Lyon) © Succession Picasso, 2007 10 février 1937 Huile, fusain et pastel sur toile H. 131 ; L. 163,5 cm Legs Jacqueline Delubac, 1997 Inv. 1997-45 Récemment restaurée, cette œuvre sera le point de départ, en 2020, d’une importante exposition Picasso au musée des Beaux-Arts de Lyon. 25
PISTES PÉDAGOGIQUES Voici à titre indicatif quelques idées de travaux à effectuer en classe pour poursuivre et approfondir les découvertes faites pendant la visite. La richesse et la diversité des thèmes se rapportant à l’œuvre de Picasso permettent d’exploiter l’exposition de la maternelle au lycée et en lien avec différentes matières : l’art plastique, l’histoire- géographie, le français ou l’espagnol, la philosophie etc... Des idées d’ateliers de pratique artistique vous sont également fournies, pouvant être réalisés seuls ou avec l’intervention de Little Beaux-Arts (voir p. 35). Différents courants et type de productions artistiques L’exposition retrace l’ensemble de l’œuvre de Picasso. Les élèves pourront ainsi se rendre compte de la grande diversité des domaines auxquels Picasso, artiste total et touche-à-tout, s’est intéressé. & Lors de la visite de l’exposition, les élèves peuvent avoir pour consigne de repérer et répertorier les différentes formes de production artistique de Picasso pour bien les reconnaître et les différencier : peintures, dessins, sculptures, écriture, céramiques… S’il s’est détaché assez jeune de l’académisme, son œuvre s’inscrit aussi dans un certain nombre de courants artistiques dont il a pu être le fondateur (cubisme) ou dont il s’est à un moment senti proche (surréalisme). & Sensibiliser et apprendre à repérer l’académisme, la période classique, l’art moderne, le cubisme, le surréalisme dans l’œuvre de Picasso. Approfondir un courant. Ex : le surréalisme. A partir des années 1925, Picasso se rapproche d’un mouvement nouveau qui prend de l’importance, le Surréalisme, et réalise des toiles qui ressemblent un peu à des rêves étranges. Dans ce tableau, il a brouillé les pistes en dessinant des traits dans tous les sens. Il s’appelle Le Baiser ce qui nous donne une indication de ce qu’il représente ! $ Observer le tableau et essayer de repérer les 2 personnages qui s’embrassent. & Repérer les œuvres surréalistes dans l’exposition. Quels sont leurs points communs ? Découvrir d’autres peintres surréalistes (Salvador Dali, René Magritte, Marcel Duchamp, Max Ernst etc…), à quelle époque ont-ils vécu par rapport à Picasso ? Le Baiser, 1925, Musée national Picasso Paris © Succession Picasso 2019 26
Autoportraits Une séquence de l’exposition sera consacrée aux autoportraits. Picasso a 20 ans au moment où il réalise cet autoportrait, dans lequel il se donne l’air beaucoup plus vieux ! La pauvreté dans laquelle il vit à ce moment-là, sa tristesse liée au suicide de son ami Casagemas sont retranscrites ici à travers les traits creusés, l’aspect blafard du visage, son regard fixe et vide et la teinte froide de la couleur bleue. Reflet de sa tristesse à cette période, la couleur bleue domine pendant 3 ans dans ses tableaux (« période bleue » 1901-1904). & Avez-vous repéré d’autres autoportraits dans l’exposition ? Que veut montrer l’artiste de lui-même ? ! Idée atelier (dès la maternelle) : à leur tour, les élèves réalisent leur autoportrait autour d’une couleur dominante. Quelle émotion veulent-ils exprimer par le choix de leur couleur, de la façon dont ils se représentent ? Autoportrait, 1901, musée national Picasso Paris © Succession Picasso 2019 Paul en Arlequin Picasso fut 4 fois père : de Paul en 1921, de Maya en 1934, de Claude en 1947 et de Paloma en 1949. Il traduisit le bonheur que cela était pour lui dans de nombreux portraits de ses enfants. Il peint ici Paul, le fils qu’il eut avec Olga Khokhlova, danseuse des Ballets russes, âgé de trois ans et déguisé en Arlequin. Ce costume témoigne de l’amour de Picasso pour le cirque et les saltimbanques que l’on retrouve beaucoup dans sa période rose. Picasso gardera cette œuvre intime et pleine de tendresse jusqu’à la fin de sa vie. $ Observer les différentes façons dont sont traités les éléments du tableau : certains de façon très réaliste (visage et mains au modelé très fin), d’autres en aplat (costumes, fauteuil), et d’autres encore qui paraissent inachevés ou volontairement laissés à l’état de dessin (collerette, poignets, pied du fauteuil et pieds de l’enfant). On aperçoit une première esquisse d’une jambe finalement déplacée vers la droite. Paul en Arlequin, 1924, musée national Picasso Paris © Succession Picasso 2019 27
! Idée atelier (à partir du cycle 2) : faire réaliser un personnage en costume d’Arlequin en réalisant des quadrillages et les colorant sans que 2 couleurs identiques se touchent par le côté. Réaliser une collerette et le chapeau en papier crépon et la coller. $ Observer aussi Maya à la poupée, portrait de sa fille Maya réalisé en 1938. En quoi ces 2 œuvres de 2 de ses enfants diffèrent-elles ? Repérer le style classique vs. cubiste/surréaliste. Maya à la Poupée, 1938, musée national Picasso Paris © Succession Picasso 2019 Les Demoiselles d’Avignon Quand Picasso présente ce tableau qu’il a longuement réalisé en secret dans son atelier, c’est la consternation ! Ce tableau a bouleversé l’histoire de la peinture car il rompt avec toutes les règles de la peinture classique (volume, perspective, profondeur). C’est le point de départ de l’art moderne. Picasso ne cherche pas à imiter la nature comme tous les artistes avaient l’habitude de le faire depuis l’Antiquité. Les corps des jeunes femmes représentées sont déformés, comme découpés en formes géométriques. Tout cela Les Demoiselles d’Avignon, 1907, MOMA paraît brutal, un peu terrifiant même. On New York © Succession Picasso 2019 aperçoit l’influence de l’art africain et de l’art ibérique. C’est le début du cubisme que Picasso invente avec Braque, qui consiste en l'instauration d'un nouvel espace aux perspectives multiples. Devant les réactions choquées de ses amis, Picasso garde le tableau caché dans son atelier pendant 10 ans. Il sera vraiment connu en 1937 quand il sera acheté par le musée d’art moderne de New York. $ En quoi ces 5 femmes nues sont-elles bizarres ? Elles ressemblent à des statues, leurs visages font penser à des masques, l’une d’elle est représentée de dos pourtant sa tête nous regarde de face. Le tableau donne l’impression d’un miroir brisé. etc… ! Idées atelier : (à partir du cycle 2) : Représenter des personnes en constituant leur corps de formes géométriques. Leur ajouter une tête de masques en s’inspirant de masques africains. Fabriquer un masque en volume avec du carton inspiré des masques africains qu’affectionnait Picasso. Réaliser un portrait en mixant les éléments de face et de profil sur le visage (yeux, nez, bouche, oreilles)… 28
Cubisme et papier collé Après cette grande découverte que constitue Les Demoiselles d’Avignon - les images peintes n’ont pas besoin de ressembler à la réalité -, Picasso poursuit dans cette voie et invente, avec Georges Braque, le cubisme. De toile en toile, ils brisent les lignes, mélangent les points de vue et font à nouveau quelque chose de révolutionnaire à cette époque en introduisant d’autres matériaux qu’ils collent dans leurs tableaux : ficelles, journaux, papier et même morceaux de nappes en plastiques ! Cette toile célèbre, Femmes à leur toilette (1938) reprend comme les Baigneuses un thème classique de l’histoire de l’art, mais comme désormais tout est permis, Picasso le compose de peinture et de… morceaux de papier peint ! Femmes à leur toilette, 1938, musée national Picasso Paris © Succession Picasso 2019 $ L’exposition présente d’autres œuvres réalisées avec divers matériaux. Observer une sélection de celles-ci et identifier les différents matériaux utilisés par Picasso. & Réflexion (à partir du collège) : Amener les élèves à réfléchir et échanger sur le caractère attendu ou inattendu au sein de productions artistiques aujourd’hui considérées comme des chefs-d’œuvre, en regard du style d’autres œuvres de l’époque. ! Idée atelier : (à partir du cycle 2) : Représenter des personnes ou objets (guitare, bouteille…) en collant différents matériaux : journaux, ficelle, papier peint etc. Guernica Guernica, 1937, Musée Reina Sofia Madrid © Succession Picasso 2019 A partir de 1936, une guerre civile ravage son pays natal, l’Espagne. La petite ville de Guernica est bombardée, des centaines de personnes tuées. Bouleversé, Picasso peint en un mois seulement cet immense tableau en noir et blanc (3,5m x plus de 29
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